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 « Forge-moi un mouton » [Terminé]

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Enelyë Ril'Enflazio
Enelyë Ril'Enflazio

Dessinatrice
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MessageSujet: « Forge-moi un mouton » [Terminé]   « Forge-moi un mouton » [Terminé] Icon_minitimeJeu 5 Juil 2012 - 3:59


Elle avait accepté l'invitation du forgeron et avait pris son bras pour qu'il la guide. Une question franchit ses lèvres, mûrement réfléchie pour une fois. La plupart du temps, elle demandait des choses qui lui passait par la tête, sans prendre le temps de mesurer ses paroles. Au moins cette fois-ci, elle avait parlé de quelque chose qui était en rapport avec la conversation. Et tandis qu'ils commençaient à avancer, Silind lui répondait. Il semblait tirer beaucoup de fierté de son travail et cela fit sourire Enelyë. Fierté. Passion. C'était intéressant de voir comme il semblait réellement passionné par ce qu'il faisait. Et la dessinatrice avait l'impression qu'il était normal de préférer créer des objets délicats que des armes de guerre. Après tout, la beauté résidait dans la subtilité, pas dans le brutal. Des myriades de détails à observer sur un objet le rendait plus plaisant à regarder, à redécouvrir sous un autre angle. Les épées, au final, ne semblaient face à ces créations que de stupides plaques de métal. A moins, évidemment, que le pommeau ne soit soignée …

Et quelque part, cela ne l'étonna pas, lorsqu'il lui posa des questions sur la Spirale. La subtilité qui régnait probablement dans ses plus beaux travaux devaient être, à peu de choses près, la même finesse qui imprégnait les moindres chemins, les moindres fils de l'Imagination. Comment percevait-elle ce monde ? Il était vrai que chaque personne arpentant les Spires avait une manière différente d'interpréter ce qu'elle y voyait, y entendait, en ressentait, en bref. Enelyë, elle, avait l'impression d'avancer dans cette dimension en aveugle, des liens lumineux ceignant ses poignets, comme pour la contraindre à avancer sans toutefois la forcer. Des liens apportant avec eux des milliers d'effluves, de parfums tout à fait disparates, mais qui pourtant, s'harmonisaient parfaitement entre eux. Mais elle avait la sensation que tout cela serait difficile à retranscrire en mots. Pourtant, elle essaya, quand même.

- Comment je perçois les Spires ? Elles ont un parfum. Yeux dans le vague, l'instant nécessaire à rassembler ses pensées. Je veux dire, elles ont des millions de senteur différentes. Je ne vois pas ce monde, c'est sans doute dommage, mais je sais qu'il y a un nombre incalculables de chemins devant moi lorsque je dessine. La seule chose que je vois, c'est ce que je veux créer. Et au final, le reste n'est sans doute pas si important à regarder.

Un sourire fugace se fraya un chemin jusqu'à son visage, rapidement changé en une expression plus réfléchie lorsqu'il se demanda si elle était douée. L'était-elle ? Maîtrisait-elle suffisamment son don, était-il réellement puissant ? Beaucoup de choses lui échappaient encore, c'était certain. Néanmoins, elle était là pour apprendre, et elle savait à présent utiliser son pouvoir, si non parfaitement, au moins convenablement.

- Douée, je ne sais pas. Attentive durant les cours de Dame Ril'Otrin et heureuse d'apprendre, sûrement. Elle hocha la tête, comme s'il s'agissait d'une évidence. C'est tellement impressionnant, vous savez, de savoir que vous avez entre les mains la possibilité de créer quelque chose ! Ce ne sera pas forcément quelque chose de grandiose, de compliqué et certainement pas éternel, mais au moins, il y a le moyen d'inventer, de … représenter des choses qui, à l'origine, ne sont que dans notre tête. C'est beau de concrétiser ses idées.

Elle s'était un peu emporté. Un tout petit peu. Déjà beaucoup plus qu'elle ne le faisait habituellement. Elle n'avait pas fini pourtant, mais préférait, pour le moment, s'arrêter sur ces mots. D'autant plus que la forge se dessinait devant eux.
C'était un petit bâtiment, notamment en comparaison de l'Académie juste derrière eux. Néanmoins, il n'était pas beaucoup plus petit que la maison qu'elle occupait avec son père. D'un autre côté, ils n'avaient jamais eu besoin d'une grande maison, ne vivant qu'à deux, ou éventuellement un peu plus lorsque son père avait des invités. Elle chassa ses pensées avec un soupir et s'intéressa à ce qu'elle voyait. Des murs de pierre, un toit de chaume, le tout baigné par la lumière du soleil qui commençait déjà à se coucher. Un aspect bien accueillant, à vrai dire. Elle serra un peu sa veste autour d'elle, tandis que leurs pas faisaient craquer la neige. Il n'y en avait plus beaucoup, il s'agissait de celle tombée l'avant-veille, mais Enelyë savait qu'il reneigerait bientôt.

- Vous aimez la neige ?

Elle, elle ne savait pas trop. D'un côté, elle trouvait cela particulièrement beau, et en comparaison à leur discussion précédente, il s'agissait à nouveau ici d'une subtilité : tout les flocons se ressemblaient ; aucun n'était pareil qu'un autre. Mais d'un autre côté, elle n'aimait pas la sensation de la neige sous ses pieds, et le froid était l'un de ses pires ennemis. Silind lui fit contourner la maison, et ce fut alors qu'elle remarqua un escalier menant directement à l'étage. Astucieux.
Les marches furent montés prudemment. La dessinatrice avait regardé attentivement les escaliers, avant de déclarer le plus sérieusement du monde qu'aucun piano n'était en vue. Elle s'était fait rire un peu toute seule, mais au moins ça l'avait amusé. Il la précéda et elle entra à sa suite.

Lorsque la porte fut refermée, l'air sembla tout de suite plus chaud. Enelyë n'aimait pas l'hiver. Ni l'été. Sa saison préférée était l'automne, parce que cette saison était pleine de couleurs. Et d'orages, et qu'elle adorait les orages. Elle se souvint avec une pointe d'amusement une journée où elle était restée sous la pluie pour admirer les éclairs. Elle était déjà à l'Académie, de ce temps-là … Et une moue agacée s'empara de son visage lorsqu'elle se rappela du garde roux. Il n'avait pas voulu lui donner son nom mais avait rapidement réussi à savoir qu'il se nommait Kylian. C'était dingue comme les filles de son dortoir pouvaient être au courant de tout ce qu'il se passait dans l'Académie. Passons.

