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 Faire reculer la Mort... (RP terminé)

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MessageSujet: Faire reculer la Mort... (RP terminé)   Faire reculer la Mort... (RP terminé) Icon_minitimeVen 28 Mar 2008 - 17:54

Artaïel était assis sur une de ces chaises branlantes qui parsemaient la grande bibliothèque. Une chandelle achevait lentement de se consumer, répandant sa lueur tremblotante sur les imposants rayonnages. Le rêveur soupira. L’épais volume qu’il compulsait était imprégné de poussière jusqu’à la tranche, et l’homme toussait souvent à cause de ces foutues particules. De plus, le contenu de ce bouquin était loin d’être des plus passionants. Les ancêtres en avaient des choses inutiles à dire...
Lassé, il tourna mollement les pages, mais son regard glissa vers le petit vasistas crasseux qui ouvrait sur l’extérieur. On ne voyait pas la Lune en ce soir, les contreforts de la montagne alentour empêchaient à l’astre de répandre sa lumière blafarde et vivifiante. Les yeux gris-délavé du moine s’évadèrent de la pièce poussiéreuse, où il passait désormais des journées complètes, ces derniers temps. Des nuits entières passées à plancher sur des vieux grimoires racornis à engranger ce qu’il pouvait de savoir.
Car après tout, il avait eu une vie baignée dans l’apprentissage et la lecture. A présent rêveur du 6ème cercle, il avait lu bien plus d’ouvrages que la plupart des rêveurs de cette petite confrérie. Et la seule chose qu’il avait appris, c’est qu’il ne savait rien.
Alors il lisait.
Seulement, à force de journées à ne faire que ça, les lectures en devenaient monotones et fades. Ayant atteint un âge plus que respectable, des cheveux blancs, et un don du rêve optimal, il n’aidait presque plus à l’infirmerie, sauf en cas de cas très graves.
Or, les cas graves… il n’y en avait jamais.
Dans les petits villages qui avoisinaient Ondiane, il n’y avait jamais ô grand jamais que des cas mineurs et sans gravité, qui pour la plupart ne nécessitaient même pas l’intervention d’un rêveur. Un poignet cassé, une bête brûlure, une entaille.. tous ces petits bobos quotidiens et lassants.
Artaïel en avait perdu le goût d’aider spontanément, et il vivait reclus dans cette pièce, dans cette bibliothèque, reposant ses vieux os.
Oh, qu’il avait envie que cette vie sans histoire finisse... soit par la Mort, qu’il savait de toute façon proche au vu de son âge vénérable, soit pas l’annonce qu’enfin quelque chose allait bouger en Gwendalavir.

Le vieil homme se leva de son assise, et alla s’accouder à la petite fenêtre ouverte.
Rien.
Là, un apprenti tirait l’eau du puit –en pleine nuit, tout de même-, un rêveur bedonnant avait le regard perdu dans les étoile. Tout était normal.. et ça l’agaçait.
En y réfléchissant, Artaïel regrettait presque la voie qu’il avait prise. En s’engageant à devenir rêveur, dans sa jeunesse, il avait renié tous les plaisirs qui mettaient un peu de couleur dans la vie de tous les jours : la bouffe et les nanas.
Surtout les femmes, à vrai dire.. Ca lui manquait, un corps dénudé devant lui, même s’il évitait d’y penser pour ne pas devenir fou. Si longtemps qu’il n’avait plus vu les courbes féminines.. Si longtemps qu’il n’avait pas goûté à une nuit.. dans cette maudite confrérie d’immaculés. Même s’il était vieux, maintenant, il aurait aimé aimer encore une fois avant de mourir.
Mais depuis bien longtemps, il s’était fait à l’idée que les deux voies étaient incompatibles. Donc il s’était maîtrisé.. et n’avait presque plus envie.
Soupirant de nouveau, le rêveur se tourna vers le petit miroir brisé qui pendait misérablement sur un des pans de mur de la bibliothèque. L’image éclatée d’un homme sec, qui avait été fort, d’un visage ridé, d’yeux éteints, lui sauta à l’esprit.
C’était lui.. beurk.
Quelle vie.

-Artaïel ! Artaïel ! Viens vite ! Vite ! On a besoin de toi, y’a une blessée !

La voix du jeune apprenti résonna encore longtemps entre les murs… vides.
Aussi vite que lui permettaient ses jambes usées et sa vieille carcasse, l’homme arriva devant le bureau du Maître de confrérie. Il reprit un peu de son souffle, et poussa la porte, intrigué par le son inquiet du petit moine qui l’avait prévenu.

Ce qui le frappa, à peine entré, fut l’odeur violente et écoeurante du sang. Elle montait à la tête, elle était omniprésente, elle donnait le haut-le cœur. Le vieillard fronça les narines, et jeta rapidement un coup d’œil à la scène, incommodé par les odeurs maintenant plus subtiles, du sang mêlé de sueur et de terre.

Ce qu’il vit ensuite en passant ses yeux dans la pièce le laissa coi. Les tâches carmin sur le plancher menaient vers cet homme blond agenouillé, la face livide et le souffle haletant. Dans ses bras... Mon dieu.
Par la Dame, que s’était-il passé ? !
Réprimant un frisson d’horreur qui descendait le long de son échine, Artaïel resta un instant les bras ballants, les yeux fixés sur le corps brisé et maculé de sang qui était étendu devant lui.
Bon sang... pas étonnant que le p’tit soit si troublé...
L’adolescente dans les bras du visiteur était.. morte ? Non, dans les Spires, il sentait sa respiration troublée. Il aurait peut-être mieux valu qu’elle soit morte, au vu des blessures immondes...

Ce fut le son d’une voix qui le fit réagir. Rapidement, il releva les longues manches de sa bure, et alla se mettre à genou à hauteur de la tête de la fille. Délicatement, Artaïel prit son poignet lacéré et glacé entre ses doigts arachnéens. Un pouls. Faites qu’il y ait un pouls... Les battements étaient affolés, totalement erratiques ; le cœur allait lâcher d’un instant à l’autre, à ce rythme. Vite, vite...
S’immergeant dans les spires, l’homme déroula promptement son rêve.
Non, pas pour soigner.
Il fallait d’abord faire reculer la Mort.
Le rêve était des plus durs à maintenir, et le vieil homme dut se rattraper à l’épaule du visiteur pour ne pas tomber. Tout ceci usait de son énergie, rien que pour tenter de calmer le cœur, rien que pour faire en sorte que les pulsations au poignet soient moins rapides.
Quel.. Ma Dame.. C’était révoltant.

Après quelques minutes les yeux fermés et les mains sur le thorax tailladé de la mourante, Artaïel était en mesure de dire que le cœur ne lâcherait pas dans la minute. Mais la nuit risquait d’être fatale à tout moment...
Il se releva, gardant tout de même son rêve en place pour retenir le cœur, et plongea son regard délavé dans les yeux du noble-au vu de ses vêtements-.

-Par la Dame, que lui est-il arrivé ?!


