Conseil des Primats

Pourquoi fallait-il que tout doive arriver en même temps alors qu’il était extrêmement occupé à renverser l’Empire ?
Les professeurs étaient venus le trouver plus tôt dans la semaine pour lui rappeler qu’à cette époque de l’année, tous les Primats se retrouvaient pour faire le bilan de l’année et revoir les dossiers des élèves pour déterminer s’ils avaient le droit de se présenter aux épreuves de passage, recevoir des sanctions disciplinaires, des avertissements, ou être renvoyés pour mauvais comportement constant sans volonté de redressement.
Ca promettait d’être particulièrement fastidieux.
Heureusement, une élève était morte et il en avait renvoyée une autre récemment, dont il avait déjà oublié le nom. Ca irait d’autant plus vite. Aziel Ril’ Krysant avait beau être d’un professionnalisme rigide, il était difficile de se concentrer sur de basses affaires d’intendance d’une école qui de toute manière mériterait d’être passée par les flammes, alors qu’il y avait tant de choses importantes qui l’attendaient à Al-Chen et à Al-Jeit. Il ne partait que le lendemain, mais il avait déjà repassé ses plans des dizaines de fois, débriefé Wojam et Mancre à la lie et envoyé des lettres à tout va.

La tradition académicienne voulait que le Conseil se déroule dans la Salle du Conseil en présence de tous les élèves de l’Académie. Ce qui était d’un ridicule achevé. Tous les Conseils se faisaient à huis clos entre l’équipe enseignante et le représentant de l’Académie, que ça soit l’Intendant ou le Directeur. Lui, dans ce cas précis.

Il avait fait convoquer Cil’ Eternit, Ril’ Otrin et Hil’Guidjek dans son propre bureau. Le bureau d’Intendant, une fois rangé, était suffisamment vaste pour y installer une table ronde et des sièges à dos raides.
Il n’avait plus qu’à les attendre. Les Primats de Teylus et Kaelem arrivèrent tous les deux presque à l’heure tandis qu’il relisait un recueil de poèmes sur les Dieux, et sire Cil’ Eternit arriva le dernier appuyé sur une canne. Pâle, il semblait maladif et l’œil un peu terne. Comme toujours. Cet individu était incapable de se décider entre la vie et le trépas, et la fréquence de ses cours s’en ressentait.
D’un geste sec, Aziel referma son recueil et le posa proprement à côté de lui, tira à lui le registre des élèves, un parchemin et une plume neufs, ainsi que les dossiers de chacun s’il y avait besoin de les consulter.
Plus vite on se débarassait de cette corvée et plus vite il se trouverait loin de ce ramassis d’imbéciles et de bien pensants…

- Bien. Merci à vous, Primats, d’être venus pour ce… nous insérerons le chiffre plus tard. Conseil de l’Académie de Merwyn.

En temps habituel, les traditions voulaient que l’Intendant laisse la parole aux professeurs s’ils souhaitaient lever une question en particulier ou parler de l’Académie ou des enseignements de manière plus générale, mais ça leur ferait perdre un temps fou qu’il n’avait ni le temps ni l’envie de leur consacrer. S'ils avaient quelque chose à dire, ils le diraient bien à leur tour. Aussi prit-il, sans leur laisser le temps de parler, le registre et en lut le premier nom.

- Par ordre alphabétique, bien que ce système soit des plus… démodés, il convient que nous commencions par Demoiselle – il renifla tant le concept de Demoiselle ne s’appliquait pas à cette sauvageonne, Thülle qui plus est, de la pire race- Astragal Clegane. Combattante, me semble-t-il ? dit-il d’un œil ennuyé en se tournant vers Locktar.

Calme et discrète pendant les cours.
Etonnant, venant des gens de son sang.
Aziel avait manqué d’esquisser un sourire en entendant parler de cette rustre comme l’une des élèves les plus prometteuses de l’Académie. Si on se mettait à considérer les sangs de thül comme les meilleurs de la nasse, c’est que le reste des poissons devait être bien pourri… Enfin, ça ne faisait que renforcer son opinion générale sur cette école de bas-nés et de brutes. L’Académie d’Al-Jeit n’aurait jamais laissé une thülle intégrer ses rangs. Bien des familles nobles auraient retiré leur propre progéniture, pour ne pas avoir à fréquenter cette racaille. C’était déjà bien assez que l’ancien Empereur leur ait imposé un quota de roturiers chaque année  « pour faire bonne figure auprès des Seigneurs des villes ».
Prête à passer les épreuves de passage..

