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 Des lettres et des images.

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Juliet
Juliet

Petit ange
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MessageSujet: Des lettres et des images.   Des lettres et des images. Icon_minitimeMar 2 Sep 2014 - 3:30


Il était une fois un petit chevalier qui habitait chez des gens qui soignaient les autres. Ils avaient un grand pouvoir, mais il devait s’aider de plantes parfois, car elles avaient certaines vertus qu’ils n’avaient pas. Juliet aidait donc les rêveurs à récolter les plantes du jardin. A la base, il voulait cueillir les fleurs bizarres qui permettaient de soigner, mais on l’avait gentiment redirigé vers les légumes. Alors il ronchonnait, pas trop content qu’on l’écarte de cette activité forcément plus passionnante. Il retroussait quand même ses manches, parce que malgré tout il devait accomplir son devoir. Il arrachait les carottes et les pommes de terre, puis les plaçaient dans les caisses réservées à cet effet. Cependant, quelqu’un lui fit une remarque sur sa mauvaise humeur. Alors il grommela quelque chose qui n’était pas très gentil. Suite à quoi on le gronda. Lui, Juliet, on le grondait ... parce qu’il faisait la tête, au final.

- ET BAH SI C’EST COMME CA JE M’EN VAIS !

Et Juliet de se précipiter jusqu’aux dortoirs et de claquer violemment la porte. Avant de s’effondrer parce que tout le monde était méchant avec lui alors que lui il était gentil.

Alors qu’il étouffait ses sanglots dans son oreiller, la porte s’ouvrit doucement. C’était Amarylis. Il l’avait reconnu à sa manière de marcher. Il ne leva pas la tête, mais elle vint s’installer à côté de lui, caressant ses cheveux comme une maman le ferait pour réconforter son enfant. Ils parlèrent un peu, en vinrent à ses progrès au niveau de la lecture. Puis elle lui demanda si il aimerait écrire. Juliet hésita un peu, puis la Rêveuse lui indiqua qu’en sachant écrire, il pourrait noter toutes les histoires qui se passaient dans sa vie de Chevalier. Juliet demanda aussitôt à apprendre à écrire. Alors elle lui annonça que le lendemain devait venir un monsieur, Duncan Cil’Eternit, et qu’il pourrait lui demander à ce moment-là. Les grands yeux pleins d’étoiles, Juliet retourna aux jardins aider les rêveurs à récolter les carottes et les pommes de terre.

*

Ils avaient convenus alors de se retrouver quelques jours plus tard. Juliet n’avait pas réussi à tenir en place. Il lui avait posé plein de questions sur les histoires qu’il connaissait, parce que Gwëll lui avait dit qu’il en connaissait plein, et ça, il trouvait ça trop cool. Les Rêveurs lui avaient demandé de ne pas trop le fatiguer, mais le vieux monsieur avait souri. Juliet lui avait souri en retour et était parti voir Julia pour lui dire qu’il allait apprendre à écrire, puis discuter un peu avec elle et jouer avec Aidan.

Et maintenant il était là, à attendre devant les appartements de Duncan Cil’Eternit, où le rêveur de garde de l’Académie l’avait accompagné. Ils étaient d’abord passé devant l’infirmerie, où Juliet devrait retourner quand sa leçon serait terminée.
Et il attendait, tout en trépignant à l’idée de savoir écrire. Juliet savait à peine lire, déchiffrait encore plus qu’autre chose. Mais il pensait que maintenant qu’il savait son alphabet par coeur, il pouvait bien apprendre au moins à écrire les lettres. Peut-être qu’il allait lire des histoires, ou apprendre à en écrire ? Il ne savait vraiment pas à quoi s’attendre, mais il était sûr que ce serait bien. Parce que Gwëll lui avait dit que ça se passerait bien, et puis il semblait gentil.

La porte s’ouvrit et Juliet offrit un grand sourire au vieux monsieur. Qu’est-ce que Amarylis lui avait dit, déjà ? Ah oui, saluer.

- Bonjour ! Je viens pour apprendre à écrire ! Ah mais euh ... vous savez déjà ça.

Son sourire s’amoindrit un petit peu en se rendant compte que ce qu’il venait de dire était un peu bête. Tant pis, c’était pas si grave. Duncan l’invita à entrer et il ne se le fit pas dire deux fois. En deux secondes, il était installé au bureau, prêt à étudier. Un peu trop agité peut-être, pour le moment, mais à chaque fois qu’il commençait à apprendre, il s’appliquait et devenait fatalement plus calme. Et les Rêveurs lui avaient dit de ne pas trop fatiguer le monsieur. Alors il serait sage et écouterait bien Duncan. Oui.



[Si ça te va o/ Bon, je poste ça à 3h30 donc si il y a des incohérences n'hésite pas, j'éditerai ! Si soucis j'éditerai aussi ^^ Voilà voilà o/]

Duncan Cil' Eternit
Duncan Cil' Eternit

Maître des légendes et d'animisme et primat d'Aequor
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MessageSujet: Re: Des lettres et des images.   Des lettres et des images. Icon_minitimeMar 16 Sep 2014 - 17:47

Duncan Cil’ Eternit ne se rendrait pas deux fois par semaine à la confrérie d’Eoliane avec autant d’entrain si Amarilys ne mettait pas un point d’honneur à l’inviter pour le thé dans ses appartements à chaque fois qu’elle était libre. Certes, marcher jusqu’à la confrérie lui conférait l’exercice dont il avait besoin pour retrouver une santé correcte, et il connaissait désormais tous les rêveurs par leur prénom, mais retrouver sa vieille amie était toujours la plus belle partie de la journée. Oh, il aimait aussi converser avec les jeunes rêveurs, ceux qui apprenaient les soins sur lui sous la supervision des Cercles supérieurs, ils étaient tous curieux et cultivés, mais rien n’équivalait les longues conversations avec Dame Luinil, lorsqu’elle n’était pas trop préoccupée par ses patients.
A son grand étonnement, Juliet était aux cotés d’Amarilys lorsqu’elle l’accueillit dans les jardins de la confrérie. Duncan connaissait le petit garçon car il courait toujours dans les pattes de tout le monde et qu’il était souvent en train de jouer dans les jardins ; voire dans les batiments de l’Académie.
Ils avaient longtemps parlé tous les deux après le traitement de Duncan, assis sur un banc des jardins intérieurs, ils avaient parlé du fait que Juliet savait lire, des histoires que Juliet connaissait, des histoires que Duncan connaissait, des héros qui se trouvaient dans les histoire, des héros préférés de Juliet, ils avaient parlé de tout ça longtemps. Juliet était légèrement hyperactif et tenait rarement en place sur son banc, mais Duncan commençait à discerner qu’il suffisait de l’intéresser suffisamment à quelque chose et à lui montrer des preuves d’affection pour qu’il se tienne tranquille.
Lui apprendre à écrire ne serait pas forcément reposant, mais tout autant que les jeunes gens de l’Académie, il méritait une éducation. Il aimait lire, contrairement à la plupart des élèves de l’Académie. Et c’était quelque chose que Duncan savait apprécier.

