Et forge cette lame comme si c'était mon esprit. [Inachevé]

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Enfournant un carreau de chocolat dans sa bouche, Méline se concenta du mieux qu'elle pu sur les sensations délicates qui assaillaient ses papilles. C'était un exercice de concentration. Oui, parfaitement. Un exercice comme un autre.

En premier, il y avait le contact frais de l'aliment sur sa langue. Puis il fondait doucement et commençant à libérer le gout légèrement amer du cacao. Lentement, l'arôme se libérait dans toute la bouche de la jeune apprentie. Une esquisse de sourire se dessina sur ses lèvres roses. Elle aimait ce gout par-dessus tout. Le gout du chocolat noir bien fort qui fond sur la langue.

Essayant une nouvelle technique, elle croqua directement dans la tablette, lui laissant une belle et apparente marque de morsure. Ah, cela lui donnait un petit air rebelle, c'était décidément la meilleure manière de manger du chocolat. Croquer dedans, sans manière, comme un sauvage.

Continuant d’engloutir la précieuse friandise avec entrain, la jeune Kaelem aux cheveux caramel, traversa les jardins de l'académie en direction de la forge du renommé Silind Frandrich. Elle avait un but précis.
Elle voulait une arme.

Cela pouvait paraître étrange de la part d'une jeune et innocente apprentie marchombre incapable de faire du mal à une mouche. Mais elle en mourrait d'envie, et ça depuis qu'elle avait vu, un jour, un étalage de dagues sur un marché d'Al-Jeit. Une en particulier. Petite, un manche taillé dans ce qui semblait être de l'if, une lame d'environ quinze centimètres pas épaisse. Discrétion. Méline ne voulait pas une arme de brute. Elle voulait une dague souple et efficace, qui se dissimule facilement des les plis d'un manteau ou d'un pantalon.

Son désir d'obtenir une lame s'était accentué quand elle était devenue une véritable apprentie. Son maître, l'étrange Kirfdéin aux cheveux de neige possédait toujours un moyen de se défendre, il fallait que Méline remédie à sa vulnérabilité. Elle avait laissé l'idée germer dans son esprit pendant quelques semaines, puis, quand son envie était devenue trop forte, presque aussi forte que quand elle est en manque de chocolat, elle s'était renseignée sur le forgeron du coin. Les rumeurs à son sujet étaient plutôt engageantes, malgré les quelques bribes lâchées au sujet de ses yeux qui, d'après certains, étaient rouges. Non mais franchement, qu'est-ce que les gens pouvaient inventer pour se faire remarquer... Des yeux rouges, et puis quoi encore. Trois bras, deux têtes?

S'approchant de la forge, elle entendait de plus en plus fort le martèlement d'un marteau contre du fer. Un son pur et aigu, qui résonnait au loin contre les montagnes au Nord. au moins, Méline était sure que le forgeron était là.

D'une main sure d'elle, la Kaelem frappa trois coups sur le battant de la porte, puis, après un court instant de réflexion, elle entra. Comment l'homme aurait-il pu l'entendre, de toute façon.

Dans la forge, la chaleur ambiante était élevée, et un homme, non, un géant, travaillait sur un bout de métal informe. Chacun de ses coups de marteau soulevait une gerbe de cendres. Il dut sentir sa présence car il lui jeta un coup d'oeil. Et la, les dires à son propos se révélèrent réels. Il avait bien les yeux rouges. Rouges sang, rouge vif, rouge écarlate, rouge. Méline frissonna. Le géant la dominait de plusieurs dizaines de centimètres, et son marteau à la main, il l’effrayait vraiment.

- Je...heu... je voulais savoir... si... C'était possible que... vous me forgiez une arme... S'il vous plait.

Elle ferma les yeux un instant, tentant de retrouver une quelconque contenance. Sans effet, elle était toujours aussi terrifiée par l'homme fait de muscles, de muscles et de muscles.
Du bout de son pied, elle chassa les cendres froides reposant par terre. Elle avait comme l'impression d'avoir déragé le forgeron, mais son esprit lui jouait certainement des tours. Après tout, ce n'était pas tout les jours qu'on avait l'occasion de voir un homme aux yeux rouges.

