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| Cette obscure clarté qui tombe des étoiles [Terminé] | |
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Messages : 111 Inscription le : 04/01/2012 Age IRL : 26
| Sujet: Cette obscure clarté qui tombe des étoiles [Terminé] Mer 27 Fév 2013 - 8:32 | | | L'ombre se glissa, furtive, par la porte de l'écurie, se faufilant à travers les boxes avec le silence et la légèreté d'un souffle d'air. Ralentissant à peine sa marche en passant devant une succession de stalles dans lesquelles somnolaient nonchalamment les différents résidents des écuries, elle se baissa en arrivant à proximité d'une fenêtre laissant entrer un timide rayon de lune, évita un obstacle non identifié posé au milieu de son chemin et... un cheval hennit. Très doucement, plus simple renâclement de bienvenue que véritable hennissement, d'ailleurs. La silhouette, aussitôt, se redressa, et un sourire vint fleurir sur ses lèvres.- Chut, Flocon. Tu vas réveiller les autres.Lorsqu'elle pénétra dans le box de l'étalon gris pommelé, celui-ci s'ébroua légèrement tandis qu'elle lui flattait l'encolure. - Je sais, chuchota la jeune femme en se hissant sur la pointe des pieds pour atteindre son oreille, je suis un peu en retard. Pardonne-moi.Il fallait dire que s'échapper en pleine nuit, ou presque, des bâtiments de l'Académie s'était révélé en vérité plus compliqué qu'elle ne se l'imaginait. Devant le garde qui, bien qu'à moitié assoupi, était posté face à la porte de la salle commune des Kaelems, elle avait finalement opté pour une autre option, beaucoup plus exotique : la fenêtre. Et désescalader quatre étages dans le noir le plus complet en se plaquant contre la paroi de pierres à chaque fois qu'elle entendait du bruit en-dessous d'elle lui avait bien pris une bonne vingtaine de minutes. Par chance, elle s'en était tirée indemne, si l'on exceptait quelques fines éraflures sans gravité, et était assez fière d'elle en touchant enfin le sol.Ce faisant, elle avait entrepris le pansage de Flocon de Soie qui, après avoir laissé courir ses naseaux doux et chauds dans le cou de son amie, s'était remis à manger, et elle en avait conclu qu'il n'était plus fâché. Le préparer ne lui prit pas plus d'une dizaine de minutes et, quand elle le saisit par les rênes, elle ne put s'empêcher de sourire à nouveau en remarquant avec quel entrain il sortait de sa stalle. Elle l'avait un peu négligé, ces derniers temps, au profit de ses leçons avec Kirfdéin, et s'en voulait. C'était en partie pour cette raison qu'elle avait décidé de l'emmener avec elle pour son cours, cette fois-ci. Et si son maître la sermonnait au sujet des risques supplémentaires qu'elle avait pris en s'embarrassant d'un cheval, c'était son problème, après tout.Ils parcoururent au pas la distance qui les séparaient des portes de l'Académie, elle marchant aux côtés de son ami afin que le bruit des sabots résonnant sur le pavé n'alerte pas un quelconque veilleur. Lorsqu'ils franchirent le portail, elle put enfin se hisser sur son dos et, d'un simple claquement de langue, il reprit la route en secouant joyeusement la crinière.~
La majeure partie du trajet se déroula au petit galop et Dylan, le regard tourné en direction du ciel, ne pouvait que savourer cet instant où, soudain, le ciel et la terre ne faisaient qu'un. Tout était bleu, autour d'elle, d'un bleu tantôt sombre comme l'océan en colère venant se jeter contre les côtes, tantôt d'une pâleur de rêve. Et puis, parfois, il se pailletait, ou de minuscules particules d'argent ou de pépites d'or éclaboussées de la lumière tombant du firmament. Et, les yeux grands ouverts dans l'obscurité, elle observait, se laissant guider par les étoiles qui, à la manière des cailloux blancs du Petit Poucet, semaient sa route.Ce ne fut que quand le sentier se rétrécit, devenant langue de terre inégale jonchée de trous et de bosses, qu'elle remit Flocon de Soie au trot. Ils cheminèrent ainsi durant un petit quart d'heure avant qu'elle ne l'arrête totalement, cette fois, à proximité d'un petit bosquet de bouleaux dont les troncs pâles brillaient dans la pénombre ainsi de claires chevelures de jeune filles. L'apprentie marchombre le mena par la bride jusqu'à une cabane de bûcherons de modeste taille, à l'intérieur de laquelle il entra à sa suite sans protester. Là, sans prononcer le moindre mot, elle le dessella, lui enleva son mors puis, se saisissant d'une poignée de paille sèche qui traînait dans un coin, entreprit de le bouchonner afin de faire disparaître toute trace de sueur de ses flancs. Comme elle percevait le faible glougloutement d'une source qui devait couler un peu en contrebas, elle lui murmura d'une voix caressante :- Tu seras bien, ici. Mais fais attention, d'accord ? Il y a des loups dans le coin.Pourtant, elle ne se faisait aucun souci pour son cheval : il était intelligent, rapide, fort et endurant. S'il y avait eu la moindre chance qu'il serve de repas à un quelconque prédateur, de toute manière, jamais elle ne l'aurait emmené avec elle.Après lui avoir piqué un dernier baiser au milieu du chanfrein, elle faillit se retourner avant de se raviser brusquement : - Je serai peut-être un peu longue. Mais ne t'inquiète pas, hein ? Je reviendrai - je reviens toujours. Et la promesse, comme la plus chaude et la plus confortable des couvertures, s'enroula autour du jeune étalon tandis que sa jeune propriétaire s'éloignait d'un pas décidé. Bientôt, elle lui fut totalement invisible.~
Dylan, malgré la cape de voyage qu'elle avait enfilé par-dessus ses habituels vêtements de cuir brun satinés par l'usage, frissonna. Cela faisait au moins cinq minutes qu'elle grimpait le long de ce sentier abrupt, à flanc de falaise, et elle commençait à se demander s'il allait se terminer un jour. Et si, seulement, il possédait une fin. Et puis, elle fronça les sourcils. Les chemins pouvaient-ils avoir une fin - une vraie fin ? Et ceux pour lesquels c'était le cas ne menaient-ils pas tout droit à l'échec, puisqu'il s'agissait d'impasses ? Ce fut à cet instant que le rocher se découpa devant elle. Un rocher rond et parfaitement régulier - le rocher dont lui avait parlé Kirfdéin. Enfin, elle était arrivée. Cependant, elle ne voyait son maître nul part. Après un bref moment d'incertitude et d'indécision, elle prit une brutale résolution et s'avança en direction du promontoire sur lequel elle se hissa. S'immobilisa, son corps tendu à l'extrême. Mains qui montent, paumes tournées vers le ciel. Souffle lent, calme, profond. Fluidité, sérénité, silence. Harmonie. Quand, pour la troisième fois, ses bras redescendirent, elle rouvrit les yeux, et son regard balaya les environs. Au-dessous d'elle, il n'y avait rien - rien que le vide, gouffre sans fond où s'enroulaient des lames de brume translucide. Et devant... elle cligna des paupières. Les nuages, déjà, commençaient à se parer des teintes pastels de l'aurore, rosé, orangé ou indigo, tandis que les premiers rayons du soleil transperçaient la masse grise nappée de sommeil qui surplombait encore le paysage endormi. L'aurore était là, déjà, une aurore de couleurs et de renouveau. Chaque matin, c'était un autre monde qui se réveillait, un monde vierge et enchanté.Son regard, alors, fut attiré par un point qui tournoyait à la hauteur des hautes cimes des conifères dressées vers le ciel. L'oiseau tourbillonnait, enchaînant les pirouettes et les acrobaties, se jouant de la brise qui cherchait à le déstabiliser, apprivoisant le souffle d'air, tantôt câlin tantôt moqueur, presque provocant. Mais, au bout de plusieurs longues secondes de feintes et d'esquives, il commença à fatiguer et, s'abandonnant au vent, se laissa finalement porter là où celui-ci le désirait jusqu'à disparaître complètement aux yeux de Dylan qui, songeuse, réfléchissait. Néanmoins, elle ne marqua pas la moindre hésitation lorsqu'un infime craquement se fit entendre derrière elle.- Bonjour, maître.L'autre ne répondit rien. Elle savait qu'il avait volontairement marché sur la brindille, la plus fine qu'il avait pu trouver, mais cela ne lui faisait rien. Elle avançait sur la Voie, à son rythme, et cela lui convenait. Elle ne demandait rien de plus. Jamais, depuis sa naissance, elle ne s'était sentie aussi vivante.Maître. Kirfdéin lui avait déjà proposé de la tutoyer, bien sûr, ainsi que de l'appeler par son prénom. Elle avait toujours refusé. Pour lui, cet homme était un guide, pas un ami. Elle le respectait trop pour ne pas le désigner autrement que par "vous". Beaucoup trop.Sans se retourner, elle rouvrit la bouche, toujours en équilibre au sommet du rocher. Ainsi, elle avait presque l'impression de voler.- À votre avis, que vaut-il mieux, entre l'oiseau et le vent ? L'oiseau s'amuse avec le vent, se rie des courants, mais jamais il ne sortira vainqueur de ce face à face. Le vent, lui, est libre, totalement libre. Cependant, est-ce vraiment être libre que n'avoir personne à qui se mesurer et de se montrer toujours en souverain incontesté parce qu'aucun ne peut nous résister ? La liberté consiste certes à avancer sur notre propre Voie, celle que nous nous sommes destinée. Pourtant, peut-on nier que toutes les Voies soient intimement liées ? Qui, maître ? Le vent ou l'oiseau ? Et en même, elle savait qu'elle n'avait pas tout dit. L'oiseau était-il véritablement moins libre que le vent ? Et le vent ne pouvait-il être que triomphant ? Alors ? Le vent ou l'oiseau ? L'oiseau ou le vent ?[Postééé Si tu vois la moindre incohérence, n'hésite pas !] |
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| Sujet: Re: Cette obscure clarté qui tombe des étoiles [Terminé] Mar 12 Mar 2013 - 16:55 | | | Dylan était en retard.
