Un retour inattendu (RP terminé)

Messages : 1576 Inscription le : 12/08/2007

Elera marchait silencieusement dans les couloirs. Elle était seule ; les élèves étaient en cours en train d’écouter leurs professeurs, et elle entendait leurs voix hésitantes à travers les portes entrebâillées. Peut-être qu’elle les rejoindrait bientôt… peut-être pas. Lorsqu’elle était partie, elle n’avait pas pensé qu’elle pourrait très bien être rejetée à son retour. Que retrouverait-elle, après ces… six mois ? Le bal et l’été qu’il annonçait semblait tellement loin, maintenant qu’elle retrouvait cet endroit aimé et détesté en observant les premiers flocons de l’année tournoyer à l’extérieur… Mais après tout, quelle importance ? Si elle ne pouvait pas rester ici, elle irait ailleurs. Lorsque l’Intendant apparut dans les couloirs, une pile de paperasse dans les bras, elle n’eût que le temps de se glisser dans un autre couloir pour l’éviter. Elle voulait que Valen Til’Lleldoryn soit le premier au courant de son retour, et préférait éviter pour le moment la cascade de questions que Jehan Hil’Jidwin lui aurait posées. Elle arriva trop vite devant la porte du bureau. Sa main se leva, sans pouvoir frapper à la porte. Que trouverait-elle de l’autre côté ? Ce qui se passerait par la suite l’effrayait déjà. Mais elle ne pouvait pas s’enfuir, elle devait affronter Valen. Malgré la peur. Elle frappa sur le bois. Une voix neutre lui ordonna d’entrer, et elle poussa la porte. Valen…

Elle avait eu peur qu’à sa vue, sa colère réapparaisse, et que tout soit à recommencer. Mais non, elle ne ressentait aucune émotion négative. Plutôt de la compréhension… Ce qu’il avait fait n’était pas et ne serait jamais bien ; mais elle lui pardonnait, et elle était prête à avancer. Elle avait grandi ; ca se voyait. Ses traits ne semblaient pas aussi niais qu’auparavant, la douleur lui ayant appris ce qu’elle ignorait alors. Elle avait toujours sa fraîcheur d’esprit, elle gardait encore son optimiste et sa confiance ; elle était toujours prête à sourire à la mort et à se jeter dans le danger sans réfléchir. Mais elle avait une nouvelle force, à présent. Un certain courage, une détermination à avancer et à sourire malgré les souffrances, les siennes comme celles des autres, alors qu’avant elle n’imaginait même pas ce que le mot douleur signifiait. Elle semblait moins fragile que la frêle jeune fille aux yeux innocents qui était partie, mais c’est le même sourire qu’elle offrit au Chantelame.

- Je suis heureuse de vous revoir, Valen…

C’était vrai ; étrange peut-être étant donné les circonstances, mais vrai. Elle n’attendit pas un instant avant de continuer, prête à entendre la réponse du demi-faël.

- Si vous voulez encore de moi… j’aimerai reprendre ma bague d’appartenance à l’Académie et vous donner des explications.

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Il était sans pour le moins étrange de constater cela, surtout venant d'une personne comme Valen Til' Lleldoryn, mais une larme coula le long de la joue gauche du demi-Faël. Pendant un long moment, il reste totalement immobile, comme incapable de faire le moindre geste. Rêvait-il? Etait-ce bien Elera? La jeune Elera dont le départ mystérieux avait brisé les dernières défenses mentales du légendaire Chantelame au point qu'il en vienne à essayer de se tuer.

Physiquement, Valen était totalement remis à présent. Mentalement, c'en était tout autre. Merwyn l'avait bel et bien soulagé d'un lourd fardeau qu'il peinait à assumer en revenant à l'Académie, mais les cicatrices de ses blessures demeuraient et elles étaient loin d'être refermées. Il avait pris conscience d'un état de fait : il avait été trop profondément blessé... il ne serait plus jamais le même. Une étoile rayonnante avait perdu son éclat...

Le sourire d'Elera rendit vie à cette étoile, mais une vie fragile qui s'éteindrait au premier heurt. Une fragilité et une vulnérabilité non feintes teintèrent les traits du demi-Faël. Une tristesse incommensurable... une joie incrédule... et enfin, un murmure :

- Pourquoi m'as-tu fais cela?

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Elle n’avait pas pensé que son départ ferait autant de mal au Chantelame, et c’est seulement en voyant cette larme rouler sur sa joue qu’elle le comprit. Elle s’approcha du bureau, , ses yeux violets plein d’inquiétude.

- Je ne voulais pas vous haïr, alors je suis partie. Si j’étais restée… je l’aurais sûrement regretté. Je ne voulais pas vous faire de mal en disparaissant… Je ne voulais faire de mal à personne.

Pourtant visiblement, c’était exactement ce qu’elle avait fait. Et Valen était le premier qu’elle rencontrait… que penseraient les autres ? Elle n’avait prévenue personne de son départ, lors de cette nuit irréelle. Elle s’était tout simplement évaporée dans la nature. Une minute elle était là, la suivante elle ne l’était plus. Sans raisons apparentes. Sans explications. Sans rien. Et c’est seulement maintenant qu’elle comprenait l’incompréhension qu’elle avait semé derrière elle… mais elle était revenue. Et il était temps de réparer ce qu’elle avait détruit. Elle se jeta dans ses explications.

- Vous savez sûrement que j’étais proche de Marlyn… Je ne croyais pas-ne crois pas- qu’elle soit foncièrement mauvaise. Juste incomprise. En réfléchissant, en écoutant ce qui se disait et en discutant un peu, j’ai compris ce que vous lui aviez fait… Je l’ai découvert, et je ne pouvais pas supporter l’idée que vous soyez capable de quelque chose comme ca. Surtout après la promesse que vous m’aviez faite un jour. Vous m’aviez trahie… Je ne pouvais pas rester ici en sachant que tout était mensonge, je ne pouvais pas vous parler, alors je suis partie. Pour me retrouver avant de revenir. Pour comprendre. Et puis pour vous pardonner… Ce n’est peut-être pas à moi de le faire. Mais en ce qui me concerne, je ne vous en veux plus.

Pause. Oserait-elle lui demander de lui raconter ce qui s’était passé ? Mais comment expliquer qu’elle en sache plus qu’elle ne pouvait en savoir, sinon ? Elle releva les yeux qu’elle avait baissé un instant.

- Me raconterez-vous ce qui s’est passé, exactement ?

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La lueur de l'étoile mourut. Valen était toujours là, plus inhumain que jamais, plus détaché qu'il ne l'avait jamais été, mais le rayonnement de sa sérénité avait disparu... disparu à jamais. Son regard triste se fit de nouveau perçant et sonda les tréfonds de l'âme d'Elera lorsqu'elle posa sa question. Comment avait-elle su... peu importait à présent. A l'évocation de ses souvenirs enfouis, le regard de Valen couva une infinie souffrance. Il parut se refermer sur lui-même pendant un moment, un long moment où tous deux restèrent silencieux.