*
Les jours suivants, Duncan les passa à préparer l’éducation de Juliet, entre les cours et les réunions avec les autres professeurs. Le temps était relativement clément ces derniers temps et il avait retrouvé ses anciennes habitudes d’aller lire aux endroits les plus calmes du parc, en observant au loin les jeunes gens se taper dessus.

Le professeur avait réaménagé son bureau pour leur leçon, en rehaussant sa chaise habituelle de plusieurs coussins pour que Juliet arrive au niveau du plateau, en écartant ses propres papiers pour ne pas une maladresse les tâche, et en disposant autour d’eux beaucoup de chutes de parchemin vierge, de livres de contes illustrés et de crayons de charbon ainsi que de plumes.

- Bonjour Juliet ! Tu fais bien de me le rappeler, à mon âge la mémoire peut commencer à nous faire défaut…
répondit-il d’un air chaleureux.

Pas qu’il ait vraiment oublié, au contraire, l’éducation de Juliet lui donnait un but plus précis que l’éducation de ceux qui ne voulaient pas apprendre, et il était toujours heureux en présence d’enfants, comme s’ils étaient directement forgés à partir de fragments de soleil.
Juliet se hissa comme il put sur le siège habituel de Duncan, et le professeur prit place à ses côtés sur une autre chaise.

- Amarylis m’a dit que tu savais déjà lire, chef ? Ca t’aidera beaucoup lorsqu’il faudra écrire, c’est important de pouvoir lire et comprendre ce qu’on écrit. Il t’arrive de dessiner aussi, non ? L’écriture, ce n’est pas bien différent des dessins qu’on fait sur un papier, à part qu’il y a certaines formes qu’il faut apprendre par cœur.

Il lui tendit un parchemin sur lequel, de son écriture raffinée habituelle, il avait déjà inscrit l’alphabet en majuscules et en minuscules.

- Tu es capable de me réciter l’alphabet, n’est-ce pas ? J’ai écrit tous les symboles correspondants aux sons, dans l’ordre où on le récite. Tiens, entraine-toi un peu à associer les symboles avec les sons. C’est normal de ne pas arriver à tout retenir d’un seul coup, apprendre à écrire c’est tout aussi long et périlleux que d’apprendre à lire. Mais les chevaliers comme toi n’ont pas peur, Juliet ?

Il posa le papier devant le petit garçon, amusé de la manière dont ses sourcils se fronçaient quand il se concentrait.
Ca ne surprendrait pas Duncan qu’Amarylis, rusée et perceptive comme elle était, se soit arrangée pour que les deux se trouvent ensemble souvent, comme… complément, à la thérapie qu’il suivait.
Elle savait à quel point Duncan avait toujours voulu avoir des enfants.


Juliet
Juliet

Petit ange
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MessageSujet: Re: Des lettres et des images.   Des lettres et des images. Icon_minitimeVen 26 Sep 2014 - 2:37

Juliet avait cru bon de donner la raison de sa visite, ce qui tout de suite après lui sembla stupide. Mais Duncan lui dit qu'il avait oublié alors c'était pas très grave, finalement. Du coup, il se précipita vers le bureau, qui était FORCEMENT le lieu où ils allaient s'installer. De toute façon il n'y avait pas d'autre tables, donc c'était logique, même pour Juliet. Il essaya de grimper sans faire glisser les coussins qui étaient visiblement là pour que sa tête dépasse bien du bureau. Lorsqu'il vit le vieux monsieur prendre une autre chaise, il se dit qu'il aurait peut-être dû aller la chercher lui-même, parce que les rêveurs avaient dit de pas le fatiguer, il s'en souvenait. Si il se faisait mal par sa faute, il s'en voudrait.

Mais il lui parlait gentiment, avec des sourires dans les yeux et des rayons de soleil dans la voix. Lorsqu'il lui demandait si il savait lire, le garçon hocha la tête un peu timidement.

- Je lis pas très bien comme les rêveurs. Il faut que j'prenne un peu mon temps pour savoir comment on lit les sons.

Et puis Duncan lui dit que finalement, écrire, c'était presque comme dessiner, ce qui fit sourire Juliet. Donc c'était comme ces formes que l'on fait machinalement, comme on dessine un soleil avec des rayons ou des triangles pour les toits des maisons ? Il devait être capable d'apprendre les formes des lettres. Puis comme il savait les lire, il pouvait essayer de se rappeler comment elles se formaient.
Cela dit, lorsqu'il se retrouva devant la feuille, il perdit un peu son sourire. Il reconnaissait les lettres, il connaissait parfaitement son alphabet, mais voir toutes ces lettres là, les unes à côté des autres lui faisait un peu peur. Néanmoins, son professeur prenait le temps de le rassurer. Aussi, lorsqu'il lui demanda s'il avait peur, Juliet se tint bien droit, bomba le torse et assura qu'il saurait être à la hauteur de la tâche.

Alors il attrapa la feuille pleine de lettres, comme s'il avait affaire à un redoutable ennemi. Il commença par les lire à voix basse en suivant les lettres avec son doigt, parce qu'il ne savait pas encore lire en silence et sans bouger comme le faisait les grands. Mais un jour il y arriverait, c'était sûr. Il chercha des yeux quelque chose pour écrire, et son regard se porta sur les plumes, devant lesquelles il ne put s'empêcher d'ouvrir de grands yeux. Il voulut en attraper une, mais vérifia que cela ne dérangerait pas Duncan en lui jetant un regard. Il ne dit rien mais le garçon l'attrapa avec précaution ; il ne tenait pas à l'abîmer. Il l'examina sous toutes les coutures, les sourcils froncés.

- On peut vraiment écrire avec ça ? Amarylis en utilise. Mais comment on fait ? J'ai pas l'impression que quelque chose vient de dedans, donc c'est pas possible !

Il ne comprenait vraiment pas et espérait que son professeur saurait faire la lumière sur ce mystère. Mais pour l'instant, il se contenterait d'utiliser les crayons de charbon. Ca au moins il connaissait, parce que c'était ce qu'il utilisait quand il dessinait. Il regarda attentivement la forme qu'avait le « a » minuscule, avant de jeter un oeil à la majuscule.

- Et comment ça se fait que les lettres elles se ressemblent pas alors que c'est les mêmes ?

