Le retour de la Première Gardienne

Evaine fut interpellée d'un ton passablement agressif, ce qui était inhabituel... mais peut-être pas surprenant au vu des combats que l'Académie venait de connaître. Au moins, quelqu'un montait encore la garde, bien que ce n'était pas un garde, mais un élève. Plus probablement un élève arrivé à l'Académie après le départ de la Frontalière pour ce triste périple, autrement elle aurait été reconnue. Bien qu'impopulaire, la sillhouette d'Evaine Derkan Til' Huryn était bien connue au sein de l'Académie.

Un sourire narquois aux lèvres, Evaine prit un malin plaisir à scier par un Dessin la branche sur laquelle se trouvait le curieux demi-Faël qui l'avait interpellée si rudement. En dépit de sa surprise, le jeune homme ne manquait pas de réflexes et sut partiellement amortir sa chute, agissant davantage par instinct que par un quelconque entraînement. Façonné par les soins de Valen Til' Lleldoryn, il n'était pas improblable d'en faire un épéiste de talent. S'agenouillant impassiblement près d'Elio qui se remettait à peine de sa surprise, Evaine lui dit d'une curieuse voix douce relevée de l'un de ses rares sourires sincères :

- Je te félicite pour ta vigilance, jeune demi-Faël. A l'avenir, je te conseille d'employer un ton moins agressif, on ne peut jamais savoir sur qui on tombe, n'est-ce pas? Je suis Dame Evaine Derkan Til' Huryn, Première Gardienne de l'Académie, et mon autorité sur la garde me permet donc le libre accès à l'Académie. Et qui est donc mon jeune demi-Faël?

Pour une fois qu'un élève ne la connaissait pas et ne la détestait pas d'emblée, il n'était peut-être inutile de se montrer avenante... de se montrer sous un meilleur jour, tout simplement. Non pas qu'Evaine éprouve des remords vis-à-vis de ce qu'elle est, la digne fille d'Ivan Derkan, mais qui sait... se lier d'amitié avec quelques élèves pouvaient peut-être apporter un certain bien-être.

Si Evaine avait pu être d'une relative bonne humeur à l'idée de tenter de se lier avec le jeune demi-Faël et au plaisir d'être rentré dans l'Académie qui était désormais son foyer, l'intervention de la marchombre avait tendance à susciter un certain agacement. Ce n'est pas comme si la Frontalière était en quoi que ce soit responsable de l'attaque de l'Académie, elle avait seulement obéi aux directives qu'elle avait reçues. D'un ton hautain, elle répondit donc :

- Dame Derkan Til' Huryn, marchombre, pas Maîtresse Derkan.

Se tournant alors le demi-Faël avec une lenteur délibérée, Evaine inclina légèrement le buste pour saluer le jeune homme :

- Enchantée de faire ta connaissance, jeune Elyas.

Se retournant à nouveau, la Première Gardienne ne fit rien de mieux que d'asséner une cuisante gifle à Elera de manière à corriger ce qu'elle considérait comme de l'insolence déplacée. A nouveau sur un ton froid et hautain, la Frontalière se contenta de répliquer :

- La Première Gardienne n'a pas de comptes à vous rendre, marchombre, alors rappelez-vous votre place et restez-y!

A vrai dire, l'attitude d'Evaine était sans précédents dans l'Académie. Jamais auparavant la jeune femme n'avait eu pareille attitude aristocratique, démontrant à tous ceux qui pouvaient en douter qu'elle était autant la fille d'Elinor Til' Huryn des Marches Frontalières que celle d'Ivan Derkan, navigateur aux manières... toutes alines. Sur un ton quelque peu moins mordant, la Première Gardienne poursuivit :

- Toutefois, je consens à répondre à vos nombreuses questions. J'étais absente de l'Académie parce que le Magister m'a personnellement chargé d'escorter et de protéger Maître Rurîl et la jeune Julia lors de leur périple dans les Royaumes raïs, et ce du fait de mes compétences. L'insouciance et la stupidité du Maître fauconnier ont fait que ce voyage fut, non seulement inutile et sans intérêts pour l'Académie, mais en plus particulièrement dangereux au point que nous avons frôlé la mort à de nombreuses reprises. Vous désirez blâmer quelqu'un pour mon absence lorsque l'Académie fut attaquée? Et bien, blâmez votre Magister, mais surtout, blâmez le Maître fauconnier, lorsqu'il sera revenu d'Al-Poll avec la jeune Julia, pour avoir persuadé le Magister de le laisser détourner inutilement des ressources de l'Académie pour poursuivre une chimère qui a failli coûter nos trois vies!

Sur un ton à nouveau froid et méprisant :

- Est-ce tout, marchombre? Si tel est le cas, retournez donc vaquer à vos occupations, j'ai à m'entretenir séant avec ce jeune homme.

Il semble que les surprises étaient destinées à s'enchaîner en ce jour de retour sur les terres de l'Académie. Non seulement, le fait que l'Académie soit attaquée dans des conditions pareilles était inattendu, mais la mort de Valen Til' Lleldoryn au combat était inconcevable... le guerrier demi-Faël avait la réputation de n'avoir aucun égal dans tout l'Empire, pas même parmi les Frontaliers. Il y avait de quoi être... incrédule. Evaine avait à peine senti une main étrangère se poser sur son épaule et une interrogation fuser. Cherchant à masquer son trouble, la Première Gardienne débita sur un ton qui se voulait assuré :

- Slynn Ar' Kriss n'assumera pas les fonctions de Magister à long terme, du fait de sa qualité de Sentinelle. Elle est simplement la meilleure candidate possible actuellement, le temps de lui trouver un successeur compétent.