Elle inspecta un peu l'intérieur du regard. C'était plutôt bien rangé, propre, tout ça. Cet homme était bien différent de son père. Elle se rappelait les longs dimanches à faire le ménage, à ranger les documents de son père, et maintenant qu'elle y repensait, ça la rendait un peu triste. Il aurait pu l'aider, ils auraient pu passer les moments comme ça à deux. Mais il était toujours ailleurs. Toujours. Finalement, elle l'avait peu connu.
Elle secoua un peu la tête, comme lorsqu'elle voulait sortir de ses pensées ; ce qui était exactement le cas. Elle regarda Silind, un petit sourire aux lèvres.

- C'est vraiment bien rangé. Enfin c'est … bien.

Elle s'étonna elle-même, premièrement du fait qu'elle venait d'essayer de faire un compliment, et deuxièment, qu'il était absolument foireux. Elle passa une main derrière sa tête, un peu gênée. Elle ne savait pas vraiment quoi dire, et elle attendait.


Silind Frandrich
Silind Frandrich

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MessageSujet: Re: « Forge-moi un mouton » [Terminé]   « Forge-moi un mouton » [Terminé] Icon_minitimeDim 8 Juil 2012 - 0:38

Silind n'écoutait pas la dessinatrice... Non, il buvait chacune de ses paroles. L'homme aimait la description qu'Enelyë faisait des Spires. Il trouvait ça plutôt intéressant. Des senteurs... Vraiment intéressant. Mon dieu qu'il aurait aimé avoir ce don, créer des objets, imaginé chacun des petits détails que composait une création. Mais, n'était ce pas ce qu'il faisait avec sa forge ? Oui certes, mais avec moins de précision. Le colosse souriait, il appréciait beaucoup cette conversation. Ils arrivèrent devant sa maison. C'était une chaumière, les murs en pierres formaient un rectangle plutôt long. Une porte a double battant servait d'entrée dans la forge. Elle était surmontée du symbole habituel des forgerons : une enclume avec un marteau, sauf qu'il y avait un petit détail supplémentaire : on pouvait distinguer une sorte de symbole tribale. L'emblème des Frandrich. Servant de marque déposée sur les créations du forgeron, cela permettait de prouver qu'il avait créé tel ou tel objet.
Sur les murs, on repérait quelque fenêtre. En arrivant de l'académie, on pouvait remarquer une sorte de forge d'extérieur, plutôt utiliser en été, elle était la parfaite copie de celle qu'il avait à l'intérieur et utilisait la même cheminée. C'était une sorte de bac en pierre, dans laquelle on y trouvait un lit de braise éteinte. Le tout était recouvert d'une hotte en pierre qui se terminait en cheminée. On pouvait repérer d'ailleurs de la fumée, venant certainement de l'intérieur, où la forge fonctionnait encore.
Soudain Silind pâlit. Il avait complètement oublié de ranger le bas, son espace de travail était un vrai bordel. Les papiers se mêlaient avec les instruments de forges et les métaux étaient dispersés sur le sol et les tables. Si jamais il emmenait Enelyë là-dedans, ce serais un fiasco monstrueux. Non, en tant que gentleman, il se devait de faire bonne figure. Heureusement que le premier étage, lui servant d'appartement, était totalement propre. Il avait une règle qui régissait sa vie, d'accord pour le foutoir au boulot, mais jamais là où il vivait. C'est pour cela qu'il se forçait de faire le ménage souvent, rangé ses affaires aux bonnes places et tout le tralala.
L'homme devait donc emmener la Kaelem en haut, bien heureux l'architecte qui avait construit sa douce demeure, car il avait prévu un escalier d'extérieur pour atteindre directement le premier étage. C'est donc par là que le forgeron entraîna la dessinatrice. Ils s'approchèrent de la forge, les pieds froissant la fine couche de neige que l'hiver avait apporté. C'est alors que la demoiselle posa une question. Silind réfléchi, aimait-il la neige ? Ayant trouvé une réponse, l'homme répondit :

-Et bien, si elle n'était pas si froide, oui. Car, quand on l'observe de près, on voit tous les petits détails de chacun des flocons... C'est très intéressant et tellement beau. Mais le principal soucis de cette magnifique oeuvre de la nature, c'est qu'elle est glaciale... Et honnêtement, moi qui vit dans une forge, constamment près de la braise et du feu, je ne peux m'empêcher de frissonner à chaque fois qu'il fait un peu trop froid.

L'homme resserra un peu le manteau de cuir qu'il avait et approcha des escaliers. Silind ne put s'empêcher de rigoler doucement quand Enelyë inspecta les marches, à la recherche d'un quelconque piano. La voie dégagée, ils purent monter. Le forgeron ouvrit la porte et s'enfila à l'intérieur, refermant la porte derrière la Kaelem. Doucement, il dit :

-Bienvenue chez moi.

La pièce était simple. Une table, au centre, qui était en bois avec des décorations fines en fer, autour, on y trouvait deux chaises de la même facture. Sur le mur du fond se trouvait un buffet où était rangé des assiettes et des couverts en argents. Entre deux fenêtres, sur la droite, trônait un bureau, surplombé d'un tableau. Il y avait deux autres portes, l'une, ouverte, menait à la cuisine. On y apercevait un chaudron dans une cheminée, avec un petit établis a côté, pour préparer des plats. Un escalier descendait à la forge. L'autre porte était fermée et devait s'ouvrir sur la chambre.
Silind embrassa la pièce du regard, sa propre maison... Longtemps il avait espéré avoir un endroit pareil et enfin, il l'avait... Enelyë le félicita sur la propreté du lieu. Il tourna rapidement la tête vers elle, pour lui répondre, mais se perdit dans les yeux noisettes de la Kaelem. Il se prit à s'imaginer combien ce serait bon de partager ce foyer avec quelqu'un. Il rougit de cette idée et baissa un peu la tête avant de répondre :


-Merci... mais vous verriez le bazar qu'il y a en bas...

Il avança un peu dans la pièce et se retourna vers la demoiselle :

-Euhm... Installez-vous, prenez une chaise... Euhm vous voulez quelque chose à boire, manger ? J'ai de la viande de siffleur en train de fumer si vous voulez. Sinon j'ai de quoi faire du thé euhm, peut être du chocolat... Un reste de soupe aussi surement... Et aussi...

L'homme énumérait ce qu'il avait dans son garde manger, il passa en revue tous les légumes et compagnie, proposa même de faire un plat rien que pour la demoiselle. Puis après avoir fait la liste entière de ses provisions, il s'aventura doucement :

-Et si vous voulez après vous être... restaurée, je pourrais peut-être vous faire quelque chose... En bas, enfin à la forge quoi... Vous voyez...

Le forgeron timide cognait ses deux index l'un contre l'autre dans une position de gène absolu...

