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| Pour des raisons d'adultes égoïstes, notre futur fut divisé en deux [Terminé] | |
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Messages : 603 Inscription le : 06/08/2009 Age IRL : 30
| Sujet: Pour des raisons d'adultes égoïstes, notre futur fut divisé en deux [Terminé] Dim 5 Mai 2013 - 17:17 | | |
- Je cherche Elisha.L’homme aux yeux verts la regarda un instant, comme s’il cherchait à déceler le moindre de ses défauts, et Enelyë soutint son regard, par automatisme. Elle avait toujours conservé cette habitude de ne jamais baisser les yeux face aux autres – c’était un signe de faiblesse, et elle n’était pas faible. Le chat dans ses bras miaula un instant, et il parut abandonner la partie. - Je vais voir si elle est là.* Elle avait pris sa décision sur un coup de tête. En effet, le chaton avait percuté son visage alors qu’il venait de se faire chasser par Œil-de-Tigre et qu’il avait grimpé sur son lit en vitesse. Il n’avait visiblement pas su maîtriser son arrêt. Elle s’était réveillée en sursaut, avait eu grand-peine à réprimer son cri, et avait décidé qu’il fallait vraiment qu’elle se débarrasse de la petite chatte. Elle s’était levée – une fois réveillée, elle ne savait pas se rendormir – et avait réfléchi un instant sur la façon dont elle pourrait cacher l’animal. Il aurait été stupide qu’Aziel lui prenne avant qu’elle n’ait réussi à atteindre Elisha. Elle s’était habillée, coiffée rapidement et avait pris le chat sur son épaule. Il était vraiment très tôt, et à cette heure les autres devaient être à l’Appel. Il suffisait qu’elle ne passe pas par la grande salle et qu’elle sorte tout de suite par les portiques. Il fallait juste espérer qu’aucun garde ne l’intercepterait. Sur le chemin, elle réfléchissait à tout ce qu’elle n’avait pas dit à sa cousine. Sa cousine. Ce mot lui semblait si étrange pour désigner la jeune femme, mais pourtant, par les liens du sang, elles l’étaient. Avait-elle été prévenue de la mort de son père ? Cela lui semblait invraisemblable, leurs parents ayant coupé les ponts. Ainsi, il aurait été difficile de savoir qu’elle avait été adoptée par Varsgorn, également. En fait, leurs chemins étaient si séparés que les nouvelles entre elles ne circulaient absolument pas. Et lui dire, ensuite, qu’elle était amoureuse, qu’elle avait des amis, qu’elle vivait ? Et si ce n’était pas son cas ? Ne rien dire alors, et attendre, un signe, un geste, qui lui permettrait d’avancer la discussion ? Le chat tomba de son épaule et elle le rattrapa dans ses bras. Il était encore tout petit, et déjà plein de vie. Elle n’avait aucune inquiétude. Et finalement, elle avait simplement salué le garde qui se tenait devant le portique. N’avait-il rien remarqué d’anormal quant au Code ou avait-il laissé couler ? - Ah, arrête donc de gigoter comme ça. Et non, je ne te laisserai pas descendre. Tsss, tu me griffes ? Crois-moi, ton papa a fait pire, mademoiselle.Elle la tenait dans ses mains, fixant son regard dans celui du chaton. S’il y avait quelqu’un d’autre dans les jardins ? Elle s’en moquait éperdument. Il lui arrivait souvent de parler à son chat, alors ça ne devait pas tellement étonner ces possibles autres. Et elle continuait à marcher, se battant presque avec le petit chat qui tentait de s’échapper de ses bras. Elle ne voulait pas risquer de le perdre en chemin, et si elle le lâchait, elle allait sûrement devoir courir après. Et le matin, elle avait envie de tout, sauf de courir. Quelques griffures et morsures plus tard, elle arriva finalement à Eoliane. Elle frappa à la porte, pour qu’on vienne lui ouvrir. Et quelques secondes plus tard, elle se trouvait face à un homme qui la dévisageait de ses grands yeux vert menthe. * - Je vais voir si elle est là.Enelyë s’installa sur les marches. Elle n’avait aucune envie d’entrer dans la Confrérie, de toute façon. Une jeune femme passa à côté d’elle. Elle la regarda, plus par réflexe qu’autre chose, et fut fascinée une seconde par son regard félin. La seconde d’après, elle remarqua les béquilles. Puis elle disparut au coin des jardins d’Eoliane. La petite chatte miaulait de plus en plus fort, mais au moins avait-elle cessé de la blesser. Elle se leva finalement, juste comme Elisha arrivait. Un sourire un peu gêné se peint sur le visage de la dessinatrice – pour quelle raison ? - Bonjour, Elisha. Je … tu vas bien ?Leurs regards se baissèrent en même temps vers le chaton. Elle pouvait bien le garder avec elle encore un peu, non ? - Oh, elle est toute jeune, encore. A peine sevrée.Eviter les sujets qui fâchent. Les garder pour plus tard. Mais pourquoi fallait-il que les yeux d’Elisha soient si semblables à ceux de son père ?
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| | Messages : 431 Inscription le : 09/05/2009 Age IRL : 29
| Sujet: Re: Pour des raisons d'adultes égoïstes, notre futur fut divisé en deux [Terminé] Dim 5 Mai 2013 - 17:54 | | | La jeune femme s’était levée tôt ce matin et s’était directement rendue à la bibliothèque. Comme pratiquement tous les matins en fait. Elle avait croisé Eliott sur le chemin, il lui avait fait un grand sourire, comme à son habitude. Et il était passé à ses côtés en passant négligemment sa main dans les boucles rouges d’Elisha. La rêveuse se retourna et répondit en le chatouillant. Ils partirent dans un éclat de rire comme ils n’en avaient pas eu depuis longtemps. Le jeune homme sourit, content de voir son amie de bonne humeur. Il ouvrit sa besace – ouais, depuis qu’il avait vu Lisha avec une besace, il en avait une. Il lui avait piqué l’idée. – et en sortit deux petits pains fumants.