N’attendant pas spécialement de réponse, sentant que la blessée repartait mal, il se crispa un peu pour retenir les battements syncopés de l’organe vital. Décidant de se ragenouiller, il s’éxécuta, puis reprit, certain de maintenir la fille en vie :

-Une minute de plus.. et je n’aurais rien pu faire. Mais elle est très loin d’être tirée d’affaires.. Elle ne passera peut-être pas la nuit… des blessures si graves.. je ferais de mon mieux, Monseigneur.

D’un geste étonnamment délicat et puissant, le rêveur passa les bras sous le corps ensanglanté, et la souleva de terre, ne faisant pas attention au sang qui s’écoulait des blessures dorsales.
Puis, toujours avec la même lenteur, il passa dans une petite salle annexe, et étendit l’adolescente sur une table de soins propre.
Trop de sang... trop de blessures.. bon dieu…
Artaïel plongea à nouveau dans les Spires, tout en attrapant des linges mouillés, qu’il passa le long des membres de la mourante, pour les laver grossièrement du sang.
A ce moment-là, l’homme qui amené ce corps mutilé entra sans bruit et vint se placer à son côté, sans un mot.
Le vieil homme leva les yeux vers lui, tout en rêvant la survie de sa « patiente », et en compressant une plaie béante de sa main droite :

-Je vais avoir besoin de votre aide, Monseigneur. Je ne peux pas tout maintenir. Pourriez-vous prendre cette paire de ciseaux, et couper ses vêtements, que je puisse examiner son corps ?
-- Bien. Allez-y, dépêchez-vous !

Le rêveur s’interrompit, son attention concentrée sur le dessin, qui commençait à stabiliser la respiration, pour qu’il puisse s’occuper d’autre chose. Sa main retint efficacement le sang, et il observa le noble se mettre à l’œuvre, tout en l’interrogeant à voix basse :

-Une fois que ce sera fait.. Bon dieu, qui lui a fait cette… Horreur ? !

Dolohov Zil' Urain
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MessageSujet: Re: Faire reculer la Mort... (RP terminé)   Faire reculer la Mort... (RP terminé) Icon_minitimeMar 8 Avr 2008 - 18:01

Un sourire mauvais étira les lèvres du mentaï.
La chance tournait... en sa faveur. Le jeune rêveur avait pris ses jambes à son cou, en acquiesçant. Affolé. Par l'odeur de sang omniprésente. Par la vision de ce corps déchiré qu'il tenait entre les mains.
C'était doux, un rêveur.
Innocent. Altruiste. Stupide, à sa manière, mais qu'importait...? Ils étaient inestimables et bien plus qu'utiles. Dans de nombreux cas de figures.

Volontaire, malgré les tremblements qui agitaient ses jambes quand le jeunot était parti en courant, le garnement avait semblé maître de ses idées.
Lui jouait la larve tremblante à merveille. Il le fallait, évidemment, personne ne devait même imaginer autre chose en lui qu'un nobliau à l'âme aventureuse, tombé par hasard sur une demoiselle... pouvait-on encore qualifier son état de simple détresse?
Le sourire s'éteint comme il était apparu, et Dolohov cilla. Les pas revenaient, telles de cavalcades chaotiques.
Ce qu'il pouvait aimer le chaos...
Son esprit glissa dans les spires, effleura la présence de Sareyn, en lui murmurant doucement à l'oreille que, normalement, son plan ne subirait plus de fausses notes.

Le rêveur allait y arriver. C'était une certitude. Quelqu'un comme lui ne pouvait pas se permettre d'échecs cuisants et totals. Jamais.
La Dame était avec lui, après tout. Et quelqu'un comme son Ange n'avait pas le droit de mourir. Pas avant de l'avoir mené exactement où il fallait. Et on était encore loin de la bataille finale, d'ailleurs...

Les pas se faisaient plus bruyants. La mine du mentaï comédien se fit affolée, et son souffle redevint inégal. Il se devait d'être en état de choc.
L'homme qui entra dans la salle était un vieillard athlétique. Le mentaï le jaugea, alors qu'il s'approchait. Il ne tombait pas dans les pommes. Il semblait même prendre conscience du fait que la situation était grave. Son esprit entra dans les spires. Il était pâle et encore immobile.
C'était doux, un rêveur. Si facilement choquable, si facilement retourné.


-Remuez-vous, je n'ai pas risqué ma vie pour qu'elle meure dans mes bras sans que j'ai eu l'occasion de la connaître! Vous m'entendez? Elle a besoin d'aide! Je vous en prie...

L'homme eut l'air de se reprendre, retroussa les manches de ses nippes, et s'agenouilla, avant de lui prendre le pouls.
Dolohov se taisait. C'était doux, un rêveur. Tous les gestes du vieux sage confirmaient ses dires. La façon dont ses paupières se fermaient, dont il effleurait doucement son poignet puis, cette façon d'appliquer ses mains sur le cœur. Comme un pansement naturel.

Le rêve commença, Dolohov se prit à retenir vraiment son souffle et se traita d'imbécile. Tous pouvaient s'engluer dans les illusions qu'il affichait. Mais lui, il ne devait pas se prendre à son propre jeu. Il fallait rester en éveil sur le reste, étudier la pièce. Ivan ne resterait pas macchabée très longtemps. On pouvait même affirmer qu'un personnage comme lui allait se faire reconnaître tôt. Et ils chercheraient son assassin. Il y avait une chance, minime certes, mais qui existait, qu'il se fasse rattraper. Les fenêtres fines ne permettraient pas de fuite, et il était trop fatigué pour un pas sur le côté.
Prendre un rêveur en otage serait dérisoire.
Ces saloperies de moines ratés étaient trop inconscients de leur propre valeur pour se soucier de la mort. le sacrifice était une notion spontanée chez eux. Ils se laisseraient tous égorger.
Non, on ne pouvait pas le rattraper. Où il ne resterait que le combat, et Marlyn mourrait.
Son regard se retomba sur le rêveur, qui à son tour releva les yeux.
A des années lumières de penser qu'il pourrait servir de bouclier humain si combat il y avait. A des millénaires d'envisager que son interlocuteur puisse être autre chose qu'un idéaliste. On ne voulait jamais voir ce genre de vérité, quand on était ampli de bonté et de vertus.
Sa question elle-même était risible de naïveté. Dolohov, paré à répondre, se retint, comprenant que le vieil homme avait simplement besoin de verbaliser.
Etrange, pour un praticien d'être aussi mal à l'aise face à une blessée grave. Pouvait-il sentir que c'était une fille bien? Ou plutôt, que ses bourreaux étaient des êtres biens pensants? Que ses plaies écœurantes étaient le fait de gens appartenant à la lumière et l'ordre des choses? Ils confortaient le mentaï dans l'idée que le bon côté n'était pas celui qu'on pensait.

