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 Someday all this mess will make me laugh [Terminé]

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Amarylis Luinïl
Amarylis Luinïl

Maître rêveur
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MessageSujet: Someday all this mess will make me laugh [Terminé]   Someday all this mess will make me laugh [Terminé] Icon_minitimeVen 24 Aoû 2012 - 17:26

Héol et Gladyss s’envolait déjà pour des terres plus fraiches et encore enneigées. Le couple de chouette était toujours fidèle à Amarylis et venait toujours rendre visite durant l’hiver. Mais le printemps pointait le bout de son nez, tandis qu’Eoliane reprenait une activité qu’elle n’avait jamais vraiment eu. Et avec les premiers beaux jours venaient les naissances.
Oriak n’avait pas menti en promettant à la Directrice d’Eoliane que son nom allait commencer à circuler. En effet son miracle d’enfantement auprès de Marlyn, citée comme « une patiente mourante » pour respecter l’anonymat avait fait le tour des Confréries, et nombre d’entre elle conseillaient aux mères en difficulté un voyage à Eoliane pour leur accouchement. Et de nouveaux rêveurs arrivaient, s’installaient pour recevoir auprès des rêveurs d’Eoliane et d’Amarylis une formation plus complète quant aux naissances.
Et pour couronner ce succès qui donnait enfin une chance à cette petite Confrérie, Amarylis se montrait d’une humeur des plus joviales, entreprenante et dynamique, oubliant toute forme de déprime. Elle ne cessait d’arpenter les couloirs et classes, donnant de nouvelles directives. Ainsi on améliorait les chambres des patients, on investissait dans des matériaux plus avancés, on repeignait les murs fades de couleurs qui donnaient envie de faire la fête…
Outre la nouvelle décoration et l’amélioration de qualité de vie, pour patients et rêveurs, Amarylis donnait elle-même des cours plus poussés, et s’occupait en personne de ses rêveurs. Elle commença à les former à l’accouchement par opération, lorsque, comme pour Marlyn, l’enfant ne pouvait venir naturellement. Césarienne. Tel est le nom qu’avait été donné à cette technique. La jeune femme pensait que cela venait de Caesar, car l’enfant devenait roi, tant sa survie était miraculeuse, de même que la mère devenait reine. Mais à vrai dire elle n’avait pas questionné le Conseil là-dessus.
Elle n’en disait encore rien, mais elle avait bien d’autres projets qu’une spécialisation en natalité. Elle travaillait d’arrache pied avec Gareth, passait des nuits entières à faire des recherches, et lorsqu’elle dormait, ses songes n’étaient que réussite et nouvelle renommée.
Toute la Confrérie bougeait. Toute, sauf deux personnes. Jùn et Elisha.
Jùn, parce qu’il digérait très mal qu’Amarylis se remettre aussi bien, sans lui, et surtout sans lui avoir donné réponse à sa question. Toutefois il se laissait convaincre de l’euphorie du moment par Eliott, gardant son amertume en évitant sa patronne.
Elisha, parce que…Amarylis n’en savait fichtrement rien.

La jeune fille prometteuse se cachait de salles d’études en bibliothèque, en dortoirs depuis l’attaque de l’Académie. La Maitre Rêveuse l’avait vu pour la dernière fois lors du banquet annonçant le passage de cercle et son départ. Trop prise par ses tourments, se sentant coupable d’avoir ainsi abandonnée ses élèves, elle n’avait pas cherché à retrouver Elisha, la laissant fuir à sa guise. Mais ce n’était que gâchis, horrible gâchis.
Aussi, elle retourna Eoliane, posant les bonnes questions pour avoir les bonnes réponses. Et elle sut où la trouver. En soi, elle aurait toujours su où la trouver. Seulement auparavant, se cachait-elle elle-même, alors…
La salle d’étude était vide à cette heure-ci. L’après-midi offrant ses premiers rayons de soleil, les rêveurs étaient aux jardins à prendre soin des plantes médicinales, ou en course dans l’Empire, ou en visite quotidienne à l’infirmerie de l’Académie. C’est pourquoi Elisha s’y trouvait, dans un coin, si discrète qu’on aurait pu passer à ses côtés sans l’apercevoir.

-Je suis ravie de te savoir aussi studieuse.

Elle vit le visage de son élève se relever avec surprise, ne l’ayant sans doute pas entendue arriver.


-La bibliothèque, les salles d’études…Combien de temps comptes-tu encore te cacher ?

Voilà des mois qu’elles ne s’étaient pas retrouvées face à face. L'apprentie rêveuse n'avait plus l'air la même, tout comme la mentor avait les cheveux courts et bien plus sombres, et semblait plus forte, plus femme. Mais Amarylis n’arrivait pas à lire dans le regard de son élève. Elle ne l’avait que trop perdue. Que lui renvoyait-elle à présent ? De la haine, colère, un appel à l’aide ? Mais le temps où la Directrice d’Eoliane ne cessait de s’en vouloir, constamment, et se renfermait dans ses plaintes était terminé. Aussi se contenta-t-elle d’un très léger soupir, se tenant droite devant Elisha.

-La question est de quoi te caches-tu ? Ou de qui ? De moi ?

Elle s’approcha, et lui tendit une main pour la relever.

-Relève-toi Elisha. Tu peux m’en vouloir, mais tu restes mon élève. Et si je relève cette Confrérie, je relève toute la Confrérie.

Elisha Sonjee
Elisha Sonjee

Directrice d'Eoliane
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MessageSujet: Re: Someday all this mess will make me laugh [Terminé]   Someday all this mess will make me laugh [Terminé] Icon_minitimeMer 5 Sep 2012 - 21:49

    Elle ne digérait toujours pas la mort d’Ael. Elle n’arrivait toujours pas à comprendre que cela puisse être vrai. Au fond, elle espérait toujours que ce ne soit qu’un canular cynique. Un ami mort, c’était déjà trop. Et puis, maintenant son petit ange… Elle leva la tête de son livre, se parla à voix haute, signe qu’elle était vraiment troublée. Murmura un psaume, un hymne, une parole.

    - « Depuis la nuit des temps tu détruits le sol et les vents », partout où tu vas, tu sèmes la mort. Mais pourquoi m’as-tu pris ma sœur ?

    C’était comme un hymne, un hymne à ce qui avait dicté sa conduite, ce qui l’avait poussé à faire ces choix plutôt que d’autres. Un hymne à la décision qu’elle allait finir par prendre. Une promesse qu’elle se ferait à soi-même.

    - « Tu ignores les cris des peuples et tu plantes ton drapeau dans le crâne des victimes. » Maladie, maladie, je te hais, et je te contrerais.

    Une promesse qu’elle s’était faite.

    Et elle se replongea dans son livre, persuadée qu’elle était de trouver d’autres rêveurs qui avaient soignés des maladies dites incurables. Elle s’y plongea s’y bien, qu’elle n’entendit pas les pas s’approcher, et que lorsqu’une voix familière brisa le silence, elle fut surprise. Amarylis ? La cherchait-elle ? Elle se tut, laissant la possibilité à la maître rêveuse d’expliquer sa pensée. Ce qu’elle fit, étonnant encore une fois Elisha. Ainsi c’était cela l’impression qu’elle donnait ? Se cacher… De quelque chose, de quelqu’un ? Elle n’y avait jamais vraiment réfléchit. Elle n’y avait même jamais réellement pensé. Et quel était ce regard qu’elle lui lançait ? Ce regard qu’elle ne lui avait jamais vu… Amarylis n’était plus la même. Encore une qui avait changé alors qu’elle-même stagnait.

    De quoi se cachait-elle ? De qui se cachait-elle ? Elle n’en savait fichtrement rien… Ou plutôt si, au fond. Elle ne se l’avouait juste pas. Elle continua à se taire. Comme si elle avait perdu l’usage de la parole. Elle attrapa la main qu’elle lui tendait, mais elle n’était pas satisfaite. A peine le temps de se lever qu’elle la lâcha déjà, cette main secourable. Et les mots sortirent, sans qu’elle ne puisse s’arrêter, sans qu’elle ne puisse réfléchir à leur probable impact.


    - Amarylis est un maitre incompétent, qui ne maitrise pas même les arts subtiles que sont aligner les lettres des prénoms au bon endroit et trouver des idées magnifiques. C’est cela que vous voulez entendre ? Non, ça n’a aucun sens, comme tout ce qui se passe ces derniers jours. Il est pourtant probable que vous ayez pensé cela, à une époque que je devinerais lointaine. Je ne me cache pas Amarylis, je ne vous fuis pas. Ce sont mes peurs que je fuis, mes propres incompétences. Je ne vous en veux pas. Au contraire, je vous admire, car, malgré toutes les épreuves que vous avez traversées, vous réussissez toujours à garder un semblant de tête froide, à croire en vos convictions.

    Un instant, un silence, le temps de reprendre son souffle. Et un torrent de parole tout justes murmurées, nostalgie de l’instant, sortirent de nouveau de sa bouche, de son être.

    - Vous vous rappelez mon premier jour ici ? De quand je taquinais Locktar ? Cela semblait être le début d’une amitié… Et puis il y a eu l’attaque de l’Académie, il y a eu tout ça, qui a fait que tout a changé. Nous avons tous changés. Et Mael est mort… Vous avez changé depuis ce jour Amarylis, vous n’avez plus les mêmes idées, les mêmes convictions… Vous vous battez pour ce en quoi vous tenez. Et en cela, je ne peux vous en vouloir, au contraire. Moi… Je n’ai pas tant changé depuis ce jour… Je n’ai pas… évolué… Je ne m’en rends compte que maintenant. Maintenant que j’ai perdu la personne qui m’est la plus chère en ce monde. Etrange coïncidence non ? Après Mael, c’est Ael qui est morte. J’ai cru à un canular au premier abord… Je…

    Et elle ne put plus retenir ses larmes… Elle ne voulait pas s’arrêter de parler, même si c’était une suite d’idiotie, de paroles sans queue ni tête, elle ne voulait pas pleurer, encore. Elle ne faisait que cela désormais. Pleurer. Parler était le seul moyen de l’en empêcher. Elle n’en fut pas capable. Elle s’agrippa à la maître rêveuse, laissa couler ses larmes, laissa couler ses peurs. Cela aurait pu durer une seconde, une heure, un siècle, tant la jeune rêveuse était incapable de mesurer le temps qui passait, la gravité de l’instant.