Kirfdéin lui avait donné rendez-vous au pied des montagnes. Il était arrivé un peu en avance et il avait pris position sur un promontoire. En plein jour, il n'aurait été dissimulé. Mais les ténèbres de la nuit le cachait à la vue du plus fin des observateurs. Seuls quelques marchombres auraient pu savoir qu'il était là. Les plus doués... et ceux qui avaient la possibilité de voir en pleine nuit aussi bien qu'en plein jour grâce au cadeau du Rentaï. Pour le moment, Dylan ne faisait partie d'aucune de ces catégories mais Kirfdéin espérait bien qu'elle intégrerait un jour la première.
De sa cachette, il l'avait attendu.
Mais elle était en retard.
Quand elle arriva enfin, le maître observa son apprenti. Ne le voyant pas, elle se plongea dans la gestuelle marchombre. Elle progressait à peine sur la Voie et elle pratiquait déjà cette gestuelle sans qu'on lui demande. Avec un sourire de fierté, Kirfdéin avança. Il signala sa présence en marchant sur une brindille.
- À votre avis, que vaut-il mieux, entre l'oiseau et le vent ? L'oiseau s'amuse avec le vent, se rie des courants, mais jamais il ne sortira vainqueur de ce face à face. Le vent, lui, est libre, totalement libre. Cependant, est-ce vraiment être libre que n'avoir personne à qui se mesurer et de se montrer toujours en souverain incontesté parce qu'aucun ne peut nous résister ? La liberté consiste certes à avancer sur notre propre Voie, celle que nous nous sommes destinée. Pourtant, peut-on nier que toutes les Voies soient intimement liées ? Qui, maître ? Le vent ou l'oiseau ?
Kirfdéin se porta à sa hauteur.
- Il est étrange de t'entendre dire que le vent ne rencontre aucune résistance alors que nous sommes justement au pied de son ennemi le plus farouche. Même la plus forte des tempêtes ne délogera pas une montagne. L'oiseau ou le vent? Tu compares deux choses qui sont difficilement comparable. Peut-on comparer le tigre et la terre qu'il foule de son pas? Ou l'insecte avec la feuille qui le nourrit?
Il marqua une pause.
- L'oiseau ou le vent? répéta-t-il. Je te répondrais que je préfère être le marchombre. Chaque chose trouve son ennemi dans la nature. L'oiseau trouvera son ennemi dans d'autres espèces qui tenteront de le manger. Le vent ne pourra pas se frotter à une montagne. La pierre, elle, flanchera au fil du temps sous l'action de l'eau. L'eau disparaitra sous l'action du soleil. Le soleil, lui, sera masqué par les nuages. Et les nuages seront chassés par le vent. Dans tout cela, seul le marchombre fait corps avec toute la nature. La seule chose qui arrête le marchombre, c'est sa propre imagination.
Il y a quelques temps encore, l'imagination de Kirfdéin le stoppait beaucoup. Mais il avait appris à repousser ses limites. Tout était possible du moment qu'on le voulait.
Il se tourna vers Dylan.
- Que dirais-tu de nous moquer du vent en escaladant cette montagne?
C'était une proposition sans en être une. Il prit position sur la roche et il grimpa d'un ou deux mètres pas plus.
Il attendit ensuite que Dylan vient le retrouver.
[édition possible]
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| | Messages : 111 Inscription le : 04/01/2012 Age IRL : 26
| Sujet: Re: Cette obscure clarté qui tombe des étoiles [Terminé] Lun 1 Avr 2013 - 8:13 | | | Elle écouta sa réponse, laissant le silence qui précédait l'aube chasser ses derniers doutes et les derniers morceaux de brume de son esprit. Elle aimait les inflexions de la voix de Kirfdéin lorsqu'il parlait, les couleurs de ses mots, les sonorités de ses phrases. Elle aimait l'infinité de possibles qui s'ouvrait sous ses yeux quand son maître les lui révélait, lettre par lettre, syllabe après syllabe, comme un animal que l'on dresse ou une pente à gravir. Et, seulement à présent, elle se rendait compte de l'incongruité de sa question. De son non-sens, aussi. Cependant, elle ne pouvait s'empêcher de s'interroger. Le marchombre était-il vraiment cela - tout cela ? Et elle, le deviendrait-elle un jour, serait-elle une véritable marchombre ?
Puis l'homme, à ses côtés, se tut, se tournant vers elle. La jeune femme inclina la tête de côté afin de croiser son regard. Il lui sourit, d'un sourire qui disparut bien vite, éphémère - mais elle savait que ce sourire là, ainsi que tous les sourires que le marchombre lui avait adressés et lui adresserait encore, resteraient gravés en elle pour l'éternité.
- Que dirais-tu de nous moquer du vent en escaladant cette montagne ?
Ce n'était même pas une proposition. Déjà, celui-ci avait débuté son ascension, et Dylan ne put qu'admirer la maîtrise parfaite de son corps tandis qu'il se hissait de prise en prise, défi ultime à la gravité. Mais il stoppa au bout d'un ou deux mètres et la jeune fille comprit qu'il attendait. Alors, elle prit appui sur une faille à hauteur du sol, se saisit d'un morceau de roche saillante quelque part au-dessus de son épaule et commença à grimper. La première dizaine de mètres se passa plutôt bien. Certes, Kirfdéin devait observer de fréquents arrêts afin de rester à son rythme, mais elle appréciait sentir les muscles de ses bras et de ses jambes jouer sous sa peau, tout comme elle savourait de se savoir, de minute en minute, de plus en plus haute, comme un combat peu à peu gagné sur un adversaire jamais vaincu auparavant. Et puis, toute notion même de bataille s'évapora, et il ne resta plus que le plaisir de l'escalade, sans but ni objectif, simplement pour le contact avec cette roche progressivement apprivoisée qui pouvait ronronner si on savait s'y prendre en la caressant dans le sens du poil.
Ce fut alors qu'elle ressentit les premières douleurs. Plusieurs raideurs au niveau des membres, un point de côté, aussi, de plus en plus prenant au fur et à mesure qu'elle s'essoufflait. Serrant les dents, elle s'efforça de passer outre, tirant sur ses bras pour gagner encore quelques centimètres sur la montagne. Cependant, à l'instant où elle allait poser son pied sur une minuscule prise, celui-ci glissa, et ses doigts crochetèrent de justesse une anfractuosité. Ses jambes battirent l'air un moment avant de trouver une inégalité où prendre appui et, haletante, elle reprit son ascension. Comme elle tournait la tête sur sa droite, elle intercepta le regard de Kirfdéin qui s'était figé aussitôt que son pied avait ripé. Elle analysa ses muscles bandés, la façon dont il se tenait contre la paroi, prêt à bondir si elle venait à basculer en arrière. Illumination. Elle ne tomberait pas tant que le maître marchombre resterait à ses côtés. Elle ne pouvait pas tomber. Sa respiration se calma comme par magie tandis qu'elle continuait à grimper.
Elle n'aurait su dire exactement combien de temps dura l'escalade. Peut-être une heure, peut-être plus, peut-être moins, peut-être beaucoup plus, peut-être beaucoup moins. Toujours est-il que, quand ils atteignirent enfin le sommet, le soleil était en train de se lever. Immobile malgré les bourrasques qui les frappaient de plein fouet, elle contempla l'astre apparaître lentement dans l'éther, parant de couleurs l'horizon grisonnant. Ici, seulement, tout se rejoignait. La terre et le ciel, le jour et la nuit, le vent et l'oiseau. Et cela ne formait plus qu'une seule et même entité. Unique. Indivisible.
Alors, elle écarta les bras et, une fois qu'ils furent tendus à angle droit de son corps, commença à tourner. Lentement, d'abord, puis plus vite, de plus en vite, sur la pointe des pieds, jusqu'à ne plus distinguer la gauche de la droite, le haut du bas, l'ombre de la lumière. Elle tournait, et le vent tournait avec elle, elle le sentait, du bout de ses doigts jusqu'aux tréfonds de son être. Mais il y avait l'oiseau, aussi, elle était oiseau, et ses mains devenaient des ailes tandis que l'appel du vide, l'appel de l'envol, se faisait de plus en plus pressant. Et elle tournait, tournait, avec sa tresse noire qui lui battait le dos, et son coeur dansait, et son âme chantait. L'éclat de rire qui s'échappa de ses lèvres se perdit dans la bise.
[Vraiment désolée pour le retard o/ J'espère que ça te plaira quand même !]
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| | Messages : 266 Inscription le : 22/12/2008 Age IRL : 35
| Sujet: Re: Cette obscure clarté qui tombe des étoiles [Terminé] Dim 21 Avr 2013 - 15:18 | | | Ils avaient commencé à grimper. Kirfdéin ne quittait Dylan des yeux que le temps de trouver une prise sûre. Puis, il la laissait le rejoindre. Elle le dépassait même puis il la rattrapait. Le maître surveillait son élève. Au moindre signe de faiblesse, il serait là pour la rattraper. Il aurait aimé qu'il n'y ait aucune alerte mais pourtant, il y en eu une. Le pied de Dylan glissa alors qu'elle tentait de grimper. Immédiatement, Kirfdéin banda les muscles, près à bondir vers son apprentie. Mais il n'en eu pas besoin. La jeune Kaelem avait eu les bons réflexes et ses mains avaient cramponnées la montagne de toutes ses forces. Après quelques minutes à brasser de l'air, ses pieds retrouvèrent le contact avec la pierre. La respiration de Kirfdéin put reprendre un rythme normal et les deux marchombres reprirent leur ascension.
A part, cette alerte, tout se passa bien et ils atteignirent enfin le sommet de la roche. Ils auraient pu encore grimper, la montagne s'étendait encore vers le ciel mais le maître jugea qu'ils avaient suffisamment grimpés. Dylan tendit alors ses bras autour d'elle et elle se mit à tourner de plus en plus vite puis à rire. Avec un sourire, Kirfdéin se perdit dans la contemplation de la nuit depuis cette hauteur. Une beauté que peu de monde pouvait avoir l'honneur d'observer. Rien que pour cela, Kirfdéin était content de savoir grimper et surtout de ne pas avoir le vertige.
Quand Dylan arrêta sa danse solitaire, Kirfdéin se tourna vers elle.
- Nous avons défier la montagne et nous nous sommes moqués du vent. Il est temps d'aller défier l'eau.
