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 De l'autre cote de la surface (RP terminé)

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Elera
Elera

Marchombre
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MessageSujet: De l'autre cote de la surface (RP terminé)   De l'autre cote de la surface (RP terminé) Icon_minitimeLun 11 Mai 2009 - 2:54

Frisson.

L’eau était absolument glacée. Et délicieuse. Le pantalon remonté au dessus des genoux, Elera laissa le courant jouer sur sa peau, sentant la forme des galets lisses sous ses pieds. Quelques gouttes venaient l’éclabousser son visage, la cascade n’étant qu’à quelques mètres à sa droite alors qu’elle avançait là où elle avait encore pieds, mais la lotra n’y faisait pas vraiment attention. Ce n’était pas grand-chose, et l’air était presque aussi froid que l’eau, rendant son contact rafraichissant mais pas douloureux. C’était l’une de ses rares journées d’hiver à Al-Poll qui n’apportait pas vent et tempête, laissant même un frêle rayon de soleil percer derrière le masque nuageux… Mais ce n’était pas le ciel que regardait la marchombre. Au contraire, elle fixait les abysses dissimulés par les courants. Encore un pas… et un autre… Elle y était presque. A quelques mètres devant elle, quelque chose brilla de nouveau à la périphérie de sa vision. Son but…

Quelques heures plus tôt, elle avait laissé Kirfdéin aux bons soins d’Enoriel, se réjouissant d’avoir quelques instants pour elle. Oh, bien sûr, elle aimait former son apprenti, et elle se réjouissait d’avoir quelqu’un pour la suivre sur sa voie… Mais la solitude lui manquait. Pas la solitude en elle-même, être avec quelqu’un d’autre ne la dérangeait en rien, mais plutôt la possibilité de suivre un chemin pour le simple but de savoir ce qu’il se trouvait au bout, ou même seulement pour vagabonder. La possibilité de s’y avancer seule, et de s’émerveiller devant ce qu’elle y trouverait sans témoin. Avec Kirfdéin, tout se transformait en leçon. Elle avait besoin de ressentir à nouveau la tranquillité de l’harmonie et la simplicité de ces promenades libres. Besoin de découvrir de nouvelles facettes de ce monde. Alors comme elle en avait l’habitude lorsqu’elle n’était elle-même qu’une simple élève, elle avait laissé ses pas la guider hors de l’Académie. Vers la cascade, cette fois. Elle s’était d’abord assise sur la rive, les doigts s’enfonçant dans la terre meuble, se délectant de ce contact primitif. Mais bientôt l’envie irrésistible d’observer les choses d’en haut s’était installée, et elle avait grimpé à la cime de l’un des grands arbres, jouant avec le vent et virevoltant entre les branches.

Et c’est alors qu’elle l’avait vu.

Une étincelle. Un scintillement. Un éclat recelé sous les vagues. Et bien sûr, la curiosité avait prit les rênes. C’était ainsi qu’elle s’était retrouvée les pieds dans l’eau glacée, menacée de tomber et de geler sur place, à la recherche d’un morceau d’or qui n’était possiblement qu’un reflet, mais qu’importe. Encore un pas, et elle y serait. Il était quelque part par là… Là ! Tendant les doigts, elle effleura la surface de l’eau avant de changer d’avis et de remonter sa manche d’abord, ce qui était il faut le dire un peu plus intelligent. Finalement, son bras entra doucement dans le monde renversé sous la surface du miroir, jusqu’au coude, puis à l’épaule, puisqu’elle n’arrivait toujours pas à toucher le sol… Finalement, elle effleura le sable, et son index retrouva son pouce, un objet froid et dur bien retenu entre les deux. Elle l’observa alors ; une bague. Une bague de Lupus, pour être plus précise. Quelqu’un devait être en train de la chercher partout en ce moment même… Elle s’était attendue à autre chose, quand même, mais resserra quand même son poing autour de l’objet en question.

Elle tomba en avant. Un arbre mort, une branche sur le courant. C’est la seule chose rationnelle à laquelle elle pensa avant que la force ne la pousse en arrière, et qu’elle tende les bras désespérément en essayant de rester debout… peine perdue.


- Aaaaaah !

Ca, c'etait Elera qui crie Cool Plouf. Nouveau frisson. Elle était complètement trempée maintenant, c’était malin. Toujours mi-assise mi-allongée dans l’eau, elle resta immobile un instant avant d’éclater de rire. Puis elle redescendit la manche qu’elle avait remonté en espérant la protéger de la rage cascadienne… La cascade en question avait visiblement d’autres plans pour elle ! Au moins, elle n’avait pas perdu la bague. Elera allait se relever, mais se figea soudain en plein geste. Sa chute n’était pas passée inaperçue… Il y avait quelqu’un, sur la rive. Quelqu'un qui la regardait.

Einar Soham
Einar Soham

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MessageSujet: Re: De l'autre cote de la surface (RP terminé)   De l'autre cote de la surface (RP terminé) Icon_minitimeLun 11 Mai 2009 - 3:39

Le bruit ronflant de la cascade s’entendait par delà-même les buissons qui l’entouraient. On pouvait en percevoir le murmure dans les allées sinueuses qui y menaient ; c’était comme un piège invisible, un chant des sirènes muet qui distrayait quiconque s’approchait de la cataracte. Or, il se trouvait dans les parages encore lointains de la cascade, un être bipède qui aurait bien aimé garder son attention fixée sur les souçis que lui causaient la vie en cet instant précis. Dans son esprit que la saison avait refroidi, une bague, égarée et d’une importance extrême, sembler attiser les zones de la peur, de l’angoisse, et de l’inquiétude ; Einar avait, en effet, perdu la bague dont bien sûr, il ne devait jamais être séparé. Flâneur comme il était, elle pouvait être n’importe où, cachée par chaque brin d’herbe du parc et des jardins, et la neige n’arrangeait rien ! Il n’allait jamais la retrouver, non… Et pourtant, le Lupus s’obstinait, parce qu’il préférait encore mourir en glaçon que d’aller trouver le sieur Hil’Jildwin pour lui avouer sa perte. Cet homme le terrorisait, bien qu’il n’ait pas encore eu l’occasion de le montrer. Aussi, emmitouflé jusqu’au menton dans une écharpe en laine grossière qu’il avait retrouvée dans ses affaires, une écharpe d’un vert aussi neutre et profond que la forêt à l’Est, Einar avançait tête baissée dans le vent, les mains dans les poches, à scruter vaguement le sol dans l’espoir de retrouver le petit anneau d’or.
Si seulement il n’y avait pas ce bruissement lancinant et régulier pour lui avilier les oreilles.. Chaque seconde qui passait l’écartait un peu plus de son but, et il se trouvait parfois le nez en l’air, à sentir le vent passer sous son écharpe et en faire des volutes gracieuses ; à chaque fois, le jeune Académicien se rabrouait, grommelait, et reprenait ses recherches de manière plus lasse.
Mais c’était peine perdue. Le sentier le menait dans la clairière où siégait la cascade, et Einar n’avait eu l’occasion d’y aller qu’une seule fois. Oubliant un instant ses préoccupations, le jeune homme se focalisa sur les buissons emmitouflés de neige, sur les arbres incarcérés dans leur propre écorce, et ce bruit toujours, ce bruit qui donnait à la scène un aspect vivant, presque spectral. On aurait dit un râle qui s’échappait de chaque branche gelée, un râle fascinant, qui guidèrent les pas du Lupus à travers les épines toujours présentes des aubépines. Son écharpe s’effila et se troua en quelques minutes, mais ça lui était égal, seul lui importait de se retrouver sur les rives, seul, gelé et rêveur. D’un geste vaporeux de la main, Einar croisa les mains sous ses aisselles pour les réchauffer, un peu inquiet de leur couleur bleutée. Outre sa trop légère cape de coton, il ne portait rien de chaud que l’écharpe verte et grelottait..
Mais la vue qu’il avait maintenant coupa court à toutes ses plaintes contre l’ère glacière qui les entourait ; le doux mugissement de la cascade donnait à l’air une ouateur presque chaleureuse malgré les températures négatives et chassait toute pensée inquiète de l’esprit du Lupus. Lui d’ailleurs, les mains retournées dans les poches, ferma un moment les yeux – était-ce une minute ou une heure qui s’écoulait dans les bras de l’eau ?

Un pic d’instinct cependant le tira de ses rêveries, comme lorsqu’il se sentait épié dans les dortoirs, par ceux qui faisaient semblant de dormir et ne dormaient pas. Là c’était pareil. Quelqu’un se tenait là. Seulement, ce quelqu’un – cette en l’occurrence- était de dos, et semblait chercher quelque chose dans l’eau. La permière pensée d’Einar en fixant la fille aux cheveux écarlates fut qu’elle était folle, d’être pieds nus et bras nus dans l’eau glacée. Son nez à lui avait battu retraite dans les contreforts de son écharpe, et il continua d’observer l’autre en silence, songeant à partir sans être remarqué. Il aimait à observer les autres, et pourtant détestait lui-même se sentir observé ; c’était quelque chose d’inconscient, il relevait les tics et les regards des gens l’entourant, parce qu’ils en révélaient plus que les mondanités échangées avec eux. Là, il ne comprenait rien et ne saisissait rien ; et ça l’intriguait.
Un cri tira Einar de sa torpeur, suivi d’éclaboussures et d’un rire, dont il n’arrivait pas à saisir l’origine. Qu’y avait-il de drôle à se retrouver le derrière dans les glaçons, trempé jusqu’à l’échine ?
Son sang atteignit la température externe, lorsqu’un regard mimosa se tourna vers lui, arrêtant la demoiselle à qui elle appartenait en plein acte de relevage. Einar eut un mouvement de surprise et fit quelques pas de recul, marmonnant fébrilement :


-Je suis désolé.. Je voulais pas vous déranger.. Ni vous regarder hein, c’était pas mon intention, j’comptais partir, si c’est vrai..

Ridicule et le sachant, le Lupus tritura un coin de sa cape nerveusement, anxieux que la fille l’ait remarqué si subitement. Il recula à nouveau, et son expression physionomique n’attendait clairement qu’un seul mot pour que ses jambes fuient à l’autre bout du parc. Il n’avait pas établi beaucoup de contacts à l’Académie depuis son arrivée, et s’il n’était pas solitaire, il savait encore moins s’y prendre avec des gens plus âgés que lui.


- Vous avez.. Enfin, vous aviez l’air de chercher quelque chose, j’peux peut-être vous aider ?

Le bruit de la cascade ronflante ne l'aidait pas spontanément à se concentrer sur son air crédible, mais tant pis, maintenant que la fille aux cheveux roux l'avait vu et s'était figée en le regardant d'un drôle d'air, il ne pouvait simuler d'être un tronc d'arbre...

Elera
Elera

Marchombre
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MessageSujet: Re: De l'autre cote de la surface (RP terminé)   De l'autre cote de la surface (RP terminé) Icon_minitimeLun 11 Mai 2009 - 18:43

Un élève, visiblement. Elera regretta un instant le temps où elle aussi en était une, et qu’elle pouvait se promener dans les couloirs en reconnaissant tout le monde, qu’ils soient combattants, dessinateurs ou marchombres. Mais si elle était encore à l’Académie, elle ne participait plus aux cours et les anciens élèves de sa ‘classe’ étaient tous maîtres, à présent… ce qui expliquait le fait qu’elle n’avait absolument aucune idée de qui se tenait devant elle. Mais maintenant qu’elle n’était plus surprise par sa présence, la première chose à faire, c’était d’abord de sortir de l’eau glacée si elle ne voulait pas se transformer en glaçon. Ce qu’elle fit rapidement, grimaçant lorsque le vent colla sans pitié ses vêtements trempés contre sa peau, tout en répondant à l’intrus :

- Tu ne me déranges pas.

Elle enfila tant bien que mal chaussettes et chaussures en espérant se réchauffer un peu, éternuant un instant. Au moins il ne neigeait pas, et la neige qui les entourait n’était qu’une simple couche légère… Ses yeux suivirent le paysage à la recherche de bois sec, mais il n’y avait aucune source de chaleur à la ronde. Bon, elle était pratiquement certaine de tomber malade, mais tant pis ; elle resterait quelques heures devant les feux de la grande salle et serait de nouveau en pleine forme quelques jours plus tard. En attendant, elle pouvait grelotter autant qu’elle voulait, du feu n’allait pas apparaître de nulle part… Peut-être devrait-elle rentrer, mais elle n’en avait aucune envie. A la place, elle se tourna vers le jeune homme à qui elle devait toujours répondre, et qui n’avait visiblement pas envie d’être là… Pourquoi, elle ne le comprenait pas.

Des cheveux d’un noir profond qui n’arrivaient pas à dissimuler entièrement les oreilles gelées du jeune homme. Des yeux d’une couleur dure à décrire, peut-être gris, ou brun, ou vert, à moins que ce ne soit un mélange des trois. A peu près du même âge qu’elle, quoiqu’il avait l’air plus jeune, et visiblement pas un combattant, ou alors Valen aurait beaucoup de travail. Dessinateur, peut-être ? A moins qu’il ne soit un rêveur d’Eoliane, ce qui expliquerait un peu mieux le fait qu’elle ne l’avait jamais vu ? Ou alors un nouvel apprenti marchombre ? En tout cas, il semblait avoir encore plus froid qu’elle, malgré le fait qu’il n’était pas celui qui s’était retrouvé dans l’eau, ce qui fit apparaître un air amusé sur le visage d’Elera. Elle n’était pas encore certaine de ce qu’elle pensait de lui ; mais comme toujours lorsqu’elle était dans le doute, elle choisit la confiance sans tergiverser longtemps.


- J’ai juste vu quelque chose briller dans l’eau, alors je suis allée voir.

Grands yeux innocents et sourire heureux d’avoir trouvé ce qu’était l’éclat en question… Malheureusement pour elle, trois ans à l’Académie de Merwyn ne lui avait pas appris que sauter dans l’eau glacée en plein hiver avec aucun moyen de se réchauffer après, juste pour attraper un scintillement qui pourrait être ou ne pas être Telle est la questiooon quelque chose d’intéressant n’était pas très intelligent. Complètement inconsciente de la situation, la jeune fille continua sur sa lancée.

- Je suis Elera.

Elle ouvrit ensuite la main pour dévoiler l’objet trouvé, et la bague roula un instant pour se loger au creux de sa paume. Elle plaignait celui qui l’avait égarée. Il ne semblait pas qu’elle ait été perdue longtemps auparavant, puisque malgré les marques laissées par la boue qui formait le fond de la rivière, le courant n’avait réussi ni à la déloger du sol ni à ternir son éclat. Peut-être qu’elle pourrait la passer à un élève en lui demandant de demander à qui elle appartenait dans les dortoirs, en espérant que l’élève en question n’était pas déjà allé se faire rabroué par l’Intendant… A moins que celui qui lui faisait face était à lupus et pourrait le faire pour elle ? Malheureusement, ses mains étant bien cachées pour éviter la morsure du vent, Elera ne pouvait pas être sûre. L’écharpe pouvait être un indice, par contre.

- Tu es à Lupus ?

Elle essuya un peu la bague, espérant faire partir les marques de terre qui l’avaient salie sans y réussir entièrement. L’émeraude qui ornait l’anneau doré apparut pourtant plus clairement, ajoutant son reflet vert à celui jaune de la bague…

Einar Soham
Einar Soham

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MessageSujet: Re: De l'autre cote de la surface (RP terminé)   De l'autre cote de la surface (RP terminé) Icon_minitimeLun 11 Mai 2009 - 19:42

Comme l’inconnue sortait de l’eau, Einar eut l’occasion de l’observer plus en détail et de manière ouverte. Elle ne devait pas être beaucoup plus âgée que lui et pourtant, il semblait au jeune homme que tout les séparait. Etait-ce dû aux gestes assurés, gracieux et maitrisés qui animaient chacun de ses muscles ? Ou bien à son regard mature, qui semblait en avoir plus vu en une minute qu’Einar dans toute sa vie ? Si tous les élèves qui peuplaient cette Académie exprimaient ces impressions-là, il n’avait plus qu’à plier bagage et retourner essuyer des tables dans l’auberge de ses parents. Il tenta cependant de ne pas s’y attarder davantage et se concentra à nouveau sur un brin de laine brisée qui dépassait de son écharpe, les joues rosies plus encore de gêne que du froid. Elera, c’était un joli nom.. qu’il n’avait jamais entendu d’ailleurs, mais Gwendalavir était grand et il ne connaissait que les quelques rues qui partaient de sa maison.
Par un simple procédé d’élimination, Einar déduit que la fille ne pouvait être qu’une marchombre. Il n’avait pas un don du dessin extrêmement puissant ni même correct, mais rien dans les Spires n’indiquait une quelconque présence. Et si elle était combattante, elle ne serait pas bâtie aussi finement, si ? Enfin, ça viendrait au cours de la conversation, pas besoin de briser trop de neurones par accident…


- Moi c’est Bond, James Bond. Einar, Einar Soham. Pas très gratifiant comme nom, hein.. Tu n’as pas de nom de famille ? C’est un peu bizarre.

N’ayant même plus le courage d’être une amphore, voilà qu’il passait pour une cruche, quel comble. Enfin, il ne devait pas être le seul à être frapadingue, elle cherchait bien des pépites d’or dans la cascade d’une école, elle ! En tout cas, elle avait l’air de souffrir du froid, et son regard panoramique lui indiqua qu’elle cherchait sûrement quelque chose pour se réchauffer. Il pourrait peut-être… Non, la flemme. De toute manière…
Le cœur glaçon d’Einar rata un battement quand elle lui montra la cause de ses barbotements. C’était bien une bague qu’elle avait entre les doigts ? Peut-être que non, on voyait pas bien avec les résidus de limon, il valait mieux ne pas trop espérer. Que ferait son anneau au fond d’une cascade où il n’avait presque jamais mis les pieds, hein ?

- Ah, euh, oui, je suis à Lupus.. Mais tu dois pas en être, je me rappelle pas t’avoir déjà croisée dans la salle commune. Je dirais que tu es de Félixia ou de Lotra ; j’me trompe ?


Mais non, il ne rêvait pas, c’était bien une bague verte qu’elle avait entre les doigts.. C’était impossible. Elle devait sûrement appartenir à quelqu’un d’autre dans sa maison qui avait perdu sa bague aussi, ça ne pouvait pas être la sienne. Et puis même si c’était la sienne, il allait pas lui demander directement de la lui rendre, ce serait trop honteux devant une étrangère..
Ses muscles commençaient à le trahir et Einar grelottait doucement, les mains toujours réfugiées sous son écharpe ou dans ses poches, là où elles pouvaient gagner quelques degrés. Là, un dilemme se posa : Elera semblait grelotter plus fort que lui. Et malgré tout et son éducation qui laissait à désirer, il ne pouvait ignorer la demoiselle en détresse en face de lui. Prenant son courage et son écharpe à deux mains, il lui tendit l’étoffe verte, se mordant les joues contre la nouvelle attaque du froid qui se glissait maintenant dans les ouvertures de son col.