Vraiment, il ne comprenait pas pourquoi l'écriture, c'était si compliqué. Est-ce qu'on ne pouvait pas juste utiliser les mêmes lettres tout le temps ? On savait bien qu'une phrase commençait après un point, quand même. C'était vraiment se compliquer la tâche pour rien. Cela dit, il se contenta de soupirer face à cet adversaire particulièrement retors et empoigna de nouveau le crayon, afin d'essayer de comprendre comment ça fonctionnait.

Le a, ça faisait comme une petite boucle, mais avec un côté droit. On dirait pas comme ça, mais écrire c'était vachement compliqué. Il fallait faire attention parce qu'il suffisait d'un peu d'inattention et la lettre, elle ressemblait à une autre. Il regardait Duncan, qui le regardait souffrir avoir du mal. Mais Juliet, en tant que Chevalier, ne devait pas décevoir le Seigneur. Rapidement, la feuille qu'il avait prise se retrouva noircie par des lignes de soldats « a ». Il continua jusqu'à obtenir un a parfait. Et il continua avec le b. Il constata qu'une fois les formes des lettres bien étudiées, elles étaient plus faciles à reproduire. Il prononçait chaque lettre avant de la dessiner, pour être sûr qu'il l'identifiait correctement.

- C'est dur quand même, d'écrire, finit-il par lâcher, arrivé au « f ». J'imagine même pas ce que sera quand j'arriverai aux mots.

Il boudait pas vraiment, mais si il commençait à maîtriser le monstre nommé « alphabet », il ne se sentait clairement pas prêt pour les mots. Mais heureusement, ce n'était pas pour tout de suite.


Duncan Cil' Eternit
Duncan Cil' Eternit

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MessageSujet: Re: Des lettres et des images.   Des lettres et des images. Icon_minitimeVen 10 Oct 2014 - 2:26

- On utilise les grandes lettres, les majuscules, pour indiquer le début d’une phrase, fit Duncan patiemment en montrant à Juliet quelle colonne correspondait aux majuscules. La première lettre du premier mot de la phrase change pour indiquer qu’on commence une nouvelle phras, et on la termine avec un point, comme tu sais. On utilise aussi les majuscules pour les noms propres. C’est les mots qui servent à appeler les gens. Par exemple, Juliet prendrait un J majuscule au début, parce que tous les noms des gens sont des noms propres. Pour certains mots très très spéciaux aussi, la première lettre prend une majuscule. Dragon. Dame. Empereur. Académie.

Duncan expliquait tout ça patiemment, en écrivant lui-même les mots au fusain sur un morceau de papier à Juliet, tout en lui désignant les majuscules à chaque fois. On ne voyait jamais assez d’exemples, et s’ils étaient loin de commencer à apprendre les règles de grammaire, ça ne pouvait pas faire de mal d’avoir quelques bases.
La dessus, Juliet après avoir joué un peu avec les plumes se mit à l’exercice, et Duncan reposa précautionneusement ses outils dans les boites assorties, pour éviter qu’elles soient abimées par erreur. Puis il ne lui restait plus qu’à s’adosser confortablement, et observer son jeune élève.

Et pourtant, il lui était difficile de garder sa distance de professeur. Juliet était entièrement focalisé sur ses lettres et ne faisait pas attention au vieil homme qui l’observait, à part quand il se tournait vers lui pour lui montrer sa nouvelle ligne de petits signes. Ca laissait le temps à Duncan de l’observer, et tout semblait chez Juliet éveiller chez Duncan une compassion et une affection démesurée.
La manière dont Juliet lisait à voix haute, en suivant méthodiquement avec le doigt sur la ligne, la manière dont il annonçait les lettres qu’il allait écrire, dont il annonçait une nouvelle ligne, dont son visage se froissait et son nez se plissait quand un trait dérapait ou qu’une lettre n’était pas exactement comme il voulait…
La manière que le petit garçon avait de balancer les jambes sur la chaise trop haute pour que ses pieds touchent par terre, un épi de ses cheveux qui semblait vouloir atteindre les cieux sans que son propriétaire ne l’ait remarqué, la manière dont il tenait sa langue entre ses dents lorsqu’il était concentré. Même la manière dont il tenait le fusain avec quatre doigts au lieu de trois, et dont sa main gauche se fermait en un poing parce qu’il était trop concentré pour gérer deux mains en même temps.
Tout ça était adorable. Adorable et hors de son atteinte.

Ceci étant, cela n’empêcha pas Duncan d’ébouriffer affectueusement les cheveux à la teinte si particulière de son jeune apprenti lorsque celui-ci lacha une remarque exaspérée après avoir presque terminé une ligne.

- Même les plus grands guerriers n’ont pas appris à manier l’épée en une seule journée, tu sais. Il faut des années d’entrainement pour devenir le plus fort. Beaucoup de gens se découragent à mi chemin, mais ceux qui persévèrent deviennent des héros. Allez. Tu as bientôt fini cette ligne. Si tu as mal à la main, tu n’es pas obligé de faire plusieurs lignes de chaque lettre. Fais m’en juste une pour chaque. Imagine que ce sont tous des monstres différents et qu’aujourd’hui, tu es juste l’éclaireur chargé d’en apprendre un peu plus sur eux. Les combattre en face à face viendra avec le temps. Ne t’occupe pas des majuscules, on pourra les faire une autre fois, ne t'en fais pas pour elle. Les gros monstres en dernier.


Et sur ces encouragements, Juliet reprit non sans régulièrement bouder sur certaines lettres plus dures que d’autres. Le K lui posa énormément de problèmes, comme si la forme ne voulait juste pas venir, mais Duncan s’avéra patient. A plusieurs reprises, il saisit même la main de Juliet pour l’aider à tracer ce qu’il avait du mal à faire, comme pour lui montrer le chemin. Duncan avait beau être gaucher et ne manier sa belle calligraphie que de sa main dominante, il était néanmoins capable de tenir un fusain et une plume dans les deux mains.
Ce qui s’avérait extrêmement pratique lorsqu’il s’agissait d’annoter quelque chose que l’autre main est occupée à écrire ne même temps.


Une fois la dernière ligne de Z achevée, Duncan dressa sa main et Juliet topa dedans avec enthousiasme. Une bataille de gagnée ! De nombreuses autres restaient encore à livrer…

- Tiens,
fit Duncan en ramassant une liasse de papiers vierges qu’il avait préparé dans une petite mallette, avec une boite de fusains. Emmène ça avec toi en partant aujourd’hui, et garde aussi la feuille de modèle que j’ai écrite. Comme ça, tu pourras t’entrainer quand tu auras du temps libre, et tu n’auras plus qu’à me montrer tes progrès. Attention à ne rien casser, ou je ne serai pas content !

Mine de rien, cette première séance avait duré plus longtemps qu’il n’aurait cru.

