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 Sarah Connor ? [Terminé]

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Einar Soham
Einar Soham

Apprenti Chantelame
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MessageSujet: Sarah Connor ? [Terminé]   Sarah Connor ? [Terminé] Icon_minitimeMer 29 Jan 2014 - 12:58

Techniquement, si Monsieur Krysant n’était pas là pour surveiller, il n’avait plus à faire ses corvées, si… ?
Tout juste quand il avait fini les quatre semaines de corvées avec les domestiques de l’Académie pour avoir pénétré l’ancien dortoir des Lotra avec Gwëll, il s’était repris des sanctions. Comment ? A cause de Cérys.
C’était toujours de la faute de Cérys de toute manière. Mais au moins, cette fois, elle avait été vraiment virée, et la nouvelle avait fait le tour de l’Académie rapidement. Faut dire que c’était pas passé inaperçu dans le dortoir des Teylus, d’après Astragal, et toute l’école lui avait posé des questions sur ce qui s’était passé entre eux pour que ça dégénère à ce point-là.

Einar était resté relativement obtus – sa dignité le demandait. Il pouvait pas raconter à tout le monde que Cérys lui piquait tout le temps ses affaires pour les jeter dans les latrines.

Bref, la fauteuse de troubles était partie, mais Einar avait encore écopé de sanctions parce qu’il lui avait tapé dessus. Il avait été interdit de sorties pendant deux semaines, et il devait aider aux tâches des domestiques la semaine, et au nettoyage de la volière le weekend.
Le nettoyage de la volière, c’était sans doute le pire. Ca lui foutait des cauchemars la nuit, avec des monstres gigantesques de guano qui le poursuivaient dans un tourbillon de plumes sales. Il préférait largement quand il devait changer les literies des dortoirs des gens, même si c’était humiliant de passer devant ses amis et les gens qui le connaissaient avec les bras plein de linges.

Cet après-midi là, son espoir d’être exempté de corvées parce que Monsieur Krysant était à Al-Jeit ou à un autre endroit de l’Empire qui n’était pas l’Académie disparut. M’dame Elizia lui assigna son nettoyage ordinaire des dortoirs. Ca l’étonnait d’ailleurs qu’on le laisse aller dans les dortoirs des autres maisons, même si c’était pour faire la poussière et ranger ce que les gens laissaient trainer. Enfin, il questionnait pas les ordres.

Et le dortoir des Kaelem, c’était un beau bordel. Les gens laissaient trainer leurs affaires partout, au point qu’il savait généralement pas à qui appartenait quoi et qu’il faisait de son mieux pour essayer de ranger. Le pire, c’était les chaussettes sales. Mais il était pas de corvée linge, aujourd’hui, il rangeait juste. Empiler les livres dans une jolie pile, faire les draps, aérer, ranger dans un coffre un sabre qui trainait sous un des oreillers, changer les cendres des cheminées et remettre des bûches, redresser les tapis, ranger d’autres affaires dans d’autres coffres – c’est fou ce que les gens mettaient sous leurs oreillers, parfois.

Le dos fatigué et la sueur au front, Einar redescendit jusqu’au bureau d’Elizia à la fin de cette tâche laborieuse qui lui avait pris une grande partie de l’après-midi. Il avait fini, normalement, il pourrait rejoindre Astra et Caleb pour un entrainement dans le labyrinthe qu’ils avaient organisé depuis des semaines. Il avait hâte, ça lui changerait agréablement les idées. Halina et Kloa auraient du le faire aussi, mais elles étaient parties « en voyage » elles aussi et il avait aucune idée d’où elles étaient.
Sauf que l’univers en avait décidé autrement. Quand il arriva dans le bureau d’Elizia, elle lui tendit une brosse en chiendent, un seau, un tablier et des gants en cuir de siffleur double.

- Nooon… C’est pas mon tour cette semaine M’dame, c’est à Tuuli d’le faire. … Comment ça, elle est malade ? Mais M’dame j’ai entrainement, j’ai promis… Oui M’dame.

C’était injuste.
Injuste.
Injuste.
Chaque coup de brosse sur le sol de la volière était ponctué par un « Injuste. » grogné derrière son foulard. Il détestait récurer la volière, c’était toujours plein de crottes de piaf et de plumes et de gens et de hiboux qui le pinçaient et de bruit. Un foulard sur le nez pour ne pas trop respirer les odeurs méphitiques, un tablier et un vieux short sale, il récurait, décapait, ratissait les plumes, changeait et remplissait les mangeoires, bref, il s’emmerdait. Littéralement.

Les gens allaient et venaient régulièrement dans la volière pour porter des lettres, des colis, des gâteries ou des gratouillis à leurs bestioles préférées, et M’sieur Wilth passa plusieurs fois pour s’occuper des bêtes et vérifier que le petit Soham ne faisait pas des conneries avec.
Comme si on pouvait avoir l’idée de balancer la brosse en chiendent sur les piafs stridents.
Jaaaaaaaaaaamais il n’aurait eu l’idée, voyons.

A un moment, alors que le soleil tombait sur l’horizon, une élève de Kaelem – à en juger par son uniforme- entra dans la volière. Einar n’y prêta pas spécialement attention.
Oui sauf que voilà, elle restait. Et elle ne semblait pas avoir besoin d’envoyer quoi que ce soit avec son piaf. Non, elle restait, et elle le fixait d’un air indéchiffrable, comme si elle essayait de le reconnaître derrière son foulard et son balai.

- Oui ?
fit-il d’un air interrogateur en baissant son foulard sur son cou pour pouvoir parler.

- Sarah Connor Einar Soham ?
l’interrogea la Kaelem.

- … Oui, pourquoi ?

Un poing lui fusa dans le nez.

[Hésite pas à me faire éditer la fin si ça te convient pas  ]

Dylan Gil'Zandiar
Dylan Gil'Zandiar

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MessageSujet: Re: Sarah Connor ? [Terminé]   Sarah Connor ? [Terminé] Icon_minitimeDim 2 Fév 2014 - 8:11

Il y avait l'incompréhension, d'abord. Et puis la perplexité. Et l'anxiété. Venaient ensuite la colère, la peine, le remords. La culpabilité. Les doutes. Et encore tout un souffle de peur et de tristesse, d'inquiétude et d'indignation, de chagrin et d'angoisse. Et ça remontait, remontait, remontait dans l'estomac, remontait dans la gorge, remontait dans la bouche, et ça laissait un goût tout bizarre dans le palais, un goût de larmes, un goût de fer, un goût âcre et amer, et ça faisait comme un nuage d'orage qui s'attardait un peu trop sur le bout de la langue, et ça voulait sortir mais ça pouvait pas, et ça avait beau pousser pousser pousser pousser contre les lèvres elles refusaient de s'ouvrir, alors ça finissait par redescendre le long de l'œsophage, lentement, très lentement, avec des crissements de dents et des relents de bile, et puis, quand c'était en bas, tout en bas, tellement en bas que son corps pesait soudain encore plus lourd que les cailloux qui gisaient au fond du lac près de l'Académie, ça remontait, vicieusement, inexorablement, et tout recommençait.

Et tout recommençait.

Les images qui se pressaient sous ses paupières. Le sang qui martelait ses tempes. Les cris qui lui déchiraient la poitrine. Les hurlements. Les suppliques. Les plaintes. Les sanglots. Les pleurs qui ne coulaient pas, la rage qui ne s'exprimait pas. Elle suffoquait. Elle tombait. Elle coulait. Dans l'air. Dans l'eau. N'importe. Partout. Les sifflements étaient les mêmes – tout était pareil. Le souffle court, haletant. Le silence lourd, oppressant. Le désespoir. Les désillusions. Le grondement de la cascade, à ses oreilles. La voix de Kirfdéin. Le sourire de la montagne. Et puis... les battements. De son cœur. Et des pas. De l'autre. Dans ses rêves, elle fermait les yeux, fort, fort, aussi fort qu'elle en était capable. Elle pressait ses mains sur son visage, sur son corps, sur son cœur, partout, pour qu'elle ne l'atteigne pas. Mais cela ne servait à rien. Cela la touchait quand même. Parce qu'elle savait. Elle savait.

Halina. C'était son nom. Halina, qui l'avait tirée du torrent. Halina, qui la laissait pourtant à présent se noyer, pratiquement sous son regard. Halina. Kirfdéin. Lorsqu'ils étaient rentrés, tous les deux, elle avait cru que cela était terminé. Que cela se bornait – que cela pouvait se borner – à un simple malentendu. Elle avait cru. Elle ne croyait plus. Le visage d'Halina la hantait – tout comme sa silhouette, son ombre, jusqu'au reflet de son sourire. Et plus Kirfdéin se faisait distant, absent, plus l'image d'Halina, au contraire, semblait s'accrocher à son esprit. C'était sa faute, après tout. Tout était sa faute. Car comment expliquer autrement le changement d'attitude de son maître ? Elle l'avait souhaité brume – voilà qu'il devenait mirage. Et elle ne comprenait pas. Elle essayait, pourtant. De toutes ses forces. Elle s'entraînait toujours plus dur, était toujours plus exigeante envers elle-même – courir toujours plus loin, toujours plus vite, toujours plus longtemps. Sauter plus haut. Nager plus profond. Apprivoiser le vent, la pluie, les arbres, la pierre, la cascade – elle acceptait tout. Tout. À condition que Kirfdéin revienne à elle, redevienne celui qu'il avait toujours été et qu'il n'aurait jamais dû cesser d'être. Son maître. Son guide. Son modèle. Comment pouvait-elle arpenter la Voie sans lui à ses côtés ? Inutile. C'était inutile. Car il s'éloignait toujours un peu plus, à chaque pas, à chaque halte, à chaque bifurcation, il s'éloignait et il la laissait seule, si seule, tellement, désespéramment seule. Alors elle courait, courait, courait, pour ne plus voir, pour ne plus réfléchir, pour ne plus entendre, courait après lui et elle pensait l'attraper, et elle ralentissait, et elle souriait, et elle s'arrêtait – pour se rendre compte qu'il ne s'agissait que de l'ombre d'un nuage qui se projetait sur la poussière du chemin. Et elle repartait, courant follement après ce minuscule point noir qui ne cessait de rapetisser dans la lumière du soleil, courant pour courir car elle savait que, de toute façon, elle ne le rattraperait jamais. Ne pourrait jamais le rattraper. Et que Kirfdéin demeurerait cette main ouverte aux longs doigts tendus qu'on effleure sans parvenir à saisir, cet éclat de rire magique et fugitif, ce souffle de vent qui emmêle les cheveux, cet oiseau qui s'envole dans le ciel en sachant qu'on ne pourra jamais lui brûler les ailes. Un oiseau qui, sitôt libéré de sa cage, disparaît dans le bleu de l'éther – pour toujours. Tandis qu'elle-même serait condamnée à rester en bas, à rester derrière, à rester tout court – à rester et à attendre.