- Tiens, t’auras moins froid avec ça, elle est chaude et elle gratte pas.

Il espérait qu’elle arrêterait de trembler comme ça, ça le gênait et il détournait le regard ; ses vêtements gorgés d’eau étaient collés contre sa peau et ça le dérangeait, un peu.


- Tu sais faire du feu ? C’est pas trop ma tasse de thé les campements dans la nature..


Einar préféra cacher qu'il savait dessiner un peu, pour le moment. Etaler ses piètres talents n'était pas dans ses habitudes et puis, si la discussion tournait mal -paranoïa quand tu nous tiens-, ça lui laissait une chance infime, microscopique, misérable et bactérienne de s'en sortir sans trop de dégâts. Elle avait l'air puissante.

Elera
Elera

Marchombre
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MessageSujet: Re: De l'autre cote de la surface (RP terminé)   De l'autre cote de la surface (RP terminé) Icon_minitimeLun 11 Mai 2009 - 21:04

Elera se perdit un instant dans ses pensées, hésitante quant à la réponse à donner. Oui, elle avait un nom de famille, depuis peu. Mais elle avait choisi de ne pas l’utiliser. Elle avait retrouvé son passé, mais toute sa vie c’était par le nom d’Elera qu’elle s’était fait connaître. Elera tout court, Elera sans famille. Le nom que lui avaient donné ses parents ne voulait rien dire pour elle. Peut-être était-ce ainsi qu’elle était connue officiellement, mais c’était bien tout… Contrairement à sa sœur, elle n’avait pas voulu changer. Pas qu’elle refuse son passé ou cette nouvelle identité, mais plutôt qu’un simple son ne pourrait pas changer qui elle était vraiment, et qu’elle n’avait aucune raison d’embêter tout le monde en leur disant d’arrêter de l’appeler par le nom qu’ils avaient toujours utilisé. Elle n’avait pas envie non plus de devoir raconter son histoire à tous ceux qui la connaissaient, alors que c’était tellement plus simple de rester qui elle était pour tous. Et puis… la marchombre se nommait Elera. C’était ainsi qu’elle s’était présentée à l’Ahn-Ju… Et pourtant, là, l’explication risquait d’être plutôt longue si elle en restait à ca. Alors elle hocha les épaules. Aucune raison de dissimuler la vérité, non plus, et elle ne souhaitait pas laisser une incompréhension entre eux deux dès le début.

- J’ai un nom de famille, mais je ne l’utilise pas. J’ai grandi sans le connaître, alors quand j’ai appris le nom que m’avaient donné mes parents, j’ai décidé de garder l’ancien, puisque tout le monde me connait comme Elera… Mais sinon, c’est Lewena Calaenel.

Il était la première personne à qui elle se présentait ainsi, et les syllabes avaient une sonorité étrange sur ses lèvres. Aux mots suivants, Elera tendit la bague à Einar- pourquoi avait-il honte de son nom, d’ailleurs ? Elle ne voyait pas en quoi c’était un problème de ne pas être noble- et expliqua :

- Non, je ne suis pas à lupus. Est-ce que tu pourras demander dans ta salle commune si quelqu’un a perdu sa bague ? Sinon, Jehan la reprendra surement, tu pourras la lui rendre. Ou la garder au cas où.

Sourire. Avoir deux bagues n’était pas une mauvaise idée… Elera n’avait jamais perdu la sienne, mais elle s’était fait attrapée plusieurs fois sans, n’aimant pas la garder sur elle. Elle ‘l’oubliait’ dans les dortoirs pendant des jours entiers… Ou alors elle pouvait toujours prétexter que l’entraînement marchombre ne serait pas très clément pour le bijou, ca marchait aussi. Son sourire se transforma en rire lorsqu’elle entendit les deux possibilités mentionnées par Einar. Lotra ou Felixia… Evidemment, s’il savait qu’elle n’était pas à lupus et qu’elle n’était visiblement pas Corbac, vu qu’elle lui parlait sans problèmes, ce devait être l’un ou l’autre. Pourtant les deux maisons étaient sensées s’opposer… et personne n’avait jamais imaginé qu’elle puisse être dans la maison des félins et du feu. Lupus, oui parfois, mais Felixia, jamais…

- Ancienne élève de lotra, en fait. J’ai passé trois ans… um, et demi ici. Avec Ena Nel’ Atan…

Elle hésita un instant sur le temps, détournant le regard en repensant à sa petite fuite de six mois et de ses conséquences. Heureusement, la conversation changea rapidement de sujet. Lorsqu’il lui passa son écharpe, Elera resta un instant étonnée, ne s’y étant pas attendu du tout. Elle hésita un moment, puis le remercia d’un regard et se la mit autour du cou, espérant qu’il n’allait pas prendre froid à son tour… parce que pour elle c’était un peu trop tard. Mais il avait raison, elle était encore chaude et confortable… A sa question suivante, par contre, elle resta perplexe. S’il lui demandait comment faire du feu, c’est qu’il n’était pas Dessinateur ; elle savait que le feu était le Dessin le plus facile et le plus répandu en Gwendalavir. En même temps, n’étant pas noble, ce n’était pas très étonnant s’il n’avait pas le Don, puisque pour une raison inconnue, c’était souvent les familles nobles qui avaient les Dons les plus puissants. Par contre, s’il était à lupus, c’est qu’il n’était pas un rêveur, ceux-ci n’ayant pas de maisons… Et elle était absolument certaine qu’il n’était pas un guerrier. Marchombre ? Le doute s’incrusta en elle. Ena ne lui avait pas parlé de lui, pourtant. Est-ce qu’il était l’un des rares à suivre une voie différente, pour devenir forgeron, alchimiste ou fauconnier ? Elle ne l’avait jamais croisé à la forge non plus. Est-ce qu’il était vraiment qui il disait être ? Il n’avait même pas de bague, elle l’avait vu lorsqu’il lui avait passé son écharpe. Elle n’avait pas envie de douter de lui, surtout qu’il n’avait pas l’air méchant et qu’elle était sûre que tout pouvait s’expliquer d’une manière ou d’une autre, mais toutes ses contradictions étaient étranges. Alors une question. Pour le tester…

- Je peux faire du feu avec du bois sec, oui, mais avec la neige partout, non. Ce serait mieux si nous avions l’un des élèves de Sir Sakchar pour nous en Dessiner un… Mais nous n’avons qu’à marcher, ca nous réchauffera. Tu allais quelque part ?

Einar Soham
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MessageSujet: Re: De l'autre cote de la surface (RP terminé)   De l'autre cote de la surface (RP terminé) Icon_minitimeLun 11 Mai 2009 - 23:35

Cette fille l’intriguait de plus en plus. Même lui, que son nom attristait un peu parce que ça aurait sonné mieux avec la particule des nobles, n’aurait pas choisi de l’ignorer, d’ignorer ce qui faisait son passé et sa vraie identité. Comment pouvait-on ne pas accorder d’importance au nom de son sang ? D’un autre côté, comment pouvait-on survivre sans avoir connu ses parents ? Ceci renforçait encore plus l’aura de puissance et de maturité qui se dégageait d’Elera. Plus les minutes passaient, et plus il la trouvait fascinante, et dangereuse ; même avec toute la volonté du monde, il n’aurait sûrement jamais les capacités qu’elle avait développé dans sa vie d’autodidacte. Tant pis, on ne choisissait pas son enfance et Einar ne se plaignait pas plus que ça de la sienne. Le Lupus manqua de reculer une nouvelle fois quand elle lui tendit la bague boueuse – comme s’il refusait de reconnaître son identité à la maison émeraude. Mais au vu de son regard innocent, elle ne devait pas se douter que la bague était à lui, et il ne le souhaitait pas plus que ça. Ou peut-être plus tard, quand il aurait décidé s’il pouvait lui faire confiance… ou pas.

- Je.. je demanderai. Peut-être que quelqu’un saura, parce que pour ma part j’ai pas entendu de rumeurs sur une bague perdue. Et sinon.. Oui, on verra.

D’un geste malhabile, il prit l’anneau des doigts d’Elera, l’essuya d’un revers de sa cape et le fourra maladroitement dans une poche de ses pantalons. Il rendit son sourire à la jeune fille qui se tenait en face de lui, évitant soigneusement de croiser son regard. Quand il rentrerait dans le dortoir le soir venu, il pourrait toujours prétexter avoir retrouvé sa bague dans les recoins d’un vêtement froissé, ou dans les replis de ses draps, ce n’était pas les excuses qui manquaient dans le cas précis. La Lotra devait sûrement avoir remarqué qu’il ne portait à l’instant aucun anneau au doigt, mais s’était-elle trouvé une autre explication pour ce manque.. Espérons.
Fier d’avoir à peu près trouvé la maison à laquelle appartenait son interlocutrice, Einar esquissa un deuxième sourire un peu maladroit pour répondre au rire franc d’Elera. Ses soupçons se confirmèrent quand elle lui annonça la durée de son apprentissage, et sa nature. Ena Nel’Atan.. Alors elle était forcément marchombre. Et par conséquent, extrêmement redoutable en cas de combat singulier. Pourvu que ça n’arrive pas.
Doute. Gros doute ; il ne connaissait aucun Maître Sakchar à l’Académie, pourquoi lui posait-elle une colle pareille ? D’autant qu’il devait s’agir d’un Maître Dessinateur à ses propos.. Inquiet de la réponse à donner ou même simplement de sa connaissance des professeurs qui assuraient les cours auxquels il assistait, Einar se mordit l’intérieur des joues, et garda le silence sur cette allusion, le temps de trouver une réponse.. ou une autre question.


- Je cherchais.. Enfin, non, j’avais trop chaud dans la salle commune, ils mettent trop de bûches dans le feu, et j’avais envie de me dégourdir les jambes. Je n’avais jamais vraiment mis les pieds à la cascade avant, c’est… pour ça que je suis un peu nerveux.

Ca sonnait faux, mais tant pis. Une légère tension s’établissait petit à petit, mais il ferait son possible pour l’éluder dès que possible. Il lui engagea le pas dans les sentiers le long de la rive, après avoir rabattu les pans de sa cape pour se protéger du froid. Son nez prenait une étrange couleur violacée, et nul doute qu’avant la fin de la journée il ne pourrait plus parler.

- Je ne connais pas encore trop l’Académie je dois l’avouer.. Et je ne connais pas non plus de maître Sakchar, qui est-ce ? J’ai un peu de mal avec les noms, et je ne suis pas énormément de cours.. Mais s’il fait vraiment trop froid, on aura qu’à retourner entre les murs, non ? Le dessin c’est de la triche.

Elera
Elera

Marchombre
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MessageSujet: Re: De l'autre cote de la surface (RP terminé)   De l'autre cote de la surface (RP terminé) Icon_minitimeMar 12 Mai 2009 - 1:05

- Le mieux, c’est de voir la cascade vu d’en haut. Il y a un rocher en plein milieu, la cascade tombe juste devant et tu n’entends plus rien que le chant de l’eau…

D’ailleurs, ils se dirigeaient vers l’endroit en question, avançant doucement sur la pente douce qui suivait la rive et leur permettait de se retrouver en hauteur, au dessus de la cascade au lieu d’être en dessous. Elle ne savait pas s’il accepterait de la suivre là-bas, vu qu’il y avait toujours le danger de tomber et d’être emporté par le courant, mais elle en tout cas comptait bien s’y rendre. Elle était déjà trempée, et la cascade n’était pas si haute que ca ; un bon nageur pourrait s’en sortir indemne, tout comme un marchombre, et elle était les deux *modeste*. Elle ne comptait pas tomber, de toute façon… Elle s’accrocha à une racine pour se hisser un peu plus haut, puis se retourna à nouveau vers Einar, bien déterminée à le contredire sur son dernier point.

- Les Dessinateurs ne sont pas des tricheurs. Leur voie est belle, aussi, même si elle est différente de la nôtre… Pourquoi serait-ce tricher d’inventer ? Tout le monde invente, même ceux qui ne Dessinent pas. Ils ne sont pas vus comme des tricheurs. Quelle différence, que l’Académie ait été construite grâce aux Dessins éternels de Merwyn Ril’ Avalon ou grâce au travail de beaucoup d’hommes ? Le résultat est le même…

Elle pouvait comprendre que certains pensaient que les Dessins n’étaient que des illusions, mais elle ne pouvait pas être d’accord… Ils étaient utiles, que ce soit comme messagers, Sentinelles, artistes. Elle ne pouvait pas accéder aux Spires par elle-même, mais elle avait goûté à leur beauté grâce à Alatariel, et elle ne pouvait pas voir les Dessinateurs comme des tricheurs. Le Dessin était une arme au même titre que l’arc ou la dague ; peut-être que tout le monde ne naissait pas avec le Don, mais tout le monde ne naissait pas pour devenir un grand guerrier non plus. Et puis… Si la voie de l’imagination n’était pas la sienne, elle l’acceptait comme elle l’acceptait toutes les autres. Gwendalavir ne serait pas Gwendalavir sans les Dessinateurs, les Marchombres, les Combattants, les Mercenaires du Chaos et même les Marchands ou les Aubergistes.

C’est seulement après avoir marché un moment qu’elle commença à sentir le malaise créé par son mensonge. Einar avait remarqué l’anomalie de ce nom inventé, ses doutes étaient donc infondés… Elera s’en voulu immédiatement et bénit l’écharpe qui cachait son visage si facile à lire. Elle était incapable de mentir, elle le savait. Pourtant elle avait essayé, et maintenant, son visage devait parfaitement montrer son embarras… Il y avait tellement d’autres explications, après tout. Etre l’élève du fauconnier, avoir oublié sa bague ou l’avoir laissé en arrière comme elle le faisait, ou alors peut-être qu’il la gardait dans une poche ou autour de son cou comme certains préféraient le faire… Elle ne comprenait pas. Pourquoi est-ce qu’il la faisait douter ainsi ? Il ne semblait pas vraiment dangereux… Et puis, elle avait été l’amie de plusieurs Mercenaires du Chaos qui rêvaient de destruction, pourquoi quelqu’un qui disait être élève et dont l’histoire semblait légèrement problématique la rendrait méfiante ? Elle aurait dû réfléchir un peu, ou demander immédiatement. Pourtant, elle ne l’avait pas fait. Et elle ne comprenait pas pourquoi. C’était ca, plus que tout, qui glaçait son sang… Elle failli trébucher sur une pierre, occupée qu’elle l’était par sa culpabilité. Finalement, elle s’arrêta au beau milieu de la pente et se retourna vers lui.


- Maître Sakchar n’existe pas. Je suis vraiment, vraiment désolée. Je n’aurai pas dû, j’aurai dû demander immédiatement, mais je… j’ai eu un doute. Je n’étais pas sûre que tu sois vraiment un élève de l’Académie… Pourquoi est-ce que tu y restes, si tu ne suis aucun des enseignements ?

Elle soupira avant de se sentir soudain encore pire, au lieu d’être soulagée comme elle aurait pu s’y attendre ; il lui avait offert son écharpe, elle l’avait récompensé en essayant de le tromper. Et en attendant, lui visiblement supportait mal le froid… Elle retira l’écharpe et la lui rendit, se mordant les lèvres.

- Mieux vaut qu’un seul d’entre nous ne tombe malade…

Einar Soham
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MessageSujet: Re: De l'autre cote de la surface (RP terminé)   De l'autre cote de la surface (RP terminé) Icon_minitimeMar 12 Mai 2009 - 21:10

La boue rigidifiée en glaise galeuse se calait sous les bottes d’Einar, le faisait déraper, se casait dans les mailles du bas de ses pantalons pour les reteindre couleur boue. La neige qu’il écrasait de ses talons se transformait en de dangereuses plaques verglacées ; le crissement des flocons agonisants s’alliait au bruissement plus fort de la cascade, et la non-harmonie musicale qui s’en dégageait hérissait les nerfs du jeune homme, chef d’orchestre malgré lui. Le ronflement se gargarisait d’un jabot d’écume scintillante, et crachotait ses mille perles ralenties sur les habits des deux aventureux qui voulaient arriver à son sommet. La pente d’abord douce s’accentuait et les congères transformaient le sentier de plaisance en une pente raide, traître et difficile… Enfin, pour Einar. Elera semblait n’avoir aucun problème avec le sol et chacun de ses pas l’entrainait rapidement vers le sommet. Lui peinait un peu, dérapait et se rattrapait à ce qui se trouvait sous ses mains crispées de froid, et la vitesse de sa propre ascension s’en trouvait forcément ressentie. Mais il ne se targuait pas d’être un Marchombre accompli, lui.. Il profita du fait qu’Elera se tourne vers lui et reprenne la conversation pour reprendre son souffle ; l’air froid lui sciait les poumons et même s’il était bon sportif quand il s’agissait de courir dans les ruelles, cet exercice de souplesse ne le mettait pas à son avantage.
Les paroles de la Marchombre sur le Dessin l’étonnèrent. On aurait presque dit qu’elle en connaissait plus sur le Dessin qu’elle ne voulait l’admettre. C’était presque à se demander si elle n’avait pas elle-même le Don. Pourtant si c’avait été le cas, elle s’en serait servi auparavant pour faire du feu et éviter de se retrouver avec des doigts atteints de la gangrène.. Cette maladie était devenue rare en Gwendalavir grâce à une hygiène de vie améliorée, mais il arrivait encore qu’à cause d’une mauvaise plaie mal refermée un jour d’hiver, un quidam se retrouvait avec la paume noircie et les doigts morts. Einar que cette crainte faisait frissonner de la tête aux pieds, avait passé un moment étant petit, à toujours vérifier que ses ongles restaient blancs et roses. Aujourd’hui la peur irrationnelle était partie, mais on n’était jamais trop prudent. Aussi jeta-t-il un bref coup d’œil aux quatre paumes des environs, et fut soulagé de les constater bien trop rosies par le froid pour songer à noircir.


- J’ai toujours considéré que le dessin c’était de la triche. Mais.. Enfin c’est peut-être juste parce que de là où je viens, ceux qui possédaient un quelconque Don s’en servaient pour brimer les autres et devenir les chefs des gangs, tu vois. Enfin, pas tout le monde. Non, ceux qui ont le Don ne sont pas tous des costauds, finit-il en détournant le regard.