    En cela déjà, elle avait changé. Les larmes finirent par s’estomper. Et désormais, elle savait ce qui trottait dans la tête de la rêveuse…


    - Laissez-moi vous aider. Je vous en prie. Mael était mon ami aussi. Je ne veux pas que d’autre comme lui meurent sans qu’on ne puisse rien y faire. Je ne supporte pas cette impression d’inutilité. Nous sommes des rêveurs, il est de notre devoir de chercher des remèdes, même aux maladies dites incurables. Il y a des jours où je me réveille, et j’ai l’impression que Mael est encore vivant, que je vais le croiser dans la bibliothèque ou dans les jardins. Que tout est comme avant, que l’on discutera tous les deux, que je croiserais une Julia souriante dans les couloirs. Vous vous souvenez des gants qu’il portait le lendemain de mon arrivée ? Pour ne pas m’effrayer avec sa main atrophiée. J’en rêve parfois de ces gants, j’aimerais les revoir ses mains. Parfois j’ai l’impression que je vais le croiser au détour d’un couloir, qu’il m’adressera ce sourire un peu triste de ceux qui ont vu trop de souffrance. Je sens encore son odeur planer un peu partout, je sens encore sa présence, comme s’il était toujours là. Mais la réalité finit toujours par reprendre le dessus. Je sais que je ne pourrais pas sauver tout le monde, qu’il y aura toujours des morts, où que j’aille. Mais j’aimerais au moins essayer. Amarylis, vous êtes mon maître et je vous obéirais. Si vous me dites que je ne dois pas vous aider, que je ne dois pas tenter l’impossible, défier les lois des rêveurs, je me plierais à votre volonté. Mais je vous en prie, acceptez mon aide. Nous savons toutes les deux qu’une aide supplémentaire ne sera pas de trop. Et vous me connaissez suffisamment pour savoir que ce ne sont pas des paroles en l’air, que je sais dans quoi je risque de m’embarquer.

    Je vous en prie, acceptez.
    Vous êtes la mieux placée pour savoir l’importance que ça a à mes yeux.


Amarylis Luinïl
Amarylis Luinïl

Maître rêveur
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MessageSujet: Re: Someday all this mess will make me laugh [Terminé]   Someday all this mess will make me laugh [Terminé] Icon_minitimeSam 8 Sep 2012 - 11:05

Il est étonnant parfois comme il suffit de relever une personne à terre pour détruire son mutisme. De voir un être tourmenté et silencieux se mettre soudainement à déverser des flots de paroles à toute vitesse, comme pour cracher le plus vite possible s qui fait mal et espérer que cela suffise à évacuer toute blessure.
Ça ne suffit pas, bien évidemment. Mais ça aide, parfois. Et il suffit d’une bonne oreille pour avoir à ses côtés l’allié qu’il vous faut pour remonter la longue pente que l’on a mis si peu de temps à descendre.

Si personne ne relevait Elisha, la jeune fille creuserait sa propre tombe petit à petit.
Oh, avec une grande volonté, elle pourrait s’en sortir seule, elle en était convaincue.
Mais comment avoir une si grande volonté, une si grande force alors que les morts nous hantent ?
Ensembles, tout devient plus facile, Ewen le disais bien souvent, et Amarylis ne comprenait pas toujours le pourquoi du comment.
D’ordinaire son mentor lui expliquait toujours tout, mais parfois l’idée folle lui prenait de laisser son élève mariner dans l’incompréhension totale. Comme lorsqu’il s’agissait de parler d’amour.
Amour. Amarylis connaissait l’amour porté à son maître, à sa voie, à sa confrérie. Mais pas l’amour avec un grand "A", comme beaucoup de femmes connaissaient.
Y parait que c’était plus ou moins mal vu chez les rêveurs. Pas interdit, mais mal vu. Disait-on que ça les éloignait de leur voie et faussait leur neutralité.

Ah la belle neutralité ! Idée fausse et stupide ! Fini la neutralité pour Amarylis, et bonjour l’implication !
L’implication, oui, dans le secret, dans la recherche, dans la découverte de nouveaux remèdes !
Les expériences ne lui faisaient pas peur, et il suffisait que le Conseil n’en sache rien ! Mais voilà qu’Elisha voulait en être, si jeune, et au début de sa formation.


-Tu pourrais perdre tout droit d’exercer, d’apprendre, tu le sais ? Perdre tes cercles, être rayé du rêve et condamnée à n’être que simple guérisseuse, interdite de tout rêve, tu devras te contenter de jouer sur tes connaissances d’herbologie.

Histoire triste que de finir ainsi alors que tu as la chance de posséder le don, n’est-ce pas ?
Il y a tellement de risques à t’emmener dans mes secrets, que je n’ose te dire oui.
Si quelqu’un venait à l’apprendre, ta vie flancherait comme une béquille mal taillée qui soudainement craque. Retournerais-tu alors au combat comme ton père le souhaitait ?

Mon sort ne serait pas meilleur au tien, mais j’en ai terminé de ma vie, de mon apprentissage.
Enfant. Tu n’es encore qu’une enfant, alors que déjà l’âge me rattrape et me rapproche de la fin.
S’il te plait. Ne me demande pas ça. Tu peux t’en sortir autrement.
Si tu venais à perdre l’honneur d’être rêveuse, je m’en voudrais toute ma vie. Et j’en ai assez que la culpabilité ronge mes songes.

Whisky. Je n’en ai jamais bu. Sais-tu combien cette boisson d’homme me tente depuis tous ces évènements. Tu n’es pas la seule à souffrir.
Il ne reviendra pas, Elisha. Male ne reviendra pas, et crois-moi, cela m’est insupportable aussi.
La mort n’est douloureuse que pour ceux qui restent. Mais nous pouvons survivre, à notre manière. Comment font les autres, à ton avis ?
Lisha, ma petite Lisha, je t’aime trop pour te refuser ta demande, mais j’aimerais tant que tu réfléchisses à une autre solution pour vaincre tes cauchemars.

Moi-même je n’avais pas trouvé seule telle solution. Il m’a fallu un prince et un puma pour m’ouvrir les yeux et cesser de pleurer mon sort.
Ai-je raison de partir dans la direction inverse que les autres rêveurs ? Nous le saurons bien plus tard, trop tard, peut-être.
Kidnapper la vie des autres, voilà ce que nous allons faire. Le veux-tu vraiment ?
En ressortiras-tu vraiment plus forte ? Il y a tellement d’autres moyens, s’il te plait.

Ma raison me pousse à te refuser cette implication.
Et à t’éloigner de tout ceci, de t’envoyer ailleurs, peut-être Ondiane ?

La haine que tu me porterais alors m’empêcherait de terminer mon travail.
Alors je ne peux te dire non, et je payerai de cette faiblesse toute ma vie.
Utiliser ton don pour servir le mien sera appelé complicité devant le Conseil, sache-le bien.
Gagneras-tu vraiment à faire pareil acte ?
Hais-moi si tu veux, mais écoute –moi tout d’abord, et prends conscience de ce que tu me demandes.


-Comment crois-tu que nous réagissions tous, ici ? Penses-tu réellement que nous relevons Eoliane sans aucune peine dans nos cœurs ? On se bat tous contre nos cauchemars, à notre manière. Aper sonne la grande cloche tous les soirs de fin de semaine en l’honneur des morts, July étend la bannière d’Eoliane chaque matin pour montrer à tous que nous sommes là, en cas de besoin. Et là ce ne sont que douces compensations. D’autres perdent les pédales. Myr a rit l’autre incapable des cuisines lorsqu’il a raté son gâteau. C’est méchant. Mais elle compense comme elle peut son mal. Nalev mit l’chat de Jùl dans l’eau de la fontaine. Et Jùl y alla de plein gré l’y chercher. Ce qui déclencha bagarre, bien évidemment. Nyna est partit à Galclega, une confrérie éloignée d’ici. Mais les astres à Galclega ne sont pas moins sombres qu’à Eoliane. Fyrine…Elle erra durant deux semaines chaque nuit dans les jardins, ne trouvant plus sommeil. Et Maël…

Sa voix se brisa un instant. Tant de personnes perdues, en colère, qui faisaient n’importe quoi avant qu’elle ne se ressaisisse et ne les guide.

-Maël..qui lia n-nos lin-liens pardon…bien mieux que tout autre p-personne…n’aurait pas voulu cela.

Elle n’avait encore jamais parlé de la mort de Maël, et les mots restaient coincés dans sa gorge. Mais elle devait être forte, pour Elisha.


-Tu n’as pas à m’admirer. Je ne suis pas plus forte que vous. J’ai sombré aussi, mais qu’aurais-je pu faire d’autre que réagir et vous relever comme je le pouvais de mes frêles épaules ? Hurler qu’à partir de maintenant c’est décidé, j’me fais punk et je vis dans une poubelle rebelle ? Non. J’ai encore des responsabilités envers vous. Et c’est cette responsabilité qui me pousserait à te refuser ta demande. Tu ne devrais pas même être au courant de ce que je prépare.

Elle passa avec douceur sa main sur la joue encore humide de son élève.

-Si c’est vraiment ce que tu souhaites, alors je t’autorise à prendre part de tout cela. Mais je t’en supplie, réfléchis bien.

Elle planta ses yeux gris dans les siens. D’une main elle dégagea ses cheveux derrière son oreille droite, dévoilant la marque rouge sur sa tempe, reste de la bataille. Elle était parti à Ondiane avec comme second but d’en savoir plus sur cette marque. Les évènements l’en empêchèrent. Et d’un côté tant mieux. Ce sera ce qui lui rappellera à chaque instant pourquoi elle fait tout cela. Puis elle se baissa contre son élève, l’implorant du regard.

-Et les chats, songes-y, retombent toujours sur leurs pattes.




[Bim badaboum bam I love you ]

Elisha Sonjee
Elisha Sonjee

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MessageSujet: Re: Someday all this mess will make me laugh [Terminé]   Someday all this mess will make me laugh [Terminé] Icon_minitimeMer 26 Sep 2012 - 2:13

    Elle avait parlé sans trop réfléchir parce qu'elle avait besoin de parler. D'exprimer ses pensées. De dire son ressenti. De ne pas trop pleurer. Ah ça oui, surtout ça. Ne pas trop pleurer. Elle avait l'impression d'avoir les yeux brillants, humides de larmes et les joues si salées qu'elles s'en craquelaient à longueur de journée. Elle avait l'impression qu'elle pleurait tant qu'elle pourrait créer un océan rien qu'avec ces peines. Alors elle avait parlé. Pour s'empêcher de trop pleurer. Pour s'empêcher de pleurer encore. Et ça n'avait pas marché. Elle avait pleuré, exprimant ses craintes. Se confiant pour une fois. Cessant de fuir la dure réalité de la vie durant un court instant. Elle avait parlé, exprimé, avoué ce qu'elle pensait. Et tout cela dans un charabia incompréhensible tant elle n'en pouvait plus, tant elle était fatiguée, crevée, malade de tout cela. Elle avait parlé. Enfin. Dans un torrent de mots, l'une des idées folles qu'elle avait eu était sortie.

