L'étonnante arrivée (RP terminé)

Messages : 18 Inscription le : 17/06/2008

l’arrivée de Sephira dans cette rue marchande fut on ne peut plus spectaculaire . En effet il n’était pas courant de croiser des carrosses blancs aux finissions dorées . De plus celui-ci semblait arborer , en son sommet , un étrange miroir ,assez grand , pouvant refléter l’image complète d’un individu . Le carrosse s’arrêta brusquement comme freiné par un obstacle imposant . Le miroir se mit à briller de mille feu et l’image d’une femme apparut . Elle était vêtue d’une somptueuse robe de noble , noir . Ses cheveux étaient coiffés à la perfection , pas une mèche rebelle . L’image de cette femme se mit progressivement à bouger , gracieusement et lentement . L’image parvint ensuite à sortir du miroir , à prendre vie , à se matérialiser dans notre monde ! Les personnes présentent dans la rue marchande furent tous subjugués .
Comment était ce possible ? Qui avait bien pu exécuter un tour aussi magnifique et imprévisible ?
Il eurent aussitôt leur réponse . En effet , l’image qui venait de prendre vie se mit à parler … et même à se présenter à la foule toute entière .

« Bien le bonjour noble habitants de Gwendalavir , je me présente à vous en tant que protectrice de ce royaume . Mon exil social est maintenant fini et je compte bien vous rendre la vie bien plus agréable qu’elle ne l’est à l’heure actuelle . Je me prénomme Sephira Sil’Shalla et je vous souhaite une bonne et
Plaisante journée . »

Aussitôt le miroir vola en éclat et disparut entièrement , la jeune femme elle était descendue du haut de son carrosse grâce à un escalier portable que venait de lui apporter son valet . Elle se trouvait maintenant au milieu de la foule qu’elle venait de surprendre par son excellente maîtrise du don de dessinatrice .La noble femme ne se sentait pas très à l’aise parmi ces gens mais ne faisait pas pour autant retranscrire sur son visage le dégoût qu’elle éprouvait . La noblesse mélangée aux paysans …concept inconcevable pour Sephira .

*Comment puis je m’abaisser à surprendre la populace , comment puis leur accorder le privilège d’observer et d’admirer mon don ? Ces gens ne méritent vraiment pas ce privilège que je leur accorde!
Mais bon je dois me faire bien voir par TOUTES les classes sociales … Je suis tellement bonne actrices que ces ignares ne sembles pas s’apercevoir de la supercherie . Rendre leur misérable vie agréable ? Haha je me fais bien rire , ils ne méritent pas mon aide . De toute façon leur vie n’en vaut pas la peine !
Assez parlé d’eux je dois maintenant trouver des personnes dignes de parlementer avec moi … On ne construit pas un empire en jouant en solitaire!*

Sephira se mit donc à déambuler gracieusement dans les interminables ruelles marchandes à la recherche d’aristocrates qu’elle pourrait se mettre dans la poche afin qu‘elle soit dans leurs bonnes grâces . Tout en cherchant la perle rare Sephira fit accidentellement tomber , d’un des plis de sa robe ,
une liasse de billets qui équivalait largement à ce que gagne un paysan en deux ou trois ans de temps .
La sentinelle ne vit cependant pas ce qu’elle venait de perdre et continua de marcher sans se préoccuper de rien !

Messages : 227 Inscription le : 15/12/2007

Shaïlan déambulait comme à son habitude, dans les rues bondées d’Al-Poll. Tout allait bien depuis ce grand Bal que l’Académie avait organisé, le travail ne manquait pas parmi les ombres. Des nuits entières à exécuter les missions qu’on lui confiait, ou à organiser avec ses liens récurrents des cambriolages, des rapts, des chantages.
Cependant, depuis qu’il était activement recherché par la Garde, il n’effectuait plus ses opérations que de nuit par prudence…

Ce qui lui laissait la journée entière pour vagabonder à loisir entre les passants, fauchant là quelque bijou luisant, une étoffe précieuse, une bourse clinquante. Non pas que son immense fortune lui faisait défaut, mais le jeune homme profitait de ce que sa kleptomanie le faisait voler continuellement pour engranger, encore et encore..
L’argent coulait à flot, il ne le montrait pas, était continuellement vêtu de son long manteau en cuir noir, garni de poches et autres doublures utiles.. Les dentelles et autres fils d’or n’étaient pas faits pour lui. Malgré sa beauté certaine, il préférait ce carrick indispensable à la pratique de l’art du vol.. et de toute manière, les ténèbres du cuir s’alliaient parfaitement avec ceux de ses cheveux, ce qui faisait toujours tomber les jeunes filles dans ses filets d’illusionniste.

Ainsi, il flottait, déphasé, vivant plus vite que la foule, volant à droite et à gauche, effleurant les courbes d’une nobliarde à l’en faire rougir, caressant les cheveux d’une autre et la faisant se retourner.. Il aimait ne pas avoir de règles.
Or, voir les couleurs se flouter et perdre en intensité, tant il était hors phase.. Peut-être était-il fou, il n’aurait su dire. Il aimait cette folie dans ce cas.

Cependant, en cette journée ensoleillée d’automne, la chasse était bien trop facile. Les paysans étaient préoccupés par une arrivée, puisque leur voler leur bourse était un jeu d’enfant. Les nobles papotaient plus allégrement que d’habitude et Shaïlan se frustrait de n’avoir à déployer son talent pour subtiliser les bijoux. Il n’était pas passé voleur le plus réputé de Gwendalavir dans les guildes noires pour voler comme un vulgaire pickpocket ! UN peu de difficulté et d’ambiguïté serait la bienvenue.. Cependant, il ne sentait aucun effluve mauvais au-dessus de la foule, l’imminent danger du Chaos n’était donc pas sur les lèvres et au centre des conversations. Que pouvait-il bien se passer qui perturbât autant la plèbe ?
Coulant entre deux dames fortes et poudrées, se hissant ensuite sur un toit bas avec une facilité agaçante, il put avoir une vue d’ensemble de l’évènement. Un carrosse circulait à vive allure au travers de la populace.. et quel carrosse ! Des fines dorures, ouvragé, élégant, et richement décoré.. La vague impression de déjà-vu s’empara du jeune homme, qui ne bougea toujours pas, attendant la suite avec sa patience habituelle. Peut-être était-ce quelque noble qui étalait son stupre et son lucre auprès des marais d’Al-Poll, dans une fortune nouvellement acquise.

La prestation était d’ailleurs travaillée pour épater le péquenot moyen et attirer les regards vers la jeune femme, qui émergea de l’illusion créée par le dessin. Bien que n’étant pas dessinateur, Shaïlan avait passé du temps auprès de dessinateurs corrompus et était à même de reconnaître une œuvre des Spires.. D’autant que ce tour de passe-passe puait l’Imagination en son épicentre et jusqu’en ses extrémités. La noble aimait avoir les regards sur elle, c’était flagrant.
Et d’ailleurs, le ton hautain et pédant traduisait une certaine habitude des discours, et ce regard dédaigneux envers la masse grouillante de population ne laissait pas place au doute : cette femme était parmi les plus hautes personnalités de l’Empire.

Et riche, richissime, à n’en pas douter. Son air pincé avait quelque chose de perçant ; Shaïlan pensait y voir une certaine tendance à la manipulation.

Un bon allié à avoir, donc. Un contact à.. non, pas amadouer. Convaincre. Elle semblait intelligente et très bien informée. Et Dessinatrice d’un niveau tout à fait honorable, qui plus est.

Bien qu’il soit amusé par cet étalage de luxures, le voleur tiqua. Lui qui aimait l’argent presque autant que les femmes, il n’avait cependant pas la même vision de son utilisation. L’étaler, le gâcher.. Alors que tout bon manipulateur se devait de pouvoir acheter n’importe quel homme de main, information, parole.. Sans oublier les pots-de-vin à la garde ou au Seigneur pour éviter la tôle.
Leur vie était différente. Lui vivait dans l’ombre, méprisant la populace niaise du haut des toits, volant et volant haut.
Elle vivait de leur regard et n’était que par leur regard.
Leur vie était différente, oui.

Au regard entraîné par des années et des années de vol de haut vol, une liasse de signets n’échappa pas. Marqué de gros chiffres alléchants, il semblait avoir échappé des plis de la lourde robe de la Noble.. qui n’avait d’ailleurs pas remarqué la perte.
Après tout, qu’étaient ces billets dans sa fortune ? Une bague ? Une information ? Bagatelle..
D’un mouvement ample, Shaïlan atterrit entre deux paysans patibulaires sans que ceux-ci ne remarquent sa brusque apparition, et se coula entre les gens, sur les traces de la jeune femme.

Les yeux fixés sur la silhouette déjà lointaine de sa future cible, Shaïlan, dans un geste imperceptible et travaillé à la perfection, fit disparaître les billets dans une de ses manches. Inconnu, voleur de haut vol.
Maintenant, aborder l’inabordable en public.. Rien n’était impossible pour le pantomime. Il prit son pas et sa carrure de cour, la tête hautaine et le menton droit, l’air méprisant et la voix mâle et d’où pointait un accent noble raffiné. Et, d’un pas dégageant une élégance fauve et une allure aristocratique, il alla à la rencontre de sa proie.

-Bien le bonjour, noble Dame.. Il me semble que vous avez égaré ceci.

Et, d’un mouvement à la fluidité calculé, il laissa apparaître entre ses doigts la liasse de billets impeccables. Lui-même pouvait se permettre de lâcher une telle prise, il avait de l’argent à foison et pouvait se servir de cet ex-butin là pour accrocher l’attention de la jeune femme. Avec une révérence digne de leur rang, il lui baisa la main et reprit, la voix modulée :

- Aurais-je l’honneur de savoir à qui je m’adresse ainsi ? Il est rare de rencontrer quelqu’un de son propre rang parmi la populace grouillante.