Il commençait à connaître l'endroit comme sa poche, tellement le nombre de fois où il était venu était important. Il conduisit donc Dylan vers une cascade qui n'était pas très loin. En descendant quelques mètres, les deux marchombres atteignirent la rivière dans laquelle la cascade se jetait. Sous l'action de cette dernière, les flots étaient violents et c'était ce que Kirfdéin recherchait. Le vacarme en était presque assourdissant, si bien que le maître du élever la voix.
- Passons au deuxième exercice.
Kirfdéin noua une corde autour de lui et il tendit l'autre extrémité à son élève qui l'imita.
- Tu vas devoir te tenir au milieu des flots être emportée par le courant, comme la pierre au milieu de la rivière. Le vent qui souffle autour de toi ne te fait pas vaciller alors pourquoi l'eau t'emporterait-elle dans sa danse folle? Va dans la rivière et devient aussi résistante qu'une pierre.
[désolé pour le retard, j'espère que ça te conviendra ^^]
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| | Messages : 111 Inscription le : 04/01/2012 Age IRL : 26
| Sujet: Re: Cette obscure clarté qui tombe des étoiles [Terminé] Jeu 25 Avr 2013 - 16:31 | | | Et puis, l'ivresse retomba, et Dylan, lentement, très lentement, cessa de tournoyer. Ses bras descendirent le long de son corps, son visage, jusqu'alors dressé vers le ciel, se baissa à son tour, les battements de son cœur ralentirent, sa respiration s'apaisa. La magie était encore présente, elle le sentait, en elle, autour d'elle, aussi, mais plus de la même façon. Kirfdéin le comprit, car il prit la parole, lui offrant une phrase pour le moins sibylline. Défier l'eau ? La jeune femme fronça les sourcils. Allait-il lui faire traverser un fleuve à la nage ? Ou plonger dans un lac de montagne ? Néanmoins, elle le suivit sans discuter lorsqu'il se mit en marche et, dans le silence qui les environnait, put percevoir quelques instants plus tard un grondement qui ne la laissa pas longtemps perplexe. Une cascade. C'était donc cela que son maître avait déniché. Une cascade. Ils continuèrent à se rapprocher et, au fur et à mesure qu'ils avançaient, le bruit s'intensifiait. Ce n'était plus un grognement, à présent, ni même un simple bourdonnement un peu diffus, encore lointain, mais un véritable rugissement d'où semblaient sourdre à la fois défi et colère. Et, dans ce hurlement dont elle ignorait s'il était de rage ou de tristesse, elle retrouvait comme un mugissement de bête furieuse, une sorte de vagissement sauvage et animal qui lui tira un long frisson.
Ce faisant, Kirfdéin s'était remis à parler, et il dut élever la voix pour se faire entendre dans le vacarme du torrent. Et, cependant, une fois prononcés, ses mots lui échappaient, happés par le souffle de l'eau bouillonnante qui, chargée d'écume dentelée, se jetait contre les rochers ainsi qu'un fauve affamé que rien ne peut rassasier. Ses yeux se perdirent un moment dans les flots tumultueux et, quand elle releva le regard, ce fut pour voir le maître marchombre attacher une corde d'aspect solide autour de sa taille. Comme il lui en tendait la seconde extrémité, elle l'observa une fraction de seconde, indécise, avant de l'imiter. Elle n'était pas une experte des nœuds de tout genre mais espérait bien que celui qu'elle venait de se faire résisterait à... à quoi, d'ailleurs ?
L'homme, à ses côtés, ouvrit alors la bouche et, comme en écho à ses propres pensées, lui expliqua ce qu'il attendait d'elle. Elle plissa les paupières, à la fois attentive et légèrement dubitative. Il souhaitait qu'elle parvienne jusqu'au milieu de la rivière sans être emportée par le courant et, une fois cela fait, s'y tienne immobile ? Elle comprenait mieux, à présent, l'usage de la corde. Mais, se demanda-t-elle tout à coup, si elle venait à perdre pied, Kirfdéin serait-il assez fort pour la retenir ? Son regard effleura sa silhouette, ses yeux clairs, son visage tranquille, et elle s'en voulut soudain d'avoir formulé un doute à ce sujet. Ce dernier ne lui aurait jamais proposé un exercice pareil s'il n'avait été sûr qu'ils seraient tous deux en sécurité – bien que ce terme possédât une signification plus que relative pour un marchombre. Elle se remémora leur escalade, sa vivacité à réagir quand elle avait perdu l'équilibre, sa posture sans équivoque. Elle pouvait – elle devait lui faire confiance.
Alors, elle se baissa, quitta ses chaussures, enleva ses chaussettes, lança le tout à quelques mètres, à une distance raisonnable de la cascade afin qu'elles ne soient pas éclaboussées, et se dirigea vers la rivière en silence, sans la moindre récrimination. Elle savait, de toute manière, que protester n'aurait servi à rien. Kirfdéin était un maître trop exigeant pour se laisser attendrir par quelques plaintes d'un apprenti craintif ou apeuré. Sa première constatation, lorsqu'elle pénétra dans l'eau, fut qu'elle était froide. Vraiment très froide. L'onde lui arrivait à peine aux mollets et, déjà, elle la sentait lui mordre la peau malgré son pantalon de cuir, devenant tour à tour brûlante et glacée sur sa chair mise à nue. Et puis, elle ne sentit plus rien, et elle se força à décoller son pied du fond légèrement vaseux pour faire un nouveau pas. Puis un autre. Et encore un autre. Elle avait de l'eau jusqu'à la taille. Le torrent, lui, n'avait jamais grondé aussi fort, et elle devait lutter pour chaque centimètre péniblement gagné, dents serrées, mâchoire crispée afin de réprimer le cri qui, parfois, lui montait aux lèvres. Elle y était presque, à présent. Elle était pratiquement au milieu de son parcours. Plus que quelques pas et...
Échec. L'eau, soudain, la gifla par l'arrière, au creux des genoux, et elle se sentit tout à coup partir en avant, irrésistiblement attirée par le courant. Les flots jouaient avec elle, elle le savait, mais ne pouvait rien faire dans ce rôle de poupée de chiffon ballotée de droite à gauche et de gauche à droite selon la volonté des ondes. Une vague la projeta contre une pierre à laquelle elle tenta de s'agripper, mais cela n'eut pour tout résultat que de lui égratigner l'épaule. Même quand elle s'était trouvée pendue par les bras à la montagne, elle n'avait éprouvé une telle impression d'impuissance, d'insignifiance, même, face aux forces brutes de la nature. Mais, alors, ses pieds battant l'air avaient fini par se reposer sur une prise – tandis que, cette fois-ci, ses jambes ne trouvaient nulle plate-forme où se hisser. Elle but la tasse et, durant un effroyable moment, elle crut qu'elle allait demeurer dans cette rivière à jamais, ou bien que l'eau l'entraînerait loin, très loin, et qu'elle finirait par mourir d'épuisement dans cette bataille qu'elle ne pouvait gagner. Kirfdéin ne voyait-il pas que ce combat était perdu d'avance ? D'ailleurs, que faisait-il, ou était-il ? Pourquoi ne venait-il pas l'aider ? À cet instant, elle sentit quelque chose de dur et rugueux lui ceindre la taille, tandis que son corps s'arrêtait soudain de chuter. Elle se souvint alors de la corde. Ses mains tâtonnèrent un moment autour d'elle avant qu'elle ne parvienne à s'en saisir et, tirant sur ses bras avec toute la force qu'il lui restait, elle réussit enfin à rejoindre le rivage, crachotante et dégoulinante. Ses côtes lui paraissaient sur le point d'exploser, ses membres étaient striés d'éraflures et d'hématomes, mais elle en était sortie vivante. C'était l'essentiel. Dylan inspira une profonde goulée d'air avant de se décider à dire quelque chose.
- Je... je...
Son regard croisa celui de son maître et elle se passa nerveusement la langue sur les lèvres. Il n'avait pas l'air déçu, mais elle se sentait frustrée d'avoir échoué. Échoué ? Ce mot lui laissa une saveur amère dans la bouche. Avait-elle vraiment échoué ? Ses yeux se durcirent.
- J-je n'y arrive pas. Pour l'instant.
Son corps se tendit. Elle n'éprouvait aucune envie de retourner dans l'eau, à la merci de la rivière, mais elle n'avait pas le choix. Si ce n'était pas Kirfdéin qui le lui demandait, c'était au moins elle qui se l'ordonnait.
- Je recommence.
Sans attendre une éventuelle réaction de la part de son maître, elle porta la main à sa taille, s'assurant que la corde était toujours bien nouée, et fit demi-tour. À nouveau, la froideur de l'onde lui tira une grimace, à nouveau, elle faillit perdre l'équilibre, se rattrapa de justesse, effleura le câble de chanvre du bout des doigts pour se rassurer... Échec. Elle n'était même pas au quart de son parcours. Quatre fois, elle réessaya. Quatre fois, elle se fit emporter par le courant sans avoir atteint le centre de la rivière. Elle ne voulut jamais s'avouer vaincue. Lorsque, pour la cinquième fois, la corde la ramena sur la berge, elle aurait aimé s'allonger à même la pierre et s'endormir aussitôt. Tout simplement. Elle doutait cependant que Kirfdéin la laissât faire. Il n'avait pas ouvert la bouche depuis qu'elle avait commencé l'exercice, et chaque nouvelle tentative infructueuse le laissait plus muet qu'auparavant. Il ne semblait pas fâché, pourtant, mais Dylan aurait peut-être encore préféré qu'il lui crie dessus plutôt qu'il ne demeure ainsi, aussi silencieux et immobile que le rocher qu'il lui avait demandé d'imiter. Elle fronça tout à coup les sourcils. Un rocher ? Une voix envahit soudain son esprit. « L'oiseau ou le vent ? Je te répondrais que je préfère être le marchombre. Chaque chose trouve son ennemi dans la nature. L'oiseau trouvera son ennemi dans d'autres espèces qui tenteront de le manger. Le vent ne pourra pas se frotter à une montagne. La pierre, elle, flanchera au fil du temps sous l'action de l'eau. L'eau disparaîtra sous l'action du soleil. Le soleil, lui, sera masqué par les nuages. Et les nuages seront chassés par le vent. Dans tout cela, seul le marchombre fait corps avec toute la nature. La seule chose qui arrête le marchombre, c'est sa propre imagination. » Elle se mordit la lèvre. La pierre flanchera au fil du temps sous l'action de l'eau... Seul le marchombre fait corps avec toute la nature... Un sourire apparut alors sur son visage. Son maître l'avait pourtant prévenue. Seul le marchombre faisait corps avec la nature – avec toute la nature.