    L'autre était encore là, dans ses pensées, dans son cœur, dans ses peurs et ses pleurs. Dans ses peurs surtout.

    Elle avait parlé, mais elle n'avait pas tout dit. Elle avait beau avoir parlé sans s'arrêter, lançant une tirade sans queue ni tête, avouant ses craintes les plus secrètes. Elle n'avait pas tout dit. On ne disait jamais tout. Elle n'avait pas eu le temps. Elle n'avait pas osé. Elle avait eu trop peur. Pour cette demande, cette requête dont elle éprouvait le besoin de faire, elle n'avait pas osé. Craignant la réaction de cette femme à qui elle tenait tant. Sa première requête était suffisamment affreuse, suffisamment dur pour elle pour qu'elle en rajoute encore et déjà non ? Là, tout de suite, dans la foulée. Dans sa tirade incompréhensible de petite fille apeurée ? Mais elle devrait le dire, le demander un jour. Ou elle devrait frauder. Et elle ne voulait pas de cela. Elle souhaitait vraiment être honnête. En essayant au maximum de ne faire de peine à personne.

    Mais il n'y avait jamais de bon moment. On ne pouvait jamais prévoir la réaction de l'autre. Tout au plus l'imaginer. Cette première réaction elle s'en doutait. Un peu. Cela semblait logique. Ressemblait un tant soit peu à la femme qu'elle connaissait. Qu'elle croyait connaître ? Pour la seconde, elle attendit avant de la provoquer. Elle avait encore le temps, même si elle ignorait avec exactitude le temps qui lui restait, ayant goûté récemment, à l’idée, la notion un jour abstraite, de perdre un être cher, jeune, sans s’en douter, sans le deviner malade, sans s’y préparer. Alors que l’on croit que, comme nous, il a toute la vie devant lui. Et puis il est mort. Et ça remet tout en cause. Vous imaginez ça, fois deux ? Un ami et sa sœur. Affreux.

    Ne pas se replonger dans ses larmes. Ecouter.

    Amarylis lui annonça des banalités logique, auxquelles elle avait déjà réfléchi, et jamais encore trouvé de réponse. Sortant de sa bouche, de ses mots, de sa voix, le ton en devenait différent, l’importance changée. La réponse encore incertaine. Et elle continua à parler. La jeune rouquine n’avait plus qu’à écouter, se retenir de pleurer. Torrent de larmes, torrent de mots ? Que choisir ? Ni l’un ni l’autre si possible. Ça lui avait semblé tellement difficile. Elle n’avait finalement qu’à écouter la douce voix de la Maître Rêveuse. Qu’à se laisser bercer par ces vérités et ses pensées. Tout en songeant, finalement, à son choix définitif, à ce vers quoi ça l’emmenait. Ce qu’elle envisageait. Avant d’agir, elle devait pouvoir imaginer presque chacun de ses gestes, par sécurité. Pour se rassurer. Et stresser.

    Mael n’aurait pas voulu cela. Bim. On y était. Qu’aurait voulu Mael ? Qu’en savait-elle la petite Elisha ? Le mieux pour elle sûrement. Le mieux pour tous. Et puis Julia… Non, ne pas retomber dans ses pensées morbides. Se calmer. Se forcer à ne pas flancher, pleurer. Se relever.

    Un contact, un seul. Et elle décida de parler. Maintenant. Attendant juste qu’elle finisse.

    Les chats retombent toujours sur leurs pattes. Elle y songeait.

    Elle s’exprima. Tenta.


    - Je…

    Renonça. Un court instant. Retenta.

    - Je crois que je suis perdue…

    Ne pas flancher. Ne pas avoir la voix qui tremble. Parler. Réussir à parler.

    - Avec tous ces évènements dernièrement… Je me demande si j’ai vraiment fait tous les choix que j’ai fait jusqu’ici pour moi. La… La m-mort de Mael…

    Loupé.

    - La m-mo-mort d’A-d’Ael…

    Encore pire.

    - Ca, ça remet tout en question. Ca… Je ne saurais trop expliquer.

    En voie de guérison.

    - Je voudrais…

    Une demande. Juste une demande à faire. Une question. Simple. Idiote. Complexe. Etrange. Inhabituelle.

    - C’est une idée folle… J’aimerais, juste une fois… Assister à l’un des cours de Locktar.

    « L’un des cours de Locktar », ça adoucissait peut-être un peu le choc.

    - Pour être sûre de mon choix. Me conforter dans ma décision. J’ai l’impression que si je ne le fais pas… Je ne serais pas complète. Je serais pleine de regrets.

    Une demande qui n’était même pas posée sous forme interrogative. Qu’importe. Elle avait parlé. Restait plus qu’à juger.

    Je t’en prie.


Amarylis Luinïl
Amarylis Luinïl

Maître rêveur
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MessageSujet: Re: Someday all this mess will make me laugh [Terminé]   Someday all this mess will make me laugh [Terminé] Icon_minitimeSam 13 Oct 2012 - 13:46

L’information mit un temps considérable à se former dans l’esprit d’Amarylis. Elle devait se tromper, pour sûr. Elisha devait lui demander tout autre chose, encore faudrait-il qu’elle demande vraiment. Impossible. Mot qu’elle brisait pourtant ces derniers jours, mais qui demeurait encore sensé pour une telle requête.
Nous sommes des rêveurs. Nous avons prêté serment. Comment peux-tu rompre celui-ci ?

Elle restait interdite devant son élève, bouche bée. Que faire ? Respecter le Code des Rêveurs ? Cela reviendrait à bannir Elisha de toute confrérie, et lui bloquer son don. La plus horrible des punitions possibles. Le don du rêve ne s’enlève pas. Un don est un don. Mais le Conseil a le pouvoir et le devoir en de tels cas d’immiscer une barrière dans l’esprit du rêveur afin qu’il n’accède plus à ses totales facultés de rêve. Elle garderait un certain don, mais infime, et n’aurait pas même le droit de s’en servir.
Elle ne pouvait pas se résoudre à trainer Elisha devant le Conseil. Ne prenait-elle donc pas conscience de la conséquence de ses paroles ? Etait-elle devenue réellement folle ?

La Maitre rêveuse déglutit, ne trouvant pas encore comment réagir. Elle avait mal au ventre, trop mal pour continuer à rester ainsi. Et la colère grandissait de voir cette trahison, cette envie d’aller voir ailleurs chez son élève. Colère contre elle-même également. Etait-elle arrivée trop tard pour sauver son élève ?
Non.
Il y d’autres moyens de se battre. J’ai trouvé comment me battre sans bafouer le Rêve.
Pour autant ma façon à moi n’est pas plus légale que la tienne vis-à-vis du Code des Rêveurs.
Nous avons prêté serment. Et si aux yeux du Conseil je déroge à celui-ci, aux miens je ne fais que permettre l’avancée médicale.
Mais toi. Toi, que fais-tu en choisissant ce combat ? Tu n’avances rien du tout sinon la haine et le nombre de blessés que nous recevrons. Tu mets en disgrâce tout un ordre, et je ne l’accepterais pas.


-Tu aimerais QUOI ?!

Le déclic était fait. Je ne respecte pas ton choix. Je ne comprends pas.
Tu as refusé ce à quoi te poussait ton père toutes ses années. Et voilà qu’à présent tu te laisse couler à ses désirs ? Ma pauvre enfant, tu cours droit à ta perte.
Et tu me rends responsable.

-Es-tu réellement idiote ou veux-tu simplement détruire le dernier espoir qu’il reste à cette Confrérie ?!

La douce voix de la rêveuse venait de prendre la fuite. Elle avait déjà commencé à faire ses bagages avec les nouvelles résolutions qui impliquaient un ton plus déterminé. Mais elle avait pris demeure pas trop loin, histoire de mettre toujours en confiance les patients. Mais là. Là elle avait pris très très peur et courrait se cacher sous le cœur trahi de sa maîtresse.

-Elisha réveille-toi, par la Dame ! D’abord tu me demandes de prendre le risque de m’assister durant mes essais médicaux, et maintenant…Te rends-tu seulement compte des conséquences que peuvent engendrer tes actes ?

Amarylis venait de perdre tout calme. Elle ne pourrait jamais bannir Elisha. Jamais. Et pourtant. Si la moindre personne, connaissant un tant soit peu le Code Rêveur, voyait Elisha participer à un cours de combat et que cela revenait aux oreilles d’autres rêveurs, et du Conseil, c’est elle, Amarylis, qui serait responsable. En tant que maître d’Elisha, elle serait entièrement responsable de n’avoir pas agi, et pourrait elle aussi perdre beaucoup. Son septième cercle, par exemple. Voire plus. Ce qui détruirait sa seule chance de découvrir les remèdes de demain.
Elle prit donc entre ses mains les épaules de la rouquine avec force.

-Tu as prêté serment, Elisha. Tu as juré par la Dame et le Dragon que jamais tu ne trahirais la voie pour celle de la violence. Et que jamais ton don tu n’utiliserais à d’autres fins que celui de soigner, mission de tout rêveur.

Elle tenta de respirer, de se calmer, mais elle n’y parvint pas.

-Pour trahison au Code Rêveur, pour trahison à la voie, pour trahison à…ton maitre…je devrais de suite t’amener au Conseil afin qu’ils te bloquent ton don et te bannissent de toutes Confréries !

Elle l’a lâcha, consciente que la pression était trop forte. Paniquée et désespérée elle passa ses mains dans sa chevelure désormais si courte et si sombre.


-Vas, si vraiment tu le crois nécessaire. Mais sache que je ne cautionne pas. Et je ne prendrais pas le risque de perdre ce pourquoi je me bats en te protégeant. Je suis responsable de toi Elisha. Responsable. Alors, vas-y. Une fois. Et si tu as ne serais-ce que le doute d’aimer cela, ne revient pas. Car alors je devrais te retirer toute possibilité de soigner à nouveau. Et je refuse d’avoir cette nouvelle culpabilité sur la conscience.