- Je suis sûr que tu vas encore à la bibliothèque sans avoir rien mangé !
La rouquine rougit. Il la connaissait par cœur décidemment. Ça n’eut pour effet que d’agrandir le sourire du rêveur qui lui tendit l’un des petits pains et croqua dans l’autre. Bras dessus bras dessous, mangeant et discutant de tout, ils se rendirent à la bibliothèque.
Elle n’était pas sûre de réussir à travailler correctement si Eliott était là. Mais étant donné qu’elle avait passé sa vie dans la bibliothèque, ces derniers mois, une demi-journée de semi-repos ne lui ferait sans doute pas de mal. Et puis elle s’en voulait toujours de ne jamais passer de temps avec son ami, alors qu’elle lui avait promis qu’il irait cueillir les plantes ensemble, qu’elle lui apprendrait l’anatomie de la main qu’il avait tant de mal à retenir, et qu’il lui avait dit un jour qu’il la ferait goûter à ses talents de cuisinier.
Alors bon, ce n’était peut-être pas plus mal.
La porte s’ouvrit timidement, une tête passa par l’embrasure de la porte. Elisha ne prit même pas la peine de tourner la tête pour vérifier avant de parler :
- Tu sais que tu peux entrer franchement Jùn. Tu es ici chez toi tout autant que moi, si ce n’est plus.
- Vu le temps que tu passes dans cette pièce, je n’en serais pas aussi sûr.
La jeune rouquine releva la tête, un sourire aux lèvres. Décidemment la journée s’annonçait plutôt bien. Cela faisant longtemps que le rêveur ne s’était pas permit autant de familiarité.
- Sinon, je suis là pour te prévenir qu’il y a quelqu’un qui te cherche.
- Qui me cherche ?
- C’est ce qu’elle a dit. D’ailleurs en y repensant elle te ressemble un peu.
La rêveuse pâlit. Enelyë. Ce ne pouvait être qu’Enelyë. Depuis qu’elle l’avait croisé lorsqu’elle avait guéri Duncan, la jeune femme repoussait toujours le moment où elle devrait aller voir sa cousine pour lui annoncer que son autre cousine était morte. Elle se leva d’un bond. Si elle avait fait le déplacement jusqu’ici, avec les mesures actuelles d’Aziel, elle n’avait pas le droit de la faire attendre. Elle risquait déjà suffisamment gros à être partie si tôt de l’Académie, à moins qu’elle soit blessée – et dans ce cas Jùn l’aurait mentionné – alors elle devait y aller.
- Merci Jun, dit-elle avec un sourire. Eliott, je suis désolée mais je vais devoir y aller, on se voit tout à l’heure d’accord ?
Elle déposa un bisou sur la joue du jeune rêveur, sous le regard mi abasourdi mi attendri de Jùn et s’enfuit sans plus un mot. Elle se dépêcha d’aller jusqu’à l’entrée de la Confrérie – connaissant Jùn, sa cousine n’était sûrement pas rentrée dans les jardins – tout en se demandant qu’est-ce qui pouvait bien l’amener ici si tôt. En s’approchant elle l’aperçut effectivement juste au niveau de la porte, qui se levait, avec quelque chose dans les bras, un truc tout blanc, comme un pull… Un châton ?
- Enelyë, je suis contente de te voir, je me disais justement que ça commençait à faire bien longtemps.
Et le mot longtemps était là un euphémisme. Leur dernière rencontre où elles s’étaient adressées plus de deux mots était aussi leur première rencontre, où elles avaient découverts qu’elles étaient cousines. Où Elisha avait découvert qu’elle avait un oncle, qui avait une fille. Et où Enelyë avait découvert qu’Elisha avait une petite sœur, une seconde cousine. Une seconde cousine qui était morte désormais… La jeune femme n’avait plus aucunes nouvelles de sa famille, était-il nécessaire de rappeler que la dernière lettre qu’elle avait reçue était celle annonçant en même temps la mort d’Ael et le fait que sa propre mère ne souhaite plus la voir ? Son cœur se serra à ces pensées peu réjouissantes. Elle baissa la tête vers le chaton que sa cousine tenait dans ses bras, et qui venait juste de cesser de miauler.
- Elle est trop mignonne, comment s’appelle-t-elle ?
Tu veux me la confier c’est ça ? Avec Aziel ça doit être un peu compliqué d’avoir un chaton qui ne cesse de miauler aussi fort que celle-ci.
- Que dirais-tu de… Dinah ?
Elle avait lu ça dans un livre une fois.
Elle releva la tête vers sa cousine, se disant que les mauvaises nouvelles pouvaient peut-être attendre un peu, qu’il valait mieux commencer par les bonnes.