- Maître ?
Elle le rejoignit à petits pas précautionneux sur le sol trempé. Elle grelottait et claquait des dents, ses lèvres tremblotantes étaient bleuies par le froid, mais elle s'en fichait. Heureuse, tout à coup. Juste heureuse. Peut-être encore plus que lorsqu'elle avait dansé avec le vent ou que quand elle avait escaladé la montagne. Formidablement heureuse.
- Vous me l'aviez dit, non ? Que je ne pouvais pas réussir. Enfin, pas de cette manière.
Il haussa un sourcil et elle interpréta ce signe, bien que minime, comme une invitation à poursuivre.
- Vous m'avez demandé de devenir une pierre. Or, le rocher, s'il résiste quelque temps à l'eau, finit par s'effriter à son contact. Comme je me suis laissée emporter à chaque fois.
Ses trais étaient de nouveau impassibles, mais ils lui parurent plus doux, plus sereins.
- En fait, je ne dois pas résister mais faire corps avec la rivière. Et, pour cela, je ne peux être ni rocher ni pierre. Seulement marchombre.
Oui, seulement. Mais c'était déjà tellement. Derrière elle, la cascade ronronnait.
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| Sujet: Re: Cette obscure clarté qui tombe des étoiles [Terminé] Dim 19 Mai 2013 - 0:26 | | | Dylan avait dans un premier temps fixée la corde que Kirfdéin lui avait tendu puis elle avait retiré chaussures et chaussettes. Dans le plus grand silence. Le maître marchombre n'avait rien dit non plus, fixant simplement son apprentie qui s'approchait de la rivière. Seul le vacarme de la cascade se faisait entendre autour d'eux. Certains auraient dit que ce bruit était assourdissant, beaucoup trop violent. Pour Kirfdéin, c'était apaisant. Il adorait le bruit de l'eau. Entendre la pluie qui frappait les toits et les carreaux. Sentir l'eau frapper sa peau. Il n'y avait rien de mieux pour lui. En terme d'eau sur la peau, Dylan allait être servie pendant son cours.
L'apprentie entrait d'ailleurs dans la rivière. Kirfdéin la vit se battre pour arriver au point qu'il lui avait désigné en ligne droite et non en diagonale. Elle n'avait plus qu'un ou deux pas à faire avant d'arriver au centre de la rivière quand sa tête disparut dans les flots. L'eau avait gagné la première manche. Bien camper sur ses positions, Kirfdéin ne bougea pas quand la corde se tendit, retenant Dylan pour éviter que les flots ne l'emportent dans leur course folle. Dégoulinante et essoufflée, l'apprentie sortit de l'eau. Dylan ne se démoralisa pas pour autant. A peine eut-elle le temps de reprendre son souffle qu'elle retournait dans l'eau pour batailler. Kirfdéin aimait ce caractère de Dylan. Elle ne lâchait rien. Elle voulait réussir peu importe le nombre d'essais.
Le nombre d'essais fut énorme d'ailleurs. Il coïncidait avec le nombre d'échecs. Pas une fois, elle ne réussit à se maintenir au milieu de l'eau. A chaque fois, les flots étaient plus forts. Elle finit par venir à ses côtés. Elle lui rappela ce qu'il avait dit sur le rocher qui s'effritait sous le contact de l'eau. Avec un sourire, Kirfdéin lui répondit:
- Tu as raison, seul le marchombre pourrait tenir dans ces flots sans bouger.
Il invita Dylan à s'asseoir.
- C'est ainsi que fonctionne l'Harmonie. Fais corps avec ce qui t'entoure. Deviens eau parmi les flots. Deviens vent quand le vent souffle. Pour vivre en harmonie avec la nature, il ne faut pas la dominer, il faut l'intégrer.
Kirfdéin pensa aux meilleurs maîtres marchombres qu'il avait croisé les fois où il était descendu au siège de la Guilde à Al-Jeit.
- Les meilleurs maîtres sont même capable de devenir brume afin de la chevaucher. J'en suis loin d'être capable. On ne cesse jamais d'apprendre. Il n'y a pas de fin sur la Voie de l'Harmonie.
Il referait un cours en rapport avec la nature. Un jour où le vent soufflerait fort. Un jour où il pourrait lui demander de tenter de tenir en équilibre malgré le vent qui souhaitait la faire tomber. Mais aujourd'hui, il n'y avait pas assez de souffle. L'exercice en deviendrait trop facile.
- Et si tu retentais ta chance dans l'eau?
C'était plus un ordre qu'une question.
- Cette fois-ci, je viens avec toi.
[Edition possible]
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| Sujet: Re: Cette obscure clarté qui tombe des étoiles [Terminé] Dim 2 Juin 2013 - 23:20 | | | Halina ne parvenait pas à se rendormir, trop de choses trottaient dans sa tête sans qu’elle puisse les contrôler et ça l’énervait. Elle tourna dans son lit plusieurs fois. Tenta de penser à des souvenirs cools. Essaya de ne plus penser. Compta les Siffleurs dans le troupeau comme on le lui avait appris petite. Mais ça ne fonctionna pas. Elle n’arrivait toujours pas à retrouver le sommeil. Pourtant elle en aurait eu besoin vu le cours de combat qu’elle avait eu. Enfin, elle finit par prendre ses chaussures dans une main et son tas de fringue dans l’autre. Elle se changea dans la salle commune et laissa sa nuisette sur le dos d’un fauteuil en se disant qu’elle ne gênerait personne pour le moment et qu’elle aurait bien le temps de la récupérer et de la ranger à son retour. Elle mit ses bottes et monta les escaliers. Arrivée dans le couloir elle regarda le ciel par une fenêtre. Il semblait que la nuit n’était plus tout à fait pleine et commençait à tirer vers la fin. L’aube poindrait dans quelques heures. Il était plus tôt que d’habitude mais elle se dit qu’elle pourrait aller courir maintenant et avoir une douche de libre en revenant au matin. Du coup, elle suivit le couloir, sortit pas la porte principale. Un garde qu’elle ne connaissait pas l’arrêta :
-Eh toi ! Retourne dans ton dortoir !
-Mais je vais juste courir, je reviens dans une heure et demie…
-En pleine nuit ? J’ai des ordres moi, retourne à ton dortoir où je devrai te signaler dans mon rapport.
-… Bon d’accord…
Elle n’en fit rien et fit le tour pour atteindre l’autre porte. C’était bien sa veine. Là se trouvait deux autres gardes en patrouille. Cette fois ci elle les connaissait et ils ne firent pas trop d’histoire, ils s’assurèrent juste de l’heure de son retour et qu’ils ne la couvriraient pas si on leur demandait où elle était. Comme d’habitude quoi. Elle leur sourit et leur adressa un geste de la main en partant au petit trot. Halina était ravie d’avoir réussi à sortir et se disant qu’il faudrait qu’elle ramène une bouteille aux gardes un de ses quatre vu le nombre de fois qu’ils la laissaient partir courir avant l’aube. Comme s’ils savaient son histoire. M’enfin, elle espérait que personne ne la grillerait parce qu’elle s’en voudrait si les gardes avaient des problèmes à cause d’elle. Elle ne voulait pas que leur gentillesse à son égard leur fasse du tort. Mais bon, elle prenait le risque. Presque tous les jours d’ailleurs vu qu’elle allait souvent courir avant l’aube et qu’à chaque fois elle passait devant les gardes.
Elle ne fit pas exactement son tour habituel mais prit le tour un peu plus grand. Celui avec le chemin qui montait en serpentant, arrivait à une rivière qui finissait en cascade et redescendait sans devoir traverser l’eau rapide. Il était moins emprunté ce coin, car peu de gens connaissaient ce sentir et le plateau en haut. Du coup, elle y allait elle-même peu souvent, parce que si elle se blessait en courant la haut, il n’y aurait personne à passer par là avant des jours. Alors que les chemins du parc sur lesquels elle courrait presque tous les jours étaient très empruntés. Que ce soir par les gardes ou par les élèves. Elle commença donc tranquillement, le souffle constant et le pied sûr. La guerrière parvint jusqu’au sentier à partir de la périphérie du parc. Ça grimpait sévère alors elle avait un peu de mal, peu habituée à ce type de course, mais c’était un bon challenge. Il fallait être attentif aux racines au sol, aux branches et tout ça à la seule lumière de la lune qui heureusement était presque pleine. Lorsqu’elle arriva en haut, elle s’appuya contre un arbre pour reprendre son souffle et s’étirer une première fois. Il lui sembla entendre des voix venant de la rivière mais elle n’en cernait pas le sens, assourdi par le fracas de l’eau.
Halina, curieuse s’approcha le plus silencieusement de la rivière. C’est-à-dire pas très bien. Elle finit par l’apercevoir. Et quelle ne fut pas sa surprise ! Dans l’eau se trouvaient deux jeunes gens. Un blond aux cheveux presque blancs. Elle l’aurait reconnu partout. Rien qu’à la forme de son visage ou à sa silhouette. Kirfdéin et une fille, presque enlacés. Brune et élancée. De là où elle était, elle voyait le torse de son amoureux. Torse qu’elle avait si souvent caressé. Et cette fille se trouvait là, si proche de lui et à moitié à poil ?! C’était beaucoup trop pour la guerrière qui sentit ses poings se serrer intensément. Alors c’était ça qu’il faisait quand elle se languissait de lui ? C’était ça l’enseignement marchombre ? Faire des cochonneries dans l’eau au clair de lune ? Mais il la prenait pour une idiote ? Il pensait qu’elle ne s’en rendrait jamais compte ? Il était à elle comme elle était à lui. Il ne pouvait pas lui retirer ça ! Il ne pouvait pas avoir fait ça. Il devait y avoir méprise. Mais elle ne pouvait pas nier cette évidence de son homme nu à côté d’une autre femme. Son cœur se serra dans sa poitrine. L’amour ça faisait décidemment bien trop mal. Ses ongles s’enfoncèrent dans sa paume en la meurtrissant. Elle retint ses larmes de colère et de déception et au bord du craquage, elle s’avança sur la berge, bruyamment et démanda, narquoise et énervée :
-Salut, désolée d’interrompre votre petite soirée, mais je peux savoir ce que tu fous Kirfdéin ?