Se retournant alors, la Première Gardienne ne put que constater que Julia était là, manifestement dépassée par les événements, et visiblement pas en compagnie du Maître fauconnier. Il fallait croire que le dompteur de moineaux avait trouvé un nouveau moyen de se débiner pour laisser libre cours à ses fantaisies. Rien qui ne soit surprenant venant de lui, l'homme avait véritablement l'esprit d'un moineau. Au moins, la jeune Lupus était-elle en sécurité à présent... débitant d'incessantes questions et oubliant manifestement qu'Evaine Derkan Til' Huryn n'était plus une compagne de voyage, mais bien une Première Gardienne revenant dans son fief. Ironiquement, la jeune femme lança :

- Et bien, comme vous pouvez le voir, Julia se porte bien, mis à part un léger manque de discipline qu'il faudra lui réapprendre au plus tôt. Inutile de me remercier, marchombre Elera, j'ai seulement accompli ce qui était requis de moi.

Décidément, le maintien aristocratique ne seyait guère à la Première Gardienne. Mais, en l'occurrence, ce masque qu'elle avait jadis appris à plaquer sur ses traits lui permettait de garder une certaine contenance devant... les tours inattendus que lui avait réservé la vie. Ce soir, Evaine Derkan Til' Huryn fêterait ses retrouvailles avec le cellier à vin de l'Académie, elle en avait bien besoin. Probablement même avant la tombée de la nuit, en fait. De toutes manières, épuisée, ignorante de tout ce qui se passait, il n'était pas question de se ridiculiser en tentant d'accomplir ses devoirs ordinaires. Son second continuerait à assumer les devoirs incombant à la Première Gardienne jusqu'à ce qu'Evaine soit reposée et tenue informée des derniers déroulements. Ne songeant qu'à regagner ses appartements, elle rengaina par réflexe l'arme que Julia avait dégainée en lui lançant un regard noir. Il faudrait que quelqu'un rappelle à la Lupus que seuls les gardes pouvaient circuler l'arme au clair dans l'enceinte de l'Académie...

Julia s’était levé durant l’échange. La gorge serrée, les sens en éveille, tout à fait attentif à ce qui se disait. Il lui semblait avoir entendu quelque chose… avoir compris que… Mais Evaine poursuivait, ce qui l’avait interpellée c’était ce que la femme avait dit au début… elle fit l’impasse sur l’ironie si bien connu de la femme, tenta de se raccrocher à quelques éléments qui voulaient bien ne pas s’enfuir par une oreille après être entré par l’autre.

_Quoi ? Balbutia-t-elle à l’adresse d’Evaine. Pourquoi la dame Ar’Kriss devrait-elle…

Mais déjà le garçon enchaînait.

Il y eut un court moment de flottement général après la tirade du garçon qui semblait bien connaître Elera.

Pour des raisons quasi inconnues, son souffle s’était progressivement éteint. Le regard fixé sur le garçon qui semblait alors dire quelque chose à Elera près de lui. Les informations descendaient lentement au fond d’elle où elles s’écrasaient comme d’énormes pavés de roc jetés du haut d’une falaise.
Le cœur battant elle planta ses yeux dans ceux du garçon qui avait semblait-il, terminé de s’entretenir avec Elera.

_Le Seigneur Til’Lleldoryn n’est plus parmi nous ? Suggérez-vous qu’il se soit enfui ou bien qu’il se serait éteint ? Deux éventualités tout à fait impossible et absurde l’une comme et surtout l’autre d’ailleurs. Tu as dû mal comprendre. Le maître n’a pas d’égal dans tout Gwendalavir même un deux voire trois mercenaires à la fois n’en viendraient pas à bout et rien ne pourrait le faire fuir. N’as-tu donc jamais entendu parlé de ses exploits là d’où tu viens ? Ce que tu avances relève presque du blasphème j’espère que la rumeur n’est pas autant ébruitée que tu semble le prétendre, ça risquerait de faire mourir certain de peur. Je n’ai jamais entendu pareille bêtise, dit lui toi Elera. –elle regarda son amie- Changeons de sujet. Les rêveurs et leur bâtisse ont-ils étaient épargnés ? Y a t-il un endroit où je pourrais me soigner sommairement avant d’aller aider les autres ? Et toi… comment tu vas ?

Le regard inquiet de son amie ne lui présageait rien de beau, mais depuis quelque mois, elle n’était plus tout à fait habituée au beau de toute façon.

Si la tirade d'Elio suscitait une vive contrariété ou un agacement certain chez Evaine Derkan, cette dernière n'en montra rien rien et demeura de marbre. En revanche, le regard d'Evaine exprima une colère retenue lors que la marchombre osa insinuer fourbement que la Première Gardienne n'avait plus rien à faire en leur compagnie et qu'elle pouvait bien aller s'occuper de ce pourquoi elle était payée. Oh, peut-être Elera ne l'entendait-elle pas de cette manière, mais l'Aline le prend de la sorte et l'expression tempétueuse qui apparaissait désormais sur les traits de son visage étaient révélateurs de ses pensées présentes.