Et cela, plus que tout, lui faisait mal, car elle ne pouvait supporter l'idée d'être inactive. Mais comment réagir lorsqu'une boule vous envahit l'estomac, et la gorge, et la bouche, et qu'on a des nœuds au cœur, tellement de nœuds qu'ils obscurcissent l'éclat de la lune ? Se confier aux étoiles et à la nuit ne lui suffisait plus. La boule était toujours là, présente, trop présente, et elle la sentait grossir, jour après jour, minute après minute. Passive. Impuissante. Une boule qu'elle avait parfois envie de mordre et de déchiqueter, avec les ongles, avec les dents. Une boule qu'elle haïssait, comme elle haïssait Halina, comme elle haïssait Kirfdéin, comme elle haïssait la vie – comme elle se haïssait elle-même. Elle détestait se sentir ainsi, elle détestait cette impression de vide et de chaos, de non-sens et de rancœur – et ne s'en haïssait encore que davantage.

Voilà pourquoi, en ce début d'après-midi, quand Dylan revint du déjeuner, regagna son lit et ne retrouva pas son sabre à l'endroit où elle était certaine de l'avoir laissé avant de partir assister au repas, une sensation sans nom l'envahit. Un sentiment proprement indescriptible. Elle fouilla aussitôt ses affaires, sa malle, son armoire, ses placards – elle aurait fouillé le dortoir entier si elle n'avait fini par le retrouver. Sagement rangé dans un coffre, tout joli, tout luisant, tout gentil. La marchombre commença par s'en emparer avec une sorte d'avidité compulsive avant de s'interroger. Qui pouvait bien l'avoir posé ici ? Certainement pas un autre Kaelem – aucun de ses camarades n'ignorait la valeur qu'elle attachait à cette arme. Elle pinça les lèvres. Elle devait en avoir le cœur net.

Contrairement à ce qu'elle redoutait, la personne qui avait eu la malencontreuse idée de remiser son précieux sabre dans le coffre ne fut pas très difficile à trouver. La jeune femme commença par aller interroger les domestiques, pensant que c'était sans doute l'un d'eux qui, affecté au nettoyage du dortoir des Kaelems, avait commis ce sacrilège – certaine qu'aucun élève de sa Maison n'aurait été assez fou ou téméraire pour lui faire cette mauvaise farce. Ce fut une jeune fille rousse qui la renseigna. Sauf que, contrairement à ce qu'elle croyait, ce n'était pas un membre du personnel de l'Académie qui avait accompli cette tâche mais un autre étudiant, un Teylus répondant au nom d'Einar Soham qui était de corvée depuis déjà un petit bout de temps, d'après ce qu'elle put comprendre. Et, comme elle lui demandait si elle savait où il se trouvait à cet instant et qu'elle lui répondait qu'elle venait de l'envoyer laver la volière, l'apprentie la remercia et se dirigea vers le lieu désigné.

En effet, il y avait bien un garçon dans la volière, en cette fin d'après-midi. Et bel et bien vêtu de l'uniforme noir des Teylus. Dylan s'immobilisa et le dévisagea silencieusement – même si, au fond d'elle, elle était sûre de ne pas se tromper. Enfin, le jeune homme arrêta son travail, baissa le foulard qui lui protégeait le visage et lui renvoya un regard intrigué. Dylan desserra les dents.


- Einar Soham ?

L'autre acquiesça, un peu hésitant. Elle n'avait pas songé à la manière dont elle réagirait une fois qu'elle se retrouverait face à lui. Lui hurlerait-elle dessus ou lui expliquerait-elle calmement les choses ? D'ordinaire, la jeune femme ne perdait jamais son sang-froid, jamais – glaciale, sombre, fermée, mais elle se contrôlait. Toujours. Ou presque. Car la fureur qui s'abattit tout à coup sur elle, brûlante, bouillonnante, ne lui laissa guère le loisir de réfléchir. La boule se détendit brusquement et son poing fendit l'air – droit sur le nez d'Einar. Ce dernier, trop stupéfait pour réagir, n'eut pas le temps d'esquiver.

Ses yeux ne cillèrent pas tandis que le Teylus pressait une main incrédule contre son visage, ni devant le regard noir, chargé de stupeur et d'incompréhension, qu'il lui envoya. Dylan garda le silence un court moment avant de prendre la parole, d'une voix qui, loin d'être glacée et insondable comme à son habitude, vibrait d'une irritation difficilement contenue.


- Un sabre. Lame courbe, argentée. Très tranchante. Poignée dorée et forgée. Léger. De la longueur de mon bras, à peu près. Pause. Expiration. Un sabre de Frontalier. Ça te dit quelque chose ?

Ses yeux se plissèrent et elle acheva, d'une voix basse, sourde, menaçante :

- Ce sabre est le mien. Or, personne ne touche à mon sabre. Tu as bien compris ?

Personne.


[En espérant que ça t'ira  hug ]

Einar Soham
Einar Soham

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MessageSujet: Re: Sarah Connor ? [Terminé]   Sarah Connor ? [Terminé] Icon_minitimeLun 3 Fév 2014 - 0:05

Les oreilles d’Einar sifflèrent comme si la moitié de l’Académie était en train de dire du mal dans son dos simultanément. Le coup de poing ne l’avait pas fait tomber, mais l’avait pris tellement au dépourvu qu’il n’avait même pas eu le temps de lever les bras pour le parer ou de se pencher pour l’éviter. Tout son visage était comme anesthésié à part la région globale de son nez, aussi douloureuse que Monsieur Krysant en train de chanter.

Le petit chantelame lâcha sa brosse en chiendent et se tint le nez avec les deux mains. Du sang tâchait ses doigts, il fallut dénouer le foulard qui lui servait de masque pour le pincer sur son nez et empêcher les gouttes de sang de tâcher tout son uniforme et le tablier de domestique qu’on lui avait prêté. De toute manière, il sentirait plus rien avant un bon moment, au moins le sang l’immunisait contre les fientes.

L’incompréhension l’envahissait.

Qu’est-ce qu’il avait ENCORE fait pour mériter ce coup de poing ? C’était Laiki, c’est ça, et ses crétins de suiveurs de Kaelem, qui avaient décidé que sa journée était pas encore assez pénible comme ça, et qui avaient envoyé un des leurs pour lui taper dessus ?
Manifestement, elle avait un message à délivrer, parce qu’au lieu de s’en aller en ricanant et en le traitant des différentes insultes habituelles, elle attendit sagement qu’il oscille en se pinçant le nez jusqu’à recroiser son regard.
Puis prit la parole d’une voix aussi grondante et aussi chargée d’éclairs que celle de M’dame Elizia quand il avait fait tomber et brisé une porcelaine aline en voulant la dépoussiérer.

Un sabre.
La description lui rappelait vaguement quelque chose, comme s’il avait déjà posé les yeux sur l’objet récemment. Pense, Einar… Cette furie était capable de lui foutre un deuxième coup de poing s’il faisait pas mine de savoir de quoi elle était en train de parler.
Un sabre… le sien lui venait en tête spontanément, mais il ne correspondait pas tout à fait à la description. Et puis c’était un sabre chantelame, pas un sabre frontalier. Il avait rarement vu des sabres frontaliers à vrai dire, ils étaient rares et ils n’utilisaient jamais des armes d’aussi bonne facture en entrainement.

L’illumination se fit au moment où elle en revendiqua la propriété. Son sabre à elle… Cela permit à Einar de faire le calcul entre le fait qu’elle était Kaelem et le reste de la conversation. Il avait rangé le dortoir des Kaelem plus tôt dans la journée et effectivement, il avait rangé des trucs dans des coffres, dans des tiroirs et dans des placards, parfois des armes.
Le sabre frontalier lui revenait maintenant, parce qu’il s’était justement fait la remarque que c’était un joli sabre comme il n’en voyait que dans les illustrations des bouquins d’armes empruntés à la bibliothèque.

C’est pas comme s’il avait essayé de le voler le sabre, si.. ? Il était que le domestique, à ce niveau-là.

- ‘Ai juste boulu ranger, c’est les o’d’es de B’sieur Krysant…

Il se tendit légèrement en voyant la colère percer à nouveau dans le regard de la Kaelem en face de lui. Pas un nouveau coup, juste… Il y avait quelque chose de très avilissant, de très dégradant dans l’entretien, parce qu’il n’était pas à ses yeux un élève comme un autre, non. Il était que le domestique, à ce niveau-là, avec ses gants en peau de siffleur, son tablier, sa brosse, son seau, son foulard.. Et elle s’adressait à lui comme on réprimandait un domestique pour le travail qu’il avait mal fait.
Ca le castrait et lui ôtait toute envie de se mettre en colère. Instinctivement, il courbait même un peu l’échine. Einar savait parfaitement qu’il suffisait qu’elle se rende dans le bureau d’Elizia et qu’elle le fasse passer pour un incapable.