- Tout ça mérite un peu de repos. Que dirais-tu de me lire une histoire avant de partir ?
demanda Duncan en se posant avec Juliet sur un des divans de ses appartements, un recueil de légendes simples et pleine d’images à la main. Comme ça tu pourras me montrer comment tu lis, et si tu es sage tu auras le droit d’emporter le livre.


Juliet
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Petit ange
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MessageSujet: Re: Des lettres et des images.   Des lettres et des images. Icon_minitimeMar 28 Oct 2014 - 2:36

Juliet bouda un peu, en écrivant le f. Ça faisait comme un nœud sur le côté, sauf qu'il était aplati, et en fait, c'était pas facile, et à force d'écrire, il avait mal à la main. Il termina tout de même sa ligne avant de râler un peu, pour ménager sa main. Il voulut essayer avec la gauche, mais il se souvint soudainement de la tête qu'avait ses dessins lorsqu'il utilisait sa main gauche et se disait que c'était peut-être pas la meilleure chose à faire. Déjà que ses lettres lui semblaient bien brouillonnes en dessous de celles de Duncan. Et alors qu'il commençait à se plaindre, son professeur se leva pour venir ébouriffer ses cheveux, que Juliet s'empressa de recoiffer. On ne touchait pas à ses cheveux. Sa coiffure était soigneusement étudiée, nanméo. Il se tourna vers Duncan qui lui parlait, lui expliquant que c'était normal de ne pas tout réussir du premier coup. Il l'encourageait. Il l'autorisa même à ne faire qu'une ligne pour chaque lettre.

- Bon, je continue les ... minuscules, c'est ça ? Elles sont pas si petites pourtant, commenta-t-il, pour lui-même.

Il continua doucement à recopier les lettres, ne cessant pas de les identifier à haute voix avant de les tracer. Le k lui posa problème, déjà parce que ce n'était pas une lettre qu'il rencontrait souvent, et ensuite parce que le dessin de cette lettre était vraiment compliqué. Duncan avait beau l'aider à écrire, ça ne venait pas. Lorsqu'il réussit enfin, au milieu de la troisième ligne, il s'arrêta là. Hors de question de continuer. Comme l'avait dit Duncan plus tôt, on n'apprenait pas à "manier l'épée en une journée", et Juliet se disait que ça devait être la même chose avec une plume - enfin un crayon de charbon, dans son cas. Il remarqua d'ailleurs qu'il commençait à faire des taches, à la fois sur ses manches et sur la feuille. Il devait faire attention. Alors il retroussa ses manches et repartit à l'aventure.

Pendant qu'il écrivait les lettres, il se demanda un instant où étaient les lettres qui portaient des accents. Il savait très bien qu'elles existaient, il les avait souvent rencontrées dans les livres. Il réalisa cependant que faire deux petits ronds ou un trait dans un sens ou dans l'autre était au final très simple. Néanmoins, cela changeait toute une prononciation et il trouvait quand même que c'était assez important. Il prit simplement le temps de gratter sa joue (ses cheveux la chatouillaient) pour arrêter d'y penser. Déjà, combattre ces lettres-ci, on verrait plus tard pour les accents. Il se posait trop de questions, voulait avancer trop vite, et continuait à gribouiller des lettres qui ne se ressemblaient plus. Aussi Juliet se reprit-il. Au lieu d'avancer vite, il fallait avancer sûrement.

Enfin, la toute dernière ligne fut achevée. Il se tourna vers Duncan avec un grand sourire triomphant et heureux. Il n'hésita pas une seconde à toper dans la main que tendait son professeur, lui aussi souriant. Juliet commençait à l'apprécier vraiment, ce vieux monsieur gentil. Il lui faisait un peu à sa grand-mère, qui était aussi gentille et qui lui apprenait aussi des trucs. Il poussa un petit soupir triste en pensant à elle, pendant que Duncan se baissait pour prendre une mallette. Juliet retrouva son sourire aux premiers mots de son professeur. Des feuilles, du fusain, sa feuille de modèles. Le garçon fronça les sourcils, puis hocha la tête un peu nerveusement. Il lui faudrait trouver du temps libre pour faire ça, et surtout, faire attention au matériel que Duncan lui prêtait. Il le ferait.

Juliet tira ses manches pour couvrir ses bras, lissant du bout des doigts, comme il le pouvait, les plis déjà marqués. Et Duncan lui proposa de lire une histoire. Juliet hésita un instant ; il lisait lentement, et n'était pas sûr de vouloir se ridiculiser en lisant mal un mot. Mais le fait qu'il puisse peut-être l'emporter lui donna le courage nécessaire. Et puis il fallait bien se lancer pour réussir ! Il regarda un instant le livre, tournant les pages avec précaution. Les dessins étaient tous très beaux, et les titres tellement intriguants ! Ils donnaient envie de lire toutes les histoires. Mais l'un des titres retint son attention plus que les autres : Le Dragon qui voulait devenir Chevalier. Aussi s'installa-t-il confortablement sur son siège, avant de se lancer dans le déchiffrage.

L'histoire était assez simple, à vrai dire. C'était l'histoire d'un dragon ... et bien, qui voulait devenir chevalier. Au début ...

- P ... o et u, ça fait ou. Pou-r ... petite réflexion. Juliet lisait les lettres à voix basse avant de les assembler. Pour ses par- ... e et n ? Ça fait, ça fait ... Duncan lui souffla la réponse. Pour ses parents ? Pour ses parents, c'est un. Choc ? Pour ses parents, c'est un choc.

Question de profession, puisque c'est une famille de dragons gardiens de princesses depuis la nuit des temps. Néanmoins, les parents du petit dragon finirent par accepter de laisser leur fils aller à l'école des Chevaliers. Juliet s'interrompit un instant, lâchant le livre du regard pour le diriger vers Duncan, perplexe.

- Ça existe, les écoles pour les Chevaliers ?

Si ça existait, c'était vraiment pas cool de pas lui en avoir parlé jusqu'à maintenant, sérieux ! Duncan lui expliqua cependant rapidement que non, ou du moins pas ici, et Juliet reprit sa lecture, plus tranquille. Finalement le dragon devenait officiellement un Chevalier et partait sauver une princesse, gardée bien évidemment par un dragon. Non.

- Or, il se trou-ve, que le dragon est en fai- en faiteu,  une dragonne !

Et finalement, le dragon tombe amoureux de la dragonne. La princesse finit par être délivrée par d'autres chevaliers, mais ça, c'était un peu secondaire. Les dragons décidèrent de ne plus retenir des princesses en otages, par contre, et ça c'était plutôt bien. Des gentils dragons. Ils changèrent de métier.