Dis, comment elle se passe la tienne de vie ? Mieux que la mienne j’espère. Parce que moi, sans Eliott, ça n’irait pas très bien, et je n’aurais pas grand monde à qui me confier…
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| | Messages : 603 Inscription le : 06/08/2009 Age IRL : 30
| Sujet: Re: Pour des raisons d'adultes égoïstes, notre futur fut divisé en deux [Terminé] Dim 5 Mai 2013 - 18:38 | | | Elle hésita un instant, en voyant les boucles rousses d’Elisha venir vers elle. Devrait-elle la serrer dans ses bras, lui faire la bise ou même, lui serrer la main ? La réponse lui échappait et elle ne fit rien. De toute façon, le chaton dans ses bras l’aurait empêché de faire quoi que ce soit. Mais elle avait raison. Cela faisait longtemps. Et elle savait toute deux que ce « longtemps » désignait une période beaucoup plus longue qu’il ne l’aurait dû. Ne s’étaient-elles pas promis de se voir de temps en temps ? Enelyë en aurait presque oublié sa cousine, avec sa nouvelle famille. C’était si … dérangeant, de penser ainsi, alors qu’elles se ressemblaient tant, alors qu’il y avait encore des liens du sang. Mais la rêveuse semblait plus intéressée par la petite chatte que par ce que venait lui annoncer Enelyë. Et à la limite, elle pensait, tant mieux.
- Dinah ? C’est très mignon. Ça lui correspond bien.
Et elle de cacher les griffures sous ses manches. Elle en avait beaucoup, désormais. Mais elle était habituée, et puis ça partirait. Elle remarqua seulement à ce moment-là que Dinah – puisqu’ainsi venait-elle de se faire baptiser – avait arrêté de miauler, regardant Elisha avec attention, semblait-il. Enelyë sourit.
- Je crois qu’elle t’a déjà adoptée, je vais être obligée de te la laisser !
Ton faussement ennuyé, vraiment enjoué.
- A vrai dire, je venais dans cette optique-là. Pour te la confier. Tu sais, une des domestiques avait une chatte et Chess l’a su plus vite que moi, apparemment … Il y a eu tout un tas de bébés, et si j’arrive à en garder deux aux dortoirs, je crois que trois c’est … un peu trop.
Elle se rassit sur les marches, le chaton venait jouer sous ses mains pour réclamer les caresses. Elle devait tenter d’être bien vue par Elisha, ce qui fit intérieurement rire la dessinatrice, certaine que sa cousine avait déjà accepté de la prendre. La rêveuse s’installa à côté d’elle et Dinah sauta prestement sur ses genoux. Au moins était-elle plus douée pour les sauts que son père, si on exceptait le fait qu’elle ait percuté la tête d’Enelyë le matin-même. Et comme le silence s’installait, un peu, Enelyë se dit qu’elle pouvait peut-être commencer par annoncer les nouvelles. Les bonnes d’abord, parce qu’elle n’avait pas tellement envie de commencer par les mauvaises. Même si cela finirait par ternir la conversation, à terme …
- Hey, tu sais, je crois que … je suis amoureuse.
Elle regarda Elisha, l’air grave, le rouge montant déjà sur ses joues. Elle avait l'impression que l'air venait de se faire plus doux.
- C’est … enfin. Bizarre. Elle eut un petit rire nerveux. Tu vois qui c’est, le forgeron de l’Académie ?
Elle souriait, cherchant quelque chose sur l’intérieur de sa veste. Elle décrocha le petit mouton-nuage pour le montrer à sa cousine.
- Normalement, avec le Code, on a pas le droit de garder des objets personnels sur nous, mais tant que ça se voit pas … C’est beau, non ?
Elle regardait sa cousine, regardait le mouton, lui mit dans la main pour qu’elle l’observe mieux. Elle avait prononcé « Code » avec un peu de mépris dans la voix, mais qu’importe. C’était bien ainsi qu’elle considérait Aziel Ril’Krysant et toutes ses règles. Vivement le retour de Jehan – tous les élèves, ou presque, savaient désormais qu’il n’était pas parti de son plein gré. Dinah allait et venait entre elles deux et s’installa finalement dans les marches de l’escalier, entre elles. Enelyë caressa sa petite tête et une idée germa dans la sienne.
- Et toi, Elisha, t’as un amoureux ? Je vois pas comment tu pourrais ne pas en avoir un, d’ailleurs. Tu es jolie et gentille, alors, ça doit marcher, non ?
Elle récupéra la broche que sa cousine lui rendait et elle sourit en la raccrochant à sa veste. C’était un peu étrange, de parler de banalités comme si elles se connaissaient vraiment. Comme si elles se connaissaient depuis longtemps. Mais par la Dame, ce que ça pouvait faire du bien, de parler sans réfléchir. Et elle essayait de ne pas penser au moment où il lui faudrait choisir ses mots pour expliquer à Elisha que leurs noms de famille ne seraient sans doute jamais plus liés.
[Ça va pas de répondre aussi vite non ? Tiens, pour la peine Et ma litté avance clairement, merci.] |
| | Messages : 431 Inscription le : 09/05/2009 Age IRL : 29
| Sujet: Re: Pour des raisons d'adultes égoïstes, notre futur fut divisé en deux [Terminé] Dim 5 Mai 2013 - 20:07 | | | Elle ne savait pas trop par quoi elle devait commencer. Si elle devait parler, lui poser des questions. Lui annoncer ce qui se passait dans sa vie, bonnes comme mauvaises nouvelles. Même si les bonnes étaient plutôt rares et elles ne pouvaient pas forcément lui en parler – prenons l’exemple d’Ama ayant accepté qu’Elisha l’aide dans ses expérience. Du point de vue d’Elisha, c’est une bonne nouvelle, surtout après qu’elle l’ait trahie, et encore plus vu la manière dont elle l’avait trahie. Mais en aucun cas elle ne pouvait en parler à Enelyë. Et puis sinon… La seule chose qui égayait un peu sa vie c’était Eliott. Mais comment définir Eliott ? Comment qualifier leur relation ?
Bref, elle divaguait.