Dos tourné à Elera, Valen reprit la parole d'une voix étranglée à peine plus audible qu'un murmure :

- Avais-je le choix? Je ne le crois pas... La torturer fut une erreur, manipuler Ivan pour l'envoyer à la mort fut une autre erreur, deux erreurs résultant d'un acte désespéré. Il m'en a coûté de faire ces choses... j'ai payé le prix fort pour tenter de protéger l'Académie et ses occupants. Pire encore... cela n'a servi à rien. L'obscur maître n'a pas été démasqué. J'ai brisé en vain ma promesse à ton égard.

A nouveau, un silence lourd de conséquences. Valen semblait ne plus parvenir à s'exprimer. Finalement, il se retourna. Ses yeux étaient rouges, ses joues légèrement humides... mais son regard avait retrouvé une profondeur nouvelle et exprimait une question à laquelle Elera ne pouvait échapper.

* Comment as-tu su? *

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En voyant le visage de Valen, déchiré par la tristesse, elle se décida. Elle ne pouvait pas le laisser dans le noir et le trahir comme il l’avait trahie. Mais Marlyn ? Elle ne pouvait pas la trahir non plus… et elle ne la trahirait pas. Valen ne saurait pas où elle était, juste qu’elle l’avait rencontrée. Elera aurait voulu réconforté le grand Chantelame, lui prendre la main, mais elle en était incapable. Il était sensé être celui qui était fort, celui qui protégeait les autres, celui qui savait toujours quoi faire, celui qui n’avait pas peur de perdre son chemin. Aujourd’hui, les rôles étaient inversés. Et elle n’avait aucune idée de quelle manière elle devait réagir. Alors elle resta où elle était, ne réconfortant qu’avec les yeux et les mots.

- Cela ne sert à rien de regretter le passé. Il est trop tard. Faites seulement en sorte que cela n’arrive plus jamais… Donnez-lui une autre chance si elle vient à croiser encore votre chemin. Elle n’a pas demandé la vie qu’elle a. Elle aussi y a été poussée à la suite d’un acte désespéré. Comme vous. Elle ne méritait pas ce qui lui est arrivé…

Maintenant… elle devait répondre à sa question muette. La peur grimpait lentement en elle, lui serrant le ventre, faisant trembler ses mains. Mais après tout, c’était pour ca qu’elle était ici… Sa voix, d’abord lente et mécanique, se termina en un simple murmure au nom de l’Enfant du Chaos.

- Si j’ai d’abord deviné, avec les rumeurs, les déductions et le Conseil sur la mort d’Ivan Derkan, j’ai eu confirmation plus tard. C’est Marlyn qui m’a tout révélé…

Maintenant qu’elle avait commencé, parler était plus facile. Elle continua, observant le visage de Valen changer au fur et à mesure qu’elle avançait dans son récit. Son propre visage montrait une douleur profonde, elle en avait conscience… Mais sa voix était celle de quelqu’un qui ne doutait pas.

- Elle m’a raconté en détails ce qui s’est passé. Elle m’a… montrée. Elle est détruite, Valen. Mentalement, physiquement. Mais elle s’en sort. Elle est forte. S’il vous plaît… Si vous regrettez vraiment ce que vous avez fait, laissez-la en paix. Elle a déjà trop souffert. Pardonnez-lui ce pour quoi vous lui en voulez. Pardonnez-moi aussi ; parce que je la protègerai de ma vie, si vous tentiez de la blesser encore. Peu importe qu’elle soit Mercenaire du Chaos. Avant d’être Mercenaire, elle est Marlyn Til’ Asnil, l’une de vos élève, l’une de mes camarades. Je ne laisserai personne lui faire encore du mal.

Silence. Long silence, alors qu’elle attendait une réponse… N’importe laquelle, plutôt que cette attente insupportable. Qu’il lui crie dessus, la renvoie, la questionne, mais qu’il brise ce silence empli de sa propre terreur…

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Valen avait de nouveau tourné le dos à Elera aussitôt qu'elle avait mentionné Marlyn. Sa respiration s'était faite profonde et on pouvait l'entendre dans la pièce, comme s'il tentait de combattre une sourde colère qui l'envahissait. Finalement, le demi-Faël refit face à la jeune apprentie marchombre... son expression s'était faite dure et inhumaine, sa regard vacillait entre une haine des plus totales et l'égarement de la douleur. Ses yeux bleus comme la mer semblaient à présent, tant sa haine était forte. D'une voix parfaitement contrôlée, mais où sourdait une haine intense, il répondit à Elera :

- Non... je ne lui pardonnerai pas! Marlyn Til' Asnil n'a pas été poussée à devenir mercenaire du Chaos, elle en a fait le choix. Elle avait déjà eu affaire à eux avant de rejoindre l'Académie, elle savait ce qu'ils étaient. Elle a posé les actes qui l'ont mené sur ce chemin, elle était l'apprentie de cet obscur maître bien avant d'être violée par Ivan Derkan. Elle a l'opportunité de faire marche arrière à de nombreuses reprises et elle a refusé, elle a choisi la cause du Chaos en âme et conscience, elle n'a pas été manipulée... Marlyn Til' Asnil, l'élève que j'ai formée, n'est plus, elle est morte. Marlyn Til' Asnil, dessinatrice prometteuse de l'Académie, est morte dans la Salle de l'Oubli! Nul autre que Sareyn, mercenaire du Chaos, a fui l'Académie aux côtés d'Ivan Derkan... nul autre!

Le demi-Faël avait particulièrement mis l'accent sur ces derniers mots. Il croyait ce qu'il venait de dire, il savait que Marlyn Til' Asnil était effectivement morte dans la Salle de l'Oubli, la nuit de son interrogatoire. Elle n'était plus elle-même, plus l'elle-même qu'il avait connu. Avisant Elera qui s'apprêtait à répondre, il la dévisagea férocement avant de reprendre :

- Ne m'interromps pas! Tu crois vraiment que Marlyn a tant souffert, n'est-ce pas? Qu'elle a été poussée à devenir mercenaire du Chaos? Détrompe-toi! J'ai connu quelqu'un par le passé. Une jeune fille brillante et prometteuse, belle et intelligente. Un avenir brillant s'annonçait à elle. Seulement un jour, elle sombra dans la folie, comme si elle y avait été prédestinée. Elle n'avait rien fait pour mériter cette malédiction, du jour au lendemain elle est devenue une paria, un monstre. Seuls sa soeur et moi-même éclairions les ténèbres de sa chambre où elle était cloîtrée par notre amour, même ses parents la rejetaient et ils allèrent même jusqu'à faire simuler sa mort pour que l'on ne pose pas de questions au sujet de leur fille aliénée. Un beau jour, elle parvint à s'enfuir de sa chambre et elle erra dans le monde, plus seule que jamais. Manipulée, trompée, elle rejoint finalement les mercenaires du Chaos, les seuls à l'accepter pour ce qu'elle était... un monstre digne de devenir leur outil. Dans ses rares moments de lucidité, elle doit se dégoûter d'elle-même...