Enelyë Ril'Enflazio
Enelyë Ril'Enflazio

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MessageSujet: Re: « Forge-moi un mouton » [Terminé]   « Forge-moi un mouton » [Terminé] Icon_minitimeMer 1 Aoû 2012 - 2:51

Lui aussi avait froid, près de la neige. A bien y penser, c'était logique, pour un homme comme lui. Un forgeron était sans doute plus sensible au froid, étant donné qu'il passait la majorité de son temps dans une véritable fournaise. Enelyë n'y avait pas pensé. Mais malgré tout, il aimait les petits éléments qu'étaient les flocons de neige, pour leur structure, leurs détails. Un peu comme elle, au final. Cela la fit sourire. Ils étaient faits pour s'entendre, apparemment. La dessinatrice avait l'impression que, de toutes façons, elle était faite pour s'entendre avec la majorité des gens de l'Académie. Et ce n'était pas plus mal, à vrai dire. Elle ne supportait pas quelques personnes et trouvait que c'était déjà trop. Elle entendit le rire, un peu brut, mais assez doux, de Silind lorsqu'elle annonça qu'aucun piano n'était visible.

Ils entrèrent, et Enelyë tourna sur elle-même un instant, pour voir déjà le peu qu'il y avait autour d'elle, tandis que le forgeron refermait la porte, lui souhaitant la bienvenue. Elle le remercia doucement, un sourire aux lèvres. Elle ne s'attacha pas aux détails, mais constata que l'endroit était bien rangé. Elle félicita Silind pour cela d'ailleurs, se remémorant le ménage qu'elle faisait chez elle, avant d'arriver à l'Académie, ce qui lui arracha un petit soupir. Il se tourna vers elle, et leurs regards se croisèrent. Elle le regardait gentiment, attendant qu'il réponde. Et elle se sentait de plus en plus gênée, ayant l'impression que son « compliment » avait vraiment été maladroit. Mais une demi-seconde après, Silind baissa la tête et avoua que l'étage du dessous n'était pas aussi bien rangé. Sans doute la raison pour laquelle ils étaient entrés par l'extérieur. Elle s'approcha en souriant, ayant dans l'idée de lui dire que ce n'était pas grave, ou qu'elle avait certainement vu pire, mais il avança dans la pièce et elle n'eut pas le temps de dire quoi que ce soit.

Il l'invita à s'installer, lui proposa quelque chose à boire, à manger. Et alors qu'elle allait répondre, elle se rendit compte qu'il faisait la liste de tout ce qu'il possédait dans son garde-manger, et cela la fit un peu rire. C'était assez comique, à vrai dire, de le voir énumérer toutes ses provisions, réfléchir quelques fois. Elle réussit toutefois à lâcher un « Ce n'est pas la peine ! » lorsqu'il lui annonça qu'il pouvait même préparer un repas spécialement pour elle. Et maintenant qu'elle y pensait, on ne lui avait jamais proposé cela. Ça la fit rire et à la fois, la gêna un peu. Alors non, ce n'était pas la peine. Elle n'était même pas sûre qu'il ait proposé cela dans la réelle optique de le faire. Autant ne pas demander. De toutes façons, même si il l'avait proposé tout à fait sérieusement, elle ne l'aurait pas accepté. Puis, baissant le regard, il s'avança à lui dire que si elle voulait, il pourrait ensuite lui forger quelque chose.

Le mode « gamine » s'activa dans la tête de la Kaelem qui, aussitôt, joignit ses mains comme une enfant heureuse d'une nouvelle.

- Vous êtes sérieux ?

Puis, elle se calma. Elle était grande, et mature, et ne devait pas agir d'une manière aussi gamine. Elle croisa les bras, tentant de reprendre une certaine contenance.

- Je veux dire, vous n'êtes pas obligé. C'est très gentil de votre part, mais ... En fait, si vous voulez bien, je voudrais bien une broche, avec un mouton en fait, parce que quand j'étais petite, j'en avais une que mon papa m'avait offerte - il gardait les moutons du voisin, de temps en temps, vous savez - et je l'ai perdue un jour alors j'aimerais bien en avoir une neuve s'ilvousplaît...

Elle s'arrêta, rouge de honte, avant de se tourner. Elle voulait agir comme une adulte ! La perspective d'avoir un objet unique lui avait fait perdre toute sa crédibilité, parce que si là, elle avait voulu paraître mature et tout, c'était un peu - beaucoup ? - tombé à l'eau, il fallait bien le dire. Ce qu'elle pouvait se détester, quand elle agissait en totale contradiction avec ce que dictait sa tête ! Un peu confuse, et honteuse de s'être laissé aussi facilement réclamer ce qu'elle voulait, elle se retourna timidement vers Silind. Ce fut donc d'une toute petite voix qu'elle déclara :

- Et un verre d'eau fera très bien l'affaire, merci.

Elle leva un peu la tête, constatant qu'il ne semblait pas spécialement se moquer d'elle. Ses rougeurs s'atténuèrent, mais restèrent tout de même bien présentes sur son visage habituellement blanc comme de la porcelaine. Pour faire passer le temps, qui lui sembla soudainement très long, elle accrocha son regard aux différents détails des objets de la pièce. Elle remarqua les décorations de fer forgé sur la table, qui ressemblaient étrangement à celles des chaises. En fait, les associations de meubles, elle ne connaissait que très peu. Son père avait tendance à récupérer un peu tout et n'importe quoi, ce qui faisait un joyeux ensemble tout à fait disparate dans la maison. Mais elle devait bien reconnaître que comme ça, c'était nettement plus joli. Elle s'approcha un peu du bureau, s'approchant doucement du tableau. De là où elle était, elle ne percevait pas vraiment ce qu'il représentait. En s'approchant, elle distinguerait sans doute mieux.


Silind Frandrich
Silind Frandrich

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MessageSujet: Re: « Forge-moi un mouton » [Terminé]   « Forge-moi un mouton » [Terminé] Icon_minitimeJeu 16 Aoû 2012 - 0:34

-Je suis on ne peut plus sérieux.