La nouvellement nommée Dinah la regardait avec attention, ayant véritablement cessé ses miaulements. La rêveuse sourit aux paroles de sa cousine. Ainsi, elle avait vu juste. Elle était bien venue lui confier cette adorable petite chose presque toute blanche. Elle lui expliqua comment elle en était arrivée là. Chess ? Qui est-ce ? Ton chat Ene ? J’ignorais même que tu avais un chat vois-tu. Alors que dans ce monde tu es la seule famille qu’il me reste. Le chaton quémandait des caresses, en ayant apparemment fini avec les miaulements. La jeune femme s’assit aux côtés de sa cousine et immédiatement la petite boule de poils sauta sur ses genoux. La rouquine la caressait négligemment, songeant à ce qu’elle pourrait annoncer en premier.Ah, au fait, je n’ai plus le droit de porter le nom de Sonjee. J’ai été reniée à la mort de ma petite sœur. Ça avait le mérite de tout annoncer d’un coup.Oh, et un ami proche est mort sans que je ne me doute une seule fois qu’il était malade. Du coup j’ai limite passé un an enfermé dans la bibliothèque. Tiens, et sinon, tu sais que c’est de ma faute si ton Maître Dessinateur n’a pas été Maya ? Parce que je n’ai pas pu la sauver. Parce que j’ai fait une erreur alors que j’étais une toute jeune rêveuse, et que ça l’a achevée. Sinon, ça va et toi ? Alors qu’elle plongeait dans de sombres pensées, sa cousine recommença à parler. C’était étrange tout de même de l’appeler sa cousine. Elles avaient été éloignées dès toutes petites, s’étaient retrouvées des années plus tard, s’étaient promis de se revoir souvent, et finalement était là, de nouveau quelques années plus tard, en ne s’étant pas revue, sauf croisées. Etait-elle vouée à s’éloigner de toutes les personnes avec lesquelles elle avait des liens de sang ? Etait-elle vouée à perdre toute sa famille ? Et après la famille de sang, qu’en serait-il de la famille affective ?
Elle avait tendance à plonger un peu trop facilement dans de sombres pensées… Heureusement, la voix d’Enelyë la ramena à la surface, sans qu’elle ne remarque rien.Amoureuse ? Vraiment ? De qui ? Je veux tout savoir. Elle hésitait un peu tout de même, à parler comme si elles étaient proches, comme si elles étaient confidentes, comme si elles se connaissaient depuis très longtemps et qu’elles se voyaient très souvent. Mais elle n’eut pas à faire ça, Enelyë le fit. C’était mignon, elle avait le rouge qui montait aux joues. Et un petit rire nerveux en lui parlant du forgeron.
Dans sa tête Elisha tenta de se souvenir de son visage, elle avait dû le croiser, une ou deux fois, mais ne lui avait sans doute jamais adressé plus qu’un bonjour poli, et là, elle ne voyait pas du tout qui c’était. Elle devint plus attentive, s’éloigna de ses sombres pensées. Sa cousine sortit quelque chose de l’intérieur de sa veste, elle lui tendit après lui avoir expliqué qu’avec le Code – et son ton méprisant montrait bien qu’elle n’aimait pas Aziel, ce qui n’étonnait guère la rêveuse – elle n’avait pas le droit de le garder normalement.
C’était très joli, très finement fait. La jeune rêveuse n’aurait même pas cru possible de faire ça, et ne savait absolument pas comment on faisait ça, mais en tout cas, c’était vraiment joli. Un petit cadeau d’un être qu’on aime, c’est toujours beau de toute façon. Elle acquiesça d’un signe de tête en l’observa plus précisément. Ne faisant plus attention à Dinah qui, n’ayant plus de caresses était finalement partie de ses genoux.
Et alors qu’elle lui rendait sa broche, Enelyë lui posa une question à laquelle elle ne s’attendait pas le moins du monde. A laquelle elle n’avait jamais vraiment pensé, sauf ce jour là, quand Amarylis lui avait avoué que Jùn était amoureux d’elle, et qu’elle lui avait demandé. Là, elle s’était demandé ce que ça pouvait bien faire d’être amoureuse. Elle ne s’était pas rendue compte que le rouge lui était monté aux joues.Dis, c’est quoi l’Amour ? - Bah tu sais… Les rêveurs c’est pas trop ça niveau sex-appeal…Et elles partirent toutes deux dans un éclat de rire qui fit sursauter Dinah. Ah, que ça faisait du bien de rire sans plus penser à rien. Sans penser aux mauvaises nouvelles qu’elle allait devoir annoncer plus tard. Rire, simplement, comme deux vieilles amies qui se retrouvent après une longue absence. Juste rire, presque bêtement. Et lorsque leurs rires se calmèrent, Elisha reprit, plus sérieusement.- Nan mais c’est vrai que la plupart ne sont pas franchement de ma génération. A la limite y aurait Eliott mais Eliott c’est…Elle y était… Comment expliquer sa relation avec Eliott ? C’était son grand frère et son petit frère à la fois. La personne la plus prévisible au monde et la plus incroyable au monde. La seule qui savait la faire rire quand ça n’allait pas, la faire sourire quand elle était au plus mal. Eliott c’était… Eliott quoi. Elle avait les yeux qui brillaient d’admiration à parler de lui, elle avait le sourire aux lèvres à repenser aux attentions dont il la parait…- C’est un peu comme si j’étais une princesse et que lui c’était mon garde. Mais c’est aussi bien plus que ça, c’est pas un garde comme les autres, c’est un garde vraiment important, qui me connait par cœur et… ‘fin, comme s’il était prince lui aussi, sans être snob pour autant.Elle espérait qu’Enelyë ait compris, elle ne pourrait pas être amoureuse d’Eliott, même si c’était bien l’homme le plus génial qu’elle connaissait au monde, c’était… pas possible. L’amour ce n’était pas assez fort pour décrire le lien qui les liait. L’amour, ça ne paraissait pas grand-chose à côté. - Mais dis-moi, sinon, à part Aziel et son Code tout pourri, comment ça se passe les cours ? T’es en quel classe en dessin maintenant ? [Pour la peine ! ]
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| | Messages : 603 Inscription le : 06/08/2009 Age IRL : 30
| Sujet: Re: Pour des raisons d'adultes égoïstes, notre futur fut divisé en deux [Terminé] Jeu 9 Mai 2013 - 1:09 | | | Enelyë ne put s’empêcher d’éclater de rire lorsqu’Elisha répondit à sa question. Un rire un peu haut, peut-être, qui pouvait sembler un peu bête. Le genre de rire qui fait descendre la pression qu’on garde pour nous-même. Et c’était une sacrée pression qui s’exerçait sur elle, en ce moment-même. Trouverait-elle le courage de tout avouer à sa cousine ? Comment savoir si le moment choisi se prêterait aux confidences ? Ou comment forcer le moment ? Peut-être au final, vaudrait-il mieux ne rien dire. Et son rire s’éteignit dans ses pensées sombres. Et elle reprit alors, ses joues un peu rouges. La dessinatrice posa ses mains sur la pierre, son dos penché vers l’arrière, son regard tourné vers sa cousine, prête à l’écouter.