Qui plus est, cette incompétente marchombre osait pousser Julia à s'en aller, à quitter l'Académie après toutes les épreuves qu'elle avait traversé dans les Royaumes raïs pour son rite de Passage, épreuves qui plus est qu'elle n'avait jamais été obligée d'accepter au vu des nombreux dangers à affronter, dangers auxquels Valen avait été très réticent à l'exposer. Et elle avait en plus le front de se détourner et de partir comme s'il ne s'était rien passé, se préoccupant autant des élèves que s'ils étaient des insectes dérangeants qu'elle venait d'écraser. Rattrapant furieusement la marchombre, Evaine la saisit au col, la plaqua violemment contre un proche, et laissa libre cours à sa colère. Evaine Derkan Til' Huryn n'était pas une femme de grande bonté, ni une personne particulièrement recommandable du fait de ses humeurs tempétueuses, de ses moeurs effroyables, et de son absence totale d'altruisme, mais elle avait encore certains principes et ne pouvait tolérer de s'être évertuée à sauver la vie de Julia tant de fois pour qu'elle reçoive pareil accueil.

- Est-ce comme cela que vous enseignez à vos élèves, marchombre? Julia s'est battue comme un tigre pour faire ses preuves, montrer qu'elle était capable de faire honneur à l'enseignement de ses maîtres, et vous la rejetez de manière humiliante alors qu'elle a connu des épreuves que vous n'avez jamais eues à affronter lorsque vous étiez vous-même élève!

Avec une rancune certaine et une haine non dissimulée, elle ajouta :

Vous, maîtres marchombres, vous ne valez pas mieux que moi, que du contraire! Hier, Ena Nel' Atan m'a poignardée au lieu de m'aider à porter assistance à Valen Til' Lleldoryn ; aujourd'hui, au lieu de porter assistance à Julia, vous la rejetez! Serpents, voilà ce que vous êtes, vous qui distillez vos illusions avant de cracher votre venin! Vous qui n'avez même pas le cran de vous montrer tels que vous êtes réellement! Voilà ce qu'en dit l'infâme frontalière Evaine Derkan Til' Huryn qui ferait mieux d'aller droit à la tombe comme son père, ainsi que vous le pensez tous!

Empoignant à présent la gorge d'Elera, exerçant une pression suffisante pour lui faire sentir un étau se refermant sur elle, sans toutefois l'étouffer, elle ajouta en lui murmurant à l'oreille :

- La pirate, quant à elle, dit que tu vas à présent bien t'occuper de Julia, quitte à lui lécher les pieds avec ta langue de vipère si cela fait plaisir à la donzelle! Autrement, je reviendrai t'évider comme un cabillaud après m'être occupée convenablement de ton cas, sale chienne!

Relâchant alors Elera, Evaine cracha à ses pieds pour lui montrer toute sa considération de cette dernière et s'en détourna aussitôt. Revenant à Julia et à Elio, elle expliqua alors à cette première :

- Julia, je crois que la marchombre a compris qu'elle devait te présenter des excuses pour sa conduite et a obligemment offert son assistance afin de veiller à ton confort et de s'assurer que tu te remettes de notre récent périple.

Se tournant alors vers Elio, elle lui lana sur un ton ironique :

- Maître demi-Faël, puisque vous semblez avoir l'irrépressible envie de philosopher avec moi, vous allez m'accompagner séance tenante, de manière à me faire profiter de votre langue agile. Inutile de protester auprès de la marchombre, mon autorité ne s'efface que devant la volonté du Magister.

N'attendant pas davantage, Evaine se dirigea alors, à pas lents, vers les gardes qui étaient occupés à débarrasser la cour des cadavres de Raïs. Elio Tharon n'avait d'autre choix que de la suivre, sans quoi elle veillerait personnellement à ce que le jeune homme apprenne à obéir.

Une avalanche de sentiments en tout genre déferla sur Julia, mais la colère était de loin ce qui peut-être dépassait tous les autres. Pourquoi Elera soutenait-elle les absurdités du dénommé Elio ? C’est ce qui lui semblait le plus insoutenable. Pour le reste, l’étonnement l’avait prise de plein fouet, mais cela ressemblait tellement peu à Elera qu’il y avait surement autre chose dans tous ça. Elle voulait lui dire que c’était pas parce qu’elle se sentait fatiguée ou pour d’autres raisons qui lui échappait, qu’elle pouvait se permettre de parler ainsi de sa tante ! Qu’elle ne pensais pas ce qu’elle disait en affirmant la mort du prima de sa maison, que c’était impossible.

Alors que déjà son amie s’éloignait subitement, Julia lui hurla avec hargne :

_Tu mens! – car c’était ce qui la frustrait le plus. C’est tout ce qui dégna franchir ses lèvres. Elle serra les dents, amorça un pas vers la jeune fille qui s’éloignait – Tu mens sur tout…

Sa voix s’était progressivement éteinte, n’ayant plus vraiment assez de force pour crier comme elle l’aurait voulu. Elle espérait qu’au moins ses mots réveilleraient son amie, bien connu pour détester le mensonge.
Elle eut à peine le temps d’achever son mouvement vers Elera qu’ Evaine avait déjà réagis.. Personne n’eut le temps de faire quoi que se soit que déjà elle tenait Elera à la gorge.

- Est-ce comme cela que vous enseignez à vos élèves, marchombre? Julia s'est battue comme un tigre pour faire ses preuves, montrer qu'elle était capable de faire honneur à l'enseignement de ses maîtres, et vous la rejetez de manière humiliante alors qu'elle a connu des épreuves que vous n'avez jamais eues à affronter lorsque vous étiez vous-même élève!

Du coin de l’œil Julia vit Elio porter rageusement la main à son arme.