Non, je ne t’amènerais pas au conseil. Mais je les préviendrais. Car ce n’est pas à moi de tout perdre. C’est toi qui prends ce risque. Uniquement toi.


-Et ne sois pas dupe. Le Conseil te trouvera. Et te puniras. Car c’est ton risque. Ta responsabilité sur ce coup-là. Je ne porterais pas le chapeau de ton expérience, tout comme tu ne devrais pas porter celui de la mienne.

Elle lui lança un dernier regard, sans sévérité réelle, mais avec une lueur bien pire : la déception.


-A toi de choisir quel combat tu veux entreprendre. Mais ne compte pas sur moi pour t’aider, te comprendre et te respecter si tu choisis celui de Locktar.

S’il te plait, ne détruis pas l’espoir. C’est tout ce qu’il me reste.

Elisha Sonjee
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MessageSujet: Re: Someday all this mess will make me laugh [Terminé]   Someday all this mess will make me laugh [Terminé] Icon_minitimeSam 13 Oct 2012 - 19:13

    Elle aurait peut-être mieux fait de se taire. Elle aurait sûrement mieux fait de se taire.
    Idiote. Quelle idiote.
    Elle aurait dû se taire.
    Maintenant qu’elle avait parlé. Amarylis devenait responsable de ses actes.
    Elle aurait du y penser.
    Idiote. Quelle idiote.
    Maintenant qu’elle avait tout avoué, son champ d’action se restreignait.
    Idiote. Quelle idiote.
    Elle flancha. Se reprit.
    Ça ne dura qu’un quart de seconde.
    Imperceptible.
    Ne pas laisser les spasmes reprendre le dessus.
    Idiote. Quelle idiote.
    Elle ne devait pas laisser ses faiblesses reprendre le dessus.
    Elle se devait d’être forte.

    Amarylis mit un certain temps à assimiler l’information. A comprendre la véritable signification de ce que la jeune rouquine avait dit. A comprendre vraiment ce qui s’ensuivait de tout cela. Ce que ça voulait vraiment dire. Et puis la réaction vint. Prévisible. Logique. Contraire à celle espérée.


    Tu aimerais QUOI ?!

    Oui. Tu as bien compris. Pardonne-moi au moins.
    Idiote, oui je suis une idiote.
    Oui je me rends compte. Je ne suis pas si bête que tu le croies.
    Et ce n’est pas la voie de la violence que je veux prendre.
    Mais bien celle de la fuite.
    Et tu me fais mal là. Là c’est toi qui prend la voie de la violence. C’est toi qui me crie dessus. C’est toi qui broie mes épaules en ce moment précis.
    Moi je suis juste là, à répondre à tes questions. A être honnête avec toi. Est-ce donc cela que tu me reproches ?
    L’honnêteté ?
    Tu le savais très bien quand tu as accepté de me prendre comme apprentie.
    Admets-le. Tu es juste effrayée de voir que tu ne peux pas tout contrôler.

    Le dégoût reprenait contrôle de son corps. Comme lorsqu’Elio lui avait sauté dessus. Elle devenait une autre. Etrangère à la Elisha Sonjee que tout le monde connaissait. Elle partait dans un monde à part. Un monde où la gentillesse et la compassion n’existait plus. Un monde où le caractère de la jeune rêveuse était fondamentalement opposé au caractère qu’elle avait à son arrivée à la Confrérie. Plus rien ne pouvait la sauver maintenant. Plus rien ne pouvait changer tout cela. Elle était devenue une autre. Elle n’était plus Elisha Sonjee, la jeune rouquine, la jeune rêveuse. Toute illusion était perdue. Foutue. Trop tard. Définitivement trop tard. Il aurait fallu arriver bien plus tôt pour cela. Il aurait fallu qu’elle vienne la chercher tellement plus tôt. Son absence était fatale.

    C’est trop tard. Tu le sais très bien. Mais tu refuses de l’admettre.
    Je ne veux plus être ton objet. A obéir au moindre de tes désirs.
    Tu me dois au moins ça.
    Toi qui es partie sans prévenir personne.
    Et tu penses que tu peux revenir comme ça, relever la Confrérie, comme si de rien était ?
    Mais tu rêves ma petite Ama.
    Tu ne le cautionnes pas. Très bien. Je voulais juste que tu le sâches tu sais.
    Et si je dois me retrouver devant le Conseil, j’en prendrais l’entière responsabilité.
    C’est trop tard.
    Beaucoup trop tard.

    Ne reviens pas.

    Le mot était lancé. Dur. L’atteignant comme une flèche en plein cœur. Sauf qu’elle n’en avait plus de cœur. Ca atteignait le cœur de l’ancienne Elisha Sonjee. Et ce n’était plus le sien. La nouvelle était vide de tout sentiment bénéfique. Si au moins ça pouvait l’empêcher de souffrir. Elle n’avait plus qu’à apprendre à faire semblant d’être toujours la même. A s’en convaincre elle-même. A agir comme d’habitude. Mais, là, décidément, elle n’en avait pas la moindre envie. Le dégoût prenait possession de son corps. De son esprit. Trop tard. Toujours trop tard. Personne n’arrivait jamais à l’heure pour la sauver. Elle devrait apprendre un jour à se sauver elle-même plutôt que de se précipiter pieds joins.

    Ne compte pas sur moi pour t’aider.

    C’était juste ce qu’il lui fallait. Avec un visage dénudé de toute expression, elle parla. Calmement. Normalement. Sans intonation particulière. Comme si aucun sentiment ne transperçait ses pensées. Ce qui était à peu près le cas.

    - Je ne t’ai pas demandé de m’aider. Je sais ce que je risque et j’en prends l’entière responsabilité.

    Je te demande juste de ne pas me retenir.
    Et de ne pas vivre dans tes illusions.
    L’espoir est mort. Depuis bien longtemps.

    - Si tu préfères, tu peux te dire que je participerais à l’un des cours de Locktar en temps que rêveuse. Pour agir rapidement s’il y avait le moindre problème. Pour pouvoir soigner les blessés sans le temps d’attente dû au déplacement jusqu’à l’infirmerie. Tu pourras dire ça au Conseil si tu veux.

    Elle l’avait presque crachée cette phrase.

    C’est trop tard. J’ai déjà perdu toute humanité. Et tu n’y peux rien ma chère Amarylis.



Amarylis Luinïl
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MessageSujet: Re: Someday all this mess will make me laugh [Terminé]   Someday all this mess will make me laugh [Terminé] Icon_minitimeDim 14 Oct 2012 - 17:12

Amarylis n’aimait pas les yeux d’Elisha à cet instant. Ils étaient bien trop gris. Empreints de desseins funestes qui lui faisaient peur. Son élève lui échappait, elle était arrivée bien trop tard. Et elle se refusait à cela. C’était comme découvrir un mourant à terre et avoir beau pressé la blessure de ses mains pour empêcher l’hémorragie, mais le voir se vider de son sang et mourir sous nos yeux. Sans avoir pu rien faire d’autre que de voir ses pupilles supplier avant de convulser.
Elle avait perdu. Elisha partait.

Tu penses pouvoir partir ? Tu penses être assez mature pour prendre tes responsabilités ? Crois-tu donc que nous vous donnons des cercles pour décorer ? Tu n’es pas maître pour une raison. Tu n’es pas maître car pas prête, car enfant, et élève. Pars, si vraiment tu le souhaites. Mais alors qui te relèveras lorsque tu tomberas pour la première fois au combat ?
Tu pleures l’horreur de la vie enlevée à tes proches. La voie vers laquelle tu t’orientes ne sera pas plus belle, bien au contraire. Tu verras bien pire, et tu regretteras tes horreurs passées qui ne sont en fait que simples bobos de pacotille.
Ou es-tu simplement suicidaire ?

Non Elisha. Non ce n’est pas moi qui ramasserais ton corps. Je le refuse.

Si tu préfères.
Si tu veux.
Dis ça.

Des petits mots de rien du tout, d’apparence, mais qui blessèrent Amarylis tant ils transpiraient de mépris et de haine. Elisha changeait. Et pas dans le sens des rêveurs. Elle se contrefichait complètement de son sort et de celui de son maître. Elle trahissait la voie en tout point. Elle aurait pu la poignarder à l’instant que le résultat en aurait été de même.

-Si tu veux ? Si t….

La consternation lui coupait tout souffle. Comment pouvait-elle lui faire cela, elle qui deux minutes auparavant lui demandait de l’assister ? Comment pouvait-elle la trahir après tout ce temps ? Elle n’en avait pas le droit. Ah ça non ! C’était…C’était…

-Dégage.

Ce mot n’allait d’ordinaire pas du tout dans la bouche d’Amarylis. Sauf qu’Elisha n’était pas la seule à changer. Et qu’à présent le dégoût remplaçait la colère. Elle ne voulait plus voir ces yeux inhumains qui ne cherchaient que la perte la plus proche. Ton désintéressement est au-delà de la trahison.

-Dégage. Je ne veux plus te voir. Voilà ce que je veux.

Tu mériterais une paire de claque pour ton insolence et ta connerie. Mais je n’abimerais pas ma main de rêveuse pour une rêveuse ratée. Ça non. Alors va-t-en, je ne veux plus te voir. Et ne reviens pas, pas si tu n’es pas sûre de toi.

-J’espère seulement que tu regretteras bien vite tes paroles et tes décisions.

La suite ne fit qu’un crachas.

-Parce que tu fais honte à Mael. Tu salis sa mémoire tout comme tu salis notre Confrérie.

On peut être deux à faire du mal à l’autre. Sauf que de mon côté ça n’en est pas l’intention. C’est juste la dernière arme que je possède pour te ramener.

J'ai perdu Mael.
J'ai perdu tant de rêveurs.
Et combien m'échappent encore.
Je me bats pour nous tous, je porte sur mes épaules l'entière responsabilité de tous les évènements.
Et toi tu abandonnes ?
Tu nous lâche tous pour quoi ? Pour la facilité du combat ?
Mais regarde-toi Elisha. Regarde toi !
Tu déçois énormément de personne, mais celle que tu décevras le plus ne sera personne d'autre que toi-même !