Il avait oublié, ça, tiens.
Leurs stupides épreuves de passage. Et leurs rangs non moins stupides, qui n’attestaient d’aucune réelle compétence et qui n’étaient reconnus nulle part ailleurs dans l’Empire.
Plus tard.
Quand ils auraient pris le contrôle, et qu’il aurait appointé quelqu’un d’autre pour s’occuper de l’Académie de Merwyn à sa place. Que cette autre personne gère leurs supposées épreuves de passage, si ça pouvait leur faire plaisir.

- Les Epreuves de Passage, commença-t-il d’un ton parcimonieux, auront lieu dès que la période de Deuil sera terminée, et que votre serviteur sera revenu des voyages qu’il doit accomplir dans l’Empire pour le bien de tous. Je ne voudrais pas que nous bâclions une tradition aussi… cruciale, importante… sacrée, que celle des Epreuves de Passage.

Il se tourna vers Duncan Cil’ Eternit, qui n’avait toujours pas émis son avis sur la thülle et se tenait enfoncé sur sa chaise, visiblement inconfortable. Aziel retint un soupir interne. Tout était plus lent autour du sieur Cil’ Eternit, comme s’il générait sa propre bulle de dilatation temporelle… pas que Aziel puisse savoir le concept de la dilatation temporelle.

- La jeune demoiselle Clegane est… appliquée dans ce qu’elle entreprend, pour peu qu’elle puisse rassembler la concentration nécessaire à la tâche. Je ne fais aucun doute quant à la sincérité de son investissement dans les mythes et légendes, ou de son honnêteté en terme d’efforts de lecture et d’écriture. Néanmoins, les progrès sont pour la plupart lents, et il est des bases culturelles qui sont parfois.. je ne dirais pas inexistantes parce que la culture thülle est complexe, mais différente de celle que l’on inculque à nos enfants. En résumé… Duncan dut se reprendre après une toux qui agaça particulièrement Aziel, c’est une élève brave qu’il faut encourager dans le bon sens. La carotte plutôt que le baton.

Une élève brave, allons bon.. Aziel connaissait Duncan, pour avoir travaillé avec lui durant des années à l’Académie d’Al-Jeit. Et lorsqu’il voulait complimenter une élève, il utilisait tout, sauf le mot « brave ».

- En ce qui concerne l’Intendance, Clegane n’est certainement pas parmi nos plus grands fauteurs de trouble, loin s’en faut. Néanmoins, des rapports me sont parvenus de l’équipe domestique quant à l’état dans lequel elle laisse fréquemment la salle d’eau ainsi que son propre espace dans les dortoirs. Je conseille à son Primat, sire Guidjek, de bien vouloir lui adresser des remontrances à ce sujet. Elle faisait également partie des.. rebelles nocturnes,continua-t-il en regardant Locktar, présents lors de la tragique mort de Hestia Kieran.

Aziel griffonna encore dans le dossier, mais peu.
Il n’avait pas de temps à consacrer à ces barbares qui se faisaient appeler les Thüls.

- Quelqu'un veut-il bien avoir la gentillesse de réveiller Sire Cil' Eternit...? Merci. Ah, au tour d’un jeune homme de bonne famille, monsieur Arctèr Wil’ Oroan. Certaines familles ont encore le courage de venir honorer notre établissement de leur présence, fort heureusement pour nous… Vos commentaires ? Vos dessinateurs ont-ils également des.. Epreuves de Passage, Dame Ril’ Otrin ? Son ton sarcastique transparaissait derrière ses dents grises.

Aziel remarqua du coin de l’œil que Locktar avait serré les poings et tentait de se calmer, et le nota mentalement sans trop s’en faire. Ils étaient dans une pièce entre gens civilisés, et il avait remarqué la main que Duncan avait posée sur le bras de son ami pour le rassurer sur les évènements. Peu lui importait qu’on lui veuille du mal de toute manière, il partait le lendemain, et il avait bien l’intention de ne jamais remettre les pieds à l’Académie.

Et les dessinateurs avaient ces stupides épreuves aussi. Au moins, ils passaient moins leur temps à mourir et à se casser des trucs que les guerriers.
Ah. Bonne chance à son successeur pour ça. Il serait bien installé à redresser l’Empire depuis Al-Jeit le temps qu’ils organisent ces prétendues épreuves.

Vint le tour de deux élèves dessinateurs. Tous les deux à Aequor. Tous les deux nobles.
Tous les deux appliqués, sérieux et assidus ? Coincidence ?