Valen avait raconté cette histoire avec une expression attristée et nostalgique. Elera ne pouvait pas le savoir, mais il venait de dévoiler l'un des secrets qui marquent son existence jour après jour. Jamais il n'oublierait Beitiris Ar' Kriss et nul doute qu'il donnerait sa vie s'il avait le pouvoir de lui rendre une vie décente. Une fois l'évocation de ses souvenirs dissipée comme un fugace rayon de soleil dans la brume, Valen revint à la réalité et son expression redevint dure et inhumaine.

- Ne me demande pas de l'épargner, je ferai ce que je dois faire! Oublierais-tu que plusieurs élèves ne seraient aujourd'hui plus des nôtres si Marlyn n'avait pas été arrêtée à l'ultime instant?!? Aurais-tu préféré sacrifier leur vie pour la sienne, élève-marchombre Elera?!? Si tel est le cas, quitte cette Académie séance tenante et rejoins les rangs de la Guilde du Chaos! Es-tu aveugle au point de ne voir que l'amie qu'elle était et refuser de voir ce qu'elle a fait?!? Si je n'étais pas intervenu, sa propre soeur Eslya serait aujourd'hui morte!

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Non, Marlyn s’était seulement enfermée à double tour en elle-même pour ne plus avoir mal, cette nuit là. Elle était toujours vivante. Elle l’avait montré à Elera. Mais Valen ne lui laissa pas le temps de le lui dire ; il continuait, et chaque mot était un coup de poignard. Elle écouta en silence son histoire, reconnaissant Marlyn sur beaucoup de points. Pourquoi Valen ne comprenait-il pas ? Il était dans la même situation qu’elle…

- Vous ne tueriez pas celle que vous décrivez, n’est-ce pas ? Vous lui donneriez une chance… Pourtant elle est Mercenaire du Chaos. Moi aussi, je suis prête à donner une chance à Marlyn. Pourquoi pas vous ?

Son visage déformé par la colère, il lui lança ses accusations insupportables les unes après les autres. Comment osait-il dire qu’elle sacrifierait la vie de tous les autres pour Marlyn ? Elle voulait sauver tout le monde, pas choisir entre les deux comme il l’avait fait. Il n’avait pas besoin de torturer Marlyn pour l’arrêter. Il y avait d’autres moyens moins radicaux, mais il les avait tous ignorés. Rejoindre les rangs du Chaos ? Partir encore ? Aveugle, alors qu’elle venait seulement de comprendre ? Des larmes de rage aux yeux, le visage de celle qui croit en tout ce qu’elle dit, elle ne tint plus. C’est presque en criant qu’elle répondit, sans plus faire attention aux conséquences de ses mots. Une colère sourde brillait dans le violet de ses yeux pour la première fois depuis très longtemps. Dévastatrice.

- Jamais ! Je ne rejoindrai jamais le Chaos, comme je ne rejoindrai jamais le rang des Chantelames ou des Dessinateurs ! Je sais ce qu’elle a fait ; mais c’est vous qui êtes aveugle, aveugle à vos propres erreurs, à les refuser et les rechercher dans les autres ! En un jour vous avez tué plus qu’elle en une vie ! C’est vous qui l’avez poussé vers le Chaos, en lui refusant l’aide dont elle avait besoin, en la fouettant et l’humiliant devant tous, en ne montrant que déception envers elle ! C’est vous qui avez ordonné qu’elle soit détruite, alors qu’il aurait suffi de lui tendre la main pour qu’elle refuse de partir avec le seul qui lui est montré de l’affection ! Oui, elle a fait du mal ; et vous, vous la haïssez et la tuerez pour ses fautes, alors que les vôtres sont plus grandes encore… Qui vous a puni ? Personne. Les vôtres, elles n’ont pas d’importance, puisque c’est pour la bonne cause… Vous étiez sensé protéger tout le monde ; elle comme les autres élèves. Mais vous avez failli, et vous préférez la sacrifier que de l’accepter et de réparer. Vous dîtes que vous regrettez, mais vous seriez prêt à le refaire ! Vous êtes un menteur, un assassin. Mais vous le savez au fond, n’est-ce pas ? Vous le savez. Et c’est pour ca que vous la haïssez. Parce que vous savez qu’elle peut encore être sauvée, mais que vous refusez de le faire. Vous refusez de lui pardonner, et de vous pardonner. Et maintenant quoi ? Vous allez me torturer aussi, pour me faire taire ? Essayer d’enterrer le passé, au lieu de changer le futur ? Je vous en prie, allez-y. Continuez, détruisez-vous à petit feu au lieu de faire en sorte que ces erreurs ne soient plus. Elle a mal, vous comprenez ? Plus que vous, plus que tout. Elle a mal, et elle ne peut rien faire. Vous pourriez l’effacer, cette douleur, en elle comme en vous. Mais vous refusez. Vous refusez…

La colère se transformait doucement en tristesse, les larmes de rage en larmes silencieuses.

- Pourquoi ? Pourquoi est-ce que vous continuez à vivre avec votre culpabilité, alors que vous pouvez l’effacer ? Pourquoi vous entêter dans vos erreurs, alors que vous pouvez tout réparer ? Parce que vous avez tort ; Marlyn est encore. La preuve, je suis toujours vivante, elle ne m’a pas tuée la seconde où elle m’a vue. Elle en a eu l’occasion, mais elle m’a laissée partir alors qu’elle savait que je reviendrai ici…

Messages : 1460 Inscription le : 25/04/2007

Au fur et à mesure des paroles d'Elera, une colère inhumaine épousait les traits de Valen. La jeune apprentie marchombre avait été trop loin... le demi-Faël était parfaitement conscient des erreurs qu'il avait commises alors et ne cessait de se torturer depuis lors, mais, dans sa fierté et son orgueil, il ne pouvait reconnaître ses erreurs et la jeune fille avait remué le couteau dans la plaie. Valen Til' Lleldoryn savait mieux que personne qu'il ne fallait pas infliger une telle sanction, qu'il ne fallait pas la torturer, et qu'il fallait tenir Ivan Derkan à l'oeil. Il avait échoué et ne le supportait pas...

Sa voix n'était désormais plus maîtrisée et laissait librement exprimer toute sa rage, sa frustration, sa souffrance intérieur. Il était à présent si loin de ce guerrier serein qui avait atteint la paix intérieure, il était un homme à l'âme en peine, déchirée par des conflits intérieurs qui ne trouvaient aucune réponse. Tout ce qu'il avait su dissimuler jusqu'à présent se lisait sans peine dans son regard.

- Eleeeeeeraaaaaaa!!!

