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 I've seen your world with these very eyes. Don't come any closer. [Terminé]

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Elisha Sonjee
Elisha Sonjee

Directrice d'Eoliane
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MessageSujet: I've seen your world with these very eyes. Don't come any closer. [Terminé]   I've seen your world with these very eyes. Don't come any closer. [Terminé] Icon_minitimeLun 29 Oct 2012 - 21:29

C’était le printemps. Le pollen était partout dans l’air. Et Lisha était allergique. Du coup elle était très très malade. Presque sur le point de mourir.

C’était le printemps et la nuit était déjà tombée. La jeune rêveuse avait passé la journée à l’infirmerie, sans Eliott pour une fois. Juste accompagné de quelques infirmiers. Et elle semblait avoir mal choisi son jour. Parce que les élèves se bousculaient au portillon. Tantôt pour une égratignure. Tantôt pour une blessure plus grave qu’ils s’étaient fait d’une manière plus ou moins étrange. Tantôt pour sécher les cours. Tantôt pour avoir une excuse justifiant de leur absence à tel cours. Pour le coup, y avait encore plus de monde à l’infirmerie que du temps de Jehan. A croire que, malgré toutes ses nouvelles règles, à l’intendant, les blessures ne cessaient de se multiplier. Y en a qui faisaient sûrement exprès. Et puis bon, le surmenage, le stress, tout ça. C’était pas très bon.

Toujours était-il qu’elle était fatiguée de sa journée. Qu’elle avait besoin de se détendre. Que c’était le printemps. Et qu’il faisait nuit. Parfait pour un petit bain de presque-minuit au lac. Ça faisait longtemps qu’elle n’en avait pas eu l’occasion. A cette heure, avec le nouveau règlement, elle ne risquait pas d’y croiser quiconque. Elle était repassé à la Confrérie, se poser un peu, déposer ses affaires. Elle se changea, enfila une simple robe qu’elle affectionnait particulièrement, même si, pour une fois, elle n’avait pas la moindre touche de rouge. Elle était noire même. Elle se changea donc, se saisit d’une serviette et d’un ruban pour attacher ses boucles rouges, puis se dirigea vers le lac. Profitant de la fraicheur du printemps. De ces jours où la chaleur n’était pas encore étouffante, comme c’était le cas parfois en été. Et où la nuit n’était pas non plus gelée.

Un sourire se dessina presque sur ses lèvres. Elle s’étonnait parfois elle-même, de réussir à profiter d’un simple petit moment comme celui-là. Presque… Comme avant. Comme avant tout cela. Mais elle n’avait pas encore l’humeur au sourire. Parce qu’elle ne savait plus trop, même plus du tout où elle en était. Parce qu’elle avait un peu trop l’impression d’agir en mode zombie là, pour le coup. Un petit bain ne serait pas de trop. Elle posa sa serviette près d’un arbre, enleva sa robe et la mit à côté, puis entra dans l’eau fraiche. Goutant au doux contact avec sa peau.

Elle fit quelques brasses. Refoula l’envie d’y plonger sa tête, parce qu’après, ça allait être galère avec ses cheveux, et qu’elle allait avoir très très froid si elle rentrait à la Confrérie avec ses cheveux trempées ruisselants dans son dos. C’était pour ça qu’elle les avait attachés d’ailleurs. Du coup ça serait bête de les mouiller quand même.

Elle s’arrêta dans sa réflexion. Il y avait quelque chose qui n’allait pas.Quelque chose qui cassait l’harmonie du lieu. Quelque chose… Non… Quelqu’un ! Quelqu’un qui approchait. Que pouvait faire une personne seule, ici, à cette heure-là ? Et pourquoi cette nuit-là en particulier ? Elle tenta de faire le moins de bruit possible, tout en ne coulant pas ce qui n’est pas simple, sisi, j’te jure, pour que la personne ne s’approche pas. Qu’elle continue son chemin, qu’elle s’éloigne du lac.

Mais c’était rêver un peu trop.Les pas, le bruit cassant l’harmonie ambiante s’approchait, créant presque une autre harmonie qu’il aurait été triste de briser. La possibilité qu’il évite le lac était presque impossible désormais. Et si j’dis presque, c’est parce que Lisha, elle est un peu naïve dans sa tête. Du coup, même quand c’est passé au stade impossible, bah elle continue à espérer un peu tu vois. Renonçant à sa belle résolution, elle s’enfonça un peu plus dans l’eau, espérant passer inaperçue. Juste le temps qu’il passe. Parce qu’elle aimerait bien être tranquille elle. Déjà qu’en journée, elle devait supporter la compagnie humaine. Si on la lui imposait aussi de nuit, ça n’allait pas le faire. Alors là, pas du tout, du tout.La silhouette s’approcha. La tête de la rêveuse s’enfonça un peu plus dans le lac. C’était foutu pour ses cheveux là. Elle allait geler. La pauvre.