Le regard qu’il lui adressa lui fit l’effet d’une dague en plein cœur. Il assumait même pas. Il prenait cet air incrédule de la voir là. Et pourtant comme pour avouer sa duplicité, il s’éloigna aussi sec de la gamine. Elle devait avoir l'air du folle en ce moment précis, échevelée par sa course, rouge de colère et campée sur ses positions autant que sur ses pieds. Elle continua sans leur laisser le temps de parler :
-Et c’est qui cette greluche là ? Alors c’est à ça qu’tu passes tes soirées ? Moi qui croyais que j’pouvais être fière de toi, que c’était pas grave si t’étais pas là, que c’était pas grave si t’étais pas avec moi aussi souvent qu’avant… Mais en fait t’es juste un putain d’égoïste ! T’as pensé à moi ?!...
[Edition à volonté, je sens que ça va être fun à jouer ça ! *.* ]
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| | Messages : 266 Inscription le : 22/12/2008 Age IRL : 35
| Sujet: Re: Cette obscure clarté qui tombe des étoiles [Terminé] Sam 22 Juin 2013 - 15:26 | | | Élève et maître étaient entrés dans l'eau. Immédiatement, Kirfdéin avait sentit la force du torrent qui avait tenté de l'emmener avec lui dans la direction qu'il souhaitait. Mais le maître marchombre n'était pas de cet avis. Il restait à l'endroit où il voulait, peu importe ce que l'eau décidait. Campé sur ses positions, Kirfdéin regardait Dylan qui se débattait avec la rivière. Avec un sourire, le jeune homme se revit quand il était lui-même un élève qui marchait dans les pas de sa maître. Quand il avait suivit Elera dans sa course folle sur les plateaux d'Astaruil. Quand il avait vu Lya passer au travers de deux branches qui semblaient tellement proches pour qu'un humain puisse s'y glisser.
- Ne te débats pas autant, tu uses tes forces.
Kirfdéin s'était rapproché de son élève et il la tenait à présent par la taille.
- Ferme les yeux. Oublie l'endroit où tu es.
Kirfdéin comptait la lâcher et s'éloigner peu à peu mais il n'en eut pas l'occasion. Alors que Dylan venait de fermer les yeux depuis seulement quelques instants, un bruit se fit entendre. Au départ, le maître marchombre pensa que c'était un animal nocturne mais quand une voix vibra à ses oreilles, il comprit qu'il se trompait.
-Salut, désolée d’interrompre votre petite soirée, mais je peux savoir ce que tu fous Kirfdéin ?
Le maître marchombre tourna le regard dans la direction de la voix. Il l'avait reconnu cette voix bien entendu mais il avait du mal à y croire. Pourtant, c'était bien Halina qui se trouvait devant ses yeux. Dans un premier temps, il lui jeta un regard plein d'incompréhension. Il avait du mal à comprendre comment elle pouvait se trouver içi en pleine nuit dans un endroit reculé. Si bien qu'il cligna plusieurs fois des yeux, persuadé d'avoir affaire à ce genre d'hallucinations qui peut frapper l'esprit quand on est pas serein. Peut-être, qu'inconsciemment, il se sent fautif de ne pas avoir prévenu Halina et que son esprit se décide à lui jouer des tours. Mais, ce n'était pas une hallucination. Halina était bien présente.
-Et c’est qui cette greluche là ? Alors c’est à ça qu’tu passes tes soirées ? Moi qui croyais que j’pouvais être fière de toi, que c’était pas grave si t’étais pas là, que c’était pas grave si t’étais pas avec moi aussi souvent qu’avant… Mais en fait t’es juste un putain d’égoïste ! T’as pensé à moi ?!...
Aïe, il était dans la merde. Halina n'était pas jalouse, du moment qu'une fille n'approchait pas son chéri à moins de 150 mètres, ou alors il faut qu'elle soit recouverte de trois épaisseurs de vêtements, qu'elle soit aveugle et si possible moche. Autant dire que là, le maître marchombre et son élève étaient beaucoup trop proche pour la guerrière Teylus.
Kirfdéin fit signe à Dylan de sortir de l'eau. Une fois qu'ils furent tous les deux sur la berge, le maître défit la corde qui les reliait.
- Halina, je te présente Dylan, mon élève.
Il avait opté pour une voix calme pour apaiser la tension naissante.
- Dylan, voici Halina, la femme que j'aime.
Le jeune homme tenta d'embrasser la guerrière mais Halina détourna la tête.
- Je pense à toi à chaque instant. Je ne suis pas en train de draguer Dylan, je ne fais que l'entraîner. Elle doit savoir résister aux éléments pour être une marchombre. Ce n'est qu'un cours, rien d'autre.
Les poings d'Halina étaient toujours serrés. S'il ne l'avait pas prévenu, c'était surtout qu'il savait qu'elle réagirait ainsi.
[Edition possible]
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| Sujet: Re: Cette obscure clarté qui tombe des étoiles [Terminé] Lun 8 Juil 2013 - 9:43 | | | Et, pour la première fois depuis qu'elle était entrée dans la cascade, Kirfdéin sourit. Un sourire fragile comme une feuille qui tremble dans le vent, un sourire étincelant comme la neige qui scintille au sommet de la montagne lorsque le soleil se lève et nimbe le monde de son éclat resplendissant. Un sourire dans lequel elle entrevit de la douceur, de la compréhension et, cela était-il possible ? de la fierté. Un sourire qui la happa encore plus sûrement que l'eau grondante et tumultueuse du torrent. Le souffle coupé, elle se laissa tomber à terre sur un signe de son maître. La roche froide et saillante, mouillée, aussi, lui fit l'effet d'un réveil matin particulièrement incisif et elle s'ébroua, ainsi qu'un petit chien. Alors seulement, elle se rendit compte que l'homme avait commencé à parler, et elle s'ouvrit entièrement afin que les mots puissent se déverser dans son coeur et dans son âme. 'Fais corps avec ce qui t'entoure'. 'Pour vivre en harmonie avec la nature, il ne faut pas la dominer, il faut l'intégrer'. 'On ne cesse jamais d'apprendre'. 'Il n'y a pas de fin sur la Voie de l'Harmonie'. Elle entendait les majuscules dans sa voix et sentait les phrases se dérouler en elle, comme si rien n'avait jamais été aussi naturel. Et comme si rien ne le serait jamais plus. Et puis, tout à coup, ce qu'il dit l'interpela. Les meilleurs maîtres sont même capables de devenir brume afin de la chevaucher... Les paroles de Shana lui revinrent en mémoire. On nous appelle les Chevaucheurs de Brume. C'est le nom que je préfère. Dans un geste de nervosité qui ne lui était pas habituel, elle se mordilla lèvre. Pourtant, elle ne s'était jamais sentie plus sereine qu'en cet instant. Cependant, Kirfdéin s'était tu et la sondait de ses yeux si clairs. Sa bouche s'ouvrit pour la dernière fois. Sa chance dans l'eau ? Son regard survola la surface de la cascade et, presque malgré elle, elle se sentit grelotter. Mais il était hors de question qu'elle abandonne. Domination ou intégration, elle ne laisserait pas le torrent s'en tirer à si bon compte. Elle allait se remettre à marcher sur la pierre glissante quand la voix de son maître l'interrompit de nouveau et, cette fois, elle ne put s'empêcher de hausser un sourcil. Il venait avec elle ? Elle hésita durant un bref moment mais, là-non plus, il ne s'agissait pas d'une proposition. Elle acquiesça donc d'un hochement de tête et, toujours silencieuse, lui emboîta le pas en direction des flots. Une ombre d'appréhension remonta dans sa gorge tandis qu'elle observait l'onde tourbillonnante chargée d'écume et d'énergie frapper la berge avec un mélange de force et de fracas, à la manière d'une bête enragée emprisonnée dans une cage trop petite pour elle. Cependant, en voyant Kirfdéin pénétrer dans l'eau comme s'il s'était s'agi d'une rivière de montagne et non d'une cascade déchaînée, elle prit une profonde inspiration et le suivit, faisant taire de son mieux les doutes qui lui contractaient l'estomac.
Si la température la fit grimacer, elle ne ralentit pas et, les jambes légèrement écartées, s'efforça de faire le vide dans son esprit. Oublier le torrent. Oublier le froid. Oublier... Une gerbe d'eau l'éclaboussa et elle tituba, retrouvant son équilibre au dernier moment. Rouvrant les yeux, elle aperçu son maître qui, quelques mètres devant elle, s'était retourné afin de l'observer d'un air impassible, un demi-sourire flottant sur ses lèvres. À l'instant où leurs regards se croisaient, il dit quelque chose qui fut emporté par le bruit de la cascade. Dylan serra les poings et ses ongles laissèrent une profonde entaille dans la chair tendre de ses paumes. Elle tenta de faire un pas, un minuscule pas, mais fut aussitôt rejetée sur le côté par le torrent. Les paroles du jeune homme envahirent son esprit. 'Deviens eau parmi les flots'. Mais comment devenir eau dans cette furie ? Alors, elle sentit un contact chaud sur sa peau et tressaillit. Kirfdéin l'avait rejointe et la tenait à présent par la taille en arborant un sourire sans doute censé être rassurant. Ce n'était pas qu'elle se sentît embarrassée par ces mains posées autour de ses hanches, non, enfin... pas vraiment. Pourtant, quelque chose la troublait - quelque chose, oui, mais elle n'aurait su dire quoi exactement. Les mots lui parvinrent, hachés par le courant. Ferme les yeux. Oublie l'endroit où tu es. Certes beaucoup plus facile à dire qu'à faire. Cependant, la jeune fille avait une conscience aigüe de ce qui l'entourait, et en particulier des doigts de son maître ceignant sa taille. Il ne la laisserait pas partir, quoi qu'il arrive. Sa confiance en lui, à cet instant, était inébranlable. Avec lui, elle était en sûreté. Et puis, il y avait également la corde, qui lui apportait encore un autre gage de sécurité. Après avoir avalé sa salive, ses paupières s'abaissèrent d'elles-mêmes, les battements de son coeur ralentirent peu à peu. Durant un bref et merveilleux moment, les bruits de la cascade et du sang martelant ses tempes se fondirent en une seule et même respiration tandis qu'un grand calme l'envahissait. Il y avait toujours le torrent, bien sûr, qui fouettait son corps et faisait vibrer ses tympans, mais il lui paraissait lointain, détaché. Il lui semblait, soudain, qu'elle était à la fois elle et la vague qui menaçait de la faire trébucher et qu'elle anticipait ses mouvements, l'accompagnait, tout en demeurant parfaitement immobile, pour mieux l'apprivoiser. Il s'agissait d'une impression unique, qu'elle n'avait jamais rencontrée jusqu'à présent, et proprement magique. Était-ce de cela dont son maître voulait parler en expliquant qu'il lui fallait intégrer la nature et faire corps avec elle ?