_Non ! –lui lança-t-elle en lui tenant fermement le bras - C’est la dernière chose à faire crois-moi, tu ne l’aideras pas comme ça et nous n’avons pas besoin d’autres blessés ou cadavres. –revenant à Evaine elle lui dit aussi fort qu’elle put pour qu’elle l’entende - Evaine non… ce n’est pas la peine… - mais elle abandonna quasiment immédiatement car la femme ne tint absolument pas compte de sa faible protestation. Tout à fait prévisible d’ailleurs –

Evaine avait ses principes, même si ils n’étaient pas compris par tous le monde, cela avait un sens pour elle, il était inutile de discuter. Qu'elle réponde avec autant d'agressivité à un affront qui ne la prenait pas pour sujet, était certes inattendu et tout à fait surprenant voire troublant, mais c'était certainement dut à la fatigue du voyage. Il fallait seulement attendre que l’orage passe;. Et puis de toute façon elle ne se sentait pas la force de tenter quoi que ce soit, de part sa fatigue mais aussi par ce qu’elle avait appris de la femme durant le périple. Rien ne l’a faisait bouger de ses positions, jamais ou uniquement si elle le décidait d’elle même. Et enfin dernière raison, la femme était déjà loin dans son discourt et relâcha très bientôt Elera pour revenir vers eux.

- Julia, je crois que la marchombre a compris qu'elle devait te présenter des excuses pour sa conduite et a obligemment offert son assistance afin de veiller à ton confort et de s'assurer que tu te remettes de notre récent périple.

_Evaine…

Mais déjà la femme s’était détournée et s’adressait à Elio visiblement hors de lui. Julia baissa le regard, incapable de regarder vers Elera, trop épuisée pour tenter de calmer le jeunot à coté et trop désireuse de ne pas prolonger le conflit et les réactions vives d’Evaine en insistant plus avant.

_ Tu devrais la suivre –fit-elle finalement à l’adresse d’Elio- Je ne te demande pas d'être cordiale ou bien de te laisser faire, mais tâche de te montrer plus habile qu’elle pour au moins conserver ton honneur, fait de ton mieux en ce sens c’est ce que j’aurais fait moi. Elle est un très bon indicateur de force quelque sois le domaine, avec elle tu sauras où tu en est sur bien des points. Si je te dis tout ça c’est bien sûr pour t’encourager, ça ne sera surement pas plaisant mais évite quand même de te faire traîner quoi. A moins que tu ai encore la force de passer par là. -elle lui sourit amicalement un court moment- Autre chose! Elle adore la confrontation, tu risques d'en avoir pour un moment.

Ramassant distraitement ses affaires qui étaient resté près de l’endroit où elle s’était assise, Julia se ferma dans le silence.
Elle détestait à penser ça, mais là il fallait vraiment qu’elle aille se faire réparer quelques trucs chez les rêveurs, elle se sentait rouillée comme jamais. Grimaçant, elle passa son vieux sac de voyage par dessus ses épaules. Elle n'était pas certaine de vouloir être en compagnie d'Elera... pas après ça. Si même elle commençait à être fausse à l'image des vipères suggérées par Evaine, il n'y avait plus vraiment d'espoir.... pour quoi que ce soit. Et puis il fallait se renseigner au sujet des autres. Maël, Amarylis, Locktard, sur la peu probable disparition du maître d'arme voir si tout le monde étaient encore bien là, dans quel état... et tant d'autres points à aborder. A côté de ça, elle laisserait Elera tranquille si là était bien son souhait...

Essuyant sommairement une courte estafilade qui s'était remise à saigner légèrement sur sa tempe, elle s'éloigna lentement une migraine plein la tête, les mains légèrement tremblantes. Elle ne savait même pas dans quelle direction aller tant tout était changé par le saccage des lieux. Mais elle trouverait bien. Au moins ne détonnait-elle pas dans le paysage désolant de destruction.


Elio je te fais réagir >< vraiment désolée, si ça ne va pas du tout dit-le moi je modifierais ! ^^

Tout était désolation… elle n’avait jamais vue ça… tout était comme transformé… teinté de rouge et de saleté, d’odeurs âcres et insupportable en tout genre. Tous les endroits pouvant servir à se poser quelques instants étaient déjà occupé par bon nombre d’agonisants, chaque centimètre carré était imbibé de sang, la douleur, le désespoir et l’écrasante évidence de la défaite la plus complète se lisaient dans chaque regard encore capable d’émettre une once de vie. Le sien en tout cas avait beau cherché mais ne trouvait plus rien de reconnaissable. Où se trouvaient donc les jardins somptueux, où se tenait la fontaine qui s’élevait de mille feus et les arcades, et les préaux, et les allés pavé ? La façade imposante et toujours fière de ses premiers jours arrivés ici, s’était partiellement écroulée, les murs noircis par un récent incendie, ce qui restait de la fontaine continuait faiblement à distribuer de l’eau souillé de sang, les pavés n’était plus identifiable, on ne voyait plus sur quoi on mettait les pieds, la végétation s’était totalement retirée… tout était mort.
Exactement comme dans ses rêves les plus sombres… le vrai visage du monde se tenait là, pleinement sous les yeux de ceux voulant bien regarder, il se donnait en spectacle…

-Julia

Interrompue dans ses sombres constations, la jeune fille s’arracha à la vision d’horreur, se rendant compte qu’elle avait cessé de se diriger ou même de chercher un endroit pour se poser un instant. Distraitement elle se retourna pour savoir qui l’interpellait.

-Je...Je..j'ai eu si peur de t'avoir perdu.

A peine eut-elle reconnu la personne, que de façon tout à fait inattendue, des bras se refermèrent sur elle.
Maël… ses yeux s’humidifièrent légèrement alors qu’elle constatait avec un temps de retard qu’il allait bien… oui il allait bien.