/Un tout petit peu fatiguée, j'édite sans problème Smile

/

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Et Bing. Marteau contre métal chauffé à blanc. Bang, le bras musclé lancé a pleine puissance. Bang, Maillet sculptant la forme finale de l'objet. Souffle, les braises réchauffe la peau et ramollisse l'acier. Souffle, le vent qui fait vrombir le feu. Bang, Marteau contre métal. Bang. C'était la musique de la forge et Silind adorait ça. Il était concentré, frappait, donnant la forme finale à un simple lingot. Les étincelles jaillissaient de chaque coup que son marteau portait. Elles formaient un éclair de lumière, révélant un instant les muscles en action de l'homme. Le feu qui grondait dans sa forge l'éclairait la peau halée du colosse et lui donnait un air mystique et effrayant. Ses yeux rouges reflétaient la couleur orangée des braises et le rendait encore plus démoniaque. Son sourire jubilatoire qu'il avait lorsqu'il travaillait n'arrangeait pas les choses.
D'une main, il tenait le morceau d'acier sur la partie non chaude, de l'autre son marteau allait et venait dans des mouvements précis et contrôles. Le bruit pouvait bien être infernale, la chaleur pouvait bien être étouffante, le géant continuait. Il n'entendait pas de bruit, mais de la musique, une douce musique qu'il appréciait. Il ne sentait pas l'oppression de la chaleur, mais un doux sentiment de réconfort qui se diffusait agréablement dans ses muscles. Silind forgeait.
C'était une commande pour un noble d'Al-Poll. Une épée d'apparat, avec une garde en forme de lys symbolisé, ornée de quelque émeraude... Rien de bien méchant. Actuellement, il forgeait la lame. Il ne devait rien faire de particulier. Doucement elle prenait forme, s'allongeant et s'affinant. Encore quelque minute et ce serait parfait. Il n'aurait plus qu'à travailler la garde, le manche et finalement souder les trois morceaux entre eux. L'homme remit quelques minutes l'acier dans le feu. Le ressortit et entama la finalisation de la lame. Il fallait qu'elle soit affûtée, même si elle ne servirait sans doute jamais à trancher. Alors qu'il donnait les derniers coups de marteau, une demoiselle entra dans sa forge. Le forgeron la sentit plus qu'il ne la vut. En effet, sa porte était fermée et en l'ouvrant la jeune femme fit entrer un courant d'air qui lui passa dans le cou. N'ayant plus l'habitude d'être ainsi dérangé par un élève, cela le surprit tout d'abord. Puis finalement, il posa la lame, presque terminée, dans le feu, passa le marteau dans sa ceinture et s'approcha de la Kaelem pour savoir ce qu'elle voulait. Pendant qu'elle bafouillait, apparemment terrifié par la carrure et sûrement les yeux du forgeron, Silind pris soin de la regarder. Donc une demoiselle, avec des formes plutôt avantageuse, pas fine, mais pas grosse, juste ce qu'il fallait. Elle était brune et ses yeux étaient noisettes. Le colosse la surplombait et répondit de sa voix grave et chaleureuse.

-Bien sûr ma grande ! Allez installe toi, si tu veux un verre d'eau, y'en a juste là, il désigna un tuyaux semblable à ceux que Merwyn avait installé dans son académie. Si tu veux bien, je fini juste cette lame et je suis à toi.

Il retourna vers son enclume et ressortit l'épée du feu pour la terminer. Après une dizaine de coup précis, il la regarda avec un regard attentionné et la plongea dans le baril d'eau posée à côté de lui. Le liquide s'évapora au contact du métal chaud, créant ainsi une fumée. Il la sortit, l'essuya consciencieusement et la posa sur son établi. Il attrapa un torchon et l'utilisa pour enlever les cendres qui rendaient ses mains blanches. Toussant un peu à cause de la poussière dégagée, Silind se tourna vers la damoiselle.

-Voilà, voilà. Bon, de quoi as-tu besoin ? Épée, dague ? Peut être une hache ? Je peux te faire ce que tu veux !