Malgré les simagrées et enflures qu’imposait leur verbe, Shaïlan aimait les doubles sens qui étaient ainsi permis, et appuya son regard dans celui de son interlocutrice, le soutenant à merveille.
Les regards étaient autour d’eux à présent, deux nobles à l’élégance imposante discutant chiffons..

Les paysans étaient ravis.

Certains, blasés, haussaient les épaules et retournaient à leur petite vie de tous les jours..

Messages : 18 Inscription le : 17/06/2008

Sephira continuait sa nonchalante danse , tel un vautour cherchant une carcasse à vider complètement de ses ressources . On pourrait dire sur cette noble qu’elle aime la chasse , le danger et les défis tellement elle prend un plaisir malsain à rabaisser les gens jusqu’à ce qu’il ne soit plus rien aux yeux des autres . Sephira avait des projets , comme d’habitude , des projets de grande envergure . N’importe qui , la connaissant , aurait pu deviner ses intentions et ils diraient tous :

« Elle veut prendre le pouvoir sur tout le monde ça c’est sûr. Je parierai sur le directeur de l’académie »

En effet , tel étaient les plans de Sephira , contrôler cet empire en s’emparant de l’académie . Ceci n’allait pas être une tache très aisé , bien au contraire , peut être serait ce enfin la seule chose que Sephira ne réussira pas à démolir !S’attaquer à l’académie ? Les gens la prendrait pour une folle , néanmoins ils ne sont pas au courant des véritables dons de Sephira . Le dessin n’est qu’un don inné chez elle , la manipulation l’est également mais c’est un don bien plus développé que le précédent .
Manipuler le directeur ? Grand Valen ? Impossible même pour la plus grande des manipulatrices , cet être est si bon que jamais il ne commettrait d’erreur . Son cœur est si pure que Sephira est incapable de rester devant lui sans lui sauter à la gorge . Tout ce qui est bonté , charité , pitié la dégoûte , la répugne .
Elle n’éprouve pas de pitié envers la populace , ces gens sans talents et sans richesses , et en éprouve encore moins pour ceux qui en ont pour ce petit peuple .
Les gens évitaient de toucher , et même d’effleurer la dessinatrice , non pas de peur d’être foudroyé par on ne sait quel sort ou malédiction , mais de peur de troubler cette paisible image qu’elle donne de la vie , cette image de femme gai , souriante et même aimante , ainsi que charitable par la même occasion.
Tout à coup une parole vint troubler cette tranquillité ,un murmure lointain qui sifflait non loin derrière elle . Elle se retourna donc , par instinct sûrement , mais aussi par curiosité . Qui était assez fou que pour lui parler , la déranger ? Serait Est-ce un paysan , incapable de se taire dans un moment paisible ? Ou une personne sûre d’elle qui n’a peur de rien ? Il semblerait que la deuxième proposition soit la bonne .
En effet , se dressait devant elle un bel homme , la trentaine sûrement , carrure et charisme imposants .
En bref , un homme de grande classe , peut être même un noble . Sephira s’y tenta de lui demander mais avant qu’elle ne puisse dire mot , celui-ci lui vola un léger baise main tout à fait charment .
Habituellement la dessinatrice n’aurait pas hésité à « griller » son image de fille pure afin de le gifler , outrée de cet acte . Mais cette fois ci elle ne fit rien , trop surprise de cette réaction , de cet acte , presque instinctif chez lui , qu’il venait de lui faire découvrir . De plus il semblerait que celui-ci n’était pas venu l’accoster pour rien , il venait en fait lui rapporter , tout simplement , l’argent qu’elle avait malencontreusement fait tomber . Elle se fichait de perdre de l’argent mais ce qui la troublait c’était de voir ce grand homme , le lui rapporter avec une grâce sans pareil . Pourquoi ne l’avait t’il pas gardé pour lui ?Personne de censé en tout cas , ou bien une personne qui a quelques chose , soit à se reprocher , ce qui n’est pas le cas , soit à solliciter .

« Vous vous entretenez en ce moment avec Sephira Sil’Shalla noble Dessinatrice et de surcroît , à une grande sentinelle . Pourrai-je à mon tour s’avoir à qui ai-je l’honneur ? »

Avant que celui-ci ne puisse répondre mot , Sephira ajouta :

« Pourquoi dénigrez vous ainsi de nobles citoyens ? Ils ont beau être paysans , ils ne valent pas moins que vous et moi et je suis désolée d’entendre un tel discourt venant d’une personne dites noble .
Vous étés , excusez moi cher monsieur , une personne méprisante qui dénigre son prochain ,et c’est à cause de vous qu’il existe , au jour d’aujourd’hui , deux classe social bien distincte ! »

Sephira arrêta son nouveau discourt et continua son chemin , cette fois ci se dirigeant en direction d’une ruelle étroite , sombre et non fréquentée . Quand à l’inconnu , une lettre apparut entre ses deux mains . Sur celle ci on pouvait y lire :

La vermine aime les discours juste et droits parlant de eux avec une grandeur déconcertante .
Vous avez observé la ruelle que j’ai emprunté , ne me suivez pas ceci n’était qu’une banale illusion réelle ne serait ce que quelques instants . Continuez donc plus loin et introduisez vous dans la seule batiste sur laquelle sont inscrit les lettres [SLA] je vous retrouverez devant le premier muret se dressant devant vous .

Cordialement : Sephira Si…….

La lettre disparut juste avant que Shaïlan ne puisse entrevoir les dernières lettres du prestigieux nom de la dessinatrice . Elle lui donnait donc rendez vous dans un endroit où personne ne les soupçonnerait d’aller , ils allaient être tout deux tranquille afin de discuter de choses sérieuses . Sephira pouvait en effet le manipuler , lui , pour toucher et atteindre , sans se salir les mains , Lleldoryn .

[désolé panne sèche je n'ai pas fait aussi long que toi et texte de moins bonne qualitée ... Rhalala admiration devant Marlyn :p]

Messages : 227 Inscription le : 15/12/2007

Tout à fait intéressant.
La façon dont elle se mouvait avec une grâce innée dans la foule, s’arrêtant et jetant un regard hautain autour d’elle..
Cette femme était de ces nobles pétulantes qui n’avaient jamais connu que la foule et les regards. Un point faible des plus faciles à discerner. Ôtez-leur leur chère foule à mépriser, et ces gens ne sont plus rien que de vulgaires rats d’or, croulant sous le stupre, noyés dans leur lucre répugnant.
Shaïlan, bien que tout aussi riche que la demoiselle du fait de ses nombreuses affaires et de son don certain de voleur, n’étalait pas comme cela, évitant ainsi ce défaut enfantin à discerner : le regard des autres. Oh, il aimait aussi à voir les yeux des femmes couler sur lui, sur ses cheveux d’ébène, son corps bâti par les hauts vols, ses déplacements. Il aimait à se sentir aimé par le cœur pur de ces demoiselles ; il aimait à entendre ces petits cœurs ingénus battre pour lui, et les entendre se briser dès qu’il passait son chemin.

Un cimetière de cœurs ; comme ces cimetières de siffleurs glauques. Oui, leurs cœurs ne valaient pas mieux que des carcasses de siffleurs, d’autant que ces gentes jeunes filles l’oubliaient plus ou moins tardivement.
Il aimait les femmes, abhorrait s’attacher ; ça ne s’était jamais produit d’ailleurs, et ce n’était pas en ces temps florissants qu’il allait commencer.

Aussi, lorsque la noble lui indiqua son nom complet, avec une pédanterie à peine feinte, Shaïlan ne fut pas touché par son sourire ourlé et ses manières minaudantes. Il en connaissait, des nobles, bien trop pour être esbroufé par le moindre de leurs gestes simiesques.
Il méprisait les nobles inutiles.

Mais puisqu’elle était Dessinatrice, il ne la mépriserait pas. Elle semblait puissante, suffisamment pour que la foule ait les yeux rivés sur elle. Et immensément riche, comme il le songeait plus tôt, puisque la liasse disparut dans ses paquets indifféremment.
Elle le laissa pas à l’homme le loisir de l’introduire de la manière la plus convenable, et continua en un discours mièvre et dépravé.

Agacé par ces hypocrisies, le kleptomane saisit bien assez vite qu’il ne s’agissait que de brasser de l’air pour que la foule les laissât un peu tranquilles. Tous ces regards hagards et avides fixés sur eux, cette bave moussante qui coulait au coin des lèvres des plus pauvres quand l’argent clinquant passa devant leurs yeux..
Populace grouillante.

Le voleur comprit vite, quand les volants de la robe de flanelle continuèrent leur chemin sans plus se soucier de lui. Sephira était décidément méprisante ; mais ne l’était-il pas lui aussi ?
Les prémices d’un sourire teintèrent les lèvres de Shaïlan, alors qu’elle s’engouffrait dans une venelle plus petite, disparaissant de sa vue. Ils se reverraient dans quelques minutes, il en était certain..

Et il fut exaucé. Une missive apparut dans sa main, puant le dessin étalé comme jamais. Les mots écrits à l’encre déliée et fine le firent sourire. Elle était talentueuse ; lui-même n’avait pas perçu la rue comme un dessin. Qui disparut élégamment, tout comme les jupons en dentelle de la robe imposante de la noble Sil’ Shalla.

Lui était déjà sur les toits, par quelque stratagème dont il avait le secret, déjà oublié des yeux de la foule qui tentait encore de percevoir un éclat doré dans reflets de la noble jeune femme.
Pitoyables.

Le voleur disparut entre les cheminées cabossées de la rue marchande d’Al-Poll.

Elle avait précisé la bâtisse, le muret, et l’emplacement exact. Pourquoi se presser ? D’un pas aérien, son long carrick en cuir flottant derrière lui comme une aile unique à la faveur du vent, le voleur sauta par-dessus un toit, invisible, atterrissant avec une douceur qu’il avait mis des années à acquérir, sautant encore et toujours. Parfois, il s’était écorché, parfois non. L’expérience de ces quelques dernières années de liberté..