Le forgeron se sentait plutôt chanceux. Là où d'autres filles seraient certainement partie en courant, hurlant à qui voulait l'entendre que le géant était un dragueur loin d'être subtile. Mais actuellement Enelyë restait là, elle voulait bien qu'il lui forge quelque chose et apparemment ce petit objet avait un petit quelque chose de sentimental... C'était juste génial, Silind était heureux de pouvoir satisfaire une si jolie fille dont il appréciait beaucoup l'esprit. Bon, même si cela ne faisait que quelques heures qu'ils se connaissaient, cela restait quand même quelque chose de fantastique. Il aurait bien voulu aller plus loin avec elle... Mais cela prendra surement du temps. Faire la coure n'était pas son fort, cependant, il se forcerait. Non seulement parce que Enelyë était une fille très belle, mais parce que cela faisait longtemps qu'il n'avait pas sentie ce petit vent de folie qui vous pousse vers l'avant.
Pour le moment, il lui servit un bon verre d'eau et la regarda porter ses lèvres au récipient. Il s'imaginait embrasser cette bouche et rougis immédiatement à cette pensée.
Tentant d'avoir une certaine convenance, il se retourna et partit vers la cuisine. Le colosse remarqua que la jeune femme s'intéressa à son seul tableau. Il le tenait de sa mère adoptive, Ranva Frandrich. Elle avait peint une montagne gigantesque, une forêt bordait son flanc et revenait vers une clairière qui se plaçait au premier plan. On pouvait remarquer une chaumière avec une cheminée qui fumait. Les ombres des arbres étaient parfaitement dessinées sur le sol. Silind s'approcha et d'une voix douce et peu assuré il expliqua :


-C'est là où habite ma mère... C'est la chaumière où j'ai grandi. Magnifique paysage n'est-ce pas ? Elle l'a peint elle-même... Une artiste talentueuse, si elle se donnait un peu plus de cachet.

Cet endroit lui rappelait tellement de bon souvenir... Il aimait ce petit bout de peinture qui lui rappelait son passé. Il continua d'avancer et lança :

-Peut-être qu'un jour... Je pourrais vous... Emmenez là-bas... Un jour... Si vous êtes tentée...

Rougissant de nouveau, Silind voulu reprendre un peu de prestance et lui demanda de le suivre. Il se dirigea vers l'escalier qui descendait vers sa forge. Le géant entraîna Enelyë vers le rez-de-chaussé. L'endroit avait un côté mystique. Les fenêtres étaient légèrement fermée et la seule lumière venait de la cheminée. La couleur rougeoyante se portait en cercle et s'estompait petit à petit. On pouvait repérer des papiers trainant sur le sol, sur les tables. Si on avait l'oeil fin, on pouvait remarquer des traits de crayon papier, créant des schémas de différents objets. On trouvait aussi les outils, qui prenait l'allure d'objet de torture avec la faible lumière chaleureuse. Tout était dispersé n'importe où, comme si un ouragan était passé ici. Habituellement, le forgeron rangeait l'endroit, mais là, il n'avait pas eu le courage et pensait faire le ménage aujourd'hui. Jusqu'à ce qu'il entraine une Kaelem dans des escaliers traitres.
En arrivant, l'homme ouvrit prestement les volets, laissant la lumière entrer dans la pièce. Il attrapa ses croquis et tenta de mettre un peu d'ordre dans son fourbis. Les croquis furent poser sur un petit bureau. Il en profita pour récupérer un papier vierge et un crayon de bois. Il les tendit à Enelyë en lui demandant de s'asseoir.


-Je vais avoir besoin de votre mémoire. Vous pourriez me dessiner à quoi ressemblait le mouton sur la broche ? Comme ça je pourrais m'en rapprocher le plus facilement.

L'homme la laissa faire et s'approcha de sa forge. Il caressa la pierre légèrement chaude et commença à faire ronfler les braises. La chaleur habituelle couvrit sa peau. Le colosse alla dans sa resserve et récupéra un morceau d'acier. Il réfléchit à la manière de faire cette broche et se dit qu'il ferait l'aiguille d'abord, puis le mouton et ensuite il les souderait et ainsi l'objet serait terminé... Cela lui prendra bien toute l'après-midi, mais la récompense en valait certainement la peine. Silind se releva et regarda la Dessinatrice se concentrer sur son mouton. Il rêvassa sur le visage froncée sur le dessin et admira les cheveux noires de la belle demoiselle. Se tournant tout en rougissant, il continua de faire ronfler sa forge et prépara un moule d'aiguille de broche. Il ferait fondre l'acier, puis il ferait le reste avec ses outils. Pour le mouton... Cela serait plus compliqué... N'ayant pas de moule spécialement conçu pour ça, il allait devoir taillée directement dans le métal.
Il posa son acier dans une sorte de bol en pierre et le posa au milieu des braises. Il fit gonfler la chaleur avec son soufflet et laissa doucement le lingot rougeoyer.


Enelyë Ril'Enflazio
Enelyë Ril'Enflazio

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MessageSujet: Re: « Forge-moi un mouton » [Terminé]   « Forge-moi un mouton » [Terminé] Icon_minitimeVen 17 Aoû 2012 - 18:30

Elle venait de sourire. Pas que ce soit inhabituel ou quoi que ce soit, mais un aussi grand sourire n'était sûrement jamais apparu sur ses lèvres. Parce qu'il allait lui faire sa broche. Parce que sa demande en mariage avait été sérieuse. Parce qu'elle allait retrouver dans cette broche des souvenirs, accolés désormais à un présent différent. Alors elle souriait, ses mains croisées devant elle.
Silind lui servit son verre d'eau et elle se calma, un peu, même si son sourire ne semblait pas vouloir disparaître. Enelyë lui rendit le récipient une fois vide et tandis qu'il sortait de la pièce, elle observait les objets, amusée mais un peu admirative de voir que tout était coordonné, puis elle s'intéressa au tableau au fond de la salle. Il représentait une grande montagne, entourée d'arbres, avec, au premier plan, une sympathique clairière. La chaumière semblait presque réelle, tant elle était dessinée avec finesse. Mais de toutes façons, tout avait été peint avec soin, clarté et dextérité.

Un peu fascinée par tout les détails qu'elle voyait sur le tableau, elle n'avait pas entendu le forgeron revenir. Aussi fut-elle un peu surprise lorsqu'elle entendit sa voix, toute proche d'elle, lui expliquer la peinture. C'était sa mère adoptive qui avait peint cela ? C'était fabuleux.

- C'est incroyable. Ce tableau est vraiment très beau. On a l'impression que les moindres détails sont respectés.

Elle ne tiqua pas lorsqu'il lui dit qu'un jour peut-être, il pourrait l'emmener. Elle se contenta de hocher la tête avec un sourire pour acquiescer, comme si cela lui semblait tout à fait naturel. Lorsqu'il lui demanda de le suivre, elle se désintéressa du tableau et attrapa le bras de Silind. Ils descendirent l'escalier qui menait à la forge et elle le lâcha pour se promener dans la pièce. Les fenêtres étaient fermées, mais elle parvenait à voir suffisamment grâce à la lumière des braises. Le forgeron alla ouvrir les volets et ranger un peu. Au passage, il l'entraîna vers le bureau et lui donna une feuille et un crayon. Il lui demanda alors de redessiner son mouton.