Il prit une chaise, s'assit dossier contre son torse et s'installa en face de la Kaelem. Il essaya d'entendre ce qu'elle disait, mais elle semblait intimidé et n'arrivait pas à aligner deux-trois mots correct. Amusé par l'état de la fille, il lança :

- Allez, n'ai pas peur, j'vais pas t'manger... Aussi sûr que je me nomme Silind Frandrich ! Oh, tient d'ailleurs... C'est quoi ton nom ?

L'homme croisa ses deux bras musculeux sur la chaise et attendit que la peur de l'élève s'estompe.

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La voix du colosse était en total contradiction avec son apparence.
Elle était douce et profonde. Il aurait certainement pu être un bon chanteur, si ce n'est son corps qui était comme taillé dans de la pierre et ses yeux qui auraient effrayés à coup sur le public.
Les battement du cœur de Méline reprirent un rythme normal, et sa poitrine cessa de se soulever comme si un ouragan se déchainait à l'intérieur.
Pendant que dans la forge résonnait à nouveau les bruits clairs de la collision entre le marteau et le métal, la Kaelem se servit un verre d'eau comme lui avait proposé l'homme. Elle le vida lentement, sentant le gout du chocolat se dissoudre dans sa bouche, lui laissant comme un sensation de manque au bout de la lange.
Elle avala encore plusieurs gorgées et posa la coupe sur une table en bois.
Pendant quelques minutes, elle observa le forgeron travailler sur une épée assez longue, puis il s’arrêta et la plongea dans un baril d'eau qui se mit aussitôt à fumer et à crachoter sous l'effet de la chaleur.
L'homme qui couvait la lame d'un regard attentionné, presque paternel, se tourna vers elle, et lui demanda quel genre d'arme elle souhaitait posséder. Le contact visuel avec lui, fit l'effet à la jeune fille d'une douche d'eau glacée.
Elle se rabroua.
Non, mais depuis quand était-elle une peureuse, une pauvre petite fille sans moyen! Sans plus de courage qu'un bébé moineau!
Malgré de nombreux efforts, sa bouche se refusait obstinément à aligner quelques mots, et la réponse qu'elle servit à l'homme avait la clarté de la boue.

*J'ai l'air RI-DI-CULE*

Méline remarqua que le géant à voix de velours faisait tout pour la mettre à l'aise. Peu à peu, elle se détendit. Et elle ne mit pas plus de 22 secondes et un centième pour lui donner son prénom.

- Hmrm.

Elle se racla la gorge, le temps de trouver ses mots, et dit d'un seul souffle:

- Jem'appelleMélineHil'Natane.Etvous?

Le géant s'appelait Silind. Elle le savait car elle l'avait déjà entendu prononcé par un élève. Silind le forgeron aux yeux rouges.
Il confirma ce qu'elle savait déjà, et Méline se doutait qu'il était au courant que cette question n'était due qu'aux principes de la jeune fille noble qu'elle était. Qu'elle est toujours.
Venait ensuite l'arme.

- Je... je pensais plutôt à une dague. Quelque chose de court qui peut se porter facilement, mais pas encombrant comme un épée. Dit-elle en jetant un coup d’œil sur l'arme qui finissait de refroidir derrière Silind. Oui, une dague.

Elle finit sa tirade en hochant la tête, les yeux exprimant une envie sincère et un impatience non dissimulée.
Elle aurait pu s'acheter une arme dans le commerce. Un vrai bijou de précision et de travail, la lame gravée et le manche orné de multiples pierreries. Elle aurait pu payer le meilleur métal, le meilleur bois, le meilleur tout.
Mais elle voulait une première arme faite pour elle, dont elle aurait pu surveiller chaque moment de la fabrication.
Elle aurait aussi pu se rendre dans la capitale.
Elle aurait pu, pourtant quelque-chose lui disait qu'elle avait bien fait de venir s'adresser à Silind.