_Maël… - eut-elle du mal à articuler, comme l’épaule du garçon lui bâillonnait partiellement la bouche – ce n’est pas nécessaire…

Mais déjà le rêveur reculait, au plus grand soulagement de ses membres et de ses bleus qui étaient manifestement mécontents. Grimaçant de douleurs elle leva à nouveau les yeux vers son ami qui la regardait en souriant. Un sourire étrange puisqu’il détonnait fort avec le décor sinistre qui les entourait. Elle soupçonna qu’il ait reçu un coup sur la tête…

_Je veux dire… c’est pas comme si j’étais sur mon lit de mort quoi… alors les grandes manifestations… enfin tu as compris. Je suis contente de voir que ça à l’air d’aller… enfin mieux que moi en tout cas ! – il ne semblait pas présenter de bleus au front en tout cas - Tu ne pensais pas qu'on se débarrasserait de moi aussi facilement quand même?

Faible sourire alors qu’un silence s’installait et durant lequel elle abandonna très vite ses recherches sur « que pouvait-elle bien dire ? ». Elle était trop fatiguée et de toute façon son ami était sans doute très occupé...

_Je cherchais justement un endroit où m’arrêter… Evaine, Rürîl et moi venons à peine d’arriver… nous avons été très surpris par... tout ça… comme tu le vois surement – elle se désigna distraitement – notre voyage n’a pas vraiment été une promenade très plaisante. Peut-être pourrais-tu me conseiller rapidement… un nom ou indication ou deux suffiraient amplement. Je n’ai aucun bagage qui prendrait vraiment de la place, à part la carcasse que je traîne depuis quelques mois… - court rire nerveux et surtout fatigué - alors je me contenterais de trois fois rien vraiment.

Grimaçant discrètement, la jeune fille changea de pieds d’appuie comme le premier criait grâce. Elle attendis que son ami réfléchisse à sa demande.
Elle était si heureuse de le revoir enfin... elle pris soudainement conscience, qu'en fait, depuis le début, elle n'envisageait pas de rentrer... persuadée de mourir en terre raïs par leurs mains propre ou bien trahis par ses crises régulières... elle n'avait pas pensé qu'elle reviendrait... qu'elle serait de nouveau en face de lui, comme elle l'avait été en face d'Elera, quoi qu'à bien des choses différentes. ça lui paraissait tellement absurde à son départ... comment aurait-elle put envisager de revenir vivante alors que leur but était d'aller directement au nez et à la barbe de l'ennemie, en terre tout à fait inconnus?
Tout à fait sincère comme jamais, elle posa sa main sur le bras du rêveur avec un véritable soulagement.

_Je suis tellement contente de te revoir, si tu savais...

Comment aurait-elle put même imaginer qu'elle puisse de nouveau, être là, une dernière foi, à observer le regard si doux de Maël... une claque phénoménale s'abattit alors sans prévenir dans son esprit, telle une chute d'eau glaciale surgissant soudainement de nul part. Qu'est-ce qu'elle était en train de raconter? Le regard si doux de Mael?
Elle retira brusquement sa main du bras de son ami, le regard déjà perdu dans la réflexion qu'elle se faisait à elle-même en posant une main sur son front.
N'importe quoi... le regard... voilà que la fatigue la faisait délirer, de mieux en mieux, c'était du n'importe quoi. Son front n'était pas chaud pourtant...

un moment de flottement...La joie de se revoir sans doute...La joie de pouvoir incruster dans sa mémoire touts les détails du visage de son amie avant d 'en oublier malheureusement une partie...C'était si bon de se remémorer cette tete connue...Meme si elle avait été passablement abimer par les Rais...Une réalité frappa soudain Mael...Quand Julia était partie,il était sur de la retrouver vivante...Valen ne l'aurait jamais laissé partir si il y avait eu un risque...Mais le magister était mort...Julia aussi aurait pu mourir ... la voir ainsi couverte de bleus et de coupures en train de s'infecter lui rappelait durement qu'elle pouvait s'éteindre à tout moment...Comme les élèves qui avait perdu la vie pendant l'académie... Normalement,cette pensée n'aurait pas du l'affliger...Un rêveur ne devait pas se préocuper plus d'un individu que d'un autre se precepte lui martelait l'esprit et génait ses pensées...

Je suis tellement contente de te revoir,si tu savais...

Mael ne pu dissimuler le sourire radieux que provoqua la remarque de son amie...Avec l'acceuil un peu sec qu'elle lui avait réservé(meme s'il savait que c'était là du Julia tout craché) sa remarque lui remonta le moral...elle était contente...Il était heureux...Plus que ça encore...Le phénomène d'ailleurs l'inquiétait vaguement,il commençait à craindre que son attachement pour la jeune fille ne soit plus fort que le sentiment d'amitié auquel il se conformait...

Comme si elle avait entendu ses pensées,Julia se détacha de lui, portant la main à son front...Un vertige? elle semblait extrêmement fatiguée comme si elle n'avait pas dormi depuis quelques nuits déjà...Autant accéder au plus vite à sa requête...

Si tu as une entaille profonde, tu peux passer à l'infirmerie ,il n'y a plus vraiment de lits libres mais je ne voudrait que tes blessures s'infectent...Mais je te conseille d'éviter l'endroit si ça peut attendre...

Mael se remémora l'odeur acre de sueur et de sang qui régnait dans la pièce trop étroite pour accueillir tout les blessés de l'attaque...Certains avec meme été obligés de s'installer à meme le sol et quelquefois les guérisseurs posait par mégarde un pied sur leurs membres endoloris...