Enelyë ferma les yeux, essayant de se rappeler très précisément à quoi ressemblait le mouton. Elle se souvenait avoir souvent dit qu'on aurait plus dit un nuage avec des yeux et des pattes qu'un mouton. Elle se rappelait qu'il y avait des renfoncements qui formaient des demi-cercles. Une fois l'image en tête, elle prit le crayon, et les sourcils froncés, commença à le redessiner. Elle dut s'y reprendre plusieurs fois avant d'être à peu près satisfaite de son croquis. Enelyë se tourna alors vers lui, pour lui dire qu'elle avait fini, mais elle s'interrompit. Elle préféra tourner la chaise et l'observer. Elle constata alors à quel point elle devait être petite face à lui. Pas qu'elle ne l'ait pas encore compris, mais là, comme ça, ça la frappait. Elle chercha son visage du regard, le trouva apparemment très concentré. Ses yeux de braise étaient tournés vers l'âtre, ses sourcils doucement froncés. Et elle le trouva très beau.

Elle rougit, à la fois parce qu'elle réalisait ce qu'elle venait de penser, et aussi un peu parce qu'il faisait vraiment très chaud. Bon, c'était un peu normal, qu'il fasse chaud dans une forge, mais bon … Elle trouvait ça un peu étrange de se dire que dehors, la température était glaciale. Mais à vrai dire, pour elle qui détestait le froid, la chaleur était bienvenue. Même si là, elle devenait un peu étouffante. Elle secoua la tête et finit par se lever pour s'approcher de lui. Elle posa sa main sur son bras, doucement, avant de lui tendre la feuille. Elle rougit un coup en pensant à son dessin.

- Je sais. Ça ressemble plus à un nuage avec des pattes et des yeux qu'à un mouton. Mais il était vraiment comme ça sur la broche !

Enelyë venait de se justifier, ce qui n'était absolument pas le genre de chose qu'elle faisait d'habitude. Le pire, c'est qu'elle n'avait aucune raison de le faire, pour une fois. Elle soupira, la tête baissée, puis la releva.

- Ça va vous prendre longtemps ?

Elle était un peu tiraillée entre deux idées : si il la finissait vite, elle pourrait retourner trouver une chaleur plus correcte. Si ça prenait un peu plus de temps, elle resterait là, à le regarder travailler. Ce qui, à vrai dire, ne la dérangerait pas le moins du monde …


The beautiful sheep, parce que tout le monde devrait avoir le droit de le voir:


Silind Frandrich
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MessageSujet: Re: « Forge-moi un mouton » [Terminé]   « Forge-moi un mouton » [Terminé] Icon_minitimeSam 18 Aoû 2012 - 1:56

Le grand homme frissonna quand il sentit le contact de la main d'Enelyë contre sa peau. Il attrapa le papier sur lequel était dessiné... Un nuage avec des pattes et des yeux, la Kaelem venait de lui ôter les mots de la bouche. Il lui sourit gentiment, tentant de lui faire comprendre que ce n'était pas grave. Bon, ce serait assez simple. Il découpa doucement la forme tout en parlant à la jeune dame.

-En fait le plus long n'est pas de frapper le métal, mais le temps que le lingot devienne assez liquide pour être placé dans le moule... Après, il y a différentes techniques. Certain préfère créer la forme directement du lingot. Là par contre, c'est donner la forme adéquat au métal qui est long.

L'homme fini de découper son patron de mouton pour broche... Non, nous ne faisons pas un méchoui monsieur, juste une broche pour vêtement en forme de mouton. Il le posa sur la table et demanda d'attendre à la demoiselle. Il revint avec un moule en forme de rectangle et des sortes de minuscule barre en fer qui semblait malléable. Tout en posant ses affaires, il expliqua ses démarches, comme il aime habituellement le faire :

-Bien, je n'ai pas de moule de mouton tout préfabriqué, donc je vais en créer un moi-même et ensuite je le fignolerais au marteau. Du coup, je vais me servir de votre dessin pour faire les contours avec ce petit morceau de métal spécial.

Il montra la barre qui semblait être en patte a modeler.

-Il a de particulier d'être adaptable à toutes les formes. Donc du coup je vais concevoir un moule directement. Bon par-contre, il risque d'y avoir des coulures involontaires, mais je les enlèverais facilement.

Silind se concentra sur ses gestes et commença à contourner le mouton-nuage. Le plus dur furent les pattes, il dut s'y reprendre a plusieurs reprises en essayant de ne pas se crisper et hurler sur ce foutu métal de merde. Enfin lorsqu'il eut terminé, il alla vérifier son acier qui rougeoyait déjà.

-C'est bien, il va nous rester un peu de temps. Il faut que je surveille encore le feu, le temps que tout sois bien fondu... Cela devrait me prendre peut être deux voir trois heures si tout va bien. Vous pouvez remonter si vous voulez... J'admets que la chaleur ici est assez pesante.