Et puis, tout à coup, le charme se rompit, et il lui fallut un long moment afin de comprendre que le cri qui résonnait à ses oreilles n'appartenait pas à la cascade. Elle rouvrit les yeux et vacilla sous les assauts du torrent. Kirfdéin l'avait lâchée et s'était un peu éloigné, le regard fixé sur le rivage. Dylan se retourna à son tour et demeura incrédule en apercevant une jeune femme brune d'une vingtaine d'années qui, plantée sur la rive, les toisait d'un air furibond. Malgré la distance, elle reconnut dans cette silhouette une guerrière qu'elle avait déjà pu observer à quelques reprises en cours de combat - et appartenant à la Maison Teylus, d'après la couleur de son uniforme. Une bonne élève, qui se débrouillait plutôt bien avec les armes. Pour la millionième fois depuis qu'elle était à l'Académie, Dylan maudit ce règlement imbécile qui lui interdisait d'emporter son sabre lors de ses différents déplacements. Ce faisant, l'autre avait recommencé à hurler, et elle comprit qu'elle en avait surtout après son maître - ce qui ne l'empêcha pas de la traiter de greluche, ce qui lui fit crisper la mâchoire et crisser les dents. Alors, Kirfdéin se tourna vers elle et, d'un signe, l'invita à le suivre - ce qu'elle fit sans discuter. Une fois sortis de l'eau, ce dernier défit la corde qui les reliait toujours avant de s'avancer en direction de la fille, laquelle lui décocha un regard glacial qui aurait certainement dissuadé d'approcher davantage le plus vaillant des Frontaliers. Prudent, il s'arrêta à une distance respectable et entama les présentations. Ainsi, celle-ci se nommait Halina, et il s'agissait de la femme qu'il aimait, pour reprendre ses dires. Bien qu'elle s'en doutât, Dylan plissa les yeux. À vrai dire, c'était peut-être ridicule, mais elle ne s'était jamais imaginée qu'il put être en couple avec une des élèves de l'Académie. Kirfdéin était avant tout son maître et, si elle l'appréciait également au niveau humain, c'était au marchombre qu'elle se référait. Jamais il ne lui était encore venu à l'esprit de l'espionner ou de chercher à en apprendre davantage sur son sujet, et elle respectait son intimité. Il avait beau être un maître marchombre, il était aussi un homme, et jeune, de surcroit. Sa vie amicale, amoureuse et familiale ne l'intéressait pas et elle avait toujours veillé à ne pas tout mélanger - c'était d'ailleurs l'une des raisons pour lesquelles elle avait refusé de le désigner par son prénom. Du moins, jusqu'à maintenant. Pendant ce temps, Kirfdéin avait fini par se taire, mais Halina ne semblait guère convaincue. Un soupir pratiquement inaudible s'échappa des lèvres de l'apprentie et, sans bouger, elle prit la parole d'une voix mesurée en veillant à ne laisser filtrer aucune émotion derrière son masque comme à l'ordinaire insondable :
- Kirfdéin est mon guide sur la Voie que j'ai choisie d'arpenter, en aucun cas mon amant. Mais seul un autre marchombre peut comprendre les relations exactes qui lient un maître à son élève.
Une manière détournée, implicite, de lui faire sentir que, si ses doutes étaient infondés, elle était tout de même de trop. L'autre l'avait insultée, avait interrompu son cours. Elle n'était pas encore prête à lui pardonner. Si seul un observateur vigilant aurait pu noter l'éclat dur de ses prunelles, la tension de ses muscles et la posture défensive qu'elle avait inconsciemment adoptée, les iris d'Halina s'écarquillèrent tandis que ses pupilles se dilataient. Peut-être n'était-elle pas si stupide, après tout. En tout cas, elle aurait été bien idiote de la sous-estimer, même alors qu'elle était aveuglée par sa rage. Kirfdéin, à qui rien de tout cela n'avait échappé, esquissa un geste afin d'apaiser l'atmosphère, mais Dylan fut plus rapide.
- Ceci dit, reprit-elle dans une ébauche de sourire glacé, je ne veux en aucun interférer entre vous. Aussi vais-je m'éloigner afin de vous laisser régler votre petit... différent, puis l'un d'entre vous m'appellera lorsque cela sera terminé. J'espère simplement que tout ça ne prendra pas trop de temps, j'ai hâte de reprendre mon cours.
Une dernière oeillade lourde de sous-entendus et, enfin, pour prouver sa bonne volonté, elle se détourna tandis que le silence, menaçant, s'épaississait dangereusement derrière elle. Même la cascade paraissait moins virulente. Elle avait pourtant oublié que l'on ne tourne pas le dos à un éventuel ennemi, même quand il se tait.
J'adore. Édition possible, évidemment !
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| Sujet: Re: Cette obscure clarté qui tombe des étoiles [Terminé] Lun 15 Juil 2013 - 0:04 | | | Halina n’en revenait vraiment pas. Elle n’arrivait pas à réfléchir. Elle ne parvenait pas à connecter les bons neurones ensemble pour analyser la situation rationnellement. Tout ce qu’elle voyait actuellement c’était le corps nu de son homme. Corps qu’elle admirait tant. Et qu’elle connaissait par cœur. Les moindres reliefs de muscles, les moindres cicatrices. De la même façon qu’il connaissait tout d’elle. Et elle voyait aussi, cette fille, brunette et mignonne à ses côté. Le pire c’était qu’elle était jolie. Ça faisait encore plus mal à la guerrière. Il finissait vraiment par la remplacer quoi. Alors évidemment, elle avait vraiment du mal à voir cette situation autrement que comme une infidélité. Qu’est-ce que ça pouvait être d’autre ? Il n’y avait aucune autre occasion de se mettre nu et de s’enlacer dans l’eau. Vraiment non. Elle ne voyait aucune autre justification à ça. Et puis quand bien même il y en aurait une, elle ne serait jamais suffisante aux yeux flamboyants de la colère contenue d’Halina. Elle n’était que colère. Il n’y avait même pas de déception ou de tristesse, juste de la colère. Un amoncellement de colère qui n’explosait pas grâce à son contrôle. Mais il menaçait vraiment de leur péter à la gueule à tous les deux, pensait-elle.
Et les pseudos-justification de Kirfdéin ne changèrent rien. Elle n’y croyait pas. Elle ne voyait aucune raison suffisante dans ses mots. Elle ne les comprenait même pas. C’était à peine si elle els avait écoutés ces mots. Vraiment, elle venait de perdre toute confiance en lui et en l’homme en quelques secondes à peine. Lian puis lui. Vraiment, elle n’était entourée que par des crétin infidèles et nuls. L’amour c’était vraiment inutile et douloureux. Halina serrait les poings de colère, le cœur lourd et les pupilles dilatés. Elle était déçue et trahie. Le cocktail le plus puissant chez une femme. Qui peut la pousser à faire de très grosses bêtises. Elle se sentait même humiliée qu’il soit allé voir ailleurs. Elle ne lui suffisait pas ? Elle n’était pas assez bien ? Elle ne le comblait pas assez ? Ou faisait-il sa crise du je-suis-devenu-prof-et-toi-t’es-rien ? Elle ne comprenait vraiment rien à ce qui se passait et se contentait de bouillonner intérieurement de haine et de colère. S’en était presque douloureux. Elle attendit que les deux finissent de tenter de s’expliquer. Des explications bidons. Des fausses excuses. Elle eut un rictus narquois en demandant :
-Ton élève ? Un cours ? Vous vous fichez de moi là ? Vous me prenez pour une conne ou quoi ?!
De narquoise, elle devint carrément dédaigneuse. Les poings toujours serrés de colère.
- J’ai vraiment l’air capable de croire que deux personnes nues dans une rivière y sont juste pour un cours ?!...
Elle pointait du doigt leur excuse et la situation dans laquelle elle les avait surpris. Parce qu’en fait, elle ne savait vraiment rien des marchombres, et s’ils étaient en train de lui apprendre que pour devenir un bon marchombre, faire des cochonneries dans l’eau avec son maître pour « maitriser les éléments » était nécessaire, eh ben, elle trouvait ça bien dégueulasse et dégradant. Et ça l’étonnerait bien qu’Ichel ait dû faire quoi que ce soit avec son maître ou Lya avec le sien. Elle ne s’en remettrait pas. Nan mais de toutes façons, c’était pas possible. C’était juste une excuse pourrie des deux fautifs et elle ne pouvait que le constater et s’en énerver un peu plus. Si c’était possible. La guerrière était vraiment pas bien et on pouvait presque la voir trembler de rage contenue. Elle avait vraiment envie de lui taper dessus là. Elle se retint en demandant :
-Nan mais franchement, t’as rien trouvé de mieux comme excuse ?
Sans attendre de réponse, elle se tourna vers la greluche au nom de garçon, aussi incohérente qu’en colère :
-Et toi, t’as raison, tourne moi le dos, méprise moi et mêle toi de tes oignons, mais fais attention, j’vais pas te laisser toucher à mon homme sans rien faire !
Elle avait la main sur la poignée de son épée. Quand Kirfdéin s’approcha pour la calmer, elle le prit encore plus mal qu’il prenne sa défense et ne lui laisse pas l’occasion de la frapper. Halina s’approcha du marchombre, toujours la main crispée sur la garde et de l’autre, elle pointa son doigt sur lui en déclarant d’une voix blanche, égale et chargé de menaces :
-J’suis pas quelqu’un que tu peux tromper sans conséquence Kirf. Vraiment.