Sinon je ne pense pas que le dortoir de Lupus est vraiment été toucher,tu peux t'y rendre,il est intact...Tu pourras y retrouver tes affaires,les rais ne se sont pas introduits aussi loin dans l'académie...Le plus gros de la bataille s'est déroulé ici...Au pire je peux te proposer un lit à Eoliane si tu supporte le voyage...Il y a quelques chambres réservées aux invités...

Un silence,il avait l'impression de parler pour les murs...Sa jeune interlocutrice semblait plongé dans le vague comme si elle n'entendait pas ses parole,elle semblait être sur le point de s'évanouir à tout moment,dans un état presque second,son regard plongé vers le sol comme pour garder un semblant d'équilibre avant de s'écrouler...Mael hésita à s'avancer,Julia le repousserait surement si il s'aventurait à lui proposer de l'aide...Elle n'aimait pas paraitre faible...Mais en meme temps elle tanguait dangereusement menaçant de tomber à chaque respiration...

-Julia, fit il ,la sortant de sa léthargie tu ,tu veux de l'aide...Je ne voudrait pas te retrouvait pas terre...

Il ne pouvait pas trouver plus maladroite comme proposition...mais il ne pouvait pas non plus la laisser dans un état tel que celui ci

Une entaille profonde ? Avait-elle une entaille profonde déjà ? Il y avait bien son côté et sa jambe… et ses côtés qui lui faisait mal aussi… elle revoyait encore cette grosse brute de raïs lui fracasser son bouclier dessus alors qu'elle avait trébuché, et cette douleur qui avait bien faillis lui exploser la poitrine. Ses points se serrèrent à ce souvenir, quelle maladresse vraiment ! Qui avait faillis de surcroits, lui couter la vie ! Si Evaine n’avait pas été là…

Son regard changea d’orientation et elle revint à la réflexion initiale, non sans difficultés. ça comptait comme entaille profonde ou pas pour ses côtes? De toute façon il y avait déjà trop de monde lui disait Mael, donc ça ne serait pas là-bas qu’elle irait.
Le dortoir était à l’origine une bonne idée, mais uniquement à première vue. Ses affaires ? Elle n’y avait pas d’affaires, et le peu qu’elle avait était à son repaire dans le parc, et encore, pas ce qu’elle avait de plus précieux à ses yeux, elle avait amené toutes les lettres de sa tante avec elle de…

_Tu as des nouvelles de ma tante Mael ? –se surprit-elle à demander et coupant la parole au garçon qui lui demandait si elle allait bien - Je t’avais demandé… elle a envoyé quelque chose ? Eoliane sera très bien, j’irais… merci.

Elle ne savait pas pourquoi, mais elle n’avait pas vraiment envie de retrouver l’ambiance du dortoir… et peut-être bien autres choses aussi.

_Tu aurais vu Locktar ? On peut jamais le laisser un instant, sans qu’il ne déclenche une guerre celui là! Comment va Amarilys et Kuschumaï et Arro ? – elle s’arrêta soudainement, consciente de partir un peu dans tout les sens, elle se massa le front un moment en fermant les yeux quelques secondes – Excuse-moi j’ai les idées un peu embrouillés… oublis ces questions, je demanderais à quelqu’un… d’autre, ça te retarde. Et oui ça va, je survivrais je pense – faible sourire moqueur – et puis de toute façon on ne peut jamais tomber plus bas que terre alors… pour les entailles profondes, ça dépend où tu places la barre… mais je verrais bien à Eoliane, pour quelques kilomètres de plus ça serait bête qu'il m'arrive quelque chose d'irrémédiable. Euh… merci pour les indications… je te libères, il semblerait que tu ai beaucoup à faire… je crois que je vais m’y rendre maintenant... à Eoliane. On se revoit plus tard… peut-être... –une idée parallèle germait en elle depuis quelque minutes… comme Elera le lui avait si bien soufflé, elle ne resterait certainement pas… plus maintenant… il n’y avait plus vraiment de but… et sa tante… et tant d'autres choses... elle se retourna pour partir avant de regarder de nouveau Mael qui n’avait pas bougé. Tout à fait gênée tant elle ne revenait pas de ce qu’elle allait dire, elle se sentit ridicule à s'entendre demander - C’est dans quelle direction déjà ?

Autant pour son autorité de Première Gardienne, n'est-ce pas? Décidément, il fallait croire que pratiquement tous les élèves de l'Académie sont incapables de bon sens. Au lieu de suivre Evaine et lui faire part de ses pensées, le jeune Elio prenait le mors aux dents et montrait ses griffes. Au moins, la marchombre avait-elle compris...

Se tournant à nouveau vers le jeune demi-Faël, la digne fille d'Ivan Derkan vit qu'il tenait une dague. Plus précisément, sa main étreignait fortement la poignée de sa dague, mais il n'avait pas encore dégainé son arme. Une personne normale aurait sans doute pris la chose au sérieux et aurait tenté de désamorcer la situation. Evaine Derkan eut un grand sourire et s'avança vers Elio, telle Jésus Christ tendant sa joue gauche après qu'on l'eut frappé à la droite :

- Mais c'est qu'il mordrait, le petit demi-Faël, murmura-t-elle sur un ton ironique et provocateur. Et bien? Qu'attends-tu, mon garçon? Je m'expose à tes coups, faudrait-il aussi que je te tienne la main pendant que tu me poignardes? Apprends-moi le respect! Débarrasse le monde d'une engeance telle que moi! Montre à ta marchombre l'immense bravoure qui est tienne, l'immense bravoure qui te pousse à hésiter alors que je m'offre à tes coups! Allez, mon petit, fais-le! Tu verras ce n'est pas si difficile...