C’était un homme. Et il l’avait vu maintenant, forcément. C’était une silhouette qu’elle avait déjà vu… Une fois… Près de la cabane qui était désormais la maison de Julia et d’Aidan. C’était cet homme un peu étrange qui l’avait abordé, consolé. Alors qu’elle ne le connaissait pas. Ne l’avait jamais vu. Alors que tout ce qu’elle demandait, c’était qu’on la laisse tranquille. C’était… Gareth ?


- Toi ?

Elle s’approcha du bord, priant pour que l’obscurité ambiante soit suffisante pour qu’il ne la voie pas trop. Priant qu’il fuirait de nouveau, puisqu’il semblait bien savoir le faire ça. Fuir. Parce qu’elle n’allait pas y rester éternellement dans ce lac, et qu’elle aimerait bien qu’il n’y ait personne quand elle en sortirait. Parce que bon, elle était nue quand même. Mais il n’avait pas l’air de vouloir s’en aller là…

- Tu… Tu peux te tourner un instant s’il te plait ?

Il obéit, comprenant sans doute le pourquoi de sa demande. Rapidement, elle sortit de l’eau. S’empara de sa serviette et l’enroula autour de son corps. Il pouvait se retourner à n’importe quel moment. Elle ne le connaissait qu’à peine. Ne voulait pas le connaître. Et même s’il émanait de lui une aura rassurante, elle ne lui faisait pas suffisamment confiance pour prendre le temps de sécher cette eau froide qui ruisselait sur son corps. Juste un petit coup, rapidement. Et tant pis pour les cheveux trempés. Mettre la serviette autour de soi. Avant de parler.

- Qu’est-ce que tu fais là, à cette heure ?

Laisse-moi tranquille.
Je veux être seule.
Ne plus voir tes yeux bleus. Parce que je ne sais que trop bien que je risque d’y replonger.
J’ai froid.

Gareth Wilth
Gareth Wilth

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MessageSujet: Re: I've seen your world with these very eyes. Don't come any closer. [Terminé]   I've seen your world with these very eyes. Don't come any closer. [Terminé] Icon_minitimeMer 31 Oct 2012 - 23:09

La nuit commençait à tomber, les dernières lueurs du jour disparaissaient lentement derrières les montagnes. Lyu venait de quitter la volière et le fauconnier se retrouvait seul. Enfin, seul était un bien grand mot. Il se retrouvait seul humain au beau milieu de tous ces bruyants volatiles.
Il entreprit de fermer toutes les cages, de vérifier si ses protégés ne manquaient de rien et sortit à son tour de la volière. Après avoir fermé la porte à clé, il descendit ces marches infinies qui menaient à son antre. Il passa par ses appartements afin de se changer, car il fallait avouer que les uniformes imposés par le nouvel Intendant n'étaient pas très seyants. Surtout pas discret du tout. Il enfila donc un pantalon, une chemise brune et ressortit presque instantanément de ce lieu. A vrai dire, il n’appréciait pas tant que cela ces appartements qu'on lui avait assigné. Il passait la plupart de ses nuits dans la volière ou à l'extérieur. Cependant, avec le code appliqué à la lettre, il n'était pas censé se trouver à l'extérieur à partir d'une heure donnée. Oui, il se devait de respecter les règles comme les autres, mais lorsque l'on pouvait se fondre dans la nature aussi facilement que lui, il était possible de passer outre les règlements. Il était particulièrement facile pour lui de passer la garde et le regard du nouvel Intendant.
Les pas du félin étaient d'une légèreté à toute épreuve, il pouvait se fondre dans l'ombre sans éveiller un seul soupçon. Alors sortir des remparts de l'Académie lui était d'une facilité déconcertante. Passant par l'arrière du grand bâtiment, il pouvait sortir comme bon lui semblait. Inaperçu.

C'était bien ce qu'il comptait faire cette nuit-ci encore. Il se dirigea donc vers les jardins, se métamorphosa en quelques secondes et arriva en vue de la porte arrière. Un garde était posté là comme chaque soir. Ses pas silencieux se faufilèrent vers lui, frayant un chemin au long corps gracile du fauve. Il passa dans le dos du garde sans qu'il ne se rende compte de rien et disparut par la porte entre-ouverte.
Quel imbécile. Il se faisait duper chaque soir. Une ombre passait une fois dans son dos afin de sortir de ces murs emprisonnant, elle revenait parfois dans le même silence afin de retourner dans son antre. Jamais il ne l'entendait ou alors croyait-il que ce n'était que quelques siffleurs ou moineaux de la nuit. Jamais il ne l'avait vu. Jamais il ne le verrait.