- Ils sont ... de-ve-nus cu-i ... cuisi-niers. Et il n'exit ... il n'ecsit ... il n'existe pas de m ... meilieur ? Aaah, non, meilleur ! Il n'existe pas de meilleur en-droit que leur ta-ver-ne pour dé-gus-ter de bons petits plats.

Il aimait bien la fin de l'histoire, en fait. C'était très très bien, des gentils dragons cuisiniers ! Mais quand même, lui, il aurait préféré rester Chevalier. Mais en même temps, il n'était pas un dragon.
L'histoire n'était pas très longue au final, mais ça lui avait pris un peu de temps pour tout comprendre, pour bien lire les mots, quitte à s'y reprendre à plusieurs fois, et au final, il avait l'impression que ça avait duré très longtemps. Juliet regarda le livre, l'image des deux dragons, et le referma délicatement, avant de regarder Duncan.

- J'aime bien les histoires de dragon. Comme pour la légende où le Dragon vient aider les chevaliers qui se battent contre des monstres et à la fin le plus jeune il a le pouvoir de guérir les blessés tant qu'il leur reste un souffle de vie.

C'était une histoire qu'il avait raconté à Amarylis, quand elle était triste, la première fois qu'il l'avait renconré, la première fois qu'il avait posé le pied dans les environs de ce joli château, plein de magie et de rêves qui n'attendaient que d'être réalisés.


Duncan Cil' Eternit
Duncan Cil' Eternit

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MessageSujet: Re: Des lettres et des images.   Des lettres et des images. Icon_minitimeMar 2 Déc 2014 - 3:52

Au fur et à mesure que Juliet déchiffrait les mots, Duncan lui soufflait les réponses, lorsque le petit prince se frustrait ou butait sur certains phonèmes. Généralement les plus complexes, les diphtongues et triphtongues, ou bien les mots qui dépassaient quatre syllabes. Parfois, Juliet se plaignait quand Duncan l’aidait, parfois il le regardait d’un air suppliant parce qu’il arrivait vraiment pas à déchiffrer.
Le professeur finit par percevoir ces changements d’humeur et à jouer avec, à le faire deviner par lui-même, lorsque le jeune garçon plissait le nez, ou quand sa langue passait sur ses lèvres.
L’histoire en elle-même était très simple, avec de très belles illustrations à l’encre une page sur deux, des enluminures relativement faciles à lire, une des meilleures histoires pour enfant qu’on pouvait trouver. Elle vous apprenait beaucoup de choses, derrière ses dehors simplistes d’un dragon qui voulait devenir chevalier. Elle vous apprenait la tolérance, l’amour inconditionnel entre les parents et leurs enfants. Elle apprenait qu’il fallait voir au délà des apparences, qu’un dragon pouvait en fait cacher un cœur solitaire et empli de compassion. Elle apprenait aux jeunes garçons qu’il n’y avait pas besoin de savoir se battre pour avoir l’honneur d’un chevalier, aux jeunes filles qu’il n’y avait pas besoin d’être une princesse pour trouver l’amour. Elle apprenait toutes ces choses là, discrètement, même si évidemment, Juliet ne pouvait pas le voir.
C’était assurément meilleur que tous ces contes sanglants et sans intérêt, comme Bomon d’Ombreuse, qui n’était qu’une suite de description de batailles machistes et gores, le tout couronné par un machisme et une inégalité sociale hors du commun, donnant aux jeunes enfants un idéal de l’homme parfait absolument impossible à atteindre. Glorification de la violence, de la guerre, du meurtre… Non, jamais il ne ferait lire ça à Juliet.

- C’est une très jolie légende que tu me racontes là, Juliet, je ne crois pas que je la connais. Si je trouve le livre dans laquelle elle se trouve, pourras-tu me la lire ? Tu as fait un excellent travail aujourd’hui, les meilleurs bardes de Gwendalavir n’ont qu’à bien se tenir. Maintenant, n’oublie pas ce que je t’ai dit pour la prochaine fois, et fais très attention aux instruments que je t’ai prêtés.


En regardant le jeune garçon partir,  Duncan poussa un léger soupir. Le temps avait passé très vite, et il devait avouer qu’il avait déjà hâte de retrouver ce petit rayon de soleil, plein d’ambition et de frustrations si enfantines, quand bien même cette entrevue l’avait fatiguée bien plus qu’il n’aurait cru.


*


Juliet revint quelques jours plus tard, et leurs habitudes commencèrent à s’instaurer lentement, au fil des semaines. Juliet commençait par lui montrer ses exercices, ses lignes de lettres, qui devenaient de plus en plus confiantes, et qui finirent par devenir des lignes de syllabes, de mots. Ils commentaient ça ensemble, et parfois Juliet lui montrait aussi ses dessins, avec ses traits et ses idées très enfantines, mais qui étaient créatives et détaillées pour son âge. Ils apprenaient ensemble de nouvelles syllabes,  ils écrivaient ensemble même des phrases entières maintenant, sous la dictée de Duncan, qui les écrivait toujours en premier de la main droite –même s’il était un peu moins agile que de la main gauche- pour que Juliet puisse prendre exemple sur lui.
A la fin de leurs sessions de travail, ils se réfugiaient, chocolat chaud et thé en main, dans les canapés où Duncan avait fait mettre quelques coussins supplémentaires, et Juliet lisait des légendes à voix haute. Parfois, il demandait à ce que ça soit le tour de Duncan, parce que c’était pas juste que ça soit toujours à lui de faire tout le boulot. Dans ces moments-là, il se perchait souvent sur ses genoux pour pouvoir suivre les phrases et les illustrations pendant que le vieil homme, de sa voix chaude et profonde, lui tissait de nouveaux pans d’imagination du bout des lèvres.
Une fois, Juliet s’était endormi en plein milieu d’une des légendes, et le professeur l’avait laissé dormir, une couverture sur les épaules, tandis qu’il rangeait son bureau.

Le professeur discutait aussi avec Amarylis des progrès de leur jeune élève mutuel, souvent avec émotion car Juliet avait ce talent d’extraire chez eux des sentiments familiaux oubliés depuis longtemps. Et il fallait dire, la présence de Juliet dans la vie de Duncan avait eu un impact non négligeable sur sa propre santé à lui.
S’occuper des autres avait toujours été sa manière à lui de s’occuper de lui-même au mieux, après tout.


*


- Aujourd’hui est un grand jour, Juliet.

Les yeux de son jeune élève s’illuminèrent instantanément.

- Aujourd’hui, tu vas apprendre à écrire à la plume.

Et il lui tendit une grande plume de faisan qu’il avait retaillée le matin même, et à laquelle il avait fixée l’embout en métal qui permettait des tracés très nets. Une nouvelle bouteille d’encre trônait sur le bureau et il avait débarassé tout ce qui craignait les tâches, de manière à ce qu’il ne reste que le parchemin vierge sous le nez de Juliet.