Saisissant alors la main d'Elio, elle lui fit dégainer sa dague et en dirigea l'estoc vers son coeur. Avec un sourire étrange, elle lui murmura à l'oreille :

- Prends ma vie, demi-Faël.

Mael se trouvait dans une situation au moins très inconfortable...Au moment ou il était arivé sur la place la vue de son amie lui avait été" si éblouissante qu'il n'avait pas remarquer la scène qui se déroulait à coté de Julia...Elle lui importait peu en fait...De loins on aurait pu croire à plusieurs adolescents se disputant,affligeant ,mais rien d'étonnant dans cette Académie ou les régléments de comptes entre élève resté monnaie courante...Scène tellement minime à coté du carnage qui s'était déroulé quelques heures auparavants... Mais en s'approchant un peu on pouvait dicérner des armes sortis...Gloups c'est que c'était serieux, pas de simples coups de poings distribué un peu hasard...Un véritable duel en fait...et en se rapprochant vraiment plus on pouvait distinguer l'épine dorsale du problème...Un élève s'appretait à combattre ...qui? Là Mael se révélait dans l'incapacité totale de dicerner les raisons qui avait poussé le Corbac à tirer les armes...Evaine Derkan...Le garçon ignorait-t-il à qui il avait affaire? Une redoutable guérière chargée de protéger l'académie... Avec un mauvais caractère si on en croyait les rumeurs...

Sauf que là Mael n'avait pas encore vu la scène,Julia le préocupait entierement...Elle divaguait,lui parlait de sa tante... Une tante qu'il avait promis d'aller voir si seulement il lui arrivait malheur...Puis du mariage des deux Lupus...Ou il avait retrouvé...Loris...Encore quelque chose dont il devait lui parler...Mais pas tout de suite...Non d'abord elle devait se reposer rentrer à Eioliane...Julia lui avait demander la direction d'Eoliane...La direction de la confrérie? Etait-t-elle frappé à se point par la fatigue? Il devait avoir sous estimer ses blessures et son état...Absolument l'accompagner aussi...Sans lui demander son avis il la pris délicatement par l'épaule et l'entraina près du porche pour sortir de l'académie Elle ne réagit pas,se laissant entrainer,ce manque de réaction inhabituelle l'alerta...

Alors qu'il se demander si il aller devoir rentrer à pied...Julia s'arreta brusquement,le forçant à tourner les yeux vers l'éclat d'une lame...Il engloba la scène d'un regard inquiet cherchant l'origine du conflit...Elle était là,gisait près de la porte,sa chevelure rousse comme carte d'identité...Elena? Elera. Oui c'était ça la célèbre marchombre,apprentie talentueuse devenue maitre...Mael pour passer ces journées à l'infirmerie commençait à si connaitre question potins sur l'académie...Et puis il avait du la croiser en cours de civilisation...Fin bref...et qu'est ce qu'elle voulait? Qu'il s'interpose entre les deux guerriers? Non c'était une blague? C'était pas à elle, la supermarchombrebisounours d'un geste fluide et d'une phrase pleine d'éloquence d'aller s'interposer entre les deux...D'accord MAel était pacifique et rien que d'imaginer la scène violente qui allait se découler d'un éventuel affrontement le faisait frissonner...Mais Evaine n'était-t-elle pas un maitre?Elle n'allait surement pas mettre la vie d'un des élèves en danger...Pourtant quand elle tendit le poignard au Corbac MAel se demanda si la colère n'allait pas l'emporter sur le professionnalisme de la jeune femme.

- N'acceptez pas que la colère vous domine...lachez la dague murmura t-il au corbac

le reveur avait laché julia qui avait vacillée légérement et il avait fait un pas en avant tout en restant prudemment éloignée des deux combattants...

- S'il vous plait.. Supplia t-il regardez,ce qu'il découle de la violence fit-t-il en désignant d'un geste l'ensemble de l'académie...

Il ne pouvait pas comprendre...Le corbac était un guérrier,pas un reveur...Il avait choisit la voix du combat et non celle de la paix...MAel avait choisit de le vouvoyer,ne sachant pas à qui il avait affaire...Et puis meme si il semblait fou et inconscient, il était ce que MAel n'avait pas pu etre, celui qui ne se laisser pas oppresser...Avec un courage qu'il n'avait pas.MAel n'osait pas s'addresser à la première gardienne,il était meme géné de s'interposer dans cette affaire qui ne le regardait pas...Mais pourtant il le devait...pour defendre son idéal du pacifisme...

- Et que deviendra-t-elle ? si vous perdez la vie? car vous perdrez la vie si vous accepter le défi... Vous la livrerais en pature à vos ennemis...qui se vengeront de votre affront sur elle...

Il avait parlé tout bas,se rapprochant un peu plus espérant que seul le corbac l'entende...Les yeux baisser n'osant pas affronter le regard intense d'Elio,de peur qu'il ne prenne ça pour une agression...Evaine n'avait surement pas l'intention d'oter la vie au combattant,peut-etre seulement de lui donner une bonne correction pour son insolence...Mais MAel espérait dissuader le corbac... Le reveur avait ensuite relever son regard doux vers le jeune homme pour essayer de comprendre ses intentions...

A sa dernière question complètement idiote mais réellement embêtant pour elle, Mael ne répondit même pas, les traits contrariés... quoi? Une de ses éraflures s'était remis à saigner? Elle porta sa main à son visage alors que déjà son ami l'avait fait pivoter dans une direction et s'apprêtait à l'accompagner si elle avait bien tout compris... mais autre chose attira son regard. La tension avait monté d'un autre degré dans le petit groupe qu'elle venait de quitter.