[C'pas vraiment un beau post, mais Ama est trop en colère pour autre chose :/]

Elisha Sonjee
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MessageSujet: Re: Someday all this mess will make me laugh [Terminé]   Someday all this mess will make me laugh [Terminé] Icon_minitimeLun 15 Oct 2012 - 17:00

    Il fallait qu'elle repousse cette présence en elle, ce dégoût de sa propre personne. Cette chose affreuse qui prenait possession de son corps aux pires moments. La première fois que c'était arrivé, personne d'autre que la petite rouquine ne s'en était aperçu. La première fois seulement... La seconde fois, elle avait réussi à l'éviter. Parce que c'était Eliott. Et qu'Eliott... Bah c'est Eliott. Il est toujours là, et même s'il la prend par les épaules pour la secouer, il ne peut jamais vraiment lui inspirer dégoût. Et puis, c'était plus d'elle-même qu'elle était dégoûtée tout compte fait. Parce qu'elle n'arrivait pas à supporter la mort de son petit ange.

    Mais elle n'aurait jamais voulu que ça arrive là, maintenant. Pas devant elle. Pas devant Amarylis. Parce que c'était bien l'une des dernières personnes qui lui restait au monde, cette chère Amarylis. Parce que, maintenant que sa mère l'avait officiellement abandonnée, elle était un peu comme une mère de substitution. Pas dit qu'elle aurait eu une vie meilleure si elle était née Linuïl. Mais qu'importe, elle n'avait rien pu faire. Elle n'avait pas supporté ce contact. Elle n'avait pas supporté ces paroles. Ces belles résolutions avaient volés en éclat devant ce goût affreux qui lui montait dans la bouche.

    Et puis c'était trop tard pour tout.

    Il ne fallait pas qu'elle craque. Pas encore. Déjà qu'elle avait pleuré devant un parfait inconnu l'autre fois. Alors qu'elle ne savait même pas encore que son petit ange était mort. Et puis qu'elle avait pleuré devant un autre. Juste après l'avoir appris. Alors qu'elle n'avait même pas osé pleurer devant Eliott. Qui n'aurait pas su quoi faire sûrement. Mais qui aurait été là au moins. Ça aurait déjà été plus logique. Là, il ne fallait pas qu'elle craque, ni dans un sens, ni dans l'autre. Ne pas pleurer, et cesser de laisser place à cette horrible autre elle.

    Parce que, si elle pleurait, elle perdait toute crédibilité. Et vu comment avait réagi Amarylis, ce n'était pas dit qu'elle accepte de lui pardonner comme ça. Ça aurait été trop facile. Et puis, elle voulait toujours y assister à son cours à Locktar, même qu'elle lui avait déjà demandé si elle pouvait venir quand elle l'avait croisé dans les couloirs la dernière fois qu'elle était allée s'occuper de l'infirmerie, et qu'il lui avait dit oui. Et puis, si elle laissait place à cette horrible autre elle, encore une fois, ce serait juste affreux. Sanglant. Et elle ne voulait pas de ça. Elle devait apprendre à rester impassible. A ne pas se laisser atteindre aussi facilement. Ou sinon on ne la verrait plus jamais, notre chère Elisha.


    Dégage.

    Non, ne parle pas d'un air dégoûté, je t'en prie. Dis-moi ce que tu veux, ce que tu penses, mais n'utilises pas cette voix que je ne te connaissais pas. Elle fait surgir en moi une part de moi que je préférerais n'avoir jamais connu.

    Dégage. Je ne veux plus te voir. Voilà ce que je veux.

    Retenir ce tressaillement incontrôlable qui s'emparait d'elle. Elle réussit. Tout juste. Et puis la maître rêveuse était de toute manière bien trop en colère pour remarquer quoi que ce soit.

    Il y a quelque chose en moi qui est devenu dingue. Inhumain. Et je n'y comprends rien.

    Tu fais honte à Mael.

    C'était le mot de trop. Elle cessa de se battre. Fuit. A force de trop retenir ces larmes, elle n'en devenait que plus fragile, plus atteignable. C'était foutu. Juste une pensée pour s'achever.

    Je fais honte à Eliott aussi.

    Et c'était définitivement mort. Elisha se baissa, attrapa son sac, ne pipa mot, et s'en alla.

    Parce que sinon, ça aurait juste été affreux. Parce que c'était sans doute mieux comme ça pour le moment. Et que le lendemain, de toute façon, elle assisterait à ce cours. Quoi qu'il arrive. Sauf si son petit ange ressuscitait. Et puis Mael aussi. Mais ça, c'était pas possible.
    __________

    Même qu'avant, son cœur il faisait boum boum. Et parfois, c'était comme s'il faisait boum boum, sans vraiment faire boum boum. Elle y avait assisté à ce cours. Et la seule fois où elle avait vraiment eu l'impression d'être elle-même, de ne pas devenir une autre qu'elle n'aimait pas du tout, mais alors vraiment pas du tout, c'est quand elle avait déroulé son rêve sur la jeune femme qui s'était blessée, et quand elle avait rejoint Eliott à l'infirmerie pour lui donner un coup de main. Au moins, ça l'avait vraiment conforté dans sa décision ce cours. Sûrement qu'elle ne remercierait jamais assez son ami d'avoir accepté qu'elle y assiste. Elle était enfin sûre de qui elle était. Restait plus qu'à ce que l'autre elle le sache. Définitivement.

    Et qu'Amarylis l'accepte, après ce qu'elle avait fait.

    Elle avait honte, vraiment. Mais assister à ce cours était vraiment nécessaire pour elle. Et puis elle commençait à avoir une sorte d'orgueil néfaste qui grandissait en elle. Et cette honte qui ne cessait de s'emparer de sa personne. C'était toujours mieux que le dégoût. Alors elle n'avait pas osé aller parler à Amarylis en revenant de l'infirmerie. Elle s'était cachée, vraiment cette fois. Parce qu'elle avait trop honte. Parce qu'elle ne pouvait pas se reposer sur Eliott pour la sauver cette fois-ci. Que ce serait à elle d'aller lui parler. La supplier de la reprendre. Après ce qu'elle avait fait.

    Ses pas la menèrent vers le lieu de la dispute, si l'on pouvait appeler ça une dispute. Parce qu'elle avait eu la bonne idée d'y oublier son calepin. Oubli sûrement du à la précipitation de son départ. Elle ne pensait pas tomber sur Amarylis, pas maintenant, pas comme ça. Pas avant qu'elle n'ait préparé un semblant de discours. Mais le hasard fit qu'elle se retrouva nez à nez avec la maître rêveuse, ne sachant pas quoi dire.

    - A... Amarylis ?

    Les yeux verts de la rouquine brillaient un peu plus que d'habitude, comme déjà humides de larmes qui n'avaient pas encore coulées.


Amarylis Luinïl
Amarylis Luinïl

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MessageSujet: Re: Someday all this mess will make me laugh [Terminé]   Someday all this mess will make me laugh [Terminé] Icon_minitimeLun 22 Oct 2012 - 13:52

Imbécile.
Voilà l’unique mot qui venait en tête d’Amarylis ces dernières heures.
Imbécile.
Après avoir viré Elisha de sa Confrérie elle avait croisé Eliott, apparemment inquiet de la santé morale de la rousse.

-Ah Amarylis vous voilà ! Je…je…je me disais que..ben..Elisha va pas très fort…et…p’tètre qu’on pourrait lui organiser un p’tite fête ou…mais…dites pourquoi elle est partie si vite ? Y a une urgence à l’Académie ? Fau-faudrait p’tète pas qu’elle y aille seule, j’crois qu’y a un truc qui va pas avec elle…’fin j’crois pas j’en suis sûr, j’veux dire, je …

-Eliott ?

-Oui m’dame ?


-Tais-toi.

Le jeune rêveur resta un instant interdit tandis qu’Amarylis ne semblait pas non plus vouloir partir, toujours prostrée, debout dans la salle d’étude.

-Mais…mais….mais je…

La Maitre Rêveuse se tourna face à lui avec la même colère noire qui grondait en regardant la trahison dans les yeux de son ancienne élève.


-J’AI DIS TAIS-TOI ! Parce que OUI, il y a un truc qui ne va pas avec cette fille ! Parce que CETTE fille nous a trahis ! Parce qu’elle nous a déshonoré et que je ne PEUX rien faire pour elle ! Parce que choisir la violence est RÉPUGNANT et ne résout PAS les problèmes ! Ais-je choisi la violence, MOI, quand ma Confrérie s’est effondrée ? Ais-je choisi la violence quand Ewen est mort, et qu’à peine rentrée j’apprenais que Mael aussi venait de succomber et que cet abruti de Jùn a fait sa déclaration ? NON ! NON je n’ai pas cédé ! OUI je crois toujours et je me BATS, mais à ma manière, sans trahir, sans fuir ! Elle n’a pas le DROIT de baisser les bras juste parce qu’Ewen, euh Mael, enfin…Elle n’est pas la seule à souffrir et elle n’a pas le droit, ça NON !

Eliott se ratatina sur lui-même, effrayé pour la toute première fois face à Amarylis. Etait-ce le Petit Prince qui l’avait transformé ainsi ou toutes les épreuves de la vie ? Peut-être un peu des deux. Mais il n’aimait pas trop le résultat. Il voulut prendre les jambes à son coup et fuir cette tempête, mais la voix de Jùn le sermonnait déjà d’avance pour son manque d’aplomb. Et puis zut, il n’y était pour rien, lui ! Alors il inspira un grand coup et ferma les yeux très fort pour ne surtout pas fondre devant le regard que lui jetterais sa supérieure en constatant son insolence de se rebeller.

-Elisha a le droit de douter et d’être pas bien du tout parce qu’elle n’a pas perdu que Mael, tout comme vous. Elle venait de recevoir une lettre indiquant la mort de sa sœur et même que sa mère refuse de la voir ! Alors elle a le droit de baisser un peu des bras, mais juste un peu parce qu’on sera là pour l’aider. Parce que vous aussi vous avez baissez les bras, et vous êtes parti à Ondiane et vous nous avez abandonné, on n’savait même pas si vous reviendriez ou pas, alors vous aussi vous avez fui, donc vous devez lui pardonner et la faire revenir tout de suite !

Il serra des dents, ouvrit un œil et découvrit une directrice bouche bée. Aussi en profita-t-il encore un peu.

-Et en ce qui concerne Jùn, ce serait vraiment chouette que vous lui parliez parce que la communication est importante et que ça cause des difficultés de travail parce qu’il est pas bien du tout lui aussi et qu’en plus il arrête pas de vous voir avec ce monsieur que vous traitez là garjsaispasquoi. Et que c’est pas parce que c’est mal vu d’être en couple quand on est rêveur que vous devez pas y penser ou l’ignorer parce qu’il a été là pour vous, quand vous mangiez plus et que vous deveniez très malade, qu’il a toujours été là, parce qu’il vous aimait et on a le droit d’aimer et que quand il s’agit de faire des expériences j’sais pas trop quoi de recherches sur la maladie du gars dont Jùn est jaloux, ben là vous vous en foutez des règles de rêveurs. Alors allez le voir, zut quoi !