Dans sa rage et son égarement, Valen criait toute sa haine et sa colère dans la langue des Faëls. Son regard était illuminé par une lueur démente et il avait rarement paru aussi effrayant. Renversant tout le mobilier sur son passage, il ressemblait plus à une tempête qu'à un être vivant. Sans le moindre ménagement, il saisit Elera au cou avec sa main droite et la souleva du sol en l'étranglant à moitié avant de la projeter contre la porte. Le choc fut si violent que la jeune marchombre détruisit la porte et passa au travers pour se retrouver étendue au milieu du couloir. Alors que Valen ravageait ses appartements en détruisant pratiquement tout ce qui pouvait l'être, le bruit d'une course précipitée se fit entendre dans le couloir. Slynn Ar' Kriss, alarmée par le vacarme, fit irruption dans les appartements du Maître d'armes et se jeta aussitôt sur Valen pour le prendre en étranglement.

Il était écrit qu'elle devait frôler la mort ce soir-là...

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La rage du désespoir la frappa de plein fouet. D’abord à moitié étouffée, puis propulser sur la porte qui, bien sûr, s’ouvrait vers l’intérieur et ne s’ouvrit donc pas sous son poids. Les débris de bois la suivirent alors qu’elle tombait au sol, incapable de respirer, son dos la malmenant horriblement. Vague de douleur. Physique et bien réelle, cette fois… non. C’était dans sa tête aussi, ca ? Ca allait disparaître, ou elle devrait vivre avec ? Elle ne savait plus. Des points noirs et d’autres de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel brillaient devant ses yeux. La tête lui tournait. De l’air, de l’air… Elle réussit enfin à passer un mince filet d’air dans sa gorge malmenée, puis un plus gros, mais chaque respiration était un calvaire.

La tête plus claire, elle ne comprenait toujours pas. Elle avait bien reconnu quelques uns des mots faëls que Valen avait prononcé, les rares qu’elle avait pu apprendre des deux faëls qui lui avaient appris à manier l’arc et qui s’enveloppaient de mystère, mais son entêtement lui restait incompréhensible. Il se torturait ainsi depuis… depuis combien de temps cachait-il sa douleur, d’ailleurs ? Elle avait dû se construire petit à petit, alors que la culpabilité le rongeait de l’intérieur à l’instar d’un N’Ralaï, et Elera venait d’entrouvrir la porte qui lui avait permit de se déverser hors de lui… Peut-être que sa colère n’était pas une mauvaise chose. Essayant de se relever, Elera hoqueta de surprise et de douleur. Son dos, son dos… pourtant elle finit tant bien que mal par se retrouver debout, s’accrochant désespérément au mur jusqu’à ce que sa tête arrête de lui offrir une promenade en bateau sous la pire des tempêtes. Puis elle s’approcha de Valen en titubant, malgré le mal que Slynn avait déjà à le retenir. Ne pensant plus à elle, mais seulement au guerrier perdu. Elle essaya de parler, mais ne laissa sortir de sa bouche qu’un simple couinement. Agacée par son incapacité, elle s’approcha encore.

*Valen, pardonnez-vous, votre malheur présent ne sert à rien…*

Malgré ce qu’il venait de lui faire, elle ne laisserait pas tomber. Elle ne pouvait pas. Elle ne pouvait pas le laisser se baigner dans sa souffrance, alors qu’il avait le pouvoir de se relever… Et tant pis s’il la haïssait. Il avait vu la vérité en face aujourd’hui. Et il allait l’accepter, il allait redevenir celui qu’il était, c’était obligé, il le devait. L’Académie avait besoin de quelqu’un de fort pour la protéger, pas d’un esprit brisé… Ignorant Slynn qui risquait de lâcher son Maître, ignorant le regard brûlant du Chantelame, ignorant ses mains qui ne demandaient qu’à se resserrer encore sur son cou, elle se força à oublier qui il était et qui elle était. Ce n’était plus l’élève Marchombre et le maître Chantelame… Juste un morceau d’espoir et un esprit égaré. Ses yeux se plongèrent dans les siens. D’une voix encore rauque, elle se força à chuchoter trois mots mal prononcés que le temps n’avait pas encore totalement effacés de sa mémoire.

- Anar caluva tielyanna.

*Le soleil brille sur ton chemin. Il brille, Valen. Alors repousse les ombres. Me tuer et tuer Slynn n’effacera pas la vérité, cela ajoutera encore à ta culpabilité… Alors pardonne-toi. Pardonne-toi, par la Dame…*

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En cet instant, Slynn souffrait intensément de l'état de son ancien mentor. La Sentinelle ignorait ce qu'il s'était passé, mais ce dont elle était sure, c'était de ce qu'il arrivait à Valen. Elle avait senti depuis un moment déjà la colère qu'il tentait de dissimuler, elle le connaissait trop bien pour ne pas s'en être rendue compte. C'est pourquoi elle tentait désespérément de le maîtriser, elle savait que les mots seraient inutiles pour calmer le demi-Faël.

En cet instant, Slynn souffrait physiquement. Tout son corps criait sa douleur, mais elle tenait bon et ne relâchait pas sa prise. Valen avait d'abord tenté de la projeter par-dessus lui et avait bien failli y parvenir, mais son ancienne élève s'accrochait de toutes ses forces. Dès lors, il avait commencé à se jeter contre les murs, à se laisser tomber en arrière sur le sol, mais rien n'y fit. La détermination de la Sentinelle et son désespoir distillèrent ses forces. Elle fut souvent près de lâcher prise, mais son incroyable volonté reprenait alors le dessus. Aussi puissant était Valen, la pression de l'avant-bras de Slynn sur sa gorge l'affaiblissait inéluctablement et sa démence décuplait certes ses forces, mais le rendait paradoxalement moins efficace face à son ancienne élève.

Dans un ultime geste de défense, il dégaina sa longue-dague et frappa. La lame acérée vint se planter dans le flanc de la Sentinelle, mais le geste était devenu dérisoire et inutile : Valen s'abattit à genoux sur le sol avant de s'y étaler complètement à cause du poids de Slynn. Il étouffait te devenait incapable du moindre geste... bientôt, il s'évanouit et Slynn relâcha aussitôt la pression, la maintenir plus longtemps ne le mènerait qu'à la mort. Sa moin droite appuyée contre son flanc qui saignait abondamment, elle se releva péniblement et marcha laborieusement jusqu'à l'établi de Valen où elle s'empara d'une fiole qu'elle entreprit de faire boire au demi-Faël. A peine eut-elle vidé le contenu de la fiole qu'elle retomba lourdement sur le sol. D'une voix haletante, elle avisa Elera qui la regardait étrangement :

- N'aies aucune crainte... cela le fera dormir. Dans son état, c'est ce qu'il y a de mieux à faire. Il s'en remettra... il doit s'en remettre.

Sa dernière phrase tenait presque de la supplication. Avec un cri de douleur, elle arracha péniblement la longue-dague de Valen qui demeurait profondément plantée dans son flanc. Du sang s'écoula de la plaie et elle tenta tant bien que mal d'en arrêter l'écoulement de sa main droite. Accablée de multiples contusions, elle avait également plusieurs doigts cassés à la main gauche. Sans compter l'arcade sourcilière ouverte suite à un choc violent contre le mur. Quant à sa blessure au flanc, il ne fallait pas être rêveur pour s'apercevoir de sa gravité. Slynn Ar' Kriss avait pratiquement donné sa vie pour Valen. Haletant, crachant son propre sang, la jeune femme s'adressa à nouveau à Elera d'une voix incertaine :

- Que veut dire " Anar caluva tielyanna "? J'aimerais tant le savoir avant de m'éteindre...