Et ce qu’elle lui raconta la fit clairement penser à Elio. Rien que les mots de princesse et de garde. Qui la connaissait par cœur. Cet Eliott faisait briller ses yeux. Elio, d’ailleurs, ça y ressemblait. Enelyë et Elio. Elisha et Eliott. Elisha souriait mais Enelyë avait compris, avant même qu’elle ne le dise : ce n’était pas de l’amour. Elle eut un pincement au cœur, en se disant qu’il n’était plus là, près d’elle, pour la surveiller et la protéger. Parce que c’était ça, son rôle à lui : la surveiller pour qu’elle ne se mette pas dans des affaires pas possible, la protéger des autres et peut-être, un peu, d’elle-même aussi. Et elle se « contentait » de tout faire pour le mettre de bonne humeur. Elle ferma les yeux, un instant, un sourire aux lèvres, et lorsqu’elle les rouvrit, elle regarda le ciel, et les nuages qui filaient doucement.
- Je vois ce que tu veux dire. Je vis la même situation.
Ne pas dire son nom, surtout. Il lui avait dit, de ne pas parler de lui. Et elle suivait ce qu’il avait dit, à la lettre presque, comme si tout cela pouvait devenir ses lois, ses règles à suivre. Ça pouvait paraître un peu stupide, elle pouvait paraître un peu naïve et crédule, mais elle avait l’impression de faire quelque chose de bien. Elle songea, un instant, qu’il faudrait aller arroser les racines en retournant à l’Académie, et elle se demanda ensuite où était passée Miaelle. Elle chassa ses pensées lorsqu’Elisha reprit la parole, pour lui demander, simplement, des nouvelles de son enseignement.
- En Dessin ? Bah, je suis Brasier. C’est le dernier niveau, après Étincelle et Flamme. En gros, j’imagine que c’est ma dernière année à l’Académie, si je décide de partir après. Mais à vrai dire … l’avenir, je ne le vois même pas. Y a tellement de choses qui peuvent survenir, tout à coup, sans qu’on s’y attende.
Elle s’arrêta un instant. Était-ce le moment qu’elle attendait, depuis le début ? Il semblait à la fois tellement propice, et en même temps, tellement pas adéquat. Parler de dessin et passer de suite à tout le reste. Tout ce qui faisait qu’elle avait changé, ces années sans la voir vraiment. Toutes ces années où elles s’étaient juste croisées. Mais de toute façon, elle finirait par le savoir tôt ou tard. Son sourire se crispa, et fana. Ses mains, en revanche, restèrent crispées sur ses genoux, avant de se replier en poings.
- Y a tellement de choses qui peuvent tout changer, tu sais. Par exemple, la mort d’une personne qui t’es chère.
Elle la regarda un instant, puis se mordit la lèvre pour ne pas pleurer, et détourna le regard.
- Mon père est mort, Elisha.
Et elle ne savait déjà plus comment elle était passée du rire aux larmes. Elle avait l’impression que leurs éclats de rire résonnaient encore dans l’air autour d’elle. Et en même temps, elle avait l’impression d’avoir ouvert la boîte aux révélations. Elle aurait voulu continuer dans sa lancée, tout lui dire, mettre les choses au clair, mais quelque chose l’en empêcha. Une boule d’angoisse au creux de son estomac, celle de larmes qui serrait sa gorge. Et le regard de sa cousine qui disait qu’elle aussi avait quelque chose d’important à lui annoncer. Alors elle n’ajouta rien, pour le moment. Se permit d’attendre simplement, qu’elle prenne la parole et se décide à dire ce qu’elle voulait dire. Il serait toujours temps de dire le reste après, non ?
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| | Messages : 431 Inscription le : 09/05/2009 Age IRL : 29
| Sujet: Re: Pour des raisons d'adultes égoïstes, notre futur fut divisé en deux [Terminé] Ven 10 Mai 2013 - 0:09 | | | Dis-moi. Parle-moi de petites choses qui marquent ton quotidien. Dis-moi quel est cette personne que tu aimes. Quel est l’ami qui te fait sourire jour après jour, même quand tout semble aller de travers. Dis-moi, raconte-moi qui fait partie de ta nouvelle famille d’amis. Dis-moi tout, décris-moi tout ce que tu veux, si cela peut retarder le moment des mauvaises nouvelles.