Qu’il sentait d’ailleurs déjà partir. On ne pouvait pas éternellement être jeune. Alliances et traquenards prenaient petit à petit le pas sur liberté et autodidactisme. C’était négligeable ; les temps n’étaient plus à la soif de mouvement. Et puis, les plans, les complots et les alliances n’étaient pas pour le déranger. Sa nature de noble et sa consanguinité avec les Zil’ Urain lui avaient laissé quelques traces de manipulation qu’ils avaient soigneusement cachées toutes ces années ; et qui recommençaient à poindre.

Cette affaire avec l’Eclipse le laissaient cependant circonspect ; il ne travaillerait pas pour eux tous les jours. Cependant, cette noble comptait bien faire de lui un laquet, tous les mouvements et pensées qui émanaient de sa personne ne laissaient aucun doute sur ses convictions. Elle se croyait la reine et ne voulait des autres que pour être à ses ordres.

Si le jeune homme décidait de l’avoir dans ses relations, il ne se laisserait pas marcher sur les pieds comme cela, dût-il user de son charme naturel pour attendrir les pulsions staliniennes de cette jeune femme ; il avait l’habitude des femmes après tout.
Alors qu’il effaçait les épaules pour atterrir sur un autre toit sans dommages, il songeait à leur future discussion d’adultes. Il devrait sûrement employer les raffineries et les minauderies qu’on lui avait inculquées de force dans son enfance.

Ce n’était pas bien dur.

Bâtiment [SLA], jeune demoiselle en dessous, vieille bâtisse.
Elle était là.
Et l’attendait.

Il était là ; elle l’attendait.

Le jeune homme se coulait le long du mur, inaudible, et se glissa juste à ses côtés, froissé par cette petite mimique de surprise qu’elle laissa apparaître. L’hypocrisie, bien qu’utile et agréable, n’était pas parmi ses moyens de persuasion favoris. Il respectait un temps soit peu ses informateurs et relations, lui.

-Shaïlan Dal’ Kenta, Ma Dame, il me semble possible que nous nous soyons connus plus tôt dans nos vies..

Possible ; certain, même. Tous ces galas et autres dîners de courtoisie, il avait déjà aperçu cette jeune dame maintes fois.

- Avant que les courtoisies ne cessent, je me vois dans la nécessité de vous dire que malgré les apparences, on ne me manie pas facilement. Mes services sont réputés dans tout Gwendalavir. Qu’avez-vous à me proposer, qui fût à la hauteur de ma réputation ?

Messages : 18 Inscription le : 17/06/2008

Ombre fusant à ses côtés , Sephira fut surprise de son mode de déplacement . Inaudible , indétectable , presque aussi silencieux que le néant ! Ce noble voleur avait il d’autre talents cachés ? Sephira aurait voulu le savoir mais n'avait pas le temps pour ces choses futiles. L'avoir à ses côtés , voilà l’objectif de la jeune femme . Il ne travaille sûrement pas gratuitement et vu sa tenue , son maintient et son bon parlé , il ne devait pas manquer de richesse . Sephira devrait trouver autre chose pour le convaincre! celui-ci ne semblait pas autant apprécier la renommée que Sephira . Elle se trouva quelques instants dans une impasse , peut être aurait elle dû s’attaquer à plus faible que lui .

Ceci étant dit , il était maintenant trop tard le " mal " était fait . Elle devait maintenant exprimer ses projets , ses envies d’un nouveau monde . La trahir? Il n’en aurait pas le temps , il aura beau être le plus agile des voleur , jamais il ne pourra éviter les assauts d’une sentinelle confirmée . Mais avant d’en arriver là , il avait tout le temps de prouver sa … loyauté . Sephira , pour s’assurer qu’il n’y aura aucune fuite , commença à dessiner . Une petite cabane fut alors matérialisée dans leur monde . Sephira fit mine d’attendre mais la courtoisie , qui veut que l’homme ouvre la porte à une dame , Shaïlan ne semblait pas la connaître . Elle poussa donc elle-même la porte en bois d’une qualité misérable , suivie du noble et séduisant voleur . Quand celui-ci fut à ses côtés elle prit la parole , toujours avec une pointe de supériorité dans la voix .

« Vous me semblez être une personne de confiance , méprisant légèrement le petit peuple ce qui joue en votre faveur car ce sont les même valeurs que les miennes . Vous êtes tout de même en présence d’une sentinelle et je vous prierez de ne me parler de vos plan que par écrit .Il serait fâcheux que ma couverture soit révélée au grand jour , je me plait bien dans la peau du personnage que je joue , même si cette peau me répugne au plus haut point . Votre rôle dans ma supercherie ? Juste une alliance . Cette alliance portera un nom bien entendu , comme toute alliance qui se respecte . Votre mission , vos objectif dans celle-ci ? Recruter des gens puissants dont l’âme est corrompue , voulant également du changement dans ce royaume ! Je ne supporte pas le système actuellement établis … Nous , noble aristocrate , valons mieux que ces … déchets qui longent perpétuellement les rues en Gwendalavir . Nos privilèges ont été plus qu’abolis ! Il n’en existe même plus une once . Je , ou plutôt devrai-je dire , nous allons changer cela .
Si vous vous ralliez à mes idées , de profits vous ne pourrez qu’avoir ! Une place de choix , en effet , vous recevrai dans cette nouvelle communauté .Un vaste choix s’offre à vous . »

Sephira s’approcha de plus en plus de lui , ses lèvres frôlant les sienne . Envie ? Amour ? Tentation ? Rien de cela … Ruse plutôt ! Effectivement la noble venait de s’emparer du poignard dissimulé dans un étuis en cuir blanc , fermement sanglé à sa cuisse gauche . Petite ruse indétectable , égalant presque la dextérité des Marchombres . L’arme blanche se trouvait à présent sous la gorge du malheureux . Sephira reprit alors son petit discourt .

« Et si l’idée vous prenez de me trahir , vous devrez en payer les conséquences , cela va de soi … »

La noble exerça alors , en guise d’avertissement , une pression sur la lame qui entailla légèrement le gosier du voleur .celui-ci lui en voudrait elle ? Sephira s’en contrefichait , tout ce qui importait c’est que le message ne soit pas tomber , comme on le dit , dans l’oreille d’un sourd !

*si je parviens à former cette fameuse alliance , nous pourront , ou plutôt , Je pourrait contrôler tout Gwendalavir … c’est bien connu , les nobles contrôlent le marché budgétaire du royaume et sans eux tout s’effondre comme un château de carte dont les fondations pourriraient sous influence d’une dangereuse bactérie … Moi*

Sephira rangea l’arme , fixant le meurtri , déchiffrant chaque mimique , chaque clignement d’œil afin de desceller la moindre réponse possible . Allait il lui donner une réponse dans l’immédiat ? Elle l’espérait . Une seule fausse manœuvre et c’est SON château de carte , à elle , qui s’effondre .

Messages : 227 Inscription le : 15/12/2007

A nouveau, cet étalage de puissance qu’elle ne se lassait pas d’exhiber. Une sorte d’habitacle apparut devant leurs yeux, d’une qualité déplorable pour une noble comme elle. Comme si elle souhaitait passer inaperçu après toute cette esbroufe dont elle faisait preuve. C’était pitoyable, ces gens versatiles, et peu soucieux des conséquences de leurs actes antérieurs. Shaïlan, lui, avait un point de vue plus large sur la situation, et avait froncé les sourcils sur un pan de cape qui disparaissait en même temps que le dessin de son interlocutrice. Intriguant, bien que les gens portant des capes n’étaient pas rares en cette fin d’automne, avec tout ce vent qui sifflait dans leurs oreilles et qui glaçait les os des plus fragiles.

Il était juste un peu plus méfiant que d’habitude, car en compagnie de quelqu’un dont il n’avait aucune confiance, et qui ne devait sûrement pas avoir confiance en lui non plus. Qu’importait. Dans leur simulacre de secret, les convenances n’étaient pas quelque chose qui primait sur la vigilance.

Plutôt que d’ouvrir la porte à sa demoiselle, il préféra suivre et écouter les pas de la cape noire, qui s’approchait d’eux par une venelle annexe. Peut-être était-ce tout simplement de la paranoïa, mais la présence de cette Sentinelle compliquait bien trop le jeu pour qu’il soit pris dans des péripéties inutiles.

Peut-être était-ce simplement un mendiant trop téméraire, ou un informateur indiscret. Depuis qu’il avait été engagé dans des alliances qu’il aurait dû éviter, il était surveillé par pléthores de sous-fifres ou d’enrôleurs peu soucieux de le savoir déjà engagé d’un côté. Bien qu’il aimait à être demandé, qu’il fût ravi de recouvrer sa réputation alavirienne, il était circonspect sur la durée de sa liberté. Certes, l’argent coulait à flot, et il n’avait plus à de soucier des gardes, qu’il soudoyait à nouveau normalement, mais cet engrenage d’alliances n’était pas pour lui plaire.
Bientôt, sa liberté de mouvement serait mise à rude épreuve. Remplir telle mission, assouvir tel ordre, respecter tel engagement.. Il doutait de vouloir s’impliquer plus encore dans les complots.

D’un côté, avoir plusieurs cordes à son arc permettait de tromper l’un ou l’autre des complots pour s’allier à un autre, mais si tous échouaient, ils tombaient avec eux. Et ce n’était pas pour lui plaire. Rester un « simple » cambrioleur dont les services étaient demandées même dans les hautes sphères du pouvoir lui convenait tout à fait.
C’était peut-être une épreuve intérieure, la résistance au flot engloutissant des fomentations.

