Un adieu inattendu (RP inachevé)

Le demi-faël et la Evaine marchaient devant elle. Toutes ces histoires commençaient à l'agacer, et l'image d'Ivan se superposait désagréablement à celle d'Evaine. Isaï était restée au bal. Valen avançait de son pas décidé et les pas d'un autre personne résonnaient sur les dales. Pas ceux d'Ena. Il entra dans son bureau, et lorsque Ena y entra, elle sentit un courant d'air, frais. Elle ne vit qu'une fraction de seconde après lui le scintillement de la bague. Quelquechose clochait. de nouveau. La pièce fut tiré de la pénombre. Au dessus de l'épaule de Valen, sans que celui-ci ne sente sa présence, elle lue les mots écrits. Son coeur manqua un battement. Elera? Elera?
"L'oiseau veut être poussé dans le vide, mais il a besoin de regarder une dernière fois derrière lui..."

Abasourdie, elle ne sentit pas Valen s'éloigner, même alors que ses doigts enserraient le parchemin et la bague. Elle se retourna quand elle entendit le suintement d'une ceinture. Elle le fixa un instant, puis envoya valser ses sentiments avec force. Il allait commettre un erreure. Imperceptible, elle se rapprocha de la fenêtre. Il était digne, jusqu'à l'infime degré quile fit basculer dans le vide. Sans prendre la peine de réfléchir, elle passa l'ouverture, plaqua le mur. Son bras passa sous l'épaule droite du Maître d'Arme. La prise était bien instable. Sa main droite, placée dans une prise ne dépassant pas 6 ou 7 milimètres glissait inexorablement. Le poids du Demi-faël tirait sur son bras gauche. Elle le retint le plus possible. Elle lâcha les doigts serrés sur la pierre, et les referma sur un aspérité, quelques mètres en dessous. Tenta de les refermer. Elle touche la pierre et celle-ci se détacha. Ils tombèrent. La marchombre lâcha Valen au dernier moment et s'enroula pour amortir la chute. Le bruit sourd des corps sur le dalle se fit entendre.

Ena attendit un instant avant de se relever, vérifiant que tout allait bien. Elle s'approcha de Valen qui lui, s'était affalé sur le flanc. Glorieux, même blessé. Elle grimaça et le tourna.

-En voila encore une belle erreur.

Un silence.

-Quelquechose de cassé?

Elle avait minimisé la chute, mais sans l'empêcher. Il suffisait d'un bras plié pour une double fracture...

Les pensées bataillaient sans aucun doute dans la tête douloureuse du demi-Faël. Il se renversa en arrière. La jeune femme resta un moment figée, incapable de comprendre le pourquoi du geste. Elle le fixa un court instant. Son visage arborait un rictus crispé, mais ses yeux brillaient tout doucement. Humides. La marchombre retint un soupir et s'approcha du magister. Sa cheville semblait touchée, mais s'il ne s'était agit que de ça, elle aurait pu l'aider à gagner l'infirmerie. Les côtes, sans doute cassée, la tinrent immobile. Elle sentait ses doigts meurtris, et convint qu'il n'était pas prudent de déplacer le blessé. Elle laissa d'autre pensées l'effleurer, et retint un sourire ironique. En levant les yeux, elle tomba sur la fille du pirate, penchée à la fenêtre, les yeux fixés sur la scène. Elle parla d'une voix claire et froide, l'image même de traits proches de l'ivrogne la répugnant.

-Faites-moi donc le plaisir de vous rendre utile.

Elle hésita un instant. Il existait deux possibilités. Elle choisit la première.

-Retournez à la salle et demandez Vivyan Ril' Lake.

Elle ne vérifia pas si l'autre s'en retournait, et se baissa à coté du faël. Elle aurait bien pu trouver une autre solution, si elle l'avait voulu. Mais au fond, pourquoi pas? Elle fixa son visage, fatigué, las, abîmé. Tendu. Elle posa ses genoux au sol, et prit une voix douce et éthérée.

-Elle reviendra?

Entre question et affirmation. Sans raison.