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| | Messages : 266 Inscription le : 22/12/2008 Age IRL : 35
| Sujet: Re: Cette obscure clarté qui tombe des étoiles [Terminé] Sam 20 Juil 2013 - 15:08 | | | Aïe, Dylan était intervenue et elle aurait mieux fait de s'abstenir. Elle s'était de manière plus que flagrante moqué d'Halina et l'avait titillée. Mauvaise idée. Très mauvaise idée. Une telle attaque aurait pu être prise à la rigolade par la guerrière de Teylus si elle était de bonne humeur mais là, c'était tout le contraire. Autant dire qu'il aurait mieux valu éviter. Mais maintenant, c'était trop tard.
Pendant que Halina laissait le flot de ses paroles suivre celui de ses pensées, Kirfdéin tenta plusieurs fois de l'interrompre pour s'expliquer mais sans succès. Il aurait voulu lui dire qu'il n'était pas nu, mais simplement dévêtu et que ce n'était pas pour "faire des cochonneries", comme elle disait, mais pour éviter de tremper ses habits. C'était préférable de se vêtir de vêtements secs plutôt que d'aller barboter complètement habillé. Enfin, pour le moment, il commençait à se dire qu'il aurait mieux fait d'aller dans la rivière avec ses habits et risquer de tomber malade plutôt que de subir cette scène. Mais comment aurait-il pu imaginer qu'Halina ne dormirait pas cette nuit-là et qu'elle viendrait justement les retrouver? C'était impensable. Il ne lui avait pas dit qu'il faisait un cours ce soir-là donc il n'avait pas non plus signalé qu'il serait à cet endroit-là. C'était donc le destin mêlé à la malchance qui avait conduit Halina vers cette rivière. Non, ce n'était pas qu'il voulait se cacher mais il savait très bien qu'Halina ne pouvait comprendre la proximité entre un maître marchombre et son élève. Une proximité qui, vue de l'extérieur, pouvait sembler à deux amants.
Les dernières paroles de la guerrière des Teylus furent comme un coup de poignard dans le coeur de Kirfdéin. Bien sûr, c'était ce qu'elle pensait depuis le début mais mettre des mots dessus faisait apparaître la réalité sous un autre jour. C'était comme si le marchombre avait déjà perdu l'amour de sa belle.
- Te trom.... per?
Le chagrin le faisait bafouiller. Comment pouvait-elle croire une telle chose? Ne lui avait-elle pas prouvé qu'il l'aimait? Qu'il n'aimait qu'elle?
- C'est toi que j'aime. Uniquement toi. Dylan est mon élève, je ne la vois que dans le cadre de mes cours. Comme je le faisais avec Elera et Lya.
Jamais elle n'avait sentit de jalousie envers Elera et Lya. Pourtant, il s'était baigné avec elle dans le lac et cette fois-ci, ils étaient vraiment dans le plus simple appareil.
- Nous n'étions pas nus. Nous étions en train de faire un cours pour qu'elle sache résister à l'assaut de l'eau. Nous avions simplement retirer une partie de nos vêtements pour pouvoir être sec en sortant. Il me semble que tu ne te baignes pas tout habillée non plus.
Sa voix était presque suppliante. Il ne voulait pas s'excuser. S'excuser de quoi d'ailleurs? De former Dylan alors que c'était son rôle depuis qu'il avait quitté l'enseignement d'Elera? Non, la seule excuse qu'il aurait pu formuler, c'était de ne pas s'être baigné tout habillé.
Il aurait aimé s'approcher pour enlacer Halina mais vu le regard qu'elle lui jetait, il préféra s'abstenir.
- Je ne te trompe pas, répéta-t-il. C'est toi que j'aime et ça sera toujours le cas. Dylan est mon apprentie. Uniquement mon apprentie.
[Edition possible, bien sûr]
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| | Messages : 111 Inscription le : 04/01/2012 Age IRL : 26
| Sujet: Re: Cette obscure clarté qui tombe des étoiles [Terminé] Lun 26 Aoû 2013 - 9:07 | | | Comme promis, Dylan s'éloigna de quelques pas mais, malgré la distance, les sarcasmes de la jeune femme l'atteignirent de plein fouet, et elle dut s'enfoncer profondément les ongles dans la chaire de ses paumes tout en serrant les dents aussi fort qu'elle en était capable afin de s'interdire de répliquer. Une fois de plus. Elle savait qu'une nouvelle intervention aurait été loin de jouer en sa faveur, et elle ne souhaitait surtout pas embarrasser son maître un peu plus. Pourtant, ce n'était pas sa faute à elle si sa petite amie était une véritable hystérique, non ? Un instant, elle hésita à les planter là, tous les deux, et à les laisser se débrouiller entre copains - enfin, si 'copains' était le terme qui convenait. Elle aurait cher donné pour quitter la cascade, désescalader la montagne, rebrousser chemin, retrouver Flocon de Soie et rejoindre l'Académie. Cependant, une attitude d'une telle lâcheté la révulsait. Qui sait, Kirfdéin aurait peut-être besoin d'elle ? Sans compter qu'elle ne désirait pas donner l'impression qu'elle prenait la fuite devant cette furie d'Halina. Et puis, au plus profond d'elle-même, elle entretenait toujours le maigre espoir que le cours reprendrait après cette malheureuse interruption, une fois le malentendu effacé. Elle renifla avec hargne et s'essuya rageusement les yeux, à la fois furieuse et honteuse de sentir ceux-ci s'emplirent de larmes, avant de se remettre à marcher le long de la cascade, essayant avec plus ou moins de succès de retrouver son calme. Un caillou se présenta tout à coup devant elle sans crier gare et, sans réfléchir, elle lui donna un formidable coup de pied qui l'envoya valser dans le torrent ; l'eau se referma sur l'intrus comme si celui-ci n'avait jamais existé. Derrière elle, Kirfdéin et Halina n'avait cessé de se disputer, s'interrompre et parlementer, la voix tranquille, presque suppliante pour l'un, les cris et les reproches jetés à pleines poignées pour l'autre. Dylan remarqua toutefois que les hurlements colériques et bien souvent incohérents de cette dernière étaient progressivement remplacés par un ton égal qui n'en était pas moins rempli de menaces.
Néanmoins, ce n'était pas à cela que la jeune fille faisait attention. Ou plutôt, ce n'était plus à cela. Son regard était toujours fixé sur l'endroit où avait disparu le caillou, suivant le courant de la cascade, comme hypnotisé. L'appel du torrent enflait en elle, sourdement, de plus en plus fort, de plus en plus insistant. Après tout, elle n'avait pas besoin de son maître pour danser avec l'eau, n'est-ce pas ? Il lui avait déjà dit tout ce qu'elle devait savoir. Elle se vit, ainsi que dans un rêve, se saisir de la corde que le jeune homme avait abandonné à terre, en attacher une extrémité à sa taille et, après une légère hésitation, nouer l'autre autour du tronc d'un arbre déjà robuste qui étendait son large feuillage à proximité de là. Sans un regard pour le couple, même si des bribes de phrases lui parvenaient toujours, elle se dirigea vers la cascade. Inspiration. Expiration. L'eau serait-elle aussi froide que dans son souvenir ? Sans y songer davantage, elle pénétra dans le torrent.
La réponse était 'oui'. Et même double oui. Car l'eau était encore plus glaciale que ce qu'elle se rappelait. Elle hésita à se retourner mais l'idée de surprendre les yeux plissés d'Halina posés sur elle ou, pire, de les voir face à face en train de s'échanger des amabilités, parfaitement indifférents à ce qu'elle pouvait devenir, la fit aussitôt renoncer à cette possibilité. Mâchoires crispées, elle fit encore quelques pas dans l'eau bouillonnante, résistant de toutes ses forces aux assauts glacés. Résistant ? Non. Elle ne devait pas résister - surtout pas. Ce qu'il fallait faire, c'était intégrer la nature, faire corps avec elle, anticiper le courant. Le torrent n'était qu'un vaste corps au sein duquel il lui incombait de trouver sa place. Tout simplement. N'était-ce pas ce que lui avait dit son maître ? Mais, en cet instant, il n'était pas à ses côtés, prêt à la retenir si elle venait à chuter. Cependant, ne devait-on pas apprendre à tomber pour mieux se relever ? Elle avait toujours la corde, et l'arbre était solide. Avait-elle donc plus confiance en Kirfdéin qu'en ses propres capacités ? La réponse lui coûtait. Pourtant, c'était le moment ou jamais de faire ses preuves. Peu importaient Halina, le froid qui lui piquait la peau ou la force du courant. Il n'y avait que la cascade. Et elle.
Encore un mètre de gagné sur le torrent. Mais qu'était-ce, un mètre ? Le visage de son maître envahit tout à coup son esprit et, sans l'avoir aucunement prémédité, ses paupières s'abaissèrent d'elles-mêmes. Ses mains tâtonnèrent instinctivement à la recherche de la corde, puis elle réalisa qu'elle n'en aurait pas besoin. Pas cette fois-ci. Ses muscles, un à un, se détendirent, sa respiration se fit ample, profonde. De nouveau, elle parvenait à comprendre l'eau, ses intentions. Ses gifles devenaient caresses, son fracas se changeait en chant. Au lieu de lutter, elle se laissait ballotée pour mieux, ensuite, reprendre le dessus, absorbant sa puissance, déjouant ses ruses. Elle demeura ainsi durant de longues secondes, dans sa bulle d'harmonie et de silence, retrouvant enfin la sérénité qui l'avait désertée aussitôt que son regard avait croisé celui d'Halina. Après tout, la cascade était peut-être façonnée à sa manière : rude et agressive en apparence mais affectueuse et taquine, joueuse, presque, lorsqu'on faisait l'effort d'apprendre à la connaître.
Il suffit de cet infime instant d'inattention pour que le torrent reprenne l'avantage et l'air vint brutalement à manquer dans ses poumons. Dylan rouvrit les yeux au moment exact où elle se faisait balayer par le courant. La corde se tendit brusquement afin de rompre son élan et elle ressentit un élancement douloureux à l'endroit où celle-ci ceignait sa taille. Faisant taire la souffrance qui irradiait dans le moindre de ses muscles, l'apprentie marchombre tira sur ses bras, le grondement du torrent résonnant toujours entre ses tympans mais à la manière, cette fois, d'un bourdonnement long et ténu. Ses doigts étaient en sang quand elle parvint enfin sur le rivage et elle dut s'aider de ses coudes pour rejoindre entièrement la rive de roche dure et froide sous sa joue. Elle resta ainsi plusieurs secondes, prostrée sur la berge, haletant par à-coups du choc qu'elle venait de subir. Néanmoins, à cette petite défaite précédait une grande victoire. Certes, elle ignorait si elle avait véritablement atteint le milieu de la cascade et n'avait réussi à demeurer debout au milieu des flots que très peu de temps, mais c'était toujours mieux que tout ce qu'elle avait pu faire jusqu'à présent. Elle se sentait satisfaite et, plus que cela, fière. Très fière.