Les yeux gris de la rêveuse se durcirent et il devint tout pâle, n’arrivant pas trop à croire qu’il venait de faire un tel truc. Il tortillait ses mains à toute vitesse, avec grande hâte de pouvoir déguerpir et aller faire des cookies avec Juliet qui savait bien faire rire et faire oublier tes pires conneries.

-Eliott ? Réussit-elle à articuler.

Son visage voulait tout dire. Il hocha rapidement la tête, tout tremblant.


-Je me tais et je dégage.


Croyez-le ou non, mais ses jambes passèrent la porte bien avant sa tête prête à exploser.
La rêveuse poussa un grand soupir, se passant une main sur le visage.


Et voilà.
Imbécile.
Une parfaite imbécile aveugle et égocentrique. Elle pourrait mériter la couronne des boulettes.
Si elle avait su, elle se serait montré moins dure, elle aurait parlé avec elle de la mort ou d’elle ne savait trop quoi. Toutefois ça n’aurait pas tout changé. La trahison était encore présente. Et problème familial ou non, elle était partie. Et elle avait beau rester dans la salle d’étude à espérer et se faire un sang d’encre, Elisha était partie. Eliott n’avait pas osé revenir. Il devait se cacher dans un coin, et Jùn ne devait pas être au courant de la crise de son ami car il n’avait fait aucune apparition. Et même si le petit avait raison à propos de cette foutue déclaration, elle ne voulait pas voir Jùn, parce qu’elle ne savait toujours pas quoi lui dire. Elle refusait même d’y penser, et qu’importe qu’il soit jaloux à tort. Elle n’avait pas le temps pour ça. Elle avait juste du temps à tuer pour implorer la Dame de lui rendre Elisha.


- A... Amarylis ?

Un frisson parcourut l’échine dorsale de la rêveuse qui se releva du pouf dans lequel elle se morfondait depuis la veille. Elisha était là. Elle était vraiment là, face à elle. Et de ce qui pouvait briller dans ses pupilles, ce n’était plus la petite effrontée qui venait narguer son mentor. Non, ce n’était qu’une gamine perdue. Perdue, mais qui lui revenait. Du moins elle l’espérait.

-Dis-moi que tu reviens. Je t’en supplie dis-moi que tu reviens parce qu’Eliott se met à me faire des sermons, alors je prends vraiment peur pour l’avenir de cette Confrérie !

Elle eut un sanglot, partagé entre le rire et les pleurs, trop chamboulée de la voir ici.


Elisha Sonjee
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MessageSujet: Re: Someday all this mess will make me laugh [Terminé]   Someday all this mess will make me laugh [Terminé] Icon_minitimeMar 30 Oct 2012 - 13:46

    Elle était vêtue comme la veille. Est-ce que… Par hasard… Elle n’aurait pas bougé depuis le départ de la jeune femme ? Etait-elle réellement restée-là toute la nuit, à se morfondre ? Et depuis quand avait-elle des sanglots comme celui-ci ? Depuis quand suppliait-elle qui que ce soit ? Qui était cette femme qui ressemblait trait pour trait à celle qui l’avait secouée, qui l’avait dégoutée la veille ? Pouvait-on tant changer en une seule nuit ? Elle ne la connaissait plus. Elle ne la reconnaissait plus. Elles s’étaient trop longtemps perdues de vues. Trop longtemps évitées. Elles étaient désormais incapable de se comprendre réellement l’une et l’autre. Amarylis n’était plus Amarylis. Et Elisha n’était plus Elisha.

    Et puis ses yeux verts brillaient toujours un peu trop.

    C’était étrange, de la voir assise ainsi. Alors qu’elle-même était encore debout. C’était comme si c’était à elle de la relever cette fois. Et c’était peut-être le cas au fond. Elles se relevaient mutuellement au fond. L’une sans l’autre, elles seraient peut-être tombées sans jamais réussir à se relever. Toutes les deux. Et puis… Ces mots qu’elle avait dits…


    - Eliott ?

    Eliott. Non pas Eliott ? Même à Lisha il n’en faisait presque jamais des espèces de sermons. Alors à Amarylis ? Non, c’était impossible. Ce n’était pas Eliott. Que se passait-il donc dans cette Confrérie ? Pourquoi changeaient-ils tous autant ? Pourquoi changeait-elle tant ? Elle aurait bien aimé, au fond, rester toujours la pauvre gamine un peu perdue qui avait débarqué ici, des années auparavant. Tout semblait si simple alors… Elle n’aurait jamais imaginé, un jour, participer à un cours de combat. Même si c’était Locktar le professeur. Elle n’aurait jamais imaginé, un jour, penser qu’elle avait peut-être fait le mauvais choix en décidant de suivre un apprentissage de rêveuse. Elle n’aurait jamais imaginé, un jour, revenir et voir Amarylis ainsi, dans cet état. Et que ce soit entièrement de sa faute.

    Elle se baissa, s’assit à même le sol. Retint les sanglots qui s’emparaient d’elle. Et doucement, tout doucement, parce qu’elle ne la reconnaissait plus beaucoup son Amarylis, parce qu’elle était incapable maintenant de prévoir ses réactions, la prit dans ses bras. Inversant les rôles. Et lui dit, avec une voix toute triste, un peu trop chamboulée elle aussi.


    - Bien sûr que je reviens…

    Ne me laissez plus jamais m’en aller.
    Je vous en prie.
    Sans vous je suis perdue.
    Si un jour il me revient l’idée farfelue de quitter la Confrérie, je crois que ce sera la fin.
    La fin de tout.

    - Si vous m’acceptez de nouveau…

    Retenir ses larmes. Encore un peu.

    - Je… J’y suis allée au cours… Au cours de Locktar.

    Elle était décidément incapable de dire « cours de combat ». Peut-être que dans son esprit aussi, c’était trop dur de se dire ça.

    - Et… Je crois que j’étais dans une sorte d’état second au début…

    Ne pas pleurer…

    - Mais… La seule fois où je me suis sentie moi-même…

    Pas maintenant. Ne pas pleurer…

    - C’est lorsqu’une élève est tombée et que j’ai déroulé un rêve pour la soigner…

    Que ferait-elle aujourd’hui si ça n’était pas arrivé ?

    - Puis quand j’ai rejoint Eliott à l’infirmerie pour l’aider…

    Je peux pleurer de soulagement maintenant ?
    Oh, pitié, dites-moi que vous ne m’en voulez pas trop.
    Je vous en prie…


Amarylis Luinïl
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MessageSujet: Re: Someday all this mess will make me laugh [Terminé]   Someday all this mess will make me laugh [Terminé] Icon_minitimeJeu 8 Nov 2012 - 13:39

Elle revenait. Elle revenait et ne partait plus. Rêveuse, et pas combattante. Elle savait qui elle était, et là était le plus important de toute sa leçon.
Elisha avait barricadé un pont entre le rêve et le combat, entre Amarylis et la trahison, dansant sur celui-ci, en équilibre, prête à laisser le vent la laisser tomber d’un côté ou de l’autre.
Dame merci qu’il ait soufflé du bon côté !

A présent tu peux te reconstruire. Tu peux sentir l’adrénaline qui brûle mes veines et me pousse dans l’interdit orgasmique. Dépasse avec moi les limites que je t’autorise à franchir, mais plus jamais celles-ci. Pas celles qui ne peuvent t’amener qu’à la perte de toi-même. Tu l’as dis, on se sent soi lorsque l’on rêve. Outre le don, aucune personne saine d’esprit ne peut vivre sans rêve.
Je peux te pardonner de m’avoir trahi une nuit, oublier les cris, les pleurs, et les peurs. Mais ne me fais plus jamais ça. Fais-moi confiance lorsque je te dis qu’il existe de multiples façons de se battre contre la culpabilité d’être en vie.

Amarylis prit la main moite de son élève, et l’amena jusqu’à elle, dans l’étreinte d’une mère qui retrouve sa fille après de grandes frayeurs. Elle l’enlaça avec tout l’amour possible que le soulagement pouvait faire naitre. Il n’y avait pas tant besoin de mots, l’évidence était là : bien sûr qu’elle pouvait revenir. Et si elle lui en avait grandement voulue, à présent elle n’en avait que faire de cette dispute. Elle souhaitait juste tout reconstruire et réussir. Elle aspirait à défier la mort, à casser les cadenas du Code Rêveur pour commettre l’impensable et rester dans les mémoires. Guérir Gareth. Présenter le remède miracle au conseil et voir la stupéfaction dans leurs yeux. Et l’admiration. La même admiration qu’à Fériane lorsqu’elle avait mis au monde l’enfant de Marlyn tout en sauvant cette dernière avec des techniques nouvelles et prodigieuses. Mais tout cela, elle ne voulait pas le faire seule. Elle voulait Elisha à ses côtés. Et Eliott. Et Jùn.
Jùn.
La Maître Rêveuse ouvrit ses bras frêles pour laisser la jeune fille s’extirper et la fixa avec un regard désespéré.

-Elisha, j’ai besoin d’aide.

Curieuse demande d’un maître à l‘élève, il faut le dire. Peut-être était-ce pour cela que la rouquine la regardait avec tant de surprise.


-Je vais t’apprendre quelques techniques pour m’aider dans mes recherches. Et tout ceci ne doit absolument pas sortir de la Confrérie. Mais là n’est pas mon problème, ah ça non !

Elle faisait entièrement confiance aux rêveurs. Et si tous humait le parfum de nouveauté et d’expérience chez Amarylis, aucun ne disait mot, ne se doutant absolument pas de l’illégalité de la chose. Il faut dire que le Rêve est un art secret et que rien ne doit jamais sortir d’aucune Confrérie. Et que leur Directrice était à présent connue pour son avancée en matière d’accouchement et qu’ainsi Eoliane devenait petit à petit la Confrérie de référence pour toute femme enceinte. Alors voyez-vous bien qu’il n’y avait rien de louche là-dedans !

-Je…il faut absolument…je le sais depuis longtemps, mais il m’a fallu hier soir…et le petit sermon d’Eliott pour me décider…je dois parler à Jùn.