Evaine n'avait strictement rien compris à ce qu'il se passait. il fallait bien avouer que c'était une situation très peu commune. Toujours est-il, elle n'entendait pas obéir à cette marchombre. Tout d'abord, elle n'était le laquais de personne, ensuite, elle ignorait qui était Vivyan Ril' Lake. Dégainant son sabre, elle l'empoigna à chacune des extrémités, bras tendus devant elle, et sauta en effectuant une culbute aérienne pour atterrir en effectuant de nouveau une roulade au sol pour amortir sa chute.

Elle se releva dans la foulée et vint se placer face à Ena pour la fusiller du regard pour s'exprimer d'une voix où la colère sous-jaçait, visiblement contenue avec peine :

- Réfléchis un peu! Vivyan Ril' Lake n'est pas rêveur! Cours donc chercher le rêveur de l'Académie, ce sera nettement plus utile! Faut-il donc que je réfléchisse juste pour toi, en plus d'avoir de l'intelligence pour tout mon équipage?!? Allez, vole la marchombre!

La marchombre entendit nettement le sabre glisser dans son foureau, et la jeune femme sauter. Elle roula sur le sol, et Ena se releva d'un bond. L'air de la nuit était encore chaud, et les dalles restituaient la chaleur accumulée dans la journée. L'autre, un visage pseudo-rebelle, avec une pointe de fierté, et un regard hautain se posta devant elle et la fixa. Elle paraissait...Furieuse? La marchombre faillit s'en éttonner. Puis se ravisa.

- Réfléchis un peu! Vivyan Ril' Lake n'est pas
rêveur! Cours donc chercher le rêveur de l'Académie, ce sera nettement
plus utile! Faut-il donc que je réfléchisse juste pour toi, en plus
d'avoir de l'intelligence pour tout mon équipage?!? Allez, vole la
marchombre!

La première chose qui le frappa fut le tutoiement, la deuxième le ton autoritaire. Elle ne réfléchit qu'a moitié. Alors que sa main gauche descendait à sa ceinture, saisissant une dague au manche récement taillé, la main droite se leva, son bras s'arqua. La giffle fit faire un quart de tour à la tête de la pirate, et quelquechose craqua. Un doux murmure caressa l'oreille d'Evaine.

-Ca, c'est pour le tutoiement...

Sa main redescendit rapidement à sa ceinture, saisir une dague rigoureusement identique à la première, alors que l'autre entaillait violement la joue claire de la jeune femme. Lui rabattant la tête de l'autre coté. La main droite remontant traça le symétrique de la première entaille, sur la joue droite.

-Ca, pour les ordres...

Les deux poings fermés redescendirent, en déviant, et se croisèrent au niveau du ventre, entaillant le cuir, sur quelques centimètres formant une croix. Les deux dagues regagnèrent leurs foureau, en les ayant échangé. La marchombre pivota sur la gauche, releva le coude droit, qui cueillit la pirate sous le menton, envoyant violemment sa tête en arrière, alors que la marchombre prononçait quelques autres mots.

-Et ça, pour l'insulte.

L'action avait duré quelques secondes, mais avait parut très lente. Excessivement théatralisée, songea Ena, avec un sourire. Elle se mit à courrir, et disparut dans les ombres de la nuit. Elle n'aurait qu'a se débrouiller seule. Au fond, Vivyan n'aurait pas à faire de pas sur le coté pour emmenner Valen à l'infirmerie, elle qui paraissait si fatiguée, en ce moment. Ena ironisait toute seule. Elle s'inflitra dans l'Aile Principale, et entra en trombe dans la salle bondée du bal. Elle repéra rapidement Isaï et la prit dans ses bras sans s'arrêtter. Elle ressortit, et se mit à courrir dans la nuit. Elle quittait son cauchemar. Un colibri noir de jai s'envola à contresens, se dirigeant vers la fenêtre ouverte, et se mit à voleter au dessus du corps immobile du Maître d'Arme. Savait-on jamais...