Le puma se dirigea donc d'un pas rapide dans les plaines et se stoppa net au beau milieu. Il s'assit et leva son regard d'or. Le ciel était parsemé d'étoiles et le froid était encore un peu présent malgré le printemps.
Le puma ne ressentait pas le froid, son pelage lui tenait bien trop chaud. Et puis même sous sa forme humaine, il n'avait jamais froid. Presque jamais. Il n'était pas un sur-homme non plus. Disons plutôt qu'il n'avait la plupart du temps jamais froid. Son sang de félin y était pour quelque chose.
Ces nuits qu'il passait à l'extérieur lui faisaient tant de bien. Lorsqu'il sortait, il ne faisait pas attention à la température, il ne venait que pour se détendre et décompresser. Libérer son esprit de toute entrave. Lorsqu'il se métamorphosait, l'emprise de la Bête se détendait quelque peu et il pouvait souffler. Profiter un peu de la paix de la nuit. Observer ce ciel que son coeur de fauconnier voulait rejoindre. Il courrait dans les plaines sous sa forme féline et se posait au creux des arbres. Tranquille.
Mais pas cette nuit-là. Il voulait marcher. Oui, cela lui était possible sous sa forme de puma, mais il voulait se dégourdir les jambes. Et non les pattes. Sa silhouette se brouilla donc et l'homme apparut à la place de l'animal. Il observa ce ciel une dernière fois et se mit en route. L'air frais, le vent et les bruits alentours. Bruit de cascade. Du lac.

Ses pas le menaient un peu n'importe où, il ne savait pas où aller. Simplement dans la direction qui se manifesterait à lui. Mais le destin le dirigea vers le lac. Pourquoi ? Il n'en savait rien. Peut-être qu'après tout il avait envie de faire quelques brasses pour se détendre de sa rude journée.
Peu importait, il y allait. Peut-être pour simplement se promener sur ses abords. Il s'apprêtait à contourner un taillis lorsqu'il entendit des clapotis inhabituels sur la côte. Il tourna le regard et aperçut une silhouette qui tentait de tenir la tête hors de l'eau sans faire trop de bruit.
Un mot.
Oui, lui. Mais qui était-elle ? Parce que la jeune femme le voyait, mais elle, elle restait dans l'ombre de l'eau. Elle s'approcha soudain du bord, lentement. Gareth ne savait pas si elle était tombée dans l'eau, si elle avait besoin d'aide pour en ressortit, si elle n'était pas en danger, seule ici. Son âme de protecteur finira bien un jour par le perdre...

Elle lui demanda de se retourner, ce qu'il fit sans attendre et rougit dans le même temps. Il venait de comprendre ce que la jeune femme faisait ici. Elle prenait un bain de minuit et était donc nue.
Elle parla soudain et il se retourna.
Elle ?!
C'était la fille de l'autre fois, à la cabane. La rêveuse qui pleurait, qui possédait le même regard que sa mère. Elisha. Elle était entourée d'un simple linge et semblait un peu trembler de froid.


- Ce que je fais là ? Je pourrais te poser la même question.

Même s'il devinait qu'elle était bien là pour profiter de la tranquillité du lac et du silence de la nuit. Il vit les vêtements de la rêveuse sur le sol et devinait qu'elle ne bougerait pas afin d'aller les enfiler. Déboutonnant alors sa chemise, il la lui tendit. Elle serait sans doute bien trop grande pour elle, mais c'était déjà ça. Et elle aurait sans doute bien moins froid avec ce tissu sur le dos.

- Tiens, mets ça, ce serait dommage d'attraper froid si tôt au printemps.

Il se tourna alors afin qu'elle puisse enfiler la chemise.
Erreur.
Erreur fatale.
En faisant cela, il exposa son dos entier à la jeune femme. Et lorsque l'on parlait du dos du métamorphe, cela incluait l'immense tatouage qui le barrait de pars et d'autres. Il recouvrait aussi son bras gauche et une partie de son cou.
Un tatouage bien grand pour une signification aussi immense.
Une marque qui le hanterait jusqu'à la fin de ses jours.
Sa marque à Elle.

Détourne le regard, ne me pose pas de question. Ignore-le. Fais abstraction de ces formes.
Fuis comme l'autre jour.





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Elisha Sonjee
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MessageSujet: Re: I've seen your world with these very eyes. Don't come any closer. [Terminé]   I've seen your world with these very eyes. Don't come any closer. [Terminé] Icon_minitimeJeu 1 Nov 2012 - 14:26

    « Comme le chêne s’enchaîne au sol
    Pour rester en vie, moi, je vis seul
    Mon univers est solitaire
    Sur cette terre, moi, je vis seul »

    Elle grelottait. Littéralement. Le linge qu’elle avait mis autour d’elle ne suffisait pas à la réchauffer. Elle avait besoin de se sécher. D’enfiler sa robe. Et de retourner à la Confrérie, dans la chaleur réconfortante de sa petite chambre d’apprentie. Sans personne pour la déranger alors qu’elle ne souhaitait qu’un simple petit moment d’intimité. Mais elle était incapable de partir ainsi, juste vêtue d’un linge, jusqu’à la Confrérie. Et elle était incapable de lui dire de s’en aller comme ça. Sa gentillesse la perdrait. Et puis il comprit sans doute qu’elle avait froid et qu’elle n’avait pas l’intention de prendre le temps de mettre sa robe, puisqu’il commença à déboutonner sa chemise et à la lui tendre. Etonnée, la rêveuse ne sut pas comment réagir.

    - Je… Merci…

    Sa robe n’était pas si loin que ça, mais pour aller la chercher, elle devait se retourner et faire quelques pas. Elle ne le connaissait pas assez pour se risquer à faire cela. Elle mit la chemise sur son dos, passa rapidement ses bras dedans, faisant attention à ce que le linge ne tombe pas. Elle était trop grande. Evidemment. Et heureusement. Puisque ainsi, elle lui arrivait mi-cuisse, si jamais le linge tombait. Elle releva la tête.

