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 Avez-vous continué la danse, quand la musique s'est arrêté ? [Terminé]

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Amarylis Luinïl
Amarylis Luinïl

Maître rêveur
Messages : 231
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MessageSujet: Avez-vous continué la danse, quand la musique s'est arrêté ? [Terminé]   Avez-vous continué la danse, quand la musique s'est arrêté ? [Terminé] Icon_minitimeSam 9 Juin 2012 - 11:42

Clic, clic, clic, clic, clic. Shhrt. Pof.
De longues mèches bleues tombèrent lourdement sur le sol, résonnant comme le glas d’un corps tombant, mort avant même d’avoir atteint sa destination.
Les ciseaux volaient frénétiquement, coupant, coupant, coupant, semblant ne jamais vouloir s’arrêter. Ils ne coupaient pas même vraiment droit, s’évertuant surtout à couper dans leur colère, malgré ses larmes à Elle.
Amarylis pleurait. De rage. Elle pleurait cette soudaine envie démesurée de se débarrasser de son identité, et de colorer ses mèches blanches. Elle ne voulait plus de blanc, elle ne supportait plus cette couleur. Elle vomissait les teintes éclatantes, pâles, lumineuses.
Elle vomissait son éducation, sa personne, et son rêve.
Elle ajusta les pointes, pour que l’ensemble donne tout de même un aspect propre, et tira un dernier coup de ciseau brutal sur les mèches de son front.
Son reflet dans le grand miroir de sa chambre lui renvoya une image plutôt agréablement surprise. Ses coups d’énergie lui avaient formé un carré réussi.
Elle avait du mal à se reconnaitre à présent, tant d’avoir recoloré les mèches blanches lui obscurcissaient le visage. Ses cheveux paraissaient bien plus foncés, faits de teintes violettes au milieu du bleu profond.
Elle déglutit. Elle n’arrivait pas à savoir si elle aimait ou non. Elle n’arrivait pas non plus à savoir qui elle était ou non.

La Maitre Rêveuse s’écarta du miroir, laissant à terre tous les derniers évènements. Toutes les dernières souffrances.
Elle ne saurait dire combien de jours s’étaient écoulés depuis son retour et la rencontre de Juliet. Depuis la mort d’Ewen, celle de Maël, et la déclaration d’amour de Jùn.
Tout ce qu’elle savait, c’est qu’elle aimait partir pour de grandes chevauchées avec Djiwëlle, l’ancienne jument de son mentor.
On la voyait peu à Eoliane, ou du moins on la croisait. Non pas qu’elle soit devenue asociale. Mais qu’elle refusait à présent de s’engager plus sentimentalement auprès de ses élèves. Elle les perdrait un jour ou l’autre. Qu’ils partent ou qu’ils meurent.
Et puis elle évitait soigneusement de croiser Jùn, qui, à priori, déployait la même technique.
Il y avait déjà bien trop de désordre dans ses pensées, pour que ne vienne s’ajouter une éventuelle liaison avec…un élève. Techniquement, il n’était plus élève, mais Maitre, il pouvait partir. Et parfois elle se demandait s’il était bien encore là. Après l’absence de réponse à son « je t’aime », il serait des plus logiques qu’il parte pour Ondiane ou une autre Confrérie. Mais il était bien plus jeune, et rêveur aussi. Rares étaient les rêveurs s’autorisant une vie de couple. Et cette rareté était bien souvent mal vue. Aller savoir pourquoi.

Elle s’en voulait, toutefois, de son caractère si soudainement bougon et lointain, par rapports aux membres d’Eoliane. Ils n’étaient plus beaucoup, et le calme de l’Académie faisait petit à petit mourir sa Confrérie. Ils mouraient ou partaient. Sauf  les plus fidèles, comme Eliott ou Jùn. Ils avaient été plus que présents pour elle, particulièrement après la bataille, lorsqu’elle avait cessé de se nourrir. Voilà qu’elle les remerciait de bien belle manière.
Alors elle se concentrait sur Eoliane même, la dirigeant avec une main ferme, ordonnant et participant à des travaux, convoquant des confrères pour des réunions dont elle seule en connaissait la raison.

Oriak, le Directeur de Fériane, était venu à plusieurs reprises la consulter. Le cas de Marlyn avait été évoqué plus d’une fois et Amarylis savait qu’elle pouvait compter sur ce rêveur. Il l’avait voulu parmi eux, après tout.
Il était toutefois prudent face aux propositions de la rêveuse, craignant un risque plus important qu’à l’habituel.
-Ces personnes risquent déjà de mourir. Avait-elle craché devant les hésitations d’Oriak. Imaginez combien d’enfants et de Marlyn pourrions-nous sauver avec cette recherche !

L’attrait d’un don plus puissant, d’une grande avancée dans les lacunes des rêveurs séduit le Maitre de Fériane, qui lui promit de l’aider à convaincre d’autres maitres si elle présentait des recherches concluantes.

Amarylis avait en effet le projet d’ouvrir des recherches. Mais pas n’importe lesquelles.
Ces derniers jours, elle s’était raccrochée à son miracle sur Marlyn et Marlov pour ne pas sombrer, s'auto-persuadant qu’elle n’était pas une incapable, et qu’on ne lui avait pas accordé le Septième Cercle pour rien.


Le Septième Cercle. Elle pouvait à présent convoquer des consulats, et exercer sa notoriété pour obtenir de plus grandes avancées. Mais sa notoriété était bien trop fraiche, et il lui fallait prouver ses compétences pour espérer avoir les aides et financements d’une grande recherche.
Une recherche sur les maladies les plus graves. Sur celles qui rongent de l’intérieur et sont irrémédiables. Comme celle de Mael. Comme celle d’Ewen.
Pour sauver Marlyn, elle avait tout simplement tenté, expérimenté, ce qu’un autre avait eu l’audace de faire avant elle. Elle n’avait aucune notice, aucune expérience, seulement des « on dit que ». A l’aveuglette elle avait ouvert le ventre de la jeune femme pour en extraire son enfant, n’ayant aucune idée de sa possible survie.
Voilà, ce qu’il lui fallait : des expériences nouvelles. Des tentatives, jusqu’à trouver le remède, plutôt que d’accepter banalement la mort !

Mais pour cela, il lui fallait de quoi faire ces expériences. C’est-à-dire des personnes. Et l’unique moyen était de prendre des personnes déjà malades, déjà condamnées. Afin de ne pas user de son pouvoir de tuer.
Il lui fallait progresser, il lui fallait un volontaire, et des puissantes recherches. Et l’appui de Maitres Rêveurs, ou de directeurs de confrérie.
Autrement, jamais le conseil n’accepterait pareille nouveauté.

Elle jeta un coup d’œil par la fenêtre, ses rideaux transparents, gênant toutefois sa vue. Elle distingua une silhouette dehors, et pensa qu’il s’agissait peut-être de Juliett.
Il était la seule personne pour qui elle montrait encore son affection et ne faisait pas d’effort pour paraitre détachée, neutre. Moins mère ou amie ou amoureuse.
Juliett était son enfant. Et elle voulait plus que tout au monde le protéger. Savoir que si une quelconque maladie venait l’empoisonner comme elle avait empoisonné Vie, elle pourrait le soigner.
Elle voulait que tout bouge. Et cesse d’être aussi blanc que le visage d’un mort.

Elle fut tirée de ses réflexions par trois coups à sa porte. Elle se retourna, surprise. Elle n’attendait aucun rêveur à convaincre aujourd’hui.

-Oui ?

La porte de liège s’ouvrit sur Jùn, accompagné d’une silhouette inconnue. Le fard monta aux joues de la rêveuse face au regard du rêveur, qui ne cessait d’osciller entre les mèches encore éparpillées au pied du miroir et le nouveau visage d’Amarylis. Il bégaya, puis se reprit :


-Ce monsieur souhaite s’entretenir avec to…vous.

Il esquiva un salut ridicule, baissant le haut de son corps, la nuque à la merci de la rêveuse, puis repartit, laissant là, l’inconnu.
La Rêveuse ferma un instant les yeux, soufflant. Il lui coutait cette distance avec Jùn. Mais ses cheveux de chocolat noir, et ses yeux de menthe la perturbait bien trop pour qu’elle se permette de s’expliquer. Aussi se reprit-elle, et fit face à son inconnu.

-Entrez, je vous en prie. A qui ais-je donc l’honneur ?


Si on oubliait le désordre de son changement autours du miroir, elle pouvait paraitre Reine, superbe, le visage à présent neutre, remis de toutes émotions d’il y a quelques secondes, droite et grande dans une robe de satin couleur raisin. Aha, la rime.




Elle fixa l’homme qui lui faisait face. Il était bien bâti, impressionnant, à peu près le même âge que Jùn. Sa peau blafarde tranchait avec le perçant de ses yeux bleus, et le noir de jais de ton étrange tatouage dans le coup.
Il était encore un parfait inconnu, mais la détermination noire dans le regard de l’homme plut de suite à Amarylis. Elle ne savait pas pourquoi, mais tout en cet homme clamait un changement, aussi radical que ses cheveux. Aussi radical que son identité.  


Gareth Wilth
Gareth Wilth

Maître fauconnier
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MessageSujet: Re: Avez-vous continué la danse, quand la musique s'est arrêté ? [Terminé]   Avez-vous continué la danse, quand la musique s'est arrêté ? [Terminé] Icon_minitimeLun 11 Juin 2012 - 12:02

Souffrance. Le noir et la souffrance régnaient dans la pièce. Le noir de la nuit accompagnant les cauchemars des habitants de l'Académie et leurs rares rêves agréables. Mais le pire était bien la souffrance. Cette souffrance dont Gareth suait depuis plusieurs nuits.
Elle voulait sortir.
La douleur lancinante dans sa tête ne cessait de croître. Chaque nuit, cela recommençait. Certains soirs, il essayait de ne pas s'endormir, de rester éveillé et de ne pas La laisser prendre le dessus, mais la fatigue se faisait ressentir plus rapidement que se qu'il espérait. Il voulait dormir en paix. Il voulait se sentir bien ne serait-ce qu'une seule nuit, mais non. Rien. Il avait mal continuellement.
Elle voulait sortir.
La journée, il arrivait à contrôler son mal, car la plupart du temps il disparaissait seul. Quelques fois, il faisait surface, mais il était rare que se soit en pleine journée. Ca commençait toujours au levé de la lune. Presque.
Elle voulait sortir.
Sa tête le brûlait d'un feu intense. Son coeur battait la chamade et semblait exploser à chaque fois qu'il soufflait. Ses poumons glacés, ses membres endoloris, ses yeux incandescents, son estomac criant au supplice. Il ne supportait plus sa présence. Le mal le rongeait de l'intérieur chaque nuit. Il commençait à redouter le moment où il allait fermer les yeux et qu'Elle allait apparaître, tenter en vain de sortir. Presque en vain. Elle parvenait parfois, même de plus en plus souvent, à se libérer et à prendre possession de lui. Il était le maître, pourquoi n'arrivait-il pas à La contrôler ?? Il avait l'impression de devenir fou. Pourtant, il essayait de toute ses forces de Lui résister. Il construisait chaque matin, durant une séance d'une bonne heure de méditation, un mur infranchissable entre Elle et lui. Après cet instant, il pouvait lui ouvrir la porte à son bon vouloir et se couler dans son deuxième corps à satiété. Il aimait ce côté de lui-même, il aimait cette liberté intense qu'il ressentait lorsqu'il devenait félin. Il aimait ressentir se que l'être humain ne pouvait. Ces sens... Ces odeurs, ces sons, ces goûts, ces images, tout était nouveau lorsqu'on n'était plus nous-même. Mais après tout, qu'était-il réellement ? Métamorphe. Mi-humain, mi-animal. Il n'était ni l'un ni l'autre, il était les deux. Il les comprenait l'un et l'autre. Il n'était pourtant pas le seul, sa soeur aussi était métamorphe. Ils étaient nés avec ça, mais leur étrange don était sortit en même temps. Des bêtes. Il avait parfois l'impression d'en être une et le simple fait de savoir qu'il pourrait un jour peut-être se comporter en tant que tel le pétrifiait d'horreur. Il ne voulait pas devenir le monstre que tout le monde croyait voir. Les seules personnes qui l'avaient vu se transformer l'avaient qualifié avec ce pseudonyme. De démon des enfers. Il n'était pas comme les autres et commençait à croire qu'il ne faisait parti d'aucune race. Il était un entre deux. Il n'était rien.
Personne ne semblait l'attirer dans les foules qu'il croisait, il n'avait pas réellement envie de faire connaissance avec d'autres être humains. Il préférait la compagnie de ses oiseaux à celle des personnes qui l’entouraient. Asocial. Se serait le mot que tout le monde utiliserait pour son cas, mais ce n'était pas sa nature. Il était simplement mieux avec les animaux. Tout simplement.