Occupé qu’il était de sa peau, il manqua de rentrer dans la Marchombre, qui s’était immobilisée après avoir manqué de trébucher. Si ça avait été le cas, ils auraient sûrement dégringolé jusque tout en bas, au vu de ses réflexes amenuisés par le temps hiémal. A la pensée de tout devoir regrimper, Einar du perdre quelques teintes entre le rose et le blanc…
La suite le laissa… baba, pour employer le jargon des rues. Il avait envisagé tous les scénarios, sa mémoire de passoire, le nombre de professeurs à l’académie, son arrivée encore toute fraîche, un enseignement différent… mais pas un mensonge. Pas tout de suite, en tout cas. Le fait qu’elle lui ait dit la vérité rapidement après le calma un peu, mais ce n’était pas de la colère qu’il ressentait, à vrai dire. Après tout, il lui mentait un peu aussi, quant à son Don du dessin. Mais il se sentait un peu gourde, sur le moment. Elle semblait vraiment avoir honte d’avoir voulu le piéger, mais quelque chose n’arrivait pas à arriver au cerveau surgelé du Lupus. Avait-elle vraiment songé qu’il pût faire partie de ces Mercenaires noirs, fourbes et retors, alors qu’il avait simplement perdu sa bague ? Peut-être qu’elle avait interprété sa maladresse comme une couverture, ou.. Nan, il n’arrivait pas à comprendre en quoi il pouvait ressembler à un méchant pas beau.

- Pour peu que mes paroles soient un tant soit peu dignes de confiance, je n’ai jamais voulu de mal à personne. Enfin si je suis un Mercenaire, je dirais ça aussi mais, j’suis sincère. Et puis, je ne suis pas aucun enseignement, je suis..


Il s’arrêta, profitant de récupérer l’écharpe d’un geste gauche pour détourner un instant le regard, et choisir ce qu’il allait répondre. Après tout, elle semblait assez digne de confiance maintenant même s’il ne la connaissait que depuis quelques minutes polaires, et elle lui avait bien avoué son mensonge, elle ! Mais il n’était pas aussi cœur pur, le pauvre Einar.. Admettre avoir faussé la vérité lui était peut-être pire que de la tordre en premier lieu. Faisant quelques pas pour justifier son silence, il préféra éviter de regarder en contrebas, dans la chute bouillonnante – et surtout, ne pas penser qu’il ne savait pas nager. Ne pas y penser.

- Je suis l’entrainement des combattants, même si je ne sais pas encore très bien me battre. Mais je tire très bien à l’arc ! C’est à peu près le seul truc qu’on pouvait se payer dans mon quartier, tu sais… Tu sais tirer à l’arc, toi ? Les marchombres sont généralement géniaux dans pas mal de lames…

Tant que le sujet ne dérivait pas trop longtemps sur sa vocation principale à l'Académie, il pourrait peut-être masquer son piètre don quelques temps encore... Mais sa nervosité devait déjà l'avoir trahi, il en était sûr.


Elera
Elera

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MessageSujet: Re: De l'autre cote de la surface (RP terminé)   De l'autre cote de la surface (RP terminé) Icon_minitimeMer 13 Mai 2009 - 0:52

La tension finit par quitter les épaules d’Elera qui tendit la main au lupus pour l’aider à passer un passage verglacé. Elle le croyait. Pourtant, elle ne put s’empêcher de s’étonner elle-même ; pourquoi avait-elle eu peur qu’il mente ? S’il l’avait fait, il avait ses raisons. Et puis… même s’il avait été un Mercenaire, cela ne la dérangeait pas. C’était plutôt le fait qu’il semblait essayer de cacher ce qu’il était qui l’avait fait douter, elle qui ne vivait que pour la compréhension et la sincérité… Mais il n’avait pas menti. N’est-ce pas ? Et maintenant qu’elle le regardait bien, qu’elle n’était plus concentrée sur son nez glacé et son corps frêle sous ses vêtements, elle pouvait discerner une force jeune et vive, pas encore affinée… Et puis, chacun avait son arme de prédilection. Après tout, Silind pouvait se battre à la hache et était incapable de tenir un arc sans le casser, Valen préférait de loin les sabres, elle privilégiait le bâton et abhorrait les armes de métal… Lui était archer avant tout, et elle ne doutait pas qu’il devait être doué en la matière. Chacun son arme de prédilection.

- On a tous nos points forts et nos points faibles, marchombre ou pas… Je sais bien tirer à l’arc, mais beaucoup sont plus doués que moi. Tu as déjà vu un Faël tirer ? Ils sont incroyables…

Une idée, alors. Vivace, légère, imprévue. Les arcs faëls étaient rares parmi les humains, et beaucoup plus précis, beaucoup plus puissants. Elle doutait qu’Einar en ait un en sa possession, mais s’il aimait le tir à l’arc, lui en offrir un lui ferait sûrement plaisir… et elle en avait un. Un arc qui, s’il avait une grande valeur non seulement en lui-même mais symboliquement aussi, étant un cadeau et la seule possession qu’elle avait ramené de son passé, n’était guère utilisé. Elle avait appris à se battre grâce à d’autres moyens, elle avait appris à gagner sans tuer, et c’était surtout pour ca qu’elle avait changé d’arme. Les flèches étaient mortelles, les coups de bâton pouvaient te rendre hors d’état de nuire sans mettre fin au combat si… brutalement. L’arme des Faëls était devenu un objet utilisé seulement en cas de nécessité, et elle le gardait surtout parce qu’il lui était si précieux, lui rappelant les longues journées d’été à tirer aux côtés des deux Faëls qui avaient pour mission de vérifier qu’elle et sa sœur allait bien, sans qu’elle ne le sache à l’époque… Pourtant elle se doutait que ses amis auraient voulu qu’il soit utilisé. C’était pour ca qu’il avait été taillé dans le tronc de leurs arbres centenaires. Einar l’utiliserait, lui, et elle pourrait se trouver un arc plus modeste en cas de besoin…

Mais qu’est-ce qu’elle racontait ? Elle ne le connaissait que depuis quelques minutes, et elle pensait à lui léguer l’un des objets qui lui était le plus important ? Elle n’avait jamais eu un seul instant d’hésitation pour offrir quelque chose à ceux qui l’entouraient, et elle se savait capable de partir sans son arc, ou sans sa bague de lotra, ou sans le bracelet offert par Silind, tous des objets à la signification bien plus grande que ce à quoi ils ressemblaient. Parce que même si elle perdait ces objets, les souvenirs qui y étaient raccrochés resteraient toujours avec elle… Mais offrir son arc à son maitre, d’accord. L’offrir à Sya, l’une de ses amies combattantes, d’accord. L’offrir à Marlyn, si elle l’avait pu, d’accord. Mais à un nouvel élève qu’elle ne connaissait pas ? C’était… étrange. Et pourtant, malgré les premiers doutes, elle était certaine qu’il s’en servirait bien. Elle le croyait, quand il disait qu’il n’avait jamais voulu de mal à personne… Il n’était pas le genre de personne qui mette mal à l’aise ; au contraire, il parlait sans arrêt et s’il semblait assez nerveux, cela n’avait rien d’anormal.


*...De toute façon, je n’ai pas mon arc avec moi.*

…Sauf que si. C’est vrai, elle ne l’avait pas avec elle, mais il était en bas, là où elle avait posé ses affaires. Elle avait décidé de ne pas les apporter puisqu’ils n’allaient pas marcher bien loin… Non, rectification, elle n’avait pas pensé à les apporter. Elle pouvait déjà voir le regard prudent de ses maîtres lui répétant qu’elle pouvait se faire attaquer n’importe où et qu’elle devait toujours être prête. Oui, mais non. Elle ne pouvait pas se faire attaquer n’importe où, et il n’y avait aucune raison pour que cela arrive… En attendant, l’arc était toujours en bas, et Elera toujours indécise. Finalement, elle plongea ses yeux dans ceux d’Einar.

- Je reviens.

Et elle le laissa planté là, dégringolant la pente sans plus garder le rythme plus lent de son compagnon. Lorsqu’elle arriva en bas après sa course contre le vent, elle resta figée devant ses affaires, reprenant son souffle, encore une fois arrêtée dans ses mouvements par des pensées contradictoires. Lentement, ses doigts se tendirent vers l’arc, effleurèrent le bois, s’arrêtèrent à l’endroit où il était redevenu un sous le toucher d’Anaïel, là où il avait un jour été brisé, même si cela ne pouvait plus être vu que par les yeux les plus exercés. Elle joua un instant avec la corde, observa les motifs taillés avec tellement de créativité par des maîtres faëls, puis se perdit dans ses souvenirs. Le bois était chaud sous ses paumes, seule source de chaleur dans le désert de glace qui l’entourait maintenant que la magnifique écharpe est partie Sad… Et le bois attendait sa décision. Comme s’il la connaissait déjà. Confiant. Elera se leva et remontât la pente pour la deuxième fois, reprenant place à côté d’Einar. Un dernier regard vers l’arme… puis le froid reprit l’emprise sur ses mains.

- Tiens.

C'est seulement lorsqu'il l'eut pris qu'elle continua:

- Il est à toi, si tu veux.

Einar Soham
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MessageSujet: Re: De l'autre cote de la surface (RP terminé)   De l'autre cote de la surface (RP terminé) Icon_minitimeLun 15 Juin 2009 - 23:35

L’ascension difficile, couplée à l’air glacé et meurtrier de l’hiver, compressaient les poumons d’Einar à tel point qu’il devenait difficile de reprendre une respiration convenable. L’oxygène sifflait entre ses deux, son rythme s’accélérait à tel point qu’il s’en étonnait. Bien sûr il n’était pas inquiétant de devoir chercher chaque atome d’air dans les glaçons environnants, mais tout de même, Einar se croyait plus endurant que ça. Les course poursuite avec quelque commerçant dans les rues enneigées d’Al- Poll ne remontaient pas à si loin que cela. Certes, la motivation d’emporter un précieux quartier de jambon comme butin avait de quoi faire pousser des ailes aux chevilles du jeune homme, ce qui n’était pas le cas aujourd’hui. Et puis il avait sûrement attrapé un rhume, à en juger par l’extrémité de son nez qui rougissait de minute en minute, en contraste parfait avec la peau de ses joues qui elles, prenaient la teinte de la neige environnante.
Arrivé à un plateau stable en fin d’ascension, où il n’avait plus besoin de l’aide des bras d’Eler, d’une racine proéminente ou de la glaise qui se calait sous les semelles de ses bottes, le Lupus put reprendre une respiration plus normale, son nez congestionné enfoui dans les replis de son écharpe pour le protéger de la morsure du froid, et par conséquent de ressembler plus tard à une rape à gruyère.


- Attends, tu fais qu..

Il n’eut pas le temps de finir sa phrase qu’Elera avait déjà redévalé une dizaine de mètres de pente enneigée, avec une telle aisance que les joues d’Einar prenaient une légère teinte rosée. Quand il repensait à la lenteur et la difficulté avec laquelle il s’était arraché à la gravité terrestre, le Lupus pensa que décidément, être Marchombre n’était pas dans son modus operandi. Enfin, il avait encore beaucoup à apprendre dans tous les domaines, et cela se voyait ; elle était à peine plus âgée que lui et pourtant, elle semblait polyvalente dans beaucoup d’arts. Il fallait prendre cette compétitivité comme une adresse à se remuer l’arrière-train. Il excellerait lui aussi dans un domaine, avec beaucoup de conviction et d’entrainement. Il ne serait certainement pas un excellent grimpeur au vu de ses performances du jour, mais s’il pouvait être un vrai Télémaque avant l’heure, ce serait déjà pas mal. Plissant ses yeux gelés par le froid ambiant, Einar commença à se demander ce que la Lotra trafiquait en bas. Non pas qu’il eût peur de l’altitude, ou de ne pas savoir redescendre. Non…

Le pire, c’était la cataracte. Cette bête énorme, cette inertie si puissante qu’elle ronflait comme un troupeau de bisons en pleine charge, cette beauté vicieuse et envoutante, cette mort déguisée et parée de mille perles, ces dents gréseuses dissimulées sous la mousseline écumeuse… Tant de dangers inéluctables, irréversibles, indomptables, irrémédiables, qui se dressaient à moins d’un mètre de terre précaire, suffisaient à changer la nature des frissons qui parcouraient les jambes du Lupus. Au moindre regard vers la dentelle moussante qui jaillissait en gros bouillons des roches polies, il sentait sa volonté vaciller. C’est pourquoi il concentrait son attention sur un brin d’herbe à l’écrin de glace, les traces de dérapage que ses bottes avaient scarifié dans le paysage, ou encore la silhouette bipède qui revenait vers lui, un arc à la main. Comptait-elle le transpercer de ses flèches ? Avait-il donc faux sur sa vraie identité ? Il était piégé avec une mercenaire qui voulait faire de lui une descente de lit, que diantre ! Et la seule issue possible, à savoir la descente glissante, était bloquée par la remontée rapide et parfaite de la Lotra – qui n’en était en fait pas une. Que faire ? La seule issue restait.. Non.
Pitié. Pas ça. Il ne devait donc pas avoir d’autre choix que de sauter dans le monstre à la gueule écumante, aux chances de survie proches du zéro absolues. Doux Merwyn Maria Jo’S’Eiff. Non, il ne pouvait s’y résoudre.. Sauter dans l’abime mousseux, sentir les gouttes une à une percer sa peau, la rocaille broyer ses os, éclater ses yeux, et être encore vivant, démantibulé, à l’arrivée, de manière à pouvoir admirer le regard narquois d’une Mercenaire du Chaos proche de sa proie morte… Brr. Peut-être pourrait-il arriver à s’accrocher aux écueils qui dépassaient de la paroi verticale ? Non, il serait un sitting duck pour les flèches meurtrières de la jeune fille, dont le seul souçi ne serait plus que de tremper le bois de son arc dans les embruns…
Ô rage, ô desespoir, ô jeunesse ennemie ! N’ai-je donc tant vécu que pour cette infamie ? Et ne suis-je blanchi dans les travaux guerriers que pour voir un jour flétrir tant de lauriers… ?


- Non, non, je.. Laisse-moi en vie.. marmonnait-il dans son écharpe, heureusement sans que l
e son ne dépassât les trois premiers centimètres après la dite-écharpe.


Les doigts crispés dans ses poches crevées, il attendait dignement que vienne le premier trait. Quelle ne fut pas sa surprise lorsque sur le visage d’Elera apparurent respect, amitié, bref aucun sentiment vil et fourbe qui devrait transparaître d’un mercenaire en manque de sang d’Einar frais… Son postérieur manqua de tomber dans le frais cresson bleu, lorsque l’avant-bras, suivi de la main –suivie de l’arc !!- se détendit en direction du jeune homme. Il ne comprenait pas.
Comme guidé par une conscience extérieure qui semblait avoir pris le relais sur les neurones disjonctés de l’ex-pâture de mercenaire, la main blanche et froide et grelottante du jeune homme se tendit vers les nervures du bois, en caressèrent les moindres détails.. Il n’y avait aucune imperfection dans le bois, et son seul regret était de ne point comprendre les runes grâvées tout le long de ce manche si pur, qu’il tremblait à l’idée même de l’avoir complètement en main.


- Je ne.. Enfin, que dois-je.. Tu n’es pas sé… Non..

Les mots restaient coincés dans sa gorge, il ne savait absolument pas quoi dire ni penser. Même l’idée qu’elle lui prête l’arc pour qu’il puisse tirer une ou deux fois avec lui semblait si impromptue et inconcevable, qu’il ne trouvait plus aucune raison moins valable de lui montrer cet arc. Il n’était même pas un archer expérimenté, même s’il savait lancer de bonnes flèches et qu’il aimait ça. Il ne méritait pas l’honneur de tenir un arc faël.. un arc faël, quoi. Il était si pur…

- Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah !!

Furent les dernières pensées et mots qui traversèrent l’esprit d’Einar, avant de sentir son corps sombrer sous le poids inneffable de la gravité, qui en cette heure avait choisi d’enlever de sous ses pieds la motte de terre qui lui servait de plancher. Le décor traça de grandes lignes verticales, tout devint flou et rapide, le temps d’une seconde, il sentir son buste plonger dans l’eau glacée et rugissante. Mais une peur plus terrible le tenait encore : son écharpe s’était coincée dans une pierre, masquée par la chute d’eau, et écrasait la gorge du Lupus de manière vicieuse, lente, et angoissante. Ses mains engourdies par le froid et trempées par la cataracte ripaient sur la glaise ou les racines qu’il tentait d’attraper, ses pieds se débattaient en l’air, inutiles et première danse d’une mort qu’il sentait arriver, à mesure que l’oxygène se faisait rare. Une lueur d’espoir trop lente apparaissait, quand il sentait les mailles de son écharpe se déchirer sous son poids.. pas assez vite. Il perdait quelques centimètres en même temps que quelques secondes de vie, le visage martelé par les tonnes d’eau qui lui arrivaient dessus, tranquilles et indéroutables. La bouche emplie de trombes d’eau, les yeux collées par la poids de l’onde, il ne pouvait appeler à l’aide, ni même chercher des yeux une prise quelconque. Au secours…

Elera
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MessageSujet: Re: De l'autre cote de la surface (RP terminé)   De l'autre cote de la surface (RP terminé) Icon_minitimeMar 16 Juin 2009 - 1:03

Elle allait lâcher l’arc, mais il lâcha avant elle. Un glissement de terrain, un peu de neige et de terre qui dévale la pente vers l’eau de la cascade… rien de bien important sur l’échelle du monde. Tout pour les deux élèves en cette longue seconde. Le cœur d’Elera rata un battement. Elle tendit les bras pour rattraper Einar… et le manqua. De quelques centimètres, mais d’une infinité de sa vision marchombre… Presque, ce n’était pas assez, ou c’était trop. Presque, ce n’était pas. Et elle avait voulu… mais trop tard pour les regrets, trop tard pour se plaindre de son manque de rapidité. Deuxième réflexe : attraper l’écharpe sur lequel il s’étouffait. Le pauvre arc faël tellement important se retrouva jeter à terre quelque part en arrière sans un seul regard. Heureusement, la neige empêcha sa chute d’être fatale et il ne fut pas du tout abimé, mais ca, Elera ne le savait pas encore. On voit tout de même l’importance que lui porte le narrateur, qui est prête à oublier Einar pour dédier un paragraphe à l’arme en question. Mais place aux personnages. Elera hésita à nouveau, pourtant. Si elle tirait sur l’écharpe pour l’empêcher de couler, n’allait-elle pas l’étouffer ? Le temps qu’elle décide que quelques secondes d’étouffement n’allait pas le tuer, les dernières mailles de l’écharpe sautèrent, laissant un bout de tissu vert sur la racine ou elle était accrochée, et Einar partit dans une longue mais rapide glissage vers l’eau.