Il reprenait son travail, puis relevait les yeux. Dolohov retint un sourire en coin lorsqu'il l'appela Monseigneur. Certaines choses étaient à jamais en lui, la noblesse en faisait partie. Au moins, ce rêveur était-il compétent et assez civilisé pour utiliser les termes corrects aux bons moment. Mais Sareyn ne passerait peut-être pas la nuit, et très franchement, c'était plutôt ennuyeux.
Le rêveur l'a pris de ses bras, sans éprouver de fatigue visible. Il ne vacilla même pas.
Il ne fallait pas laisser ce type seul avec elle. Et ne pas rester seul face à ce commis non plus. Il se leva à son tour, suivit le rêveur en tâchant de rendre sa démarche élégante et douloureuse à la fois. Hésitante, peut-être, aussi. Un nobliau sympathique se devait d'être impressionné par une confrérie comme Ondiane, et plus encore par le sang qui à présent tâchait le sol, et une table de soin.
Le vieillard lui laça une œillade, puis un ordre en reprenant le cours de son rêve. Dolohov s'exécuta, caressa du bout des doigts les ciseaux pointus, avant de commencer à découper ce qui restait de la tunique de son ange déchu.

Le rêveur reprit, à voix basse. La question, cette fois, souffrait une réponse claire et précise. Le blond fit trembler ses mains sans pour autant blesser le corps meurtri plus longuement.


-Je l'ignore...

La voix rauque, frissonnante en gardant une touche aiguë malgré tout. Parfait. Il écarta du bout des doigts la tunique. Feindre l'horreur n'était plus nécessaire. La peau délicate qu'il avait caressé si peu de temps auparavant n'était plus qu'un souvenir...
Ce rêveur devait impérativement se concentrer à sa tâche.


-Nous étions, mes chiens et moi, parti pour une chasse au tigre, dans la Grande plaine. Je sais, ça parait bien idiot, de s'amuser avec un gros chat alors que... qu'elle... je.. l'ai trouvée dans une grande tanière, visiblement abandonnée. J'étais entré à cause de l'odeur de sang frais... Elle était attachée. J'ai fait ce que je pouvais avec ma bourse médicinale, mais... J'ai beau être un noble, devant la sauvagerie de ses bourreaux, j'ai éprouvé la peur. La honte aussi, de n'être pas arrivé assez tôt pour l'aider. Je ne sais rien de plus, monsieur... mais il faut la sauver, elle est trop jeune pour mériter la mort... elle avait peur... elle ne voulait pas mourir... Elle... sauvez-la je vous en prie. Je ne pourrais pas supporter l'idée que ces monstres aient réussi...

Prendra? Il semblait... Dolohov avait laissé sa voie s'éteindre et se mordait les lèvres.
Le vieil homme restait concentré sur la jeune fille blessée. Dolohov, sa méfiance accrue par les bons sentiments qui émanaient naturellement du rêveur, jaugea son public d'un jour, autant dans l'attente d'instruction que pour voir si ses illusions avaient endormis les éventuelles suspicions de son interlocuteur.
Et le vieillard allait reprendre la parole, ce n'était qu'une question de secondes...


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MessageSujet: Re: Faire reculer la Mort... (RP terminé)   Faire reculer la Mort... (RP terminé) Icon_minitimeMar 8 Avr 2008 - 22:49

Artaïel serra les dents. Toute cette énergie qu’il devait fournir n’était pas habituelle… Mais il le ferait jusqu’au bout, même si pour cela il devrait ensuite passer trois mois malade comme un chien. Alors il continua. Ses doigts retenaient toujours le sang qui coulait inexorablement de cette.. ouverture béante à l’épaule. Béante, dangereuse, mortelle si pas soignée.. Maintenant, il ne fallait pas que cette fille trépasse d’hémorragie. Pas maintenant... Mais la priorité restait cette respiration qu’il n’entendait toujours que trop peu, ce cœur qu’il ne sentait pas battre assez fort .. Le vieillard investit les Spires, plus haut, plus fort. Il devrait déployer des techniques qui ne lui étaient pas autorisées par ailleurs. Des techniques que seuls les plus anciens maîtrisaient, des techniques qui se devaient de rester dicrètes.. Sauf en cas de force majeure. Et là, même un aveugle aurait pu le dire, il y AVAIT cas de force majeure. Plus le choix…
Artaïel effleura du bout des doigts une cloche suspendue au mur. L’instant d’après, comme sorti du néant, le jeune rêveur qui était encore un apprenti s’approcha de la table de soin, impressionné par le sang qui en goûtait doucement. Plic ; ploc ; la mort approche. D’un professionnalisme sans appel, le vieil homme lui lança un bref signe de tête et le jeune moine posa sa main encore tremblante sur la plaie de l’épaule, à la place de celle du rêveur. Il aurait besoin de toute sa concentration pour cette technique. Ne s’occupant plus du petit, qui se reprenait en et commençait de son bras libre à nettoyer la peau noircie, Artaïel soupira.
Posa ses deux mains croisées sur le cœur de la mourante, et ferma les yeux. Immergea les Spires avec une lenteur presque respectueuse.

**Monte encore, monte encore… Allez, vieil homme, tu as encore du pouvoir, oui ou non ?! Monte, monte… Traverse tes Spires, fends le labyrinthe..
Car Artaïel voyait les Spires comme un gigantesque labyrinthe. Chacun avait sa propre visualisation des Spires, bien que la plus commune soit une multitude de chemins entrelacés à perte de vue.
Entre le labyrinthe, évite les pièges, évite sa mort et tes erreurs. Trouve le centre, trouve le centre.. de temps à autres, l’homme s’arrêtait et posait les mains sur une paroi du labyrinthe. Soignait une veine brisée, ou une fibre du cœur qui allait lâcher. Qu’il tienne, qu’il tienne... le temps qu’il trouve le centre. Le centre.
Il courait à travers ce labyrinthe sinueux, étroit, offrant des possibilités infinies de chemins. Seul un l’intéressait. Celui qui menait au centre. Celui qu’il avait réussi par une méthode plus que sombre à détacher des autres possibles, à illuminer. A gauche, à droite, il s’arrête et répare, repart, continue..
Trouver le centre… Trouver le centre du trouble de la fille, trouver cette anomalie qui l’empêchait, lui rêveur, de la faire survivre… trouver quelle blessure cachait le cœur. Fermant les yeux à tout autre chemin qui l’aurait mené dans les souvenirs et pensées de la jeune fille brisée, il se concentra sur sa voie.
Ses pas le menèrent au centre. Après s’être assuré d’avoir stabilisé la mourante, il se trouva en face de ce qui lui permettrait de soigner intégralement le cœur. Ce dragon translucide, blessé, meurtri, affaibli, brisé.. apeuré, méfiant, craintif, hargneux, hostile. Hostile aux soins, confondant les mains salvatrices avec les outils qui l’avaient blessé. Artaïel s’approcha de la bête lentement, la main droite en avant en signe de respect. Elle le laissa s’approcher.. tout allait bien. Tout allait aller bien... Le dragon presque effacé, cette luciole qui était la vie de la mourante, il la toucha. Posa sa main dessus. La caressa. Il apprivoisa la Vie de sa patiente. Le contact de la peau du rêveur raviva une petite lueur de la bête, qui lui montra sa véritable nature.. bien maigre défense que le dragon, quand apparut la chauve-souris. Il posa ses deux mains sur la chauve-souris et ferma les yeux. Elle se fit toute petite, puis vient trouver refuge dans le creux de ses paumes à lui. La Vie avait choisi de lui faire confiance. La Vie de la jeune fille était à présent entre ses mains… Il la sauverait. Elle ne mourrait pas tout de suite. Il soignerait le petit volatile, ce p’tit bout d’humain qui dépendait de lui…
En courant, il retraversa ce labyrinthe qui étaient SES spires, la lueur de vie entre ses mains fermées. Elle survivrait..**

Les mains d’Artaïel tremblaient légèrement ; ses yeux se mouvaient dans leur orbites comme s’il rêvait. Le jeune novice le regardait bouche bée tout en maintenant une pression parfaite sur la blessure.