Il hurla soudain. La douleur était devenue insoutenable, pire que d'habitude. Cela faisait depuis longtemps qu'il partageait son corps pour deux âmes différentes et il s'était donc durcit d'années en années. Il savait de mieux en mieux Lui résister, mais Elle aussi se développait. Il commençait à penser sérieusement qu'Elle était lui. Qu'il était Elle. Qu'ils ne faisaient qu'un et que ce n'était pas une cohabitation, mais une seule et même âme qui possédait deux formes extérieur. Mais la pensée était différente de la réalité. Il La sentait en lui, il sentait Sa présence effrayante. Il avait certes parfois énormément de plaisir à se métamorphoser, mais il faisait à chaque fois jour. A croire qu'Elle était plus forte et dangereuse la nuit. Puma nocturne.
Souffrance.
Il ne pouvait plus résister. Il se leva de son lit et se dirigea difficilement vers son miroir. Un miroir qui lui renvoyait à chaque fois la dure vérité en plein visage. Lorsqu'il arriva enfin devant, il vit son immense tatouage lui barrer le cou. Mais il ne s'arrêtait pas là. Descendant encore jusque dans son dos, il recouvrait aussi son bras gauche entier. Sa soeur en avait un aussi. Depuis leur naissance. Etaient-ils maudits ? Des démons rejetés par les enfers ? Parfois il en avait l'impression et ce tatouage le lui rappelait bien trop souvent. Il s'y était habitué, mais savait tout de même se qu'il signifiait.
Son regard remonta ostensiblement vers le centre de son visage. Ses yeux. Ils avaient changé de couleur. De bleu océan, ils étaient devenus jaune or. Ses yeux à Elle. Les yeux de la bête. Elle était toute proche, il pouvait La sentir. Sa tête le brûlait d'un feu intense, son coeur battait la chamade et semblait exploser à chaque fois qu'il soufflait. Ses poumons glacés, ses membres endoloris, ses yeux incandescents, son estomac criant au supplice. Tout devenait plus puissant, tout était plus insoutenable qu'au début de sa nuit. Son front perlait de sueur et son corps entier était trempe. Torse nu, la chaleur le prenait de toute part. Depuis plusieurs jours, Elle commençait à prendre de plus en plus le pouvoir sur lui et il avait peur qu'Elle réussisse à prendre possession de lui définitivement. Elle était féroce, en colère et ne savait pas contrôler ses pulsions. Il ne se pardonnerait jamais si quelqu'un mourrait sous ses griffes. Jamais. Et Elle en était bien capable. Elle était capable de tout. Une bête féroce. Une bête sans âme.

Des tremblements vinrent secouer son corps entier. Non ! Elle ne devait pas réussir, Elle ne devait pas sortir sans qu'il ne le lui ordonne sinon tout serait perdu. Toutes ces matinées de méditation perdues à jamais. Il avait réussi à La contrôler depuis quelques mois, il ne voulait pas que tout cela recommence. Il ne voulait pas qu'Elle sorte et dévaste tout sur son passage. Il ne voulait pas être impuissant. Être simple spectateur. Il devait réagir avant qu'Elle ne franchisse le mur qui les séparait. Le fauconnier ne voulait pas l'admettre, mais il avait besoin d'aide. Il avait besoin que quelqu'un, n'importe qui, l'aide à La vaincre. Mais personne ne pouvait l'aider à l'Académie. Jehan risquait d'appeler le maître d'armes qui le transpercerait de peur qu'il soit l'envoyé des démons, les autres maîtres ne valaient pas mieux. Il lui fallait une aide extérieur à l'Académie, mais il n'avait pas le temps de se rendre jusqu'à sa soeur. Elle était la seule à pouvoir le comprendre, mais elle était bien trop loin. Il pensa soudain à Eoliane. Peut-être que... non. Ils ne comprendraient pas. Ils le croiraient malade ou pire, fou. Il n'était pas fou, toute sa conscience était présente et il n'était pas malade. Il était né comme ça, c'était lui. Il n'arrivait simplement pas à vivre en symbiose avec son double. Il n'avait plus le temps de penser, Elle arrivait. Prenant le tout pour le tout, il enfila tout de même une chemise le plus vite qu'il pu et sortit en trombe de ses appartements. Il était prêt à hurler sa douleur, mais les habitants de l'Académie risquaient fort de l'entendre. Il ne le voulait pas.
Courant dans les couloirs, il pu enfin parvenir à la sortie. Personne. Il n'avait croisé personne et le soleil venait pourtant de se lever. Pourquoi donc le torturait-Elle encore ? La bête avait dépassé le stade de la nuit, Elle attaquait le jour à présent. Gareth cru s’effondrer. Elle forçait de plus en plus, Elle fonçait sur la porte de son esprit à grand coup de bélier.
Elle voulait sortir.
Les plaines étaient désertes et si vide de sons. Le monde paraissait s'être arrêter, il semblait être seul au milieu des plaines. Courant, trébuchant plus que la normale, il avait l'impression qu'Elle lui lançait un message. Qu'Elle voulait qu'il se mette à quatre pattes, comme Elle. Position féline.
Hurlement. Grognement.
Le métamorphe s'effondra soudain. Il n'arrivait plus à avancer, mais les parois de la Confrérie se dressaient enfin devant lui. Il ne pouvait plus faire un seul mètre. La douleur était trop présente, elle le rongeait de l'intérieur, le consumait tel un feu ardent. Il avait l'impression de mourir doucement.
Non ! Il ne pouvait pas décemment abandonner ! C'était sa seule chance de s'en sortir, il lui fallait de l'aide. Il n'en pouvait plus. Les tremblements augmentaient de plus en plus. Quelques mètres encore et il serait arrivé. Ses mains heurtèrent les murs de la bâtisse et il dû à un réflexe sur-humain de ne pas s'effondrer à terre une seconde fois. Il fallait qu'il tienne le coup jusqu'à se qu'il rencontre le maître rêveur. Elle seule pourrait l'aider. Elle seule était sans doute assez puissante. Par une volonté sans faille, il stoppa les tremblements qui l'agitaient, il respira un bon coup, reprit contenance et afficha un demi sourire forcé. Il toqua. Un homme vint lui ouvrir et lui demanda se qu'il désirait.


- J'ai... j'ai besoin de voir le maître rêveur...

Il avait de la peine à s'exprimer tant il voulait hurler, tant Elle voulait rugir. Sans discuter, il le fit entrer et le mena à travers plusieurs couloirs et escaliers. Arrivant enfin devant une porte, ils se stoppèrent. L'homme toqua et une voix lui répondit. Lorsque la porte s'ouvrit, Gareth découvrit une jeune femme aux cheveux bien étranges. Bleu aux mèches violettes. A terre, de longues mèches de cheveux bleu et blanc. La femme paraissait bien triste pour une rêveuse. Le fauconnier avait l'habitude de ce regard, il lui était devenu familier. C'était son regard depuis bien des années. Il se sentait seul même en présence de ses protéger, il ne le niait plus à présent.
L'homme annonça le sujet de leur venue et s'en alla après un salut étrange à la rêveuse.
Mais dès que la porte se ferma, Gareth ne put tenir plus longtemps. Son sourire disparut en un clin d'oeil et la souffrance s'intensifia encore. Ses yeux virèrent au jaune sombre, ses pupilles se dilatèrent et il faillit grogner de douleur. Aucune pause dans son intrusion, elle n'y allait pas de main morte. Elle forçait le passage à grands coups de griffes, à grands coups de crocs. Il réussit tout de même à prononcer quelques mots à la rêveuse, mais pas ceux qu'elle aurait sans doute voulu entendre.


- J'ai... j'ai besoin d'aide...

Hurlement étouffé.

- J'ai mal...

Ses derniers mots s'évaporèrent dans le silence alors que sa silhouette se troublait déjà. Non ! Pas maintenant, pas devant elle ! Il ne voulait pas que son secret soit dévoilé aussi vite que ça, cela faisait qu'un ou deux mois qu'il était là. Il ne voulait pas déjà repartir ! Sa tête contenait une guerre à elle toute seule. La silhouette du fauconnier était floue, elle semblait ne pas savoir quelle forme prendre, elle semblait vaciller. C'était la première fois qu'une bataille aussi intense faisait rage sous son crâne, il croyait pouvoir la remporter, ils semblaient posséder la même force, la même volonté. Ils ne faisaient qu'un.






[ Hehe décidément, j'aime ce rp ^^ si tu veux le faire se métamorphoser, vas y. Mais après, je pense que le félin se ruera sur Amarylis... Mais fais comme tu veux =D (si problème, mp bien sûr) ]

Amarylis Luinïl
Amarylis Luinïl

Maître rêveur
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MessageSujet: Re: Avez-vous continué la danse, quand la musique s'est arrêté ? [Terminé]   Avez-vous continué la danse, quand la musique s'est arrêté ? [Terminé] Icon_minitimeMar 12 Juin 2012 - 19:14

Elle n’avait jamais imaginé que le sol de ses appartements serait aussi froid. Ni que l’on pouvait évacuer autant d’eau de son corps rien qu’à la sueur perlant sur son visage, en si peu de temps. Ni qu’en cas de mort imminente une anatomie pouvait se paralyser entièrement, empêchant toute tentative de survie.
En fait, elle n’avait jamais imaginé mourir de cette façon.

Les yeux jaunes du fauve la dévoraient toute entière, et le poids du puma la contrôlait totalement, envers et contre toute paralysie.
Pourtant, il se contentait de la fixer, crocs acérés sortis. Pétrifiée, elle trouva tout de même le temps de se demander quand il allait passer à l’action, quand il allait la mordre jusqu’à sang et ne faire que d’une bouchée de son corps maigre.

Elle déglutit, consciente qu’elle devrait profiter de l’attente de l’animal pour hurler au secours. Mais à quoi bon ?
Les rêveurs étaient incapables de se battre. Jùn, ancien guerrier, le pourrait, mais…Pourquoi ? Pourquoi après ce qu’elle lui avait fait ? Et puis seul il serait tout aussi impuissant face à la bête.
Et peut-être que bien que la situation l’arrangeait, en fin de compte. Peut-être bien qu’il lui valait mieux mourir. Ce ne serait qu’une fin. Enfin la fin de quelque chose, sans que ce soit ses proches qui la quittent.
Ou peut-être bien que quelqu’un lui avait envoyé cet homme-puma, pour la punir. Mais punir de quoi ? De l’attaque à l’Académie et de tous ces hommes qu’elle n’avait pas pu sauver ? Ou des questions gênantes qu’elle soulevait auprès des rêveurs sur l’utilisation du secret du septième cercle ?

La prise se resserra, et les griffes de son prédateur s’enfoncèrent dans son épaule. Il passait à l’action. Elle poussa un cri de douleur, laissant des larmes couler sur son visage pâle et triste, et plongea ses yeux gris dans l’or de l’animal.
Dans l’océan de l’animal.
Océan ? La prise de conscience retentit comme une nouvelle attaque sur la rêveuse. L’espace d’un instant, d’un bref instant les pupilles de la bête étaient redevenues celles du jeune homme implorant son aide.
Il était malade. Et elle était rêveuse.

Son corps reprit mouvement, comme si tout était soudain terminé, et qu’elle pouvait enfin bougé. Elle leva son bras libre, l’autre toujours prisonnier des griffes, et posa sa paume contre le front du puma, avec force.
-STOP.

Son ton était dur et impératif. Elle savait quoi faire. Elle ne connaissait pas la maladie, mais elle se sentait mystérieusement capable d’y faire face. Elle voulait travailler sur ce qui tuait, sur ce qu’on déclarait ne pas pouvoir soigner ? Elle était servie. Et ne comptait pas se faire bouffer par son patient !

Tout en lui ordonnant de cesser, elle ferma les yeux, grande inconsciente, et y déversa son rêve. Elle ne savait pas quel organe, quel partie de l’animal elle devait atteindre, ou encore même si elle trouverait bien une anatomie animale et non humaine. Les quatre pattes n’étaient pas sa spécialité, petite elle n’avait soigné que des oiseaux.

Les deux pupilles s’embrassèrent dans la fin.


**

Le visage assuré et imposant du jeune homme ne dura que le temps d’un claquement de porte. Sitôt Jùn parti, sitôt que la Directrice d’Eoliane s’enquérait de sa visite, il changea du tout au tout. Ses paupières ne cessaient de vriller, et il gardait la mâchoire crispée, le corps contracté de haut en bas. Cet homme se contenait, il contenait une souffrance sans nom.
Il voulut s’avancer, mais claudiqua, comme prêt à s’effondrer, et instinctivement la rêveuse ouvrit ses bras, prête à le rattraper, malgré le fait que l’homme ne devait pas être loin du double de son poids.
-Qu’avez-vous ? Où êtes–vous blessé ?

Elle examinait à la hâte son corps, ne voyant aucun saignement. D’où sortait donc cette souffrance qui l’empêchait de s’expliquer ?

Il grogna, tenant à nouveau d’avancer, puis recula d’un pas, comme soudain apeuré.
Amarylis fronça ses petits sourcils, ne comprenant pas ce qui se déroulait dans ses appartements. Et puis le grognement l’avait fait sursauter, inquiété. Ce n’était pas un grognement humain, ou alors son nouveau patient imitait rudement bien les gros félins.
-Laissez-moi vous examiner.

Elle fit un pas en avant, ce qui fit encore s’écarter le garçon vers la sortie.