Bien sûr que non. Ces deux jeunes gens représentaient ce que l’Académie de Merwyn pourrait être si elle était régulée plus sérieusement. Expédions les roturiers dans la rue où ils appartiennent, que les marchombres fassent leur poésie rebelle ailleurs dans l’Empire, et qu’on ne garde que les meilleurs. Les futurs Sentinelles, préparés dans les contreforts même du Poll pour protéger l’Empire des dangers extérieurs.

- Je ne peux que seconder l’avis de ma collègue, fit Duncan qui semblait, pour une fois, avoir décidé de servir à quelque chose. Arctèr est un véritable puits de connaissances et passe beaucoup de temps à la bibliothèque. Certains diraient trop, mais qui suis-je pour condamner ceux qui veulent apprendre quelque chose. Tout comme sa consoeur Attalys, Arctèr bénéficiait d’une éducation avant de venir ici et sait donc parfaitement lire, écrire, exprimer des pensées complexes et réfléchir sur des sujets ardus, ce qui il faut l’avouer… est plutôt rare ici.

Le professeur de lettres fit une pause qu’il voulu malicieuse, que Aziel trouva simplement agaçante et inutile.

- Je rajouterai d’ailleurs qu’Attalys sort régulièrement de ses obligations pour se montrer aimable et attentionnée, non seulement envers ses camarades mais également envers le corps professoral. Plus d’une fois m’est-il arrivé de trouver miss Attalys à ma porte avec une question, un livre ou bien un présent, et je suis sûr de ne pas être le seul.

Aziel se tourna vers Locktar qui haussa les épaules. Ce qui semblait logique, il n’avait sans doute jamais eu à faire à ces deux dessinateurs… En finissant d’annoter les dossiers, Aziel jeta un coup d’œil à la liste, et son visage se fermé plus encore qu’avant.

- Ah. Mademoiselle Cérys. Sans commentaires.

Il n’avait même pas ouvert son dossier, d’ailleurs, qui avait été fermé avec un ruban rouge scellé à la cire, pour signifier que son temps à l’Académie était… terminé.

- Dylan Gil’ Zandiar. Marchombre si je ne m’abuse ? Elève – si le mot peut s’appliquer pour ces rêveurs sans avenir- de Kirfdéin Starkhoz, ancien élève de notre Académie. Quelques actes d’indiscipline, un caractère… explosif. A surveiller. Marchombre est trop souvent synonyme de délinquance.

- Si je puis me permettre, Sire Ril’ Krysant, nous ne savons que très peu sur la philosophie des marchombres, et je tiens à préciser pour notre mémoire à tous que ceux qui sont devenus… des criminels, au sein de nos élèves, ne se sont jamais trouvés parmi les marchombres, interrompit Duncan, au plus grand étonnement de tous. Tout autant que les autres, ils ont sauvé l’Académie à maintes reprises alors que leur Code leur dicte la non-interférence et la neutralité.

Aziel lui lança un regard aussi noir que son âme, et fit semblant de n’avoir rien entendu, en se tournant ostensiblement vers les deux autres professeurs. Après avoir recueilli leurs remarques sur Dylan dans le dossier correspondant, il jeta un œil à sa liste.
Et cette fois, au lieu de se rembrunir, Aziel ne put laisser échapper un petit rire mesquin.

- Les Dieux me gardent, il nous faut désormais parler du cas d’Einar Soham. Comment a-t-il réussi à rester aussi longtemps dans notre établissement au vu de son dossier, certains qualifieraient ça de miracle. Mais je compte y remédier, et rapidement. Sommes nous d’accord sur ce point ? Sire Hil’ Guidjek, si je ne m’abuse, Soham est le seul à avoir échoué à ses Epreuves de Passage à répétition ?

Etonnant que Myra prenne la parole la première sur un élève qui n’était pas le sien, mais Duncan eut la présence d’esprit de ne pas intervenir. Peut-être pour atténuer ce qui allait suivre ? On parlait d’Einar Soham après tout, et les Dieux savaient qu’il y avait beaucoup à dire sur cet élève, et que peu de choses seraient laudatrices.
Le vieux professeur écouta la diatribe de Locktar en hochant de la tête de temps en temps pour approuver, malgré le regard.. suppliant, courroucé, de Myra ? Il ne pouvait tout de même pas mentir sur la progression d’un élève simplement parce qu’Aziel Ril’ Krysant était strict. Certains ne méritaient pas les commentaires, et personne ne méritait d’être trainé dans la boue pour ses origines, mais Locktar avait un point. Ils avaient essayé tous les efforts, tous les compliments, ils lui avaient donné une année supplémentaire, il avait plus de temps et un maître de plus que les autres, et pourtant…