L'homme surveillait sa forge tout en discutant. Il écoutait d'une oreille plutôt distraite ce que disait Enelyë. Le colosse était concentré sur son travail, rien ne pouvait le déranger, il était en transe. Le géant donna encore quelque coup de soufflet et le vent fit vrombir les braises. Encore une bonne demi-heure et le métal serait assez chaud. Il vérifia une dernière fois ses moules, se répéta les différents mouvements pour que la broche soit de bonne qualité. Car l'aiguille et le fermoir ne devait pas être forger déjà plier. Il devait créer la tension qui ferait s'ouvrir facilement le bijou.
Il récupéra les différents outils, les passa à sa ceinture et regarda une dernière fois le contenue du petit bol de pierre. Il allait bientôt pouvoir commencer. Le forgeron prépara le mouton, il le plaça au bord d'une sorte de tuyaux coupé en deux qui sortait sur le côté de l'âtre de la cheminée. Le colosse attrapa soudainement ses pinces à deux mains, attrapa le bol remplie de métal en fusion et le fit couler doucement le long de la gouttière. Dosant avec précision la quantité de liquide rouge et chaud, il replaça le pot dans les braise et se concentra sur le nuage de métal bouillant.
L'acier refroidissait déjà et commençait à se durcir. Il donna deux coups de soufflet dans le feu et reporta son attention sur le mouton. Silind était très concentré, les traits de son visage étaient accentués par les braises. Prenant une pince plus petite, il sortit le métal du moule et le posa sur son enclume. Il y avait des coulures, naturellement, de plus, cela restait bien trop épais pour que la broche soit assez légère pour être portée. L'homme frappa et le bruit habituelle de la forge retentit.
Et Chgling, Chglang, le métal s'aplatissait sous les coups répétés du colosse. Parfois, la musique cessait et Silind observait le métal, puis tout reprenait. Bang, Bing, par moment, l'homme sortait une sorte de burin et avec son marteau tapotait sur les contours du mouton, pour enlever le surplus créer par le rabaissement. Tout était répété avec précision, comme une danse, il alternait entre la forge et son enclume, comme s'il faisait des pas d'une valse étrange. Bien que grand et assez musclé, l'homme semblait léger et on aurait pu croire qu'il volait quand il se déplaçait. Mais tout de suite l'instant d'après, il redevenait statue, dont seul le bras pouvait bouger. Boom, Bim, le marteau continuait son oeuvre.
Après deux bonnes heures, Silind fut satisfait de son travail, plongea doucement le mouton dans son baril d'eau et l'en ressorti. Il le posa à nouveau sur son enclume et entama le travail de finition. Il recréa la spirale qui donnait la forme de la laine qui donnait son aspect nuageux à l'animal. Par la suite il s'attaqua aux yeux, faisant deux petits trous juste à l'endroit où devait se trouver la tête.
Enfin, la partie décoration de la broche fut terminée, il la posa sur la table pour que Enelyë puisse la contempler. Il espérait avoir bien copié l'ancien bijou et sans un mot sur son travail, il se lança dans la conception de l'aiguille et du fermoir. Le forgeron copia les mêmes gestes pour faire couler le métal dans le moule et commença son oeuvre avec son marteau. Mais cette fois-ci, il ne cherchait pas à aplatir le métal, il tentait de donner une courbure. L'homme disposa donc l'aiguille sur la partie conique de son enclume.
Et le bruit revint, incessant, inévitable, un bruit fort, puissant, assourdissant. Un rythme comme si son coeur battait en même temps que le marteau. Bing, bing... Bing, bing... Mais ce fut rapide, ce n'était pas le travail le plus important. Silind fit de nouveau de la fumée et testa ensuite la fermeture. Il n'avait pas plié complétement en deux l'aiguille, lui donnant ainsi une petite résistance, mais la courbe était assez prononcée pour que la fermeture soit facile. Maintenant venait la partie soudure.
Le forgeron récupéra le mouton et le posa juste sous la gouttière. Il allait devoir être vraiment vigilant, sinon son travail serait foutu. Avec douceur il fit couler quelque goûte du liquide rouge. Tout doucement il coula vers le métal froid et s'y déposa en forme circulaire. Du bout des doigts l'homme déplaça le motif et l'acier en fusion décrit une petite bande fine. Le plus rapidement possible, il attrapa le fermoir et délicatement le disposa sur ce métal chaud qui refroidissait déjà. Silind resta plusieurs minutes à tenir les deux morceaux pour qu'ils soient parfaitement soudés avec l'angle adéquat. Lorsque l'acier fut assez froid pour tenir tout seul, le forgeron lâcha et le mit dans l'eau qui bouillonna à nouveau. La broche était terminée, fier de lui, il présenta son oeuvre à Enelyë.


-Voilà, désolé pour le temps que ça a pris, mais c'est fini... Vous en pensez quoi ?


Enelyë Ril'Enflazio
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MessageSujet: Re: « Forge-moi un mouton » [Terminé]   « Forge-moi un mouton » [Terminé] Icon_minitimeSam 22 Sep 2012 - 15:19

Elle lui tendit la feuille de papier, un peu confuse. Elle justifia son dessin en expliquant qu’il était vraiment comme ça, et il lui sourit, comme pour dire « Ce n’est pas grave », ce qui la rassura un peu. Il découpa la forme soigneusement, tout en répondant à sa question. Ce qui prendrait le plus de temps serait donc d’attendre que le métal fonde suffisamment ? Comme elle ne connaissait absolument rien à l’art des forgerons, elle écoutait attentivement ce qu’il lui disait. Pour un peu, elle aurait presque pris son carnet pour écrire ou dessiner les explications. Elle regarda son mouton en souriant, lorsqu’il lui demanda de l’attendre. Elle avait beaucoup aimé ce bijou. Il était unique, et elle l’avait toujours fièrement arboré lorsqu’elle sortait de chez elle. Quand elle l’avait perdue, elle avait été très triste.

- Ah ça, je doute que qui que soit ait un moule de mouton, à vrai dire, dit-elle avec un sourire.

Il continua ensuite son explication, et elle le regarda faire. Il sembla qu’il s’énervait contre les pattes du mouton, ce qui était un peu effrayant. Oui bah si, un géant qui s’énerve alors que vous êtes juste en face, c’est effrayant. Lorsqu’il eut terminé, il lui indiqua que cela prendrait bien deux ou trois heures. Elle hésita ; en haut ou en bas, elle risquait de s’ennuyer, puisqu’il n’y avait rien qu’elle puisse faire.

- Je vais rester ici, et si j’ai trop chaud, je remonterai un peu.

Comme ça tout le monde était content. Ils discutèrent un peu, mais la conversation finit vite par devenir inexistante, parce qu’elle ne savait plus trop quoi raconter, et que lui était concentré sur sa création. Elle décida de Dessiner son petit mouton, comme pour se donner une idée d’à quoi il ressemblerait lorsqu’il serait terminé. Elle aurait bien aimé le faire bêler, mais elle avait un peu peur que cela gêne le forgeron, et elle n’était même pas sûre que l’on puisse créer du bruit. Il faudrait qu’elle essaye un jour … Elle avait décidemment encore beaucoup de lacunes sur le Dessin, qu’elle s’efforcerait de combler dans cette dernière année qui lui restait. Pendant un peu plus d’une heure, elle réfléchit à ce qu’elle ferait après l’Académie. Devenir Sentinelle ne l’intéressait pas, et elle ne se sentait pas capable de protéger quoi que ce soit. Rester ici enseigner signifiait sûrement de continuer à se confronter à Ciléa Ril’Morienval, et cela elle ne le voulait pas. Alors que faire ?

Elle retourna cette question dans tous les sens, se prenant à penser qu’il faudrait bien qu’elle n’oublie pas qu’elle avait désormais une particule de noblesse et qu’il fallait donc y faire attention. Et elle commença à se demander si la roture n’était finalement pas le mieux pour elle. Elle n’avait jamais été habituée à toutes ces manières de se comporter, de parler, de penser. Cela la décourageait d’avance, malgré les cours de Varsgorn. Alors qu’elle allait sortir prendre l’air, Silind s’approcha d’elle pour lui montrer la première partie de la broche. C’était parfait. Le mouton était le même que dans ses souvenirs. Elle sourit, mais le forgeron était déjà retourné à côté des braises, pour forger l’épingle sans doute. Cela prit beaucoup moins de temps, et il vint récupérer ensuite le bijou pour faire coïncider les deux parties. Enfin, il relâcha la broche dans l’eau, ce qui eut pour effet de la faire fumer, puis la récupéra pour la présenter à Enelyë. Ce qu’elle en pensait ?