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Valen ne réagit pas à ses mots. Il était comme sourd, enfermé seul dans sa rage… C’est Slynn qui l’entendit, et puis qui arrêta Valen par la force. Elera ne pouvait rien faire. Elle recula pour ne pas gêner la Sentinelle, sachant très bien que malgré son entraînement intensif, elle n’avait aucune chance face au Chantelame. Même Slynn ne réussit que de justesse à le retenir… Puis elle lui parla. D’une manière douce, la fatigue du combat bien visible sur son visage. Slynn… Elera ne s’était pas attendue à ca. Elle s’était attendue à ce que la Dessinatrice l’interroge sur ce qui s’était passé, qu’elle lui crie dessus pour avoir enragé Valen et ainsi été la cause indirecte de ses blessures. Mais non… elle comprenait. Elle devait savoir depuis longtemps que Valen cachait sa douleur… Ressentait-elle la même culpabilité ? Soudain, ce fut Elera qui se sentait en faute. Dès son arrivée, elle avait refusé de donner une chance à Slynn. La première fois qu’elle l’avait vu, elle fouettait Marlyn… Mais elle comprenait Valen. Elle venait de lui sauver la vie. Et elle voulait sûrement faire pour le mieux, elle aussi… Elle n’était pas méchante pour être méchante. Elle avait elle aussi un sens du devoir. Distordu, illogique, mais sens du devoir quand même… non ?

Elera secoua la tête. D’où lui venaient ses idées tarabiscotées !? Slynn avait torturé et brisé Marlyn ! Elle était sensée être plus méfiante que jamais, pas tendre les mains à ses meurtriers ! …sensée ? Etait-elle vraiment sensée faire quoi que ce soit ? Valen avait dû lui faire plus mal qu’elle ne le croyait. Elle ne voyait plus clair. Slynn se mourrait devant elle, et elle pensait aux états d’âme de la Sentinelle. Une main sur son côté qui lui faisait mal à chaque mouvement-elle avait dû se casser une côte-, elle essaya de se concentrer sur la silhouette de Slynn. Mais elle ne pût s’empêcher de demander d’une voix étranglée :

- Vous aussi, vous ne pardonnerez jamais à Marlyn ?

Pause. Qu’est-ce qui lui avait pris de poser cette question ? Slynn allait la haïr à son tour. Si ca continuait, elle allait devoir quitter l’Académie… Oh, et puis elle verrait. Si Slynn répondait à l’instar de Valen, elle ne lui pardonnerait jamais. Si elle n’était pas aussi odieuse qu’elle en avait l’air… elle lui laisserait une chance. Dans tous les cas, elle ne se rabaisserait pas au niveau de Valen. Elle ne tomberait jamais dans la spirale de la culpabilité et de la haine… Elle ne laisserait pas Slynn mourir. Surtout que celle-ci venait de lui sauver la vie. Elle se sentit tout de même obligée d’expliquer son ire dévastatrice, envolée aussi vite qu’elle était apparue.

- Je pense… qu’il devait entendre ce que j’avais à dire… pour pouvoir passer à autre chose. Et vous… Dame Ar’ Kriss… Merci.

Elle recula en titubant dans le couloir, grimaçant, mais restant droite. Slynn était en bien pire état. Et elle devait la sauver… Alors malgré les couloirs qui ondulaient, elle s’avança dans la direction de l’infirmerie. Cela faisait si longtemps qu’elle ne les avait pas traversé… pourtant elle se souvenait parfaitement du chemin. L’Académie lui manquait. Si elle devait partir encore… Le cœur serré, elle continua à parler à Slynn tout en mettant un pied devant l’autre.

- Vous ne mourrez pas. Je vais trouver la Rêveuse… Vous saurez ce que ca veut dire… quand je reviens…

Un gage qu’elle reviendrait, et que Slynn resterait en vie. Elle le devait… Le souffle court, Elera se tut. Elle devait économiser son souffle pour la traversée aux enfers qui allait suivre…

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Amarylis pressait la pas derrière la jeune fille au long cheveux roux. Celle-ci avait débarqué à l'infirmerie en sang et, sans aucune explications, lui avait saisi la main pour l'entrainer dans les couloirs. La rêveuse avait alors compritqu'il s'agissait d'une grave cituation ne laissant pas la place aux paroles futiles. Elle lui avait emboité le pas sans rechigné. Depuis son arrivée elle n'avait traité que des blessures benines, sans gravité extreme. Elle préssentait que cette fois ci ce ne serait pas le cas. La jeune fille devait avoir son age, élève? Aucune importance, elle devait se concentrer sur son travail. Son guide gardait une allure rapide malgré un penchement sur le coté, montrant une cote cassé surement. Mais si elle l'amenait si précipitemment vers quelqu'un d'autre c'est qu'un état plus grave était à soigné.
La guérisseuse se surprit à fermer les yeux, craignant la scène qu'elle allait decouvrir. La pas ralenti et se stoppa.
Elle ouvrit les yeux,
Et resta bouche bée.
Elle se trouvait dans un bureau, sacagé. Dans un coin, étendu inerte, Valen Til' Lledoryn. Pas très loin, étendue mais consciente une jeune femme, saignant abondamment du flanc.
Amarylis agit se suite, sans questionner qui que se soit. Elle s'agenouilla aupres de la femme au long cheveux de jais. Son flanc saignait en permanence, d'un flot imposant. Analysant la blessure la rêveuse comprit de suite. Le poignard sur le coté lui confirma son analyse. Elle passa une main sur le front bouillant de la blessée. Elle était mourante, il fallait qu'elle tienne le coup le temps qu'elle la soigne. Cela prendrait un moment! D'une voix autoritaire malgré son jeune age elle s'adressa à l'autre jeuen fille:

-Toi! Trouve une serviette propre et trempe la d'eau fraiche. Ensuite tamponne son front avec celle-ci et parle lui! Elle doit rester un minimum consciente et se battre, elle ne doit en aucun cas se laisser mourir! Mon don est efficace mais il prend du temps pour des blessures aussi grave que celle-ci, et il n'agit pas sur la conscience des malades!

Tout en donnant des ordres la jeune fille au cheveux bleus s'était lancé dans son don. Elle avait peur, peur d'échouer. Mais la vie d'une personne demeurait entre ses mains et elle ne devait pas faiblir. Elle se concentra et se laissa partir au plus profond de son don, avec une volonté de fer pour soigner cette jeune femme.