Evaine perdait la tête c'était sûr maintenant! Qu'est-ce qu'elle croyait au juste? Qu'est-ce qui se passait encore dans sa tête? Elio n'hésiterait pas, ça se voyait dans ses yeux... la colère avait bien peu de barrages... il fallait intervenir! Tout cela était complètement ridicule! Mais elle était trop loin, le temps qu'elle y arrive il serait déjà peut-être trop tard... en même temps ça sentait le « piège » à plein nez... Evaine se laisser pourfendre par un jeunot en colère?

Elle leva un sourcil septique... à tous les coups elle le testait... c'est obligé, elle avait trop d'honneur pour que ça soit vrai toute cette mascarade. Si Elio frappait, ce serait un prétexte pour qu'elle réplique et pas de façon la plus douce, mais tout à fait légitimement... et si jamais par un grand miracle il ne le faisait pas, quelque chose lui disait qu'elle ne se gênerait pas pour se moquer ou le traiter
de lâche... oui ça devait être ça, elle ne pensait pas ce qu'elle disait, cette vision lui correspondait plus.

Elle n'avait donc pas à s'en faire ou alors a essayer de se traîner pour s'interposer dans ce conflit complètement stupide et superficiel... son cœur s'arrêta pourtant quand le bras du garçon se levait pour...et quand Mael entra de nouveau dans
son champ de vision, mais cette fois, déjà loin et près d'Elio... comment était-il arrivé là-bas aussi vite? Ou c'était elle qui commençait vraiment à recevoir des informations tout à fait erronées et surtout d'une lenteur contrariante... elle pressa la paume de sa main contre son front, juste au dessus de ses yeux ayant visiblement du mal à restituer dans les temps ce qu'ils voyaient. Et qu'est-ce que Mael faisait là-bas d'abord! Il imaginait qu...

Mais déjà une autre information vint se heurter à elle. Elera avait poussé une sorte d'exclamation vers le jeune homme... qui s'était alors immobilisé. Le regard de Julia alla plusieurs fois du jeune homme à la jeune fille qui grimaçait encore de sa récente altercation... et elle comprit. Plus que les paroles de Mael qui semblait vouloir calmer le jeu, la présence d'Elera semblait lui parler beaucoup plus que n'importe quoi d'autre. Elle était à la foi la source de sa révolte et le frein a sa colère... quelque chose d'assez spéciale à observer, même si les conclusions n'étaient pas difficiles à mettre en place...

La suite confirma tout cela et alors qu'il se dirigeait vers Elera pour la rassurer Julia remarqua que son amie était plus mal qu'elle ne voulait bien le dire... il lui semblait qu'elle saignait, mais avec sa tête qui lui tournait faiblement, elle n'en était pas certaine... et puis elle-même sentait quelque chose de chaud et humide s'étaler lentement sur son côté, elle avait oublié de refaire ses bandages depuis un moment... était-ce une association? Elle amorça un geste vers son amie mais se ravisa. Elera avait été clair quelques instants plus tôt, elle n'avait pas besoin d'elle et Elio encombrait déjà assez son entourage ...

Aussi se vit-elle ne pas bouger d'un pouce face a cette succesion d'évènements... juste un regard à Evaine qui n'avait pas encore réagis à l'abandon d'Elio. Il fallait qu'elle s'arrête, la fatigue était l'autre réponse probable à ce comportement atypique... elle avait beau être un excellent élément de combat, elle restait humaine du moins physiquement, il était impossible qu'elle se sente au point après le voyage qu'ils venaient de faire. Si elle continuait elle allait finir par faire des choses irrémédiables...

- Lâche...

Voilà le seul mot qu'avait prononcé Evaine, le seul qualificatif qui convenait pour ce demi-Faël, indigne d'avoir été l'un des disciples de Valen Til' Lleldoryn. L'Académie serait bien vide sans cet étrange guerrier, ce Maître d'armes que tous imaginaient invincible. Même les légendes peuvent périr, même cette légende peut périr. Valen n'était pas une légende anonyme pour Evaine Derkan Til' Huryn... qui eut cru qu'elle se serait éprise de lui à sa manière? Certainement pas elle. Désormais, elle était plus seule que jamais. Plus de Magister avec qui discuter en guerrier, plus d'homme à épier discrètement, plus de supérieur devant lequel s'illustrer. La dernière mission qu'il lui avait confiée, elle l'avait accomplie... plus rien ne pouvait la retenir ici. Son père, Ivan Derkan, avait péri en duel, certes, mais il était mort de sa propre main et ne pouvait donc pas être vengé. Valen Til' Lleldoryn était tombé au combat lui aussi, mais non sans emporter ses adversaires avec lui. Quel intérêt il y avait-il à demeurer la Première Gardienne quant elle n'avait accepté de l'être pour rester auprès du célèbre demi-Faël.

Son monde s'écroulait. Qui aurait pensé que cette provocation qu'elle avait lancé à Elio Tharön n'en était pas une? Evaine voulait qu'il la tue, mais ce bel imbécile n'en était même pas capable. Qu'ils aillent au diable lui et sa marchombre! Julia était près de son rêveur et n'avait rien fait, si ce n'est regarder. De manière objective, il aurait fallu se demander si Julia était seulement en état d'intervenir, mais la Frontalière était bien loin de cela. Ce soir, Evaine se saoûlerait à sa guise... Demain, elle verrait bien ce qu'il en serait.

- Appréciez donc votre compagnie mutuelle et souffrez que je me retire... en vie.

A ces mots, Evaine se détourna et disparut dans la foule peuplant la cour intérieure de l'Académie en cet instant.