    Elle aurait mieux fait de se détourner. De ne jamais poser les yeux sur cet immense tatouage. Malgré elle, sa main se leva, s’approcha de ce tatouage, sans jamais toucher la peau, l’effleurant presque, comme si elle allait dérouler un rêve. Comme si sa main, indépendamment de son esprit, voulait dérouler un rêve sur ce tatouage. Un tatouage n’était pourtant pas une blessure, non ? Alors pourquoi ? Pourquoi était-elle attirée vers ces formes étranges ainsi ? Pourquoi ? Pourquoi ne pouvait-elle s’en détacher, comme elle n’avait pas réussi à se détacher de ses yeux océans ? Presque malgré elle, elle parla, entama une question. S’arrêta.

    - Qu’est-ce que…

    Fuir. Elle devait fuir. Où ça n’en serait que plus difficile. Elle se mordit la langue, se morigénant d’avoir laissé échapper ses quelques mots. Pourquoi sa curiosité prenait toujours le dessus aux pires moments ? Pourquoi ? Il fallait qu’elle cesse cela, qu’elle aille récupérer sa robe et qu’elle s’en aille. Maintenant ! Mais elle ne pouvait décemment pas détacher son regard, sa main de ces formes-là. Elle n’y arrivait pas. Elle aurait dû, puisqu’elle refusait désormais de se lier avec quiconque. Mais elle n’y arrivait pas.

    S’en détacher. Lui rendre sa chemise pour qu’il cache ce tatouage. Pour qu’elle réussisse à s’en détacher.


    - Je… Non… Attends deux minutes s’il te plait. Reste tourné.

    Elle s’éloigna, retourna dans l’ombre le temps d’enlever cette chemise et d’enfiler sa robe. Pour qu’il puisse cacher ses marques. Parce que, si elles restaient voyantes, elle n’arriverait pas à s’en détacher. Elle ne le savait que trop bien. Elle revint vers lui. Lui tendit son habit.

    - Tiens. C’est gentil mais je ne voudrais pas que tu attrapes froid non plus.

    Cache ça, je t’en prie.
    Même si ça veut dire que j’aurais toujours froid, au fond, même si j’essaie de te le cacher.

    Elle frissonnait toujours, mais elle s’en fichait. Elle ne voulait pas le voir. Ni ses yeux bleus, ni ses formes sur son dos. Malgré son aura rassurante. Malgré sa curiosité. Malgré son envie profonde de comprendre. Elle voulait repousser ce froid qui s’emparait d’elle. Qui la gelait.

    Maintenant vas-t-en.
    Laisse-moi tranquille.
    Enfile vite cet habit que j’oublie ce que j’ai vu.
    Que j’arrive à l’effacer de mon esprit.
    Ne me regarde pas.
    Ne tourne pas ces yeux vers moi.
    Où je n’aurais que plus de mal à m’en aller.
    Vas-t-en.
    Je ne veux pas te voir.

    Elle avait toujours froid, mais pour rien au monde elle ne l’aurait avoué. Tentant au contraire de refouler les tremblements qui s’emparaient d’elle.

    Ne parle pas.
    Pars.
    Fuis puisque je n'y arrive pas.

    « J’ai vu ton monde de mes propres yeux
    Tout est bien trop dangereux, trop douloureux
    J’ai connu la peine, des vrais faux amis
    Mais ici, je vis sans compromis »


Gareth Wilth
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MessageSujet: Re: I've seen your world with these very eyes. Don't come any closer. [Terminé]   I've seen your world with these very eyes. Don't come any closer. [Terminé] Icon_minitimeVen 2 Nov 2012 - 18:18

Devait-il se retourner pour cacher cette marque aux yeux de la jeune femme ? Devait-il fuir loin afin qu'elle n'ait plus d'emprises sur son dos ? Il n'en savait rien. Elle avait sa chemise, il ne pouvait partir. Quoiqu'il n'était pas très attaché à ce bout de tissu, il pouvait bien le lui laisser. Mais il n'arrivait pas à avancer, il ne parvenait pas à se retourner. Elle était peut-être en train d'enfiler la chemise et il ne voulait pas la déranger dans un moment pareil.
Que devait-il faire...
Il sentit soudain une présence dans son dos. Un souffle infime et un silence pesant. Il sentit alors l'effleurement d'une peau glacée. De quelques doigts curieux qui ne pouvaient s'empêcher de vouloir toucher ces formes improbables. Et il le sentait, lui, ce regard. Intense, empli des questions habituelles.
Qu'est-ce ?
Comment l'as-tu eu ?
Souffres-tu ?
As-tu souffert ?
Pourquoi est-il aussi grand ?
D'où vient-il ?
Pourquoi ?
Comment ?
Où ?
...
Trop de questions dans des esprits ignorants. Il le savait, elle se les posait. Toutes et plus encore. Il en oubliait pleins, mais elles étaient devenues si habituelles qu'il ne les remarquait même plus lorsqu'elles sortaient des lèvres interrogatrices.