** Le plus dur était passé.. restait le très dur. S’introduire dans les Spires de la jeune blessée, replacer cette chauve-souris, cette vie, au centre de son Imagination, replacer cette Vie dans son cœur, cette vie qui avait commencé à s’enfuir et à disparaître. Replacer cette vie au sein de ce corps ô combien meurtri. Ensuite seulement, il pourrait la soigner…
Avec beaucoup d’efforts et de techniques plus noires encore, il parvint à briser le faible, trop faible mur des spires de la mourante, et pénétra dans son Imagination. Et quel spectacle, par la Dame, quel spectacle.. leur vision des Spires était si.. différente, divergente..
Là où lui voyait un labyrinthe, cette jeune fille torturée y avait vu un tourbillon d’une taille inimaginable.. Un tourbillon d’où partaient des millions et des millions de possibles, d’embruns et de jets de flamme, un tourbillon glacé et brûlant, d’enfer et de banquise. Qu’il aurait aimé avoir le temps de les étudier.. Cette forme si étrange qu’il ne l’avait jamais vue, ni dans les livres ni dans la vie..
Cette force qui exhalait pourtant un contrôle très incertain. Et pour cause. Il était lui-même entraîné par ce tourbillon des possibles malgré lui. Elle devait avoir très peu de contrôle sur cette force incommensurable..
Mais là n’était pas la question. La chauve-souris recommençait de disparaître, de s’effilocher, de lui filer entre les doigts. Il n’avait plus le choix.
Il plongea en plein cœur du tourbillon. Lâcha le volatile qui vint se loger en plein cœur, se nourrir de ces fibres de dessin.. Cette Vie qui reprenait vie..**

Tout se passa en une seconde. Artaïel ouvrit les yeux ; le corps ensanglanté fut pris d’un spasme unique qui le cambra violemment ; Il recula d’un pas, les mains en l’air, comme parcourues d’une violente brûlure.

Le vieil homme fixa un instant le corps blessé devant lui. Il n’osait pas vérifier si cette technique, ô combien sombre et oubliée, avait marché... Mais il le devait. D’un parce que son petit rêveur de secours était si pâle et dépassé par les évènements qu’il allait collapser si il ne réagissait pas, de deux parce qu’il sentit, l’espace d’un millième de seconde, le regard du noble se faire inquisiteur, intrigué... autre. Artaïel revint près de la table de soins, le drap qui était en dessous d’une couleur pourpre inquiétante. Elle devait être blessée dans le dos ; plus tard, plus tard. A vrai dire, maintenant que tous les vêtements avaient été ôtés avec expertise par l’homme, il pouvait constater cette horreur : elle était blessée de partout.
Et ce qu’avait dit son interlocuteur juste avant qu’il ne ferme les yeux le confirmait. On l’avait.. oui, torturée.
Mais sa poitrine se soulevait maintenant régulièrement, faiblement quand même. Il se saisit du poignet et compta. C’était.. il avait réussi. Le cœur fonctionnait normalement..

-Elle.. ne mourra pas cette nuit, Monseigneur..


Une fatigue passagère lui pesa brusquement sur les épaules, et ce fut les doigts crispés sur le bord de la table qu’il attendit une minute ou deux, le temps de retrouver tous ses esprits.
Une fois qu’il voyait de nouveau clair, il reprit :


-Je vais avoir besoin de votre aide, cependant. Non, pas tout de suite, restez tranquille. Mais quand j’aurais soigné intégralement cette bless--Oh putain !

Le juron lui avait échappé des lèvres malgré lui, et il s’en repentit tacitement la seconde d’après. Mais..
Pendant qu’il parlait, il avait dégagé une mèche de cheveux engluantée qui recouvrait la partie droite du visage de l’adolescente. Découvrant ainsi le..le.. trou de sang qu’il y avait. Pas étonnant que la table soit devenue pourpre... A côté de CA, la blessure à l’épaule faisait, proportionnellement cependant, figure de coupure. On lui avait crevé l’œil et pourtant.. c’était presque comme si on lui avait totalement arraché de l’orbite.. et cette entaille monstrueuse qui lui barrait le visage.. Il manquait de perdre pied. Mais resta calme. Il fallait rester calme...
Laissant l’apprenti commencer à réparer les tissus de l’épaule –une tâche dont il était capable malgré son jeune âge- Artaïel fit le tour de la table de soins et plaça rapidement sa main sur cette face détruite. Et réemprunta le labyrinthe de son Imagination, dans les techniques plus conventionnelles... Il ne ferma pas les yeux. Car au bout d’une seule minute de soins, il savait le diagnostic final.

-Je.. je ne peux rien faire. Les tissus ont été complètement détruits. Je suis désolé de le dire mais.. son œil est totalement irrécupérable. Elle sera borgne.. et ce jusqu’à la fin de ses jours. Quant à son visage.. je peux rattraper le plus gros, mais elle aura tout de même une cicatrice visible qui lui barrerait la figure. Je.. je suis désolé.


Quand il se fut assuré d’avoir été compris, il reporta son attention sur l’adolescente.
A deux, ils y arriveraient mieux..

-Juven, occupe-toi intégralement de cette blessure à l’épaule. N’oublie pas : toujours commencer par le plus grave. Ponctionne vite le sang, répare l’artère coronaire. D’accord ? Et ensuite tu pourras faire ce que je t’ai enseigné. Bien, tu peux y aller.

Le petiot acquiesça et se mit immédiatement au travail, cessant instamment de trembler. Artaïel sourit et reporta son regard sur le visage.. se mit lui-même au travail. Mais avant, il pourrait trouver quelque chose à faire au noble :

-Maintenant que nous avons la certitude de la maintenir en vie pour cette nuit, nous pouvons nous concentrer sur les autres blessures. Cependant, je ne peux pas tout faire en même temps. Comme vous ne possédez pas le don du rêve, j’aimerais que vous vous occupiez de laver son.. corps, si cela ne vous gêne pas. Nous devons parer à tout risque superflu de mort. Et l’infection est la pire et la plus salope que je connaisse.. Si cela vous convient, vous n’aurez qu’à prendre ces linges propres, dans la bassine, et à nettoyer tout le sang et la poussière qui reste…Monseigneur.

Non, il ne pouvait pas tout faire lui-même, Artaïel...