*Noooooooon, la cascade !*

- Accroche-toi vite au rocher !

Le rocher. L’endroit où elle avait voulu aller quelques instants plutôt. Cet endroit protégé du reste du monde par le bruit de la cascade qui formait une bulle empêchant les autres bruits de les atteindre, protégé par la vapeur d’eau qui formait une nappe de brouillard autour du rocher, protégé par sa position en hauteur permettant d’observer les gens au loin sans être vu, protégé par l’eau qui l’entourait et empêchait le passage, sauf si l’on sautait. S’il réussissait à l’atteindre, il serait en sécurité et n’aurait pas à tomber dans la cascade… Bien sûr, celle-ci était petite et ne serait pas mortelle, juste froide, désagréable et source de peur, mais mieux valait éviter. Elera suivit par la terre, gardant le Lupus en vue. Là, il passait devant la pierre…

*Tends les mains ! Attrape-le !*

…Einar se laissa emporter par le courant, sa tête disparaissant souvent sous l’eau avant de remonter rapidement pour prendre une grande gorgée d’air. Ou d’eau, souvent, il passait plus de temps à cracher qu’à respirer… Ces bras bougeaient dans tous les sens, cherchant à le garder sur la surface de l’eau. Elera fronça les sourcils. Il y avait du courant, bien sûr, et elle était marchombre, d’accord, mais ce ne devrait pas être si difficile de garder la tête au dessus de la surface… et c’est là qu’elle comprit. Il ne savait pas nager. C’était pour ca qu’il regardait la rivière d’un air méfiant, pour ca qu’il bougeait bizarrement pour un nageur, pour ca qu’il n’arrivait pas à se diriger sur le courant. Deux solutions, alors… l’attendre en bas, ou essayer de l’atteindre avant qu’il n’arrive à la cascade. Est-ce qu’elle réussirait ? N’était-il pas trop loin ? Ne serait-il pas trop lourd pour qu’elle puisse ralentir leur course ? Pourrait-elle atteindre la rive, ou au moins attraper quelque chose ? N’allait-elle pas tomber ? Mais la dernière fois qu’elle s’était posée des questions avant d’agir, elle avait presque réussi… Elle ne voulait pas presque réussir une nouvelle fois. Et de toute façon, elle était déjà trempée.

Alors elle courut pour doubler Einar. Plongea. L’eau froide entoura de nouveau son corps, et tout sembla se ralentir. Il n’y avait pas les mêmes bruits, sous la surface. Pas le même air, pas la même vie. Tout était plus lent, comme si le temps n’arrivait pas à avancer ici, dans cette froidure tangible. Elera sentait son corps ralentir aussi, prenant le rythme de l’eau. Pourtant, elle finit par le briser. Elle devait aller plus vite, plus vite que la rivière. Etre vivante, être le fin poisson qui se glisse entre deux courants pour filer vers l’avant. Nager. Utilisant la force du courant pour se pousser en avant, refusant qu’il la trimballe comme une poupée, elle se dirigea vers la droite. Mais elle ne voyait rien… Elle essaya bien d’ouvrir les yeux sous l’eau, mais le courant soulevait la terre, rendant sa vision un simple écran ocre en mouvement. Ou était-il ? Remontant à la surface à plusieurs reprises, elle essaya comme elle le pouvait de trouver cette tête aux cheveux noirs lorsqu’elle voulait bien apparaître et de la rejoindre, ce qu’elle finit par faire. A temps ?


…Presque. Encore une fois, elle n’avait pas réagi assez tôt. Et même si elle avait agi, elle s’était posé les questions avant… Sa main se referma sur l’uniforme d’Einar qu’elle empoigna, puis elle essaya tant bien que mal de remonter vers la lumière, là-haut. Au moins, le lupus l’aidait en gesticulant, il était toujours conscient… *siffle* Lorsqu’ils crevèrent enfin, la surface, ils se maintinrent tant bien que mal au dessus de l’eau, accrochés l’un à l’autre. Bref instant de répit qui ne pouvait pas durer. Ils tombèrent. Elle était arrivée trop tard, la cascade… Ce fut un tourbillon d’eau avalée, de bruit sourd, de bras et de tissu trempé, de courant et de liquide, mais surtout de chute, toujours vers le bas, emportée sans pouvoir réagir. Seule, peut-être aurait-elle pu chevaucher le courant, suivre son cours pour finir en douceur. Avec Einar, c’était impossible. La fin fut donc une énorme pression d’eau qui les plaqua vers le fond et l’abime… Silence radio. Fin du post, on est tous morts. Vers le fond et l’abime. Les pieds d’Elera touchèrent le fond en question, et elle l’utilisa pour se propulser vers le haut… Elle ne pouvait plus respirer. Elle inspira instinctivement, remplissant son nez et sa bouche d’eau sale. Respirer, respirer, respirer, respirer… Air. Bonheur. Il lui fallut un moment pour se remettre de cette magnifique expérience, flottant au centre du bassin plus calme. Elle avait trouvé la bague quelque part par là, mais beaucoup plus proche de la rive, là où ce n’était pas profond…

- Einar ?

Sa main était toujours serrée excessivement sur le bras du jeune homme, qui se retrouverait sûrement avec un énorme bleu plus tard, mais elle avait eu peur de le lâcher. Lui aussi était toujours en train de se débattre, s’accrochant pour ne pas se mettre à couler. Soulagée, Elera commença à lentement se diriger vers la rive, ou ils se retrouvèrent bientôt tous les deux à quatre pattes. Finalement, ce fut elle qui brisa le silence entrecoupée de respirations haletantes.

- Um… Si tu as froid, je crois qu’il reste un tout petit bout d’écharpe sec là haut.

Et elle éclata de rire, comme la première fois qu’elle s’était retrouvée trempée dans la journée…

Einar Soham
Einar Soham

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MessageSujet: Re: De l'autre cote de la surface (RP terminé)   De l'autre cote de la surface (RP terminé) Icon_minitimeMar 16 Juin 2009 - 2:16

Deux morts, deux asphyxies similaires et différentes, l’une privative et l’autre invasive. Pas un choix entre ces deux morts, c’était deux morts en même temps qui lui emplissaient les poumons et les vidaient en même temps, remplissaient sa gorge d’eau pour la vider d’air, bleuissant son visage –mais était-ce de froid ou d’hypoxie ?-, meurtrissant chaque atome de son être qui réclamait de l’oxygène et ne recevait en échange que de l’eau, de la boue, et encore de l’eau. De l’eau partout. De l’eau dans les yeux, dans les narines, dans les poumons, de l’eau qui gorgeait les vêtements et les rendait aussi lourd que du plomb, qui donnait l’envie au cerveau de se déconnecter, un instant, juste le temps de couler. Un bruit omniprésent, cet énorme ronflement, celui de la mort qui ricane entre les rochers en attendant le corps noyé, un bruit qui écrasait les tempes d’Einar et éclatait ses tympans. Et l’écharpe, diabolique, qui l’amarrait à ce rocher le temps qu’il s’étouffe. Il ne voyait plus rien, n’entendait plus rien, ses bras et jambes s’agitaient de manière erratique ; parfois, sans qu’il sût comment, sa tête émergeait, dégoulinante d’eau, pour que l’illusion se crée d’un espoir, d’une bouffée d’air qui disparaissait sitôt l’écharpe lui ôtait de la gorge, d’un bain forcé. Il allait mourir dans l’eau, lui qui avait peur d’un broc d’eau fraîche…
Lorsque l’écharpe se rompit, tout disparut. Sa gorge subitement déployée put avaler une grande tasse d’eau, qu’Einar crachota comme il put lorsqu’il eut l’occasion, et ce fut la coulée. Le courant, extrêmement fort et puissant en cette partie supérieure de la cascade, l’entraîna vers le fond comme une enclume dans un lac.. Einar perdit le temps de quelques secondes toute notion de l’espace. Où était le haut ? Et le bas ? Comment distinguer le ronflement de la cascade des cris d’Elera, dont il ne comprit pas un mot ? Qu’est-ce qui venait de lui cogner la tête ? Où était-il ? De l’oxygène… juste un peu d’oxygène.. Un rocher énorme entra en collision avec le corps balloté d’Einar. Peut-être le rocher que montrait Elera du doigt ? Dans un geste désespéré, le Lupus tenta de s’y accrocher, mais il était déjà bien trop tard, une seconde plus tard et le torrent l’avait emmené à plus d’un mètre en aval de son dernier secours.
C’en était fait. Il allait mourir écrasé par des tonnes d’eau, comme un vulgaire moustique qui heurte un tram en pleine vitesse, spaf. Plus aucune aide ne viendrait, il allait sombrer dans la cataracte, son dernier souvenir serait de la boue qui lui emplissait les orbites, de l’eau qui lui hurlait dans les tympans et lui obstruait les poumons, et la meurtrissure du rocher, qu’il avait heurté quelques microsecondes plus tôt.
Oui, il pouvait déjà sentir l’étreinte de la mort appuyer sur sa gorge, le tissu de son linceul lui brûler la peau, alors qu’il s’étranglait dans son uniforme.. Et la main de la mort qui apparaissait sur son épaule, blafarde et translucide, empoignant fermement son col pour l’emmener vers les enfers.. Y’avait-il un enfer pour les noyés ? Déjà résigné, Einar attrapa quelques grammes d’oxygène une ultime fois, le torse déjà aspira par l’abîme. Les flammes de l’enfer étaient-elles déjà à son côté ? Les Erynies le poursuivaient déjà.. A moins que ce ne soit.. Serait-ce ? Elera, à qui appartenait la main sur son col et la chevelure trempée ? Elle tentait de le sauver..
Mais c’était trop tard. Le fracas s’abattit sur chaque centimètre du corps d’Einar, les tonnes d’eau n’épargnèrent aucune molécule de chair, l’écrasant et la gorgeant d’eau jusqu’à outrance. L’impact avec la surface résonna comme les cors de la défaite dans l’esprit noyé du Lupus, qui sentait les abîmes du fond et de la mort arriver dangereusement vite, maintenant qu’il était complètement sous l’eau. Il n’avait plus la force ni le courage de se débattre pour tenter une remontée ; et puis d’abord, savait-il seulement s’y prendre ? Comment bouger les pieds, et les mains, pour que ça marche ? Il n’aurait probablement jamais l’occasion de le savoir.

L’air extirpa l’eau tellement vite des poumons d’Einar que la première bouffée fut un supplice, plus crachotant qu’expirant, plus buvant la tasse qu’inspirant. La main d’Elera fermement appuyée sur son bras lui maintenait tout juste la tête hors de l’eau, et la fumée qui formait le cloaque de son cerveau se dissipa peu à peu. Ses yeux brûlants de boue virent un environnement flou, mais bien là. Une rive bien présente. Et qui se rapprochait, et ce n’était certainement pas dû à ses mouvements désordonnés pour ne pas ressombrer. La rive, la terre, vite, il lui fallait de la terre sous les ongles, quelque chose qui absorberait toute l’eau que son corps contenait, vite… La tête lui tournait fortement, il ne savait dire où se trouvaient ses jambes, il était congelé, tout son corps le brûlait de froid, il grelottait, il recrachait de l’eau par tous les orifices possibles et imaginables, il ne voyait que des tâches de couleur floues, il avait de la boue dans la bouche, il crachait encore des trombes d’eau..
Le froid devint insupportable. Il semblait à Einar que son corps perdait des degrés chaque seconde, que s’il ne trouvait pas de source de chaleur dans les quelques minutes qui suivaient, il allait mourir.. mais de froid. Les tremblements de ses membres s’accentuèrent. Pour tenter de vaincre ce froid traître, il se recroquevilla, allongé sur le sol, genoux sur la poitrine, yeux fermés et lèvres pincées. Et ce n’était absolument pas drôle ! Il avait manqué de se noyer, de mourir d’asphyxie, de mourir écrasé, démembré, noyé, congelé.. Et elle trouvait encore le moyen de rire !


- C’est… c’est pas drôle, finit-il par murmurer, entre deux claquements de dents et tremblements.

A l’heure présente, il était difficile d’évaluer si les tremblements qui le secouaient étaient dûs au froid qui lui mordait la chair, ou la peur qui lui glaçait le sang. Il n’allait pas se voiler la face, il avait eu terriblement peur sous l’eau. Ce qui était normal pour quelqu’un qui ne savait pas nager, dira tout praticien sérieux.

- Je… déteste l’eau. Je la déteste. Elle me fait peur. Elle a voulu me tuer. J’te jure. Elle me nargue. Elle veut ma peau ! Je la déteste.

Il s’était accoudé, livide, et mis en colère par l’hilarité grandissante de sa camarade. Il voyait encore flou, et ses yeux devaient être rougis par la boue. Il devait avoir bonne mine, crachotant, livide, hagard, pétrifié de terreur. Et elle trouvait encore le moyen de rire !

- Arrête de sourire, c’est pas drôle ! Si tu trouves ça marrant, fallait me laisser pendre là haut, comme un pantin sur un gibet, ça aurait marrant, le son du vent dans mon crâne vide, hein ! Je fais une très belle cible, pendu à ma cascade. Juste assez de vent pour être dur, mais pas assez pour que l’entrainement devienne une galère. Ah il est beau, le poisson Einar, incapable de reconnaître l’air de l’eau !

Sa colère était totalement irrationnelle, mais l’oxygène avait encore du mal à monter, la tête lui tournait encore violemment, et il faisait trop froid pour faire de l’humour. Quelques minutes s’écoulèrent où il resta sur les coudes, à ruminer sa mort, sa peur, et son nombril. Des larmes chaudes lui montèrent aux paupières, tracèrent de longs sillons de feu sur ses joues-glaçons, comme deux routes parallèles, deux morts qui ne se rejoignaient jamais et qui étaient similaires.

- J’ai froid…

Elera
Elera

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MessageSujet: Re: De l'autre cote de la surface (RP terminé)   De l'autre cote de la surface (RP terminé) Icon_minitimeMar 16 Juin 2009 - 3:43

Elera arrêta immédiatement de rire devant la réaction du lupus. Elle aimait l’eau. Elle savait qu’elle n’y mourrait pas, elle savait l’écouter, elle savait la suivre. Et même lorsque l’air lui manquait, elle savait qu’elle le retrouverait. Même lorsqu’elle était au plus profond, elle savait encore où se trouvait le haut et le bas. Parce que le courant allait toujours dans le même sens… Elle n’était pas à lotra pour rien. C’était du feu qu’elle avait peur. Etre bloquée dans un incendie, entourée de flammes prêtes à la dévorer… Si elle essayait de les traverser, elle serait brûlée, et si elle n’essayait pas, ce serait la fumée qui viendrait l’étouffer comme cette écharpe au goût âpre, faisant pleurer ses yeux rougeoyants. ‘’Tes cheveux, y sont comme le feu’’, lui avait un jour dit une petite fille alors qu’elle se promenait dans Al-Poll… Elle avait frissonné avant de lui répondre d’un piètre sourire. Mais non. Ses cheveux dansaient dans le courant du vent, mais ils ne brûlaient pas. Et si Einar se sentait comme elle se sentait devant le feu, sans même être en son cœur dévastateur, elle pouvait comprendre son égarement… Alors elle s’approcha à quatre pattes, et balaya la neige qui l’entourait. Elle aussi, elle avait froid. Mais ca n’avait aucune importance. Il suffisait de marcher quelques temps pour se retrouver bien au chaud dans l’Académie, maintenant… avant, avec sa sœur, elle se serait peut-être inquiétée de la chaleur. Mais non. L’Œil d’Otolep restait toujours à la même température, fraîche mais pas glacée, et les deux sœurs se retrouvaient avec la louve, se serrant les uns contre les autres pour garder la chaleur, si elles ne faisaient pas un feu ou s’abritaient contre le tronc des sapins… De toute facon, Elera aimait le froid. Il la rendait vivante, et n’avait que très rarement réussi à la geler intérieurement aussi… Il n’était qu’un signe extérieur. Un signe qu’elle acceptait, et qu’elle laissait être.

Mais ce n’était pas le cas d’Einar. Alors elle s’approcha à quatre pattes. Pas d’explications, pas besoin. Elle espérait bien qu’il savait qu’elle ne voulait pas sa mort, et encore moins l’utiliser comme cible d’entraînement, quelle idée effroyable… Elle n’aurait pas sauté dans l’eau pour aller l’aider, sinon. Quand à l’eau, tous les mots du monde ne pourraient pas atteindre les oreilles du jeune homme effrayé. Parce qu’aucun mot ne pouvait effacer une peur irrationnelle… Elle ne pouvait pas lui expliquer combien l’eau était belle. Elle ne pourrait pas expliquer la danse de son corps avec le courant, les merveilles des profondeurs alors qu’elle effleurait le sable, les vagues à l’infini qui formait une vision inoubliable. Elle ne pouvait pas lui raconter la caresse de l’eau, s’il la voyait comme un coup de poing invisible mais qui l’entourait de partout… Elle ne pourrait pas lui ouvrir ce monde. Il devrait le découvrir lui-même, s’il osait. En attendant, elle ne pouvait que diminuer le froid et la peur qui l’entourait. Alors elle s’approcha et se laissa aller contre lui, l’entourant de ses bras.

- On ne peut pas faire du feu, ici, alors quand tu es prêt, on peut commencer à marcher vers l’Académie, ca ira mieux.

Il était glacé, mais elle aussi, et peau contre peau, le froid hivernal ne les gelait pas davantage. Elle espérait qu’il ne prendrait pas mal le fait qu’elle se soit rapprochée, après l’insulte qu’il lui avait jetée à la figure, mais c’était plus la peur qu’autre chose qui l’avait fait parler, elle le savait. Mais c’était fini… Il n’était plus dans l’eau, il aurait bientôt moins froid. Elera aurait voulu qu’il arrête de grelotter, elle aurait voulu effacer cette mine égard de son visage. Il avait déjà l’air plus jeune qu’il ne l’était, mais à ce moment là, il ressemblait vraiment au petit enfant qu’il avait un jour dû être. Elle garda le silence un moment, écoutant les bruits de la cascade toute proche, n’y entendant aucun son qui puisse lui apporter de la crainte. Elle aimait ce fracas, cette force vivante, fluide et flexible à tout, qui pouvait changer de forme pour éviter les obstacles et ne pas les gêner, contrairement aux objets solides qui se cassaient les uns sur les autres ou le feu qui ne laissait aucun survivant sur son passage. C’est tout doucement qu’elle fit sa proposition, s’attendant déjà à un rejet, ce qui s’entendait parfaitement dans sa voix hésitante :

- Si tu veux, je t’apprendrai à nager. En été. Dans un endroit moins profond et pas dangereux. Comme ca, l’eau ne pourra plus jamais te faire de mal.