Ou pire, un voleur.

- D’il te plait, va pas le dire à M’dame Elizia, j’ai pas voulu toucher à ton sabre, elle m’a donné comme instructions de ranger toutes les affaires qui trainaient, et si j’touchais pas à ton sabre j’pouvais pas faire ton lit et j’dois aussi faire les lits… J’voulais rien voler.

Etre incompétent, ça voulait juste dire des corvées en plus, une réprimande sévère, une tape derrière la tête et la promesse que M’sieur Krysant lui ferait sa fête à son retour. S’il se faisait accuser de vol…

- J’ferai tout c’que tu veux. J’peux faire tes devoirs pour toi, tu peux mettre une liste de ce que tu veux pas que je touche sur ton coffre quand j’viens nettoyer, j’ferai c’que tu m’dis. Mais j’t’en supplie va pas voir M’dame Elizia en disant que j’ai touché à ton sabre en faisant exprès.

S’il se faisait accuser de vol…
Il finirait comme Cérys. Renvoyé.


Dylan Gil'Zandiar
Dylan Gil'Zandiar

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MessageSujet: Re: Sarah Connor ? [Terminé]   Sarah Connor ? [Terminé] Icon_minitimeDim 9 Fév 2014 - 15:08

À la vue du sang qui imbibait le foulard qu'Einar avait appliqué sur son nez, une ombre de culpabilité et de compassion s'empara de Dylan. Juste une ombre, cependant. L'instant d'après, elle était redevenue cette fille dure et froide qui toisait son interlocuteur d'un regard sévère, un éclat de colère mal contenue encore allumé au fond des yeux.

À l'évocation des codes de Ril'Krysant, elle se hérissa de nouveau. Elle ne voyait pas ce que la personne de l'Intendant venait faire dans cette affaire. Même si c'était ce dernier qui avait condamné le Teylus à elle ne savait combien de semaines de corvées, elle estimait que cela ne le concernait d'aucune manière. C'était une histoire entre Einar et elle, et invoquer le soi-disant règlement d'Aziel pour se protéger lui apparaissait comme le comble de la lâcheté. Et peu importait si, en l'occurrence, il s'agissait de la stricte vérité.

Puis Einar lui parla d'une certaine Elizia, et la Kaelem conclut qu'il devait s'agir de la domestique qui l'avait renseignée un peu plus tôt. Si elle ne voyait pas très bien ce que son camarade craignait de la rouquine, plus jeune que lui et dont l'apparence à la fois avenante et effacée donnait l'impression qu'elle aurait été incapable de faire du mal à une mouche, ni ne comprenait pourquoi il l'appelait « Madame », elle saisit l'ensemble du problème. En fait, le garçon avait simplement une peur bleue de se faire réprimander et d'écoper de nouvelles corvées. Pitoyable. Son mépris accrut encore d'un cran quand le Teylus prit la parole pour la dernière fois, sur un ton suppliant qu'elle eut aussitôt en horreur. Pour un peu, il aurait rampé à genoux devant elle et lui aurait léché les orteils dans l'espoir qu'elle ne dévoile pas sa maladresse à Elizia. Et tout cela dans le seul but d'éviter de se faire gronder par l'Intendant à son retour de voyage, comme un chien qui aurait mal fait son travail. Tout le remord qu'elle avait pu concevoir quant à son coup de poing irréfléchi s'évanouit tandis que son visage s'assombrissait dangereusement.


- Je me moque des codes de Ril'Krysant.

Plissant les yeux, elle se rapprocha de quelques pas de son interlocuteur qui se raidit, comme s'il craignait de recevoir un autre coup. Sa voix se chargea de dédain et elle asséna, glaciale :

- Et je ne vois pas en quoi notre affaire concernerait cette Elizia. D'ailleurs, je ne comprends pas pourquoi elle te fait si peur. Elle avait pourtant l'air plutôt inoffensive lorsque je l'ai vue, tout à l'heure.
Si c'était bien Elizia qu'elle avait abordée. Mais elle gageait que c'était le cas. Qu'est-ce que tu crains, au juste ? Qu'elle te tape sur les doigts ? Qu'elle te donne une punition ? Ou qu'elle en parle à l'Intendant, peut-être ?

La jeune femme laissa planer un silence menaçant avant de rajouter :

- Sans compter que tu n'as rien volé. Tu t'es contenté de ranger mon sabre dans un coffre, sans penser à mal, je présume. Pourquoi mentirais-je ?

À part dans l'unique objectif de lui vouloir du mal ? Mais Dylan, bien que méfiante et renfermée, n'était pas le genre de personnes à colporter de mauvaises choses sur les gens dans leur dos. Quand elle voulait régler un problème, elle préférait le faire de vive voix, au face-à-face. Comme dans le cas d'Einar.

L'apprentie marchombre dévisagea encore un instant le garçon qui se tenait devant elle, blême et tremblant – son attitude servile, sa posture soumise. C'était tout juste s'il ne courbait pas l'échine lorsqu'il lui adressait la parole. Que l'on puisse se rabaisser à ce point volontairement était une chose qui la dépassait, et elle était incapable de concevoir comment quelqu'un pouvait ainsi oublier sa fierté, sa dignité, pour le simple prétexte qu'il se trouvait dans la peau d'un domestique et qu'il était pour le moment en position d'infériorité. Einar était un élève au même titre qu'elle et devait avoir de plus sensiblement le même âge. En d'autres circonstances, la Kaelem aurait tourné les talons, satisfaite d'avoir obtenu ce qu'elle désirait. Mais ce cas était différent. Cela faisait trop longtemps qu'elle se taisait – trop longtemps qu'elle se contentait de silences et de non-dits. Ce n'était plus seulement Einar qu'elle avait en face d'elle, à présent, mais également Halina, et même Kirfdéin. C'était un fait. Elle ne pouvait plus demeurer muette, garder ses pensées pour elle. Elle devait crever l'abcès. Alors, le regard flamboyant, elle cracha – comme on crache un mauvais goût resté trop longtemps au fond de la gorge :


- Redresse-toi, par Merwyn, et arrête de me regarder avec cet air de chien battu ! Tu n'en as pas marre de te traîner à terre en m'implorant avec des trémolos dans la voix ? Tu n'en as pas marre de te comporter comme le plus parfait crétin du monde ? Tu n'en as pas marre d'agir comme un ver de terre abject – alors que tu pourrais être un homme ?

Et peu importait si elle-même se montrait injuste, cruelle ou méchante. Peu importait si elle devait se faire détester par Einar, la maison Teylus et même l'Académie entière. Peu importait si on la haïssait, si on la dénigrait, si on la calomniait. Parce que, à cet instant, elle n'avait plus qu'une envie. Celle de tout casser.

Einar Soham
Einar Soham

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MessageSujet: Re: Sarah Connor ? [Terminé]   Sarah Connor ? [Terminé] Icon_minitimeMer 12 Fév 2014 - 13:40

[T'ai-je dit que c'est un vrai plaisir de jouer avec toi ? *.* ]

Les oreilles d’Einar rougirent discrètement sous le blasphème.
C’était encore une rebelle. Comme tous les autres Kaelem, elle se moquait des codes et des restrictions imposées par M’sieur Krysant. Comme Elio, comme Ichel, comme Shawna… Pourquoi ça ne l’étonnait pas ? Pourquoi ça ne l’étonnait même plus ? Ces Kaelem qui en avaient rien à foutre des codes vu que de toute manière, ils étaient libres de partir quand ils voulaient pour vivre de vraies aventures dans le grand monde, pourquoi ils restaient, alors, hein ?
Les codes de M’sieur Krysant étaient peut-être sévères. Peut-être même injustes, inégalitaires, discriminant. Peut-être. Mais c’était les codes, et c’était sur les préceptes laissés par le grand Merwyn. Comme tout le monde, Einar avait ses élans de rebellitude aussi, surtout quand il s’agissait de comploter pour sauver Jehan, pour libérer l’Académie du joug des mercenaires du Chaos, pour sauver leurs camarades en danger ou pour réparer une injustice flagrante. Mais les évènements récents étaient trop nombreux, et il savait bien qu’il n’avait pas le choix. Il devait se tenir à carreaux. Les Teylus étaient particulièrement surveillés par M’sieur Krysant –alors que franchement, les Kaelem- depuis la mort d’Hestia au cours de combat nocturne, et il s’était fait tellement remarqué au cours des dernières semaines qu’il avait sans doute des corvées à faire pour le restant de l’éternité toute entière et infinie.
Et il y avait Cérys. C’était encore tout frais. Tout gravé dans sa mémoire. Cérys, renvoyée. Les renvois étaient tellement rares à l’Académie, Merwyn était trop hospitalier et charitable pour ça et ses préceptes donnaient toujours une seconde chance aux élèves. Jehan Hil’ Jildwin n’avait jamais renvoyé personne – les gens partaient de leur plein gré, disparaissaient au beau milieu de la nuit ou mouraient dans des circonstances étranges ou glauques. A la réflexion, c’était pas mieux que d’être renvoyé, mais ça avait au moins l’avantage d’être routinier.
Mais M’sieur Krysant leur avait prouvé à tous qu’il était inflexible – et surtout, qu’il tenait parole. Il était peut-être cruel dans son sentiment de justice profonde, et ça, ça terrifiait Einar. Il était pas charitable envers les roturiers, non. Et il savait parfaitement qu’un renvoi serait tuer un peu Einar, à l’intérieur de son âme.

Tout ça, la Kaelem le savait sans doute pas, dans sa rebellitude marchombresque, tout ça, ça devait lui passer bien au dessus, et Einar aurait eu envie de gueuler, de lui dire tout ça – de lui ouvrir les yeux.
Mais pour le bien que ça avait fait avec Ewall, et pour les corvées qu’il récupérerait encore s’il se battait avec un autre élève.