Dolohov Zil' Urain
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MessageSujet: Re: Faire reculer la Mort... (RP terminé)   Faire reculer la Mort... (RP terminé) Icon_minitimeDim 20 Avr 2008 - 18:22

Etrangement, de réaction, il n'y en eut point.
Ce qui pouvait signifier, soit qu'on ne l'avait pas réellement écouté -et n'était donc pas grave- soit qu'il n'était pas tombé sur un véritable naïf, ce qui était autrement plus gênant.
Le vieil homme s'approcha d'une cloche la fit tinter brièvement, et laissa entrer un petit rêveur déjà pâle à la vue du sang qui coulait. Le mentaï loin de s'amuser de la situation, guettait le moindre regard, le moindre son qui pouvait être suspects. Le moindre détail que pouvait dissimuler ce son de cloche.
Mouvement de tête de la part du Maître rêveur, les doigts de Dolohov rencontrèrent la
lame de son poignard. L'apprenti s'avança, respira, maîtrisa le tremblement de ses mains, et les appliqua sur la plaie de l'épaule. Les yeux gris retournèrent à l'ainé, qui ne semblait pas vouloir partir. Bien...
Le vieillard posa alors ses mains noueuses sur la poitrine de l'ange de brume.
Ferma les yeux.
Le noble avait déjà pu observer nombre de rêveur. Jamais les soins ne duraient le temps d'un battement de cil... Pour les états graves, les rêves étaient longs.
L'héritier des Zil'Urain ne put retenir un battement de cil.
Jamais une présence n'avait investi les spires à si vive allure. Ses prunelles se firent scrutatrices lorsqu'elles se posèrent sur le visage de l'homme, dont les yeux clos indiquaient un rêve intense.
Elle se fixèrent ensuite sur le gamin, qui contemplait son supérieur bouche bée.
Il se passait quelque chose d'anormal. Quelque chose dont l'importance transcendait les Spires, et dont la fulgurance rendait toute analyse impossible. Le poignard se glissa dans la main. Si elle mourrait, elle serait vite rejointe par les rêveurs.
Le corps de Marlyn se souleva d'un spasme furieux, surprenant le petit apprenti. Le maître des soins, quant à lui retira simplement ses mains de la poitrine de la jeune fille.
A croire qu'elle l'avait brûlé. Leur regard se croisa. Le mentaï tâcha de reprendre automatiquement une expression entre espoir et respect. Il ne se sentait pas crédible, et maudis le vieil homme de la plus sordide façon. Ce qui empêcha définitivement le poignard de fuser vers le guérisseur était la respiration -à présent audible et visible- de son élève.
Ca n'avait pas été normal. Mais ça avait fonctionné. Sa mine en prenant le pouls le confirmait. Dans ce cas...

Il lui annonça qu'elle survivrait aujourd'hui. Le poignard regagna aussitôt sa place initiale, et le mentaï prononça un remerciement aux entités.
Le vieillard s'apprêtait à lui donner une instruction, approchant dangereusement sa main des cheveux qui masquaient le côté droit du visage de l'ange des brumes endormi. Dolohov ne put retenir un mouvement de protection, en voyant ses grosse patte approcher de l'œil détruit... que le vieil homme révéla, avec un cri d'horreur qui fit rougir les oreilles de l'apprenti. Sa main se posa sur le visage, cachant l'horreur.
L'espoir ne dura pas une seconde avant que le verdict ne tombe; c'était incurable. Même le rêve avait ses limites, dans la réalité. C'était bien dommage, d'ailleurs...
Mais la situation n'était pas désespérer pour le reste de son visage... qu'était-ce, une cicatrice, fasse aux ravages actuels?


- Non je... je préfère agir que vous observer.

Il se leva, dessina dans la bassine une eau pure et qu'il espérait tiède. Son linge de lin se trempa sans difficultés. Sublime, son eau était tiède. Il l'essora sommairement, puis se mit à nettoyer minutieusement les membres du corps étendu sur la table. Les bras, les jambes, le ventre, autant par là même les poudres curatives qu'un noble normal et partant à la chasse n'était pas censé avoir sur lui. La peau reprenait peu à peu ses couleurs albâtres, le mentaï hésita à agir moins efficacement. Après tout, il était censé être noble et en état de choc. Il fit trembler ses mains presque imperceptiblement, et s'obligea à rougir lorsqu'il atteignit les cuisses puis les seins. Juste au cas où Vieillard le surveillerait. Après tout, Vieillard avait surpris son expression réelle, il en était sûr. Et Vieillard agissait de manière étrange. Vieillard était à surveiller, parce qu'il n'était pas -totalement- ce qu'il semblait être.
Et sa tête ne revenait absolument pas à l'héritier de la très noble famille des Zil' Urain.

Le rêve sembla enfin s'achever, alors que l'eau du sceau avait pris la couleur des souillures pour la seconde fois.


-J'ai fait au mieux, messieurs, souffla t'il, en sondant ses interlocuteurs. Pourrais-je encore me rendre utile? Préfèreriez-vous que je vous laisse un instant?

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MessageSujet: Re: Faire reculer la Mort... (RP terminé)   Faire reculer la Mort... (RP terminé) Icon_minitimeMer 23 Avr 2008 - 17:38

Du coin de l’œil, il surveillait l’homme qui s’approchait lentement du corps de la jeune fille, comme il lui avait été indiqué. Le regard scrutateur qu’il avait eu plus tôt était resté dans la tête d’Artaïel, qui y repensait maintenant que la Mort était partie. C’était étrange, et il fallait éviter tout risque superflu. L’adolescente avait déjà eu assez d’ennuis comme cela, ça suffisait.
La main sur la peau ravagée de sa patiente, Artaïel observa l’homme sans commencer à dérouler ses propres soins. Il préférait rester sur ses gardes même si c’était de la paranoïa. Il était vieil homme mais il avait eu une vie avant d’entrer dans la confrérie, contrairement à tous les autres, et il savait ce que signifiait le mot danger.

Les mains élégantes de l’homme qui parcouraient les membres étaient suffisamment expertes pour être efficaces, et bientôt le sang fut ôté. Peut-être un peu trop expert d’ailleurs… Mais qu’importait à près tout ? A présent, d’un œil attentif et la main toujours cachant l’horreur à l’apprenti, le guérisseur parcourait du regard le corps de la fille. Sans toutes ses blessures qu’elle avait, son corps aurait été attirant.. Quoiqu’un peu maigre, il faudrait faire attention à la nourrir pour les jours à venir. Etonnamment, les blessures les plus profondes et les plus graves évitaient soigneusement la région du ventre.
Après tout, ce n’était pas si étonnant que cela... Si ce que le noble avait dit était vrai, elle avait été torturée sauvagement, et le but premier de la torture était de faire souffrir au maximum sans tuer. On pouvait donc comprendre pourquoi les entrailles avaient été évitées... Ce qui n’empêchait pas la peau d’être couverte de tumeurs, ecchymoses et autres brûlures. Atroce, vraiment atroce. C’était vraiment étonnant qu’elle ait survécu, pour quelqu’un avec une constitution aussi faible qu’elle laissait paraître... Mais trêve de tergiversations, il avait un visage à réparer.