Elle resta tendue en attendant une réponse. Pas que cela soit important. S’il ne voulait pas, il pourrait toujours rester loin des lacs et des rivières toute sa vie… Ce n’était pas la vie d’Elera qui changerait. Mais en même temps, c’était comme un regret qui coulait quand elle l’imaginait ainsi… Elle ne pouvait pas imaginer de vivre en ayant peur de l’eau. En ayant la moindre phobie, en fait. Cela limiterait tellement son monde, lui interdirait tellement de chose… Le feu. Il faudrait qu’elle s’y habitue, un jour… Mais rien qu’avec des braises, avec Ena, elle n’avait pas réussi à les toucher sans se brûler, sans sentir cet aspect douloureux et dévastateur des flammes. Elle n’avait pas confiance aux feux de camp, même si elle pouvait en faire et qu’elle n’agissait pas bizarrement autour d’eux. Elle restait quand même sur ses gardes, ne souhaitant surtout pas que le petit feu ne devienne brasier des forêts… mais elle essayait, au moins. Elle l’observait, elle jouait avec, même si elle finissait toujours par reculer. Mais Einar n’était pas elle. Il n’avait pas besoin d’essayer, et ne choisirait peut-être pas de le faire… Il avait le temps, de toute façon.

- Mais tu n’es pas obligé, si tu ne veux pas. Je n’ai rien dit, ce n’est pas la peine.

Pourquoi dirait-il oui s’il avait peur ? Elle ne dirait jamais oui si on lui proposait de traverser un brasier. Enfin si, elle dirait oui. Si c’était Ena qui le lui demandait. Ou même Marlyn. Elle détesterait ca, mais elle le ferait, pour se prouver qu’elle en était capable. Que le feu ne la dominait pas. Mais comment savait-elle qu’il n’avait pas déjà essayé ? C’était peut-être le cas. Avait-elle réveillé de mauvais souvenirs, avec sa proposition ? Pour tout ce qu’elle en savait, il avait déjà failli mourir dans l’eau, ou avait vu quelqu’un se noyer… la peur pouvait être irrationnelle, mais elle aurait dû savoir, après ces années passées à l’Académie de Merwyn, que les humains qui y venaient avaient souvent un passé obscur d’une manière ou d’une autre, et des souvenirs peu envieux… Elle ne connaissait pas beaucoup de monde avec une enfance heureuse, ici. Sya avait Seena, Locktar avait vu son meilleur ami devenir son ennemi, Valen avait déjà essayé de se suicider, Ena ne savait pas où elle allait et avait une situation compliquée avec sa fille, Marlyn avait été… torturée, Arro devenait berserk avant d’apprendre à se contrôler ici… même Khelia, toujours joyeuse, avait perdue sa mère. Et pourtant, Elera n’avait jamais hésité à poser ses questions. Jamais hésité à demander, ne s’imaginant pas que son interlocuteur ne voudrait pas accepter la vérité. Même si on ne lui donnait pas toujours de réponses, ou qu’elles n’étaient pas toujours bonnes à entendre. Peu importait. Elle en avait besoin, si elle voulait comprendre.

- ...Pourquoi as-tu peur de l’eau ?

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MessageSujet: Re: De l'autre cote de la surface (RP terminé)   De l'autre cote de la surface (RP terminé) Icon_minitimeMar 16 Juin 2009 - 10:34

Qu’est-ce qui était pire ? Le ronflement mou et incessant de la cascade, ou l’égouttement régulier et lancinant des gouttes qui tombaient de ses vêtements, rythmant ses tympans meurtris de glas infidèles ? L’air commençait reprendre possession des territoires de ses poumons. C’était comme une microscopique et immense bataille médiévale dans son propre corps. L’eau sonnait la retraite à grand fracas de coups de sabot – dans son crâne- tandis que l’air victorieux tonnait des symphonies de victoire à même se bronches ; était-ce donc ça le sifflement rauque qui sortait de ses codes vocales quand il tentait de respirer ? Comme un poisson hors de l’eau, mais un poisson aquaphobe alors. Et la colère ne le quittait pas, la peur lui faisait imaginer beaucoup de complots. Un temps dans ses neurones non amphibies, il avait songé à la possibilité qu’Elera serait une sirène, vile et fourbe, qui aurait tenté de l’entraîner vers le fond de l’eau. Oui, elle devait être une de ces dryades, aguicheuses et honnêtes de premier abord, mais qui dévoilaient toute leur cruauté et machiavélisme dès que les premières gouttes touchaient leur peau.
Position fœtale sur un bourbier de terre battue, genoux tremblants dans boue glaciale… Mais au point y avait-il le sol, par les braies de Merwyn, un sol bien dur et bien… bien sous les pieds, quoi. Pas comme l’eau, où se trouver la tête en bas et dans toutes les directions était commun et bien trop répété. Que quelqu’un fasse du feu, par tous les tonnerres ! Ou bientôt il n’aurait plus le choix et devrait laisser tomber sa répugnance envers les Spires, afin de ne pas mourir congelé.

Une chaleur approchait. Doucement, il ne savait et ne voulait savoir de quelle origine. Même s’il se doutait que la cascade n’allait pas se mettre sur deux pieds pour lui apporter une tisane ou une couverture… Le sursaut d’inquiétude qui suivit le contact avec la dite chaleur pouvait s’expliquer par sa grosse frayeur encore toute proche de tout ce qui l’environnait, ou bien par la peur future qu’il allait peut-être choper une maladie grave, en étant ainsi exposé au froid. Toujours était-il que d’abord, il repoussa les bras qui tentaient de lui encadrer les épaules, dans un geste sporadique d’instinct de préservation animale. Il ne relèverait pas les yeux de la terre battue, il n’y avait pas besoin de quitter des yeux le plancher des siffleurs pour savoir que la jeune fille voulait son bien, et puis, il n’en voulait pas. Il était encore trop vexé de son rire et de son amusement de son malheur. Le regard détourné et la mine inquiète et non conciliante, il s’écarta comme il put, d’abord, de l’étreinte qui voulait le réchauffer. Il n’était pas encore tout à fait prêt à se réconcilier avec le monde des vivants après être passé aussi près de la mort, que diantre.


- Non, merci, je ne suis.. Je ne suis pas sûr d’avoir envie de mettre volontairement les pieds dans l’eau un jour.. C’est gentil de ta part. Peut-être dans très longtemps, mais pas maintenant. Non. Pas maintenant..

Le froid devenait moins ardent, moins mordant, et même s’il se faisait plus traître encore parce qu’il prenait les apparences d’un ami, il devenait supportable. Einar passa en position assise, les jambes repliées contre sa poitrine pour conserver la chaleur, le menton sur les genoux, les yeux dans le vague.

- Fait froid..

Une petite voix dans sa tête continuait d’insister, disant et sifflotant « tu sais faire du feeeu petit dessinateur, cachottier, dessine-toi une petite flamme, tu en meurs d’envie. » Bien évidemment, il était impossible d’asséner un coup de massue à une petite voix dans sa tête, mais il fallait se représenter cet acte barbare pour comprendre le tic énervé que montra le Lupus dans les secondes qui suivirent. La question suivante, il l’ignora. Il répondrait dans quelques temps, quand il aurait recouvré la vue. Mais pas avant. Pour l’instant, les arbres étaient encore de grandes silhouettes floues et menaçantes dans le lointain ; il distinguait Elera du rocher d’à côté parce que le rocher sus-dit n’avait pas une imposante crinière de couleur feu… ou alors les rochers ne sont plus ce qu’ils étaient.
Sans qu’il ne s’en fut rendu compte, la Lotra avait tout de même réussi l’exploit de passer les bras autour des épaules du jeune homme, extrêmement gêné de cette situation. Certes, la chaleur qui se dégageait de la peau d’Elera suffisait à sa survie immédiate, mais elle n’équivalait en rien la touffeur d’un bon feu de camp. Aussi pour le moment, cet échappatoire lui suffisait. Et puis il aimait bien la présence de la jeune fille à ses côtés. Même s’il était encore profondément vexé de son rire, mais ça, tout lecteur aura compris et se demandera quand Einar changera de ritournelle.
D’une voix lente et mouillée (bah quoi ?), le jeune homme hésita un peu, se demandant s’il était bien de raconter sa vie à une inconnue, même si celle-ci venait de lui sauver la vie. Einar dénoua l’écharpe gorgée d’eau qui lui était plus d’aucun secours désormais, détourna le regard un peu partout pour fuir les yeux iris perçants de la Lotra. Il ne savait pas quoi dire. Pourquoi avait-il peur de l’eau ? Fallait-il vraiment dire pourquoi ? Ou inventer une histoire officielle plausible à laquelle il finirait lui-même par croire ? Oh pis après tout..
Mais que diantre, une histoire ça se racontait au coin du feu, pas grelottant sur les rives d’une cascade fourbe.

- Y’a une raison toute bête. Je sais pas nager. Y’a des gens qui.. enfin qui sont faits pour aller dans l’eau, ou pour grimper sur tout ce qui est escaladable. Moi je suis une siffleur, j’ai besoin de sentir la terre ferme sous mes pieds. Et puis..
Tu sais, on a tenté de m’apprendre à nager. Un ami, autrefois. On devait même pas avoir huit étés. On jouait sur les rives d’un ruisseau dont j’ai oublié le nom. Je détestais déjà l’eau à l’époque, mais il m’avait presque convaincu de le suivre. Il avait dit qu’il m’apprendrait à nager. Un peu comme toi en fait. Mais.. Ce qu’il avait pas prévu, c’était les courants profonds du ruisseau. Et les sables. J’ai rien compris à ce qui nous est arrivé. On a fait trois pas dans l’eau claire, et deux secondes plus tard, on était quinze mètres en aval, dans un torrent où j’avais pas pied, à suffoquer. J’crois que j’ai eu la peur de ma vie, ce jour-là. Je sais pas trop ce qui s’est passé. J’avais du me cogner contre un écueil ou m’évanouir par manque d’air, j’me rappelle de rien..

Enfin, non, ce n’était pas exact. Pas tout à fait en tout cas. Mais rien que de revoir les images, le corps bleu et translucide, l’eau qui suintait de chaque maille des vêtements, le regard étonné qui le fixait, et les membres posés, presque poliment, sur la rive…

- C’est mes parents qui m’ont repêché. J’devais ressembler à une outre géante et gonflable, tellement j’étais presque mort. Et puis.. mon ami, lui, il s’est noyé. On l’a retrouvé que quelques jours plus tard, sur une berge voisine. Tout bleu. Et pas reconnaissable. C’était.. horrible.

La nausée lui venait rien que de resonger à la vase qui s’était accumulée entre les dents de son ami, à la boue qui avait séché dans le creux de ses narines, comme pour le fossiliser dans les victimes aqueuses, pour longtemps. Et c’était lui, celui qui ne savait pas nager, qui avait survécu. Einar se dégagea de l’étreinte d’Elera, perdu, les yeux cherchant n’importe quel point sur lequel se fixer pour ne pas croiser son regard. Et puis, une pensée traversa son esprit.

- Ton arc ! Il.. Tu ne l’as pas avec toi ? Il est où ? Oh non.. j’ai du l’emmener avec moi.. si ça se trouve, il est perdu et brisé maintenant. Dis-moi s’il te plait que tu sais où est ton arc.. Je suis si désolé..

Eperdu, il se releva précipitamment, chancela comme un vieux mannequin dont on aurait oublié de couper les ficelles, retomba sur les genoux, incapable de tenir debout, la tête sur le point d’exploser. Il voulait aller voir où était l’arc, il se refusait d’être celui qui avait perdu et brisé un arc faël à cause de sa peur de l’eau. Il se le refusait.

( En direct du lycée, en fraude o/ et avec encore plein d'heures de trou devant moi pour poster autrepart, j'espère.)

Elera
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MessageSujet: Re: De l'autre cote de la surface (RP terminé)   De l'autre cote de la surface (RP terminé) Icon_minitimeMar 16 Juin 2009 - 18:45

Elera le regarda refuser son offre comme elle s’y était attendue. C’était dommage, d’une certaine façon, mais elle le comprenait… Elle ne l’aurait jamais laissé couler, mais elle ne pouvait rien contre la peur. Surtout quand elle avait une explication aussi horrible… Elle ne souffla pas un mot alors qu’il racontait son histoire, écoutant simplement. Elle aurait voulu le serrer un peu plus, pouvoir au moins le réconforter puisqu’elle ne pouvait pas changer le passé… Mais il la repoussa et se leva avant qu’elle ne puisse faire un geste, et elle comprit le message. Elle voyait bien qu’Einar n’avait pas envie qu’elle lui réponde ; il regardait partout sauf vers elle, comme s’il cherchait à la fuir. Elle ne comptait pas le faire, de toute manière. Elle n’avait aucune envie de garder ses souvenirs vivants plus longtemps s’il voulait penser à autre chose. C’est en silence qu’elle envoya ses pensées vers l’ami inconnu, un simple signe de reconnaissance et une prière à la Dame. Un jour, peut-être, elle réussirait à effacer la peur d’Einar. Peut-être. Mais comme il l’avait dit, pas maintenant… et sur le coup, elle ne savait pas comment réagir. Elle avait passé plus de temps dans l’eau que sur la terre, pendant son enfance, et l’histoire d’Einar la glaçait plus que le vent qui aurait été doux si elle n’était pas trempée ; comme c’était le cas, il collait ses vêtements mouillés contre elle et c’était très désagréable, lorsqu’elle y repensait… mais ce n’était pas important. Les doigts d’Elera s’enfoncèrent dans la neige, traçant les lettres d’un air absent.

Forse douse et puisente a la foi
Couren goueur et dévastateur
Qui done la vi met ausi la mor

Elle ne prit même pas le temps de relire les mots avant de les effacer, supprimant cette trace d’humanité de la couverture blanche qui recouvrait le monde. Le mal, le bien. Pourquoi tout le monde souhaitait tellement les séparer, classer le monde dans ses deux colonnes, alors que pas une seule chose en Gwendalavir n’était que l’un des deux ? Alors que tout était un entremêlement impossible à démêler ? Personne ne pouvait vivre sans l’eau, mais ceux qui ne faisaient pas attention pouvaient aussi se noyer sous sa force incroyable. Ils avaient besoin du feu pour créer lumière et chaleur, mais le feu pouvait aussi se retourner contre eux et les dévorer en un instant de douleur. Et la neige, si belle, si douce, source de jeux et de joie, n’était-elle pas capable de geler celui qui restait trop longtemps dans le paysage qu’elle recouvrait ? Les hommes, eux aussi, faisaient le bien des uns et le mal des autres. Où était la limite ? Et pourquoi était-il si difficile d’accepter la part de destruction du monde, alors qu’elle était si nécessaire ?

Secouant la tête, Elera repoussa ses pensées malvenues pour une autre fois. Elle ne put s’empêcher de frissonner en se levant à son tour. Les mots du lupus la figèrent sur place immédiatement. Son arc… ? Perdu ? Quelque part au fond de l’eau ? Le seul objet qu’elle avait apporté avec elle en arrivant à l’Académie, la seule chose qui l’avait liée aux deux faëls qui lui avaient tout appris ? Brisé ? Hors d’atteinte ? Ce n’était pas possible, non… Elle le tenait, Einar le tenait… Qui l’avait pris après qu’il eut glissé ? Est-ce qu’il l’avait gardé, est-ce qu’il était tombé à l’eau avec ? Est-ce qu’il l’y avait lâché ? Ou était-ce elle qui l’avait laissé tomber en essayant de rattraper l’écharpe ? Ou les deux ? Elle ne se souvenait plus. Essayant de visualiser la scène, elle ne se souvenait plus que de leurs deux mains sur le manche, puis du fait qu’elle essayait de rattraper le lupus. D’une voix trempée étranglée, elle souffla :


- Mieux vaut que ce soit l’arc que toi…

Mais la vision de l’arme brisée qui coulait vers le fond lui serrait la gorge. Einar n’allait même pas pouvoir l’essayer. Et puis ne plus l’avoir, le savoir entre les mains d’un autre et d’un archer, d’accord, elle pouvait se l’imaginer paisiblement. Il devait être utilisé, et il n’était le ‘sien’ que parce que c’était elle qui l’utilisait pour le moment. Mais à moitié bloqué sous le sable, la corde cassée bougeant comme un serpent sur le courant, la mousse qui grandissait sur le magnifique bois pour cacher les runes et le rendre impossible à identifier… Non. C’est à moitié en courant qu’elle se dirigea vers la rive, cherchant désespérément un signe des yeux. Il ne pouvait pas avoir disparu… et il fallait pourtant qu’elle l’accepte. Ce n’était qu’un objet, qu’un objet, un simple objet, un simple morceau de bois avec un bout de corde, il n’avait pas si grande importance… Ca aurait pu être pire, comme elle l’avait dit à Einar… Mais penser que l’arc l’avait suivi pendant cinq ans déjà, que c’était avec celui là qu’elle se souvenait du passé et qu’elle s’était entraînée toutes ses années, qu’il était la première arme qu’elle avait su utilisée, qu’elle s’était battue contre les Raïs avec, qu’il avait survécu après avoir été brisé, le bois redevenant complet sous les doigts d’Anaïel… le bois. Mais oui ! Son arc était en bois ! La rousse se retourna vivement vers Einar :

- L’arc devrait flotter ! Il n’a pas pu couler, il est assez léger… Si on marche sur la rive, on pourrait peut-être le voir ! Au pire, il arrivera au lac, et s’il est cassé, Silind pourra toujours m’aider à le retoucher, il a des mains magiques. Tu viens ?

Une étincelle d’espoir qui donna la force à Elera d’avancer. Marchant peut-être un peu trop près de la rive pour rester en sécurité, elle cherchait des yeux un signe, n’importe lequel. Même si son arc n’était plus entier, si elle pouvait seulement en retrouver un morceau… Elle ne doutait pas que, sous les mains attentives du forgeron, il redeviendrait entier. Et même si elle ne retrouvait que des morceaux incomplets, même si elle ne pouvait plus jamais l’utiliser, au moins, elle aurait un souvenir et la preuve qu’il avait survécu à encore une épopée… Des ombres de rochers, des branches d’arbres flottantes, mais aucune n’ayant la courbe de l’arc n’était en vue. Elle balaya aussi du regard l’autre côté de la rive, au cas où l’arc se serait accrocher quelque part, mais s’il y était, elle ne le vit pas d’aussi loin. Et elle ne marcha certainement pas dessus… Ils descendirent longtemps sur la rive, l’enthousiasme remontant avant deux ou trois fausses alertes qui découragèrent Elera plus qu’autre chose. Pourtant elle ne perdait pas espoir, et continuait à avancer. Mais ils allaient beaucoup plus vite que la rivière, cela faisait longtemps qu’ils auraient dû trouver l’arc si celui-ci avait bien flotté comme elle l’espérait. Il fallait se mettre à l’évidence, pourtant. L’arc n’avait pas pu aller aussi loin devant eux, pas à la vitesse paresseuse du courant à cet endroit… Alors la cascade l’avait bel et bien emporté.