Non.
Courber l’échine, c’était beaucoup moins dur. Subir les insultes, ne pas réagir au crachat de Dylan, ne pas se mettre en colère parce qu’elle le traitait –comme tout le monde- de dernier des crétins, de ver de terre, de roture, de poussière, de microbe, de moins que rien, ne pas se mettre à pleurer non plus. Ni implorer. Non, juste encaisser. Et obéir à cette voix cassante et juge, puisqu’être un homme, c’était obéir aux injonctions de cette femme.  Froissé, froissé et contenu le plus possible à l’intérieur de lui-même, Einar redressa les épaules par réflexe –on lui avait donné un ordre- et finit d’éponger le sang qui ne coulait presque plus de son nez.

- Un homme comme Elio Tharön, c’est ça ? La légende des Kaelem, celui qui ne respectait aucune règle et ne laissait personne lui marcher sur les pieds ?

Le Teylus déglutit, histoire de calmer un peu sa voix. Du coin de l’œil, il surveillait toujours la Kaelem, des fois qu’elle se remette à lui taper dessus. Son seau entre elle et lui, il continua :

- La dernière fois que j’ai essayé, j’suis devenu de corvée volière et latrines. J’suis peut-être un… parfait crétin
–son ton flanchait malgré tout, ça le blessait d’être traité de raclure de cabinet constamment- mais sinon, oui, sinon Elizia peut faire un rapport à M’sieur l’Intendant, et l’Intendant, tu sais ce qu’il fait aux gens ?

Comme Cérys. Comme Cérys. Comme Cérys.

- Il les vire. Il leur enlève tout. T’as p’t’être de super plans en dehors d’ici, grimper des montagnes, chevaucher de la fumée et faire des ronds harmonieux dans l’eau, cool pour toi, t’as p’t’être un joli manoir de Particule et des cadeaux qui t’attendent, à la sortie, t’as p’t’être l’impression que dehors, on risque quedalle. J’ai rien de ça, si je bouge la moindre oreille, je suis viré, et si je suis viré, je retrouve récurer des seaux à crottes à Al-Far, et je ferai ça toute ma vie. Alors oui. Oui, j’suis un ver de terre.


Il sentait les larmes lui venir aux yeux et les refoula du mieux qu’il put.

- C’est pas comme si t’étais la première à dire ça. J’serai toujours un ver de terre dans l’esprit de tout le monde, mais ça a un seul, un seul avantage. Cérys, elle était comme toi.

Einar s’attendait pas à trouver de la menace dans sa propre voix. Peut-être que comme les tuyaux des salles d’eaux de l’aile ouest, il était plein à ras-bord et laissait échapper de la merde.

- Cérys me traitait de ver de terre, et Cérys, je l’ai laissée faire. Cérys, c’était quelqu’un de fort, qui criait l’indépendance et des « Je m’en fous » à tue-tête aussi. Et tu sais très bien où elle en est, Cérys, maintenant. J’peux faire pareil. J’peux te cogner, et tu me cogneras plus fort, on finira chez l’Intendant. Sauf que l’Intendant me considère comme une raclure aussi, et m’enverra lessiver d’autres sols. Mais toi tu seras virée, et moi, je serai encore là. Tu retourneras chez Papa Particule frontalier comme une gamine, ou tu feras des ronds dans l’eau, mais ça fait pas de toi quelqu’un de meilleur que moi. Juste une autre sorte de ver de terre.


Le jeune garçon savait très bien au fond de lui que ce qui arriverait dans les secondes suivantes, il l’aurait mérité. Et qu’il le regretterait sans doute. Et que cette menace sonnait puérile, hypocrite et creuse.
Mais traiter quelqu’un d’autre de vermine rampante, il en rêvait depuis le jour où on avait commencé à le traiter comme tel – depuis qu’il existait.


Dylan Gil'Zandiar
Dylan Gil'Zandiar

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MessageSujet: Re: Sarah Connor ? [Terminé]   Sarah Connor ? [Terminé] Icon_minitimeMer 12 Fév 2014 - 21:12

Un instant, Dylan avait espéré qu'Einar réagirait. Qu'il se redresserait enfin, lèverait le menton, lui répondrait les yeux dans les yeux. Qu'il crierait, peut-être, la cognerait – ou essaierait –, répliquerait. Qu'il laisserait tomber son seau, son foulard et son chiffon, qu'il cesserait définitivement de ployer l'échine et de se faire marcher sur les pieds.

Un instant seulement.

Oh, il ne détourna pas le regard, non. Et il ouvrit la bouche, et il desserra les lèvres, et il proféra des sons. Mais pour quoi faire ? Elle ne voulait pas de ses justifications. Elle avait voulu le provoquer, le conduire à une sorte de révolte intérieure, lui faire ressentir un sursaut de fierté jusqu'alors ensevelie sous le marécage de la soumission. Peine perdue. C'était presque pire, d'ailleurs, puisqu'il s'enlisait à présent dans la boue de la servitude, s'y vautrait avec délice, s'y complaisait, même. À peine avait-il légèrement redressé les épaules. Oui, il était un ver de terre. Il le reconnaissait lui-même. Et cela, plus que tout, la consterna. Ainsi, il renonçait à sa nature d'homme, à sa dignité d'être humain. Volontairement. Par choix. Tout ça pour ne pas être renvoyé.

La jeune femme pouvait concevoir que tout le monde n'était pas noble et doté de parents frontaliers. Elle pouvait concevoir que toutes les familles n'étaient riches, unies et heureuses. Elle pouvait le concevoir. Et pourtant. Comment Einar voulait-il devenir un guerrier, un combattant – puisqu'elle se souvenait l'avoir déjà aperçu aux cours du professeur d'armes – après avoir passé toute sa scolarité à se dégrader lui-même ? Comment voulait-il terrasser les méchants, braver les forts et défendre les faibles s'il n'était déjà pas capable de se protéger lui-même ? Ce n'était pas tant l'acte de nettoyage qui l'indignait – après tout, le travail de domestique n'avait rien de dénigrant et être de corvées était une punition comme une autre – mais l'état d'esprit du Teylus. Il y avait quelque chose de sale, d'avilissant dans ses paroles. Et tout cela parce que le pauvre petit Einar avait une peur bleue d'être lâché dans le vaste monde sans avoir terminé son apprentissage à l'Académie. Avec, au-dessus de la tête, l'ombre menaçante d'Aziel – comme un nuage d'orage.

Bien entendu, Dylan avait entendu parler de Cérys – comme certainement tout le monde dans l'établissement. La première élève à être renvoyée depuis... une éternité. Elle ne savait pas trop de quoi s'était rendue coupable la jeune fille, mais elle lui avait paru relativement insupportable pour le peu qu'elle avait pu constater. Une petite peste arrogante, moqueuse, méchante. Le genre de mouche du coche qui agaçait tout le monde et dont on était bien content de se trouver débarrassé. Sauf qu'il se trompait sur un point. Elle n'était pas comme Cérys. Elle ne serait jamais comme Cérys. Ni comme Elio, d'ailleurs. Dylan n'était personne. Personne à part elle-même. Et, cela, Einar n'avait pas l'air de le comprendre.

Enfin, il conclut. Et, au fond d'elle-même, elle ne put s'empêcher de grincer des dents. Très, très, très fort. Une autre sorte de ver de terre. Le pensait-il vraiment ? En tout cas, il l'avait dit. Mais il n'y avait pas que cela. Elle ignorait s'il l'avait fait sciemment, mais quelque chose de pathétique perçait dans ses paroles. Comme s'il était le garçon le plus malheureux de Gwendalavir, le souffre-douleur de l'Académie, la tête de Turc de l'Intendant – un martyr, en quelque sorte. Comme s'il était le seul à avoir des ennuis. Comme s'il était le seul à souffrir. Or, personne n'avait le privilège du mal-être et de la douleur. Personne. Pas même un étudiant chargé de récurer les latrines et de laver la volière. Et ce n'était pas parce que la famille de Dylan résidait dans la Citadelle que cela changeait quelque chose à la question. Elle n'avait jamais vraiment réfléchi à ce qui se produirait si elle venait à devoir quitter l'Académie, de grès ou de force, mais elle savait en tout cas qu'elle ne retournerait pas aux Frontières de Glace. Ou, du moins, ne s'y attarderait pas. Elle désirait à présent tracer sa propre voie, trouver son propre chemin. Et peu importaient les difficultés et les obstacles qui parsèmeraient sa route.

Le Teylus s'était tu et paraissait à présent dans l'expectative. La marchombre, elle, ignorait comment réagir. À présent qu'elle avait plus ou moins recouvré son sang-froid, il lui semblait impensable de clouer le garçon au mur ou de lui donner une paire de gifles, par exemple. D'abord parce que, comme il l'avait signalé un peu plus tôt – il s'agissait d'ailleurs de l'une des rares phrases sensées qu'il avait prononcées –, cela n'aurait servi qu'à prouver à Ril'Krysant que l'Académie de Merwyn était bel et bien un repère de sauvages. Et ensuite parce que, même s'il ne se l'avouait peut-être pas à lui-même, c'était ce qu'il attendait. D'après ce qu'elle avait pu comprendre, il avait l'habitude de se faire malmener par les autres – taper, injurier, insulter. Pour toute conséquence, un tel acte ne l'aurait aidé qu'à se refermer encore davantage sur lui-même, sur son opinion falsifiée, sur ses erreurs. Ce qu'il fallait éviter à tout prix.

Il ne fallait cependant pas s'y tromper. La jeune fille n'agissait pas ainsi par générosité, gratitude ou grandeur d'âme, loin de là. Mais toute la bile accumulée au fil des jours et des semaines remontait enfin – l'amertume, l'acidité, tout. En haïssant Einar, elle se haïssait elle-même, elle haïssait Halina, elle haïssait Kirfdéin. En lui faisant la leçon, elle se donnait la morale. En détestant ainsi, elle détestait pour tous les mois, pour tous les événements et pour toutes les personnes à venir.