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Cela remonte au moment où j'ai lu l'écrit de ma collègue... D'un coup j'ai regardé a deux fois... « Il aurait certainement pu être un bon chanteur, »... Un instant j'ai bugué, j'ai voulu rire, mais il me resta dans la gorge... Étrangement, une question remonta dans mon esprit. Avais-je déjà écouter la voie d'un de mes personnages... Oui parce que je savais les décrire, parler de leurs actions, retracer leur parole, mais jamais, jamais je n'ai pensé à écouter leurs voies... C'était un sentiment plus qu'étrange, comme quoi il manquait quelque chose à mon panache de narrateur tout puissant. Atteint dans mon orgueil, je m'obligeas donc à me pencher et tendre l'oreille du haut de mon nuage narratoriale...

-Ahah ! Une dague, bien sûr ! Mais avant cela tu vas devoir m'en dire un peu plus !

Oui en effet, une voie douce et profonde... A la limite du crooner... Oh, serais-je en train de m'égarer depuis tout à l'heure... Désolé, reprenons.
Donc Silind était face à une jeune Kaelem nommé MélineHil'Natane... Étrange comme nom d'ailleurs. Mais l'homme ne s'arrêta pas à ce futile détail. En fait ce qui le dérangeait le plus c'était le gros manque d'informations... Ben oui, parce que faire une dague, c'est simple... MAIS LAQUELLE, BORDEL !
En effet, il y a plein de caractéristiques différentes, genre une lame courbe, un seul tranchant, un bon équilibre, un manche en bois, ou encore mieux, si on la dague se lancera... Plein de petits détails qui sont très utiles pour un forgeron. Donc du coup, le colosse s'approcha de l'élève.

-Bien si tu veux je te passe un bout de papier, tu me dessines ta dague comme tu la veux, genre un dessin particulier, si tu veux... Après, on discutera pour que tu me décrives exactement ce que tu veux comme arme. En attendant je vais chercher un peu d'eau, parce qu'il fait chaud ici, n'est-ce pas ?

L'homme sortit une chaise de sous la grande table principale de la forge et invita Méline à s'y installer. Sifflotant doucement un air de forgeron, il attrapa un papier et un crayon posé dans un pot.

-Tient, voilà pour toi, je monte et j'arrive avec deux verres !

Le colosse partit doucement par un escalier, un petit air guilleret sortait de ses lèvres, il sautilla joyeusement la dernière marche avant de se rappeler ses mésaventures dans les escaliers. Silind vérifia encore une énième fois ces marches avant de partir vers la cuisine, le coeur rassuré. Il ouvrit un placard qui grinça légèrement. Le forgeron s'arrêta un instant et refit jouer la charnière. Encore un petit bruit... L'homme continua pendant trente secondes à ouvrir et fermer cette porte, puis décida enfin qu'il mettrait de l'huile plus tard. Sa main attrapa deux gobelets en métal. Il prit une carafe tout autant métallique que les deux verres et la remplie d'eau. Dans un pom pom pom, il posa tout ce fourbis sur un plateau et repartie vers les infernaux escaliers ! Il s'arrêta à la lisière du début de la première marche, un regard fuyant dans ce gouffre. Monstrueusement monstrueux, ce piège créer par un démon dément avait été une des causes de mort les plus stupides du monde. Oui, tomber dans un escalier et se briser la nuque ou s'ouvrir et se vider de son sang... C'est la loose quoi...
Bref, Silind commença à descendre avec précaution... Une marche après l'autre, doucement. Ne rien faire tomber. Ne pas tomber sois même... Allons-y, un pas après l'autre... Tranquille. Enfin le colosse arriva au sol. Parfait, le piège étant passer, le forgeron pu respirer.

-Bien voilà l'eau ! Alors, t'en es où ?

Le grand homme posa son plateau sur la table principale tout en douceur, il prit la carafe et remplie les deux verres avant d'en tendre un vers Méline.

-A la tienne !

Il avala le liquide rapidement si bien que la fraicheur lui causa un « gel de cerveau », vous savez cette sensation quand vous mangez trop rapidement une glace... Cette impression que votre cerveau gèle petite a petit... Affreux n'est-ce pas ? Grognant un peu contre cette douleur fulgurante, il posa les yeux sur le dessin de la demoiselle.

-Voyons qu'est-ce que cette dague donne ?

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