Tu peux tout me dire, fais juste en sorte que ce que moi j’ai à te dire sorte le plus tard possible. Je ne veux pas gâcher ce moment de retrouvaille, je ne veux pas gâcher ce moment d’insouciance.
Dis-moi tout ce que tu veux.
Et elle entendit apparemment sa prière silencieuse. Elle enchaîna, l’air rêveur, un peu triste peut-être, sur le fait qu’elle vivait la même situation. Qu’elle avait une personne dans sa vie qui tenait le rôle d’Eliott dans la sienne. Elle fut heureuse de l’apprendre. Au moins, elle ne serait jamais vraiment seule, non ? Parce qu’une personne comme ça, ça ne peut jamais t’abandonner. N’est-ce pas ? Eliott ne la laisserait jamais toute seule. Il ne partirait jamais loin d’elle de son plein gré. Non ? Elle enchaina sur une autre question, pour ne pas tomber dans ces élucubrations.
Ainsi elle était Brasier désormais ? Déjà ? Sa dernière année à l’Académie ? Vraiment ? La rêveuse avait presque oubliée que ça se passait différemment et que l’apprentissage était beaucoup plus rapide à l’Académie qu’à la Confrérie. Enfin, elle, elle avait déjà le statut de Rêveuse, même si elle continuait d’apprendre pour accéder aux cercles supérieurs. Mais à l’Académie ça se déroulait en trois niveaux seulement. Trois niveaux. C’était si rapide. Elle, elle pouvait facilement décider de passer sa vie à la Confrérie. Vu que ses plans originaux de voyager avec Ael étaient fortement compromis par la mort de cette dernière. Mais Enelyë, si elle restait à l’Académie, que ferait-elle ? Que deviendrait-elle ?
Son visage s’obscurcit. Un air grave s’y imprima. Elle se crispa toute entière. Son sourire n’était plus naturel. Ses points étaient serrés. Que… Que se passait-il ?
La mort d’une personne qui t’es chère.
La rouquine retint ses larmes. Mael. Ael. Ne pas y penser. C’était trop tard maintenant. Elle ne vit pas que la Kaelem la regarda un instant, se mordit la lèvre et se détourna pour enfin annoncer cette nouvelle qui était sur le bout de ses lèvres. Elle ne vit rien de tout cela. Elle n’entendit que la chute. Les bruits s’estompèrent, se feutrèrent. Une larme coula sur sa joue blanche. Elle réussit à retenir les autres. Au moins le temps d’annoncer la nouvelle, les nouvelles.
- Je… Je suis désolée. J’aurais voulu t’annoncer ça autrement, et surtout pas maintenant. Ael… Ma petite sœur… Ta cousine…
Elle ravala ses larmes, le temps d’énoncer la nouvelle.
- Ael est morte.
C’était horrible de prononcer ça ainsi, maintenant. Même après coup c’était toujours aussi affreux. Toujours aussi insupportable.
- Et mes… parents… en ont profités pour me renier. Je n’ai plus le droit de porter ce nom à présent. Je ne devrais même plus être considérée comme ta cousine.
Cette nouvelle-là paraissait si moindre à côté. Y avait-il donc une malédiction sur leur famille qui faisait qu’elles devaient toutes deux se retrouver orphelines ? Etaient-elles vouées à ne plus être cousine alors qu’elles avaient si peu profité de ce statut ? Etaient-elles vouées à laisser leurs possibles futurs enfants orphelins aussi ? Que ce soit en les reniant ou en mourant trop tôt. Que se passait-il donc ici ? Comment était-ce possible ?
Elle laissa les larmes couler librement sur ses joues. Ne prenant pas la peine de tenter de les sécher, sachant pertinemment qu’aussitôt essuyées, d’autres prendraient le relai pour tremper sa peau et s’écraser lamentablement sur le sol. Elle restait juste prostrée ainsi, ne remarquant même pas Dinah à ses pieds qui tentait de la consoler comme elle pouvait.
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| | Messages : 603 Inscription le : 06/08/2009 Age IRL : 30
| Sujet: Re: Pour des raisons d'adultes égoïstes, notre futur fut divisé en deux [Terminé] Lun 20 Mai 2013 - 2:53 | | | Et en effet, la boîte aux révélations semblait désormais totalement ouverte. La boîte aux révélations ou la boîte de Pandore, qu’importait. Les rires s’étaient flétris comme les pétales des fleurs coupées qu’elle entretenait dans des vases dans la salle commune de Kaelem. Et elle ne regarda pas Elisha. Considéra que ce serait trop dur, pour elle-même et au final pour elles deux, même. Sa cousine était désolée. Pourtant, elle sentait dans les sanglots de sa voix que quelque chose encore tomberait, pour achever de couper la tête de ses idées encore joyeuses. Ael. Elle se souvenait en avoir parlé, lorsqu’elles s’étaient rencontrées, lorsqu’elles s’étaient retrouvées. Et là encore, la mort traçait son chemin. Peut-être que sa vie était pavée par la mort. Son père, sa cousine désormais. Ne manquerait plus qu’elle apprenne la mort des derniers êtres auxquels elle tenait. Ils n’étaient pas si nombreux que ça, au final. Varsgorn, Silind, Elio et Elisha. C’était si peu, maintenant qu’elle y pensait.