Il avait peur. Mal et peur.
Pourquoi avoir peur de l’aide qu’il était venu enquérir ?
Elle repensa alors à une situation passée. Une attaque de brigands contre elle, bien plus jeune, lors de ses débuts à l’Académie. Elle avait été sauvée de justesse par Julia et Locktar. Les hommes, ou monstres quoi qu’ils soient, avait voulu abuser d’elle, et par la suite elle avait refusé tout attouchement quel qu’il soit.
Cet homme venait-il de se faire agresser sauvagement ?
-N’ayez pas peur, je veux juste vous aider !

Elle s’approcha encore, et lui, contre le mur, ne put reculer plus. Elle avança jusqu’à pouvoir le toucher, et posa ses mains le plus doucement possible sur son torse. Elle lui fit un signe de tête encourageant, et déboutonna le vêtement qui lui couvrait le torse. Puis le retira, avec l’aide difficile du souffrant.


-Il me faut voir vos blessures.

Il essayait de lui dire quelque chose, un indice, un détail sur son mal. Mais les seuls sons qui sortaient de ses lèvres éclatées et bleus de douleur, n’étaient que des grognements à peine humains.

Elle prit donc les rennes en main, se décidant à tout examiner. Elle palpa son torse et sa nuque non sans un rougissement, et entreprit de lui faire quitter son pantalon.
Il n’y avait aucun saignement, elle devait trouver par le rêve où se situait l’origine de la géhenne.

Mais soudainement les deux mains de l’homme lui empoignèrent les bras à lui en faire mal et la poussèrent en arrière. Elle tomba en arrière, commença à se redresser, refusant de s’avouer vaincue ainsi. Elle se figea elle-même dans ses gestes, découvrant avec horreur ce qui se passait. Une fourrure apparaissait sur le corps du patient, plutôt douce, couleur caramel. Et le grognement suivant qu’il poussa lui fit ouvrir une gueule pleine de … crocs ?!
La seconde qui suivit, ce n’était plus le beau jeune hommes aux yeux envoutants qui se tenait devant elle, mais bel et bien un puma.
Elle ouvrit la bouche, n’en sortit aucun son, se releva, fébrile, ses jambes se dérobant à moitié sous son poids.
Et fut à nouveau à terre.
Sa tête claqua contre le parquet, et une douleur lancinante s’immergea dans son crâne. Le poids de la bête sur son corps en miette, elle ne pouvait plus rien faire, prise au piège.



**

C’étaient comme des papillons vrillant dans ses yeux. Le verso océan, le recto doré. Ou peut-être l’inverse, qui sait ?
La jeune femme ne contrôlait pas le rêve qu’elle déversait dans la bête, se contentant de défier son regard.
Les clignements n’indiquaient en rien de l’issue de l’affrontement. La force de son regard gris se transforma en tendresse, mais en tendresse assurée, comme un « je vais te sauver ». Et elle répéta, chuchotant sous le souffle des narines du puma.
-Stop.

Amarylis cessa de respirer, en attente d’une mort qu’elle ne voulait pas. Le doute l’avait peut-être effleuré, mais elle ne voulait pas mourir. Pas maintenant. Elle n’avait tout de même pas coupé son identité pour que la nouvelle s’éteigne de suite.


L’animal lui souffla au visage, vrillant toujours entre deux personnalités, comme un funambule ne sachant de quel côté pencher pour ne pas tomber.
La rêveuse lui répondit par un même souffle.

Et les deux pupilles s’embrassèrent dans la fin.


Gareth Wilth
Gareth Wilth

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MessageSujet: Re: Avez-vous continué la danse, quand la musique s'est arrêté ? [Terminé]   Avez-vous continué la danse, quand la musique s'est arrêté ? [Terminé] Icon_minitimeJeu 14 Juin 2012 - 20:07

Tout alla trop vite pour Gareth. Plongé dans sa souffrance, il ne voyait que les lèvres de la femme bouger sans qu'aucun son n'en sorte. Il n'aurait jamais dû venir, il n'aurait jamais dû mêler la rêveuse à cela. A présent, la bête et lui se battaient dans son crâne. Un duel qui paraissait insurmontable. Impossible. Il ne voulait pas blesser la femme qui voulait l'aider et tentait par tous les moyens de contenir la férocité de l'autre. Elle était trop forte, il ne pourrait plus tenir bien longtemps. La rêveuse parlait et tentait de l'aider. Elle ne comprenait rien, elle n'avait sans doute jamais rencontré de métamorphe. Non, elle n'en avait jamais rencontré. Il le vit dans son regard lorsqu'elle tentait de connaître la source de son mal.
La bête était en train de gagner.
Gareth ne pouvait pas La laisser faire du mal. Pourquoi ne s'était-il pas tout simplement enfuit dans les montagnes afin de la laissée s'exprimer ! Il avouait qu'il aimait plus que tout ce sentiment de liberté qui l'envahissait, mais pas dans un tel bâtiment. Des rêveurs innocents qu'il pouvait à tout moment blesser ou même pire, tuer. Pourquoi était-il venu là ?! Quel imbécile il avait été. Sauf qu'à présent, il était trop tard.
Elle arrivait. Bien trop forte, il ne pouvait plus supporter sa présence, il ne pouvait plus maintenir son mur intact.
Elle sortait.
Elle allait blesser la rêveuse, il le savait. Il ne pouvait pas La laisser faire ça. Il n'en avait pas le droit, il devait l'en empêcher. A tout prix. Prenant le tout pour le tout, il s'était petit à petit reculé vers le mur lorsqu'il buta contre. La rêveuse avançait aussi. Il aurait voulu lui crier de s'enfuir tant qu'elle le pouvait encore, mais seuls des grognements sortaient de sa bouche. Seul le félin s'exprimait. La femme lui parlait encore, mais il ne comprenait toujours pas. Elle s'approcha encore et posa ses froides mains sur son torse brûlant avant de commencer à déboutonner sa chemise. Elle tenta de ôter le vêtement avec peine et il finit par réussir à l'aider. Il avait de plus en plus chaud et ne supportait plus le tissu qui collait à sa peau. Il n'arrivait plus à bouger et ne pouvait plus la repousser. La femme cherchait la source de sa souffrance, mais aucune blessure, aucune entaille. Rien. Elle paraissait désemparée, comme si elle ne savait plus quoi faire. Comment soigner si aucune blessure apparente n'était là pour être soignée ? Mais surtout comment soigner quelque chose que l'on ne comprenait pas, que l'on avait jamais vu de près ou de loin. Aucune légende ne parlait de métamorphe, ces derniers étaient bien trop peu pour que quelqu'un en ait connaissance. Les métamorphes étaient inconnus des alaviriens et inspiraient donc la peur lorsque ces derniers les voyaient pour la première fois.
Soudain, Elle força la porte.
Son regard changea en une fraction de seconde et décida enfin quelle couleur il voulait prendre. Or.
Il fallait qu'elle parte, tout de suite. Il tenta une dernière fois de l'avertir, mais Elle prenait déjà toute la place, ce ne fut que des grognements qui sortirent de sa gorge. Cette dernière devenait pâteuse et son souffle de plus en plus rauque. Il était essoufflé et pourtant, il n'avait presque pas couru.
Elle était sortie.
Sans qu'il ne puisse réagir, ses mains empoignèrent les bras de la rêveuse et, malgré lui, il y mettait bien trop de force. Il ne se contrôlait plus, le félin pouvait faire se qu'il voulait à présent, il était maître du corps de l'homme. Il la poussa violemment en arrière et tenta une dernière fois de reprendre les droits sur son corps, mais rien. Elle ne voulait pas. Soudain, Elle arriva enfin à la pleine possession du corps. Plus rien ne pouvait à présent La stopper. Il était devenu qu'un simple spectateur, incapable du moindre effort de re-conquête.
Il sentit son corps entier subir la transformation, se qui lui arracha un grognement de douleur. Ses membres se contorsionnèrent pour prendre la forme de ceux du puma, sa fourrure beige poussa à une vitesse ahurissante et ses dents devinrent des crocs aussi acérés que des lames fraichement révisées.
C'était fini.
Elle était là.
Sur ses pattes arrières, il regardait la rêveuse d'un regard de bête qui faisait frémir le plus courageux de l'Académie. Un regard qui ne trompait pas, un regard de tueur. Ses pattes se rétractèrent imperceptiblement et il sauta sur la femme. Elle n'eut le temps de rien tenter. A terre, elle suait de partout, la peur la tiraillant de tous côtés. Elle tremblait et il ne pouvait rien faire. A présent, c'était lui qui se trouvait derrière le mur de son esprit. La bête à l'intérieur. Bloquant ses mains, il pouvait tout faire. Ses instincts prenant le dessus. Peut-être qu'après tout c'était lui qui faisait tout cela ? Que la bête n'était qu'une invention de sa part ? Non, impossible. Elle était bien là et lui volait son corps en le remodelant à son image. Une image qu'il contrôlait le jour, mais laissait s'échapper la nuit.
La rêveuse ne pouvait plus bouger. Prise au piège. Le félin l'observait avec intérêt, mais il ne voulait pas la tuer. C'était des plus surprenant, mais elle ne lui paraissait pas être un danger. Son souffle rauque et puissant se répercutant dans les cheveux bleutés de la femme. La bête n'avait étonnement pas l'intention de lui faire de mal. Gareth en fut étonné, mais ne désespérait pas, il fallait qu'il reprenne le contrôle, coûte que coûte. Avant qu'elle ne se décide à agir. Elle ne faisait que détailler la femme de son regard d'or, mais le moment allait venir où elle se lasserait de son jouet. Un jouet. Les Hommes n'étaient que cela pour la bête qui l'habitait. Des jouets avec lesquels Elle s'amusait jusqu'à se qu'Elle n'y trouve plus aucun attrait. Il devait se battre, pour la rêveuse au moins.
Le fauconnier savait exactement quel était le moment où Elle décidait d'agir, ils étaient connectés. Il pouvait décider de ses gestes autant qu'Elle pouvait le faire. Ils ne faisaient qu'un, mais Elle était bien plus forte que lui. Parfois il lui arrivait même d'oublier se qui s'était passé la veille.
Et là, Elle commençait à s'ennuyer. Elle allait passer à l'action. Soudain, les griffes se resserrèrent sur la pauvre victime afin de confirmer les pensées de Gareth. La rêveuse poussa un cri de douleur et une larme apparut dans l'oeil du félin. Gareth. Ce cri avait provoqué en lui un grand trouble. Tout se qu'il avait toujours voulu éviter était en train de se produire sous ses yeux sans qu'il ne puisse réagir. La bête allait la tuer devant ses yeux, s'enfuir et s'endormir sur une branche avant de laisser la place à son hôte. Laisser la place à l'homme.
Il devait réagir ! Il essaya de reprendre le contrôle, mais Elle ne se laissait pas faire. Il La laissait toujours dans sa tête et La sortait le plus rarement possible. Lorsqu'Elle était dehors, Elle faisait tout pour y rester le plus longtemps possible.
Il réussit soudain à mettre un pied dans son esprit. Il entrevit l'ombre de la bête qui fixa ses yeux jaunes dans l'océan des siens. Il s'élança sur la bête avec l'esprit du désespoir. Durant un court instant, il reprit les droits sur son corps. Mais cela ne dura que l'instant d'une étincelle. Il regarda la femme d'un oeil implorant au supplice. La bête avait beau être dehors, il souffrait toujours, car il n'acceptait pas qu'Elle soit à l'extérieur. Ce n'était que lorsqu'il acceptait sa présence que la douleur s'en allait. Pas avant. Il avait besoin de la rêveuse. Il réussit à lui libérer un bras, mais c'était tout se qu'il pouvait faire. La bête revenait en force. Ce n'était pas la seule. La rêveuse posa sa main libre sur son front avec la même force que celle de la bête. Que l'ombre qui entourait son âme. L'ombre d'un monstre.
La femme hurla un seul mot. Elle déroulait son rêve, il pouvait le sentir.
La bête hurlait dans sa tête, reprenant de temps en temps le contrôle de son corps. Ils se battaient de plus belle et le métamorphe sentait ses yeux changer de vue plusieurs fois d'affilées.
Vue humaine, vue féline.
Vue grotesque, vue précise.
Il y arrivait presque. Il commençait à prendre le dessus. Le regard de la femme donna une force nouvelle à l'homme qui se battait contre l'ombre aux yeux d'or. Une force qui le convainquit de se battre jusqu'au bout, qu'il était capable d'y arriver. Il sentait la main de la femme encore sur son front et plongeait son regard dans le sien. Il allait y arriver. Grâce à elle.
Dernier souffle de la bête. Réponse de la rêveuse par un même souffle, bien moins puissant. Cette dernière ferma soudain les yeux lorsque ceux de Gareth redevinrent normaux.
Il avait gagné cette bataille.
Malgré se qui venait de se passer, il prit un malin plaisir à observer la femme, yeux toujours clos, allongée au sol. Elle était belle malgré les quelques mèches coupées au bol. Elle paraissait toujours aussi effrayée. Prenant soudain conscience de cette peur qui ne semblait pas la quitter, il se recula à une vitesse fulgurante. Toujours sous sa forme féline, il s'assit au sol ne sachant que faire. S'il reprenait son apparence normale, elle voudrait des explications et il ne saurait les lui donner. Mais s'il restait sous cette forme, il devrait s'enfuir de là et ça, il ne le pouvait pas. Il lui devait des explications même s'il ne saurait quoi dire.