Après s’être assuré que l’apprenti était sur la bonne voie –à ce qu’il voyait, l’artère principale était presque réparée- et après avoir vu l’homme rougir en passant sur le buste de la blessée, Artaïel immergea les Spires.. les yeux ouverts.
Il n’aurait pas besoin de déployer toute sa maîtrise étant donné qu’il n’y avait rien qui puisse être réparé. Il devrait tout recoudre et laisser le moins de traces possibles, en fait.
Mais avant d’avoir commencé, il fut interrompu par une question anodine du noble qui avait fini sa tâche.
Partir ? C’était prendre un risque trop grand, à l’avis du rêveur.. Qui savait ce que cet homme allait faire sitôt sorti ? Encore de la paranoïa, peut-être. Mais mieux valait prévenir que guérir.
Après avoir réfléchi une minute, il lui répondit d’un ton calme qui parvenait à masquer sa méfiance :


-Si cela ne vous gêne pas, j’aimerais que vous restiez. Dés que j’aurais terminé son visage et aidé Juven avec la plaie à l’épaule, j’aurais besoin de votre aide pour la retourner. D’après ce que j’ai senti, elle a été gravement, très gravement lésée dans le dos également et je devrais m’en occuper sans trop tarder. Juven n’est pas assez fort pour la retourner sans l’abîmer, je ne vois que vous…

Les Spires frémirent un instant, le rêveur posa la main sur le front de sa patiente. Il tiqua. Son état comateux allait finir dans très peu de temps, le cerveau était réveillé…


-Monseigneur.. Je voudrais également que vous restiez car.. elle risque de se réveiller. Et elle aura besoin de quelqu’un auprès d’elle afin d’éviter toute panique. Il faut la comprendre : se réveiller dévêtue dans une salle inconnue, le corps en feu, à la lumière vive et avec un parfait inconnu qui la soigne.. elle risquerait de meurtrir le cœur un peu plus par choc.
Si.. si elle se réveille, votre visage la rassurera, à mon humble avis. Mais savoir QUAND elle risque de s’éveiller, c’est impossible à dire.. un quart d’heure grand maximum.

Après s’être fait comprendre clairement, Artaïel déroula son rêve au plus vite. Autant que le visage soit soigné avant qu’elle ne bouge..
Finalement, il décida d’exploiter toutes ses ressources du sixième cercle pour rendre à la jeune fille un visage presque intouché. Il sentait néanmoins la fatigue poindre, alors qu’il était en train de rêver.
Le trou béant lui mit plusieurs minutes à épurer de son sang, et il parvint à re-dessiner la peau des paupières doucement.. Enfin, d’un rêve compliqué, il souda les paupières entre elles pour éviter que l’infection ne vienne se loger dans cette chair abîmée. Il restait donc l’entaille.. non, la balafre –Non, l’énorme plaie qui lui barrait le visage. Ce n’était pas trop difficile. Après avoir réparé entièrement la blessure, il restait à s’occuper de la cicatrice boursouflée qu’il avait laissée. Manuellement, il passa le doigt dessus pour étirer les tissus, et dessina, pour consolider et réparer la peau ; elle s’amenuisait enfin.

Artaïel se recula et jeta un regard au noble, voir s’il avait une réaction quelconque devant son travail. Il en était lui-même fier, car ça lui avait coûté de l’énergie, pour le faire en une dizaine de minutes. Le visage de la fille avait retrouvé un peu d’humanité : les paupières fermées étaient propres et la peau tendue ; la cicatrice était réduite à l’état de trait blanc, qui luisait faiblement à la lueur des bougies –bougies qu’il faudrait changer dans très peu de temps d’ailleurs...
A présent qu’elle était lavée, il pouvait apprécier les traits fins de son visage, la pâleur gracieuse de sa peau.. mais se reprit bientôt. Après tout, même sans avoir d’intentions mauvaises, le noble ne l’avait sûrement pas amenée ici sans raisons. Si elle n’avait pas été jeune et assez sauvagement attirante, il l’aurait achevée ou laissée mourir, c’était certain.
S’obligeant à ne pas trop penser, le vieil homme se posa quelque peu sur une chaise, le temps de reprendre un peu d’énergie.
De ce point de vue, il pouvait à présent bien voir le sang goûter de sous la fille. Il avait senti que la blessure était grave dans le dos, mais pas mortel. Ca pourrait sans doute attendre..

Surtout que l’adolescente respirait désormais un peu plus vite à en voir sa poitrine.
Elle allait se réveiller d’une seconde à l’autre…


-Monseigneur, restez près d’elle..

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MessageSujet: Re: Faire reculer la Mort... (RP terminé)   Faire reculer la Mort... (RP terminé) Icon_minitimeJeu 15 Mai 2008 - 18:13

Le mentaï hésita, fit un pas pour se retrouver à la hauteur du visage de sa chère disciple. Entrer dans les spires? Caresser son visage? Paraître encore plus troublé, ou plutôt conserver encore cette moue inquiète, qu'il ne devait même pas feindre.
Si elle ne le reconnaissait pas de suite? Si elle paniquait? Si elle l'appelait maître? Si elle criait?
Il passa une main faussement maladroite le long de sa joue nouvellement soignée, songeant avec ironie que décidément, le rêve était fascinant. Les pouvoirs des rêveurs somptueux et tellement... bruts.
Limités cependant. Là où le dessin n'avait pour limite que l'esprit des hommes, le rêve se bornait au corps, au concret, à la fureur de vivre... Tout un tas de paramètres tellement variables que le mentaï ne parvenait pas à jalouser le vieil homme. Sans doute le mode de fonctionnement des deux hommes était-il trop différent.
L'un faisait vivre les rêves des autres, les envenimait jusqu'à asservir les rêveurs à ses propres ambitions, ravageant durablement les esprit pour y imposer son hégémonie la plus délicatement parfaite.

L'autre rêvait le bonheur de ceux qu'il voyait, sacrifiait tout ce qui rendait à la vie un temps soit peu d'intérêt. Pas de pouvoir. Simplement ces appellations étranges de "cercles". Pas de femmes, pas d'intimités. Mais des livres, par centaines de milliers, assez pour passionner le regard de cet apprenti, qui contemplait les merveilles de sa magie, les yeux écarquillés de fierté et de ce vieil homme, qui l'étudiait dans les détails -il en était convaincu maintenant- qui parcourait les spires avec une fulgurance étrange, dans une dimension que Dolohov avait senti sans la ressentir vraiment...
Leurs seuls point commun était peut-être l'absence totale de véritables amis.
Mais qui pouvait se vanter de posséder de véritables amis? Ce mot existait-il toujours au sens où le commun des mortels l'employait?
Les paupières de Marlyn se froncèrent légèrement, et le noble se tourna vers le rêveur, prenant l'air surpris en voyant que celui-ci lui tendait une étoffe qui n'était ni précieuse ni joliment tentée, mais dont le contact était aussi doux que réchauffant.
Il remercia en inclinant la tête, posa l'étoffe sur le corps de son apprenti, songeant que le petit apprenti avait bien raison d'être fier de lui.
Elle ressemblait à nouveau à une humaine, comme ça. C'était un bel exploit...