- Sache tout d'abord que je ne suis ni Elio ni Cérys. Je m'appelle Dylan.

D'ailleurs, elle ne croyait pas se rappeler qu'elle lui avait décliné son prénom jusque là. C'était toujours bon à savoir. Si elle venait de s'exprimer d'une voix basse, lourde, sifflante – presque un souffle – son ton monta en revanche d'un cran lorsqu'elle reprit la parole.

- Ainsi, Einar Soham, tu es donc convaincu d'être le seul ici à avoir des soucis. Tu crois peut-être avoir le monopole de la contrariété ? L'exclusivité de la difficulté ? Tout le monde a ses problèmes, tu sais. Et tu n'es ni le premier ni le dernier à passer la serpillière dans les couloirs de l'Académie, je te le garantis.

Elle s'interrompit avant de se rapprocher du garçon en contournant le seau qu'il avait posé entre eux deux. Il tressaillit.

- Tu as raison, nous sommes tous les deux des vers de terre. À vrai dire, nous sommes tous des vers de terre. Tous ces pauvres petits êtres humains accrochés à leurs terres, leurs biens et leurs maisons – tous des vers de terre. Seulement, est-ce que tu connais la différence entre nous ?

Pause.


- La différence, tu vois, c'est que, contrairement à toi, je ne me complais pas dans cette médiocrité. Contrairement à toi, je ne me plains pas, je ne crains pas les foudres d'un ver de terre aussi insignifiant que les autres, je ne me frotte pas le ventre au sol quand un personnage un tant soi peu important ou intimidant me l'ordonne. Ce n'est pas une question de force, de rébellion ou d'indépendance. C'est une question de dignité. Et tout le monde peut être fier. Fier d'être un homme. Ou un ver de terre, puisque cela revient au même.

La jeune fille s'avança encore de quelques pas, les yeux vrillés dans ceux du Teylus. Contre toute attente, ce dernier soutint son regard. Peut-être tout n'était-il pas perdu, après tout.

- Et ce n'est pas parce que j'ai une « particule » – elle mima les guillemets avec ses doigts – que je suis plus privilégiée que toi. Ce n'est pas parce que mes parents sont frontaliers que cela me confère davantage de légitimité à fouler cette terre. Ce n'est pas parce que ma famille habite la Citadelle que je suis considérée meilleure ou plus honorable. Ce n'est pas parce que je suis apprentie marchombre que je suis parfaitement heureuse et que ma vie est faite de ronds dans l'eau, de fumée colorée, de séances de méditation et de montagnes harmonieuses, ajouta-t-elle en reprenant ses termes.

Kirfdéin, Kirfdéin, Kirfdéin. Ne pas penser à ça. Ne pas penser à lui. Elle ne s'attendait pas à ce que son nœud dans l'estomac se contracte à ce point et avala sa salive dans l'espoir que ce dernier se desserre quelque peu. Peine perdue.


- Nous sommes tous les deux des vers de terre, Einar. Mais la vraie – la seule – différence entre nous deux c'est que, moi, j'essaie de changer cet état des choses. Je m'accepte telle que je suis – ce n'est pas le problème. Mais je me développe. J'évolue. Je ne désespère pas, un jour, de toucher les étoiles.

Grimace imperceptible.

- Ce qui, visiblement, est loin d'être ton cas.


[Oh mon Dieu *.* J'aime ce RP  I love you ]

Einar Soham
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MessageSujet: Re: Sarah Connor ? [Terminé]   Sarah Connor ? [Terminé] Icon_minitimeMer 26 Fév 2014 - 2:12

[ Hésite pas si ça convient pas, si Einar est trop trop omniscient ou quoi hug ]

- C’est pas possible de toucher les étoiles.

Non, lui, il tentait pas d’atteindre les étoiles. C’était débile, comme rêve. Complètement impossible. Encore pire que s’il avait dit qu’il espérait être empereur un jour. Les étoiles ne pouvaient jamais être atteintes. Et quand bien même on y arrivait, il se passait quoi, après ?
Les étoiles, on ne les touchait que d’une seule manière.

C’était quand on avait rejoint les champs de la Dame et qu’on devenait une étoile soi-même. Quand on était mort. Crevé. Vidé. Foutu sous terre, sans plus aucune ambition, et sans jamais avoir touché d’étoiles de son vivant. C’était bien les marchombres, ça, d’avoir un orgueil démesuré au point de croire qu’on pouvait toucher l’impossible. L’impossible, on y touchait pas. Même Merwyn, n’avait jamais touché aux étoiles. Même Merwyn n’avait pas réussi à vaincre la mort, et il avait disparu en essayant. Et c’était elle, Dylan puis qu’elle s’appelait d’un nom pareil, c’était elle qui prétendait y arriver un jour ?
A quoi ça servait de se donner des buts pareils dans la vie ? Elle pouvait pas se contenter de chevauchr les nuages, comme les autres ? Elle s’écraserait, c’est tout. Elle passerait tout sa vie à courir après du vent et à jamais l’attraper, et quand enfin elle remettrait les pieds sur terre, ça ferait mal. C’était beau, les rêves. Mais c’était que des rêves.
Lui, il avait des rêves réalisables. Il demandait pas grand-chose. Pas les étoiles, pas le firmament, pas même la gloire ou la vraie richesse, juste un peu de confort, un peu de bonté, et beaucoup de lendemains chantants avec les gens qu’il aimait.

- Y’a bien une chose que les vers de terre peuvent pas faire. Voler. On n’est pas des foutues chenilles, on peut pas se mettre dans un gentil cocon et attendre que nos rêves se réalisent. Y’a pas d’éclosion, y’a que l’état rampant, et le cocon, faut le construire soi-même et s’y accrocher vaille que vaille.


Einar était rarement poète, encore moins philosophe. Peut-être était-il juste à bout. Il se sentait super oppressé. Le massacre perpétuel de Dylan, à chaque phrase, le mépris qu’elle manifestait à chaque instant, cet espèce de révérence un peu folle qu’elle avait envers sa propre Voie comme tous ceux qui l’empruntaient. Il se sentait mal, engoncé dans le tablier du servant, engoncé dans toutes les contradictions que Dylan mettait à nu sans pitié, il se sentait mal, il avait envie d’éclater à l’intérieur. Sans bruit, sans explosion, juste une petite ruine à l’intérieur de lui-même, peut-être pleurerait-il en silence ce soir dans le dortoir. Personne pour l’entendre.

Avec une lenteur affectée, Einar s’éloigna encore de la marchombre qui s’obstinait à se mettre à portée de poing. Il avait pas envie de la frapper. Einar se rendait juste compte du gouffre énorme qu’il y avait entre eux, et qu’il savait ne jamais pouvoir combler un jour. Ca n’avait déjà pas marché avec Ewall. Ewall lui aussi était tout plein d’illusions, plein de lui-même.
Lui aussi, il n’était « que lui-même ». Et ils n’avaient jamais réussi à discuter depuis, il y avait trop de tension. Devait-il aussi en être pareil avec Dylan ?

De toute manière, il pourrait plus laver la volière ce soir. Il était trop mal pour avoir envie de gratter du guano, et tant pis pour M’dame Elizia. Ses doigts défirent le tablier, le plièrent, enlevèrent le bandana. Il essuya la sueur et la poussière qui s’étaient accumulées sur son front, comme pour faire rempart contre les pensées qui menaçaient d’exploser de sa tête.

- T’as qu’à finir de passer la serpillère toi-même si tout le monde peut le faire.

Il s’écarta, comme pour appuyer ses dires. Il aurait pu s’en aller, à ce moment-là. Ne rien répondre. Ressasser en lui-même, penser à tout ce qu’elle avait dit. Avoir mal à chaque fois qu’elle lui affublait le monopole de la médiocrité et du malheur, à chaque regard qu’elle lui avait envoyé, à chaque fois qu’il repassait le coup de poing dans sa tête comme s’il était un vulgaire chien. Il pourrait en pleurer un peu, le murer au fond et s’amuser quand même à la sortie de M’sieur Eternit le lendemain. Il pourrait.
Mais il avait pas envie. Il voulait qu’elle s’en sorte moins bien que ça. C’était comme avec Cérys. Il pouvait encaisser, attendre, attendre, laisser filer… mais y’avait un jour où il craquait. Et il préférait craquer tout de suite.

- De toute manière, comment tu comptes toucher les étoiles avec ce qu’on dit sur toi ?

Maintenant qu’il avait son nom… Il pouvait la relier à toutes les rumeurs et racontards qu’il connaissait. Toutes les bêtises qu’il entendait dans le dortoir, tous ces savoirs internes qu’il engrangeait soigneusement comme la commère qu’il était.

- Les marchombres, ils ont besoin d’un maître, non ? Vous pouvez rien apprendre tout seul. Et si y’a un secret pour atteindre les étoiles plus vite qu’en se laissant manger par les vers de terre, t’es pas prêt de l’apprendre.

Que les rumeurs soient vrais ou pas… Il s’en foutait. Les rumeurs n’avaient pas besoin d’être véritables pour faire mal, et pour être redoutables. Et ce qu’il savait, c’est qu’Halina en avait pâti. Beaucoup.

- Pt’êt que Kirfdéin te parlerait encore si t’avais pas fait des trucs louches avec. Pt’êt que t’aurais encore un maître si Hal’, elle avait pas appris que t’avais touché à son amoureux. Pt’êt que tu pourrais faire des trucs biens si tu pensais pas qu’à faire mal aux autres.

Il était rarement immonde. Il préférait laisser filer. Il était très, très rarement immonde. Mais quand il l’était, Einar pouvait être pire que la pire des garces.