- Ce… Ce n’est pas grave. Autant remonter, ca ne sert à rien de rester ici, et il faut que j’aille chercher mes affaires…

Sa voix n’était plus qu’un sifflement rauque sur la fin, et elle trembla à nouveau. Elle n’avait pas imaginé les choses finissant ainsi ; elle avait voulu quitter l’arc sur un bon souvenir, en sachant qu’il plairait à quelqu’un d’autre qui le respecterait et l’utiliserait, mais à la place, il n’avait été que source de regrets alors que chacun pensait que c’était de sa faute… Mais ce n’était la faute de personne. Elle ne pouvait pas blâmer Einar pour avoir glissé, ni l’eau pour être ce qu’elle était, ni la neige pour être ce qu’elle était, ni elle-même pour avoir penser au lupus et avoir oublié l’arc. La situation avait voulu que les choses se finissent ainsi… Un arbre, puis un tailleur de rougeoyeur, puis un faël, puis un voyage, puis une amitié avait mené l’arc jusqu’à elle. Il était normal qu’il revienne finalement au monde à travers la rivière qui reprenait son droit. Elle l’acceptait. Enfin non, pas encore, pas sur le coup, mais elle l’accepterait. Il le faudrait bien… En attendant, si elle ne voulait pas qu’ils se transforment tous les deux en bonhommes de neige, mieux valait se mettre en marche. Pourtant, elle n’arrivait pas à bouger, les bras pendant de chaque côté de son corps, droite, le regard vrillé sur l’eau mouvante qui continuait son cours sans même se préoccuper des sentiments des deux humains debout à son bord…

[ Merciiiii /o/ Edition a volonte, of course Smile ]

Einar Soham
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MessageSujet: Re: De l'autre cote de la surface (RP terminé)   De l'autre cote de la surface (RP terminé) Icon_minitimeMer 17 Juin 2009 - 18:46

Pendant qu’ils longeaient la rive en scrutant chaque remous un peu suspect de l’eau et de la cataracte en amont, Einar se rongeait les sangs. Il ne parvenait pas non plus à se rappeler le contact du bois dans sa paume au moment de chuter, la vision de l’arme en train de couler avec lui, la vision de l’arme jetée par terre lorsqu’il était emporté par le courant, rien. Et c’était ça le pire. S’il se souvenait des craquements que faisait le bois qui se brise lorsqu’il reçoit des tonnes d’eau dans les nervures, il aurait la certitude que l’arc était cassé mais dans le coin. Or, là, tout était à supposer, à conjecturer. Il pouvait être n’importe où, sur une berge, dans le ventre d’un brochet, recouvert de vase, recouvert de neige, et dans un rayon de dix kilomètres autour de la chute, voire même plus avec le temps et la vitesse du courant. Ils ne le retrouveraient jamais, même s’il était hors de l’eau à l’heure qu’il était.

- Mieux vaut encore l’arc et moi, ou même rien du tout. Si j’étais pas tombé, t’aurais jamais perdu un tel arc. Et vu sa facture et sa provenance, il vaut au moins trois moi. Je t’assure.

Même s’il devait passer toute la nuit grelottant, les pieds dans la neige et les poumons envahis de microbes, il ne renoncerait pas. Il n’y avait que d’infimes chances qu’il soit tombé sur la berge et non dans l’eau, et il n’abandonnerait pas. Le sentiment de culpabilité qui rongeait Einar était presque aussi grand que la peur qui le tenait éloigné de plus d’un mètre des rives de la cascade – et pour cause. Il ne voulait pas dire ses craintes à voix haute, mais il faudrait beaucoup de temps au jeune Lupus pour se pardonner cette journée. Certes, la Lotra semblait avoir confiance en lui, mais il avait manqué de se noyer, il avait obligé la jeune fille à tremper ses vêtements pour le suivre, et maintenant, il était responsable de la perte d’un arc à la valeur inestimable.. Et cela faisait quelques jour seulement qu’il était à l’académie, joie. Peut-être qu’il pourrait lui racheter un arc, quand il aurait économisé suffisamment d’argent. Oui mais non.. Elle serait grand-mère avant qu’il ait pu amasser seulement le dixième de la somme nécessaire à la fabrication d’une arme aussi complexe et puissante… c’était sans issue.

- On ne le trouvera plus, en bas..


La voix rauque, qui dissimulait de la peine dans les mots d’Elera, furent dévastateurs dans le sentiment grandissant de culpabilité d’Einar. Elle ne le montrait pas et ne souhaitait peut-être même pas le ressentir, mais la perte de son arc affectait Elera plus qu’elle ne l’admettait à son interlocuteur. Le seul espoir qui restait au jeune homme était en haut, là où il était tombé quelques minutes plus tôt. L’arc y était peut-être encore, peut-être qu’Elera avait réussi à le rattraper sans s’en souvenir et l’avait laissé là, dans la neige avant de plonger ? Comment savoir avant de trouver ?
Cependant, un obstacle s’opposait fermement à l’ascension. Le froid. Et oui, encore et toujours, mais c’était difficile de passer outre. Einar virait lentement au bleu et ne séchait pas du tout, ses habits détrempés ne lui permettaient en rien de se protéger de la bise mordante de l’hiver, et ses doigts et pieds étaient tellement engourdis que saisir une racine pour entamer l’ascencion de la butte –comme tout à l’heure- relevait du domaine de l’impossible.

De dépit, Einar poussa un soupir et se laissa tomber sur le sol, les jambes croisées. Elera, de dos, continuait d’observer le courant ; il ne le voyait pas, mais il devinait le voile sur son regard, le deuil qu’elle faisait à son arme. Il aurait aimé savoir dire quelques paroles pour faire passer le malaise, mais les relations humaines n’étant pas son fort, il se tut. Il faudrait sûrement quelques minutes à Elera pour lui adresser de nouveau la parole, et il ne pouvait qu’accepter son silence. Après tout, il avait tout causé. S’il n’était pas si tête-en-lair, il n’aurait jamais perdu sa bague, il n’aurait jamais été à la cascade, n’aurait jamais perturbé la Lotra, ne serait jamais tombé et n’aurait jamais fait tomber l’arc. Il était le seul à blâmer dans cette affaire, et tout le monde le savait.
Autant occuper les quelques minutes de silence gênant où chacun ne voyait pas l’autre. Mais comment ? La petite voix dans sa tête lui criait toujours de faire du feu, mais la seule manière dont il disposait était de passer par les Spires. Et ça, c’était.. inconcevable. Il voulait depuis toujours se débarrasser de son Don, ou du moins le réduire tellement qu’il serait inutilisable ; faire du feu n’allait pas dans ses intérêts, même si cela équivalait à la mort par transformation en glaçon. Pourtant, c’était si tentant. Mais il ne fallait pas non plus qu’Elera sache qu’il avait le Don, même à un niveau plus que minime qui lui permettait de dessiner de petits objets, de la lumière, du feu et c’était presque tout. Enfin, il sentait déjà une douce chaleur émaner de ses vêtements, pourquoi dessiner du feu en plus ? …

Ses vêtements sentaient le roussi. Etrange. Einar baissa les yeux, et pâlit d’un coup. Par Merwyn, comment c’était apparu ?! Une flamme rondouillard sortait de la paume de sa main, et venait d’embraser nonchalamment le coin de sa cape pourtant détrempée. Il n’y comprenait plus rien. Il ne se rappelait pas avoir parcouru les spires, pourtant, c’était pas possible ! Et comment l’arrêter, surtout ? Il n’avait strictement aucune idée de comment faire taire une flamme spirienne…
Pour enrayer l’incendie qui menaçait de réduire sa cape en cendre, Einar recouvrit littéralement le coin du vêtement avec de la neige, qui en plus de mettre fin à la microdévastation de son manteau, réduisit la température du corps du Lupus d’encore quelques dizaines de degrés, au moins. C’était ça d’occupé. Mais comment arrêter la boule, non d’un Ts’liche ?! Et surtout, comment le cacher à Elera.. C’était impossible de dissimuler le Don du dessin quand on avait une boule de feu qui venait de nulle part dans la main, et qui ne brûlait aucune chair. La recouvrir de neige n’eut aucun effet. Il faudrait trouver une autre solution et vite, avant que l’odeur des flammes ne parvienne à la jeune fille, si c’était déjà fait. Son plus grand danger était qu’elle se retourne, ce qui ne devait surtout pas arriver..

- Dis, tu pourrais peut-être aller voir en haut, si ton arc y est, non ? Enfin là où je suis tombé, il est peut-être encore dans la neige ? Par contre faudra que tu y grimpes toute seule, je suis trop faible pour entamer une quelconque montaaaaAAAARGH !!

Ca, c’était l’AUTRE bout de sa cape qui venait de prendre feu.

Elera
Elera

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MessageSujet: Re: De l'autre cote de la surface (RP terminé)   De l'autre cote de la surface (RP terminé) Icon_minitimeMer 17 Juin 2009 - 21:28

- Il faut bien que les choses finissent un jour, et que d’autres commencent. Je préfère avoir perdu un arc et t’avoir rencontré plutôt que d’avoir une vie qui ne change jamais…

C’était vrai. Le changement n’était pas toujours facile à accepter, et il n’était pas toujours pour le mieux, mais elle préférait en avoir plutôt que d’avoir toujours la même vie monotone. Elle n’avait pas voulu perdre son arc, en effet mais à présent, elle pourrait dire à qui le demandait qu’elle était tombée dans une cascade en plein hiver et avait survécu. Peut-être qu’Einar s’en serait bien passé, peut-être que cela n’avait pas été agréable, au contraire, mais au moins, elle savait comment c’était… Il y avait tellement d’autres choses qu’elle voulait essayer. Ressentir. Vivre. Pour pouvoir se souvenir, et rire de toutes les folies qu’elle avait commises. Mais si seulement elle pouvait avoir le renouveau ET garder son arc… C’était peut-être trop en demander.

Ou pas. Une nouvelle étincelle d’espoir dans son cœur lorsqu’Einar proposa de vérifier s’il était toujours en haut, là où il était tombé, et où l’arc aurait pu s’accrocher. Elle comprenait qu’il ne veuille pas aller avec elle, pas après ce qui était arrivé, et ne porta pas beaucoup d’importance à son excuse… jusqu’à ce qu’elle finisse en un cri étranglé. Elle se retourna d’un coup, ne sachant pas à quoi s’attendre… du feu. Il avait dessiné du feu. Et celui-ci était en train de brûler sa cape… Elera courut vers lui, l’aidant à éteindre le vêtement avec de la neige, mais le pauvre habit était déjà noirci. Jehan allait encore se plaindre qu’il n’achetait pas les uniformes pour jouer à les brûler, et qu’il n’avait pas des poches sans fonds, alors ils devaient faire plus attention… Mais pour le moment, Elera n’avait que faire de l’Intendant. Du feu ! Ils n’allaient plus avoir froid ! Ne sachant pas combien de temps le Dessin tiendrait, elle balaya du pied la neige sur le sol, puis prit l’écharpe d’Einar, qui devint bientôt une torche vivante. Elle espérait que le lupus ne lui en voudrait pas de la perte de son écharpe, mais elle n’avait pas le temps d’aller chercher du bois et vu les souvenirs qui y étaient accrochés, elle doutait qu’il souhaite la garder… Il avait failli mourir étouffe avec, quand même. Certaine maintenant qu’ils allaient pouvoir garder les flammes, elle leva les yeux vers Einar.


- J’ai entendu dire que le Don se dévoilait souvent dans des circonstances extrêmes… On dirait bien que le froid a dévoilé le tien. Tu sais comment l’arrêter ?

Il devait être complètement perdu, surtout s’il détestait le Dessin comme il l’avait dit plus tôt… Mais il apprendrait, et il verrait rapidement qu’il n’avait pas à être utilisé pour tricher. Il pouvait être utilisé pour tellement plus, et avait tellement de possibilités… Elle avait de la chance de voir son premier Dessin, et de voir le Dessin en question les aider autant ; elle s’était rapprochée du feu, sa chaleur commençant déjà à se faire sentir. Ses doigts ne resteraient pas gelés longtemps, et avec un peu de chance, il suffirait à les sécher un peu… Mais Einar n’avait visiblement aucune idée comment arrêter la boule, et sa manche prit feu à son tour. Elera grimaça. S’il voulait finir avec un seul morceau de son uniforme intact, il n’y avait pas le choix. Elle jeta un regard en biais vers l’eau à quelques mètres. Il allait la détester. Tant pis, mieux valait une peur de quelques instants que la fureur de Jehan, et ce ne serait que quelques gouttes, il n’allait pas être en grand danger… C’est ce qu’elle se disait, en tout cas, mais le fait qu’elle voyait le feu se propager, même en sachant qu’il ne le brûlait pas, devait aussi y être pour quelque chose… S’approchant de la rivière pendant qu’Einar était occupé à essayer d’éteindre sa manche, elle se pencha pour remplir ses mains d’eau, puis avança lentement vers Einar, essayant de ne pas perdre trop d’eau. Lorsqu’il leva les yeux vers elle, elle était trop près pour qu’il puisse l’arrêter. Elle déversa le contenu sur sa main sur la flamme.

Ce qui n’eut absolument aucun effet. C’était bien malin, maintenant Einar allait la détester et en plus le Dessin était impossible à faire disparaître ! Et pour ajouter la racine de niam sur le gateau, elle avait de nouveau les mains glacées. Elle hésita un instant sur la marche à suivre à présent, mais heureusement n’eut pas à attendre longtemps : la flamme disparut soudainement sans raison apparente. Evidemment… Les Dessins finissaient toujours par disparaître. Enfin, presque toujours. Certaine à présent qu’il n’y aurait pas de problème, et ne souhaitant pas vraiment rester avec Einar pour le moment, Elera recula d’un pas, les yeux virés sur ses pieds.


- Euh, je vais voir, pour l’arc.

Sans plus attendre, elle s’éclipsa en longeant la rive, puis remonta la pente sans un regard en arrière. Peut-être devrait-elle simplement partir. Il penserait qu’elle n’avait rien trouvé et qu’elle n’avait pas eu envie d’en parler, alors qu’elle était rentrée, ou alors il ne penserait rien du tout et n’aurait que faire de son départ, cela n’avait aucune importance. Elle n’avait pas vraiment besoin de redescendre… Bon, d’accord, il y avait le feu, mais elle pouvait survivre sans. Perdue dans ses pensées, elle ne vit d’abord pas l’arc, malgré le fait que son regard passa deux fois sur l’arme qui était bien visible sur la neige, formant une marque enfoncée là où il était tombé. La troisième fois, Elera sursauta en reconnaissant la forme, et sentit la vague d’excitation monter en elle alors qu’un sourire se posait sur son visage. Il était là ! Il était en un seul morceau, en plus ! Ses doigts caressèrent le manche, suivirent les runes et pincèrent la corde. Elle n’y croyait pas. Einar allait être tellement content de voir que ni lui ni l’arc n’avaient coulé, et que ce n’était pas de sa faute ! Tenant l’arc d’une main, elle dévala la pente en oubliant de suite ses pensées précédentes, arrivant en courant vers la silhouette et le feu qui brûlait.

- Einar, je l’ai retrouvé ! Il était tombé dans la neige, il n’est même pas cassé ! C’est pour ca qu’il n’était pas dans l’eau, il était en sécurité sur le côté depuis le début, on a dû le jeter en arrière avant que tu ne glisses, c’est…

Elle se tut brutalement, se souvenant enfin de la raison de son départ. Tentative d’échappatoire.

- …Tu veux l’essayer ?

Einar Soham
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MessageSujet: Re: De l'autre cote de la surface (RP terminé)   De l'autre cote de la surface (RP terminé) Icon_minitimeLun 22 Juin 2009 - 2:08

L’odeur de roussi qui se répandait sous ses narines donna l’impression à Einar d’être un fêtu de paille balloté par les feux de l’enfer. Et puis maintenant, Elera était au courant qu’il avait générer des flammes sans l’aide de la moindre étoupe ; allait-elle lui en vouloir de lui avoir caché son Don du dessin ? Il n’espérait pas. Enfin, pour l’instant il avait des soucis plus pressés, comme éteindre le tissu en pleine consomption. Avec l’aide de la Lotra, ils parvinrent à noyer les flammèches sous une tonne de neige –froooooideuh ! Mais avant qu’il ait pu ouvrir la bouche, ou commencer à frissonner de plus belle, la fille manqua de l’étrangler en tirant violemment sur son écharpe.
… Hé ! Mon écharpe ! Non mais ça va pas la tête de s’en servir pour allumer du feu ! Sa belle écharpe d’un vert émeraude à laquelle il tenait comme à la prunelle de ses yeux ? Non seulement elle le laissait avec une boule de flammes dans la main, mais en plus elle avait l’outrecuidance de lui arracher son étole pour en faire un brasier.. Elle était folle. Ou alors il n’arrivait pas à discerner ses intentions. En plus, elle n’avait pas l’air de se soucier d’un quelconque incendie pouvant à nouveau survenir dans le creux de sa paume. Non, au lieu de ça, elle papotait d’un ton badin. Einar comprenait de moins en moins Elera. Ou il en fallait beaucoup pour l’impressionner et elle s’amusait de le voir se démener avec sa boule de feu, ou alors la gravité de cette boule était un peu exagérée par le jeune Lupus. Machinalement, il grogna :


- Non tu te trompes, c’est pas mon premieearrrgh !

Oui car à nouveau, un élément de tissu venait de prendre feu, j’ai nommé la manche. La situation allait vite devenir critique, il n’allait pas s’en sortir vivant avec une sphère infernale de la sorte ! Comme il put, Einar tenta d’étouffer les flammes avec son autre main, sans se soucier des menues brûlures qui pourraient venir plus tard. Il fallait arrêter l’incendie, fichtre diable, ou il n’avait plus qu’à changer de nom et se nommer Guy Fawkes…

- Mais fais quelque ch… Elera ?