Il se prit à penser à Shaïlan. Surement parce qu'elle avait les cheveux du même ton sombre que lui. Il se demanda ce qu'il était advenu de son cousin, lorsqu'il l'avait laissé, abruti par l'alcool, dans cette auberge cossue, en laissant pour message à l'aubergiste qu'il le remerciait d'avoir rendu torque et chevalière, que ses retrouvailles avaient été bien plus joyeuses qu'il ne l'aurait cru... Et qu'il lui laissait régler leurs deux chambre, comme prévu.
Lui non plus, en fin de soirée, n'avait concerné ses idées parfaitement claires. Il était même plutôt bien gris, mais étrangement logique, encore. Peut-être à cause du .. cadeau de Lindörm. Ou de son âge? Ce n'était pas important- jamais, lorsqu'il s'agissait de Shaïlan- mais quand même...
Depuis leur rencontre, il ne pouvait s'empêcher de penser, de tester, ses informateurs, ses mains dévouées, ou simplement ses marionnettes de jour...
Qui connaissait le cousin? Qui en avait ouï parler?
Quelques changements s'étaient effectués dans son système. Le Pollimage était bien assez profond pour receler quelques cadavres de plus, après tout...
Et c'était une belle mort...
Regarder la Dame au fond des yeux en recevant son baiser de mort...

Actuellement, c'était un autre type de Dame qui s'agitait. Plus accessible, peut-être. Un regard brumeux qui retraçait sans sembler les voir les contours du visage du mentaï penché vers elle. Un petit creux entre ses lèvres, ébauche de mots inaudibles?
Respirtion? Sourire?


-Comme je suis heureux de recroiser votre regard... Ne vous agitez pas, je vous en prie... Ne me répondez pas. Refermez les yeux...Votre vie est sauve, mais aucun risque n'est à prendre à la légère... Tout ira bien. Vous pouvez avoir confiance en moi, je resterai à vos côtés...

Il vit ses longs cils se rejoindre doucement, lança un regard faussement mal à l'aise au rêveurs, et posa sa main sur celle de la jeune fille, crut la sentir frémir puis se détendre.
Comme il était immonde et commode de faire des gens exactement ce qu'on voulait...


-Je tiens toujours mes promesses, souffla t'il, en tournant la tête vers les deux rêveurs.

Il s'amusa de voir que l'apprenti avait baissé les yeux et s'en amusa. Il vit le vieux rêveur s'approcher, et s'écarta de lui-même, à nouveau, l'autre reprenait les rennes, il n'aurait pas été utile de le déranger. C'était presque terminé...
Il fallait penser à la suite, maintenant. Il aurait toute la nuit pour cela...


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MessageSujet: Re: Faire reculer la Mort... (RP terminé)   Faire reculer la Mort... (RP terminé) Icon_minitimeSam 17 Mai 2008 - 1:39

Quelque chose le troublait. Cet homme.. il avait réussi à rendormir la jeune fille d’un regard, d’une pression réconfortante de la main, de mots plus ou moins vrais. Et une adolescente brisée mentalement par ses bourreaux n’aurait jamais fait confiance à un visage inconnu, au contact pourtant chaud d’une main qu’elle ne connaissait pas, à des mots lointains. Soit il s’était gravement trompé sur l’état de santé de la blessée, dont le corps serait bien plus fatigué que prévu, soit elle vouait une confiance bien plus grande à cet homme que celui-ci ne le disait. Et pour avoir confiance, il fallait connaître..
Mais après tout, qu’importait. Le rêveur n’était pas de ces gens fouineurs qui cherchaient la vérité. Et puis, que cette fille ait quelqu’un sur qui elle puisse appuyer ses espoirs de vie ou sa confiance était positif pour son état. Rien de pire qu’un esprit résigné à la mort.. Le vieil homme n’allait pas relever les mensonges ; les savoir suffisait à son bonheur.
La couverture commençait à réchauffer le corps meurtri sur la table de soins, mais il savait que la guérison de la jeune fille serait un parcours long, minutieux, pénible, et extrêmement douloureux et contraignant pour elle. Il s’en désolait d’avance mais n’avait pas le choix. Si elle voulait pouvoir courir dans les champs ou grimper à nouveau un jour, il devrait être d’une fermeté sans égal envers elle durant le temps de sa guérison. Fermeté qui n’excluait pas une certaine éducation.. mais plus tard, quand le vital sera passé.

La nuit serait longue encore..

**
Le lendemain, Artaïel se réveilla d’une courte sieste qu’il avait fait pour restaurer ses forces. Le noble, qui s’était absenté sous un prétexte quelconque, n’était pas encore revenu. Ce n’était pas important pour les prochaines étapes qu’il soit présent. Etapes d’un programme de guérison long.. il aurait besoin de plusieurs saisons au moins. L’hiver touchait à sa fin. Le vieil homme estimait à l’orée d’automne la quasi-complète guérison de sa blessée. Ca ne semblait pas gêner son protecteur, qui avait acquiescé avant de partir durant la nuit. Il valait mieux se remettre au travail alors. Le rêveur se leva et alla à la table de soins, où la jeune fille dormait d’un sommeil malade depuis l’intervention du noble. Il avait soigné entièrement sa blessure d’épaule, il ne restait plus qu’une plaque de peau blanc-laiteux et légèrement gonflée dont il s’occuperait après ; mais également les plaies dorsales graves, dont seuls trois minces creux subsistaient ; et les blessures béantes les plus laides. Il avait encore beaucoup de travail..

**

Une semaine avait bien passée, à en juger par la barbe naissante du vieux rêveur. Posé sur une chaise, fatigué, il se reposait, les yeux fixés sur le corps en face de lui. Le noble venait prendre des nouvelles, ou bien demandait par la voie des Spires en contact quasi-permanent. Artaïel était fier de son travail. Il s’était donné corps et âme pour redonner son corps à la fille. Toutes les blessures visibles n’étaient plus que cicatrices. Les bleus s’étaient atrophiés puis avaient disparu d’eux-même, les boursouflures étaient moins visibles. Allongée comme ça sur une table de soins, avec pour tout habit cette mince couverture, il la trouvait belle. Elle dormait toujours ; ça c’était inquiétant. Elle ne s’était pas réveillée, témoignant d’une fatigue extrême qui imposait à son esprit de rester à l’écart, le temps pour le corps de récupérer un minimum vital d’énergie. Et Artaïel ne devait pas le cacher, il avait eu plusieurs fois recours à des techniques sombres pour faire fonctionner tous les organes et insuffler des forces dans son corps.
Après encore quelques jours, la blessée se réveilla. Tenta de parler, de voir, de bouger, sans grand succès. Artaïel lui avait alors soufflé :


-Le chemin est long vers ta guérison, jeune fille.. N’aie pas peur de moi, je ne suis que le Rêveur qui s’en chargera. Fais-moi confiance, et je te redonnerai ton corps.