Des pas se firent alors entendre dans son dos et elle releva la tête avec difficulté. À la vue de Kirfdéin qui s'approchait, l'air soucieux, la Kaelem fit l'effort de se redresser en claquant des dents. Jamais elle n'avait été aussi mouillée de sa vie, même lorsque, toute petite, elle était tombée dans une rivière et qu'il avait fallu trois personnes - son père, sa mère et un autre homme - pour l'en faire ressortir. Elle ne réussit pas à estimer si Halina s'était avancée, elle aussi ; quoiqu'il en soit, elle était à présent parfaitement immobile. Ignorant cette dernière, elle fixa toute son attention sur son maître. Et son sourire heureux fit écho à celui, soulagé, qui s'étirait sur les lèvres de ce dernier.Edition à volontéééé |
| | Messages : 571 Inscription le : 03/07/2009 Age IRL : 31
| Sujet: Re: Cette obscure clarté qui tombe des étoiles [Terminé] Sam 26 Oct 2013 - 22:22 | | | Nan mais franchement, il croyait quoi ? Qu’elle allait le croire comme ça après ce qu’elle venait de voir ? Qu’elle n’avait aucune raison d’avoir des doutes ? Que ses sourires et ses mots doux allaient changer quoi que ce soit ? Quelque chose s’était brisé en elle. Elle ne pouvait plus lui faire confiance. Un mur s’était édifié entre eux deux en l’espace de quelques secondes. Il n’y avait plus de retour possible. Elle avait vu ce qu’elle avait vu ou du moins se persuadait de l’avoir vu et ses supplications ne changeraient rien. Il aurait mieux fallu qu’elle ne voie pas ça, qu’elle reste dans l’ignorance. Parce qu’elle ne pouvait pas concevoir un seul instant une autre explication. Rien d’autre ne pouvait lui paraître logique. Elle ne connaissait rien aux enseignements marchombres et ne s’était jamais douté que ça pouvait passer par ce genre de choses. Non pour elle les cours marchombres n’étaient rien d’autre que des cours de combat avec un professeur particulier. Personne ne l’avait mise en garde. Alors elle ne pouvait pas comprendre ce que tentait vainement de lui expliquer Kirfdéin. Elle ne pouvait même pas l’envisager parce qu’elle ne savait ce qu’était l’exercice ou même à quoi ça servait. Cet écart entre le monde d’Halina et celui des marchombres était en fait bien plus grand qu’elle l’imaginait. Son ignorance lui voilait les yeux et lui couvrait les yeux. Le marchombre de son côté ne devait certainement pas comprendre que la guerrière ne pouvait pas le croire à cause du ou des secrets entre eux. Ces secrets marchombre changeaient la vision de vie du garçon. Et celle d’Halina avait grandi sans. Ainsi, pour elle, un homme et une femme ne se baignaient jamais à moitié nu innocemment, il y avait toujours des arrières pensées. C’était cette éducation qui faisait flamber la colère de la jeune femme. C’est pourquoi, elle ne pouvait pas retourner vers cet homme qu’elle aimait tant en s’excusant de son erreur. Ce quiproquo n’avait pas de solution, chacun camperait sur ses positions. Halina était persuadée dans tout son être qu’il l’avait trompé et Kirfdéin ne comprenait pas la réaction de son aimée. Et il ne pouvait rien faire pour changer ça. Elle ne l’écouterait plus après ça. C’était une impasse. Halina ne se remettait pas du choc. Son cœur battait bien trop vite et semblait proche de lâcher. Ses poings étaient tant serrés que ses paumes lui faisaient mal. Ses mâchoires étaient crispées, ses sourcils froncés et elle était campée sur ses jambes, comme une lutteuse qui se prépare à recevoir un coup. C’était exactement ça. Elle attendait le prochain round, la prochaine douleur qui lui déchirerait le cœur. Mais elle n’entendait même pas ce que disait Kirfdéin, le son lui arrivait atténué et assourdi, comme pour la protéger. Elle ne revenait pas qu’il ait osé lui faire ça. Qu’il ait pu seulement le faire. Elle croyait vraiment que tout allait bien dans leur couple, qu’ils avaient vécu des choses assez dures pour ne jamais se faire souffrir à ce point. Et la Dame savait à quel point c’était douloureux d’avoir le cœur brisé une nouvelle fois surtout par quelqu’un à qui on aurait confié sa vie sans sourciller. Elle avait l’impression qu’on venait de la brûler de l’intérieur. Alors, elle se cramponnait à son épée et à sa colère comme à une bouée de sauvetage. Soudainement, elle remarqua la brunette dans l’eau qui semblait batailler avec le courant. Nan mais qu’est-ce qu’elle fichait là-dedans ? Elle avait pas déjà eu assez de son bain de minuit ? Et elle était complètement folle, le courant allait l’emporter dans la cascade et elle allait se fracasser le crâne plus bas. Elle ne put s’empêcher de l’avancer vers la rivière, inquiète. Elle haïssait cette fille pour ce qu’elle venait de faire avec son petit ami mais Halina était de nature à vouloir secourir tout le monde. C’était dans ses gènes. On pourrait dire, qu’elle avait un complexe du héros tant elle était prête à faire pour les autres. Mais le courant n’emporta pas la jeune femme. Elle restait debout bien droite dans l’eau et semblait ravie d’elle-même. La guerrière remarqua alors la corde qui la sécurisait en se demandant comment elle faisait ça. N’importe qui aurait eu les jambes fouettées par la force de l’eau et aurait fini en bas de la cascade. Mais pas elle, et pas Kirfdéin non plus d’après son visage soulagé. Halina était totalement larguée. Elle vit tout d’un coup la corde se tendre et la fille disparaître sous l’eau. Aurait-elle crié victoire trop tôt ? Il semblait. Halina ne put retenir un sourire narquois. Et ben, ça avait été court. Elle perdit vite le sourire quand elle remarqua que la corde frottait contre une pierre pointue juste à côté d’elle et qu’elle était à deux doigts de se rompre. Elle voulut l’attraper pour protéger la gamine qui était encore sous l’eau mais elle craqua d’un coup. Halina bondit sans réfléchir dans l’eau glacée de la rivière et agrippa le bout de corde accroché à la fille. Elle se sentit emportée par le courant pendant quelques secondes puis elle put taper ses pieds au sol et son visage perça la surface de l’eau. Elle respira un grand coup et se concentra pour nager vers la rive alors que la corde et la rivière l’entraînaient vers la cascade. La guerrière ne savait pas combien de temps elle avait et si la fille avait perdu connaissance ou quoi. Alors elle fit s’enrouler la corde autour de son poignet et se mit à nager. Elle n’essayait pas d’aller contre le courant, sachant pertinemment que c’était impossible mais nageait à la perpendiculaire. Ce qui pouvait lui offrir l’opportunité de s’accrocher à une racine ou à un rocher. Ce qu’elle fit. Elle s’agrippa à un rocher en tentant d’y remonter mais le courant était fort et le poids de la fille l’attirait. Elle allait lâcher quand elle sentit des bras familiers l’entourer. Kirfdéin la hissa sur le bord de la rivière. Il semblait un peu paniqué et essoufflé. Courir après le courant n’était pas facile. Halina lui fut reconnaissante de l’avoir sortie de là malgré ce qu’elle venait de lui dire. Ils tirèrent la corde vers eux, ramenait petit à petit la fille sur la berge. La Teylus s’élança vers elle pour s’assurer qu’elle allait bien. Mais il semblait qu’elle avait perdue connaissance. Elle la mit sur le côté histoire qu’elle puisse recracher l’eau qu’elle pouvait avoir avalé sans s’étouffer. Puis Halina s’allongea sur le dos, épuisée, et attendit qu’elle reprenne connaissance. Cette baignade l’avait complètement refroidit et semblait avoir éteint le feu de sa colère. Enfin, elle savait qu’en creusant bien, elle trouverait des braises qui ne demandaient qu’à être ravivées. Mais elle les ignorait. Elle avait entraperçut la réalité de cette soirée et même si elle ne voulait pas y croire, elle devait reconnaître qu’il pouvait y avoir une autre explication. Du coup, elle ne savait plus trop quoi penser. Elle était partagée entre son amour pour lui et ce sentiment de trahison qui lui collait à la peau. Une fois que la fille au nom de Dylan eut repris connaissance, Halina se redressa vers elle puis s’assura qu’elle allait bien, elle retourna sur le dos et finit par demander après un silence : -Vous passez vraiment vos soirées à ça ? A vous noyer dans une rivière ?Comme ils ne répondaient pas, elle écouta la rivière en regardant les étoiles et finit par dire, pensive : -Vous êtes vraiment des grands malades vous les marchombres … Puis, elle se leva d’un bond. S’épousseta ses vêtements mouillés et pleins d’herbes, s’essora les chevaux avant de déclarer, tendue : -Désolée d’avoir gueulé autant mais j’ai vraiment pas pu m’en empêcher. Faut que je réfléchisse à tout ça. Comme Kirfdéin faisait mine de se lever, elle l’arrêta et continua : -Seule ! … On se verra à mon retour d’Al-Chen.Et, sans un regard vers ce qu’elle croyait encore être des amants, elle disparut en empruntant en courant le chemin qui revenait à l’Académie. Elle grelottait de froid dans ses vêtements mouillés et sanglotait en même temps. Les gardes à l’entrée la regardèrent passer avec pitié et inquiétude mais elle ne les regardait pas et fila se réfugier sous la plus longue douche brûlante de sa vie. Elle se détestait autant qu'elle le détestait de l'avoir mise dans cette situation. [Fin de ma participation au rp ! C'était vraiment fun de jouer une Halina aussi différente alors merci de m'avoir proposé de vous rejoindre \o/ Edition évidemment possible ] |
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