Il sentait toujours la présence de la rêveuse dans son dos, elle semblait ne pas vouloir décoller son regard et son attention de cet étrange dessin. Hypnotisée par les arabesques étrangères du tatouage. Il la comprenait et n'était pas si gêné que cela après tout. L'habitude. Cela faisait depuis bien longtemps que les autres le regardait ainsi, depuis longtemps que ce noir recouvrant son dos créait cette atmosphère. Ces interrogations, ces silences, cette étrange attirance.
Soudain, un souffle. Celui qui annonce l'arrivée soudaine de mots. Il avait raison. Elle parla, mais à peine avait-elle commencé sa phrase, qu'elle ne la terminait même pas. Elle n'en avait pas besoin, il savait parfaitement ce qu'elle allait lui demander.
Qu'est-ce que c'est... Ou encore qu'est-ce que ces marques font-elles sur ta peau...
Dans tous les cas, c'était une question à laquelle il ne voulait absolument pas répondre.
Elle ne bougeait plus, il ne bougeait plus. L'un devant, l'autre derrière. Immobiles. Comme si le temps s'était stoppé autour d'eux et que seuls eux comptaient. Le tatouage.
Elle parla soudain pour lui demander de rester tourné. Il attendit. Elle revint bien vite, vêtue de sa robe et la chemise en main. Elle la lui tendit. Mensonge. Elle avait simplement envie d'enlever son regard de ces formes, il le savait que trop bien. Elles créaient ce sentiment à tous les malheureux qui avaient la malchance de tomber dessus.
Il prit tout de même la chemise et, reconnaissant, l'enfila à nouveau. Il se sentait mieux, car elle n'avait plus le regard fixé sur son dos.

S'il te plait, oublie ce que tu as vu. Oublies-moi et ne revois plus jamais ces formes indomptables. Je ne voudrais pas qu'elles te hantent comme elles le font avec moi. Elles annoncent le danger. Elles sont la preuve que je ne suis pas fréquentable.


- Merci.

Un seul mot. Le dernier qu'il comptait lui adresser. La dernière fois qu'elle entendait sa voix, qu'elle voyait son regard, qu'elle le voyait lui. Il ferait en sorte de ne plus la croiser pour qu'elle n'ait plus ce regard si ressemblant à sa mère. Ce regard profond, triste.
Il tourna les talons et s'apprêtait à partir lorsqu'un léger son résonna à son oreille. Son qui augmentait au fur à mesure que les secondes passaient. Un bruit qui ne présageait rien de bon. Soudain, il comprit. Des silhouettes au loin se rapprochaient d'eux à une vitesse fulgurante. Il eut juste le temps de déterminer de qui il s'agissait que les silhouettes étaient presque sur eux.
Le fauconnier courut soudain vers la rêveuse et la tira par le bras dans des fourrés. Il la fit s'accroupir de force et lui intima le silence absolu. Elle parut comprendre et ne tenta plus de dire un seul mot.
Les six silhouettes et leurs montures s'arrêtèrent à quelques mètres d'eux et les soupçons de Gareth furent fondés. Aziel Ril'Krysant, le nouvel Intendant de l'Académie, et cinq gardes. Que venait-il faire dans les plaines à une telle heure ? Ne se devait-il pas de suivre lui aussi les règles du code Merwynien ? Etrange. Le métamorphe aurait pensé que c'était bien le premier à respecter au pied de la lettre ce code. Alors pourquoi était-il ici et surtout accompagné par cinq gardes ? Craignait-il quelque chose ? Cet homme était louche. Bien trop pour qu'on ne se penche pas sur son passé. Mais ce n'était pas Gareth qui allait s'y mettre car il tenait bien trop à ses protégés et perdre son post pour curiosités voulait dire les laisser aux mains d'incompétents. Et cela, jamais.

Les six hommes parlèrent, mais le fauconnier ne comprit pas un seul des mots échangés. Leurs regards se tournèrent dans la direction des fourrés et le souffle de Gareth se stoppa. Tout comme celui de la rêveuse. Ils repartirent bien vite et ils purent se détendre.
Sans réfléchir une seule seconde, il parla.


- Que faisait-il ici ? L'Intendant n'est-il pas le premier à respecter le code Merwynien?

Il avait presque oublié qu'il se trouvait dans les fourrés avec la rousse, il était bien trop préoccupé par la virée nocturne et sans doute inconnue de tous, du nouvel Intendant. Il se leva alors et ne vit plus les six silhouettes. Il faisait bien trop nuit.

- Cette situation est bien étrange. Ce changement soudain d'Intendant...

Gareth pensait à voix haute et ne s'en rendait pas compte.
Il avait oublié qu'il voulait partir loin d'ici, loin d'elle. Il se tourna alors soudain et se confronta à son regard émeraude. Pourquoi avait-il encore plongé dedans ?