Où était passé la jeune fille ? Elle n’était plus près du feu en train de se réchauffer les mains, et elle n’était plus dans les alentours. Et comme évidemment elle était marchombre, elle ne laissait aucune empreinte de pas dans la neige qui pouvait indiquer une hypothétique destination. Oh tant pis. Et de plus belle, Einar se démena pour rester en vie, jetant de la neige sur son bras ou étouffant la manche de son autre main. Mais rien n’y f… IRK !! De l’eau, oh my god, l’autre venait de lui balancer de l’eau sur tout le bras, il n’avait pas rêvé. Le cœur d’Einar redémarra lentement, encore sous le choc de cette noyade manuelle, tandis que le jeune homme fusillait la Lotra du regard. Et en plus, sa petite idée de génie n’avait pas marché, il était toujours en train de se consumer lentement, comme une bougie à la mèche trop longue…
Alors qu’il songeait à la possibilité d’enterrer sa main sous une tonne de neige, de terre et de toute autre matière qui pouvait arrêter des flammes, l’instrument de misère disparut d’un coup, sans bruit, sans fanfare.. juste disparut.

La peur bleue d’Einar laissa place à une incrédulité la plus totale. Complètement ahuri et encore blanc de ses frayeurs, le Lupus contempla sa main rougie, sans que trace de brûlure n’apparaisse là où le Dessin se tenait. S’il avait un jour écouté ce que lui disaient ses parents sur le don du dessin, il saurait qu’un objet issu de l’imagination ne reste qu’un temps dans le Monde réel, mais comme il avait toujours refusé d’entendre parler du dessin.. En tout cas, ce n’était pas cette expérience qui allait le décider à se remettre à l’Imagination !
Avant qu’il n’ait pu ouvrir la bouche pour passer un savon à la Lotra qui avait osé le détremper, celle-ci avait tourné les talons, prétextant d’aller voir si son arc se trouvait toujours en haut de l’éminence. Qu’elle y aille donc, ça lui fera des vacances ! Tremblant et sous le coup des divers accidents qui lui tombaient dessus en cascade, Einar se leva, et alla clopin-clopant chercher de quoi entretenir le bois pour le feu, pour se changer les idées. Alors qu’il ramassait les brindilles qui parsemaient le sol sous la neige, il resongeait à toutes les décisions qu’avait prises Elera tout au long de ses mésaventures. Il lui en voulait encore terriblement, mais était-ce justifié ? Peut-être avait-elle juste voulu l’aider ? Il l’avait repoussé quand elle tentait de le réconforter, il l’avait enguirlandée quand elle voulait détendre l’atmosphère.. Oui, mais, et l’écharpe ? Quoique, elle n’avait pas foncièrement eu tort non plus sur ce point-là. Il était sur le point de mourir de froid, et il ne pouvait se mentir, il n’aimait pas vraiment son écharpe, sur le moment. M’enfin. Il s’excuserait quand elle redescendait… Si elle redescendait..

Les traits du visage du jeune homme s’affaissèrent et se muèrent-en de la tristesse. Elle n’aurait sûrement pas envie de revenir après tout ce qu’il avait houspillé et râlé. Il avait vraiment très mal agi avec elle et s’en mordait à présent l’intérieur des joues. S’il la recroisait un jour, il s’excuserait platement et avec humilité. En attendant, tout seul, Einar alla raviver le feu, qui forma bientôt de belles flammes ronflantes, et s’assit à proximité, réchauffant ses membres congelés. Alors qu’il ruminait ses sombres pensées en lançant des caillous dans l’âtre des flammes, un cri perçant vint lui sonner les neurones. Un cri de joie. Etait-ce.. Elera ? Elle avait retrouvé son arc ? Un sourire triste s’afficha à la commissure des lèvres du jeune homme – au moins, elle ne lui en voudrait pas pour ça.

Maintenant qu’ils étaient de nouveau face à face, il se sentit extrêmement gêné. Fallait-il prendre la parole et prononcer des excuses, ou changer de su.. ah, elle s’en chargeait.


- Oui je.. je veux bien.

Cette phrase sonnait faux, bon sang. Pour s’occuper les mains et masquer sa honte, il prit l’arc dans sa main droite, étant gaucher comme tous les personnages marlyniens, sinon c’est pas des personnages marlyniens, et effleura la corde des doigts de son autre main. Il était vraiment parfait, cet arc.. Il vous hurlait sa force à travers les fibres du bois, et dégageait une chaleur presque incroyable tant elle était psychologique. Etait-ce possible qu’un quelconque pouvoir magique l’accompagnât ? Non, la magie n’existait pas. Il fallait se raisonner. Debout sur ses guiboles humides, Einar plaça la corde contre la joue, comme une douce caresse qui lui frôlait la peau, et tendit l’arme, comme s’il s’apprêtait à tirer une flèche invisible. Il pouvait sentir le murmure du vent dans les gravures, l’arc semblait vouloir obéir à chacun de ses ordres.. C’était magique. Il en avait oublié tous ses malheurs, et un sourire franc s’afficha sur son visage, comme il déplia les doigts, laissant la corde claquer dans une musique envoûtante. Il aimait cet arc, diantre ! Mais.. Son sourire s’effaça lentement, le bord de ses lèvres redescendit cependant que ses yeux se ternirent. Il avait vraiment l’air d’être un profiteur, qui s’intéressait à l’arc plus qu’à la fille qui lui avait sauvé la vie.


- Dis.. J’suis désolé pour tout à l’heure. Je n’aurais pas dû te crier dessus, tu as fait les bons choix tout du long alors que je n’ai fait que m’agiter inutilement.. Et puis, tu m’as sauvé la vie, et je ne t’ai pas remercié pour ça. Non, je n’ai fait que te crier dessus et être en colère.. Excuse-moi.

Ahem. Bon, ça c’était fait. Il n’arrivait pas à soutenir le regard violet d’Elera tandis qu’il s’excusait.. et surtout en repensant à ce qu’il allait dire après. Pour se donner une contenance, il caressa l’arc de gestes imprécis, et le tendit de nouveau, pensant que la musique du bois allait le calmer. Mais Einar n’arrivait pas à enlever de sa tête la boule de feu qui était apparue dans sa main quelques instants plus tôt, et la remarque d’Elera. Elle pensait avoir assisté à son premier dessin, mais ce n’était pas vrai. Il avait déjà dessiné avant, bien entendu, seulement il le cachait et faisait tout pour ignorer ce fait.

- Et puis.. je t’ai menti. La boule de feu là, tout à l’heure, c’était pas mon premier dessin. Je sais depuis très longtemps que j’ai le Don, même si c’est un Don embryonnaire.. Désolé de t’avoir causé une fausse joie, je ne suis qu’un vil menteur..

Viite, changer de sujet, avant de tourner plus pivoine que jamais.. Même si c’était déjà trop tard, m’enfin chut. Avisant par terre les affaires d’Elera, il se demanda si..

- Est-ce que je pourrais t’emprunter une de tes flèches ? J’essayerais de pas la casser. Je te parie cinq centimes ce que tu veux que je parviens à le planter dans le tronc mort, sur l’autre rive, tu le vois ? En fait, commence, j’aimerais voir comment tu tires…

Elera
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MessageSujet: Re: De l'autre cote de la surface (RP terminé)   De l'autre cote de la surface (RP terminé) Icon_minitimeLun 22 Juin 2009 - 3:41

Il avait l’air tellement heureux, avec cet arc dans la main. Pour la première fois depuis leur rencontre, Elera vit un sourire éclairer son visage… Son reflet apparut sur celui de la marchombre qui profitait de l’attention que le lupus portait sur l’arc pour arrêter de s’inquiéter de ses erreurs passées. Pendant quelques rares instants, elle pouvait oublier combien il devait lui en vouloir, laisser le feu réchauffer ses membres engourdis et observer ce visage si joyeux après la terreur de sa presque noyade… Ses cheveux mouillés semblaient plus noirs que jamais, ses mains encore glacées restaient douces et soigneuses sur le bois, comme s’il avait peur de l’abimer, et son nez rougit de froid ne réussissait pas à dissimuler la joie qui brillait dans ses yeux terre. Malheureusement, ces secondes finirent bien trop vite, et le sourire d’Einar disparut alors qu’il se tournait vers elle. Les mots qui suivirent, imprévus, firent apparaître un nouveau sourire sur le visage d’Elera. Des excuses. De lui, alors que c’était elle qui devrait s’excuser, pour l’écharpe, pour son rire, pour l’eau, pour sa fuite, pour la peur. Elle s’apprêtait à lui dire qu’il n’y avait rien à pardonner, qu’il n’avait rien fait de mal, mais voyant sa mine qui changeait de couleur à vue d’œil, et ce n’était sûrement pas à cause du froid, elle choisit le silence qu’elle appréciait tant et le laissa continuer. C’était ce dont il semblait avoir besoin…

Ce n’était pas son premier Dessin. Choc, d’abord, montré seulement par un mouvement brusque de la tête et de l’étonnement dans le regard. Mais en même temps, s’il détestait les Dessinateurs et ne savait pas contrôler son Don, il était logique qu’il se fasse connaître comme quelqu’un qui ne l’est pas. Bien sûr, il aurait pu essayer de faire du feu plus tôt… Mais lorsqu’on a peur, lorsqu’on refuse une partie de nous-mêmes, lorsqu’on ne sait pas exactement comment agir pour atteindre son but ou si on en est seulement capable, n’est-il pas logique de ne pas offrir un rayon d’espoir aux autres pour les décevoir ensuite ? Logique de ne pas essayer ce que l’on ne veut pas faire ? Elle comprenait. Et elle ne lui en voulait pas pour son mensonge… Il était beaucoup plus facile à comprendre que son mensonge à elle, lorsqu’elle avait voulu vérifier qu’il était bien qui il disait être, et donc un élève à l’Académie… Mais ca non plus, elle ne le lui dit pas oralement. Elle ne fit que lui lancer un regard calme qui ne montrait aucune peine, aucun mépris, aucune colère… Et lorsqu’il lui rendit son arc, elle toucha sa main et la serra un court instant avant de s’éloigner. Le tronc mort… Elle remarqua rapidement l’arbre calciné, juste de l’autre côté de la rive, et elle regarda Einar avant de déclarer sur un ton joueur :


- Pour un arc normal, c’est peut-être loin. Mais pour un arc faël…

Ses paroles mystérieuses elle expliqua ensuite par gestes. Attrapant l’une de ses flèches, elle l’accrocha souplement sur la corde et ramena celle-ci au niveau de sa joue, son bras plié à l’horizontale, l’autre tendue alors que sa main gauche tenait le bois si familier. Les yeux rivés loin sur l’autre rive. Elle n’attendit pas longtemps avant de lâcher ; la flèche partit, trait difficile à suivre au dessus de la rivière. Elera se mordit la lèvre- le vent était plus fort qu’elle ne l’avait cru. Impossible de savoir où la flèche avait atterri, puisqu’elle n’avait pas atteint son but, se perdant dans la neige… Elle en prépara une deuxième, prenant cette fois le temps de sentir le vent, même si elle n’aimait pas attendre trop longtemps lorsque sa flèche était prête, peut-être résidu de son entraînement avec ses deux amis faëls, à moins que ce ne soit son bras qui commençait toujours à trembler. De toute façon, lorsqu’un arc est vraiment nécessaire, il faut savoir tirer vite où il ne sert pas à grand-chose, alors ce n’était pas une mauvaise habitude que de viser avec célérité.

Pourtant, cette fois, elle profitait pleinement de la corde sous ses doigts, du poids dans sa main, et de cet étrange sentiment qu’elle avait parfois lorsqu’elle s’imaginait l’un des faëls derrière elle, lui soufflant ses conseils à l’oreille… Cette flèche serait sûrement la dernière qu’elle tirerait à partir de cet arc, un dernier lien, un dernier souvenir. Un dernier trait de bonheur qui déchirerait le vent. Parce que dans son esprit, elle ne pouvait tout simplement pas effacer le sourire d’Einar lorsqu’il l’avait pris entre ses mains… Est-ce que ceux qui le lui avaient offert avaient ressenti la même chose, eux aussi ? En sachant que la petite humaine qu’elle était saurait apprécier la valeur de leur cadeau bien longtemps après leur départ ? Est-ce qu’ils avaient ressenti cette joie étrange, en même temps que la douce mélancolie des adieux ? Parce que ca avait beau être une fin pour elle, impossible de ne pas se sentir heureuse. Entière. En harmonie. Cette fois-ci, la flèche se planta avec un bruit de flèche sourd dans le tronc d’un arbre… plusieurs mètres derrière celui fuligineux qu’avait choisi Einar. Elle savait pouvoir tirer plus loin que ca, mais elle n’essayait pas de prouver ses dons d’archer, seulement les capacités des arcs des faëls, tellement meilleurs que le meilleur que pouvait créer un humain… même aussi doué que notre forgeron préféré.


- A toi. Si tu arrives à tirer plus loin que ca, tu gagnes ton pari.

Cette flèche avait été trop importante pour avoir besoin d’aller aussi loin que possible, alors qu’une cible plus proche convenait parfaitement pour pouvoir la garder en vue… et puis, elle avait un pari à perdre. Parce que si Einar pouvait tirer plus loin, ce qu’il devrait pouvoir faire, elle n’aurait plus aucun doute. Enfin, pas exactement- elle n’avait déjà aucun doute sur sa réussite, mais elle aurait une excuse pour se séparer de l’arc sans qu’il ne proteste trop… Elle le laissa reprendre l’arme respectueusement, puis se plaça sur le côté droit- puisqu’il était gaucher- pour pouvoir mieux observer la scène sans le gêner, lui tendant une première flèche et se demandant de combien il aurait besoin avant de réussir. Une pensée saugrenue prit ensuite place dans son esprit : après, il faudrait aller chercher les flèches de l’autre côté de la rivière… Amusée, elle commença déjà à chercher un endroit où elle pourrait peut-être traverser sur des pierres. Parce qu’elle avait beau être heureuse d’avoir fait l’expérience d’un bain dans la rivière au cœur de l’empire hivernal, trois fois en une journée était décidemment beaucoup trop. Ou alors, elle pourrait utiliser la technique marchombre apprise grâce à Ena, qui lui permettrait de traverser sans se mouiller… Mais elle n’avait pas vraiment envie de le faire devant Einar. C’était son secret, un peu. Elle avait découvert qu’elle pouvait le faire seule après qu’Ena leurs ait apprises à marcher sans laisser de traces, à rester en harmonie avec la terre sous leur pied quel que soit sa consistance, et partager ce secret marchombre avec un combattant-dessinateur ne semblait tout simplement pas une bonne idée. Mais elle aviserait plus tard ; pour le moment, elle avait un archer à observer.

Einar Soham
Einar Soham

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MessageSujet: Re: De l'autre cote de la surface (RP terminé)   De l'autre cote de la surface (RP terminé) Icon_minitimeLun 22 Juin 2009 - 4:46

Apparemment, sa petite diversion orale avait marché. Il pouvait rougir de honte tranquillement sans avoir à chercher des mots qui pourraient tenter de sauver un peu son image. Et puis, au fond de lui, il souhaitait vraiment essayer l’arme qu’il avait encore dans les mains, il souhaitait absolument sentir le son de la flèche et écouter le vent de la corde. Enfin, peut-être pas tout à fait dans cet ordre là, mais l’idée était là, c’était le principal. Roh et puis il avait pas non plus la science littéraire de Duncan, écouter, sentir, c’pareil toussa.
L’allusion étrange d’Elera lui fit hausser les sourcils. Alors ses doutes étaient confirmés, cette beauté d’arc avait bien été fabriqué par les faëls.. Peu d’humains pouvaient se vanter d’en avoir vu un, moins encore pouvaient prétendre en avoir touché un comme Einar.. Mais alors encore moins en possédaient un, comme cette Lotra au passé décidément bien mystérieux. Qui était-elle donc pour posséder un arc faël et s’en servir avec une telle désinvolture ? S’il en avait eu un, grand dieu, il l’aurait fait encadrer dans une vitrine, avec un coussin de velours et des alarmes électroni… Euhm.

Quand Einar rendit l’arc à sa propriétaire, il rougit de plus belle – mais était-ce seulement possible ? Il devait déjà avoir atteint les rouges les plus vifs et éclatants à niveau de ses pommettes, le Lupus avait l’impression qu’il pouvait faire cuire un steack de Siffleur sur son front.. Bref, c’était la catastrophe hormonale totale. Simplement parce qu’elle lui avait pris la main, tout de même. Mais il fallait avouer qu’Einar n’était pas des plus doués pour gérer ce genre d’émotions intenses, et n’avait pas eu beaucoup l’occasion dans sa vie de serrer la main de quelqu’un – et il n’en avait jamais éprouvé le besoin d’ailleurs. Dansant d’un pied sur l’autre, il se râcla la gorge, puis s’écarta de quelques pas, de sorte à pouvoir observer tous les gestes de la jeune femme sans pour autant la gêner dans ses tirs. Elle avait des gestes précis et fluides, à l’instar de quelqu’un qui avait manié un arc depuis la petite enfance. Surtout si elle avait manié cet arc faël.. Et puis, elle était marchombre. La manière qu’elle avait de ramener le bras à l’horizontale indiqua à Einar qu’elle privilégiait la souplesse et la précision à la puissance de son tir. Il avait déjà vu des combattants expérimentés casser les hampes de leurs flèches parce que leurs gros muscles étaient maladroits. Mais Elera, non… Alors qu’Einar l’observait viser, il la classa dans la catégorie des grandes tireuses. Elle savait ce qu’elle faisait.

Mais au premier tir, elle avait oublié l’ennemi de l’archer : le vent. Pouvait-on lui en vouloir ? Einar aurait vidé un carquois avant de comprendre qu’il était contre le vent , ce qui expliquerait pourquoi les flèches se retournent et le criblent au lieu de cribler l’adversaire. Détournant l’instant d’une seconde le regard, le temps de noter l’information dans sa mémoire quand il serait temps de tirer, le Lupus reposa ensuite les yeux sur la Lotra. Le vent tournait dans ses cheveux roux, il créait des tourbillons minuscules et les faisait onduler avec grâce… Mais bien sûr, tout cela était une information trèès précieuse et trèès professionnelle sur la direction du vent ; il tournait, se faisait traître, mais il avait une vitesse, un angle qu’Einar décortiqua pendant le temps que mit Elera à tirer. Aucun doute, elle était une excellente tireuse, même si elle semblait modeste sur ses performances.


- C’est impressionnant.. Comment un arc peut avoir une telle ampleur..