Gareth se sentait bien sous cette forme-ci et aurait voulu s'enfuir, mais les yeux gris de la rêveuse le retint de force. Elle s'était relevée et semblait ne plus savoir où elle en était. Il devait redevenir humain, parce qu'elle était visiblement pas rassurée du tout. Il prit enfin son courage à deux mains afin d'affronter les questions tant redoutées. Se concentrant du mieux qu'il put, il redevint lentement l'homme aux yeux océans et au grand tatouage. Accroupi, il peinait à se relever, mais refusait l'aide de la femme. Il se posa contre le mur, la tête posée contre celui-ci. Il ferma les yeux et entendit la rêveuse s'approcher. Son souffle était toujours aussi rauque et la douleur était toujours présente. Bien moins violente certes, mais toujours là. Il était à présent capable de parler même si ce n'était que de simples murmures.


- Mer... merci.

Il réussit à prononcer ce simple mot, mais il sentait encore la présence de l'autre. Elle guettait encore, comme toujours. Sauf que le soleil était debout et que son heure était passée. Elle ne sévissait que la nuit. Mais cette fois-ci, Elle avait dépassé le couvre feu. Elle devenait plus forte et il ressentait encore ses coups dans son corps.
Fermant les yeux, il pouvait enfin souffler car Elle s'était calmée. Elle s'était retirée et le laissait en paix pour une seule journée. La nuit venait toujours trop vite.





Amarylis Luinïl
Amarylis Luinïl

Maître rêveur
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MessageSujet: Re: Avez-vous continué la danse, quand la musique s'est arrêté ? [Terminé]   Avez-vous continué la danse, quand la musique s'est arrêté ? [Terminé] Icon_minitimeVen 15 Juin 2012 - 18:17

Amarylis ne vit pas la victoire. Elle la sentit. Toujours paupières closes, elle s’attendait à accueillir la gueule du puma sur sa nuque. Il n’en fut rien. Les griffes plantées dans son épaule droite se rétractèrent, déchirant une nouvelle douleur et un écoulement de filets de sang.
Mais le poids de la bête était toujours au dessus d’elle, et si le rêve l’avait calmé, elle n’osait pas ouvrir les yeux. Pas même pour voir que l’ambre ne vrillait plus avec le saphir, et que ce dernier avait pris l’avantage sur l’autre. Que s’il s’agissait toujours d’un animal penché sur son corps fébrile, l’esprit était celui de l’homme.
Non. Elle n’osait pas affronter tout cela, soufflant comme elle le pouvait, commençant à perdre pied. L’assurance qu’elle venait d’engager s’effilait petit à petit et toute trace de courage se transformait en une grande question : que c’était-il bien passé ?
La masse se dégagea enfin. Liberté. Fin.
Et pourtant il y avait encore un fardeau qui pesait sur sa poitrine, invisible. Elle avait mal, au sternum, énormément mal d’avoir malmené son cœur. Son épaule la cuisait, et elle devinait qu’il s’en écoulait une quantité raisonnable de liquide, lui chatouillant désagréablement la peau. Enfin, tout son corps n’était que contractions. Chaque muscle, chaque nerf se repliait sur lui-même, développant des douleurs encore inconnues, mais qui ne tarderaient pas à surgir de nouveau.
La rêveuse ne prenait pas conscience, ne comprenait pas. Elle se redressa, tremblante de la tête au pied, et se laissa sur le sol, assise. Ses pupilles grises se perdirent dans le vide de ses mains ne cessant de palpiter. Elle n’avait pas de mot, pas de réaction. Juste l’incompréhension. Son cerveau fonctionnait en accéléré, cherchant le pourquoi du comment.

Où était-elle ?
Pourquoi était-elle là ?
D’où venaient ces blessures ?
Quel avait été le choc ?
Quand tout cela était-il arrivé ?
Pourquoi cela était-il arrivé ?
Qui était avec elle ?
Quelle heure était-il ?
Pourquoi y avait-il des cheveux bleus et blancs échoués à terre ?
Pourquoi avait-elle si mal ?

Elle pressa son épaule, se déchirant une nouvelle douleur. Puis passa la même main à présent ensanglantée dans sa chevelure trop courte. Elle déglutit, tremblant comme une feuille, respirant mal, puis fixa à nouveau ses paumes. Rouges.
Et toutes les réponses surgirent dans son esprit, s’entrechoquant, se confondant.
La panique vint avec elle, et les larmes surgirent, tandis que la voix lui revenait, débloquant la boule de cri, de pleurs, qui l’étranglait auparavant.
Etat de choc.
Plus rien n’allait, et plus rien n’avait de sens.
Elle voulut alors mettre fin à ce tournis infernal qui allait la faire vomir, et tenta de se relever. Elle s’échoua contre un meuble, les jambes trop cotonneuses pour tenir debout. Elle aurait voulu hurler un « au secours », un « je suis là », ou encore « appelez quelqu’un ! Appelez quelqu’un bordel ! ». Mais elle se rendit compte que personne d’autre que l’homme-bête ne l’entendrait. Et comment expliquerait-elle tout cela ? Ce serait interrogatoire sur interrogatoire. Et le puma serait mis à mort. Le puma ? Où était-il d’ailleurs ?
Elle fit un pas, qui extirpa un effort exceptionnel venant de son organisme, et elle leva ses yeux vides et humides. L’homme bien bâti au tatouage était de retour. Plus trace d’aucun animal.
Personne ne la croirait.
Et surtout. Surtout. Elle ne voulait pas le raconter. Elle ne voulait pas revivre tout cela encore et encore. Ça n’en serait jamais fini. Ça hanterait la moindre de ses nuits.

- Mer... merci.


Elle frissonna d’entendre cette voix, humaine. Humaine, et plus le grognement sourd d’une gueule ouverte.

Elle se calma, un peu. Les cris sortis, elle se sentait plus…plus quoi ? En sécurité ? Ah ça non. Apaisée ? Le corps en démentait et l’esprit perdait toute conscience, se reposant sans cesse les mêmes questions simples. Comment ? Pourquoi ? Où ? Quelle heure ? Quel jour ? Qui ?
Mais il le remerciait. Il. L’homme. Et elle se contenta d’hocher frénétiquement la tête, comme un « pas d’quoi », un « c’est normal ».
Elle dut se rassoir, se laissant glisser à terre, ayant trop peu de force pour se trainer jusqu’à une chaise ou un fauteuil.

Il s’approcha d’elle, prudemment. Elle aima cette prudence. Prenait-il conscience du traumatisme qui se développait en la rêveuse ? Il semblait bien, oui, et elle l’appréciait.
Alors qu’il faisait encore un pas, se postant devant elle, proche, elle leva la main pour le stopper. On arrête là. On fixe les limites. Je ne veux pas revivre ça.
Elle passa encore une fois sa main de sang dans ses mèches, les collants entre elle de la substance colmateuse.
Elle ne devait pas avoir très fière allure, mais à cet instant elle s’en contrefichait, et ne cessait de se souiller visage et chevelure de sa blessure à l’épaule, toujours dans le même geste frénétique des mains. Se frotter. Se frotter encore et encore. Comme pour se laver de cette peur.
Elle prit le temps de souffler. Elle n’osa toutefois pas fermer les yeux de nouveau, craignant qu’il n’en profite pour l’attaquer de nouveau. Et si elle n’arrivait pas à faire le tri, elle discernait cependant à présent la raison de la venue, et de la souffrance du garçon. Il avait un puma qui vivait en lui ! Comment pourrait-elle soigner cela sans craindre de mourir éventré ou mangé par l’animal ?
-Ton nom ? Emit-elle dans un son rauque et tout juste audible.

Commençons par le commencement. Recommençons. Effaçons, si possible.

Je ne sais pas pourquoi, mais je veux t’aider. Tout de même. Je dois être folle. Peut-être est-ce la même folie qui m’a prit lorsque j’ai exercé mon rêve sur la bête, lorsque j’ai voulu la contrôler. Je suis terrifiée. Complètement. Mais j’exalte d’avoir pu détenir un pouvoir sur cette maladie sans nom. Je voudrais te hurler de partir, mais je ne peux pas. J’ai prêté serment.
Et puis tu me ressembles. Tu leurs ressemble. Tu es l’un de ces cas désespéré qui souffre en silence d’une chose que l’on dit impossible à guérir. Laissons-nous leur prouver le contraire.
Nous sommes en vie. Prouvons-leur le contraire.

Contrechoc.
L’adrénaline s’infiltra dans les veines d’Amarylis, l’empoisonnant avec douceur. L’invitant à recommencer. Encore et encore. Et elle en oublia sa perte de repère, invitant Gareth à s’assoir en face d’elle. Si à présent l’excitation l’envahissait, elle ne possédait toutefois pas encore la force de se lever.
Elle était en vie. Et ce n’était pas une simple chance. Il y avait une raison bien précise à ce qu’elle ait pu dompter une bête. On lui offrait une opportunité de faire l’impossible. Elle avait en face d’elle le cas qu’elle cherchait tant pour commencer ses recherches. L’homme-puma. Le métamorphe.

Elle approcha sa main immaculée du bras nu du jeune homme. Mais à peine le frôla-t-elle que la masse bestiale se jeta à son esprit, grondant. Elle dégagea sa paume, apeurée, de nouveau tremblante. Soufflant, la Directrice d’Eoliane tenta de se reprendre. Il lui fallait toutes ses facultés pour arriver à ce défi des plus fous.
Tant que le traumatisme serait encore là, elle ne pourrait pas toucher Gareth. Restait une solution.
-Décris-la-moi.

La maladie. La géhenne. La bête. La chose. L’amie ?


Gareth Wilth
Gareth Wilth

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MessageSujet: Re: Avez-vous continué la danse, quand la musique s'est arrêté ? [Terminé]   Avez-vous continué la danse, quand la musique s'est arrêté ? [Terminé] Icon_minitimeDim 17 Juin 2012 - 19:30

Merci. Pourquoi l'avait-il remercié ? Oui, elle avait tenté quelque chose, elle avait posé sa main sur son front et son regard seul avait donné la force à l'homme de se battre pour son corps. Mais elle avait sans doute jamais eu aussi peur qu'au moment où le puma allait lui déchiqueter la gorge. Pour la rêveuse, s'était lui qui s'était jeté sur elle, il avait faillit la tuer. Comment oublier une telle peur et parler à son presque assassin ? Gareth aurait voulu s'enfuir à toute jambes, partir loin, très loin de l'Académie pour ne plus jamais y remettre les pieds. Mais il ne pouvait pas. La femme le retenait, il ne pouvait pas la laisser comme cela. Vraiment pas. Surtout après se qu'elle venait de voir. Et puis ses oiseaux ? Il ne pourrait jamais les laisser aux mains d'un idiot se disant fauconnier, mais qui était tout sauf cela. Il avait des obligations envers eux, mais surtout envers la rêveuse. Des explications. Il lui en devait et des tas.
Lorsque le métamorphe rouvrit les yeux et fit face à la femme, elle paraissait aussi perdue et apeurée que lorsqu'il était félin. Il pouvait percevoir le flot de questions qui assaillait ses pensées. Un flot qui ne s'arrêterait que lorsque les réponses seraient prononcées. Des réponses que l'homme redoutait plus que tout.
Elle tremblait de peur. Ses mains ensanglantées firent défaillir le métamorphe. Il l'avait blessé. Ses propres griffes avaient fait des trous dans sa chair, des trous qu'il ne voulait pas. Des remords l'accablèrent soudain comme une vague déferlant sur les îles de son esprit. Pourquoi avait-il fallu qu'il vienne ici ! Jamais il n'aurait dû, jamais ! Il avait beau se répéter ces phrases, il était inconsciemment heureux d'être venu ici. Cette femme était un mystère à elle seule. Tant de choses paraissaient l'accabler, tant de choses étranges paraissaient la préoccuper. Elle l'intriguait. Le mystère humain, quel délice. Le fauconnier était irrésistiblement attiré par l'aura qui se dégageait de la femme. Une aura de détresse, de peur et de remords. Elle lui ressemblait un peu.
Il n'aurait jamais dû dire merci. Ce mot n'était pas le bon, il était même tout sauf celui qu'il aurait dû utiliser. Il était venu ici demander de l'aide, elle avait voulu l'aider, mais au lieu de se comporter comme un patient digne de ce nom, il s'était transformer en cette bête et s'était jeté sur elle, assoiffé de sang. Il avait beau savoir que ce n'était pas entièrement sa faute, il se détestait. Il haïssait sa faiblesse qui laissait le champ libre à la bête en lui, il haïssait son manque de volonté qui l'empêchait de barrer la route au monstre qui se cachait dans ses entrailles.
La rêveuse avait fixé ses paumes et sans que rien ne vienne troubler le silence de la pièce, elle avait fondu en larmes. Elle paniquait. Gareth ne pouvait rien faire, il était impuissant. Il ne voulait pas l'approcher et l'effrayer plus qu'il ne l'avait déjà fait. Il en avait trop fait. Il aurait dû s'en aller, appeler quelqu'un, mais il ne le pouvait pas. Il était comme paralysé. Ce stupide mot était sortit à ce moment là de sa bouche, ce foutu mot qu'il n'avait pu contrôler.
La femme s'était calmée dès qu'elle avait entendu cette voix, mais les cris avaient tout de même résonné avant. Elle hocha la tête. Pourquoi ce mot ? Imbécile qu'il était. Il fallait qu'il fasse autre chose, qu'il lui dise qu'à présent elle était en sécurité, que l'autre ne reviendrait pas de sitôt. Il fallait qu'il agisse, sinon tout était perdu. Les nuits de la femme comme les siennes. Sa vie allait être détruite à jamais si quelqu'un apprenait pour ses... talents cachés.
Il se leva et s'approcha d'elle d'une lenteur hors du commun. Ne voulant pas l'effrayer plus qu'il ne l'avait fait, il était capable d'attendre jusqu'au midi afin qu'elle soit plus à l'aise. Sur ses jambes encore flageolantes, il peinait à tenir debout, mais il le faisait pour elle. Le voir à quatre pattes l'aurait sans doute tétanisée plus encore. Il s'agenouilla vers la femme et elle leva bien vite la main afin de l'arrêter. Il voulait simplement l'aider à se relever, mais il pensa à abandonner l'idée. Elle ne voudrait pas qu'il la touche, c'était compréhensible. Il était la bête, elle la femme. Elle avait peur de lui et il comprenait cela. Qui n'aurait pas peur d'un homme capable de vous déchiqueter la gorge en quelques secondes à coups de crocs ? Sans doute personne. Pas même les plus courageux guerriers.
Elle prenait son temps et l'homme ne s'en formalisa pas. Plus le silence régnait, plus il pouvait respirer. Il n'avait pas besoin de parler. Il sentait toutefois les tensions qui régnaient dans le corps de la rêveuse. Elle avait encore bien trop peur de lui. Gareth décida alors de s'éloigner un peu. Il se posa à plusieurs mètres d'elle, à terre contre un autre mur. Il ne la regardait plus, de peur de voir se qu'il craignait faire ressentir chez les gens. Une peur atroce et une envie de fuir le monstre qu'il était. Un sentiment qu'il haïssait au plus profond de son être. Un sentiment qu'il s'était vu attribuer à plusieurs reprises.
Soudain, la rêveuse lui demanda son nom. Il sourit. Elle tentait de recommencer les présentations dès le début. Sans réfléchir plus loin, il émit un mot.


