Une rousse et deux grandes oreilles (RP inachevé)

Ziera n’avait pas trop l’habitude d’être entouré autant par des murs, et tous ces hauts bâtiments commençaient à l’étouffer. Les odeurs des bêtes, du cuir et de la paille présentent ici la mirent instantanément à l’aise.

Deux longues oreilles s’approchèrent de l’épaule de notre petite rousse, dirigées vers l’avant, captant tous bruits, tous détails. Anxiété, étonnement, attirance. La curiosité pris le pas sur la crainte et l’ânesse décida de visiter cet endroit intrigant. C’était sans compter sur sa petite maîtresse. Celle-ci saisit doucement le licol de sa bête, approcha sa bouche de ses grandes oreilles et souffla :

- Et bien, où comptes-tu partir comme ça ? Tu ne m’attends pas ?

L’ânesse se recula un peu pour observer celle qui venait de lui parler, puis elle prit une sorte d’air désolé, allongeant son encolure jusqu’à ce que sa tête touche les pieds de sa maîtresse. Ziera éclata de rire.

- Tu es censée n’être rien d’autre qu’un âne ! Et non pas avoir des attitudes d’Hommes ! Grosse bougresse !

Elle colla son visage contre l’encolure de la bête qui fit mine d’être vexée…


Elles s’avancèrent toutes deux dans l’écurie. Notre rouquine choisit une stalle vide mais « Mademoiselle Longues-Oreilles » préféra n’en faire qu’à sa tête, encore une fois, et s’installa dans la stalle voisine. Au bout de quelques minutes, elle comprit que sa maîtresse ne changerait pas d’avis, celle-ci attendait en la fixant, les bras croisés, de très fortes ondes d’impatience émanaient d’elle. Plume s’approcha de Ziera, rentra là où elle devait rentrer.

La petite rousse sourit.
- Allez, un dernier gros calin et je te laisse…

Yaemgo respirait l'air frais du parc de l'Académie : il sortait à peine de l'infirmerie et avait encore un bras en écharpe. De plus, sa vitesse de marche était considérablement diminuée par le fait qu'il boitait : toutes choses désagréables mais qui ne durerait pas.

Il marchait depuis quelques minutes, inspirant l'air vif à grandes goulées. Cela faisait un bout de temps qu'il n'avait pas vraiment respiré, et c'était un véritable ravissement pour ses poumons. Mais petit à petit, la fatigue le reprenait. Le jeune homme était encore convalescent, et par conséquent le moindre effort piquaient son champ de vision d'étoiles noires.
Yaemgo cherchait un endroit pour se poser, et aperçut qu'il se trouvait non loin de l'écurie. Son esprit s'affolla : il avait été absent tellement longtemps, qui avait pris soin de sa jument ? Sûrement personne.

Boitant aussi vite qu'il le pouvait, il s'avança vers l'entrée des boxes. L'odeur de cuir et de foin ne le ravissait pas et il ne se sentait pas de relations spéciale entre lui et la jument noire, bien qu'elle fut plutôt intelligente. Cependant, sa vocation d'apprenti marchombre le rapprochait de la nature, et il ne pouvait pas laisser dépérir un animal comme cela.
En arrivant dans les écuries, il vit rapidement une sorte de reflet roux scintiller dans l'air, et une voix qui chuchotait.

- Et bien, où comptes-tu partir comme ça ? disait la voix. Tu ne m’attends pas ?

De toute évidence, il s'agissait d'une jeune fille, peut-être d'environ seize ans. Mais la question était de savoir si elle parlait à son cheval ou à son petit ami. Aussi silencieusement que pouvait le faire un apprenti marchombre ayant passé autant de temps que lui à l'Académie, il jeta un coup d'oeil et vit que la jeune fille aux cheveux roux chuchotait à l'oreille d'une âne, ou peut-être d'une ânesse.
Aussitôt, il se cacha un peu plus loin dans les boxes, et se réfugia dans celui de Krystal, sa jument. Non seulement il n'aimait pas beaucoup les gens en général, mais ayant été possédé pendant de longues années par un Démon qui avait même tué une élève de l'Académie, Yaemgo n'avait pas acquis une très bonne réputation, et la plupart des élèves qui l'apercevait dans un couloir s'empressait de détourner son chemin.

La jument n'était pas très reluisante : elle avait à boire et à manger mais sa robe était presque grise de poussière et de toute évidence, elle n'avait pas été bouchonnée depuis longtemps.
Le jeune homme attrapa une brosse et s'efforça maladroitement de brosser les poils de l'animal : il n'avait jamais été très doué pour monter à ce cheval de par le fait que cette discipline ne l'intéressait que peu. Bien sûr, il en aurait nécessairement besoin s'il voulait devenir un jour Marchombre voire Maître Marchombre, mais pour l'instant il estimait que rien ne pressait.

La fille, quelques boxes à côté, continuait à parler à son ânesse -Yaemgo avait pu trancher par les mots féminins qu'elle employait à l'égard de l'animal- ce qu'il trouvait particulièrement stupide : la plupart des animaux n'ont pas besoin qu'on leur parle, il comprenne très bien tout seul.

- Allez, un dernier gros calin et je te laisse… chuchota la fille.

Yaemgo leva les yeux au ciel.