Et elle venait de perdre son nom, reniée par ceux qui lui avaient donné la vie. Ce ne fut pas une vague de tristesse, mais un déferlement d’indignation qui monta soudain en Enelyë, l’empêchant de pleurer. Comment pouvait-on dire à son enfant que ce serait comme si il n’avait jamais existé, comme si il ne comptait plus, comme si on l’effaçait, purement et simplement ? C’était horriblement répugnant. Néanmoins, elle se laissa gagner par les larmes d’Elisha. Et si la tension retombait doucement, elle ne pleurait pas, elle, pour autant. Elle avait toujours pleuré les morts. Et aujourd’hui, elle ne pouvait pas. Ce n’était pas parce qu’elle n’avait pas connu Ael, bien que cela aurait pu être une très bonne raison. Mais c’était le fait, sans doute, qu’Elio lui avait enseigné que pleurer ne ramenait pas les morts, et qu’il fallait continuer à se battre, quoi qu’il arrive. Alors elle se serra contre Elisha, passant un bras autour de ses épaules en attendant qu’elle finisse de pleurer.
Elle chercha un mouchoir dans sa poche, de sa main libre, et le tendit à sa cousine. Si les liens familiaux se brisaient peu à peu, morceaux par morceaux, elles resteraient cousines par les liens du sang. Et Enelyë songeait au nom. Le Sonjee disparaitrait, alors ? Quel nom pourrait-elle prendre ? Un instant, elle avait songé à Wind. Mais ce n’était même plus son nom. Par adoption, elle avait désormais celui de son père adoptif. Ril’Enflazio. Et cela, elle ne pouvait pas l’offrir à Elisha. Elle hésita un instant, attendant que les sanglots se fassent plus distincts, plus distants, avant de prendre à nouveau la parole. L’adoption était tout de même une parole plus joyeuse, non ?
- Nos liens de sang sont plus importants que les noms. Alors pourquoi était-il si dur de dire que leurs noms ne seraient plus associés ? Tu sais, je … enfin. J’ai été adoptée, un peu avant ma majorité.
Adoptée. Ce mot lui semblait si étrange, prononcé.
- Je porte le nom Ril’Enflazio, maintenant. Tu as sûrement dû déjà entendre ce nom … Il y a des enseignes un peu partout en Gwendalavir alors …
Elle se tut, parce qu’Elisha la regardait. Elle n’avait jamais su faire face aux regards des autres et cette fois-ci ne fit pas exception. Elle lâcha l’épaule d’Elisha et ses mains vinrent se joindre entre elles, les doigts passant entre les interstices formés par les doigts d’en face. Elle jouait avec les ongles de ses pouces, regardant attentivement et écoutant le bruit que faisait le frottement de l’ongle contre l’autre. Dinah émit un miaulement plaintif et vint se frotter à ses jambes. Les animaux ressentent la tristesse, dit-on, et Enelyë y croyait dur comme fer. Néanmoins, elle était certaine que sa cousine était bien plus triste qu’elle en ce moment. Blessée aussi, peut-être. Enelyë en venait à se détester d’avoir accepté cette adoption sans avoir pu lui en parler avant. Elle avait l’impression qu’elle venait de trahir la seule famille qu’il lui restait.
- Je crois que … nos vies sont un peu … marquées par le mauvais œil du Dragon. Tu sais, c’est cette histoire qu’on raconte aux enfants, quand ils sont pas sages.
Le mauvais œil du Dragon. C’était l’histoire d’un jeune berger qui, ayant vu un Dragon manger ses troupeaux, avaient décidé de crever les yeux dudit dragon pour se venger et l’empêcher d’attaquer davantage ses siffleurs. Sauf qu’il avait crevé un œil qui était déjà aveugle, et l’autre fut la source d’une malédiction, qui apporta le malheur à ce pauvre berger. Il avait perdu tous ses siffleurs, perdu aussi l’amitié de ses voisins … Mais ce berger avait toujours vécu seul. Il n’avait eu à déplorer aucune perte familiale. Ce qui était sans doute la pire des souffrances, lorsqu’on aimait sa famille. Comment pouvait-on ne pas l’aimer ?
- Elisha, on sera toujours cousines. Et moi, je n’abandonnerai pas ma famille, même si nos noms différent, même si nos chemins nous éloignent … je finirai par te retrouver, toujours.
Une promesse encore. Mais cette fois, elle avait l’intime conviction que cette promesse pouvait tenir toujours. L’intime conviction que cette promesse n’était pas de celle que l’on fait pour rassurer l’autre ou parce qu’on en a envie, sur le moment. Non, c’était un vrai engagement. Et Enelyë y croyait dur comme fer, à sa capacité à accomplir ce rôle. Elle n’abandonnerait pas Elisha. Et espérait qu’elle y pensait, elle aussi, à ne jamais l’abandonner.
[Si ça te va ] |
| | Messages : 431 Inscription le : 09/05/2009 Age IRL : 29
| Sujet: Re: Pour des raisons d'adultes égoïstes, notre futur fut divisé en deux [Terminé] Sam 27 Juil 2013 - 1:37 | | | Elle était vraiment adorable Dinah, à tenter de la consoler comme elle pouvait.
Elisha serrait ses poings, rentrant ses ongles courts dans sa paume, pour tenter de s’empêcher de trop pleurer. Elle avait déjà bien trop pleuré ces dernières années. Et les larmes ne menaient à rien. Elle le savait parfaitement ça, elle avait pu le constater. Ça devenait même très courant ses derniers temps. Reniée. Elle était reniée. Elisha Sonjee n’était plus. Elle n’était plus… Qu’Elisha. Elisha tout court. Sans nom de famille, sans famille. Sans lien aucun. Elle n’avait finalement pas réellement réfléchi à tout ce que cela signifiait. Elle avait été bien trop accablée par l’annonce de la mort de sa petite sœur adorée pour que cette seconde nouvelle lui fasse mal également. Et désormais, c’était comme si on plantait un second couteau là où une plaie s’était ouverte peu de temps auparavant.
Elisha tout court.