- Ecrire à la plume, c’est très différent du crayon. Tu ne peux pas la tenir n’importe comment, regarde, je vais te montrer.
Et il lui démontra, avec trois doigts, comment tenir le bon angle pour que la pointe soit large dans les courbes.
Ce fut un peu difficile, parce que Juliet avait pris la mauvaise habitude de serrer son crayon dans son poing entier pour moins trembler, au lieu de le tenir à trois doigts comme Duncan essayait de lui apprendre, mais ils y parvinrent.

- Maintenant, il faut que tu prennes un peu d’encre sur la plume. Pas trop, sinon tu vas faire des tâches et ça va se répandre partout. Il suffit de râcler la plume sur le bord de l’encrier pour enlever l’excès, comme ça. N’écris pas trop vite, sinon l’encre ne va pas tenir, mais pas trop lentement non plus, sinon ça bavera.

Et comme toujours, il lui fit une démonstration sur son parchemin à lui, en utilisant une calligraphie simplifiée, sans fioritures, et qui différait un peu de son style à lui – plus orné, plus mature. Il valait mieux que Juliet apprenne les bases.

- Tu connais plein de mots maintenant et tu sais comment les écrire. Que dis-tu d’écrire une lettre ? Je suis sûr que ça ferait extrêmement plaisir à Amarylis de recevoir une lettre de ta part, ça serait une très grande surprise pour elle. Tout le monde aime recevoir des lettres. Ne t’inquiète pas si tu fais des tâches, on prendra simplement un autre papier pour recommencer. Et si tu es sage, je te laisserai même utiliser le sceau dans la cire toi-même, comme ça personne pourra lire ce que tu as écrit à part Amarylis.


Juliet
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MessageSujet: Re: Des lettres et des images.   Des lettres et des images. Icon_minitimeMer 3 Déc 2014 - 1:16

Duncan l'avait félicité pour sa lecture et il était parti, tout souriant. Il était déjà passé voir Julia pour lui raconter - et aussi parce qu'elle avait dit qu'elle ferait des gâteaux la prochaine fois qu'il viendrait. Il avait joué un peu avec Aidan, puis était vite rentré à Eoliane en voyant le soleil qui commençait à descendre. Amarylis l'attendait avec des gâteaux - double-ration de gâteaux pour les vainqueurs - et il lui raconta à elle aussi comment s'était passé ce premier cours. Les adultes avaient tous semblé très fiers et ce fut très content qu'il alla dormir cette nuit-là. Réfléchir, ça fatiguait.

*

Juliet était paniqué. Il avait laissé la mallette ouverte chez Julia et Aidan avait cassé quelques crayons. Il s’en voulait de ne pas avoir fait attention, d’autant plus que Duncan lui répétait à chaque fois qu’il devait en prendre soin. Alors ça l’inquiétait, et il décida de laisser la mallette là - fermée pour éviter qu’il n’y ait plus de dégâts - et de prétendre qu’il avait oublié ses devoirs. Duncan n’allait pas être content de savoir ça, c’était sûr ! Il ne pouvait pas laisser la petite valise ici, il devait la prendre, sinon il allait l’oublier. Il prit son courage à deux mains et alla à son cours. Il dirait tout à son professeur. Il avait été négligeant, tout était de sa faute. Mais il ne voulait pas qu’il reprenne sa mallette et ses crayons. C’est les yeux tout embués qu’il frappa à la porte. Cependant, Duncan ne le remarqua pas, et le garçon alla s’installer au bureau, à côté de lui. Alors qu’il allait ouvrir la bouche pour s’excuser, son professeur lui présenta la plume, à renfort de « grand jour ».

Il oublia instantanément les crayons cassés, ses yeux déjà grands encore plus écarquillés. Il. Allait. Utiliser. La. Plume. Duncan la déposa dans ses mains et le garçon la regarda comme si c’était l’objet le plus précieux du monde. Juliet regarda l’embout, un peu suspicieux, mais en même temps plutôt joyeux. Il allait enfin comprendre comment ça fonctionnait, une plume.

Duncan avait pris une autre plume, pour lui expliquer comment il devait la tenir. Et il avait raison : c’était très différent. Et aussi très difficile. Il mit un bon moment pour réussir à la prendre correctement entre ses doigts. Lorsqu’il y parvint, il la relâcha pour être sûr qu’il pouvait le refaire correctement du premier coup. Et comme c’était le cas, il adressa un regard à son professeur pour lui faire comprendre qu’il y arrivait. Puis Duncan lui montra comment il fallait prendre l’encre. Cette fois, il réussit du premier coup : il avait très bien observé la façon dont son professeur l’avait fait. Juliet remarqua que le liquide bleu remontait un peu dans la plume et il comprit que c’était comme une réserve - vite épuisable, mais une réserve quand même. Il lui montra la vitesse à laquelle il fallait écrire, aussi. Juliet commençait à écrire très vite avec ses crayons, maintenant qu’il savait le faire. Duncan lui montra, écrivant pêle-mêle mots simples et prénoms, simplement pour qu‘il comprenne.

Et puis le professeur expliqua le travail d’aujourd’hui. Ecrire une lettre ... Juliet faillit lui demander s’il ne préférait pas qu’il aille chercher ses crayons, puis il se souvint qu’ils étaient cassés. Alors il resta en place, sur son siège, la plume dans la main et le papier blanc devant lui.

- Comment ça s’écrit, déjà, Amarylis ?

Il connaissait des mots, mais s’ils avaient écrit des prénoms pour faire la distinction majuscule / minuscule, il avait totalement oublié comment ce prénom en particulier s’écrivait. Il inversait toujours le y et le i, et avait tendance à doubler des lettres quand il l’écrivait. Il préférait donc s’assurer de l’orthographe. Duncan lui épela les lettres et Juliet les traça, pas trop vite et même assez lentement puisqu’il fit une tache en écrivant le y.

Puis il commença à écrire sa lettre, qui commençait par expliquer que Duncan avait décidé de lui faire écrire cette lettre. Mais il n’arrivait pas très bien à se concentrer, à cause des crayons cassés qui n’arrêtaient pas de lui revenir en mémoire, alors il gigotait sur son siège, mal à l’aise, et faisait des taches parce qu’il ne tenait pas bien sa plume. Juliet ne savait pas trop quoi écrire de toute façon. Il lui racontait toujours tout quand il revenait à Eoliane. Il n’allait pas lui écrire une légende ou un conte dans une lettre. Et il ne pouvait pas la finir maintenant, puisqu’il n’avait rien dit.

- Qu’est-ce qu’on écrit en général dans des lettres ? Est-ce que je peux lui faire un dessin ? Ah n-

Non, non, pas un dessin. Il secoua la tête négativement. Puis il regarda Duncan, rebaissa la tête, un peu honteux, en se tordant les mains.