Alors qu’il marmonnait son admiration entre ses dents, son cerveau restait ébloui devant l’arc et sa propriét*SPLARF, Einar –‘*. Sans être au maximum de son autonomie, il tirait déjà à des dizaines de mètres.. Jusqu’où irait-il planter sa flèche si quelqu’un tentait d’en extirper toute la puissance ? C’était impossible à imaginer tant c’était beau…
Einar fut tiré de ses rêveries par la voix d’Elera, qui l’invitait à tirer à son tour. Balbutiant, il reprit l’arme avec des gestes précautionneux, comme si l’arc eût été de verre.


- Non, attends.. J’aimerais, enfin.. choisir ma flèche. C’est un peu stupide, mais j’aime bien décider en fonction de leur empennage. Tu veux bien ?

Un sourire gêné s’afficha sur son visage. Il avait honte de cette demande, tant elle paraissait incongrue. Enfin, elle lui prêtait déjà un des meilleurs arcs du monde, et il faisait son difficile sur la flèche, alors qu’il n’était pas franchement expert en empennage.. A dire vrai, c’était la couleur des plumes qui le faisait pencher vers une flèche en particulier. Un mouvement de tête l’enjoignit de regarder dans le carquois, et Einar s’éxécuta. Beaucoup de carreaux avaient un empennage traditionnel blanc, mais quelques traits étaient différents ; peut-être l’artisan n’avait-il pas le bon nombre de plumes ; certains empennages étaient pâmés de gris, certains mêmes avaient l’audace d’afficher des panaches terre. N’y connaissant pas grand-chose en aérodynamique plumienne, Einar sélectionna une flèche qui avait de jolis atours, avec des plumes grises et tachetées mêlées aux sempiternelles plumes blanches. Voilà, il avait fait son choix, il était content.

Le bois de l’arc dans la main droite, Einar le leva doucement, presque religieusement. Il se sentait observé par la jeune femme, et cela le rendait un peu nerveux. Lorsqu’il amena la corde jusqu’à sa joue, il sentait le bout de ses doigts trembler, répercutant cet écho kinesthésique dans tout son bras, toute son épaule. Il était impossible de tirer dans de telles conditions. Expirant par le nez, le Lupus rabaissa l’arc, pointe de flèche vers le sol. Il fallait d’abord qu’il se calme. Il était encore nerveux de tout ce qui venait de lui arriver ; de plus, il ne souhaitait vraiment pas rater son tir en présence d’Elera , parce qu’il aurait l’air ridicule, mais ridicule.. caaalme.


- J’ai un peu de mal. J’ai encore très froid, et puis.. On n’est pas loin de la cascade. Ca m’rend nerveux.

Il fallait oublier la chute d’eau. Oublier le bruit de l’eau, juste fixer son regard sur la terre, de l’autre côté de l’eau. Puis remonter le long des racines, des mousses, puis du tronc. Il devait viser loin… Plus loin que la flèche de la marchombre.
Alors doucement, il oublia toute présence en dehors de la puissance de l’arc. Ses doigts ne tremblaient plus, ils vibraient ; de cette force qui émanait du bois, et du respect qu’il avait pour cette arme. La flèche imparfaite semblait pressée de partir, mais il la retint, calée entre son index et son majeur, sans brutalité. C’était comme un enfant, qui n’attendait que le relâchement de la main de sa mère pour courir.
Et puis.. Une flèche, ne pouvait pas partir, si on ne lui confiait pas un peu de sa confiance. Certes, celle d’Einar était de la taille d’un noyau de cerise naine, mais.. Le lupus souffla, quelques secondes durant, sur les plumes de sa flèche. Puis tira. Il n’avait pas assez d’angle, sa flèche n’irait pas loin. Mais ce n’était pas le but recherché.
Elle alla se planter sur le même arbre que celle d’Elera, à quelques dizaines de centimètres près. Il n’était pas non plus un tireur d’élite qui pouvait mettre la flèche au même point, tout de même…

- J’n’aime pas gagner. Et puis.. la flèche, elle n’avait pas envie de partir, elle avait peur de voler. Un peu comme moi j’ai peur de nager..

Il rougit. Et oui, encore et toujours, mais il avait fait quelques pas en arrière, et maintenant, ils étaient côte à côte à regarder le résultat. Pour briser le silence qui s’était installé, il reprit, la voix bien plus calme qu’auparavant grâce au tir, mais toujours hésitante et gênée – ça c’était un tic de personnalité, il n’y pouvait rien :

- Il est génial cet arc, tu sais.. J’aimerais te demander comment tu as pu entrer en possession d’une arme telle, mais c’est ta vie privée, et je sais que les gens n’aiment pas quand un inconnu s’immisce dans leur vie privée. Bon euh.. Comment on récupère les flèches, en fait ?

Elera
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MessageSujet: Re: De l'autre cote de la surface (RP terminé)   De l'autre cote de la surface (RP terminé) Icon_minitimeLun 22 Juin 2009 - 22:48

Il avait envoyé sa flèche sur le même arbre… Les deux morceaux de bois garnis de plumes restèrent plantés parallèles l’un à l’autre, séparés de quelques centimètres seulement. Einar avait fait mieux que gagner, quoiqu’il en pense. Non seulement il était doué, mais en plus, aucune prétention ne venait noircir son exploit… Elera était encore plus certaine que jamais qu’elle faisait le bon choix. Mais maintenant, il fallait trouver un moyen de le lui offrir sans qu’il ne refuse en balbutiant, comme elle imaginait qu’il le ferait. Et si elle lui racontait la véritable histoire de l’arc et combien il était important pour elle, jamais il ne l’accepterait… Comment le pourrait-il, en comprenant que l’arc était sa plus ancienne possession et sa plus précieuse, cadeau des deux Faëls qui avaient été ses seuls véritables amis pendant son enfance ? En sachant qu’elle ne reverrait plus jamais les deux Faëls en question… ? Et pourtant, elle n’était pas de ceux qui refusaient de parler de leur passé. Le partager, c’était aider à se comprendre, d’une certaine manière… Plus tard, peut-être, elle lui expliquerait l’histoire dans son entièreté. Mais pour le moment, elle devait garder certains détails cachés.

- Je ne suis pas les gens, et tu n’es plus si inconnu que ca. Je répondrai à tes questions…

Mais d’abord, se rapprocher à nouveau du feu. Parce qu’elle avait beau être un peu réchauffée, elle ne pouvait s’empêcher de grelotter encore, et ses longs cheveux n’allaient pas sécher bien vite…

- Mes parents ont été impliqués malgré eux dans certains complots pas très nets lorsque j’étais enfant… Ils étaient recherchés par beaucoup de gens, parmi l’Empire déjà pour ce qu’ils avaient fait, et parmi leur groupe lorsqu’ils les trahirent, alors ils avaient besoin de… disparaître. Ils ont voyagé beaucoup, au début, et avaient sauvé deux Faëls dans les plateaux d’Astariul… Alors lorsqu’ils ont été retrouvés, ils ont demandé à ce que la faveur leurs soit rendue. Ils sont partis pour la Forêt de Baraïl, mais ils avaient peur de ne jamais arriver à destination, alors ils ont laissé ma sœur et moi en arrière. Les deux Faëls, ce sont eux qui m’ont appris à tirer à l’arc et qui m’ont donné celui-ci, ils venaient nous voir lorsque les jours se rallongent… C’est pour ca que je ne connaissais pas mon nom de famille, avant. Calaenel… J’ai découvert tout ca très récemment, en retrouvant mes parents chez les Faëls.

Et pour dire. Elle venait juste de rentrer avec Ena [en fait elle n’est même pas rentrée et elle n’a rien découvert, rp pas fini =p] après leur voyage qui les avait mené à Al Jeit, dans le désert des Murmures, puis dans la forêt des Faëls. Découvrir un passé qui avait modelé toute son existence aussi tard, ca avait été… étrange. Mais elle savait, maintenant. Et avec un peu de chance, son explication ne montrait pas la valeur symbolique de l’arc, et donnait plutôt l’impression qu’elle pourrait même s’en trouver un autre, si elle le souhaitait… Mais vu combien elle était peu douée pour les mensonges, elle n’était sûre de rien. Elle n’avait dit que la vérité, cette fois, son visage ne trahirait donc rien, mais comment savoir si son ton montrait de l’attachement ou de la désinvolture ? Elle n’était tout simplement pas douée pour ca. Mais peu importe. Elle ne lui laisserait pas le choix. Et pour le moment, elle avait des flèches à aller chercher. Ses yeux se posèrent sur la rivière, et un frisson parcouru son dos. Elle ne pouvait pas retourner dans l’eau glacée. Son nez coulait, elle avait froid, et elle savait déjà qu’elle était bonne pour trois jours allongée dans l’infirmerie, maintenant, au vu du mal de tête qui commençait déjà à s’installer… Les rochers, elle passerait par les rochers. Les Marchombres étaient peut-être capable de traverser un torrent contre courant, mais ils ne pouvaient pas se protéger indéfiniment du froid, non plus. Les éternuements qui suivirent prouvèrent d’eux-mêmes sa pensée.

- Je m’occupe des flèches.

Elle n’allait évidemment pas proposer à Einar de traverser. Alors elle descendit un peu le long de la rive, jusqu’aux rochers qu’elle avait vu… Elle allait devoir sauter ou mettre les pieds dans l’eau à plusieurs endroits, mais c’était mieux que de traverser entièrement en nageant. La traversée se fit sans problème, et Elera retrouva même la première flèche perdue par le vent. Se plaçant sur le côté, une paume sur l’écorce de l’arbre, elle tira avec soin sur chaque flèche pour les libérer et ne pas les abimer. Et maintenant qu’elle était plus près, elle pouvait admirer le tir d’Einar de plus belle… Une main de la sienne seulement. Aurait-il pu toucher sa flèche ? Dans tous les cas, elle était heureuse qu’il ne l’ait pas fait ; elle aurait été déçue de voir son dernier tir brisé en deux, puisqu’elle comptait bien garder sa flèche. Elle revint donc avec les trois objets dans la main, remis la première dans le carquois, tendit celle d’Einar à.. ben, Einar, et garda la sienne en main alors qu’elle se réinstallait devant le feu. Oh et puis non, il faisait trop froid pour s’assoir sans bouger. Elle se remit debout.

- Si tu as perdu ton pari, tu dois faire quelque chose pour moi, c’est ca ? Passe-moi 5 centimes.

Pensive, ses yeux se perdirent un instant dans le vide alors qu’elle réfléchissait. Elle ne voulait rien de lui, rien de matériel, en tout cas. Elle n’avait besoin de rien. Et puis, ce n’est pas comme s’il avait quelque chose : son écharpe était littéralement partie en fumée et la seule chose qui devait lui rester, s’il ne l’avait pas de nouveau perdu, c’était une bague de lupus au fond de sa poche, résultat de la première mission de sauvetage d’Elera pour cette journée. Non, elle ne voulait rien, elle n’avait qu’à ne rien demander… et puis ses yeux se posèrent de nouveau sur lui, sur son regard qui fuyait toujours sur les côtés, sur ses joues décidemment trop rouges pour que ce soit le froid, sur sa façon de se tenir un peu en arrière, comme s’il était gêné d’être là. Et puis elle se souvint de sa phrase sur la peur de la flèche et sa peur à lui… Elle savait ce qu’elle pouvait demander, plus pour lui que pour elle. Mais en serait-il capable ?

- Fais-toi confiance. Toutes les flèches peuvent voler haut et loin, si tu leur en donnes la chance, et que tu leur fais confiance… Si tu ne crois pas en elles, que tu ne penses pas qu’elles atteindront leur cible, comment le pourraient-elles, alors que c’est toi qui les guide ? Toi aussi, tu peux. Tu peux nager. Tu peux faire tellement de choses. Alors, s’il te plait, essaie. Essaie de te faire confiance. Au moins avec moi, n’ai pas peur…

Est-ce qu’il comprendrait ? Est-ce qu’il pouvait seulement la repousser, cette peur de se tromper ? Ou est-ce qu’elle demandait l’impossible ? Elle regarda la flèche d’Einar entre ses doigts, puis leva à nouveau les yeux pour croiser ceux du jeune homme.

- La prochaine fois que tu lanceras cette flèche, il faudra qu’elle aille plus loin que toutes les autres. Mais pour ca, tu auras besoin d’un arc…

Il était temps. Temps de le lui donner, et de ne garder qu’une flèche aux plumes blanches, flèche qui était tellement plus que du bois. Mais elle avait mal à la tête. Fronçant les sourcils, elle attendit un instant que cela s’améliore avant de continuer, regardant l’arc, puis l’archer, un sourire heureux sur les lèvres.

- Il est à toi.

Le mal de tête ne voulait pas se calmer. Elle était heureuse de la situation, mais pourquoi n’arrivait-elle pas à se concentrer dessus ? Sa tête tournait. Elle voulait voir la réaction d’Einar, elle voulait partager ce moment avec lui… Elle ramena sa main sur son front, mais le mouvement ne fit que la désorienter encore plus. Qu’est-ce qui se passait ? Elle ne pouvait pas rester debout. Un pas en avant. Par la Dame, mais pourquoi le sol tournait ? Elle chercha Einar des yeux, mais son visage se transforma rapidement en une nuée de petits points noirs ou colorés qui prirent rapidement toute la place pour masquer son champ de vision.

- Je crois que je vais…

Elle ne finit pas sa phrase, incapable d’arrêter son corps alors qu’elle se sentait tomber en avant… vers Einar, bien sûr.

[Ben tu vois que les gens tombent malades Cool]

Einar Soham
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MessageSujet: Re: De l'autre cote de la surface (RP terminé)   De l'autre cote de la surface (RP terminé) Icon_minitimeJeu 25 Juin 2009 - 3:39

Einar ne posa aucune question sur l’histoire du passé d’Elera ; il ne doutait pas de sa véracité, et même si elle lui avait menti, ou omis des détails, elle devait avoir une bonne raison de le faire. Il ne doutait pas du fait qu’elle ait été éduquée par deux faëls, sa maitrise de l’art marchombre, sa manière et la possession rarissime de cet arc en étaient les preuves. Einar n’avait bien sûr jamais vu de faël de sa vie, puisqu’ils restaient dans leur sans trop se promener en Gwendalavir, et certainement sa représentation de cette race devait être un peu fausse, mais au moins, il comprenait l’idée. Et puis ils étaient réputés si bons tireurs que cet arc ne pouvait pas être une pâle copie. Il tirait avec une énergie et une puissance telle..
Quand Elera avança pour récupérer les flèches, Einar voulut s’interposer, lui dire qu’il savait aussi marcher sur des cailloux, que si elle tombait, elle risquait d’attraper du mal.. Il avait remarqué du coin de l’œil que le nez de la Lotra avait tourné au rouge vif, et si un rhume était déjà certain, une pneumonie restait encore à craindre.. Il préférait encore que ce soit lui qui l’ait. … Mais il n’eut pas le courage d’ouvrir la bouche pour autre chose que des balbutiements marmonnés, et se maudit de cette difficulté d’éloquence qui l’empêchait de parler aux gens librement. Avant même qu’il n’ait pu se blâmer, elle était déjà de l’autre côté, de toute manière. Quand la jeune fille revint, il ne sut trop que faire de la flèche qu’elle lui tendait, et décida de la glisser également dans le carquois d’Elera, se promettant de la récupérer avant qu’ils ne se séparent ; il fallait éviter que la flèche prenne l’eau, un travail d’une telle facture ne devait pas être gâché. Une sourire gêné plus tard, il fit un pas de recul. Qu’elle ne lui fasse pas une peur pareille en se mettant à parler sans prévenir !
Et puis.. Qu’allait-elle répondre à cette question ? Certes, il avait perdu le pari parce qu’il n’avait jamais eu l’intention de le gagner, ni même de tenter de s’approcher de la victoire, mais il redoutait déjà ce qu’elle comptait lui faire faire
.

- Oui je.. je suppose. Tant que tu ne me demandes pas de mettre un pied dans l’eau..

Gloups. Par la dame, faites que ce ne soit pas quelque chose du.. Wait. Sa demande était encore plus difficile à réaliser. Ne serait-ce que pour la comprendre.. c’était comme lui demander de nager avec des poids en fonte attachés aux pieds et trois siffleurs sur le dos ; se faire confiance.. après tant d’erreurs en une après-midi ? Déjà que parler d’un ton normal était d’une difficulté presque maladive.. Non, il ne pouvait pas. Même avec des efforts. C’était des réflexes ancrés profondément en lui, des gênes marqués au fer rouge dès la naissance, il n’y avait aucun moyen de changer.. Et puis, ce qu’il en pensait, c’est que personne ne change. Malgré les apparences, ils restent toujours les mêmes et tendent à ce modus operandi, quels que soient leurs efforts.

Il était faible, il resterait faible.. Et qu’elle cesse de chercher ses yeux, par tous les saints, il n’arrivait pas à soutenir leur violet intense plus d’une demi-seconde avant d’admirer le lichen qui transparaissait à leurs pieds sous la gangue de neige.
A sa phrase suivante, Einar releva brusquement la tête, les yeux tellement étonnés qu’ils s’ouvraient bien plus grand qu’en leur demi-lune ordinaire. S’il y avait bien quelque chose à laquelle il ne s’était pas attendu..

-Non. Non, attends.. t’es folle, je peux pas accepter une telle.. ne fais pas une bêtise, tu tiens tellement à cet arc, ils te viennent des faëls qui t’ont élevés… Elera ?!

Sans avoir eu le temps de faire un meilleur mouvement que retenir Elera de ses bras, Einar se sentit basculer en arrière, déséquilibré par le poids inerte du corps de la Lotra. Qu’avait-elle ?! Sa peau était glaciale, il pouvait sentir cette température alarmante à travers l’uniforme. L’extrêmité de ses membres était bleue, ses lèvres étaient bleues…
Pris de panique, Einar enleva son propre manteau, enlevoppa et frictionna la jeune femme comme il put dedans, avant de s’emparer de son pull et de l’en revêtir également. Ca pourrait peut-être ralentir ce qu’il pensait être grave, il n’avait aucune idée de ce qu’elle avait. En chemise, il congelait, mais l’heure n’était pas à se préoccuper de lui-même. Les mains tremblantes, Einar ouvrit le sac d’Elera, espérant y trouver une couverture, une fourrure, quelque chose.. mais rien. Il n’avait plus le choix, il devait l’emmener tout de suite à l’intérieur, à l’infirmerie même, si jamais elle était en danger. Hébété par cette situation dont il avait du mal à prendre le contrôle, le jeune homme éteignit les flammes qui ronronnaient encore mollement dans l’âtre.
Difficilement, il parvint à soulever le corps de la marchombre à l’aide de ses bras, la peau hérissée par le froid qui mordait à ses bras nus, et commença à se diriger vers l’Académie, tendu sous l’effort que cela lui coutait pour porter sa camarade.


==> Suite à l’Infirmerie.

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