Ira Carme (Lupus)

Ira frappa trois coups secs à la porte du bureau. Quand elle en eu reçu l'autorisation, elle entra. Un homme était assis derrière un large bureau. Il pouvait paraître impressionant, effrayant même. C'était assurément quelqu'un d'exceptionnel. Mais Ira n'était pas effrayée. Juste respectueuse. On lui avait tant parlé de cet Homme !

Elle se campa sur ses deux jambes fines et musclées, face au bureau. Ira semblait avoir été bâtie à la manière d'un félin. Tout en elle exprimait la force et l'agilité, mais elle était petite et fine . Ses jambes étaient relativement grandes, comparées au reste de son corps, ce qui lui permettait de courir vite et longtemps. Ses cheveux étaient noirs, mi-longs. Ses yeux verts brillaient d'une lueur de défi. Son menton était volontaire. Mais son visage, dans l'ensemble, était fin et délicat.

"Je suppose que je dois vous parler de moi... Monsieur ?"

S'empressa-t-elle d'ajouter, par peur d'être impolie.

"Je m'appelle Ira Carme. Je viens d'Al-Far. Mes parents sont commerçants là-bas. Ils voulaient que je reprenne leur boutique mais ils ont rapidement compris que je n'étais pas faite pour ce genre de chose."

Elle baissa la tête pour masquer un petit rire. Puis elle releva les yeux et plongea son regard dans celui de Merwyn.

"Je veux devenir Marchombre, Monsieur. Un jour, un client m'a parler des marchombres et j'ai su que j'étais née pour devenir un des leurs. depuis ma plus petite enfance, je cours, je saute, je grimpe, je nage.... Je ne tiens pas en place. Et je n'ai jamais supporter d'obéir à quelqu'un. Je tiens à ma liberté. C'est elle qui fait de moi ce que je suis. Je n'ai pas peur du danger, Monsieur ! Je vous assure que je serais à la hauteur de vos exigences !"

Elle se tut quelques secondes, pour laisser le temps à Merwyn de digérer ce trop plein de paroles.

"Mon oncle est marchombre. Quand je lui ai parlé de mes aspirations, il m'a appris quelques bases. Oh, pas grand chose. Mais je sais me déplacer sans faire trop de bruit, sauter d'arbres en arbres sans tomber et..."

Elle rougit et sembla perdre son assurance durant une demi-seconde.

"J'ai tué un homme monsieur. Il a voulu m'agresser alors je me suis défendue et..."

Elle acheva sa phrase en un souffle.

"Je n'imaginais pas qu'il allait mourir, je vous assure. j'ai été trop loin. Ce n'était pas très dur, il sortait d'un bar et ses réflexes étaient divisés par au moins quatre. Mais je ne voulais pas le tuer. c'est aussi pour canaliser cette énergie que j'aimerais prendre des cours."

Ses yeux débordaient littéralement d'espoir.

"Si vous refusez... Je ne sais pas ce que je ferais."

Merwyn souri devant le désemparement de la jeune fille.
Elle avait tué un homme, certes, mais dans un monde tel que celui de Gwendalavir, ce n'était pas un fait si rare. Il n'en devanait pas moins banal, mais dans une cité si mal fréquentée qu'Al-Far, cela prennait déjà plus de sens.
Que pouvait-on faire d'autre que de defendre sa vie à tout prix de toute façon? Lui-même avait déjà tué plus d'un homme, et il était loin d'être innocent. Même si à chaque fois qu'il avait à commettre un tel acte, il ressentait un bref pincement au coeur, il n'hésitait pas à recommencer chaque fois que c'était nécessaire.

Il hocha brevement la tête, pour aprouver aux paroles d'Ira.

- Ne t'en fais pas. L'Académie t'ouvre volontié ses portes, malgré l'acte que tu as commis. Défendre sa vie est une cause qui efface toutes les autres, et le fait que tu veuilles apprendre à te maîtriser pour éviter que cela ne se reprduise si stupidement fait de toi une personne bien. Ne laisse pas la culpabilité te ronger le coeur.

Is s'arrêta de parler quelques instants et plongea son regard noisette dans celui d'Ira, noir.

- Tu feras une bonne recrue pour notre professeur qui enseigne l'art marchombre. Tu poursuivras ta scolarité dans la maison des Lupus.

Un large sourire éclaira le visage du Directeur.

- Bienvenue parmi nous !

Un sourire éclaira le visage d'Ira.

"Merci monsieur, merci beaucoup."

Elle ne connaissait pas vraiment les personnalités des différentes maisons mais elle savait que si Merwyn l'avait envoyé à Lupus, c'était là qque sa place était. Elle estimait beaucoup cet homme. Cependant, elle lui précisa quelque chose :

"Ne vous méprenez pas. Je ne ressens pas de culpabilité. Je n'aurais pas pu regretter quelqu'un que je ne connaissais pas et que je n'estimais pas. C'est juste que je pense qu'il n'était pas nécessaire de tuer cet homme."

Elle esperait que cet aveu ne changerait pas le point de vue que Merwyn avait sur elle. Elle ne faisait que dire la stricte vérité.

Après un dernier salut, elle tourna les talons.