- J'ai ... mes crayons sont cassés, j'ai pas fait attention, je ... pardon.

Il jeta un oeil à Duncan, inquiet de sa réaction, mais n'osa pas le regarder.


Duncan Cil' Eternit
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MessageSujet: Re: Des lettres et des images.   Des lettres et des images. Icon_minitimeVen 13 Fév 2015 - 23:23

- R, puis y… non pas i, y, celui qui a une petite queue. Et enfin L, I et S, celui qui ondule comme un ssssserpent.

Juliet était un élève doué, parce que Duncan n’avait même pas besoin de lui donner des indices que le jeune élève avait déjà trouvé la réponse tout seul. A vrai dire, il le faisait plus par habitude qu’autre chose maintenant, Juliet répétait en même temps que lui comme une chanson qu’on apprend par cœur.
Pourtant, alors que le jeune garçon avait d’habitude une imagination rampante et toujours une histoire sur le bout des lèvres, il séchait sur sa lettre. Il avait écrit une première phrase d’introduction, et il suçotait le bout de la plume en cherchant ses mots.

Duncan s’apprêtait à lui donner des idées sur quoi écrire : un petit dessin, un poème, quelque chose de bizarre qu’il avait vu à l’Académie aujourd’hui et qu’il lui dirait pas ce soir parce qu’il aurait oublié… mais son élève se comportait encore plus bizarrement. Il gigotait intensément sur son siège à présent et évitait son regard, comme s’il était pris en faute pour quelque chose et qu’il voulait pas qu’on lui crie dessus.
Enfin, d’un filet de voix comme s’il voulait qu’on ne l’entende pas, avouant avoir failli à la tâche que lui avait confié Duncan. Les sourcils du professeur se froncèrent.

Intérieurement, il se crispait. Il mourait d’envie de dire que ce n’était pas grave, qu’il pouvait lui en trouver d’autres, que ça arrive parfois d’être maladroit, il avait envie de passer sa main dans ses cheveux ou de le serrer contre lui pour l’empêcher d’être triste. Mais il ne pouvait pas. Il était devenu responsable d’une partie de l’éducation de l’enfant, et il ne doutait pas qu’Amarylis était déjà indulgente avec lui.
Les dents serrées autant parce qu’il détestait faire ça que pour prendre un air sévère, Duncan considéra Juliet pendant quelques secondes, en le laissant mariner dans ses propres excuses.

- Ce ne sont pas des excuses qui répareront les crayons, Juliet. Tu as reçu la propriété de quelqu’un, et tu avais une seule consigne : y faire attention, et ne rien casser. Au bout d’une semaine… quoi ?


Juliet se recroquevillait à chaque mot sec de Duncan, et ses yeux commençaient à se remplir de larmes. Le vieil homme manqua de craquer, mais il souffla par le nez et se raidit encore plus pour rester en colère.

- Je t’ai fait confiance, et tu repaies ma confiance avec des excuses ? Après avoir essayé de le cacher, au lieu de m’en parler directement comme un homme ?


Le petit garçon était tout tassé sur sa chaise, essayant du mieux qu’il pouvait de retenir les larmes qui menaçaient de couler de ses grands yeux clairs.
Mais c’était le seul moyen. Tous les enfants connaissaient des moments de peine intense, d’injustice, mais cétait le seul moyen pour que Juliet, la prochaine fois qu’il lui confierait des affaires, y fasse attention comme à la prunelle de ses yeux. A trop gater les enfants, on risquait d’en faire des gens égoïstes, inconséquents, peu soigneux des affaires d’autrui, à tout prendre pour leur dû. Il en avait vu suffisamment dans les familles nobles, et ils n’auraient pas de ça à l’Académie.

- Tu me déçois, Juliet.


Ne pas céder. Même lorsqu’il vit les épaules de Juliet se mettre à trembler.

- J’en attendais plus de toi.

Il ne pouvait pas. Il se tut, pour ne pas qu’on entende sa voix se fendre sur des mots dont il ne pensait pas le moindre atome.
Le silence s’installa, lourd et contempteur. Percé seulement par les reniflements discrets de Juliet, qui essayait de les dissimuler du mieux qu’il pouvait. Duncan respirait profondément par le nez pour s’empêcher de parler, ou de craquer, mais…
Juliet n’arrêtait pas. On pouvait entendre sa douleur, sa peine, elle irradait de l’enfant comme son bonheur lorsqu’il passait une bonne journée, comme sa curiosité quand quelque chose l’intéressait, il était un livre ouvert, et Duncan avait toujours été incapable de détourner les yeux d’un livre.

- Juliet…


Il tendit la main, pour la poser sur l’épaule du jeune garçon. Avant même d’avoir pu songer à quoi dire pour rattraper les mots précédents, son élève se tourna vers lui et se réfugia dans ses bras, la tête enfouie contre lui et le torse secoué de sanglots incontrôlables. Duncan fondit comme neige au soleil et entoura le petit garçon de ses bras.

- Shh… Je suis désolé. Ca va aller.


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MessageSujet: Re: Des lettres et des images.   Des lettres et des images. Icon_minitimeLun 16 Fév 2015 - 2:04

Duncan le grondait. Au début, il s'était senti un peu choqué. Puis, quelque chose s'était effondré en lui. Toute la confiance qu'il avait en Duncan, cette certitude qu'il avait eu qu'il le pardonnerait si il avouait tout, tout ça s'était révélé faux. Et il pleurait parce qu'il se montrait dur, et parce qu'il avait trahi sa confiance. Parce qu'il n'avait pas réussi à être soigneux et parce qu'il avait cassé ces fichus crayons. Puis il pleura parce qu'il était un peu en colère. Tout le monde savait qu'on ne pouvait rien lui confier, on lui répétait assez souvent. Alors pourquoi est-ce qu'il lui avait donné ça ? Pourquoi lui confier quelque chose qu'il allait finir par casser à un moment ou un autre ? En plus ce n'était pas vrai, il avait vraiment essayé d'en prendre soin, il n'avait eu qu'un moment d'inattention qui avait suffi à les détruire. Et puis surtout, il avait déçu Duncan. Il l'avait dit. Alors il pleurait. Il essayait de se retenir, d'essuyer les larmes aussitôt qu'elles arrivaient à ses yeux. Mais il n'y parvenait pas.

Et quand Duncan s'accroupit à sa hauteur, qu'il posa la main sur son épaule, Juliet ne put s'empêcher de se jeter dans ses bras, comme il l'aurait fait avec Amarylis. Et il cessa de retenir ses sanglots. Il essayait de dire qu'il était désolé, qu'il s'en voulait beaucoup, mais sa gorge bloquait trop. Duncan s'excusa, mais Juliet secoua la tête en signe de négation. Ce n'était pas à lui de demander pardon. C'était de sa faute à lui, pas à Duncan.