- C’est superbe ! Elle est magnifique ! Vous êtes vraiment très doué.

Elle attrapa la broche, encore un peu humide, et l’accrocha aussitôt à sa veste, un grand sourire sur le visage, tandis que des tonnes de souvenirs lui revenaient en tête.

- Merci beaucoup.

Et elle constata que sa broche venait d’acquérir une valeur supplémentaire. Elle se jura d’y faire vraiment très attention, de ne jamais perdre ce bijou-là. Parce qu’il avait été fait spécialement pour elle, cette fois, et non acheté parce qu’on l’avait trouvé joli et qu’on voulait lui offrir. Elle fronça les sourcils, songeant à quelque chose.

- Vous voulez peut-être quelque chose en retour, non ? Je ne sais pas trop ce que je pourrai vous offrir, mais je trouverai ça normal de vous rendre la pareille.

Enelyë n’arrivait jamais à accepter les cadeaux, et avait toujours tendance à vouloir remercier les autres en leur offrant à son tour des présents.


Silind Frandrich
Silind Frandrich

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MessageSujet: Re: « Forge-moi un mouton » [Terminé]   « Forge-moi un mouton » [Terminé] Icon_minitimeVen 9 Nov 2012 - 2:41

Elle l'avait aimé. Elle le trouvait, je cite, « Superbe » même « Magnifique », et franchement c'était le meilleur compliment que Silind n'avait jamais reçu. Il faillit en défaillir, mais se reprit de justesse, parce qu'un colosse de deux mètres qui tombe dans les pommes, ben ça fait tout de suite désordre... Après le pique de pur plaisir que l'homme eut, une joie constante envahie son corps. C'était tellement bon qu'il en aurait presque sautillé à en faire trembler toute sa maison. Il tenta de parler et, par un miracle inexpliqué, réussi à sortir une phrase on ne peut plus intelligible :

-Heureux qu'elle vous plaise. Ce fut un délice de forger cette broche pour vous.

Il osa une petite courbette plutôt réussie. Un sourire plus que radieux lui barrait le visage. Et on pouvait dire qu'il ne faisait que s'agrandir. En effet, Enelyë venait de lui faire une proposition qui le désarçonna un peu. Il est vrai qu'un cadeau n'est pas censé attendre de retour, mais que diable, ce n'était qu'un homme ! C'est donc l'air pensant qu'il cherchait dans sa tête une potentielle idée qui pourrait être un beau présent. Quelque chose qui lui rendrait l'appareil... Peut être un cadeau qui utiliserait les capacités de la dessinatrice... Un objet éternel ? Non, non, trop banale comme demande et surement trop compliqué pour la Kaelem. Bon alors est ce qu'il tente la phrase banale « Mais un sourire de vous me suffit comme récompenses ». Que nenni ! Enelyë méritait surement pas une phrase bateau de dragueur stupide... Allez idée, germe, germe,
L'homme avait bien pris dix minutes pour réfléchir et ne trouvait rien pour l'instant. Il jeta un coup d'oeil par la fenêtre et vit que le soleil descendait doucement. Oh, zut, Silind devait bientôt raccompagner la dessinatrice. Un peu honteux et déçu, il demanda :


-Cela vous tenterait-il que j'essaye de répondre à votre proposition pendant que je vous raccompagne à l'Académie... Il commence à faire sombre et je ne souhaiterais pas vous causer d'ennui... Par rapport au couvre-feu, vous voyez ?

Silind suivit la dessinatrice en haut pour qu'elle puisse reprendre ses affaires et peut-être grignoter un bout avant de sortir dans le froid. Lui pris son manteau de fourrure et regarda dehors. La nuit tombait vraiment rapidement, il faisait presque noir, les chemins étaient parsemés de neige glissante. Cela allait être un parcours dangereux. Il rêva qu'Enelyë trébuche sur la glace et lui tombe encore dans les bras. C'était certain, il était amoureux. Ne voulant toujours pas se l'avouer à lui-même, il secoua la tête et ouvrit la porte qui menait dehors. Suivant toujours la Kaelem d'un oeil protecteur, le colosse ne fit point attention à une plaque de verglas qui se glissa traitreusement sous son pied. Revoyant le passage des escaliers de l'Académie, il ne put que hurler un « Attention » bien que trop tard avant de dégringoler - de nouveau - et entrainer - encore une fois - la jeune femme dans sa chute. Lorsqu'il se retrouva les fesses dans la neige froide et la demoiselle encore une fois sur son torse, il ne put retenir un éclat de rire tonitruant. Le son se réverbéra dans la nuit sombre et il se calma pour se relever, aidé par la charmante Kaelem.

-Désolé, c'est un peu comique... Tomber deux fois dans la même journée et vous entraîner de la même manière...

L'homme rougit un peu, heureux que la nuit cache sa couleur pivoine. Il attrapa la torche poser au coin de la bâtisse et l'alluma d'un coup de briquet à amadou.

-Comme ça nous y verront plus clair. Et plus de glissade dangereuse !

Il sourit gentiment et tenta de faire la conversation.

-La nuit tombe rapidement, je trouve ça triste... J'aime bien quand il fait grand jour, le soleil et tout et tout... La journée est vraiment trop courte en hiver, j'ai hâte que revienne le printemps.

Éclairant le chemin du retour vaillamment, le forgeron parlait de la pluie et du beau temps. Il trouvait cela de plus en plus facile de discuter de tout et de rien avec Enelyë. Alors qu'ils arrivaient au niveau des portes du hall, il soupira.

-Ah, j'ai cru qu'elles n'arriveraient jamais... Je commençais à avoir le nez complètement givré.

Avant de pousser le battant, Silind éteignit sa torche et la posa dans un coin sombre. Ils entrèrent et immédiatement la chaleur leurs monta aux joues. Le colosse eut cette douce impression de décongélation. Il accompagna avec plaisir la jeune femme jusqu'au dortoir, tout en continuant de discuter, mais à voix plus basse.

-L'Académie est limite effrayante à cette heure si de la nuit... Vide et sombre... C'est étrange comme un lieu change du tout au tout en fonction des heures.

Le colosse regarda les escaliers avec appréhension. Pour blaguer un peu, il lança à la jeune femme :

-Je vous laisse passer devant, comme ça vous ne risquez pas de m'entraîner en tombant...