Le regard d’Elisha s’intensifia, ne comprenant apparemment pas pourquoi il nécessitait une si grande aide dans le fait de parler à un maitre rêveur, qui fut auparavant son élève et qui demeure encore un subalterne dans la hiérarchie d’Eoliane.
La jeune femme leva les yeux au ciel. Evidemment qu’elle n’était pas au courant ! D’une Jùn avait sûrement menacé Eliott de ses yeux de menthe pour que rien ne se sache. De deux, Elisha était restée un moment coupée de tout contact social, prostrée dans son chagrin.

-Tu ne sais pas. C’est logique en fait. Hum…Comment t’expliquer ?

Le rouge monta alors aux joues de la rêveuse à l’idée d’admettre et de révéler la drôle de situation dans laquelle elle se trouvait. C’était la toute première fois pour elle. Son adolescence était faite de prières, d’études et de découvertes de la nature à Ondiane. Et sûrement pas de jeu de drague ou de premier amour. Il y avait eut un jeune garçon, une fois, qui avait semblé vouloir s’intéresser à elle. Ewen l’avait très vite remis à sa place. L’éternelle question s’était alors posée : n’a-t-on donc pas le droit d’aimer en étant rêveur ? Ewen avait répondu que si, mais que c’était assez mal vu chez les rêveurs, étant donné qu’ils doivent garder neutralité et se concentrer entièrement sur la médecine. Une famille n’inclue plus la neutralité. Et donc le risque de se perdre. Et puisqu’Amarylis semblait déçue, il l’avait conforté en lui expliquant avec douceur que ce jeune rêveur ne la regardait simplement que parce qu’elle était femme, et que cela était rare chez les rêveurs. Là c’était arrêté toute trace d’une possible relation dans la vie d’Amarylis. Elle n’avait pour autant pas tenu le code de neutralité.

-Lors de mon retour à Eoliane…Jùn a…Il m’a…

Elle jeta des coups d’œil autours d’elle, méfiante d’oreilles indiscrètes. Tortillant des mains, elle cessa de regarder son élève dans les yeux, fixant un point inconnu dans le plafond.

-Il se pourrait bien qu’il m’ait dit qu’il m’aimait.

Bam. Voilà l’affreuse vérité. Tu veux savoir en quoi j’ai besoin de ton aide pour lui parler ?

-J’ai ignoré sa déclaration, et ne lui ai quasiment plus adressé la parole depuis, et…il semblerait que ça nuise à..enfin…

Elle se mordit la lèvre. Le plus gros du problème…

-C’est que je n’sais absolument pas c’que ressens ni quoi lui dire et c’est pas vraiment bien vu, ‘fin en même temps j’étais pas très bien vue non plus des rêveurs avant l’accouchement et ça pourrait ne pas se savoir, mais j’en sais rien, j’y ai jamais vraiment pensé, il a toujours été là pour moi quand j’étais pas bien et j’ai rien vu, ou si j’ai vue j’ai pas voulu voir, je…et il est un peu plus jeune que moi c’est très très gênant ! J’ai trente-cinq ans, j’ai plus vraiment l’âge aussi, et je sais pas ce que je ressens. C’est sûr j’aime beaucoup ces yeux de menthe et ses cheveux chocolats, et il est pas trop bête, mais ça se fait pas. Pis c’était pas très intelligent de sa part de me dire ça aussi.

Et oui. Amarylis ne panique absolument pas devant un puma, mais bel et bien devant un homme.

Elisha Sonjee
Elisha Sonjee

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MessageSujet: Re: Someday all this mess will make me laugh [Terminé]   Someday all this mess will make me laugh [Terminé] Icon_minitimeDim 6 Jan 2013 - 21:57

    Elle avait eu peur. Très peur. Si peur. Elle avait eu peur de ne pas revenir. De se faire aveugler par toutes ses détresses. Elle avait eu peur de ne pas être acceptée, pour revenir. De devoir se trouver une autre voie, une alternative. Elle avait eu peur, qu’Amarylis aussi, ne veuille plus d’elle. D’être encore une fois, abandonnée. Alors que le dernier abandon dont elle avait été la victime était encore si récent. Mais elle la tenait dans ses bras, son Maître. S’en vraiment réussir à savoir qui devait réconforter qui. Qui était l’adulte, et qui était la gamine. Parce qu’elle avait beau avoir vieilli depuis qu’elle était arrivée ici, parfois, elle agissait encore comme une pauvre gamine perdue. Et cette fois-ci était un bon exemple. Elle ne sut trop expliquer ce qui se passa ensuite. Mais les rôles s’inversèrent de nouveau, revinrent à la normale.

    Et comme une petite fille qui retrouve sa mère qu’elle croyait perdue pour toujours, elle se laissa faire, enlacer par ses bras réconfortants qu’elle avait bien failli perdre, à trop jouer à l’idiote. Qu’importe à présent, qu’elle la laisse l’aider à l’interdit. Qu’importe tant qu’elle pouvait rester ici, la voir, vivre à ses côtés. Vivre en temps que rêveuse, et non en temps que fuyarde. Peu importait tout le reste. Tant qu’elle avait Amarylis, et Eliott, et Jùn. C’était tout ce qui comptait pour elle. Que toutes ces personnes qui formaient sa petite famille depuis maintenant plus de six ans, restent à ses côtés. Qu’ils prennent des libertés, s’ils le désiraient, elle ne souhaitait pas les enfermer dans une cage dorée. Mais qu’elle les retrouve tout de même. Qu’ils restent toujours là pour elle. Qu’elle puisse toujours être là pour eux.

    Ses pensées suivaient leurs voie, celle d’Amarylis les leurs. Elle relâcha son emprise, permettant à son élève de se redresser, et ce qu’elle vit dans ses yeux, elle ne l’avait encore jamais vu. Ou peut-être rapidement, à la dérobée. Et elle se cachait aussitôt, parce qu’un Maître ne doit pas se montrer faible face à son élève. Mais là, elle la regardait bien droit dans les yeux. Ne se cachant pas le moins du monde. Elle avait besoin d’aide. Qu’importe ce qu’il se passait, qu’importe ce qu’elle demandait, Lisha ferait tout ce qui serait en son pouvoir pour lui venir en aide. Malgré tout, elle ne pouvait s’empêcher d’être surprise qu’Amarylis se laisse tant aller en sa présence. Tout le monde changeait décidemment beaucoup dans cette confrérie. Tant qu’ils ne l’abandonnaient pas, cela lui allait. Et là, elle ne l’abandonnait pas, au contraire. Elle avait la même peur qu’Elisha, blottit au fond d’elle. Parce que tout le monde l’a sans doute un peu.

    Mais elle ne s’attendait pas à ce qu’Amarylis lui offre ainsi un tel signe de confiance. Ainsi, elle acceptait qu’elle l’aide dans ses recherches ? Vraiment ? Elle n’allait pas changer d’avis, dites ? Une telle marque de confiance, après qu’elle l’ait trahie de façon si abjecte, implorait le respect, l’admiration, un sentiment qu’elle n’arrivait pas à nommer. Et puis elle changea de sujet, aussi facilement que si elle venait de dire à quoi serait la soupe du dîner de ce soir.

    Parler à Jùn ? En quoi était-ce si difficile ? La rouquine n’avait jamais eu aucun mal à parler avec ce vieil ami qu’était Jùn. Et puis, Jùn était l’ancien élève d’Amarylis non ? Ce ne devait pas être la première fois qu’elle avait besoin de lui parler. Alors, quel était le soucis, là-dedans ?

    Qu’ignorait-elle ? Qu’avait-elle encore manqué, à se retirer ainsi de toute forme de sociabilité ?

    Jùn aimait Amarylis ?! Que… Quoi ? Pourquoi Lisha ignorait toujours tout, ne remarquait jamais rien ? C’était logique enfin de compte, qu’elle l’apprenne si tard. A cesser de parler à tout le monde sauf Eliott, à éviter Amarylis, presque tout autant qu’elle fuyait le regard déçu et perdu de Jùn. A ne plus s’intéresser à rien d’autre que de la mort d’Ael et celle de Mael. Dernièrement, les morts envahissaient ses pensées bien plus que les vivants. Et en cela, elle était passée à côté de bon nombre d’évènements importants. Comme l’amour que Jùn portait à Amarylis. Mais là encore, Elisha ne voyait pas en quoi, elle pouvait être utile à la rêveuse. Et elle n’était pas forcément la mieux placée pour l’aider. Mais il était vrai, que si l’on regardait le reste de la population à Eoliane, il y avait peu d’autre femme à laquelle la Maître Rêveuse pouvait se confier. Lehya peut-être ? Elle était plus jeune qu’Elisha, et peut-être moins proche d’Amarylis que ne l’était la rouquine. A part elles, la Confrérie manquait cruellement de femmes. Il y avait presque une logique, à ce qu’Amarylis en parle à Lisha.

    Mais cette dernière manquait également cruellement d’expérience en ce domaine, à part quelques amourettes sans lendemain, l’amour, elle ne connaissait pas franchement. Ce qui pouvait s’en rapprocher le plus, était l’espèce d’attirance qu’elle avait éprouvé pour le garde rouquin, l’espace d’une nuit d’été. Et cela commençait déjà à dater.

    Elle avait ignoré sa déclaration ? Et cela instaurait une gêne entre eux ? C’était plausible, logique. Rien d’étonnant à cela. Mais qu’aurait-elle pu faire d’autre, si elle ne savait pas quoi lui répondre ? Et puis tout dépendait de comment, Jùn le lui avait annoncé. N’oublions pas qu’Elisha ignorait qu’en même temps, Eliott avait annoncé que Mael était mort.

    Pas très bien vu ? En quoi cela l’importait ? Elle risquait de ne pas être bien vue des rêveurs pour bien d’autre raison, autant qu’elle en profite, si elle était attirée par Jùn, non ? Si elle ressentait, ne serait-ce qu’une once de sentiment pour lui ?


    - Peut-être qu’il ne pouvait tout simplement plus le garder pour lui.

    Et il y avait une autre phrase, sur laquelle l’esprit de la jeune femme avait buté.

    - Vous pensez réellement qu’il faut avoir un âge précis, pour aimer ?

    Pourquoi, au moment où la rêveuse avait parlé des yeux de menthe, c’était des yeux océans qui étaient apparus dans son esprit ?