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Elle avait réussi ; la rêveuse était là. Elle se laissa presque tomber comme une poupée molle, mais réussit à rester debout. Elle était Marchombre, elle était forte, elle pouvait tenir, elle avait survécu à pire… Elle essaya de retenir sa respiration, pour ne pas ressentir la douleur trop souvent, mais l’air qui sortit tout d’un coup lorsqu’elle ne tint plus la fit hoqueter et elle repoussa très, très, très loin cette méthode. Petites respirations aussi souvent que possible alors. Aux mots de la rêveuse, elle crut défaillir. Trouver une serviette propre ? Elle n’allait pas remarcher jusqu’à l’infirmerie… A non, la rêveuse avait apporté ce dont elle avait besoin… Elera attrapa la serviette, tamponna le front de Slynn avec. La deuxième partie des instructions de la femme s’avéra plus difficile. Lui parler ? Alors que simplement respirer faisait apparaître des milliers de points devant ses yeux et des centaines d’aiguilles dans ses côtes ? Si la rêveuse pouvait la soigner avant… mais non, si Slynn passait après, elle mourrait. Si elle ne parlait pas aussi… Alors elle parla d’une voix rauque, s’arrêtant souvent.

- Valen a besoin de vous…

C’était encore pire que ce qu’elle avait imaginé. Elle effleura du doigt les marques rouges sur son cou. Puis elle pensa à Marlyn, à sa douleur à elle, tellement pire. Ironiquement, c’était l’image de la victime qui lui donnerait la force de sauver le tortionnaire…

- Anar caluva tielyanna. Le soleil brille sur votre chemin. Cherchez le soleil… ne partez pas. J’ai encore trop de questions. Quand vous irez mieux, vous y répondrez ? Maître Til’ Lleldoryn ne le peut pas, et j’aimerai tellement comprendre… Vous comprendre. Valen tient beaucoup à vous. Ne faîtes pas la même erreur que moi, ne le trahissez pas comme je l’ai fait sans le vouloir…

Lent murmure qui sortait un mot à la fois de sa voix fatiguée. Elle ne savait pas si elle parlait assez fort pour être entendue, elle ne savait pas si la femme aux cheveux bleus pouvait l’entendre de son Rêve. Elle ne savait pas. Et elle ne pouvait plus. Mais elle devait… Sans sa volonté inébranlable, elle serait sûrement tombée, elle se serait sûrement arrêtée. Mais elle était décidée à ne pas faillir. Elle se l’était promis, parce qu’elle était Marchombre. Marchombre…

Messages : 231 Inscription le : 30/07/2008

Amarylis se rendit compte de son erreur une minute trop tard. La jeune fille aux cheveux flamboyants avait du mal à parler, elle aussi était blessées, et elle lui demandait de l'aider! Mais elle n'avait pas le choix, la jeune femme se perdait, la partie la plus délicate arrivait à grand pas.
La rêveuse se concentra à son maximum. Elle devait réussir!
Pour Ewen,
Pour cette jeune femme,
Pour son avenir,
Pour elle....
Elle attend le coeur de son don avec une aisance qu'elle avait réussi à maitriser au cour de ses années à Ondiane. Pourtant son angoisse l'empecher de se sentir à l'aise. Elle essaya de faire le vide dans son esprit. N'y parvint pas completement. Persévéra.
Réussit...
Le flanc s'arreta alors de saigner. La guerisseuse continua, plus loin, toujours plus loin dans son don. Elle atteint la blessure en plein coeur, créant un sursaut chez la blessée.
Les minutes défilèrent, la plaie se refermait, à une vitesse très restreinte mais elle se refermait.
Au bout d'une bonne demi heure il ne parrut sur le flanc qu'une légère cicatrice, souvenir qu'elle garderait surement un bon bout de temps.
La jeune femme reprit des couleurs, la rêveuse put sortir de sa transe en toute quiétude. Elle lui offrit un sourire et netoya avec douceur la blessure. Il lui en restait quelques unes mais sans gravité. L'autre jeune fille en présentait des plus importante.
Amarylis se tourna vers son autre patiente, elle était pale mais semblait soulagée de la guérison de son amie.
Elle lui tendit la main, l'invitant à s'approcher. D'une voix posée et douce elle lui dit:

-Tout va bien pour elle, à ton tour à présent...

Messages : 258 Inscription le : 09/06/2007

Un sourire narquois flotta sur les lèvres de Slynn. Elle ne mourrait pas ce soir, Amarylis l'avait sauvée, mais il était visible que son esprit délirait, jamais elle n'aurait laissé échappé une partie de son passé si elle avait été dans son état normal :

- Le trahir, comment le pourrais-je? Il me protège depuis mon enfance, il a toujours été là pour veiller sur moi. Il m'a formée au maniement des armes, il m'a appris à lire, à écrire... il m'a appris tant de choses. Je le connais trop bien pour seulement songer à le laisser endurer seul ses tourments. Il s'en relèvera... il s'est toujours relevé.

Slynn tourna alors sa tête vers Valen, toujours endormi, et son regard habituellement glacial laissa échapper une tendresse surprenante par son contraste très marqué. Avant de s'endormir, épuisée et à bout de force, elle laissa échapper une dernière phrase :

- S'il savait... je donnerais ma vie pour lui si c'était nécessaire...

Messages : 1576 Inscription le : 12/08/2007

Elera se demanda ce qui avait bien pu se passer pendant son absence. Elle était partie avec le visage de Slynn fouettant Marlyn dans la tête, puis l’image d’elle torturant la même personne à l’esprit. Elle revenait, et que trouvait-elle ? Slynn qui la protégeait de Valen, alors qu’elle s’était attendue au contraire ; Slynn au visage doux, au lieu de Slynn au visage de haine. Chaos et Harmonie parfois ne font qu’un… Elle commençait à se demander s’ils ne l’étaient pas toujours.

- J’ai été injuste…

Elle l’avait été ; elle avait accepté les choix de Marlyn sans appréhension, elle avait pardonné son envie de meurtre sans autre pensée, malgré la voie ténébreuse qu’elle avait choisi. Elle avait compris pourquoi de tels choix avaient été faits. A côté, elle avait refusé ceux de Valen et de Slynn, qui étaient tout aussi obscurs. Mais maintenant elle les acceptait tous, et elle se méfiait de tous tout en leur donnant une chance. Tout ce qu’elle voulait, c’était comprendre. Mais elle ne comprenait toujours pas Valen. Il refusait de lui expliquer, et refusait de changer de position. Mais il comprendrait, il se relèverait, comme avait dit Slynn… Peut-être qu’elle s’évanouit, peut-être qu’elle dériva simplement sans rien faire ; en tout cas, lorsqu’elle reprit conscience de l’endroit où elle était, elle était soignée. Remerciant la rêveuse d’un regard, elle s’approcha de Valen, s’assit par terre et attendit. Se demandant ce qu’il ferait à son réveil…

Messages : 231 Inscription le : 30/07/2008

Amarylis ne suivait qu'a demi la faible conversation des deux femmes. Celle aux cheveux flamboyants la remercia d'un geste de la tête. La soigner avait été simple, une côte cassé et quelques blessures benines pour une rêveuse de son niveau. Elle se tourna vers Valen. La guerisseuse ne se melait jamais de ce qui ne la regardait pas, tout simplement par principe, elle detestait que l'on vienne se meler de ses affaires. Pourtant cela ne l'empechait pas d'avoir des milliers de questions. Elle osa prendre la parole:

-Excusez moi mais...en ce qui concerne le maitre d'armes...dois-je m'en occuper. J'ai cru comprendre et analyser qu'il avait été endormi volontairement, dois-je le réveiller? Il est de mon devoir de le soigner en tant normal...