Je voulais fuir, je voulais partir, mais ils m'en ont empêché. Pourquoi la Dame ne veut-elle pas que l'on se fuit l'un l'autre, tel deux électrons chargés à fond ? J'aimerais tant te laisser en paix pourtant. Le destin ne semble pas le désirer.
Tant pis, je le braverais et te fuirais de toute mes forces.
Fais de même, je t'en prie. La Bête me prend déjà bien trop de force pour que je puisse fuir seul.




Elisha Sonjee
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MessageSujet: Re: I've seen your world with these very eyes. Don't come any closer. [Terminé]   I've seen your world with these very eyes. Don't come any closer. [Terminé] Icon_minitimeSam 24 Nov 2012 - 0:04

    Pourquoi as-tu parlé ? Le moindre mot risque de me retenir, de me pousser, inconsciemment à te regarder, à croiser ton regard. Et je ne sais que trop bien à quel point il est dur de s’en détacher, de ton regard. Pourquoi as-tu parlé dis ? Ne serait-ce que pour un petit merci, gentil mais inutile. Ta politesse te perdra. Tu fuis. Tu as peur. Tu souffres de je ne sais trop quoi. Tu es un peu comme moi en fait. On se ressemble sur ces points en tout cas. Et comme moi, tu as toujours le mot de trop d’une certaine manière. Celui qui m’empêche de partir sans aucun regret, même si je refuse de me l’avouer. Ce qui… Je divague.

    Vas-t-en.
    Pars.
    Je ne veux pas te voir.
    Je ne veux pas te connaître.
    Oublier même que je t’ai déjà rencontré.
    Ne plus jamais te croiser.
    Pars.
    Maintenant.
    Que je ne te vois plus jamais.
    Plus jamais…

    Et, comme si ses vœux, ses pensées avant enfin été entendues, il tourna les talons. S’apprêta à partir. S’apprêta seulement. Retenu par quelque chose que la Dame avait sûrement prévu. Puisqu’elle ne semblait pas décidé à les laisser tranquille, tous deux. La jeune rêveuse ne possédait qu’une ouïe des plus banales, ses sens avaient plus tendance à l’avertir de la douleur des gens environnant que des dangers qui pouvaient surgir de n’importe où. Aussi ne comprit-elle pas quand Gareth la tira par le bras, la força à s’accroupir et l’empêcha de parler. Ne sachant pas comment réagir, devinant qu’apparemment, il souhaitait juste que personne ne les voient, ne les entendent, qu’il avait flairé un danger quelconque, elle se força à rester calme. A ne pas tirer n’importe quelles décisions hâtives

    Et puis elle entendit ce que Gareth avait dû entendre quelque temps avant, le bruit si caractéristique d’une petite troupe à cheval. Ecarquillant les yeux à se les abimer, elle reconnut l’intendant et quelques autres personnels de l’Académie sûrement. Mais pourquoi l’avait-il forcée à se cacher ? Que risquaient-ils ? Lui, peut-être de se faire renvoyer, vu qu’il devait sûrement devoir suivre le code Merwynnien. Elle… Rien théoriquement. Rares étaient ceux qui s’en prenaient aux Rêveurs. Et elle était attachée à la Confrérie d’Eoliane. Et non à l’Académie d’Al-Poll comme il se plaisait à l’appeler récemment.

    Elle n’avait décidément pas choisi le bon jour pour aller prendre un bain de minuit. Déjà, parmi toutes les personnes qui auraient pu désobéir au nouvel intendant et se trouver là, il avait fallu qu’il s’agisse de cet homme, qu’elle avait eu la malchance de rencontrer lors de la reconstruction de la cabane, de la nouvelle maison de Julia et Aidan. Pourquoi était-il venu à elle à ce moment-là d’ailleurs ? Alors qu’il avait l’air de fuir systématiquement les gens ? S’il n’était pas venu lui parler, tenter de la réconforter, peut-être que ce soir, il se serait détourné, et elle ne serait pas sortie de l’eau, et il ne lui aurait pas tendu sa chemise en voyant qu’elle grelottait. Et elle n’aurait pas vu ces marques sur son dos…

    Elle n’avait vraiment pas choisi le bon jour.

    Il n’avait pourtant prononcé qu’un mot. Puis le temps de tourner les talons, et c’était déjà trop tard. Un autre élément arrivait déjà. L’empêchait de partir. Les empêchaient de se fuir.

    Ils étaient pourtant près à partir. Enfin.

    Mais la Dame elle-même ne semblait pas de cet avis, ne semblait pas vouloir qu’il s’en aille, qu’ils se séparent. Pour ne plus jamais se voir, comme ils l’auraient tous deux voulus. Comme ils le souhaitaient tout deux. Comme ils étaient persuadés de le vouloir.

    Elle n’arrivait pas à comprendre ce qu’ils se disaient, les cavaliers, qui regardaient dans leur direction en plus. Et au fond, elle s’en fichait un peu. Sauf s’il s’agissait d’une future nouvelle attaque de l’Académie, qui entraineraient encore bon nombre de soignés, et de morts. De morts… Elle frissonna à cette pensée. Trop de gens étaient morts depuis qu’elle était devenue rêveuse. Elle avait vu trop de morts, elle avait vu trop de gens mourir. Et elle n’avait qu’une seule certitude. Elle était incapable de dire, ne serait-ce qu’un nombre approximatif, combien de morts elle verrait encore dans sa vie. Parce qu’elle en verrait d’autre, ça, c’était une quasi-certitude. Le peu de couleur de son visage s’enfuirent à cette idée. Un court instant. Instant caché par la pénombre.