Quand il serait sorti de toutes ces alliances puantes, il pourrait retrouver une activité normale. Mais pour l’heure..
Ronds de jambe et sourires niais feraient l’affaire. L’argent n’était pas sa seule préoccupation. La couverture sociale. Qu’il avait eu du mal à récupérer suite à cette grosse erreur auprès de la Sentinelle Ar’Kriss, qui lui avait valu quelques mois dans l’ombre à rebâtir son empire de relations et son bras cassé. Maintenant qu’il était plus puissant et plus influent que jamais, fallait-il risquer de s’allier au venin des guildes plus noires ?

La question n’avait pas encore de réponse. Pour l’heure, il fallait attendre ce que Sephira avait à lui proposer qui puisse l’appâter. Plongé dans ses tergiversations, il n’avait pas pris la peine d’ouvrir la porte à la demoiselle, comme les convenances l’exigeaient. A peine froissé, il s’installa à son côté dans leur « cabine », et attendit qu’elle reprît la parole.

A nouveau, cette supériorité dans le ton qu’elle laissait planer.. Shaïlan avait du mal à croire qu’elle lui fût d’une grande utilité, si puissante fût-elle. Le discours qui suivit contina dans la lignée de l’hypocrisie et de la méfiance.
N’écoutant qu’à moitié ses palabres minaudants, Shaïlan remarqua du coin de l’œil ce pan de cape graisseux, qui dépassait du coin d’une maison. Pas discret, l’ivrogne. Il puait le mauvais alcool jusqu’ici.

Alliance, recrutement, place de choix.
Ce fut à peine ce qu’il retint des paroles honteusement haut perchées de son interlocutrice.

Cependant, l’amorce de mouvement de la part de la Sentinelle n’échappa pas à la vision aiguisée du jeune homme, qui sourit intérieurement en devinant ce qu’elle allait faire.. et la laissa faire, effleurant ses lèvres une fraction de seconde. Elle avait un beau parfum..
Mais il s’était fait avoir comme un bleu.
Accaparé par le pan de cape et l’ourlet des lèvres qui venaient de le tenter, il n’avait pas fait attention à la dague qui se trouva quelques secondes plus tard sous sa gorge. Loin de s’affoler, il leva le sourcil d’un air amusé et attendit la suite des évènements. Les menaces ne l’effrayaient en aucun point ; elle n’avait aucun intérêt à le tuer. Non contente de s’esbroufer de dessin, elle tenait à lui montrer qu’elle savait jouer avec les cure-dents ? S’il fallait en arriver là pour prouver que l’on servait à quelque chose.. pitoyable. Apparemment, elle attendait une réaction de sa part. Indifférent, Shaïlan laissa les choses se passer. Le stéréotype de la menace, évidemment. Une légère pression pour le faire saigner, lui faire peur par la vue de ce liquide grenat qui coulait de son propre corps.. mais en quantité trop faible pour que quelqu’un comme Shaïlan s’en inquiétât.
Il ne répondit pas. Combien de fois avait-il eu le poignard sous la gorge, avec une quelconque face devant lui pour tenter de l’amadouer ? Parfois, c’était une rangée de chicots jaunis, appartenant à quelque ivrogne qui avait trop bu pour être raisonnable ; parfois, c’était un mignon qui le prenait pour un futur maître ; parfois aussi, l’un ou l’autre de ces gardes qui voyait en lui sa double paie du mois.

Et, par expérience, le voleur savait que s’agiter ne servait à rien d’autre qu’abîmer cette peau pâle à laquelle il tenait, tout de même ; et énerver la personne qui tenait la lame.
Aussi, il ne réagit qu’en souriant, amusé par cette démonstration de force qu’elle dévoilait.

- Il faudra plus que ça pour m’impressionner.. et me convaincre que je n’ai aucun intérêt à vous trahir. Vous savez comme l’Empereur paie très cher toute information concernant la dislocation de son Empire.. et il fait fi de savoir qui est le détenteur de ces informations.

D’un geste délicat, il essuya une gouttelette de sang qui s’était accrochée au col de son manteau de cuir, et regarda la noble. Ses yeux scrutateurs analysaient chaque mouvement que le jeune homme avait l’impudence d’effectuer. Aussi, il prit son temps pour finir d’épurer le cuir de son sang. La patience était une qualité, pour les informateurs, et Shaïlan ne travaillait que pour les meilleurs. Plus tôt dans ces mois, il avait commis l’infime erreur d’accepter trop vite les alliances et d’être engagé dans des complots douteux ; mais avec celui-ci, il comptait bien prendre son temps.. et agacer Sephira.
Quand il eut fini, il releva les yeux, inexpressifs, et reprit :

- Avant d’être en tout accord de terme avec votre personne, et que vous eussiez réussi à me démontrer que vous valiez plus que l’Empereur, je tiens à préciser quelque chose.

Sa main gauche arriva au cou de la jeune femme, effleurant la peau, puis alla à son propre cou pour prélever un peu de sang. Elle laissa faire, accrochée à ses paroles. Enferrer les gens par de simples mots.. Amusant. Lorsque l’extrémité de ses doigts fut teintée du carmin qui coulait légèrement de son cou, il tendit le bras vers le visage opalin de son interlocutrice.

- Tout ce que je perds..

Il retraça les lèvres fines de la jeune femme avec le sang, sentant qu’elle se raidissait ; tout en se laissant faire.

- Ou tout ce que l’on me prend…

Puis il se pencha lui-même vers Sephira, son visage à quelques centimètres du sien, fixant les yeux frigides qui attendaient la fin de son manège.

- Je le reprends.

D’un geste vivace, il happa les lèvres de la jeune femme, et à sa surprise, aspira le sang qui perlait au coin de ses lèvres, mordant la chair jusqu’à crever la peau, puis goûta au sang qui coulait de la petite blessure. Il sentait qu’elle essayait de se dégager, mais il ne lâcha pas ses lèvres, mordant chaque coin de peau, goûtant chaque douceur qu’il pouvait voler.
Quelques longues secondes plus tard, il recula.

- Je le reprends, de quelque manière qu'il me fut donnée d'employer.

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Sephira était exceptionnelle , l’amant de quelques secondes venait de tomber dans son piège !

Bien sûr ses gestes avaient été parfaits , pas une bavure , sa pantomime fut parfaite et on ne peut plus troublante . Malheureusement cette satisfaction fut de courte durée . Effectivement , le séducteur fut imperturbable même sous les menacent que lui crachait avec ardeur la noble sentinelle .
Pas une once de peur ne se lisait sur son visage . Il devait sûrement en avoir vu d’autre pour n’être , ni pétrifié de peur , ni en train de chercher un stratagème pour s’en sortir . Il se laissait tout bêtement faire , sans broncher . La lame l’entaillant à la gorge ne le perturba également pas . On pouvait même apercevoir un sourire moqueur sur le coin de sa lèvre supérieur , une légère courbe que Sephira remarqua tout de même . De plus quelques instants plus tard , celui-ci déclara et même affirma que ses fulminations il n’en avait que faire , tout ce qui importait pour lui c‘est que Sephira prouve qu‘elle valait mieux que cet empereur qu‘elle méprisait .Tout à coup la situation échappa à la sentinelle corrompue , celui-ci venait de se rapprocher d’elle , elle buvait ses paroles et ne semblait plus pouvoir bouger . Excitation de s’avoir ce qui allait se passer ? Sephira même ne pouvait décrire ce sentiment .
Elle le regarda fixement , il était plus qu’arrogant , joueur et dominant ! Jamais un homme ne lui avait tenu tête ainsi , par crainte de représailles ou simplement d‘offusquer . Lui semblait ne craindre ni sa colère , ni les conséquences qui s’en suivraient . Son visage se rapprocha d’avantage , ne se trouvant plus qu’à quelque centimètre de Sephira . Le contact se fut …Il venait de l’embrasser .
La noble voulut se libérer de cet étreinte qu’offraient les lèvres du séducteur mais elle ne put guère le faire . Non pas par manque de volonté … Il s’accrochait à ce baisé , ne voulu pas lâcher prise .
Au lieu de n’être que choquée , la sentinelle fut en rage , irritée par cet audace malvenue !
Quand celui-ci stoppa son acte la pièce avait changée , la noble se tenait debout derrière lui , les bras levés en l’air comme pour invoquer une sorte de divinité .

*Tu viens de goûter à ce qui ne t’était pas permis de goûter , tu vas payer ! Je te méprise encore plus que le petit peuple . Je leur accorde maintenant plus d’estime qu’à toi Sale bouffon que tu es !!
Tu vas comprendre qu’avec une personne comme moi il ne faut surtout pas plaisanter ni en profiter ! Je suis instable pauvre fou ! Ce n’est pas une personne comme toi qui va se jouer de moi . Je n’ai pas besoin de ton aide tu es inutile à ma quête , tu n’es rien , insignifiant cafard , parasite . Je vais te faire goûter , non pas à mes lèvres cette fois , mais à ma colère …Adieu !*

Ces paroles , Sephira ne pouvait que les penser tout bas ! Même dans les pires moments , et même dans la colère , une vrai dame se doit d’être correcte , courtoise et polie . La noble se pencha alors dans l’imagination , arpentant les spires , essayant de trouver une torture non trop rapide , une qui le face souffrir autant physiquement que mentalement . Deux solutions s’offraient à Sephira . Mort brûlé ? Ou mort noyé ? Dans les deux cas celui-ci allait regretter son acte . Mourir étouffé est très angoissant mais mourir brûlé l’est encore plus surtout enfermé dans une si misérable bâtisse . Sephira opta pour la deuxième torture .Les bras toujours levés vers le haut de la cabane , celle-ci se mit à bouger . Porte et fenêtres disparurent ne laissant que de léger halo de lumière passer au travers des rainures entre les planches de bois maintenant devenues bien plus solide que l’acier . Le dessin ne fut pas fini .