Messages : 1576 Inscription le : 12/08/2007

Elera jeta un coup d’œil à Slynn, mais voyant que celle-ci ne semblait pas encline à répondre, elle haussa les épaules.

- Allez-y…

Il finirait bien par se réveiller, alors autant qu’il le fasse maintenant. Autant que la conversation finisse rapidement, et qu’il comprenne enfin… et puis, si elle voulait avoir l’autorisation de reprendre sa bague prouvant qu’elle faisait partie de l’Académie, Valen devait être conscient et le lui donner. Lorsque la rêveuse commença à soigner Valen, elle recula tout de même à bonne distance, ne souhaitant pas être à portée de main lorsqu’il se réveillerait… juste au cas où. Elle avait d’abord voulu rester à ses côtés, et c’était pourquoi elle s’était assise là, mais finalement ce n’était peut-être pas une bonne idée. Mieux valait qu’il voit le visage de la rêveuse avant que les souvenirs lui reviennent en rafale… et à son réveil, les premiers mots qu’ils entendraient seraient une prière.

- S’il vous plaît, relevez-vous…

Messages : 1460 Inscription le : 25/04/2007

Réveiller Valen ne fut pas des plus simples. S'il s'avérait que son organisme luttait contre les effets du somnifère, son esprit lui luttait contre l'intervention d'Amarylis. Finalement, la rêveuse finit par purger le Chantelame du somnifère présent dans son organisme et il se réveilla peu de temps après. Valen avait l'air quelque peu... déphasé, comme s'il venait de sortir d'un rêve dont il ne savait s'il était réel ou non. Alors qu'il se releva, il vit Slynn étendue sur un sol maculé de sang, seulement endormir. Ses souvenirs revinrent.

Valen se releva alors, ramassa sa longue-dague ensanglantée qui trônait, et la regarda avec dégoût avant de s'en emparer. Il détacha alors le fourreau de la dague, la rengaina après l'avoir nettoyée du sang de Slynn, et la jeta rageusement par la fenêtre. Il n'irait pas la rechercher... alors, il brisa le silence :

- Merci de votre intervention, rêveuse Amarylis. Vous pouvez nous laisser, je m'occuperai de Slynn. Ce qui s'est passé devra être oublié et personne ne devra savoir...

Le demi-Faël se détourna alors de la rêveuse pour s'approcher de Slynn et de la porter délicatement pour l'étendre sur son lit. Pendant, un moment, il resta silencieux, nettoyant le sang sur les bras et le visage de la Sentinelle, à genoux devant le lit. Approchant sa tête du visage de Slynn, il murmura :

- Pardonne-moi pour ce que je t'ai infligé...

Finalement, il se releva et se tourna vers Elera. Lentement, il défit sa ceinture d'épée et jeta son sabre engainé aux pieds de la jeune apprentie marchombre. Toujours aussi silencieux, refermé sur lui-même, il attendait que Elera prenne la parole.

Messages : 1576 Inscription le : 12/08/2007

Les premiers mots de Valen formèrent un pli de désaccord sur le front d’Elera. Encore, encore, encore ces secrets ! Oublier, n’en parler à personne ? Rien que ces mots lui donnaient envie d’en parler à toutes les personnes qu’elle croiserait. Mais elle avait conscience de réagir comme une enfant, aussi elle repoussa l’idée et essaya de se calmer. Au moins Valen n’avait plus l’air d’être complètement hors de contrôle… Lorsqu’il jeta son sabre à ses pieds, Elera ne bougea d’abord pas. Tout se jouait pendant ces secondes de silence pleines de sous-entendus… Ce qu’elle ferait ensuite changerait tout. Valen attendait. Vaincu. Un instant, l’hésitation perça sur le visage de l’élève. Ce n’était pas sensé se passer comme ca. Elle n’était pas sensée être le guide, elle n’était pas sensée être celle qui connaissait sa force. C’était Valen qui devait lui apprendre ce qu’elle ne savait pas, qui devait lui enseigner et lui faire découvrir le monde, qui connaissait toutes les réponses, pas le contraire… Regard en biais. Puis elle ferma les yeux. Trois battements de cœur, trois pulsations, trois temps. Motion. Lorsqu’elle ouvrit les yeux, le sabre était entre ses mains, la détermination dans son regard.

- Vous êtes Chantelame.

Elle mit toute sa force dans ce dernier mot, autant de force que lorsqu’elle prononçait les syllabes du Marchombre. Elle avança d’un pas.

- Alors soyez Chantelame. Peu importe que vous vous soyez égaré, si vous voyez le chemin, retournez-y. Pardonnez-vous, pardonnez-lui. Donnez-lui une chance de vivre, au lieu de lui offrir la mort… et vous aussi, vivez.

Elle s’arrêta à trois pas de lui et lui tendit son sabre, tenant la lame entre ses doigts. Mais s’il voulait le prendre, il devrait avancer, faire un pas en avant. Un pas qui, dans l’esprit d’Elera, était bien symbolique… Elle attendit. Le silence reprit alors que le regard fermé de Valen et celui déterminé d’Elera restaient fixés l’un sur l’autre…

Messages : 1460 Inscription le : 25/04/2007

Elera et Valen restèrent un moment immobiles, chacun toisant l'autre, chacun déchiffrant les pensées de l'autre par un simple regard. Finalement, il s'avança d'un pas, s'inclina profondément, et reprit son sabre avec délicatesse avant de le rengainer. Au bout d'un moment qui parut être un éternité, Valen reprit la parole pour poser une simple question :

- Que sais-tu des mercenaires du Chaos, jeune Elera?

Quand le demi-Faël posait une question, il ne le faisait jamais par hasard. Que pouvait savoir Elera au sujet de la Guilde du Chaos? Elle voulait sauver Marlyn Til' Asnil, mais savait-elle que ses chances étaient pratiquement nulles? Le demi-Faël était certain d'une chose, Marlyn était morte dans la Salle de l'Oubli, il l'avait tuée. Celle qui se tenait à sa place était l'apprentie d'un maître obscur, probablement un Mentaï, les seuls mercenaires du Chaos à maîtriser le Dessin, les maîtres de la Guilde. Parmi eux, Marlyn était perdue à jamais...

Messages : 1576 Inscription le : 12/08/2007

Une larme qu’elle laissa couler sur sa joue, et un sourire. Elle remercia silencieusement la Dame alors que l’image de l’Œil d’Otolep apparaissait vivement dans son esprit, lors d’un après-midi d’été ou les rayons de soleil teintaient le lac de jaune. Elle réfléchit longtemps à sa question, sentant plus qu’elle ne savait qu’il y avait plus de signification dans ces mots qu’il n’y paraissait.