    Et puis ils finirent par s’en aller, les cavaliers. Et la rêveuse recommença à respirer. Elle pouvait recommencer à fuir.

    Sauf que cet imbécile recommença à parler. Comme s’il avait oublié qu’il voulait fuir lui aussi. Comme s’il ne voulait plus fuir.

    Il se leva. Elle fit de même.

    Elisha aurait bien aimé lui dire, d’un ton un peu sec, que lui aussi, était censé respecté le code Merwynnien. Mais d’une elle était incapable de parler d’un ton réellement sec à quelqu’un qui ne lui avait jamais voulu de mal, et de deux… Il avait replongé ses yeux océans dans les siens. Et elle se retrouvait de nouveau prisonnière.

    Elle n’eut même pas l’idée de jurer intérieurement. La pénombre rendait leur couleur, leur éclat différemment. Plus profonde, moins… Moins fuyarde peut-être. Un peu fataliste seulement. Et Lisha était fascinée par les yeux depuis bien longtemps rappelez-vous de sa rencontre avec notre cher Kylian :arrow :, alors elle allait avoir bien du mal à s’en détacher de ses yeux-là. Malgré cette envie de fuir mêlée à une autre qu’elle ne voulait pas s’avouer.

    Il y avait comme un éclat de peur, un éclat de douleur au fond de son regard. Quelque chose, qui, en plus de leur couleur, l’empêchait de s’en détourner. Elle n’était pas rêveuse pour rien. Elle était incapable d’ignorer l’appel au secours, même volontairement étouffé, de quelqu’un. Son être lui criait de l’aider. Son être lui criait de s’enfuir. Il y avait quelque chose d’autre dans ce regard. Quelque chose de terriblement dangereux. De terriblement attirant aussi.

    Elle voulait fuir et elle en était incapable.

    Il voulait fuir et il en était incapable.

    Ils n’iraient pas bien loin ces deux-là.

    Ils devraient d’abord réussir à cesser de se fixer ainsi, s’ils voulaient s’enfuir, s’ils voulaient partir.

    Et puis elle se força à parler, à tenter de rompre le charme, même si une part d’elle ne le voulait pas. Cela ressemblait plus à un gémissement qu’à une demande normale, mais elle s’en fichait :


    - Arrête.

    Sa propre voix la tira de sa torpeur, elle détourna le regard, la tête. Sans réussir à bouger pour autant. Sentant sa présence proche. Sentant ses interrogations certaines. Et maintenant qu’elle avait commencé à parler, il y avait sa nature de rêveuse qui l’empêchait de s’arrêter.

    - Tu… Tu as quelque chose dans le regard que je ne peux plus ignorer. Tu… Tu souffres, je le vois bien. Mais tu ne veux pas que je t’aide. Alors si tu veux tant fuir. Si tu tiens tant à continuer à souffrir, vas-t-en. Ne me force pas à refouler ma nature de Rêveuse.

    Ne me force pas à replonger dans ses yeux. Fuis puisque tu ne veux pas d’aide. Puisque moi-même, je ne veux pas te forcer la main. Ne me force pas à faire face à mon impuissance. A cette affreuse limite à mon Don.


Gareth Wilth
Gareth Wilth

Maître fauconnier
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MessageSujet: Re: I've seen your world with these very eyes. Don't come any closer. [Terminé]   I've seen your world with these very eyes. Don't come any closer. [Terminé] Icon_minitimeDim 25 Nov 2012 - 21:01

Gareth avait encore le regard dans le vague lorsqu'il entendit les paroles de la jeune rêveuse. Le mot qu'elle prononça dans un seul souffle.
Arrête.
Mais arrêter quoi ? Il n'avait rien fait à part la regarder. A part observer le vague et vouloir repartir dans l'autre sens. Rien à part être là et prier pour qu'elle l'oublie le plus vite possible même si la Dame semblait y être contre. Pourquoi d'ailleurs s'obstinait-elle à les réunir encore et encore ? Pourquoi croisait-elle leur chemin alors qu'elle devait sans doute sentir qu'ils n'avaient qu'une seule envie. Fuir. Loin, très loin l'un de l'autre. Aussi loin que leur corps le leur permettait. Mais elle ne le voulait pas. La Dame était apparemment déterminée et entrecroisait leur route sans vergogne.
Gareth n'aimait pas cela. Il n'aimait pas la pensée de savoir qu'une quelconque divinité prenait en main son destin. Non, il n'aimait pas ça. Vraiment pas.
Et la chose qu'il détestait le plus dans le destin et la Dame, était sa volonté de vouloir créer des rencontres. Il ne voulait aucun lien lui et cela lui allait parfaitement. Pourquoi alors finissait-il toujours par rencontrer des gens qu'il savait pouvoir faire souffrir d'un moment à l'autre ? Il n'aimait pas le destin et ses lois.