- Gareth.

Un simple prénom qui lui semblait si ridicule. Avait-il réellement un nom ? Un monstre pareil pouvait-il en posséder un ? Cela pouvait paraître ridicule de penser être un monstre, mais il avait parfois réellement l'impression d'en être un. Comment se classer sinon ? La classe métamorphe n'était pas reconnue comme une vraie catégorie chez les alaviriens. Il vrilla ses yeux océans sur la femme qui semblait l'inviter à s'assoir en face d'elle. Avec précaution, il s'avança, mais garda un bon mètre entre eux. Il ne voulait plus l'effrayer, ce regard, il ne voulait plus en être l'objet. Un regard empli de peur atroce. Il ne voulait plus qu'on l'observe ainsi. Garder ses limites, simplement.
La femme s'avança vers lui et frôla son bras avant de dégager sa paume, apeurée. Tremblant de tous ses membres. Gareth se recula rapidement. Il ne voulait plus de ce regard. Il ne voulait plus engendrer ce genre de traumatismes, ce genre d'émotions chez les autres. Il voulait pouvoir rien qu'une fois avoir quelqu'un qui le regarde comme les autres. Un simple regard quotidien dénué de crainte ou autre. Un regard amical. Celui qu'elle lui lançait à présent reflétait de l'intérêt, de la peur et de la pitié. Voilà tout se qu'il méritait. De la pitié. Pitié pour sa pauvre âme damnée. Il ne demandait rien qu'un sourire. Un seul.
Il savait qu'il ne pourrait jamais trouver quelqu'un à qui il pourrait tout raconter, tout dévoiler sans que ce fameux regard ne le couvre. Il ne le dirait jamais. A plus personne.
Elle lui demanda soudain de lui décrire la bête. De La décrire.
Il leva ses yeux vers elle. Voulait-elle réellement savoir comment cela se produisait, quelles souffrances il endurait chaque nuit, comment Elle l'utilisait ? Il doutait que la rêveuse ait une réelle envie de tout savoir, jusqu'au plus infime détail. La femme... D'ailleurs, comment s'appelait-elle ?


- Quel est le tien ?

Un seul souffle, un seul murmure. Elle lui répondit avec simplicité.
Sans réfléchir plus longtemps, il parla. Simplement. Avec un simple murmure comme s'il craignait que l'Autre entende ses paroles, comme s'il ne voulait plus effrayer la rêveuse.


- Avant toute chose, ne crois pas que c'est une maladie... Je suis né comme ça et... je ne suis pas le seul.

Il avait encore un peu de peine à parler car il La sentait encore bien présente. Il se recula encore un peu, ayant peur qu'Elle ne revienne encore une fois. Plus près de la porte, il pourrait s'enfuir plus facilement et protéger Amarylis, puisque ceci était son nom.
Il continua.


- Féroce... Cette bête en moi est d'une férocité à toute épreuve. Le jour, je la contrôle. La nuit, Elle est indomptable. Comme si le jour était à l'homme et la nuit à la bête. J'essaye de La contenir, de garder sa rage en moi afin qu'Elle ne blesse personne, mais Elle est bien trop forte... Plus je m'améliore, plus Elle s'améliore...

Un jour s'arrêtera-t-elle de grandir ? Gareth savait au plus profond de lui qu'Elle resterait à ses côtés jusqu'à son dernier souffle, mais le laissera-t-elle un jour maître de son corps ?

- Elle vit en moi, jours et nuits... La nuit, elle échappe à mon contrôle. Elle s'introduit dans mon esprit de gré ou de force et me prend ma place. Je ne suis plus que l'instrument de sa furie. Mon corps ne m'appartient plus... Plus je lutte et plus je souffre. Plus je me bat pour mon corps, plus Elle s'acharne en moi...

Le monstre qui veillait la journée et sévissait la nuit le dévorait à chaque levé de lune de l'intérieur. Il s'était petit à petit habitué à cette souffrance quotidienne et son corps était devenu plus résistant que n'importe lequel. Sa chair était devenue moins vulnérable aux attaques de la bête. Il lui arrivait parfois même de passer une nuit sans La sentir s'acharner dans son crâne. Mais ces derniers jours, elle y allait de toutes ses forces. Il ne dormait plus.

- Mon estomac se transforme en un brasier de douleur, mes muscles se contractent, mes yeux me brûlent d'une intensité sans nom, une course folle se crée dans tout mon corps entre Elle et moi, mon souffle devient rauque, je ne peux plus parler, je grogne, Elle approche bien trop... Une bataille fait rage dans ma tête.

Comment expliquer quelque chose que l'on a déjà de la peine à contrôler soi-même ? Il ne savait pas trop se qu'il disait. Fermant les yeux, il jetait des mots dans un silence presque terrifiant. Des mots qu'il peinait parfois à trouver.

- Je...

Il ne savait plus quoi dire. Il n'avait plus envie de dire quoi que se soit. Il souffrait suffisamment la nuit et ne voulait pas y repenser la journée. Le soleil était son seul sauveur, celui qui éloignait la bête de lui.
Il murmura soudain un mot, celui qu'il aurait dû prononcer depuis le début. Celui qui aurait dû naturellement sortir de sa bouche. Il ne pouvait pas continuer sans le lui offrir. Au moins une fois, une seule.


- Pardon...

Amarylis Luinïl
Amarylis Luinïl

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MessageSujet: Re: Avez-vous continué la danse, quand la musique s'est arrêté ? [Terminé]   Avez-vous continué la danse, quand la musique s'est arrêté ? [Terminé] Icon_minitimeMar 19 Juin 2012 - 19:19

La première caractéristique qu’il lui annonça fut que ce n’était pas une maladie. Les fins sourcils de la jeune femme se levèrent, perplexes.
Pourquoi venir me voir si ce n’est pas à soigner ? Je suis rêveuse, pas dompteuse.
Les effets de la panique se dissipaient petit à petit, suivant le chemin des explications de Gareth. Pourquoi céder à l’angoisse ? Ce n’était pas elle que la bête dévorait. C’était bel et bien lui. Même si au passage elle avait failli servir de repas.
Et Amarylis sentait au fur et à mesure de cette fuite de peur, que l’adrénaline prenait place. Le sentiment de puissance d’être vivante se propageait dans le moindre espace de son corps frêle. Elle n’était peut-être pas bien épaisse, filiforme, n’empêche, elle s’en était sortie !
Elle avait coupé son identité, et y avait survécu. La faible et torturée directrice d’Eoliane était partie avec le puma, se loger bien au fond. Sauf que l’un des deux pouvait ressurgir à tout moment.
Alors qu’il parlait, le contrechoc continuait sa route dans le cerveau de la femme et des tas d’évidences prenaient jour, une à une, avec une certaine violence désagréable, comme un gros coup de coussin très dur dans la figure. A répétition.
Et il en résultait une concentration des plus difficiles sur les explications du métamorphe. Elle aurait voulu hurler toutes ces prises de conscience, en parler avec la personne qui pouvait comprendre les conséquences d’un traumatisme, avec la personne présente pour ce moment là. Sauf que cette personne était un inconnu, le même inconnu ayant provoqué le traumatisme. Et à y réfléchir avec qui pourrait-elle vraiment en parler ? Ewen était mort. Mael aussi. Juliet était bien trop petit, et tout prince qu’il serait il voudrait tuer la bête à coup d’épée en bois. Jùn…serait une très mauvaise idée vu l’une des révélations. Et Eliot paniquerait à s’en jeter du haut de la tour principale. L’unique personne qui aurait pu était cette jeune fille, Marlyn, mais elle doutait la revoir un jour et pouvoir tenir une telle conversation.
Elle n’avait plus grand monde autour d’elle. Elle n’avait aucune nouvelle de sa famille depuis son départ à Eoliane, soit avant ses dix ans. Comme toujours le « je reviendrais » n’avait pas eut lieu d’être. Et Lyssandréa devait à présent être une belle femme faisant elle ne savait trop quoi.
Cette absence de famille lui fit prendre un nouveau coup de coussin en plein dans le ventre et elle se replia sur elle-même. Gareth venait tout juste de finir, qu’elle se releva avec peine, à quatre patte, courant dans la salle d’eau annexée au salon qu’ils occupaient. Elle vomit toute son identité à grands coups de soubresauts.
La présence de l’homme dans son dos apparut de suite. Amarylis prit soin d’attendre que le mal était passé, avant d’ouvrir grand les robinets afin de faire gicler l’eau dans le vase en pierre. Elle y plongea la tête, lavant son visage, effaçant le sang de ses paumes et mèches.
Lorsqu’elle releva la tête, humide, elle croisa le regard inquiet de Gareth. Si elle ne l’avait écouté que d’une oreille, troublée par les effets secondaires, elle en avait retenu le principal, et avait clairement distingué le dernier mot. Pardon.
-Ce n’est pas toi. Réussit-elle à articuler clairement.

S’essuyant le visage avec une serviette, elle se rapprocha de l’homme-puma, défiant le reste de peur qui pouvait lui rester. Elle tremblait encore un peu, mais se contrôla du mieux qu’elle pu.

-Ce n’est pas toi, c’est Elle. Ce n’est pas à toi de t’excuser.

Elle sourit, doucement.

-Même si je doute qu’elle le fasse.

Elle émit un petit rire. Toute petit. Si petit qu’il parut un simple souffle. Pourtant elle aurait voulu prendre un grand éclat de rire, pour tout envoyer valser, tout évacuer cette pression qui pesait encore sur son thorax et sur ses muscles.

Elle tendit un linge blanc et une lotion à Gareth, qu’il prit, docile, puis elle prit assise sur le bord de la baignoire en marbre.
-Tu veux bien m’aider à désinfecter ça, avant que ça ne cicatrice mal ?

Elle lui montra son épaule trouée par les griffes sans aucune accusation. Un rêve l’aurait guéri en quelques minutes, mais elle s’y refusait. D’une parce qu’on ne pouvait pratiquer un rêve efficace sur soi-même. De deux parce qu’elle ne voulait pas effacer complètement cette marque. Elle était celle de l’identité coupée.


Elle le contempla s’exécuter avec la douceur et la tendresse inverse du puma, plongeant ses reflets gris de pupilles légèrement encore humides dans l’océan des siens, d’où crachait toute la culpabilité qu’il ressentait, malgré les mots d’Amarylis.
-Ce n’est pas toi, et ta…particularité, puisque ce n’est pas une maladie, qui me rendent malade. C’est juste un effet d’après-coup et le poids des évidences…qui…

Sa voix se brisa dans le silence.