- C'est moi, hoqueta-t-il. Je ... je suis ... désolé, réussit-il à articuler entre deux sanglots.

Il resta un moment à pleurer dans les bras de Duncan, puis finalement, la source se tarit. Il se recula, se cognant au bureau, mais rien ne tomba. Il se réinstalla sur le fauteuil, mais ne toucha pas à la plume. Il ne pleurait plus, mais avait toujours l'air abattu. Il ne regardait même pas le bureau.

- Je sais prendre soin de rien, de toute façon, finit-il par lâcher au bout de quelques secondes de silence pesant. On me le dit tout le temps.

Il tira un mouchoir de sa poche, se moucha et le rangea. C'était l'un des seuls objets qui pouvaient lui rappeler sa grand-mère, sa famille en général. Ça et son épée en bois.

- Y a que deux trucs que j'ai réussi à garder longtemps. Il secoua la tête tristement. C'est nul. J'suis nul.

Il était content d'avoir su prendre soin de ça, mais ça lui paraissait beaucoup trop peu. Peut-être qu'il ne savait qu'abîmer les trucs qu'il touchait. Après tout, son mouchoir commençait à s'effilocher, et son épée était éraflée ici et là ... Il entoura son visage de ses mains, affichant une expression découragée. Il n’aimait pas trop parler de ses échecs, préférant se persuader qu’il était excellent partout, ou au moins à peu près bon. Mais la vie n’était pas un conte de fée, et il avait beau être un chevalier, il avait quand même des failles. Il soupira.

- C’est pas facile quand même. J’aimerais bien ... je sais pas. Ça devrait être facile d’être parfait. T- vous, vous l’êtes, je suis sûr. Comment c’est possible ?

Il le regardait d’un air suspicieux maintenant, certain qu’il détenait un secret. La tristesse avait presque disparu, remplacée par la curiosité et par la conviction qu’il y avait un moyen de détruire ses défauts pour ne garder que des qualités. Ce devait être chouette d’être parfait. Tout le monde devait bien nous aimer, du coup. Comme les Princes dans les contes. Les princesses, elles les aimaient tout de suite. Lui, il pouvait pas. Déjà, il n’était pas si courageux qu’il tentait de le faire croire. Certainement que s’il devait se battre contre un dragon, il reculerait. Ce n’était pas le genre de chose qu’il aurait avoué spontanément, mais c’était vrai. Vraiment, il préférait se persuader qu’il avait les mêmes qualités que ces personnages de fiction qu’il admirait.


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MessageSujet: Re: Des lettres et des images.   Des lettres et des images. Icon_minitimeMar 31 Mar 2015 - 13:49

Ce qu’il détestait être obligé d’être le professeur sévère. Il y était bien obligé, pourtant, dans certaines situations. Un professeur ne pouvait pas être respecté si les élèves abusaient de sa bienveillance, et il fallait juste assez de poigne pour les tenir tranquille et obtenir leur respect. C’était un processus similaire pour les enfants, de son expérience. Il y avait eu moins à faire, mais un professeur à Al-Jeit a suffisamment d’amis pour être le tuteur de certains enfants de nobles.
Et les enfants étaient bidirectionnels, fonctionnaient tout autant à la carotte qu’au baton. Il fallait juste trouver la bonne dose pour chaque. Même si ça devait lui serrer le cœur à chaque fois, en voyant les sanglots de Juliet, en voyant ses petites épaules se secouer. Pour lui, ça devait être un des pires moments de sa vie, et le lendemain lui apporterait sans doute un moment similaire – ce qu’il lui enviait cette innocence, ces tracas simples, la tristesse d’enfant qui passait après cinq minutes.

Il savait que la fierté de Juliet l’obligea à s’écarter, et il ne chercha pas à le retenir, ni à parler. Cet enfant pouvait être vraiment réservé dans certains cas, et parler était le meilleur moyen pour qu’il se referme comme une huitre au lieu d’exprimer sa peine. Néanmoins, Duncan resta à sa hauteur, même un peu plus bas maintenant que Juliet s’était redressé, histoire de lui donner confiance.
Lorsque le petit garçon eut fini de parler, entrecoupé de reniflements et de soupirs, Duncan resta un moment à réfléchir. Ce n’est manifestement pas la première fois qu’il avait été grondé pour sa maladresse, et il n’avait pas l’air d’avoir totalement appris de ses erreurs. Il faudrait le répéter jusqu’à ce que soit il craigne tellement les réprimandes qu’il fasse attention, soit qu’il désire tellement les compliments qu’il fasse attention.

- Si c’était si facile que ça d’être parfait, Juliet, quel serait l’intérêt ? Tout le monde serait parfait, donc personne ne serait parfait. Les buts les plus nobles sont toujours les plus difficiles à atteindre et c’est pour ça que les gens valeureux passent toute leur vie à se battre pour y arriver. Si tu devais arriver à libérer la princesse au bout de trois pages et pas à la fin de l’histoire, ce serait un peu ennuyeux, non ?

Toujours, le professeur. Toujours utiliser chaque instant pour lui apprendre quellque chose de plus, pour le pousser à réfléchir, à s’interroger sur le monde autour de lui, sur ses paroles, à le faire grandir mot après mot. Et puis se concentrer sur un problème aidait toujours Juliet à oublier qu’il était triste ou de mauvaise humeur, et ça se voyait dans ses yeux brillants qui le scrutaient comme s’il possédait un secret qu’il refusait de partager.

- Tu vois une princesse, ou une reine chez moi ? Si j’étais parfait, ce serait le cas, et il n’y a que nous deux. Je vais te dire un secret Juliet, personne n’est parfait. Les adultes savent juste mieux le cacher que les autres. Ca m’arrive aussi de casser des tasses le matin quand je suis fatigué.

Il ébouriffa ses cheveux, et s’assit à nouveau à côté de lui.

- Ceci étant, ça ne veut pas dire que tu as le droit de tout casser sans faire attention. Justement. Il faut être meilleur que les autres. Il faut que tu leur prouves que justement, tu peux prendre soin de tes affaires aussi, il faut que tu les impressionnes. Je sais que tu en es capable, et je sais que tu ne l’as pas fait exprès. Tu as bien réussi à garder les deux choses dont tu me parlais, non ? Raconte-moi comment tu en prends soin, et on trouvera ensemble pourquoi ça marche avec ces deux objets et pas avec les autres,
termina-t-il avec son sourire chaleureux ordinaire. Juliet était encore trop déconcentré pour retourner à leur leçon, et il lui semblait plus important de lui apprendre ce genre de leçons que l’écriture de lettres, pour le moment.


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