Dylan Gil'Zandiar
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MessageSujet: Re: Sarah Connor ? [Terminé]   Sarah Connor ? [Terminé] Icon_minitimeMer 12 Mar 2014 - 16:41

Après tout, Dylan se moquait d'Einar. Il pouvait bien faire de sa vie ce qu'il voulait – s'amuser à passer la serpillière dans les couloirs, à ramper devant les domestiques ou à se battre avec des tas de guano – ce n'était pas son problème. Elle avait eu ce qu'elle venait chercher, et quelque chose lui disait que le garçon ne retoucherait pas à son sabre de si tôt. Elle aurait pu, à cet instant, tourner simplement les talons – abandonnant l'élève à ses fientes, à ses chiffons, à son tablier déjà à moitié défait et à ses débris de rêves brisés. Elle aurait pu.

Sauf que quelque chose l'en empêcha. Ou, plutôt, quelqu'un. Car, si le Teylus avait renoncé depuis bien longtemps aux étoiles, il ne semblait visiblement pas résigné à la laisser s'en aller à si bon compte. La Kaelem allait se décider à sortir de la volière et à quitter son interlocuteur une bonne fois pour toutes lorsqu'une voix s'éleva dans son dos, s'insinuant à travers son esprit afin d'atteindre son cœur. Le souffle coupé, elle se retourna. Sans comprendre. Sans oser comprendre. Sans vouloir comprendre. De quoi parlait-il ? Parce que ça devait être autre chose, bien sûr. Personne n'était au courant – personne hormis elle, Kirfdéin et Halina. Personne...

Malheureusement, la suite de ses dires ne fit que confirmer ses craintes. Ainsi, Einar savait. Mais comment ? Par qui ? Kirfdéin ? Impossible. Elle était certaine qu'il n'avait pas ébruité l'épisode. Dans ce cas... Son cœur rata un battement. Halina. Évidemment. Ils étaient dans la même maison, suivaient le même enseignement. Sans doute étaient-ils proches. Amis, peut-être, même. Et qui d'autre ? Qui d'autre était au courant ?

Il se passa alors plusieurs choses simultanément chez la jeune femme. La boule qui obstruait sa gorge remonta brusquement, si brusquement qu'elle dut hoqueter pour ne pas se laisser envahir par la nausée. Au contraire, le nœud de son estomac se contracta avec une telle force qu'elle eut la sensation que tout son corps se tordait de douleur – mais sans doute n'était-ce qu'une impression. De toute manière, la souffrance n'était-elle pas qu'une impression ? De son côté, son esprit se vida brutalement – tout disparut, à l'exception de quelques mots désordonnés qu'elle fut incapable d'organiser, émotions vaines, sentiments bafoués. Incompréhension. Indignation. Révolte. Peine. Chagrin. Trahison. Tristesse. Colère. Colère. Colère. Colère.

Haine.

Elle ne cherchait plus à se contrôler, à présent. Elle ne désirait qu'une unique chose : ne pas pleurer. Mais elle savait, au fond d'elle-même, elle avait la profonde certitude qu'elle ne laisserait pas échapper l'écho d'un sanglot. Cela faisait longtemps qu'elle avait dépassé le stade des larmes.

Représentez-vous une vague qui enfle. Représentez-vous un animal sauvage qui bondit en grognant. Représentez-vous un éclair qui fend le ciel pour s'abattre sur l'unique arbre à portée de vue – Einar, en l'occurrence. Maintenant, représentez-vous Dylan.

Elle ne cria pas. À vrai dire, elle ne bougea même pas. Ou, plutôt, elle n'eut pas l'illusion de bouger. Car, la seconde d'après, elle se trouvait sur Einar. Elle ne sut pas exactement comment elle s'y prit pour le plaquer contre le mur, une main serrée sur le col de son uniforme, l'autre lui broyant le torse. La fureur décuplait ses forces. Elle les détestait, elle les détestait tous. Et lui en particulier. Lui le premier. Si une infime partie d'elle-même, emplie d'appréhension et de désarroi, tentait de retenir son bras, la jeune fille ne pouvait que s'amuser des yeux écarquillés du garçon. Mieux, elle s'en délectait. Il était si atrocement, si misérablement, si irrémédiablement faible. Et elle-même, à cet instant, se sentait puissante – tellement puissante. Elle pouvait tout lui faire – absolument tout. Il était en son pouvoir. C'était grisant. Enivrant.

Vivifiant.

Au fond de son cœur, la bête poussa un rugissement de triomphe mêlé de joie, de fébrilité, d'excitation et de désespoir. Enfin. La victoire. Ses yeux se plissèrent tandis qu'elle rapprochait son visage de celui du Teylus. La peur et l'étonnement contenus dans ses yeux lui firent esquisser un sourire, peut-être encore plus menaçant que son silence.


- Qu'est-ce que tu as dit ?

Murmure. Déposé au creux de son cou. Le jeune homme demeura muet. Alors, le chuchotement se transforma en hurlement.

- Je t'ai demandé de répéter ce que tu viens de dire !

Il devait la prendre pour une folle. Non. Rectification. Elle était folle. De rage. Et cela lui plaisait.

- Non. En fait, ne dis rien. J'ai très bien entendu ce que tu m'as dit.

Elle laissa planer un silence. Tu ne me connais pas. C'était ce qu'elle avait envie de crier, de hurler à son oreille. Tu ne me connais pas. Personne ne me connaît. Personne. Pas même moi... Mais ce furent d'autres mots qui sortirent de sa bouche.

- Et tu sais quoi ? Peut-être que ça me plaît de faire du mal aux autres. Peut-être que j'aime faire du mal aux autres.

C'était faux, bien entendu. D'autant plus que, dans le cas de Kirfdéin et d'Halina, faire du mal aux autres signifiait également faire du mal à elle-même. Pas dans la situation d'Einar, cependant.

- Peut-être même que j'ai envie de faire du mal aux autres.

Sa voix grondait.

- Alors ? Qu'est-ce que tu en penses ? Qu'est-ce que tu dirais si je t'affirmais que j'avais envie de faire du mal ? De te faire du mal ?

Pause. La tension, entre eux, était palpable. Si elle ne relâcha pas sa pression sur le cou de son interlocuteur, elle recula néanmoins légèrement. Très légèrement. Un pas – un minuscule pas sur le chemin de la liberté. Sa respiration se fit moins lourde, plus lente. Maîtrisée. La haine l'avait quittée. Ne restait plus que la lassitude, à présent. Une incommensurable lassitude. Dylan n'était plus une tornade, un raz-de-marée, un ouragan. Simplement une enfant perdue qui tendait la main vers la lumière alors que l'obscurité se refermait sur elle. Comme une épave à la dérive. Une bouteille jetée à la mer dont le propriétaire savait pertinemment que jamais personne ne lirait le contenu. À l'aide. C'était ce qu'elle aurait aimé souffler. Mais elle n'ignorait pas que seul l'écho de ses pas lui répondrait.

Alors, elle lâcha complètement le Teylus, sans se détourner toutefois. Ses yeux restèrent simplement fichés dans ceux du garçon, aussi vides et profonds qu'un gouffre abyssal. Qui savait ce qui se cachait à l'intérieur ? Un peu de pluie, sans doute. De la pluie et des nuages. De gros nuages d'orage.


- Tu ne sais rien, Einar.

Aucune agressivité dans cette dernière phrase. Une simple constatation. Dépourvue de toute animosité. Aussi plate qu'un paysage sans relief.

- Tu ne sais rien.

Et certainement n'avait-il jamais rien su.

Einar Soham
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MessageSujet: Re: Sarah Connor ? [Terminé]   Sarah Connor ? [Terminé] Icon_minitimeJeu 24 Avr 2014 - 23:06

[ j'espère que ça te va, j'suis super en retard :/ ]

Et alors, un tigre des Plaines se jeta sur lui. C’était l’impression que ça donnait. Einar attendait, tendu au maximum après avoir sorti une des pires saloperies qu’il avait jamais sorties de sa vie, sachant qu’il allait le regretter, et la réaction de Dylan dépassa toutes ses attentes- elle le percuta, et le monde manqua de basculer. Un cri de souris s’échappa d’Einar en atteignant le mur, broyé par une charge de Raïs enragés ; il avait la gorge écrasée et des yeux plein de rage le fixaient.
Fugacement, ça le ramenait.. à la reprise de l’Académie. Les rages mises à nu, et ces mercenaires tous cagoulés, tous dissimulés derrière des masques, qui se jettaient sur eux avec plus de rage et de désespoir au fur et à mesure qu’ils perdaient la bataille. Lui qui se battait comme il pouvait en essayant de ne tuer personne, en aidant ses amis, et tous ces regards plein de beaucoup de choses qui se braquaient sur lui parce qu’il avait l’air d’une proie facile-

Dylan lui rappelait. Les émotions pures, il ne les voyait jamais que dans les yeux des méchants – le reste d’entre eux, ils étaient humains, ils étaient tempérés, et s’il connaissait bien la peur, il n’avait jamais ressenti la terreur profonde, celle qui glace les os et râcle le long de l’âme. Il connaissait la colère, mais pas la rage tempêtueuses qui fait perdre tous les repères, il connaissait la méchanceté mais pas la cruauté profonde et noire comme la nuit.

Tout cela, il le vit en Dylan.
Comme il l’aurait vu dans les iris d’un tigre des plaines.
Ca lui fit peur.