Ce qui l’avait fait vomir était la pire des prises de conscience.
Si j’étais morte. Si Elle m’avait tué. Qui l’aurait su ? Qui aurait été mis au courant, mis à part celui m’ayant trouvé ? Qui serait venu à mes funérailles ? Qui ne m’aurait pas oublié ?
Il était tellement facile de partir dans l’anonymat, que c’en était des plus flippant.
Ne laisser aucune trace de soi sur terre, disparaitre, tout simplement. La jeune femme en eut un nouveau tremblement. Perdre dans l’oubli toute sa carrière, sa réussite, son septième cercle et son miracle sur l’accouchement de Marlyn. Et l’avancée qu’elle s’apprêtait à accomplir.
L’idée même de sombrer si vite dans le néant sans aucun souvenir de soi en Gwendalavir la terrifiait, l’angoissait. Elle ne voulait pas être une simple mortelle parmi tant d’autre. Elle voulait agir, graver son nom quelque part. Même si c’était en tout petit.
Elle souffla un grand coup. Elle était vivante. Et si Gareth le voulait bien, elle entrerait dans les mémoires.
-Tu dis qu’elle évolue avec toi. Tu ne pourras donc jamais la tuer, ce serait te tuer avec Elle.

Elle s’arrêta un instant, appréciant le contact des soins du jeune homme.

-Par contre, on doit pouvoir la contrôler. En soignant. Cela peut paraitre…Je n’ai jamais fait ça.

Comment réagirait-il en apprenant qu’elle comptait expérimenter pour l’aider ? Prendrait-il peur ?

Au point où il en était, elle doutait qu’il fuit aussi facilement. Il était à bout, on le voyait à ces cernes, à son regard fatigué et coupable, à ses épaules affaissées, à l’application qu’il mettait à désinfecter la plaie d’Amarylis.
-Mais je peux te proposer quelque chose.

Il stoppa ses gestes, l’attention soudain à son comble. Un espoir ?

L’espoir était le plus fou des sentiments. Le plus fort, et le plus destructeur. Il pouvait élever une personne aussi haut que le soleil, et le brûler en une seconde. Comme Ycare.
On met de l’énergie, des jours, des semaines, parfois des mois ou années à se forger une confiance suffisante pour espérer, et il suffit d’un petit souffle, d’un petit mot, pour que tout s’effondre et que l’on se sente plus bas que terre, misérable, incapable. Idiot d’y avoir cru. Humain, quoi.
Et la rêveuse ne voulait pas que Gareth se sente ainsi, il avait déjà bien suffisamment mal avec Elle. Alors, elle abandonna le linge nimbé de sang, pour conduire l’homme-puma jusqu’à son bureau. Elle dénicha les dossiers, les quelques écrits, recherches qu’elle menait depuis quelques temps.
-Je voulais justement me spécialiser dans la recherche de remède, de nouveau rêve pour les maladies incurables à ce jour. Elle n’est peut-être pas une maladie comme tu conçois cette dernière, mais ton mal relève des soins. Et je voudrais travailler dessus. Surtout si tu n’es pas le seul à en souffrir.

Elle fit une pause, le laissant prendre conscience de ce qu’impliquait cet essai.

-Je ne peux rien te promettre. Je ne peux pas garantir une réussite sur la bête. Mais Elle mérite qu’on s’y intéresse, qu’on s’investisse.

Elle le fixa, ne cachant plus l’éclat d’excitation qui envahissait ses prunelles.

-Je ne pratiquerais aucun rêve sur toi, pour l’instant. Il me faut d’abord savoir d’où peut venir cette transformation. Mieux comprendre les tréfonds de l’âme humaine et exercer un nouveau rêve.

Elle eut un frisson.

Comprends-tu, Gareth ?
Comprends-tu ce que veux dire ce projet ?
Il veut dire risque. Risque de se jeter dans l’inconnu. Risque d’embarquer bien d’autres personnes dans cette aventure. Risque de tout perdre comme de tout gagner.
-Seulement il nous faudra de l’argent. Et le Conseil ne m’en donnera pas sans…preuve, sans résultats à peu près tangibles. Là commence le cercle vicieux de l’expérimentation. Si je mets à découvert l’expérience possible et nécessaire, ils prendront peur. Et stopperont toute chance d’y parvenir.

Comprends-tu encore ?

Je respire du risque. Je peux à présent défier l’autorité du rêve, la couardise des rêveurs sans me blâmer à longueur de journée.
Mais toi ? Le feras-tu ?
-Tu peux aussi reculer. Sortir de mes appartements et retourner à tes terreurs de nuit qui visiblement empiètent sur le jour. Mais pour combien de temps ? Combien de temps avant qu’une simple griffure comme la mienne se transforme en véritable repas ?

Prends ma main.

Marche avec moi.
Viens, on construit le futur, et on grave nos noms dans l’éternité !


Gareth Wilth
Gareth Wilth

Maître fauconnier
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MessageSujet: Re: Avez-vous continué la danse, quand la musique s'est arrêté ? [Terminé]   Avez-vous continué la danse, quand la musique s'est arrêté ? [Terminé] Icon_minitimeMer 20 Juin 2012 - 23:04

Silence.
La rêveuse ne répondait pas, elle paraissait perdue dans ses pensées. Soudain, elle se leva et courut dans sa salle de bain. Gareth ne se permit pas de la suivre, pensant qu'elle allait chercher quelque chose, mais ce fut que lorsqu'il perçut le râlement qu'il se dirigea vers l'entrée de la salle. Elle vomissait. Le contrechoc. Elle le remarqua soudain et se retourna. Elle prit la parole. Enfin.
Amarylis avait beau répéter que ce n'était pas de sa faute à lui, il savait très bien que c'était faux. Tout était de sa faute. S'il n'était pas venu chercher son aide, elle ne se serait jamais retrouvée à terre avec un poids considérable sur son corps, prêt à la dévorer. S'il savait dompter la bête, tout cela ne se serait jamais passé. C'était de sa faute et il le savait très bien. Il le savait que trop bien.
Elle sourit. Enfin. Gareth n'aurait pas cru qu'elle puisse lui offrir un tel spectacle à nouveau après se qui venait de se passer et voir les dents de la femme le soulageait un peu. Seulement un peu. Voudrait-elle seulement l'aider à dresser la bête qui se cachait en lui, puisqu'il était impossible de le soigner et de La faire disparaître ? Il ne savait pas et redoutait sa décision. Toutes les personnes qui s'étaient vu un jour mis au courant de son autre moitié s'étaient enfuis et il ne se voyait pas revivre une chose pareille, il n'en pouvait plus d'inspirer de la peur dans le regard des gens. Il ne voulait plus être une erreur de la nature pour les autres, il voulait être normal. Faire partie intégrante du monde Alavirien. Il voulait se sentir une fois dans sa vie normal, au moins une fois. C'était la seule chose qu'il demandait, mais il commençait à perdre espoir. Jamais Elle ne le quitterait. Il ne sera jamais normal. Jamais.
Elle ria soudain. Un petit rire, un simple souffle. Peut-être un rire nerveux, mais cela étira tout de même un demi-sourire sur le visage du fauconnier.
La rêveuse lui tendit soudain un linge blanc et un liquide étrange. Il prit les deux sans réellement comprendre se qu'elle attendait de lui. Elle s'assit soudain sur le rebord de la baignoire et tout se mit en place dans sa tête. Les plaies... C'était sa faute. Même si elle maintenait le contraire, il savait qu'il aurait dû maîtriser sa nature, qu'il aurait dû Lui dire stop. Qu'il aurait pu.
Il avait eu peur. Peur de Sa réaction, peur qu'Elle le fasse de nouveau souffrir, qu'Elle lui fasse encore plus mal qu'Elle ne le faisait déjà. Cette peur, il s'en voulait de la ressentir, il ne voulait plus La craindre. Pourtant, il voulait La combattre, il voulait La dresser, prendre le contrôle enfin sur Elle. Mais il n'y arrivait pas. Il ne savait pas quoi, mais quelque chose l'en empêchait. Il voulait être maître de son corps. Maître de lui-même.

Amarylis lui demanda de désinfecter les plaies. Elle le laissait la toucher après l'incident de tout à l'heure ? Il n'en croyait pas ses yeux, elle lui faisait confiance. La bête aurait pu resurgir et finir le travail, mais elle lui faisait confiance. Le coeur de Gareth rata un battement, il ne comprenait plus. Elle était si effrayée, si horrifiée, si terrorisée, si... Comment pouvait-elle encore le laisser la toucher ? Il n'y comprenait rien, mais voulait faire quelque chose pour elle. Il voulait faire au moins cela, c'était la moindre des choses.
Lorsqu'il vit les marques de son passage, il faillit s'enfuir. Elles étaient profondes et il y aurait sans aucun doute des séquelles. Il l'avait marqué à vie, comme un souvenir d'une étape cruciale. Comme le tournant d'une vie. Gareth sentait que quelque chose d'important était en train de se dérouler sous son nez, mais il était bien trop préoccupé par les trouées qu'il avait causé sur l'épaule de la femme pour s'en soucier. Quelque chose de cruciale pour leur vie à tous les deux. Il sentait que leur chemin ne faisait pas que se croiser l'instant d'un incident. Ils étaient collés. Presque l'un sur l'autre.

Quelque chose fit tilt dans les pensées du métamorphe. Pourquoi n'utilisait-elle pas son art ? Elle pouvait se soigner, pourquoi ne le faisait-elle pas... Etrange. Cette femme ne ressemblait pas aux autres rêveurs, elle avait les traits bien plus tirés que les autres, elle semblait... Il ne trouvait pas les mots, mais le visage de la femme était bien trop refermé pour que quelqu'un de logique se dise que tout allait parfaitement bien. Elle souffrait. Peut-être autant que lui.
Une plaie qui ne se refermait jamais. Gareth connaissait cela que trop bien, il en avait tellement eu. Ce n'était pas la même chose que de simples griffures ou autre blessure extérieur. De telles plaies faisaient encore plus souffrir son hôte que n'importe quelle blessure quelconque. Du sang en coulait continuellement, un sang âpre et impossible à regarder droit dans les yeux. Ces plaies-ci ne se refermaient que rarement et si cela était le cas, une ombre scintillante se trouvait toujours aux alentours. De l'aide. Et même le temps n'y pouvait rien, seul les autres avaient de l’influence sur ces blessures. Si le souffrant consentait à laisser quelqu'un entrer en lui.
Etait-il prêt à tout partager avec cette femme, avec Amarylis ? Etait-il prêt à tout déballer sur Elle devant une inconnue ? Non, ce n'était plus une inconnue. Il venait de la blesser à l'épaule, il s'était jeté sur elle. Ce n'était plus un inconnue. Mais le pourrait-il ? Il n'en savait rien. Il ne savait plus quoi penser, tout se bousculait en lui. Elle n'avait pas encore appelé quelqu'un pour le chasser et ne semblait plus être terrifiée par l'idée de partager la même pièce que lui. Elle avait un tout autre regard.