« tu n’aurais jamais dû me provoquer ainsi , tu as goûté à mes lèvres ? Tu vas maintenant goûter à la mort !Savoure ce dernier plaisir que je t‘accorde »

Sur ces mots la noble se rapprocha de Shaïlan , elle avait maintenant baissé les bras , ses mains saisissant le visage du jeune homme… son dessin attendrait . Un baiser volé n’est rien comparé à un vrai baisé et Sephira comptait le lui en offrir un avant d’endurer une terrible souffrance . Ses lèvres se posèrent sur les siennes . Les deux comploteurs s’échangeaient à présent un baisé doux et romantique avant de finir par un fougueux et inoubliable . Sephira stoppa net leur embrassade , se relevant aussitôt et continuant son rituel , les bras toujours levés au plafond . La cabane s’enflamma dans un de ses coin .
Cette flamme prit vite de l’ampleur et Sephira eut du mal à supporter la chaleur . Shaïlan se trouvait toujours derrière elle , il ne bougeait pas , comme pétrifié de peur , une pointe de curiosité dans le regard . La noble imaginait ce qu’il pouvait bien penser de ce moment , de cet instant présent . Craignait il qu’elle ne stoppe ce qu’elle venait de commencer ? Ou était il sûr de lui , sachant pertinemment qu’elle ne le laisserait jamais mourir sous les flammes ? Sephira mourrait d’envie de savoir mais la chaleur la troublait , les flammes menaçants de brûler l’étoffes et les parures qu’elle arborait .
Un pas sur le côté et la fraîcheur , apportée par une brise de fin de journée , la calma et la rendit sereine.
Elle observait , avec entrain , le dénouement de la scène . La cabane flambait de plus belle . Shaïlan devait maintenant ressentir sur sa peau une extrême chaleur , le brûlant presque . Finir rôtir comme un simple gibier sans intérêt ? Il le méritait mais Sephira avait besoin d’un allier de taille , comme lui .
La jeune femme cligna des yeux . La cabane n’était maintenant plus qu’un souvenir , ainsi qu les flamme qui la consumaient . Shaïlan se trouvait assit à terre , à demi allongé sur le sol maintenant carbonisé .
La sueur perlant sur son visage , il semblait avoir été touché par une flamme , son bras meurtri le prouvant . Son visage était livide , sans expression , comme choqué par ce qu‘il venait de vivre . Un sourire , marquant une satisfaction , pouvait se lire sur le visage de la noble qu’elle s’empressa de masquer . Elle se dirigea vers le malheureux , lui dessinant quelques bandages qu’elle appliqua sur son bras . Un verre d’eau surgit également de nulle part , elle le lui tendit .

« simple avertissement , ne recommencez jamais cela sans avoir ma permission ! Jamais vous n‘aurez ce dont vous désirez , de moi , sans en avoir mon accord . Maintenant buvez et parlons …»

Sephira ne comptait pas s’excuser de calvaire qu’elle venait de lui faire subir . Elle en était fière même .
Malgré cela une pensée lui traversa l’esprit , pensée qu’elle n’apprécierai pas de reconnaître devant lui ou devant quiconque … Elle avait aimé le deuxième baisé .

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Alors qu’il savourait encore les reliquats qu’il avait pu arracher à leur étreinte, le jeune homme fut quelque peu amusé par cette fureur incontrôlable, qui semblait prendre corps en cette jeune noble. Il aimait à connaître les limites nerveuses des gens, surtout s’il s’agissait de supérieurs ou d’informateurs. Le calme et le pragmatisme étaient des qualités utiles à tout voleur, tout comploteur. Or, à mesure que le temps passait, Shaïlan commençait à douter de la force nerveuse qui habitait Sephira. Ne devait-elle pas s’attendre à cette réaction du nymphomane après l’avoir si impunément tenté ?
Intérieurement, le jeune homme savait que ses actes auraient une conséquence des moins agréables, à en lire les traits déformés par la rage de son interlocutrice. Cependant, blasé par toute cette démonstration de puissance qu’elle avait déployée, il attendit patiemment que sa crise de nerfs passe. Elle promettait d’être longue, mais la vie avait appris au voleur la patience indifférente.
Combien de fois avait-il du passer des nuits blanches à observer les faits et gestes d’un quidam, espérant que l’envie lui prit de quitter son poste de garde ? Combien de fois était-il resté des heures dans la même position d’attente, plus ou moins confortable, attendant le bon moment pour passer à l’action ?
Les ténèbres exigeaient de lui des qualités qu’il avait appris à développer à leur paroxysme, tandis qu’il tentait d’oublier cette éducation noble qu’il avait reçu de ces Zil’ Urain.. la famille de leur rejeton blondinet, qu’il avait à nouveau revu lors de la fête à l’Académie de Merwyn.

Cependant, les deux jeunes gens ne semblaient pas avoir eu la même éducation. Le visage de Sephira Sil’ Shala exprimait une fureur improbable en toutes autres circonstances. Qu’allait-elle faire pour l’avoir sous sa domination, à présent ? Le couteau ne lui avait donc pas appris que Shaïlan ne marchait pas par intimidation ?
Il semblait que non. A peine se furent-ils écartés que le dessin se modifia, et que la jeune femme se tenait dans une pose christique des plus amusantes. Les mains levées au ciel, comme implorant la Dame ou le Dragon, on sentait sa présence dans les Spires, même sans être dessinateur. Ses yeux au loin, cherchant quelque incantation dans les Spires, ou en proie à quelque pensée arrogante, la jeune femme fit trembler la cabane qui les entourait. Intérieurement, le jeune homme commençait à douter de la capacité de résistance des nerfs de son interlocutrice, comme de sa propre sécurité dans les minutes à venir. Il ne bougea cependant pas, attendant que la furie se calme, ou emplisse.
La lumière disparut, transormée en filaments avides de leur peau, qui parvenaient à passer sous les failles de l’habitacle à présent hermétique. Nul doute qu’un sort des plus désagréables lui fut réservé, à présent. Mi-contemplatif, mi-attentif, Shaïlan écouta d’une oreille les paroles plus que belliqueuses de la noble jeune femme, tout en cherchant des yeux un moyen de se défaire de la prison qu’elle venait de créer autour d’eux. Certainement, dans quelques minutes, s’enfuirait elle lâchement via l’Imagination.. mais n’était-ce donc pas logique ? Le tortionnaire ne partage pas la souffrance de sa victime..
Se plaisant à ses contemplations intellectuelles, le kleptomane ne remarqua pas tout de suite qu’elle avait baissé les bras, et qu’elle était à nouveau tout près de lui.
Les doigts arachnéens et blancs vinrent caresser la peau imberbe de son visage. A quoi jouait-elle donc ? Versatile que cette créature, décidément..
Il en profita, sachant que cette situation ne se reproduirait pas avant un bout de temps. Aussi, quand elle lui offrit le baiser, plus digne que ce qu’il lui avait volé, il ne recula pas, et goûta chaque saveur de ses lèvres, doucement, passionnément. Bien qu’elle ait forcément une raison de lui offrir ce baiser, il préférait ne pas y penser, et savoura.

Les flammes prirent d’abord dans le coin droit. Un goût un peu amer dans la bouche, il ne regarda plus la position incantatrice de la jeune femme, pour perdre l’onyx de son regard dans les flammes. L’instant était trop intriguant pour qu’il réagît avec pragmatisme et sécurité. Loin de s’affoler, il dénuda chaque nuance de parme et d’orange qui se dégageait de l’âtre grandissant. Les lueurs écarlates projetées sur les planches vermoulues de la cabane étaient magnifiques, pures, bien plus que la complexité des jupons de son interlocutrice. Celle-ci fit très rapidement un pas sur le côté à l’abri, lorsque les murs latéraux prirent feu, laissant ainsi le voleur à sa contemplation dangereusement chaotique.
Origan, grenat, paille, quelques touches d’outremer.. magnifiques. Shaïlan ne songea pas un instant à se protéger du brasier toujours plus fort. Des gerbes d’étincelles, là où les flammes rencontraient un nœud dans le bois ; quelques fluorescences incolores, issues de son imagination. Oh, ces conjectures des planches, leurs hurlements lascifs à la flamme, les craquements amers et leurs soupirs ..
Sa vie était en danger, et pourtant, le jeune homme n’éprouvait qu’une piètre once de peur, qu’il prit soin de refouler dès les premières secondes. Il savait parfaitement en son for intérieur qu’elle n’avait aucun intérêt à le voir mourir, sans même avoir pris la peine de lui soutirer des informations. Grave erreur serait de le faire mourir.. Aussi les quelques doutes qui persistaient en lui s’éteignirent, comme croissait l’incendie.

Grave erreur également le fait qu’elle n’ait pu comprendre le fonctionnement du jeune homme.. Tenter par deux fois de l’avoir avec la force était signe d’une mauvaise compréhension de sa part. Et si elle faisait des erreurs telles que celles-ci, alors elle valait moins que l’Empereur.
Lui, au moins, avait une excuse pour la plupart de ses bévues ; ce n’était pas lui qui prenait les décisions secondaires. Il était donc exempt de toute responsabilité mineure.. Quant à Sephira, chaque seconde qui passait dans le feu, cette jeune femme au caractère bien trop versatile descendait un peu dans son estime. Un peu de raison reprit cours en l’esprit contemplatif de Shaïlan. Ayant déjà compris qu’aucune autre issue que l’attente était possible, le voleur s’assit au sol, légèrement allongé pour éviter les flammes hautes du plafond, et attendit patiemment que le bois fût entièrement consumé. Les yeux fermés, humant l’odeur de pin brûlé.
Un peu avant la fin de l’incendie, une flammèche partit à l’assaut de sa tunique, sur le flanc droit, et le voleur dut se débattre vigoureusement pour ne pas qu’elle enflamme tous ses vêtements, et lui avec par la même occasion. Le feu attaquait la peau de son bras, lui tirant une légère grimace de douleur. La chair puait le brûlé, il saignait. Pourvu que rien d’autre n’arrivât avant la fin de l’incendie..
Blême à cause du manque d’oxygène et de la fumée qui commençait à encrasser ses poumons, il ne pourrait très certainement pas tenir très longtemps encore.