Elle tenta de cesser de pleurer, de ralentir le rythme des larmes. Oh, si elle pouvait revenir quelques minutes en arrière. Retrouver ce moment d’insouciance inespérée avec sa cousine. Faire comme si… comme si tout allait bien. Enelyë était amoureuse. Elle avait son Eliott à elle. Revenir au temps des bonnes nouvelles. Elle aurait tant aimé ça.
Elle se rappela le sourire d’Eliott ce matin lorsqu’elle avait accepté le petit déjeuner improvisé qu’il lui avait apporté. Elle se rappela son air heureux lorsqu’elle lui avait souri. Que ferait-il s’il la voyait ainsi, si peu de temps après l’avoir quitté ? Il ferait sans doute tout pour tenter de la consoler, pour tenter de la faire aller de l’avant. A cette pensée, le flot de ses larmes ralentit quelque peu. Elle réussit à reprendre contenance.
Que ferait-elle donc, sans Eliott ?
Enfermée dans sa bulle de tristesse, elle ne remarqua pas l’indignation d’Enelyë à l’annonce de cette dernière nouvelle. Elle ne sentit sa présence que lors d’un contact physique. La jeune dessinatrice se serra contre elle, passa un bras par-dessus son épaule. Montrant comme elle pouvait sa compassion. Avec le mouchoir qu’elle lui tendit, elle sécha ses dernières larmes. Elle n’était plus Elisha Sonjee, et alors ? A part sa sœur qui n’était plus, qui portait ce nom à sa connaissance ? Son père qui l’avait forcé toute sa vie à faire quelque chose contre sa volonté ? Sa mère qu’elle avait cru de son côté et qui finalement, l’avait abandonné ? Au moment même où elle aurait eu le plus besoin d’elle ? Si c’était cela, être une Sonjee, elle préférait peut-être ne pas en être une finalement.
Et sa cousine parla des liens du sang. Elle avait raison, qu’importait leurs noms, le même sang coulait dans leurs veines. Et c’était cela l’important. Elles étaient du même sang. Elles restaient cousines, malgré tout. Et cela, personne ne pouvait leur enlever.
Et puis elle lui sortit un nom, qui lui était vaguement familier… Ril’Enflazio… Mais c’était… Le nom d’une échoppe de vêtements ultra-cher à Al-Poll ?! Elle était devenue noble ainsi. Adoptée peu avant sa majorité. Elle avait de la chance dans son malheur. Peut-être que les nobles avaient plus de valeurs que la famille de roturiers dont elle était issue. C’était à espérer, et ce n’était finalement, guère difficile.
La jeune femme tourna la tête vers sa cousine, qui lâcha alors son épaule. Elle commença à tournicoter frénétiquement ses mains, jouant avec ses doigts, avec ses ongles. Comme si elle était anxieuse… Avait-elle une autre mauvaise nouvelle à annoncer ? Non, pas encore. Elisha n’avait plus la force d’affronter une autre mauvaise nouvelle ce jour-là. Elle était lasse des malheurs. Un peu de couleur, un peu de bonheur dans ce monde, ce ne serait pas trop mal pour une fois.
Elle lui dit d’un air hésitant, qu’elle pensait que leurs vies étaient un peu marqué par le mauvais œil du Dragon. Elle se rappelait vaguement de ce conte enfantin, n’ayant jamais vraiment été attirée par ce genre d’histoire. Elle haussa les épaules d’un air vague. Peut-être oui, si tu le dis.
Et puis elle la regarda, d’un air un peu grave. Et lui promit de toujours la retrouver, de toujours rester sa cousine. Qu’importait les chemins qu’elles prenaient toutes les deux. Même si elles allaient dans des directions totalement opposées. Elles seraient toujours cousines. Quand bien même leurs noms les sépareraient. Et à cette promesse, Elisha voulait y croire. Vraiment. Malgré le fait qu’elle était devenue un peu sceptique à force. Cette promesse-ci, elle voulait croire qu’elles la tiendraient.
La jeune rêveuse se tourna légèrement, pour faire un peu plus face à sa cousine. Elle la regardait d’un air grave, un peu comme elle tout à l’heure. Elle avait grandi depuis la dernière fois qu’elle l’avait vu. Elles avaient grandi sûrement. Mais sur elle, elle s’en rendait moins compte. Ses cheveux étaient d’un long aussi, elle la jalousait un peu pour ça. Leurs boucles se ressemblaient, mais pour ses cheveux rouges ne dépassaient pas sa taille. Mais c’était plus pratique soit dit en passant. C’était peut-être moins compliqué pour les attacher. Et il aurait été fort fâcheux qu’une de ses mèches tombe un jour dans une plaie d’un patient.
Elle la regarda d’un air grave et lui saisit les mains. Elle lui sourit. Eliott aurait été content.
- Dis, tu m’emmèneras un jour voir cette boutique à Al-Poll, qui porte le nom des Ril’Enflazio ?
Faire des projets d’avenirs, même aussi futiles que celui-ci, était l’un des meilleurs moyens de ne pas se perdre de vue, non ? Elle pourrait aussi lui présenter Eliott, elle était sûre qu’ils s’entendraient super bien. Eliott s’entendait super bien avec tout le monde en même temps. Et puis, elle pourrait lui faire visiter un peu la Confrérie, même si ça faisait un moment qu’elle vivait à côté, la jeune rêveuse ne doutait guère du fait que sa cousine devait bien peu connaître l’intérieur de la Confrérie. Enfin, c’était à espérer. Et logique aussi, si elle s’était baladée dans les couloirs de la Confrérie, elle l’aurait sans doute croisée.
Oh oui, Eliott aurait été fière d’elle. __________
RP terminé
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