Paralysé par la peur, Einar ne parla pas tout de suite, de peur qu’elle ne lui plante un couteau dans l’estomac s’il ouvrait la bouche – elle se mit à hurler, et il frissonna, essayant de se faire aussi petit qu’une souris. C’était la rage, la rage profonde, celle des mercenaires, celle des tigres, celle des sorcières, il—

… s’apprêtait à répéter ce qu’il avait dit, mais elle l’interrompit à nouveau, et Einar eut une certitude profonde.
Être mesquin et salaud ne lui réussissait pas. Dire des mesquineries, il faisait comme tout le monde, rarement à voix haute, souvent de dos, mais là, il en avait eu assez, et envie de connaitre cette espèce de satisfaction que les gens qui lui disaient des saloperies semblaient ressentir – au lieu de ça, il regrettait chaque mot qu’il avait dit, il regrettait cet accès de noirceur, parce qu’il s’était retrouvé en face d’un tigre des plaines, d’une des rares personnes de l’Académie qui étaient encore des psychopathes et qui pouvaient lui arracher la tête à tout moment.
Les yeux d’Einar s’écarquillèrent encore plus quand elle annonça à voix haute sa cruauté. Ca lui plaisait de faire du mal aux autres. Son alarme « Psychopathes » sonnait à toute allure dans son cerveau.
Se pouvait-il qu’elle soit du Chaos.. ? On lui avait dit que le Chaos n’existait plus, qu’ils l’avaient tous détruit à la reprise, mais les éléments isolés, ça existait, et puis le Chaos était comme une mauvaise herbe : on pouvait jamais vraiment s’en débarrasser.
Et même si elle était pas enrôlée dans le Chaos ou dans toutes les autres organisations secrètes et méchantes, elle était sûrement une recrue facile. Il fallait qu’il en parle à quelqu’un. Même si c’était juste des soupçons, même si elle n’était pas une cagoulée qui sacrifiait des brebis dans des grottes sombres… elle était un potentiel danger, et on leur avait dit  d’en parler aux adultes si jamais ils avaient le moindre soupçon.
On pouvait pas laisser la prise de l’Académie recommencer.

Mais pour l’instant, il était trop immobile, et trop à l’écoute du serpent, pour penser à qui il devrait aller voir en priorité. Et puis il fallait surtout pas qu’elle se doute de quoi que ce soit, sinon elle allait le déchiqueter en petits bouts et le laisser pour mort à la volière en disant que c’était la faute des pigeons.

Et comme ses soupçons se confirmaient, comme si elle lisait dans ses pensées, elle le menaça en le défiant de dire quoi que ce soit sur son futur étripement. Quand elle le lâcha, l’envie de prendre les jambes à son cou sans regarder derrière lui le prit, mais il y résista tant bien que mal : elle était plus rapide que lui.

Non, il savait rien. Et surtout pas qui il avait en face de lui à cet instant précis. Il n’arrivait pas à percevoir de la méchanceté pure, l’âme noire des mercenaires, il y avait trop de sauvagerie et de brutalité… mais c’était le terreau fertile parfait pour ce genre de personnes, non ? Il connaissait les rumeurs. Il connaissait les légendes, les anciens élèves embrigadés qui se retournaient contre leurs anciens amis et les éviscéraient, ces élèves qui disparaissaient et qu’on avait revu à la prise de l’Académie…

Einar déglutit. Sa gorge était sèche comme un désert. Il leva les mains comme on ferait devant un prédateur : regarde, je n’ai pas d’armes, pitié ne m’attaque pas. Et ça lui permettait d’avoir les mains prêtes pour se protéger si elle se re-décidait à attaquer.

Lentement, il formula une réponse, parce qu’il tenait à sa peau et qu’elle le tuerait sans doute s’il ne répondait pas à celle-là.

- J’me battrais pas contre toi, parce que j’aurais aucune chance.

Et qu’ils le savaient tous les deux.

- Avant, j’aurais rien dit à personne, parce que ça m’fait trop peur, et que tu m’tuerais à n’importe quel moment si je balançais. Et aussi parce qu’avant, l’Académie c’était plus violent. ‘L’aurait suffi que.. que j’témoigne que tu viens de me dire que tu aimes et que t’as envie de faire du mal aux autres, et…


Il leva les mains un peu plus haut, histoire qu’elle prenne pas ça comme une menace. Parce que pétard, il était plus à menacer, il était trop peureux pour ça. Il répondait juste parce qu’on lui avait dit de répondre.

- Y’avait les mercenaires, avant. Et tous les gens soupçonnés d’être mercenaires, ils étaient.. c’qu’on fait aux criminels. Et c’que tu viens d’me dire, c’est c’que les mercenaires disent.

Il savait que s’il voulait en parler aux professeurs sans qu’elle le sache, il venait de ruiner son beau plan bien préparé. Et qu’il venait de tout dévoiler. Mais il avait des priorités. S’il ne répondait pas, il ne sortirait pas vivant de la volière. Et s’il ne sortait pas de la volière, il ne pourrait pas la dénoncer.

- Mais l’Aca c’est plus comme ça maintenant hein,
rajouta-t-il très rapidement pour éviter d’être zigouillé parce qu’elle se sentait menacée. Il hésita très, très longtemps avant de dire les prochains mots. .. Ils pourraient aider. Les méchants, on les a battus une fois, on peut les battre n’importe quand, et à l’Aca, on s’protège tous les uns les autres.

Beau mensonge, même si Einar n’en était pas complètement conscient. Pour lui, l’esprit de famille Teylus était tellement fort que ça permettait de passer au-delà de tous les problèmes d’abandon et d’erreurs à l’Aca.

- Et on s’protège contre les méchants. A l’extérieur.. et à l’intérieur.

Débile, débile Einar. Stupide chevalier blanc, tu aurais du fuir tout de suite, c’est pas ta guerre, et les adultes auraient plus de chance que toi.

- Y’a plein de gens qui ont souffert de la prise de l’Aca, qui ont souffert des gens qui aiment faire du mal aux autres, et qui veulent faire du mal aux autres. La prise de l’Aca, c’était vraiment, vraiment pas cool, pour quiconque. Mais j’espère quand même que c’était une blague, ce que tu viens de dire, ou un truc qui t’es passé par la tête. Même si c’est vraiment pas le genre de blagues à faire ici, ça m’rassurerait d’entendre que c’est une blague… parce que sinon, c’est qu’t’as besoin d’aide. Et qu’si t’acceptes pas l’aide, c’est la garnison d’Al-Poll qui se charge de ça.


Dylan Gil'Zandiar
Dylan Gil'Zandiar

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MessageSujet: Re: Sarah Connor ? [Terminé]   Sarah Connor ? [Terminé] Icon_minitimeJeu 8 Mai 2014 - 10:53

Dylan ne voulait pas se battre. Avant, oui. Sans aucun doute. Il y avait de cela simplement quelques minutes, elle aurait tout donné pour avoir enfin le prétexte de se jeter sur lui. Avec ou sans sabre, peu importait. La rage et le désarroi qui l'habitaient étaient suffisamment puissants pour se montrer plus meurtriers que n'importe laquelle des lames – aussi tranchantes fussent-elles.

Plus maintenant.

À présent, elle avait simplement envie de tourner les talons, de laisser derrière elle cette volière, ce garçon et ses chiffons. Aller n'importe où – sauf ici. Tout ce qu'elle souhaitait, c'était partir le plus loin et le plus vite possible, comme un fauve qui préfère être seul pour panser ses blessures. D'ailleurs, si Einar n'avait pas repris la parole, c'était certainement ce qu'elle aurait fait. Tourner le dos à son visage, à sa voix, à son regard – ces yeux à la fois apeurés et accusateurs. Laisser tomber, enfin – une bonne fois pour toute.

Cependant, ce qu'elle ne pouvait reprocher au Teylus, c'était de ne pas être tenace. Alors qu'elle pensait qu'il profiterait de cet instant de répit pour se saisir de son balai, de sa serpillière et prendre ses jambes à son cou, il rouvrit la bouche, en déglutissant, d'une voix qui tremblait à peine. Peut-être possédait-il plus de bravoure qu'il ne le montrait, finalement. Ou qu'elle avait bien voulu le voir.

La suite, Dylan eut du mal à la comprendre, au début. L'apprenti chantelame s'était mis à lui parler de passé, de violence et de méchants, et il lui fallut quelques secondes pour réaliser qu'il était en train d'évoquer devant elle la prise de l'Académie par les mercenaires. Évidemment, elle connaissait cet épisode de l'histoire du bâtiment, mais elle ne voyait pas vraiment le rapport avec leur propre situation, à ce moment précis. Et puis, alors que la signification de la phrase « Et c’que tu viens d’me dire, c’est c’que les mercenaires disent » se frayait lentement un chemin jusqu'à son cerveau, tout à coup, elle comprit.

Einar continuait à parler, le souffle court, les muscles tendus, comme s'il s'attendait à ce qu'elle lui saute dessus à n'importe quel instant de son discours. La jeune fille, de son côté, ne bougeait plus. Pétrifiée, immobile, elle écoutait, et chacun des mots de son interlocuteur s'enfonçait un peu plus profondément en elle – comme des coups de poignard empoisonnés. Pourtant, en même temps, les questions se bousculaient dans son cerveau. Avait-elle, l'espace d'un seul moment, véritablement envisagé de tuer Einar ? Avait-elle aimé le voir souffrir tandis qu'elle le plaquait au mur, s'était-elle réjouie de la douleur qu'elle avait vue scintiller au fond de son regard dilaté par la stupeur ? S'était-elle amusée de sa crainte, de son impuissance, de sa faiblesse ? La réponse lui apparut dans toute la force de la détresse et de la vérité. Et la voix du Teylus continuait, continuait, ainsi qu'un bruit de fond – bourdonnement ténu, dérangeant – mais c'était à présent une autre parole venue d'un autre temps qui lui emplissait l'esprit. Une parole aux intonations douces et chaleureuses, aussi entêtante qu'un parfum de miel fondu ou de fleur sirupeuse. « La rancœur mène à la rage, la rage à la destruction, et la destruction au Chaos. » Ses yeux s'écarquillèrent. Elle avait déjà dû faire face à la haine, autrefois. Seule une marchombre avait réussi à la ramener sur le chemin de l'harmonie. Mais comment faire, à présent que son maître la fuyait et qu'elle ne pouvait plus se confier qu'au vent insensible et aux lointaines étoiles ?