Quand les flammes se turent enfin et que le soleil perça à travers les décombres, le voleur put apercevoir les bas de flanelle de son interlocutrice. Crispé par les vagues de douleur qui émanaient de la brûlure profonde de son bras, il ne put se relever tout de suite, assistant avec amertume à l’exaltation de la noble dame. Quand elle se dirigea vers lui, il aurait donné mille pièces pour pouvoir faire un pas sur le côté loin d’elle ; de cette journée infecte.
Le feu avait même consumé le parfum qu’il avait gardé sur les lèvres après leur baiser. Plus rien ne pouvait le rattacher à une vision positive de la femme en face de lui.
Des bandages dessinés apparurent sur son bras, ainsi qu’un verre d’eau, et un beau discours. Froissé par cette hypocrisie à nouveau mise en avant, le jeune homme se releva de lui-même, un peu agacé, et lui redonna un peu brutalement son verre d’eau, en lui murmurant :

- Je ne suis peut-être pas dessinateur, mais je connais les bases. Un dessin n’est pas consommable. Merci bien.

Le regard une seconde déçu par cette prestation, il défit les dessins qui lui servaient de bandage, sachant parfaitement qu’ils disparaîtraient quelques minutes plus tard. La peau tait en mauvais état, mais quelques jours suffiraient pour que plus rien ne se voit. Aussi, le jeune homme prit, dans son propre nécessaire, qu’il gardait dans son manteau avec d’autres affaires, quelques bandes propres qu’il appliqua sur la plaie roussie.
Avec un rictus douloureux, il leva le bras, et essuya la suie qui s’était accrochée à son manteau, ses épaules, ses cheveux, et fixa à nouveau la jeune femme qui attendait probablement qu’il se mette en colère. Il ne lui ferait certainement pas cette faveur. En son for intérieur, il était agacé. Mais ne se mettait que très rarement en colère, et cette situation n’en valait pas vraiment la peine. Mieux valait ne montrer aucune faille, de sorte que même s’il refusait la proposition de la jeune femme, sa réputation restât intacte.

- Maintenant que vous en avez fini de jouer avec ma personne, auriez-vous l'obligeance de vous expliquer concernant cet acte ? Je n'aime pas que l'on se joue ainsi de moi. Cependant, je n'ai pas encore donné ma réponse quant à votre " alliance ". Il aurait peut-être fallu attendre avant de jouer les apprentis sorciers..

Le ton amer et agacé n’était qu’à peine feint, et le jeune homme prenait soin de ne fixer que derrière l’épaule de la jeune femme ; simple insolence signifiant qu’il ne la considérait pas comme précieuse.
Même s’il était souvent éxécutant, il avait une fierté de noble. Certainement son sang.. mais il ne se laissait pas marcher sur les pieds. Aussi, lorsqu’il fut complètement propre, il s’écarta un peu du lieu désastré. Crocheta une gouttière, et disparut à la vue de la jeune femme, sur les toits.
Si elle tenait toujours à palabrer avec lui, ce serait sur SON domaine. Les toits.

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Une erreur , Sephira venait d’en commettre une . Sa colère lui ayant fait perdre le contrôle de son corps , de sa lucidité . Elle venait sûrement de compromettre cette alliance avec le voleur . Stupide , voilà le mot , elle avait été stupide d’agir ainsi sans mesurer les effets de ses actes . Le voleur avait maintenant la main , il dominait , maintenant , toute la " partie " et venait de le lui faire savoir en s’échappant sur les toits .

Les toits , son milieu ,son probable habitat , son empire même … de la haut il était le roi du monde , scrutant chaque passant , étant capable même de suivre en filature une quelconque proie à ajouter à son tableau de chasse . Sephira était sur le menu , la haut , elle ne devra en aucun cas se montrer supérieur à lui , elle devait jouer cette fin de partie avec finesse . Du chantage ? De la torture ? Rien de cela … compromit ?

Peut être mais risqué et pas fort sûr d’un résultat escompté . La noble n’avait d’autre choix que de s’abaisser à son niveau , à partager avec lui . Étrangement , cette éventualité ne la dérangeait pas trop . Il était maintenant de rigueur qu’elle se fasse toute petite , pas trop quand même , mais disons qu’elle devait la jouer plus finement , ne pas attirer autant les regards .

Comploter contre l’empire est une chose très délicate et se pavaner en public n’est pas une chose compatible avec cette trahison . Sephira devait maintenant choisir entre son orgueil , qu’elle adore flatter , et son futur avec l’alliance . Le choix fut extrêmement difficile pour elle mais au bout de quelques instants , alors que Shaïlan l’attendait toujours sur ses toits , elle se retourna et s’en alla …

Sephira , pour la deuxième fois de sa vie , cru faire une erreur en voulant abandonner sa vie de noble extravagante , c’est pourquoi elle voulut à cet instant tout arrêter et reprendre son petit train train quotidien ; narguer la populace , la dénigrer tout en leur lançant de radieux sourire , profiter de ses richesses , …

*Je ne peux me permettre de perdre une fois de plus ma vie que j’aime tant ! Avoir perdu cet enfant a changé ma vie et je ne compte pas , de faire , de l’être et de ….*

Confusion total , Sephira ne savait où donner de la tête , un dilemme s’offrait à elle et elle ne souhaitait pas s’y engager de peur de … changer . la changement est une chose très compliquée , il faut en effet s’y intégrer et être bien , confortable dans ce changement . Si elle échouait c’est toute sa vie qui serait mise en cause , la traîtrise est quelque chose d’impardonnable ! Sephira se souvint de la promesse qu’elle s’était faite et un chemin ne s’offrait maintenant plus qu’a elle ; contrôler l’empire aux côtés de ses fidèles ! La jeune noble fit volte face et revint sur ces pas .

Une fraction de seconde plus tard elle se trouvait sur le toit d’un marchand de tissus , maintenant fermé . Shaïlan ne se trouvait non loin d’elle , Dix mètres tout au plus . Elle s’engagea sur ce fameux toit , piétinent d’innombrables tuiles mal fixées .
L’attention de Sephira se tournait vers le meurtri , celui qu’elle avait blessé intérieurement sans véritablement le vouloir . Elle continua dans sa direction , sa démarche se faisant moins assurée .

Tout à coup la noble trébucha , une dizaine de tuiles venaient de glisser sous le poids de la dame . Elle vacilla et tomba lourdement contre celui-ci . Un filet de sang coula lentement le long de son visage , se mêlant ensuite à une larme qui venait de sortir de son œil droit . Elle craquait …
Un trop plein d’émotion qu’elle aurait voulu évacuer le plus vite possible , mais son devoir , de faire bonne impression , ferma les valves de son cœur et plus aucune goûte salée ne coulerait sur son visage en présence de Shaïlan . Elle essaya vainement de se relever mais une douleur aigue à la jambe l’en empêcha . Elle se retrouvait maintenant dans un sacré pétrin , là , perchée sur de hauts toits , seule avec un voleur qu’elle venait de maltraité pour une raison très … stupide ? Plutôt … inappropriée.
Sephira , toujours allongée sur ce misérable toit , souillé par le temps , engagea la discutions avec une pointe d’appréhension dans la voix ; la peur d’échouer .

« Je crois que ma réaction fut quelque peu … excessive . Vous ne méritiez pas cette torture et j’en suis navrée , je crois que ce que je voulais vous faire comprendre n’a servi qu’à envenimer les choses , à les détériorer et non à me rapprocher de vous en tant qu’allié . Sachez que plus jamais vous ne verrez la couleur de mon dessin agissant sur vous ! Je crois que cette aura que je reflète autour de moi n’est pas fort appropriée pour un complot de cette ampleur , je m’engage donc à me faire plus discrète à l’avenir .
Si vous avez une once de bon sens vous … »

La douleur dans sa jambe se faisait trop forte , elle ne pouvait continuer son discourt , de plus , se plonger dans l’imagination , afin de partir de cet endroit , était impossible . Sa concentration était instantanément troublé par de violentes décharges électrique provenant de sa blessure . Son visage était maintenant crispé et ne laissait plus que transparaître cette douleur .

Habituellement , celle-ci aurait tout fait pour la cacher mais cette fois la douleur était trop grande . Une simple foulure sûrement mais la position qu’elle adoptait ne facilitait en rien sa tolérance à la douleur .
Elle essaya une nouvelle fois de se lever , en vain . L’orgueil noble de Sephira en prit un sacré coup , elle venait d’essuyer trois échecs aujourd’hui , trois humiliations .

Tout d’abord il y eut ce baisé volé , qu’elle ne souhaitait pas , ensuite ce fut le tour du dégoût qu’éprouvait Shaïlan envers elle , et enfin cette pitoyable prestation en haut des toits .
Sephira perdait son assurance naturelle et ne croyait plus autant en ses capacités de dominatrice qu’avant . Son alliance était un échec cuisant ! Jamais Shaïlan n’accepterait de s’allier avec pareil cruche !