La marchombre traversa le parc à vive allure, aperçut le lac, ralentit. Balaya l'image qu'elle associait désormais toujours à ce lieu, et continua de courrir. Quand elle parvint aux pieds des montagnes, elle s'écroula, libérant Isaï de son étreinte. Elle se laissa respirer, alors qu'Isaï, effrayée, s'était recroquevillée au sol. Au bout d'un instant, elle la prit dans ses bras et laissa quelques larmes couler sur son visage. La petite fille lui rendit son étreinte.
Elle pensait toutes les deux à la même personne.

-Reviens...

Merwyn posa son sac de voyage au sol et jeta leva les yeux sur l'imposant bâtiment qui lui faisait face. Il le connaissait par cœur... Il pouvait sans effort s'imaginer chaque dalle, chaque brique et chaque poutre qui le composait. Merveille d'architecture que ses Dessins avaient permis de créer.
L'académie d'Al-Poll.
Et finalement, après dix longs mois d’absence, il était de retour, prêt à redécouvrir ses élèves, les autres professeurs ainsi que tout le personnel de l’école.
Sans même songer a ce qu’il faisait, Merwyn se glissa dans les spires et sonda les alentours, a la recherche de toutes ces personnes qu’il connaissait si bien, ainsi que toutes les autres dont il devrait faire la connaissance. Il ne tentait pas d’établir de conversation avec eux, le simple fait de savoir qu’ils étaient la et l’attendait le rendait profondément heureux. De jeunes gens enthousiastes vaquaient a leurs occupations quotidiennes alors que d’autres se relaxaient simplement au bord du lac, inconscients de la présence du maitre Dessinateur.
Alors qu’il allait presque se retirer de l’imagination et reprendre sa route vers le portail de l’école, Merwyn fit une découverte qui lui fit rater un battement de cœur.
Gisant sur un sol trop dur, abandonne de tous, gisait Valen Til’Lleldoryn.
Mais le Valen que Merwyn percevait à travers les Spires était bien différent de l’homme qu’il connaissait. Le Dessinateur n’avait pas toujours été d’accord avec le maitre d’armes, mais il devait admettre que c’était un homme juste et bon. Il l’avait connu fort et apte… Il le retrouvait brise et sans volonté.
Merwyn se mordit la lèvre. Comment un homme aussi intègre que lui était-il tombe aussi bas ? Pourquoi restait-il par inerte ? Qui l’avait mis dans un état pareil ? Pour l’avoir combattu un jour, Merwy savait que Valen ne se laissait pas battre si facilement…
L’école était-elle sous attaque ?
A cette pensée, le cœur du Dessinateur fit un bon de plus.
Sans plus se poser de questions, il tira son sabre hors de son fourreau, empoigna son sac et fit un pas sur le cote, pour se retrouver à quelques mètres de Valen, toujours immobile.
Il scruta rapidement les alentours, et sa formation de frontalier lui apprit bien vite qu’aucune menace directe ne les menaçait. Ses muscles se détendirent imperceptiblement, mais il ne rengaina pas son sabre pour autant.
Sans ménagement pour les blessures du Maitre d’Armes, il l’attrapa par le col et le secoua vivement, pour lui faire reprendre connaissance.
Une seule phrase laconique perça les lèvres du Dessinateur.

- Que c’est-il passe ?

Evaine avait été véritablement surprise par la réaction de la marchombre. A croire qu'elle n'avait aucun sens commun... mais le pire, c'était l'humiliation. Elle savait que le rêveur était capable de faire disparaître les cicatrices de son visage en soignant les blessures, mais elle n'oublierait pas ce que cette hystérique lui avait fait. Evaine prendrait son temps car elle avait bien plus important à faire, mais elle se vengerait de cette folle. Et voilà qu'un inconnu débarquait, mais cet inconnu avait une aura étrange et ses manières avec Valen Til' Lleldoryn laissaient présager bien des choses... d'autant que l'homme avait exécuté un pas sur le côté avec grande aisance sans qu'elle le sente. Se relevant, elle essuya le sang qui coula de ses joues, bien qu'elle savait que c'était un geste futile, et répondit à la question qui ne lui était pas destinée :

- Ce qu'il s'est passé, j'en sais foutre rien! En revanche, vous feriez mieux de l'amener chez le rêveur du coin, il en a bien besoin, l'bougre!