- Malheureusement, je me dois d’acquiescer avec mon collègue Primat de Teylus. Quand bien même j’aimerais pouvoir vous faire part des progrès du jeune Soham, il m’est difficile de trouver une matière dans laquelle il n’est pas en retard sur ses camarades. Il ne manque pas d’aide, et bien que je sois relativement clément à ce sujet, il lui arrive parfois de copier les devoirs de ses compagnons de dortoir. Il faudrait sans doute l'avis d'un rêveur à ce sujet, mais je soupçonne qu'il souffre également d'une incapacité à se concentrer, à se focaliser sur les tâches en cours.

Il prit une respiration.

- Les Dieux… n’offrent pas les mêmes dons à tout le monde, et je suis le premier à plaider pour que les élèves de toutes origines aient une chance. Je ne crois pas que les lacunes de Monsieur Soham viennent de son manque d’éducation en amont, mais d’un manque de … prédispositions… naturelles, dirons-nous. Néanmoins, il serait regrettable à ce stade de renvoyer ce pauvre enfant de l’Académie. Après les années qu’il a passé ici, ne serait-il pas.. charitable, de le laisser finir ses études ? Un renvoi l’obligerait à retourner à Al-Far, tandis que la complétion de ses études à l’Académie, quelle que soit sa progression, lui permettra au moins de s’engager dans l’armée.

Ril’ Krysant le regardait d’un air furieux, mais ne pouvait pas nier son argument. Duncan savait qu’en invoquant les valeurs de leur religion, l’Intendant ne pourrait pas le contredire. En attendant, ça leur laisserait du temps à eux, ses professeurs, de trouver une solution pour sauver Einar de la noyade.

- Vos remarques seront prises en considération, déclara Ril’ Krysant d’un ton sec, sans rien ajouter de plus. Sur son dossier, il avait griffonné quelques notes, et ajouté dans les marges « à renvoyer ». Comme sur la plupart de ses autres dossiers.

- Enelyë Ril’ Enflazio, Ewall Ril’ Morienval, Gwëll Yil’Sleil, Hestia Ki… Ehm, je voulais dire, Halina Nilan, débita-t-il d’un ton morne. Si ça ne tenait qu’à lui… peut-être qu’en les passant en groupes, cette séance stupide passerait plus vite. Au moins, en les faisant à plusieurs, chaque professeur avait de quoi commenter sans se marcher sur les pieds comme des enfants de trois ans.

L’Intendant releva la tête, et Duncan en profita pour prendre la parole le premier, remonté par sa dernière diatribe.

- Je ne peux parler que pour nos deux dessinatrices et notre combattante, Ewall étant un cas un peu spécial étant donné qu’il s’est entièrement dédié à l’entrainement marchombre d’Anaïel, délaissant la structure académique classique. Enelyë est une de nos élèves les plus prometteuses, et nul doute que l’évolution de son… statut familial, lui a permis de s’épanouir et de prendre conscience de son potentiel jusqu’alors ignoré. Sa culture et son éducation feraient pâlir la plupart des enfants de nobles que je connais, et elle garde toujours cette modestie propre à ses origines. Si je puis me permettre, je la recommanderais pour un cursus supérieur à l’Académie d’Al-Jeit. J’en déférerai à l’avis de ma collègue, mais je vois en elle la lumière de nos futurs Sentinelles.

Il soupira et changea de position sur sa chaise, la maladie le laissait inconfortable.

- Halina Nilsan a également ma recommandation. Je ne suis pas son professeur principal et je déférerai à l’avis de sire Hil’ Guidjek, mais Halina fait partie des rares élèves assidus en cours de légendes. Je dirais même plus, elle fait partie des rares qui aident les autres en permanence, et je ne doute pas que ce sont ses devoirs qu’Einar Soham copie la plupart du temps. Sa générosité et sa droiture en feraient une candidate idéale pour un poste de valeur à Al-Jeit.
Gwëll… je propose de lui permettre de poursuivre ses études un an de plus dans nos murs. C’est peut-être une erreur de l’empêcher de sortir de son cocon mais… malgré son âge, miss Yil’ Sleil ne présente pas la maturité de ses camarades, et je crains qu’une exposition trop brusque au monde extérieur ne soit dangereuse. Si quelqu’un veut bien m’éclairer sur certaines circonstances atténuantes concernant notre jeune élève ? J’ouis dire de problèmes parentaux, et de l’influence de certains de nos éléments les plus turbulents, mais je crains de manquer de détails à ce sujet.