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Atterrissant sur un toit aux tuiles branlantes, Shaïlan fit quelques pas pour se calmer, oubliant la brûlure qui l’agaçait profondément. Son domaine était bien là, comme il l’avait toujours été. Un horizon de toits et de cheminées plus ou moins droites, quelques cimes d’arbre dans les parcs de la ville ou les jardins des demeures cossues, une poignée de volatiles en tout genre, et très souvent, un chat famélique à leur trousses, moustaches frémissantes et pupilles contractées. Pas une seule âme humaine, les Marchombres étaient trop sur leurs gardes pour traîner sur les toits d’Al-Poll. De temps à autres, il arrivait qu’un gamin se prenne pour le kleptomane, dont il connaissait la réputation, et tentait d’escalader les gouttières. Parfois, il croisait la route du jeune homme, parfois il tombait, et se cassait un membre. Ca le laissait indifférent. Lui aussi, étant plus jeune, était maintes fois tombé avant d’acquérir son aisance sur les hauteurs.. Certes, il n’égalait pas les Marchombres pour la grimpette ou l’acrobatie de haut-vol, pour la simple et bonne raison que ce qu’il pratiquait était un autre genre. Il n’était et ne serait jamais à l’aise sur un flanc de falaise, mais les toits n’avaient plus aucun secret pour lui. Depuis le temps qu’il avait établi son empire dessus, il ne pouvait se permettre d’avoir la moindre faille dans ses faits et gestes. Et ça marchait plutôt bien jusqu’alors, et c’était pour cette raison qu’après avoir –semblait-il- pris congé de la jeune dame, il s’était rallié à son territoire.
Les tubulures et autres gouttières lui servaient d’escalier, et les tuiles étaient les pavés de ses chemins. Parfois, il arrivait que la chaussée soit défoncée et qu’il fallut changer de toit ; mais il restait le Maître incontesté des petits chemins qui traversaient la forêt de cheminés.

Deux avenirs proches attendaient le voleur. Ou bien la noble impudente viendrait le rattraper et le faire ployer de quelque façon, ou bien il n’entendrait plus parler d’elle, et il pourrait partir. Ayant déjà pris sa décision de n’avoir rien à faire avec cette personne qui méprisait ainsi ses semblables, il commença de marcher à pas mesurés sur les tuiles en brique fendue. Le poids de n’importe quelle personne aurait fait craquer la toiture, mais le voleur était l’ami des charpentes, qu’il arpentait toutes les nuits.. Il connaissait les failles, les endroits sûrs, et marchait dessus comme si elles fussent un sol stable et plan. Un pas après l’autre, il continuait vers un autre toit, sur lequel il atterrit d’une envolée souple et silencieuse, le pan de son manteau couleur ténèbres volant derrière lui comme une unique aile noire. Il s’était fait à l’idée qu’il ferait autre chose de sa journée, et il avait déjà commencé à oublier sa discussion avec Sephira Sil’ Shala. Seule la blessure qu’il sentait malgré lui pouvait lui remémorer qu’il avait fait quelque chose pendant son après-midi.

Un bruit le fit se tendre légèrement. Un bruit de tuiles brisées. Avait-on osé fouler son territoire ? Il n’y avait qu’une seule personne pour se trouver derrière lui en cet instant, et Shaïlan ne savait que trop bien qui cela pouvait être. Elle semblait avoir compris que la patience était un facteur dominant dans leur affaire. Bien que très négatif par rapport à cet entretien passablement désagréable jusqu’alors, le jeune homme était tout de même prêt à entendre ce qu’elle avait l’intention de lui jeter au visage. Pour l’instant, il n’était pas au sol en train de se tortiller de douleur, elle devait avoir compris qu’il ne marchait pas à l’intimidation. Car, en général, il était le bourreau, pas la victime.. Et n’appréciait pas que l’on ne tînt pas compte de sa réputation. Elle avait été stupide, naïve de croire à sa toute-puissance… A chaque pas qu’il continuait de faire malgré l’arrivée de son ex-interlocutrice sur les toits, résonnait une bonne raison de ne pas se retourner. Cependant.. il était curieux.

Lorsqu’un bruit de chute et de bris lui parvint aux oreilles, Shaïlan se retourna d’un bloc, se fléchissant vivement pour se préparer à toute attaque. Qu’allait-elle lui préparer encore comme tour de con ! Cependant, la scène devant lui était bien singulière. Haussant le sourcil sous l’étrangeté de la position dans laquelle se trouvait la jeune noble, il ne se décida pas tout de suite à faire un mouvement. Elle pouvait très bien avoir mis sa chute en scène pour l’attirer dans ses filets. Les larmes fugaces, le doux filet de sang, le rictus de douleur, et peut-être le même la douleur elle-même, tout cela pouvait bien être fabriqué à son attention. Et puis, si c’était réellement là.. Shaïlan jouissait de la voir en une position de faiblesse pareille. Tout cet orgueil, l’esbroufe, la hauteur, son pouvoir… tout ça piétiné en quelques secondes où il la voyait ramper, à ses pieds, comme une vulgaire larve. L’envie lui prenait de la laisser dans son pétrin, et de rester là, assis, à la regarder fixement, quelques mètres plus loin, sans rien faire. Observer justice être faite.. Shaïlan remercia la Dame pour ce moment follement flatteur.
Un sourire en coin dénuda ses dents à la blancheur étonnante, tant il était ravi de la tournure de la situation. Quelques minutes plus tôt, elle profitait de sa puissance pour le brûler, comme un lépreux, et maintenant, il l’observait de haut, alors qu’elle avait tenté de pénétrer son territoire : les toits.
Et quiconque tentait d’être plus fort de lui sur son territoire.. perdait. Les tuiles l’avaient bien compris, et avaient fait ce qu’il leur avait ordonné mentalement. Il était tout simplement le maître, sur les hauteurs. Et elle ferait ce que lui voulait qu’elle fasse, malgré elle.. Comme il s’y attendait, la voix qu’elle avait en reprenant la parole tremblait légèrement, et était teinte d’une petite once d’anxieté. C’était tellement victorieux.. Elle le suppliait presque de l’aider, elle rampait à ses pieds, elle s’excusait, elle était petite, toute petite face à sa toute-puissance sur son territoire… Au diable ce bon sens qu’elle implorait, le spectacle était vraiment trop beau. Il allait prendre son temps pour l’aider, c’était certain. Alors il s’assit tranquillement sur le rebord d’une cheminée, observant les vains efforts de la jeune femme pour tenter de se relever, alors que ses jupons imposants étaient salis par les miettes des tuiles qu’elle avait brisées dans sa chute. Si elle continuait de s’agiter ainsi, elle allait les déchirer sur les poutres, c’était à prévoir. Amusant..
Tellement amusant. Oh, il croisait bien son regard alors qu’elle lui demandait de l’aide, il voyait bien qu’elle avait mal. Mais lui aussi avait eu mal, même s’il ne l’avait pas montré et n’avait pas supplié, et ce n’était que justice qu’elle soit humiliée ainsi. Dommage que les toits ne soient pas fréquentés par la populace comme la rue, la joie aurait été extrême. Voir les paysans rire comme des porcs en voyant ça, les femmes ricaner, contentes de leur propre sort… et lui-même avait bien du mal à rester stoïque. Seul un sourire narquois barrait ses lèvres fines, et il énonça, séparant bien chaque mot et laissant percer de la moquerie :

- Et si je me contentais de tourner les talons, et de vous laisser-là.. Ca pourrait être une solution, et moi ça me plairait. Il faudra me dire en quoi j’ai intérêt à vous relever, si c’est pour que vous abusiez encore de ma patience. Je pourrais aussi être compatissant, et vous tirer de là pour des clous…

Il fit mine de réfléchir un instant, ses doigts jouant avec un coin de son manteau pensivement. Intérieurement, il profitait de chaque seconde à la voir ramper.. Mais les convenances exigeaient de lui qu’il vînt au secours des demoiselles en détresse. En l’occurrence, Sephira pouvait être qualifiée de dangereuse demoiselle ET de demoiselle en danger. Dilemme, dilemme.. qui n’en était pas un au final. Avec une lenteur des plus exaspérantes, Shaïlan se releva de son rebord, considéra les tuiles et les toits, puis, un pas après l’autre, prenant tout le temps qu’il pouvait voler, il avança vers la jeune femme. Les minutes s’écoulèrent ainsi, qu’il faisait son petit manège. Il comptait profiter au maximum de l’attente désespérée de la noble pour que l’on vînt la tirer de là. Lorsqu’il fut enfin arrivé à sa hauteur, n’ayant fait bouger aucune des tuiles à son passage, il s’accroupit, le visage au même niveau que celui de son interlocutrice. Considéra les possibilités, un sourire aux lèvres, les yeux dans ceux de Sephira. Puis il pencha la tête vers la jambe meurtrie, indifférent, et remonta jusqu’aux jupons de flanelle accrochés au toit.

- Je pourrais vous laisser là.. et vous savez très bien que j’en suis capable. Qu’avez-vous à m’offrir en échange de mon aide ?

Messages : 18 Inscription le : 17/06/2008

Qu’avez t’elle à lui offrir en échange d’une simple aide ? Se moquait il de la noble Sil’Shala ? En effet Sephira n’était pas en la position de dominante , mais pouvait très bien , avec un peu de volonté , se débarrasser de lui en une fraction de seconde , un clignement de cil , un battement de cœur .
Ce voleur n’était qu’un moucheron comparé à la force de cette dessinatrice , aussi habile qu’il soit .
Un dessin se matérialisa au dessus du voleur , un dessin énorme , un gigantesque rocher … Sephira
Aurait voulu mais le chantage et la torture ne la mènerait à rien !Elle devait en quelque sorte faire ami ami avec ce brigand , le compter parmi ses alliés et non ses ennemis aussi futile soit il .
Cette attente l’agaçait , le voleur jubilait . Cette douleur permanente ne pouvait qu’énerver d’avantage la noble déjà poussée à bout . Et lui , un simple voleur , la narguant , lui montrant que de se déplacer sur des tuiles n’était qu’un jeu d’enfant pour lui , et de surcroît , par sa souplesse et sa grâce , en rajouta une couche . La noble , elle , gisait toujours sur les tuiles maintenant brisées . Un éclat s’étant enfoncé dans sa chair , sa grimace de douleur ne fut que plus accentuée . Sephira décida de passer à l’action , action non offensive … plutôt pacifique , une pointe de … ? Compassion dans la voix ?Effectivement , il semblait bien que cette dessinatrice regrettait ses actions passées . Pas toute , bien entendu , il avait en parti mérité ce châtiment mais pas aussi violemment .