Elle se décida enfin à laisser Plume… Après tout, elle avait pas mal de choses à faire :
+ mieux prendre connaissances des lieux ;
+ aller voir la salle commune des Felixia et y ranger ses affaires ;
+ s’inscrire aux cours ;
+ contacter son groupe d’itinérants pour leur annoncer le célèbre « tout va bien, ne vous inquiétez pas »…

Elle regagnait l’extérieur de l’écurie quand elle aperçut un jeune homme avec un cheval, sûrement le sien, dans un box. Elle s’arrêta, curieuse, pour mieux l’observer. Elle ne songea pas à se cacher : ça lui était égal qu’on la remarque ou pas.
Il semblait très occupé à brosser sa bête, cependant, ses gestes ne reflétaient pas une immense expérience des équidés. *Remarque, avec ce bras en écharpe, ça ne doit pas faciliter les choses…* songea-t-elle. En regardant mieux, l’écharpe n’était sans doute pas tant que ça une cause de ces gestes maladroits. *Et bèh… On sent pas vraiment l’amour que tu portes à ton animal toi…* La jument tourna la tête et se mit à fixer la rouquine… Un sourire se dessina sur le visage de Ziera…

Etant vraiment toute nouvelle, elle se dit que c’était un moyen de se faire des connaissances : elle ne connaissait vraiment personne, hormis l‘intendant si on pouvait dire, et ce garçon ne lui paraissait pas vraiment méchant… Sa curiosité gagna encore une fois la bataille.
*Je verrais bien où ça me mènera… Ça ne coûte rien d’essayer…*
Elle s’avança vers l’inconnu.

- Bonjour, je suis Ziera… Je suis une Felixia et euh… je… j’…
Les yeux clairs de son interlocuteur la perçaient avec mépris. *Oups, j’aurais peut-être pas du me lancer tous comptes faits ?*
- J’aimerais savoir comment rejoindre le plus rapidement possible l’Aile Ouest ?
Ziera, en sentant que sa présence ne semblait pas des plus désirées, avait cherché une question bateau, lui permettant de ne pas s’en tirer trop mal. Elle trouva la scène qui était en train de se dérouler assez ridicule et particulièrement amusante. Elle sourit de plus belle, commençant par ce moquer intérieurement de ses propres réactions.
*Voilà à quoi elle te mène, ta curiosité, ma vieille !*

Yaemgo, ses sens toujours en alerte, entendit la jeune fille quitter le box non loin du sien : aussitôt, il reprit sa brosse et fit semblant de bouchonner la jument noire. C'était une sorte de paranoïa chez lui, qui n'avait aucun fondement mais qui l'obsédait jour et nuit.
D'un autre côté, c'était le première fois qu'il voyait cette élève, et même s'il avait été longtemps absent, il pouvait quand même pressentir un peu que c'était une nouvelle. Par conséquent, elle n'aurait pas d'idées sans fondement à son sujet, à propos de Lindörm.
Tant mieux. Elle ignorait sans doute tout de la menace qui planait sur sa tête. Sur les têtes de tout le monde.

Puis soudain, la jeune fille s'avança vers lui.

- Bonjour, je suis Ziera… Je suis une Felixia et euh… je… j’…

Yaemgo, qui ne s'y attendait pas, laissa tomber la brosse et se tourna d'un bloc vers la dénommée Ziera, fichant son regard d'une étrange couleur violette vers le sien.
Il voyait pour la première fois son visage. Le jeune homme sentait le mépris se peindre dans ses yeux qu'il braquait sur la jeune fille. Un réflexe le poussa à la passer en détail des pieds à la tête : comme il l'avait vu, elle avait une abondante chevelure rousse. Elle n'était pas très grande : l'apprenti marchombre devait lui rendre une bonne dizaine de centimètres bien qu'il soit assez petit. Avec sa taille fine et ses vêtements d'un beige-gris, elle faisait penser à une souris. Une grande souris rousse.
De toute évidence, elle n'avait pas d'arme, et Yaemgo se détendit légèrement sans le montrer. Cependant, ses bottes, sa chevelure, le haut de sa tunique et sa ceinture étaient autant de cachettes où pouvaient se trouver des poignards et autres couteaux. Il savait que de nombreux hommes avaient trouvé la mort en oubliant que n'importe quelle femme marchombre était capable de cacher un couteau entre ses seins.
Sans compter que la jeune fille était peut-être dessinatrice. Il estima néanmoins qu'il pouvait lui répondre sans risquer la mort immédiate.

- Qu'est-ce que tu veux ? lança-t-il d'un ton plus glacé que la banquise
- J’aimerais savoir comment rejoindre le plus rapidement possible l’Aile Ouest ? demanda-t-elle d'une voix mal assurée.

Bien sûr : c'était une Felixia, et une nouvelle. Forcément, elle devait être un peu perdue. C'était plus par ennui que par réel désir de l'aider qu'il lacha négligemment :

- Ouais. Je vais te montrer. Suis-moi.

Il rangea la brosse dans un coin, s'assura que la jument ne manquait de rien et sortit du boxe en fermant la porte. Non pas qu'il ne voulait pas dire "au revoir" ou quelque chose dans ce genre à l'animal, mais il n'en ressentait pas le besoin. Aussi, il sortit des écuries en boitillant, suivi par la jeune fille.
Tandis qu'ils marchaient vers l'Académie, un silence gêné s'installa entre eux, pendant quelques minutes. Yaemgo n'avait pas spécialement envie de parler, mais ç'aurait été manquer à la politesse que d'ignorer "Zeria".

- Alors... dit-il en cherchant ses mots. Comme ça, t'es nouvelle ici ?

Son ton n'était que légèrement moins froid que tout à l'heure. Cependant il ne put s'empêcher de se faire la remarque que ses paroles sonnaient faux.