Le fauconnier s'approcha lentement de Amarylis et, employant la douceur qu'il réservait à ses protégés, il commença à enlever le sang sec qui s'accumulait sur son épaule. Jamais il n'avait fait cela et ne savait pas comment s'y prendre. Les seuls soins qu'il avait jamais prodigué étaient ceux qu'il réservait aux rapaces de sa volière. La femme continuait de parler et elle plongea son regard gris intense dans le sien, se qui eut pour effet de stopper tout mouvement de ses mains.
Le poids des évidences. Elle souffrait aussi.
Soudain, le temps reprit ses droit et ses mains se réactivèrent, comme si la phrase elle-même avait sollicité un arrêt du sablier. Il ne la croyait toujours pas. C'était sa faute à lui. Coupable.
Elle ne parlait plus et il sentait les pensées de la femme fonctionner à toute allure. Gareth avait fini de nettoyer les rebords des blessures et prit la lotion. Il commença à l'appliquer avec douceur.
Elle recommença à parler.
Il continuait de masser l'épaule de la femme avec la lotion en y prêtant la plus grande attention, comme s'il tenait la perle rare entre ses mains. Comme si elle était faite d'un cristal des plus fragile. Il ne voulait plus lui faire mal. A plus personne. Plus jamais.
La contrôler. Il avait essayé durant plusieurs années, mais n'y parvenait que la journée. Et encore. La bête était loin d'être idiote, Elle savait tout et se débrouillait bien mieux que lui. Elle partageait la tête de l'homme et connaissait toutes ses faiblesses. Et lui toutes les siennes. Ils étaient à égalité, mais Elle possédait la force du félin. Il n'était qu'un homme.
Il ne fut pas surpris de savoir que la rêveuse n'ait jamais fait cela, car il n'existait pas beaucoup de maladies qui renquilleraient un contrôle sur la personne. Aucune à vrai dire. Enfin, il le supposait. Aucun rêveur n'avait sans doute jamais contrôler quelqu'un ou quelque chose grâce au rêve, donc il n'était pas surpris.
Elle avait quelque chose à lui proposer. Ecoutant avec une oreille plus qu'attentive, il stoppa une nouvelle fois ses mains. Il ne bougeait plus, ses mains toujours au-dessus de l'épaule de la rêveuse. Pouvait-elle réellement l'aider et le voulait-elle vraiment ? Un espoir fou qui renaissait en lui. Un espoir oublié.
Elle se leva soudain et se dirigea vers son bureau, laissant tout soin à plus tard. Gareth la suivit, incapable de résister à la curiosité et à son envie de normalité. Elle sortit des dossiers. Elle voulait qu'il tri ces feuilles ? Non, sûrement pas. Mais que contenaient-ils, ces dossiers, dans ce cas là ? Sa curiosité fut attisée par le silence persistant d'Amarylis et le secret que contenaient les dossiers.
Il écoutait attentivement les paroles de la femme sans émettre une seule remarque, il attendait la fin. Il attendait qu'elle ait fini ses explications, qu'une question survienne. Que la question tant attendue sorte enfin de ses lèvres.
Aucune promesse. Juste une proposition. Deux êtres qui s'alliaient et se satisfaisaient l'un l'autre. Le premier pour ses connaissances, ses curiosités. L'autre pour son bien être, pour ne plus souffrir le martyr chaque nuit.
Un nouveau regard l'observait. Des yeux emplis d'une excitation grandissante.
Aucun rêve. Même lui ne savait pas d'où cela venait. Lorsqu'il se métamorphosait, il ne prenait pas le temps de réfléchir comment cela se passait. Il devenait félin, c'était tout. Il n'avait pas le temps de se poser des questions, il ne devait pas passer trop de temps entre deux corps, entre ses deux formes. Félin, humain.
Ils se jetaient tous les deux dans le vide. Un vide si profond que le sol ne leur parvenait jamais. Un inconnu terrifiant qui les concernait autant l'un que l'autre. D'où venait ses transformations... Il n'y avait jamais réellement réfléchi.
Un inconnu empli de risques immenses. Et le fauconnier ne savait pas comment Elle allait réagir à ces intrusions. Des risques bien trop grands. Pour lui et les autres. La bête ne se laisserait pas faire aussi facilement.
Il comprenait.
Il voulait être libre.
Enfin.
De l'argent. Avec des preuves, des résultats. Que voulait-elle dire ? Il fallait que se soit clair ; il ne se montrera à personne. Il ne voulait pas être l'objet de quelconques personnes. Il ne voulait pas devenir une attraction. Il voulait simplement pouvoir vivre avec Elle sans que cette dernière ne l'agresse à chaque fois qu'Elle veut sortir. Il voulait vivre en paix avec Elle, parce qu'il l'avouait, il aimait cette part de lui. Il l'aimait le jour. Il ne comprenait pas réellement où Amarylis voulait en venir, mais le devinait facilement. Il savait au fond de lui, dans ses tripes.
Il comprenait.
Il voulait vivre.
Enfin.
Du risque. Il n'y avait que cela. Mais que risquait-il lui ? Il ne possédait rien. Tout se qui comptait à ses yeux étaient ses rapaces. Simplement. Les seules choses que l'on pouvait lui prendre étaient ses oiseaux et sa vie. Rien d'autre. Il était seul. Personne n'avait connaissance de l’existence de sa famille. Il était un inconnu pour tout le monde. Même pour l'Intendant, l'homme qui savait tout. Il était seul.
Il n'avait rien à risquer.
Il aimait le risque.
Il vivait que de cela.
Le risque qu'un jour quelqu'un découvre son secret, le risque qu'un jour quelqu'un prenne peur, comme à chaque fois, et s'en aille vers les guerriers qui s'empresseront de venir afin d'éliminer le monstre qu'il était, le risque qu'il tue un jour quelqu'un, le risque qu'il finisse définitivement seul dans les montagnes, le risque qu'Elle prenne définitivement le contrôle. Que de risques. Il avait toujours vécu comme cela. Il y avait toujours eu le risque dans sa vie.
Il était prêt à tout. Le danger était son quotidien.

Soudain, les dernières paroles. Blessantes. Vraies.
Il ne put retenir sa langue. Il devait réagir.


- Tu ne connais pas les souffrances que j'endure. Penses-tu que j'ignore sa force ? Que j'ignore le danger qu'Elle représente ? Poser ces questions est comme retirer d'une violence insoutenable mon coeur de ma poitrine à mains nues. Je sais ce dont Elle est capable et je sais qu'un jour sans doute, si je ne réagis pas, Elle tuera. Je La connais. Je sais de quoi Elle est capable... Et qui sait si Elle ne l'a pas déjà fait...

Silence. Deux regards qui s'observent, attendant de quelconques paroles.

- Je ne reculerais pas.

Il ne voulait pas en dire plus. Il n'avait pas besoin, elle avait compris. Deux océans plongés dans une brume grise, deux personnes signant un contrat de silence. Leur regard étaient accordés. Ils étaient accordés.

Gareth se retourna et fit le tour de la pièce. Le contrat était passé.
Leur vie venait de prendre un tournant décisif.
Sur le même chemin.









[ Aaaaaah j'adore tes posts I love you ]
[ Désolé si je te donne pas grand chose pour continuer, mais j'arrive vraiment pas à trouver une phrase pour relancer, ça fait bien une heure que je cogite, mais rien ne vient --' ]

Amarylis Luinïl
Amarylis Luinïl

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MessageSujet: Re: Avez-vous continué la danse, quand la musique s'est arrêté ? [Terminé]   Avez-vous continué la danse, quand la musique s'est arrêté ? [Terminé] Icon_minitimeMer 11 Juil 2012 - 11:18

L’adrénaline affluait de plus en plus dans le sang d’Amarylis, si bien qu’elle sentait des explosions de risque griser son corps. Elle se mordillait la lèvre inférieure dans l’attente de la réponse de Gareth. Accepterait-il une proposition aussi interdite venant d’une rêveuse ? Ou se contrefichait-il de la neutralité et tout l’patatoin du Code ? Il pouvait à tout moment s’enfuit en criant qu’elle était sans doute devenue folle. Toujours est-il qu’il en résultait de sa faute à lui. Les idées révolutionnaires venaient en grande partie du traumatisme de l’attaque du puma. Même si, certes, elle avait coupé son identité avant qu’il n’arrive.
La Directrice d’Eoliane croyait au destin. Tout comme elle était persuadée que la rencontre avec le petit Juliet à la mort d’Ewen signifiait bien le renouveau et la succession, elle était intiment convaincue que sa nouvelle coupe de cheveux au moment où un inconnu « homme-bête » venait quérir son aide n’était pas une simple coïncidence.
Elle devait le faire.
Pour lui, déjà, et puis pour elle, pour sa postérité, pour son besoin d’être, vraiment. De ne pas se contenter de suivre la masse, de ne pas mourir ignorante et ignorée. D’Exister.

Il se vexa, l’accusant d’un mal qu’elle ne connaissait pas, et la rêveuse se mordit d’autant plus la lèvre. Elle se fit un peu mal, d’ailleurs, mais n’en avait que faire. Voilà qu’elle gâchait tout avec ses mots ! Elle venait de commettre une gaffe, elle l’avait blessé, et il allait refuser, à coup sûr ! Mais quelle cruche ! Habituellement elle savait parler, trouver les bons mots. Peut-être devrait-elle ré-apprendre tout cela avec sa nouvelle identité ? Elle n’était pas faite pour la révolution. Aucun rêveur n’est fait pour la révolution.
Elle pensa un instant à Ewen. Lui, il savait. Il savait qu’elle ne finirait pas simple rêveuse. Tout juste l’aurait-il encouragé, à cet instant, s’il avait été vivant !
Elle voulut s’excuser, tenter de rattraper son erreur verbale, ne souhaitant vraiment pas le blesser, mais il ne lui en laissa pas le temps. Et la laissa bouche bée.

Il en était ! Il la suivait ! Envers et contre tout, il était d’accord, déterminé, prêt à prendre les risques ! L’excitation dansait la zumba dans son ventre, et Amarylis se surprit à se retenir de ne pas sautiller de joie. Elle lui décrocha son plus beau sourire, rare ces derniers temps, et oublia toute retenue, lui plaquant un gros baiser sur la joue.
-Génial !

Elle ignora le regard surpris de Gareth, fouinant de suite ses recherches, réfléchissant à toute vitesse le comment du pourquoi. Et surtout le « par quoi commencer » ? Elle voulait s’y mettre de suite, malgré l’heure, malgré sa fatigue, et sa blessure. Elle ne voulait perdre aucune seconde de ce temps, aucune miette de cette fabuleuse adrénaline lui donnant l’impression qu’elle possédait tous les pouvoirs du monde entier.

Elle avait un peu peur, en effet, que passé ce moment de contre choc, toute détermination disparaisse. Alors autant en faire le plus possible, de sorte qu’elle ne pourrait plus reculer. Hors de question de se dégonfler !

Elle fouillait plus pour se donner consistance à méditer que pour trouver réellement quelque chose, et gardait une oreille sur les pas de l’homme dans ses appartements. La crainte qu’il ne parte restait de mise. Après tout, son attitude ne devait pas être des plus rassurantes. C’est vrai, quoi, vous connaissez beaucoup de personnes hurlant de joie après s’être pris un puma sur le corps ?
Alors, histoire de commencer une véritable collaboration et de le rassurer sur une éventuelle folie, elle lui fit part de ses réflexions.
-J’ai appris que toute maladie, déformation, mauvais gêne, ou bien d’autres choses qu’on ne nomme pas encore comme il le faudrait, était enfouie en chaque personne.

Elle perçut la question qui brulait les lèvres de Gareth.

-Non, nous ne sommes pas tous métamorphes à proprement dit. Tout comme nous n’allons pas tous mourir d’un rhume de poitrine. Il conviendrait plutôt de dire que nous avons tous un gêne de ce rhume, ou d’autres maladies. Selon les personnes, il se développe ou non.

Ses pupilles grises parcoururent ses notes sur ce fameux rhume qui était une des principales causes de mortalité. Elle n’avait jamais trouvé un élément commun qui explique pourquoi, chez ces personnes, le gêne s’était développé, et les avait tué.

-La première question à élucider est donc de savoir si le gêne de métamorphe est présent également chez toute personne, ou s’il s’attrape d’une manière ou d’une autre.

Ses mains tombèrent à plat sur la table jonchée de recherches. On en revenait à ce que tout rêveur interdirait.

-Et pour le savoir, il nous faut des personnes.

Elle n’osait pas encore dire le mot cobaye.

-Des personnes non métamorphes. Que je pourrais ausculter…

Là prenait place, sur son trône, le risque majeur de ce contrat. Chercher un gêne était d’une complexité telle que lorsque les rêveurs avaient découvert l’existence de celui du rhume de poitrine ou d’autres maladies, il en résultait de leur don à son plus haut niveau. Et les malades n’y avaient pas survécu.

En réalité, à cette période un peu noir du rêve, il ne s’agissait pas même de malades, pas de ceux destinés à mourir. Certains étaient venus complètement sains, ou juste avec une petite plaie, et ne s’était pas attendu, en acceptant l’examen, à ne jamais se réveiller. Les recherches ont alors été arrêtées, les rêveurs en cause mis à pied et interdits de recommencer pareilles expériences.
-Chercher une maladie dans le corps d’un patient ne souffrant pas encore de celle-ci est très dangereux. Les tests précédents ont montré qu’en cherchant son origine les rêveurs avaient déclenchés le gêne de ladite maladie. Et tué leurs patients. Voilà pourquoi je ne peux pas en parler au Conseil, et pourquoi je n’aurais aucun investissement sans preuves.

Nous sommes dans un cercle sans fin, dont l’unique moyen d’en sortir est de le briser. Et d’en assumer les conséquences.

-Toutefois ces recherches qui ont mal tourné datent de plusieurs dizaines d’années. Le rêve a évolué depuis. Moi-même j’ai déjà tenté de nouveaux soins qui ont fonctionné à merveille.

L’accouchement de Marlyn avait été applaudi de tous. Et pourtant, si la situation n’avait pas été si urgente, et que le conseil aurait eu à donner son accord…jamais elle n’aurait pu ouvrir la jeune femme. Le risque fait peur dans le rêve. Particulièrement lorsque l’on a atteinte le Septième Cercle.


Mais si ce grade offrait un grand pouvoir, pourquoi ne pas s’en servir ? Pas pour tuer, bien sûr. Mais le détourner doit bien être possible. Il faut bien qu’il y ait une raison à ce pouvoir, à ce secret !
-Nos patients ne mourront pas. Et quand bien même, je ne ferais rien sans leur consentement. Il ne s’agit juste que de vérifier, dans un premier temps, si ton mal est génétique ou s’il vient d’une cause extérieure.

Elle s’avança à lui, confiante.

-Qu’en penses-tu ?

Tu as dis que tu ne reculerais pas, n’oublie pas.


Gareth Wilth
Gareth Wilth

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MessageSujet: Re: Avez-vous continué la danse, quand la musique s'est arrêté ? [Terminé]   Avez-vous continué la danse, quand la musique s'est arrêté ? [Terminé] Icon_minitimeSam 28 Juil 2012 - 23:55

La rêveuse offrit son plus beau sourire à Gareth qui fut surpris du seul mot qui réussit à sortir de ses lèvres. Mais son coeur rata un battement lorsqu'il sentit le baiser de Amarylis sur sa joue. Comment pouvait-elle vouloir lui donner un baiser alors qu'il y avait plusieurs minutes il aurait pu la déchiqueter en quelques secondes ? Quelque chose la motivait, mais quoi ? Peu importe, tant qu'elle l'aidait à surmonter la bête, à enfin réussir à la dompter. C'était tout se qu'il lui demandait. Les moyens ? Peu importe. Les échecs ? Peu importe. Les méthodes ? Peu importe. Il voulait montrer à la bête que c'était son corps et qu'il en était le maître. Qu'Elle n'avait rien à lui dire, rien à lui ordonner. Le puma faisait parti intégrante de sa personnalité tout comme l'être humain, mais c'était sa raison d'être humain qui devait gagner. Pas la bête en lui. Elle n'avait pas le droit de lui imposer quoi que ce soit.