Souriant, il entama les premières marches, précédé par Enelyë. L'homme trouvait qu'ils défilaient un peu trop rapidement, ces vilains échelons. Peu pressé de laisser partir la jeune femme, il ralentissait un peu le pas. Mais, malheureusement, il faut bien se quitter pour de nouveau se revoir. C'est d'ailleurs à cette pensée que Silind eut une idée. Ce fut un tilt fracassant dans sa tête, l'homme allait proposer sa réponse, mais la porte du dortoir venait d'apparaître devant eux. Bon, c'était l'heure de tenter le tout pour le tout !

-Hé bien, vous êtes arrivé. Si... Euhm... Si vous voulez bien, en contrepartie du mouton... Vous... Voudriez bien accepter... Un autre... Rendez-vous ? Où vous voulez, quand vous voulez... Je... J'en serais plus que ravis.

L'homme devint pivoine et la pénombre ne cache pas les rougeurs aussi bien que la nuit. Il tortilla ses doigts dans son dos, un peu beaucoup anxieux.


Enelyë Ril'Enflazio
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MessageSujet: Re: « Forge-moi un mouton » [Terminé]   « Forge-moi un mouton » [Terminé] Icon_minitimeVen 7 Déc 2012 - 14:28

Enelyë remercia Silind pour la broche. Elle était vraiment identique à celle de son souvenir, et cela l’amusait un peu. Un grand sourire était né sur ses lèvres, tant elle était heureuse. Et le forgeron était content lui aussi, de voir que le mouton lui plaisait. Parce que, bien que petite, elle apercevait son regard, rouge, et les yeux ne mentaient pas, et elle voyait l’étincelle pétillante de la joie, si caractéristique. Elle ne put empêcher son rire de franchir sa bouche auparavant close lorsqu’il esquissa une courbette, plutôt réussie mais un peu maladroite. Le grand sourire sur le visage de Silind empêchait toute autre interprétation que la joie, que le bonheur.
Et Enelyë fronça les sourcils, tout à coup. En pleine réflexion. Elle releva la tête, demandant très sérieusement ce qu’il voulait en retour. Les cadeaux étaient faits pour être échangés, alors elle devait en offrir un à Silind. Il sembla réfléchir, et pendant ce temps-là, la Kaelem regardait la broche, l’accrochait et la décrochait, cherchant l’endroit où elle serait le mieux placée, la plus voyante, tout en restant relativement discrète. Et la grosse voix du forgeron l’arrêta dans son geste, et si elle se piqua avec l’aiguille, elle n’en dit rien.

- Oh, il est déjà si tard … Et bien oui, vous pouvez réfléchir, du moment que vous trouvez quelque chose au bout d’un moment !

Elle sourit, et elle le suivit dans l’escalier qui ramenait en haut. Elle récupéra sa cape, accepta le bout de gâteau que lui tendait Silind, et ils sortirent, de nouveau dans le froid hivernal. Elle avançait un peu en avant, regardant la neige qui commençait doucement à retomber. Et en faisant attention au verglas. Parce que c’était traître, le verglas, ça se coulait sous vos pieds pour vous faire glisser sans que vous vous en rendiez compte avant d’être par terre. Mais apparemment, il n’y avait qu’elle pour faire attention à ça. Parce qu’au moment où elle entendit le « Attention ! » elle était déjà tombée, à nouveau sur Silind. Si le froid n’avait pas déjà rendu ses joues rouges, elles le seraient sûrement devenues maintenant à cause de la situation. Mais le rire du forgeron la fit rire à son tour, plus discrètement.
Elle se releva, puis proposa une main secourable à Silind. Enfin, qu’elle espérait secourable. Mais sans doute n’était-ce pas le cas. S’il s’était vraiment raccroché à elle, ils seraient tous les deux retombés.

Et leurs rires continuaient de résonner dans la nuit sombre et froide. Lorsque le sien se calma, lui s’excusait. Elle bougea un peu la tête, le sourire aux lèvres. Ce n’était pas grave ; après tout, elle n’avait rien de cassé, et lui non plus. Et tandis qu’elle regardait l’Académie, si grande et majestueuse, la lumière fut. Elle se tourna vers le forgeron, qui venait d’allumer une torche. Elle lui sourit, regrettant presque le « plus de glissades dangereuses ». Et à cette pensée, elle fronça un peu les sourcils. Pourquoi regretterait-elle de tomber ? C’était un peu … bizarre. Qu’importe. Elle aurait le temps de se pencher sur la question plus tard. Et ils recommencèrent leur traversée, discutant de tout et de rien. De la pluie et du beau temps. Du jour et de la nuit. Enfin, ils arrivèrent aux portes du hall, et Silind soupira. Elle sourit en l’écoutant.

- La prochaine fois, je vous apporterai une écharpe pour protéger votre nez, alors …

Silind éteignit le flambeau et ils poussèrent le battant avec le plus possible de discrétion, ce qui n’était pas chose aisé, étant donné que ces portes avaient tendance à grincer. Lorsqu’ils entrèrent, le vent amenant avec eux quelques flocons de neige, la chaleur vint doucement les décongeler. Et Enelyë se rendit seulement compte du froid qui avait engourdi tout son corps. Ils continuaient à discuter, un peu plus bas, pour éviter que les gardes ne les remarquent.

- Oui, ça change de la journée. Mais le matin, ce n’est pas beaucoup plus rempli …

Devant les escaliers, ils marquèrent un arrêt. Apparemment, ils étaient tous les deux « traumatisés » par les événements de la journée. Il la laissa passer devant, parce qu’elle ne risquait pas de « l’entraîner en tombant », alors elle commença à monter les marches, la main sur la rampe, l’autre venant attraper sa robe pour ne pas risquer de tomber dessus. Etrangement, la montée des marches se fit plus silencieusement. Sans doute étaient-ils concentrés, pour ne pas risquer de rater une marche fourbe. Et quelques minutes plus tard, ils furent devant le dortoir. La main posée sur la porte, elle tourna son visage vers le forgeron, s’apprêtant à lui souhaiter une bonne nuit, mais il la prit de court.

Un rendez-vous ?

Le visage d’Enelyë passa au rouge pivoine, mais elle remarqua vite qu’il en était de même pour lui. Elle ouvrit la bouche, la referma, puis la rouvrit.

- Euh, oui, c’est … d’accord. Euh … Je viendrai vous voir, alors.

Foutu cœur qui accélérait la cadence.

- Bientôt, quand il y aura moins de neige. Pour ne pas glisser.

Et elle lui sourit. Il acquiesça et commença à descendre les escaliers. Lorsqu’il fut arrivé en bas, elle lui adressa un signe de la main et un sourire, avant d’entrer dans la salle commune. Et son sourire ne fondit pas, lui, contrairement à la neige qui tombait dehors.



[Terminé. Merci pour le rp hug]

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