Grandir un peu…
Aziel jeta un œil sur les dossiers de Miss Yil’ Sleil. C’est bien ce qu’il pensait. Elle avait 17 ans, soit l’âge qu’avaient la plupart de leurs élèves, et pourtant… elle se comportait comme si elle en avait 12. Pas étonnant que ses professeurs conseillent de lui épargner le monde extérieur. Encore que si Aziel avait vraiment eu son mot à dire dans l’éducation de cette jeune fille – en d’autres termes, s’il avait lui-même eu des enfants, elle aurait vite grandi à coup de batons et de prières, et il l’aurait exposée à la cruauté du monde bien plus tôt pour qu’elle ne s’installe pas dans un cocon de soie à l’abri du reste. Le monde vous rattrapait toujours, quelle que soit l’épaisseur de votre tour d’ivoire.
Mais il n’avait pas son mot à dire, et il n’en avait vraiment pas grand-chose à faire. Le scandale du procès Yil’ Sleil était la seule chose qui l’atteignait, car sa propre réputation en patissait.

- Je ne peux qu’acquiescer, sire Hil’ Guidjek, miss Nilsan est un exemple de vertu et d’entraide, et il est regrettable que sa présence n’ait pas plus déteint sur ses camarades que ça. En voilà une élève exemplaire, bien qu’elle ait commencé comme… troublefête, fit-il en jetant un œil à son dossier et aux multiples remarques dans ses premiers temps à l’Académie.Les évènements.. tragiques qui ont secoué l’Académie et miss Nilsan en particulier auront au moins servi à forger une lame que l’Empire sera fier de brandir contre ses ennemis.

Avec les annotations des différents professeurs, Aziel ferma le dossier des concernés et regarda la liste.
Nom de Dr.. Il soupira.

- Je vois que nous commençons à entrer dans les fauteurs de troubles… La combattante Kloa Rwanda, de Teylus, la marchombre Ichel Calwin, de Kaelem, et son camarade Kaelem dessinateur Lev Mil’Sha.

Duncan ne put retenir un petit sourire à l’évocation de ces noms. Ah ça… pour être explosifs…  et vu l’humeur de Myra et de Locktar respectivement, on pouvait s’attendre à des étincelles. Heureusement pour lui, tous les Aequor étaient des cas exemplaires. Aucun ne brillait particulièrement, alors que la meilleure guerrière se trouvait à Teylus et la meilleur dessinatrice à Kaelem, mais ils ne provoquaient pas de remous non plus.

- Malgré ses origines.. disons, modestes, Kloa s’est montrée vive dans les cours auxquels elle a daigné assister. Il ne lui ferait certainement pas de mal d’apprendre quelque peu l’étiquette et la courtoisie… mais nous ne pouvons nous plaindre. Elle est très proche de ses camarades Teylus et aide particulièrement la jeune Astragal lorsque celle-ci éprouve des difficultés en classe. Peut-être, si je puis suggérer, pourrait-elle apprendre à passer sa frustration autrement qu’en frappant tout ce qui bouge, cher Locktar ?

- Permettez moi de parler d’abord de Lev. Nous avons ici un élève brillant, mais, et je doute d’être le seul à éprouver ces sentiments, un élève dangereux. Je ne puis juger des détails de son Don, mais j’en vois les conséquences. Lev Mil’ Sha aime utiliser ce pouvoir, en particulier sur ceux qui lui sont plus faibles. Il est cruel envers les animaux et envers certains de ses camarades, instable psychologiquement, et redoutablement intelligent. Si je n’avais pas l’habitude d’élèves, je me serais laissé avoir par le visage qu’il montre à ses professeurs, mais les autres élèves me rapportent des choses bien moins saines dans les dortoirs. Je sais que nous ne sommes plus sous le joug du Chaos et que ces dangers sont écartés, mais je ne peux m’empêcher de penser que nous devrions le surveiller. S’il n’est pas forcément criminel, ses penchants feraient de lui une cible de choix pour ceux qui chercheraient à l’influencer.

- Ichel Calwin… et bien. Il réfléchit un long moment. Je préfère laisser la parole à mes collègues à son sujet, car je suis certain que ce qu’ils auront à en dire dépassera de loin ce que je pourrais résumer.

Il fit un petit clin d’œil à ses collègues de Teylus et Kaelem, qui avaient eu maintes fois affaire à la jeune femme qui était souvent sur leurs lèvres lorsqu’ils parlaient dans la salle des professeurs.