« Écoutez moi bien car jamais plus vous n’entendrez ces paroles sortir de ma bouche , plus jamais vous avez bien entendu !? Je ne m’abaisse généralement jamais à faire ce que je m apprête à vous dire ! Vous étés la seule personne dont j’ai les raisons et le besoin de faire de plus plates excuses ! Veuillez ainsi les accepter afin que nous repartions sur de nouvelles et de meilleures bases . »

La noble se pencha quelques instants afin d’observer la plaie , profondément ouverte , formée sur sa jambe par une tuile s’étant enfoncer quelques minutes plus tôt , lors de la chute .
Une nouvelle larme de douleur perla le long de son visage , se mêlant une nouvelle fois au sang qui coulait le long de la corniche . Le voleur , quand à lui , semblait n’éprouver aucune compassion .
Il était là , à la regarder , sans faire le moindre geste pour l’aider , n’ayant même pas un geste gentleman envers elle , la considérant presque comme un déchet . Cette image la fit frissonner , comment était ce possible qu’une personne comme lui , un simple voleur … bourgeois je vous l’accorde , mais voleur tout de même , pouvait prétendre être supérieur à elle ! Et , de plus , jouer avec cette supériorité en retournant , à son avantage , la situation présente .

Que devait elle faire de plus ? De nouvelles excuses ? Plus sincères peut être ? Impossible …Il devrait s’en contenter , pour elle , ce qu’elle venait de dire était plus que satisfaisant , jamais elle n’aurait pensé qu’un jour elle devrait faire des excuses à quelque un , et même si cela devait arriver ce ne serait certainement pas à un malfrat comme lui qu’elle le ferait . Elle venait de baisser dans sa propre estime , mais un sourire naquit sur son visage , elle était contente de l’avoir fait , elle venait en quelque sorte de vivre une expérience jamais vécue . Se sentir inférieur , chose qu’elle n’aurait jamais toléré , la fit rire , l’amusa . Elle se mit , tout bêtement , et subitement à rire aux éclats , oubliant presque sa douleur .

« Voyez vous , jamais une telle chose ne m’était arrivée , je trouve ça fort cocasse malgré cette douleur qui me déchire , qui me gêne tant …Allez vous réellement me laisser là ? Gisant sur votre royaume que sont les toits ? Roi des ombres et de la nuit , un gentleman comme vous ? Je ne crois pas . Assez joué relevez moi ! Je vous prie … »: ajouta-t-elle après un bref silence

Messages : 227 Inscription le : 15/12/2007

Le ton sur lequel la dessinatrice en mauvaise posture lui adressa des excuses était tellement pitoyable et risible que le jeune homme ne put empêcher un éclat de rire de percer, cinglant et froid comme le vent qui soufflait maintenant sur les toits de la ville. Que de justifications à son intention, et rien, pas un seul petit mot qui aurait suffi à Shaïlan pour qu’il vînt la libérer. Une proposition d’échange, un prix, une simple offre, mais n’avait-elle donc pas compris ? Les excuses glissaient sur le kleptomane comme l’eau sur un roc poli, ces quelques mots non-pensés dont il ne se souviendrait même plus la minute d’après. Il lui fallait quelque chose de tangible pour satisfaire sa soif de cupidité, une bourse clinquante, de la monnaie sonnante ou des informations alléchantes.. et pour l’instant, rien que cette verbe loqueteuse à la satisfaction nulle.
De meilleures bases, vraiment ? Le sourire goguenard du sir Dal’ Kenta ne fit qu’amplifier à ces mots d’alliance houleuse, et son orgueil n’en fut qu’enflé. On se ployait enfin devant lui, on le reconnaissait à sa juste valeur, sans aucun artifice autre que le sang qui s’égouttait lentement sur le parvis comme le linge sale d’une blanchisseuse. Cette position enrichissante pour la vanité du jeune homme aux cheveux noirs le délectait tant, qu’il prit plaisir à en admirer les dernières secondes. La plaie qui révélait ce qu’était la noble en son for intérieur, un être mou, dégoulinant et suintant d’arrogance mal ficelée, un os cassable et poreux, une base qui pouvait s’effondrer à la moindre tuile glissante de son plan. Il s’y plaisait, oui, il aimait à se voir enfin vainqueur, enfin celui qui regardait les nobles de haut et ricanait de les voir saigner..
D’ailleurs, le rire pseudo-sardonique, déséquilibré de son interlocutrice à la jambe meurtrie le fit jubiler. Elle n’allait pas tarder à reprendre après ses soubresauts nerveux, d’ailleurs..

Bingo.
Son discours n’était pas beaucoup mieux que le précédent, rien de tangible en plus n’avait été prononcé. Quelques métaphores poétiques, de l’esbroufe.. mais rien de nouveau. Elle tentait de l’avoir par la pitié, la galanterie.. Encore un peu de patience, noble demoiselle, il allait se décider tranquillement, accroupi.

- Mon Royaume, ces loques de brique ? Vous me sous-estimez, mademoiselle Sil’ Shala, ceci n’est pas mon royaume. Voyez comme il est une vraie autoroute, ce bout de ciel. Les Marchombres et les Mercenaires y complotent, les nobles tombent à mes pieds et la Dame veille. Non, mon Royaume n’est pas ici..

Et il garda une once de mystère, le regard pointé vers l’horizon, comme une statue de l’homme regardant sa destinée, amusé par l’effet que cela faisait d’avoir le vent dans les yeux. Et puis, le soleil déclinait un peu sur sa course, comme pour ajouter un petit effet dramatique à la scène. Qu’il était agréable d’apercevoir dans la poussière de briques, les quelques rais filandreux qui s’infiltraient dans la mousseline et les jupons déchirés, comme pour rappeler le grotesque de la scène. Non, tout cela était bien trop lyrique pour être son royaume.. D’ailleurs, c’était celui de son cousin, le monde extérieur. Aucune chance que ce fût celui du kleptomane, alors.. Trop de fierté et d’amertume en jeu pour que ça en vaille le coup. N’ayant pu faire main-basse sur le monde extérieur, il avait trouvé un autre à sa mesure, infini..
Mais ce n’était plus le temps d’en palabrer intérieurement, les affaires plus prosaïques attendaient et commençaient à saigner sur son manteau. C’était un outrage des plus abominables et le jeune homme recula d’un pas lentement, ses doigts arachnéens allant et venant le long du cuir pour ôter les gouttes sanguines de l’habit, afin d’éviter toute tâche intempestive. Après s’être assuré que son habit ne comportait aucune auréole noirâtre qui l’aurait fait paraître de basse besogne, le jeune homme se redressa de toute sa longueur, un léger sourire aux lèvres. Elle voulait qu’il la libère ? Mais bien sûr, tout de suite..
D’un pas léger, il contourna la coincée, et appuya légèrement sur les tuiles qui s’étaient bloquées entre son corps et la charpente, soutenant ainsi tout l’ensemble. Les talons de ses bottes noires claquèrent lorsque le kleptomane brisa les plaques d’argile d’un coup sec de la cheville, affaissant l’ensemble de quelques millimètres, tout au plus. Il tourna un peu autour de sa proie, la fixant du regard pour la narguer, évitant son bras qui tentait de s’agripper à sa jambe, et donna un autre coup dans les tuiles. Elles sonnèrent, d’un bruit clair et se brisèrent net, tombant dans la boutique située au-dessus de la charpente dans laquelle elle s’était coincée. Quelques poutres gémirent : le tout n’allait pas tarder à s’effondrer.

- Oh mais regardez, gente demoiselle, il semblerait que vos jupons fussent un peu lourd pour la noble bâtisse.. Un peu d’aide, peut-être ?

Et il murmura quelques mots qu’il fut les seuls à connaître, et à oublier aussitôt. Puis s’avança un peu, et effleura la dernière tuile du bout des doigts. Puis, d’un mouvement agile répété des centaines de fois dans les poches des gens, et des pantins avant eux, il la brisa en miettes, reculant tout doucement en laissant les craquements de la charpente lui effleurer les oreilles d’un son de victoire. Perché sur sa cheminée, il observa tranquillement l’effondrement de la noble, dans un grand roulement de bois brisé, de poussière et de cris, alors qu’elle finissait sa course deux bons mètres plus bas, dans l’échoppe d’un marchand stupéfait par cette dame qui lui tombait du ciel. Shaïlan s’approcha du trou béant qui avait été créé par la chute, s’amusant du fait que quelques gouttes s’accrochaient encore vaillamment dans la saillie écorchée où il s’était accroupi, jouant avec la pesanteur sur des bris de poutre larges comme une paume de main.

La dame était empoussiérée comme lui était recouvert de cendres quelques minutes auparavant, et le commerçant désabusé se raccrochait au mur pour ne pas défaillir de surprise. C’est l’instant que choisit l’éphèbe pour sauter du haut du toit, atterrir sur un comptoir et remettre son habit en ordre, comme si un saut de deux mètres n’était qu’une partie de plaisir, et de lancer au boutiquier :

- Cette dame ici-présente paiera les réparations, ne vous en faites pas. C’est un malheureux accident, je le crains, mais elle s’en remettra. Oh, mais que voilà ma bourse qui est tombée durant la chute..

Le jeune homme ramassa tranquillement une bourse rebondie, aux armoiries de la jeune femme et la glissa innocemment dans sa poche. Puis il tourna les talons d’un claquement, adressa une bourrade amicale au commerçant malheureux de voir sa boutique ruinée. Sur le pas de la porte menant à la grande rue, il s’arrêta, tourna la tête vers la noble et répliqua sourdement :

- Quand on joue au jeu du plus cruel, on ne gagne pas forcément, contre moi.. A la revoyure, mademoiselle Sil’ Shala.

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