- Beaucoup moins que vous, peu de plus que rien… et vous avez sûrement raison, la plupart n’ont peut-être que des rêves de feu et de sang, de haine et de douleur. Mais vous ne l’avez pas vu, après… Je sais qu’elle n’est pas le cadavre vide d’émotions et avide de vengeance que tout le monde semble voir en elle. Je sais que tout ce dont elle a besoin, c’est d’un peu d’espoir. J’ai vu, j’ai senti, j’ai été, j’ai su. J’ai confiance en elle…

Sa main, une fois de plus, touchant son œil dans un souvenir de douleur inexistante, avant de retourner lentement à sa place.

- Elle est toujours vivante. Roulée en boule au fond de son âme pour pouvoir survivre, mais toujours vivante.

Elle allait ajouter une dernière fois à Valen de ne pas la tuer s’il en avait l’occasion, de lui donner une chance. Mais elle l’avait demandé assez de fois depuis le début de cette conversation. Et de toute façon, elle n’était pas sûre de pouvoir le croire s’il le lui promettait. Aussi ne dit-elle rien ; il comprendrait. Ou ne la croirait pas, et quoi qu’elle ajoute maintenant ne changerait rien. Elle ne savait pas s’il avait encore quelque chose à dire, alors elle attendit. Sa bague était toujours quelque part dans le bureau de Valen, de toute façon. Elle ne pouvait pas partir sans…

Messages : 1460 Inscription le : 25/04/2007

Ainsi, Elera ignorait le principal... si elle savait qui était le maître de Marlyn, elle serait déjà moins optimiste. Certes, Valen ignorait qui était ce maître au juste, mais il savait ce qu'il était... sans le moindre doute possible en fin de compte. Marlyn est une dessinatrice, une dessinatrice avec un don fort qui plus est, elle pouvait n'être que l'apprentie d'un Mentaï. De manière quelque peu résignée, il en fit donc par à Elera :

- Alors, il n'y a aucun espoir. Sais-tu pourquoi, Elera? Marlyn Til' Asnil ne peut être que l'apprentie d'un Mentaï? Ils sont les seuls à savoir dessiner au sein de la Guilde du Chaos, c'est une chose que je sais. Si tu sais ce que représente un Mentaï au sein de cette guilde, tu sauras qu'il y a peu d'espoirs que Marlyn nous revienne avec pareil mentor... comment le pourrait-elle?

La connaissance approfondie que Valen semblait avoir de la Guilde du Chaos avait toujours été pour le moins troublante. Certains avaient avancé que le demi-Faël avait fait partie de la Guilde durant un temps, mais ce n'étaient là que des histoires de taverne pour ainsi dire. Qui pouvait savoir que Valen tenait ses connaissances de Beitiris Ar' Kriss, la soeur jumelle officiellement décédée de Slynn? Un jour, le Chantelame avait affronté la jumelle déchue et l'avait vaincue... il n'avait pas eu le courage de la tuer et il l'avait finalement relâchée indemne en échange d'informations sur la Guilde. Elle avait seulement 20 ans... la folie l'avait bien changée.

Ce n'était pas la Guilde du Chaos qui avait fait de Beitiris ce qu'elle était devenue, c'était sa folie... et son rejet par des êtres chers. Valen le savait, un jour elle croiserait à nouveau son chemin...

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- En croyant en elle. En lui donnant une chance. Elle est forte, elle survivra… Si nous la condamnons, ses chances sont encore plus fines, alors pourquoi agir comme eux?

Qu’est-ce que ca pouvait faire, qu’il soit un Mentaï ou simple Mercenaire du Chaos ? L’influence était tout aussi ‘’diabolique’’… Mais Marlyn ne comptait pas détruire le monde, le transformer en un mélange de fumée et de sang. Tout ce qu’elle voulait, c’était trouvé sa place. Et si on acceptait seulement de lui laisser une place dans le Gwendalavir présent, elle la prendrait. Mais on la lui avait été refusé ; alors pourquoi ne pas apporter le chaos, puisque de toute façon elle ne ferait pas parti de ce monde ? C’était ainsi qu’Elera discernait la situation, et c’est pourquoi elle était prête à offrir cette chance que Marlyn attendait. Prête à lui faire confiance, à lui construire un château de sable et à lui donner la main. Mais c’était à Valen de l’accepter, pas à Elera. Et elle n’était toujours pas sûre qu’il soit prêt à plier, malgré ses efforts. Il était beaucoup trop têtu, beaucoup trop méfiant, beaucoup trop pessimiste.
Et elle, beaucoup trop têtue, beaucoup trop confiante, beaucoup trop optimiste.

La conversation n’irait nulle part… Elle réfléchirait de son côté à ce qu’il lui avait dit ; au chaos accepté, à combien il était dur d’en revenir, surtout si on ne le voulait pas, comme Marlyn. Parce que sur ce point, il avait raison… Elle doutait fortement qu’elle revienne à l’Académie, à présent. Sa place était aux côtés des Mercenaires. Mais pas dans la mort… Elle ne pouvait pas lire dans le futur. Elle ne savait pas ce qui pouvait arriver, ce qui arriverait, à quoi l’apprentie ressemblerait lors de leur prochaine rencontre. Mais elle avait confiance. Et elle espérait que Valen, lui aussi, réfléchirait à ses mots, à cette vue qui opposait la sienne. De toute façon, pour tout ce qu’elle en savait, il ne reverrait jamais Marlyn. En attendant…

- Me laisserez-vous revenir ? Ou dois-je partir à nouveau ?

Messages : 1460 Inscription le : 25/04/2007

- Je ne la condamnerai pas... du moins, pas encore.

Cela n'avait été qu'un murmure. Un murmure résigné, le demi-Faël venait d'accepter de laisser une chance à Marlyn et cela n'avait pas été facile. Il ne la tuerait pas à leur prochaine rencontre, il lui laisserait une chance... mais une seule. Il ne se souvenait que trop bien ce qu'elle avait été... peut-être y avait-il encore un espoir. Dominant à nouveau le cours de ses pensées, Valen avait bien failli ne pas entendre la question d'Elera, tant il avait été absorbé par elles. Avisant de nouveau Elera, il lui adressa un bref sourire :

- Ena Nel' Atan me rendrait la vie impossible si je refusais de réintégrer. Cependant, tu es une Lotra, non une Lupus... la décision ne me revient pas. Va voir Vivyan Ril' Lake, Primat de la Maison Lotra. Je ne doute pas qu'elle te réintègre, mais sa parole prévaut sur la mienne en la matière, jeune Elera.

En vérité, Valen était parfaitement conscient que Vivyan ne rejetterait jamais Elera, mais l'aimée de Merwyn aurait probablement de nombreuses questions à lui poser. L'aimée de Merwyn était peut-être trop douce et compatissante pour son propre bien, mais elle trouvait toujours réponse à ses questions... parfois, c'en était presque déconcertant. D'un geste, il désigna la porte à la jeune apprentie marchombre :

- Si tu le souhaites, tu es libre d'aller à présent.

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