Elle n’avait pas résisté. Après l’avoir habillée sobrement d’une tunique et d’un pantalon, il l’avait doucement aidée à redresser le dos, avec beaucoup d’aide et de délicatesse. Et d’après son rictus, le court gémissement qu’elle voulut étouffer, ce corps nouvellement racommodé la tiraillait. Et pour cause… Une semaine, peut-être plus, sans aucun mouvement, presque aucune nourriture, à tenter de survivre.. les muscles s’étaient atrophiés considérablement. Ils ne supportaient plus le poids –pourtant extrêmement faible- de l’adolescente.
Les jours qui suivirent, Artaïel lui réapprit à marcher, avec beaucoup de peines. Elle tomba souvent, mais ne disait jamais rien. Recommençait, se remettait debout, et toujours dans ses yeux une lueur colérique contre elle-même.. un semblant de haine ? Impossible à dire. Le vieil homme se contentait juste d’être derrière elle, de la soutenir par les épaules, de l’aider. Il voulait aider cette jeune fille à revoir les montagnes, à marcher comme les autres.. mais aussi à développer ce don qui était en elle, comme il l’avait vu au premier jour.. Il ne pouvait lui enseigner de techniques, mais le contrôle. Beaucoup de contrôle. Mais plus tard, plus tard, elle avait à nouveau chuté.
Le noble continuait régulièrement de rendre visite à sa protégée, qui semblait toujours chercher des yeux un soutien moral en cet homme. Ne pas chercher ; aider.

Quand elle sut à nouveau marcher, tenir debout sans aide ni appui, Artaïel savait qu’il la mènerait à terme, qu’elle pourrait refaire presque tout ce qu’elle savait faire avant. Malheureusement, elle serait à jamais handicapée par cet œil en moins.. Et ça se sentait dans ses gestes : elle n’appréciait plus la profondeur et la perspective. Mais elle s’habituera, il avait confiance...
Le printemps était là, qu’il lui réapprenait son corps. Par de longs et infiniment douloureux exercices d’étirement, d’échauffement et de renforcement musculaires, de souplesse, elle reprenait petit à petit ses marques sur elle-même. Elle avait mal, elle tremblait parfois, elle fermait les yeux, mais jamais il ne l’avait vue pleurer. Ni dire un mot de trop. Elle persévèrait, dût-il lui arracher un gémissement de souffrance. Ca le tuait de l’entendre encore souffrir, mais il n’avait pas le choix pour sa guérison.. Alors il n’hésitait pas à la solliciter toujours plus, à l’emmener au bout de ses forces et encore au-delà, à se montrer strict, parfois dur, compliquer les exercices.. il le faisait pour son bien.
Et à force de longues et fastidieuses journées à courir, sauter, soulever, pousser, forcer, frapper, s’étirer, son corps se bâtissait. Le soleil avait rendu à sa peau un éclat autre que celui de la mort, on commençait à voir les muscles saillir sous la peau. On était encore loin d’un corps parfait, elle était encore faible pour ses capacités.. Mais il se prit à la trouver belle, forte, dans toutes les épreuves qu’elle traversait. Artaïel s’admonestait mentalement pour être aussi décati et à presque la considérer comme sa fille-elle en aurait l’âge pourtant.
Tous les soirs, quand elle était harassée par la journée, ils discutaient, souvent avec le noble. Parfois, il la faisait dessiner pour évaluer son potentiel. Plus tard, plus tard, il lui enseignerait le contrôle.
Et le printemps passa comme ça, les journées à souffrir, les soirs à souffrir mentalement.. il s’en voulait de lui infliger tout cela, tout de même. Il ne connaissait même pas son nom, elle n’avait pas voulu lui donner. Il s’en moquait. « Jeune fille » allait très bien.
Cependant, ces journées n’étaient pas entièrement bénéfiques. Il arrivait qu’une cicatrice se rompe, qu’elle se plaigne de violentes douleurs. Alors il l’emmenait sans attendre dans cette salle où il l’avait ramenée à la vie, et s’occupait d’elle. Une fois qu’elle avait particulièrement mal, il décida de la masser, de remodeler ses cicatrices ; et ce, tous les soirs.
Ca fonctionna. Elle reprit un peu de poids, elle mangeait à nouveau normalement, son corps commençait à revenir.
Au milieu de l’été, il autorisa la jeune fille à disparaître pendant la journée aux montagnes, ou ailleurs. Il savait qu’elle irait s’entraîner au combat –il avait bien vu son affection pour les dagues- ou perpétuer encore les exercices qu’ils avaient vus ensemble..
Par ailleurs, Artaïel commença, le soir, à lui enseigner la manière de contrôler son don, qu’elle avait très puissant mais quasi-incontrôlable. Il l’emmenait à la limite de son Don, lui demandant toujours plus, toujours plus de contrôle. Lui initia des méthodes noires mais efficaces. Et petit à petit, ses dessins étaient plus stables, elle ne perdait plus le contrôle à la moindre colère –qu’elle avait de moins en moins souvent. C’était réussi. Elle ne serait que plus puissante.. Artaïel était fier de lui enseigner son art.

Arrivèrent les prémices de l’automne, quelques feuilles mordorées et un parfum de forêt. Il était temps pour elle de retourner avec cet homme, qui la protégeait et la soutenait. Il comptait la garder une dernière journée. Journée qui allait être épouvantable pour elle.
En effet, il lui demanda d’aller bien au-delà de ses capacités à présent pleinement recouvrées, et quand elle défaillait, il la relevait et la faisait repartir, la faisait continuer. Il voulait qu’elle le fasse d’elle-même. La sueur couvrait son corps mince et maintenant athlétique, elle serrait les dents, il la sentait tendue, épuisée. Mais non. Elle continua, fit les exercices demandés, courut toujours, lui obéissait sans se révolter, sans un mot d’agacement. Le vieux rêveur ne lui laissa pas le temps de se reposer. Pas temps que le soleil serait haut dans le ciel. D’ailleurs, le noble était arrivé dans l’après-midi et observait sans broncher.
Artaïel était satisfait. Alors qu’elle trimait, il l’observait, voyait qu’elle s’était parfaitement adaptée à son œil unique, que ses gestes avaient retrouvé leur rapidité, et que ses cicatrices tenaient ; c’était le plus important.
Le soleil disparut ; elle s’écroula, sur son lit, incapable de bouger, de parler, elle tremblait de fatigue. Et derrière ses cheveux noirs, il voyait qu’elle pleurait. De douleur, de fatigue, de rage contre elle-même, d’énervement. Et c’était le but…

-Jeune fille, je sais que maintenant, plus aucune douleur ne te fera peur, plus aucune fatigue, plus aucune épreuve.. Et j’espère que tu me comprendras.


Le soir, sous présence du protecteur de l’adolescente, il lui avait offert un dernier massage, avait administré ses ultimes soins, donné ses derniers conseils…
L’automne était là ; elle pouvait partir.
Tout serait à la décision du noble qui attendait patiemment. Et apparemment, il comptait l’emmener..

Le vieux rêveur regretta longtemps cette jeune fille dont il ne sut jamais le nom.

[Rp terminé ? ]


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