Merwyn détourna son attention du corps de Valen en entendant les paroles de la jeune fille. Il ne la connaissait pas le moins du monde et déduit qu’il s’agissait d’une des nouvelles élèves de l’académie, qu'il n’avait pas encore eu le temps de rencontrer. Certes, ces paroles ne manquaient pas d’un certain bon sens, Valen, s’il n’avait pas été inconscient, aurait certainement approuvé, mais Merwyn n’y prêta pas attention. Un coup d’œil sur le corps étendu de son ami l’avait informé que son état était stable. Il s’était probablement cassé quelques membres et il risquait d’avoir une bonne migraine pendant un certain temps, mais il avait eu le bon sens de ne pas tomber la tête la première et de se briser la nuque.
Les yeux du Dessinateur glissèrent sur la jeune fille. Elle lui affirmait n’avoir aucune idée de ce qui c’était produit, pourtant elle saignait et avait l’air un peu déboussolée. Or, la plupart des gens ne s’entaillaient pas le visage par pur plaisir et lorsqu’ils se faisaient blesser, ils rappelaient la manière dont cela c’était produit. Merwyn ayant temporairement perdu le sens de l’humour après la vision du demi-faël dans un tel état, il était bien décidé à tirer les verts du nez de la fille.
Il se releva d’un geste tout en souplesse, rengaina son sabre devant l’absence évidente de danger et alla se placer devant son interlocutrice. Les mains sur les hanches, le visage tendu par la concentration il s’adressa à elle :

- Ne t’en fais pas pour Valen, il est costaud et s’en tirera s’en trop de mal… je l’emmènerai voir un rêveur dans quelques instants, mais je voudrais d’abord que tu me raconte ce dont tu as été témoin. N’essaye pas de me répéter que tu n’en sais rien, les estafilades sur ta joue me disent le contraire. Il c’est bel et bien passé quelque chose ici, et j’aimerais écouter ce que tu as à me dire !

Evaine fusilla Merwyn du regard et une sourde colère empreignit ses traits. Sans crier gare, elle empoigna le directeur par le collet et lui hurla dessus :

- T'as pas bientôt fini de me traiter comme une gamine attardée, espèce de vieux débris?!? J'ai tanné le cuir de mâles prétentieux pour moins que ça, alors boucle-la avant que je ne te dépiaute!!!

Elle voulut lui coller une droite, mais Merwyn bloqua son avant-bras avant de l'immobiliser, ce qui lui valut une baffe magistrale de la main gauche qui lui griffa à moitié la joue droite. Réagissant aussitôt, il appuya sur un nerf afin de maîtriser la jeune femme en colère, mais elle lui infligea un coup de genou trop bien placé. Se pliant en deux sous la douleur, le dessinateur parvint tout de même à faire apparaître une cage autour d'Evaine qu'il suspendit dans les airs grâce à des chaînes.

Inutile de préciser que ce Dessin ne calma en rien la furie d'Evaine qui commença à s'agripper aux barreaux en essayant de les tordre dans tous les sens en injuriant plus qu'abondamment Merwyn. Un bon quart d'heure plus tard, après avoir vitupéré dans tous les sens, elle finit enfin par se calmer... heureusement pour Valen qui était toujours inconscient, ses blessures n'étaient pas des plus graves et il pouvait bien attendre un peu , mais pas trop tout de même. Finalement, Evaine daigna même répondre aux questions que Merwyn lui répétait inlassablement en conservant un calme et une patience exemplaires.

- Ce qu'il s'est passé, j'en sais foutre rien. Il a lu une lettre posée sur son bureau avant de la passer à l'autre catin de marchombre que je saignerai comme un goret! Ensuite, pendant qu'on avait le dos tourné, il a sauté de la fenêtre. L'autre imbécile n'avait pas assez de jugeote pour aller chercher elle-même le rêveur de l'Académie et m'a lacéré avec son couteau avant de prendre la poudre d'escampette! Quand je la retrouverai celle-là, je l'étriperai à coeur joie pour ce qu'elle a osé me faire!