Arrête. J'aimerais tant arrêter de te rencontrer, j'aimerais tant arrêter tant de choses. Arrêter cette Esprit qui ne me laisse pas en paix, arrêter ces nuits insupportables dans lesquelles je m'enfonce soir après soir. Si tu savais combien de fois j'ai pensé à tout arrêter. A dire stop à la vie, à lui barrer la route. A la lui couper. Définitivement. Si tu savais combien de fois j'ai pensé à arrêter cette Bête carnassière qui vit en moi...
Tu ne le sauras sans doute jamais. Tu le sauras jamais.
Je n'ai pas envie de te mêler à cela toi aussi. Je ne te connais pas et je ne le veux pas. Restons inconnus l'un de l'autre, restons loin. Très loin. Je ne veux plus blesser, je ne veux plus tuer. Une fois a suffit. Une fois de trop.
Arrête.
Tu ne crois pas si bien dire...

La rousse détourna soudain le regard et parla à nouveau. Le fauconnier devinait qu'elle aussi voulait fuir, qu'elle n'attendait qu'un seul instant pour filer loin de lui. Qu'elle le fasse. Qu'elle parte loin et qu'elle ne revienne jamais. Comme tous les autres. Sauf que certaines personnes semblaient être plus têtues que les autres et s'accrochaient à lui.
Les mots de la rêveuse trouvèrent leur cible en Gareth. Elle avait lu dans son regard. Comment l'avait-elle fait ? Il avait toujours su cacher ses émotions aux yeux de tous, il avait toujours su cacher ce reflet qui brillait dans son regard. Comment pouvait-elle le percevoir. Elle savait qu'il souffrait, elle savait qu'il se passait quelque chose en lui. Mais elle ignorait jusqu'à l'ampleur de la chose. Elle ne pouvait deviner. Bien trop étrange, effrayant et inhabituel pour qu'elle réussisse à deviner.
Non, il ne voulait pas de son aide. Il ne voulait l'aide de personne à part celle d'Amarylis. Une personne impliquée était de trop. Il ne voulait pas qu'il y en ait une de plus. Surtout pas. Il avait déjà failli blesser la directrice d'Eoliane ; il ne voulait pas qu'un tel scénario se reproduise.

Je ne demande que cela, fuir, mais tu ne peux comprendre comme cela me coute cher. Comme cela me fait mal. Je ne peux gouter aux plaisirs de la vie sans avoir peur de me lier et par ce fait, de donner des victimes à l'Esprit démoniaque. De Lui donner un moyen de me faire souffrir.
Quel paradoxe. Si je me lie, je souffre. Si je reste dans mon coin, je souffre.
On ne peut me guérir.
C'est une malédiction.
Tu n'y peux rien. Personne.

L'âme du métamorphe se tordit rien qu'à l'entente de ces paroles. Elle ne pouvait comprendre et elle lui lançait ces paroles. Pour qui se prenait-elle... Lui seul savait ce qu'il y avait de mieux à faire, lui seul devait choisir. Elle ne savait rien, elle ne comprenait rien. Personne ne comprenait. Et elle venait lui dire de partir, de fuir. Combien de fois l'avait-il fait ? Bien trop à son goût. Il fuyait jour après jour, il s'enfermait dans la volière, il s'isolait du reste du monde, de l'Académie, de sa famille. Il restait constamment seul. Même si depuis peu, une jeune fille avait débarqué dans sa vie pour apprendre à ses côtés sans qu'il ne le demande. Il n'avait pas le choix, mais il s'était attaché à elle. Comme une fille pour lui. Il n'avait rien demandé.
Seul, toujours.

Pour rester en vie, moi je vis seul.
Mon univers est solitaire.

Il regarda la jeune femme encore une fois. Peut-être la dernière.


- Et alors ? Je souffre et tu n'y peux rien. Beaucoup trop de gens souffrent ici et tu ne peux réparer tous les maux de cette terre. Il existe des maux auxquels tu n'as même pas accès grâce à ton don, aussi incroyable qu'il puisse être. Tu devras t'y faire. Tu ne peux me sauver. Personne ne le peut.

Peut-être sa voix était-elle trop froide, peut-être était-il trop direct, mais il fallait qu'elle comprenne. Qu'elle entende ces mots, qu'elle sache qu'elle ne pouvait rien pour lui et qu'elle devait refouler sa nature de rêveuse. Elle ne devait pas chercher à lui venir en aide. Surtout pas.

- Crois-tu que j'ai choisi ma douleur ? Crois-tu que je ne ferais pas n'importe quoi pour la supprimer définitivement ?... Je n'le peux pas. C'est impossible et toi, tes confrères ne pouvez rien pour moi. Je suis le premier à en souffrir.

Il se détourna avant de prononcer quelques derniers mots qui se perdirent dans le silence comme le souffle du vent.

- Ce n'est pas à moi de fuir, mais à toi. A vous tous. Fuyez-moi...

Il commença à marcher en direction de l'Académie, en direction de son cocon. La volière.

Oui, fuis-moi.





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I've seen your world with these very eyes. Don't come any closer. [Terminé]
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