Einar s'était tu, et elle mit quelques secondes pour s'en rendre compte. Elle avait peur, soudain. Pas d'Halina ou de Kirfdéin, cependant, pas peur d'un avenir confus ou d'un hypothétique futur. C'était-elle même qu'elle craignait. Oui, elle avait peur. Peur de sa colère et de sa tristesse – peur de ce qu'elle pouvait devenir si la fureur et le désespoir l'envahissaient de nouveau. Lorsqu'elle redressa enfin la tête pour fixer ses yeux sur le visage indécis du garçon, elle ne put se résoudre à croiser son regard. Elle redoutait ce qu'elle pourrait y voir. Ou, plutôt, elle savait trop bien ce qu'elle y lirait. Avalant péniblement sa salive, Dylan desserra les lèvres. Seul un filet de son parvint à sortir de sa gorge sèche.


- Je... je suis désolée. Je n'avais pas l'intention de...

Sa voix se brisa. Éteinte. C'était ainsi qu'elle se sentait. Éteinte. Confuse. Et fatiguée. En repensant à son attitude à son arrivée dans la volière, elle se sentait emplie par un mélange de honte et d'incompréhension. Le coup de poing, les reproches, les cris, les insultes, les hurlements. Comment pouvait-elle faire la morale à Einar alors qu'elle-même était incapable de diriger sa vie ? Comment pouvait-elle lui asséner ses grands principes, ses injures, ses brimades et ses réprimandes alors que sa propre existence lui paraissait aussi instable qu'un radeau qui essaie de flotter au beau milieu d'un océan déchaîné ? Comment pouvait-elle l'accabler de son mépris et de son courroux alors qu'elle-même n'était que doutes, frénésie, chagrin, amertume, déception, angoisse et prétention ?

Et, surtout, comment avait-elle pu l'accuser de ne pas se comporter en homme – alors qu'il était sans doute le plus humain des deux ?

Elle était désolée, oui. Pour tout.


- Écoute... oublie ce que je viens de dire, d'accord ? Tout ce que j'ai dit. J'avais tort, je...

Elle reculait, à présent, pas à pas, essayant de mettre le plus de distance possible entre le jeune homme et elle. Un bref moment, elle se demanda ce que ce dernier lisait sur son visage décomposé. De la culpabilité ? De la gêne ? De l'effroi ? De la peine ?

- Simplement, ne touche plus à mon sabre. Et ne me reparle plus jamais – jamais d'Halina.

L'espace d'un instant fugitif, son ton retrouva sa dureté et se fermeté premières. Et puis, elle s'arrêta, sentant la poignée de la porte s'enfoncer entre ses omoplates. Einar lui faisait toujours face. Muette, elle se mordilla la lèvre, hésitant à rajouter quelque chose avant de faire brutalement volte-face. Sa main se crispa sur la poignée de métal, et elle s'apprêtait à ouvrir la porte pour se réfugier dans les escaliers quand une brusque inspiration retint son bras. Elle ne pourrait pas continuer toute seule, elle en avait la certitude. Or, elle n'avait personne à qui se confier. Personne pour épancher le trop-plein de ses émotions et de ses sentiments. Certes, il y avait bien Ichel, mais celle-ci n'était pas au courant de leur mésaventure à la cascade et, en tant qu'amie d'Halina, la Kaelem était bien la dernière personne que l'apprentie marchombre désirât mettre au courant. Elle n'avait aucune garantie qu'il accepterait – mais n'était-ce pas lui-même qui le lui avait proposé ? Après tout, elle n'avait rien à perdre. Finalement, ses épaules se relâchèrent – mais ses doigts ne quittèrent pas la poignée pour autant.

- Einar ?

La jeune femme se retourna. Lentement, très lentement.

- Est-ce que ça te dirait qu'on...

Elle s'interrompit, cherchant ses mots. Les yeux d'Einar fouillaient son visage, écarquillés dans un éclatement de gris terre et de marron feuillage.

- … qu'on s'aide mutuellement ?

La fin de la phrase lui était venue presque naturellement. Alors seulement, elle osa croiser son regard. Elle ne fuirait plus, désormais – elle s'en fit le serment.


[Marlyn ne l'aura pas   ]

Einar Soham
Einar Soham

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MessageSujet: Re: Sarah Connor ? [Terminé]   Sarah Connor ? [Terminé] Icon_minitimeMar 2 Déc 2014 - 3:56

Einar osait à peine respirer, après ce qu’il avait dit. C’était un pari tellement énorme, tellement risqué, et pourtant il avait cru profondément à tout ce qu’il avait dit. Il avait dit qu’il était prêt à subir les conséquences si ça pouvait protéger l’Académie. Il était pas vraiment vraiment prêt, mais il voulait essayer. Il y croyait sur le moment, et c’est ça qui comptait.

Quand Dylan relâcha son emprise sur lui et sembla s’écrouler un petit peu à l’intérieur, Einar osa respirer un poil plus. La tension, brutalement relâchée, lui amena presque les larmes aux yeux. Mais ce n’était rien comparé à la jeune femme en face de lui.

A vrai dire, vu l’expression qu’elle affichait, Einar eut l’impression d’être allé un peu trop loin. Genre un peu beaucoup trop loin. Genre encore plus que quand il avait bitché comme une poissonnière un peu plus tôt, et s’était servi de ragots pour essayer de faire mal à Dylan.
Là, il avait dit des trucs qui venaient du plus profond de dedans son cœur, et ça avait brisé Dylan au point qu’elle en avait la gorge complètement serrée.

Il n’avait vraiment aucun tact.
Elle avait peut-être menacé de le tuer, certes. Et ça l’excusait à moitié. Mais maintenant, c’était son devoir de rattraper ça, d’oublier qu’elle avait menacé de le tuer et de le faire beaucoup souffrir, et de se racheter auprès d’elle.
Encore que de son point de vue, c’était toujours à elle de se racheter auprès de lui.

Mais il était (vaguement) bien élevé.
Le jeune Teylus opina du chef sans rien dire quand elle lui rappela pourquoi elle était énervée contre lui. Une espèce de promesse silencieuse qu’il essayerait d’être une meilleure personne, qu’il ne toucherait plus à son sabre sans sa permission, et que… ouais. Vraiment, avoir utilisé les ragots, c’était quelque chose qu’il referait jamais, parce qu’il se sentait vraiment honteux de l’avoir fait.

Elle recula, le visage toujours décomposé, et ça toucha beaucoup Einar, qui était au final un petit magma d’émotions et de choupitude. Tout ce qu’il voulait, c’était oublier ce qu’ils s’étaient dit, et recommencer sur une meilleure base, mais il était pas sûr qu’elle veuille. A vrai dire, elle s’éloignait lentement, jusqu’à atteindre la porte. Et elle allait le laisser là, avec son seau à crottes, sa serpillère, son foulard, et ses regrets.

Einar s’était déjà détourné pour regarder à ses tâches, essayant de cloitrer son cœur à cet espèce de désespoir qu’il ressentait déjà pour ne pas y succomber, lorsqu’il entendit son nom prononcé par Dylan.

Craignant à moitié qu’elle ne revienne sur ses paroles, ou qu’elle ne se mette à le menacer à nouveau, Einar attendit la suite, et ce qu’il entendit lui brisa un peu le cœur.
Mais dans le bon sens, cette fois.

Il baissa la tête, sans doute pour dissimuler les larmes qui lui montaient aux yeux de manière innattendue et qu’il voulait dissimuler, parce que c’était ridicule de pleurer parce que quelqu’un venait de proposer d’être son ami.

Lentement, il hocha de la tête.

- Ouais.


La regarder à ce moment-là était un peu trop dur, aussi garda-t-il les yeux fixés sur un des oiseaux qui le regardait avec sa tête débile.

- Ca m’dirait. B’coup. Même si t’es Kaelem, qu’jsuis Teylus. Ca m’irait bien qu’on s’aide. Ce s’rait cool.

Mais il savait pas trop quand, ou comment. Tout c’qu’il savait, c’est que ça serait peut-être mieux pour eux de prendre un peu de temps de leur côté, de se croiesr dans d’autres circonstances. Pas dans la volière, la scène du crime, l’endroit où ils avaient tous les deux ventilé tellement de frustration personnelle que l’atmosphère y était presque liquide, d’un mauvais liquide plein de pus.

- Si jamais t’as besoin, j’s’rai là pour écouter, promis. Même si j’suis avec d’autres Teylus, ou en cours. j’pourrai m’libérer. Et si jamais j’ai b’soin… ?

Elle opina du chef, comme pour sceller cet espèce d’accord bizarre qu’ils venaient de créer. C’était bizarre, de dire ouvertement qu’on allait s’aider. Ca changeait tellement des Teylus, tous tellement… introvertis ? Tout le monde allait bien, et on parlait jamais de quand ça allait pas bien. Lui, au final, ça lui pesait.

- Cool. Ca t’dit qu’on s’voit.. plus tard ? Si j’finis pas ça, j’vais encore être puni. Non t’inquiète, j’préfère faire ça seul. Pis c’est pas trop dur. C’mieux si y’a qu’un de nous deux qui est super sale au bout.

Sauf qu’en vrai, ouais, il aurait bien aimé avoir quelqu’un à ses côtés pour finir de nettoyer la volière. Enfin il sasvait pas trop. Même longtemps après qu’elle soit partie, il était encore perturbé parce qui venait de se passer, par cet espèce de pacte bizarre qu’il avait passé avec l’ennemi, les accusations qu’il avait faites, et cette part de lui-même qu’il avait découverte et immédiatement détestée, cette part de l’autre qui l’avait terrifiée et qu’il avait promis d’aider à contenir…
Mais y’avait encore du guano à gratter, et ça lui prit suffisamment d’énergie mentale pour qu’il ne se rende pas compte qu’ils ne s’étaient même pas vraiment dit au revoir.


[ hug J'ai ouvert un nouveau Rp là >> https://ewilan.jeun.fr/t3898-j-ai-beaucoup-de-regrets-et-de-choses-a-te-dire#38815 << , un peu plus actuel PomPom ]

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