Amarylis Luinïl
Amarylis Luinïl

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MessageSujet: Re: Someday all this mess will make me laugh [Terminé]   Someday all this mess will make me laugh [Terminé] Icon_minitimeMer 16 Jan 2013 - 8:57

Amarylis attendait une réponse d’Elisha dans la panique. Ses doigts ne cessaient de se crocheter les uns les autres, et elle se mordillait la lèvre inférieure. Elle ne savait pas trop pourquoi elle venait de déballer tout cela à son élève. Peut-être parce qu’elle était encore jeune, si jeune. Et belle. Elle avait sûrement eut bien plus de possibilités qu’elle de connaitre l’amour. Après tout, elle fréquentait régulièrement l’Académie, alors qu’à son âge, la Maitre Rêveuse était coincée dans la Confrérie d’Ondiane où les trois quart des rêveurs pouvaient être ses pères, et le quart qui reste entièrement dévoué au rêve ne songeait qu’à peine à l’éventualité d’une relation.

Elle inspira une grande bouffée d’air et se redressa, refusant de se vouter pour de si petits tracas. Elle devait cesser de fuir. Elle se l’était promis en reprenant Eoliane en main. Il en était de même pour elle. Qu’on arrête la culpabilité et l’apitoiement sur son propre sort. Elle avait l’occasion de fonder une famille, avec Juliet, avec Elisha, même. Avec tous les rêveurs. Y compris Jùn.
La rouquine tenta d’expliquer le soudain geste du rêveur et Amarilys acquiesça. Oui, ce devait être pour cela. Bon, il y avait toujours des façons bien plus adéquates d’annoncer son amour qu’il ne l’avait fait, mais qu’importe après tout ? Elle lui devait une réponse. La question était quoi répondre ? Tout comme à la question de son élève, elle haussa les épaules.


-Je ne sais pas…J’ai toujours…Je veux dire, je n’ai jamais…

Elle ne savait pas trop comment expliquer ce sentiment d’être trop vieille, d’être dépassée. D’avoir laissé défiler toute une vie devant ses yeux désabusés de rêveuse.

-J’ai consacré toute ma vie au rêve. J’en ai quitté ma famille. J’ai passé toute mon enfance à Ondiane. Et je n’ai quitté Ondiane que pour venir m’installer ici.

Un détail la fit tiquer. Ewen lui avait proposé ce poste, sachant pertinemment qu’elle ne pourrait demeurer éternellement à Ondiane, trop…sauvage ?

-J’ai quitté Ondiane avec un besoin d’aventure, de voyage, de nouveau. Et au final je me suis installé dans le même confort, dans les mêmes habitudes. Et l’unique fois où j’ai voulu tenter de quitter ce cocon, j’en ai tellement souffert que j’ai passé mon temps à pleurer ce que je n’avais pas pu faire pour les morts.

Ses pupilles grises fixèrent Elisha, légèrement humides. Elle ne pleurerait pas à nouveau, mais l’évidence était là : elle avait raté sa vie.

-J’étais une enfant sauvage, sans grandes attaches, à part ma sœur. Et j’ai abandonné cette même sœur pour le rêve. Et je suis devenue lâche et sage. Je n’ai pas aimé, je n’ai pas construit. J’aurais trente-six ans demain, Elisha…J’ai l’âge où l’on devient sage. Sauf que j’ai atteins cet âge le jour où je suis entrée à Ondiane.

La Maitre Rêveuse prit la main de la jeune fille qui lui faisait face.


-Ils n’ont pas le droit de prendre des vies ainsi. Se consacrer au rêve ne suffit pas au bonheur. Il nous grandit à la fois trop vite, et à la fois pas. Promets-moi de ne pas finir comme moi, Elisha. Voyage, aime, fous-toi des codes de ce genre. Ou un matin tu te réveilleras vieille, comme moi, à te rendre compte que ta vie est déjà passée.

Et maintenant ? Maintenant Amarylis avait envie de retrouver sa jeunesse. Elle voulait avoir dix-neuf ans, et vivre ses premiers grands amours, sortir avec des amis, voir du pays. Et puis fonder une petite famille, par la suite. Après tout n’avait-elle pas déjà Juliet comme enfant ?
Elle possédait une magnifique jument, Djiwelle, dans les écuries. Pourquoi alors ne pas partir visiter Al Poll et les cités voisines ? Elle pourrait ramener des herbes, des ragots et des souvenirs. En pensant à tout ce qu’elle pouvait se permettre en oubliant son âge, elle sourit.

-Et si l’on organisait une petite fête pour demain ? Proposa-t-elle, malicieuse.

La rouquine sembla emballer par l’idée, et elle se leva avec elle. Demain, elle n’aurait pas trente-six ans, ça non. Elle en aurait dix-neuf, ou vingt. Elle aurait le bel âge. Et elle irait fêter ce bel âge avec Jùn, s’il le veut bien encore.

-Invite qui tu le souhaite, Elisha. Ne restons pas qu’entre rêveurs, bien au contraire !

Amarylis voyait déjà toute l’Académie amener sa folie dans la Confrérie. Elle n’avait pas de liens proches avec les membres de l’école. Peut-être Duncan. Autrefois Locktar. Mais elle en voulait plus. Elle voulait des amis.
Le maître et l’élève quittait ensembles la salle d’étude, prêtes à répandre la bonne nouvelle, mais la femme arrêta soudainement la jeune fille, et chuchota, sur le ton de la confidence.


-Dis, comment on sait si on est amoureuse ?

Toi, tu l’as déjà été ? Parce que moi, j’ai un peu peur, quand même.

-Et que dirais-tu d’aller voir quelques uns de mes patients pour une première approche pratique de ta part dans mes recherches ?

Sens-tu le vent de la jeunesse rebelle qui vient souffler dans Eoliane ? Nous allons jouer avec le feu sur tous les plans, et faire un pied de nez à ces vieillards solitaires qui pensent pouvoir nous enfermer et nous priver des petits bonheurs quotidiens qui ne font de mal à personne.


[A toi de me dire, si tu veux rp le petit "cours" qu'elle te propose, ou si tu veux clôturer le post Wink]

Elisha Sonjee
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MessageSujet: Re: Someday all this mess will make me laugh [Terminé]   Someday all this mess will make me laugh [Terminé] Icon_minitimeJeu 2 Mai 2013 - 22:59

    Elle fronça les sourcils, tentant d’effacer ces yeux océans de son esprit. De son concentrer sur les mots de la Maître Rêveuse. Cette dernière se redressait, tentant de reprendre pied dans tout ça. Elisha la regardait, avec admiration, avec fierté. Avec tout l’amour que l’on peut ressentir pour son Maître, pour une personne de sa famille.

    J’ai consacré toute ma vie au rêve. J’en ai quitté ma famille.

    Vous n’êtes pas la seule. Vous êtes loin d’être la seule. Mais vous avez la chance d’avoir une nouvelle famille ici. De construire quelque chose de nouveau, et il n’est jamais trop tard pour ça.

    J’étais une enfant sauvage, sans grandes attaches, à part ma sœur. Et j’ai abandonné cette même sœur pour le rêve.

    Elisha tiqua, leurs histoires respectives se ressemblaient donc tant ?

    J’aurais 36 ans demain.

    Et bien demain, nous allons fêter ça.

    Voyage, aime, fous-toi des codes de ce genre.

    Vraiment ?

    Ou un matin tu te réveilleras vieille, comme moi, à te rendre compte que ta vie est déjà passée.

    Vous n’êtes pas vieille Amarylis.

    Mais Elisha se tut, acquiesçant juste du regard. Buvant ses paroles, de peur de la couper dans son élan peut-être. Elle ne faisait qu’acquiescer, ne sachant trop que dire. Comprenant peu à peu, qu’elle aussi avait finalement vieilli sans s’en rendre compte. Ses vingt-deux ans approchaient à grands pas, et elle avait toujours l’impression d’en avoir 15 ou 16. Elle n’avait guère mûri depuis ce temps-là, elle n’avait guère changée. Elle n’avait fait qu’étudier. Sans répit. Par peur de sortir trop des limites. Par peur de se blesser. Par peur de ne pas être là lorsque les autres se blessaient. Sa peur lui dictait sa conduite. Et ce n’était définitivement pas leur meilleur moyen pour vivre une vie pleine et enrichissante.

    Et si l’on organisait une petite fête pour demain ?

    La jeune rouquine sourit de l’idée commune qui leur était venue. Pensant déjà à tous ceux qui pourraient l’aider, à tout ce qu’il fallait absolument faire. Et lorsqu’Amarylis lui dit d’inviter qui elle souhaitait, l’image des yeux océans lui revint à l’esprit. Elle chassa cette idée de sa tête, pensa à la jeune dessinatrice qui venait tout juste de sortir de convalescence. Ce genre de personne, qui sort à peine de dépression, une fête, ça peut toujours être de bon ton. Et puis, ça lui permettrait peut-être de rencontrer du monde, qui cette fois viendrait la voir si elle se blessait. Qui l’aideraient peut-être ne pas y retomber, dans sa fichue dépression.

    Et voilà qu’elle pensait de nouveau à ses malades. Oubliant tous ces visages souriant qu’elle avait croisés dans les couloirs de l’Académie. Oubliant toutes ces personnes en bonne santé. Elle avait beau aller régulièrement à l’Académie, elle n’y avait pas franchement d’amis, et n’y connaissait pas grand monde, hormis de visu.

    Les deux femmes s’étaient levées, s’apprêtant à quitter la petite salle. Lorsqu’Amarylis la retint, pour lui chuchoter comme un secret.

    Dis, comment on sait si on est amoureuse ?

    La rouquine rougit de ne pas savoir quoi répondre. Elle avait finalement suivi l’exact même chemin que la Maître Rêveuse. Consacrant sa vie au rêve. Mais elle pouvait toujours bifurquer, tenter de profiter un peu de sa vie. Et de faire faire de même à Amarylis.

    - Je… Je ne sais pas…

    Et puis elle changea de sujet, la rêveuse se retint de laisser échapper un ouf. Elle lui proposa d’aller voir ces fameux patients ? Vraiment ? Faire une proposition comme cela, c’était bien plus qu’une promesse. C’était… Dingue.

    Et puis elle se rappela que son Maître venait de passer la nuit entière dans la salle d’étude. Et qu’elle avait une grande fête à organiser pour le lendemain. Elle sourit.


    - J’adorerais, mais là, je pense que vous avez besoin de passer une meilleure nuit que la dernière. Remettons ça à plus tard, voulez-vous ?

    Prenez soin de vous.

    Et puis elle lui lança, avec un clin d’œil, avant de s’éloigner.

    - Ne vous inquiétez pas, je m’occupe de tout.

    Il ne restait plus qu’à organiser une grande fête. Elle aurait bien besoin d’aide, avec Jùn et Eliott en top liste. Amarylis n’allait pas en croire ses yeux.

    [Bon bah du coup, on clôture ? =)]


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