Il sortit de ses pensées lorsqu'il perçut des bruissements de feuilles. La rêveuse fouillait dans des dossiers, semblait réfléchir à une vitesse phénoménale et ne prenait plus attention à lui. Elle s'était déjà mise au travail. Elle fouillait encore et encore, sans réellement prendre en compte sa présence. Soudain, elle parla afin de le mettre au courant de ses idées.
Chaque maladie enfouie en chaque personne ? Alors si cela était vrai, est-ce que tous les êtres humains pouvaient devenir métamorphes ? Non, ça ne pouvait être possible, c'était un cas bien trop étrange pour être aussi étendu. Si Gwendalavir contenait un clan entier de métamorphe, cela se saurait. Et ce n'était pas le cas. Pourtant, il voulait lui poser la question, pour être sûr. Elle fut plus rapide et le devança bien avant que les mots ne sortent de ses lèvres. C'était bien se qu'il pensait, ce n'étaient que des gênes qui se développaient ou non, selon les personnes.
Elle se replongea dans ses notes tout en continuant à lui parler.
Le gêne du métamorphe ? Il n'avait jamais perçu ses métamorphoses en tant que maladie et peinait à se dire qu'il existait un gêne que peut-être seuls sa soeur et lui avaient développé. Mais de là à dire que cela s'attrapait... Non, il ne dirait pas ça. Il avait toujours senti Sa présence dans sa tête, dans son corps. Il lui fallut seulement atteindre un certain âge afin d'effectuer sa première transformation. Il s'en souvenait parfaitement.

Soudain, il entendit les mains de la rêveuse tomber à plat sur la table. Gareth venait de se rendre compte à quel point la table à laquelle elle était appuyée était jonchée de papiers. Deux phrases sortirent de ses lèvres. Deux phrases qu'il compris immédiatement. Il sentait qu'elle n'osait dire le mot qui qualifiait le genre de personnes qu'elle voulait ausculter. Cobaye. Elle voulait ausculter des personnes non métamorphes, des personnes normales. Pas des gens comme lui. Mais où en trouver qui soient d'accord ? Le fauconnier peinait à croire que certaines personnes voudraient se prêter au jeu. Non, personne ne voudrait.
Le silence de la femme ne disait rien de bon, il devait s'être passé quelque chose qui la bloquait à ce point. Quelque chose qui était capable de bloquer leur recherches nouvelles. Et elle le lui confirma bien vite.
Des dangers pour les patients qui ne possèdent pas encore les symptômes. Déclencher le gêne. Tuer. Le métamorphe ne voulait pas que des personnes meurent pour lui. Sauf qu'après réflexion, cela dépendait de la personne. Et la rêveuse ne paraissait pas être une femme qui ne se préoccupait pas des autres. Elle ne risquerait pas la vie de n'importe qui. Enfin, il l’espérait.
Le Conseil des Rêveurs. Voilà se qui bloquait les recherches à venir. Elle n'aurait aucune autorisation, aucun investissement sans preuves. Et c'était lui qui allait lui en fournir.
Des nouveaux soins ? Oui, elle paraissait savoir se qu'elle faisait mieux que personne. Elle n'était pas maître rêveur pour rien.
Elle le rassura cependant pour la question des patients. Cobayes.
Une cause génétique ou extérieur ? Il n'y avait jamais réfléchit. Il était vrai que ses parents n'avaient jamais eu ce genre de transformations, mais quel effet extérieur aurait pu lui causer ça ?

Amarylis s'avança soudain. Elle avait confiance. Comment faisait-elle ? Gareth ne comprenait pas. Elle devrait avoir peur, elle aurait dû déjà s'être enfuie depuis longtemps. Mais elle ne l'avait pas fait. Elle était restée. Et lui aussi. Un signe.
Elle lui demanda soudain son avis. Il n'avait pas envie de risquer la vie de personnes pour son simple sommeil, il ne voulait que personne ne meurent pour le préserver lui, l'homme qui renfermait la bête. Après tout, s'il n'était plus là, Elle disparaîtrait avec lui. Le monde serait débarrassé d'une menace. Mais l'instinct de survie voulait qu'il ne lâche pas prise aussi facilement. Il voulait vivre, mais à quel prix. La mort d'autres êtres humains ?
Non ! Il ne reculerait pas. Il lui avait promis, il avait déjà donné sa parole. Il ne reculerait pas.
S'avançant encore vers elle, ils se retrouvèrent à quelques centimètres l'un de l'autre.


- Je m'en remet à toi. Je ne suis pas rêveur, je ne connais pas les dangers que tout cela implique. Je ne suis que fauconnier, je ne soigne que les volatiles de ma volière et ne serais d'aucune aide en se qui concerne le rêve.

Il se stoppa dans ses paroles. Pouvaient-ils réellement faire cela ? Il en doutait.
Ses sourcils se froncèrent soudain. Pas question de laisser tomber ! Il avait déjà donné sa parole qu'il ne baisserait pas les bras, qu'il ne reculerait pas.


- Qu'importe les moyens, qu'importe les dangers que tu pourrais me faire courir. J'aimerais que cette souffrance grandissante cesse.

Silence. Un murmure sortit d'entre ses lèvres.

- Je te fais confiance.

Confiance. Quelque chose qu'il n'accordait qu'à de rares personnes. A personne à vrai dire. Il ne connaissait que deux personnes dans cette Académie. Son apprentie et Julia. L'une devait l'obtenir à force de persévérance et l'autre était encore bien trop inconnue quoi que la naissance du petit les avait sans doute liés. Il n'avait plus jamais offert sa confiance à quiconque depuis son départ de chez son oncle. Jusqu'à maintenant. Sans trop savoir pourquoi, il la lui donnait, à elle. Peut-être parce qu'elle semblait souffrir autant que lui de quelque chose, peut-être à cause de cette atmosphère si étrange depuis le début de leur rencontre.
Confiance. Un mot étrange dans sa bouche.

Il se trouvait toujours à la même distance et leurs regards se soutenaient l'un l'autre comme à l'attente d'un déclic. Et il en eut un. Les yeux océan de Gareth furent attirés par les recherches étalées sur la table et il ne put s'empêcher de s'éloigner. Pourquoi ? Même lui ne le savait pas. Une question sortit cependant de ses lèvres.


- Et comment comptes-tu trouver des... patients pour tes auscultations ?

Les recherches commençaient.



Amarylis Luinïl
Amarylis Luinïl

Maître rêveur
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MessageSujet: Re: Avez-vous continué la danse, quand la musique s'est arrêté ? [Terminé]   Avez-vous continué la danse, quand la musique s'est arrêté ? [Terminé] Icon_minitimeMer 15 Aoû 2012 - 10:22

Les battements de cils d’Amarylis s’amplifiaient devant la confiance que lui accordait Gareth, et leur proximité d’une expérience nouvelle les liait plus que jamais. Alors qu’elle faisait face à l’inconnu qui l’avait attaqué, elle se sentait plus proche de cet homme qu’avec le plus complice des rêveurs d’Eoliane.
Ensembles ils allaient transformer la peur en réussite, et Eoliane ne serait plus la petite Confrérie rattachée à l’Académie. Elle deviendrait la Confrérie où résident les rêveurs les plus prometteurs. Elle pourrait mourir en laissant derrière elle son nom, sans crainte que le temps ne l’efface.
Elle se mordit la lèvre d’excitation face à la question essentielle : où trouver les patients.
Elle lui tendit la main, ses pupilles grises pétillant de toute cette machination qui se mettait en place.


-Suis-moi !

Il sembla hésiter, peut-être par peur que le puma ne revienne. Mais Amarylis n’avait plus peur, et était intimement persuadée que la Bête ne reviendrait pas aujourd’hui. Elle insista d’un hochement de tête, puis sentit une main d’homme, plus grande, plus forte, s’emparer de la sienne.
Ça faisait tout drôle, cette main. Elle était rassurante, protectrice et douce. D’ordinaire c’était sa propre main qui paraissait ainsi, serrant celles de Juliet, ou de malades, tous plus faibles qu’elle. Elle n’avait pas l’habitude d’avoir à ses côtés quelqu’un de plus fort, un homme prêt à courir tout danger pour…Non pas pour elle, mais pour lui. N’empêche, l’illusion était agréable.
L’instant de gêne passé, elle l’entraina en dehors de ses appartements, accélérant son allure au fur et à mesure qu’ils s’approchaient du but. Alors qu’ils arrivaient enfin devant la porte d’une chambre, ils tombèrent nez à nez avec Jùn. Dont les yeux de menthe se posèrent d’emblée sur les mains liées. Il déglutit, fermant les yeux, et sembla hocher la tête pour lui-même.

-Je lui ai administré les soins quotidiens. Aucun signe de réveil.

Elle ne put répondre qu’il quitta place d’un pas rageur. Elle ignora copieusement le regard interrogateur de Gareth, et entra dans la pièce, fermant avec douceur la porte derrière elle.
Elle relâcha son emprise, libérée de toute poigne, et s’avança vers le chevet d’un homme endormi.


-Voici Darian.

Elle passa une main sur le front de l’homme. Son âge avoisinait la cinquantaine, des épis bruns parsemés de gris lui tombaient sur un visage blafard aux yeux clos.

-Il occupe cette chambre depuis bientôt deux ans. Inconscient. Il nous a été transféré de Fériane, faute de place. Fériane est une Confrérie plus importante que la notre, et plus demandée, aussi ne peuvent-ils pas s’encombrer de cas comme celui-ci. J’ai accepté de me charger de ce qu’ils appellent les « sans espoirs », puisque de la place, ça, nous en avons...

Sa voix baissa d’un ton.

-La bataille n’a pas laissé grand monde à soigner.

Elle releva bien vite la tête.


-Ils ne sont pas appelés les « sans espoirs » pour rien. Le rêve ne nous montre plus aucune activité de leur cerveau. Et pourtant leur corps vit encore. C’est…un des innombrables mystères que nous ne savons pas encore guérir.

Elle soupira, forte toutefois de savoir que l’avancée était permise désormais.

-La seule chose que je pouvais faire pour lui résidait à le laver, coiffer, tenter de l’alimenter par le biais du rêve.

Seulement il y a un hic.


-Qui sait si une auscultation plus approfondie ne permettrait pas de le ramener ? Et si ce n’était pas le cas…il ne perdrait rien. Dans les autres confréries, on les laisse mourir après un an et demi dans réveil. Ici…on a de la place, alors…j’attends.

Seulement il y a un gros hic.

-Mais inconscient qu’il est…nous n’avons pas son accord. Et si je connais son prénom, je ne sais rien de sa famille. Je pourrais, mais pour cela il me faudrait contacter le Directeur de Fériane. Et dévoiler nos projets. Et donc y mettre un terme.

Elle s’éloigna du lit pour se rapprocher une nouvelle fois de l’homme-bête et murmurer.


-Personne ne devra savoir qu’il a reçu d’autres soins que ceux administrés quotidiennement. Ou je perdrais ma place, et toi tout espoir.

On pourrait commencer dès maintenant. Réveiller les morts de notre confiance et de notre folie !

-Si tu as la moindre question, c’est maintenant, car dès lors que j’aurais commencé…notre rêve…je ne peux pas prédire ce qu’il se passera.

Plonges avec moi, et battons-nous contre le courant pour ne pas finir noyé, mais rescapés en héros. Fais de moi cette femme que j’ai toujours voulu être.

Gareth Wilth
Gareth Wilth

Maître fauconnier
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MessageSujet: Re: Avez-vous continué la danse, quand la musique s'est arrêté ? [Terminé]   Avez-vous continué la danse, quand la musique s'est arrêté ? [Terminé] Icon_minitimeLun 20 Aoû 2012 - 16:05

La rêveuse tendit soudain sa main à Gareth. Ses yeux pétillaient d'un sentiment étrange ; le fauconnier n'arrivait pas encore à l'identifier. La seule chose qu'il retenait, était qu'elle lui faisait confiance. Il avait beau se poser la question des dizaines de fois, aucune réponse ne venait. Il avait pourtant bien faillit la dévorer, pourquoi était-elle soudain comme cela avec lui ? Quelle personne censée offrirait sa main à celle qui pouvait à tout moment lui sauter à la gorge ? Amarylis paraissait vouloir saisir n'importe quelle occasion afin d'avancer sur sa voie. N'importe quel cas, le premier qui toquerait à sa porte. Lui. Elle avait cet éclair de certitude dans son regard, celui qui défiait tout obstacle.
Deux mots.
L'homme hésitait. Il ne voulait pas lui faire courir de risque, il ne voulait pas qu'elle soit blessée par sa faute. Il ne voulait pas l'avouer, mais il sentait encore la bête quelque part, à ses côtés. Prête à bondir à chacune des occasions qui se présentera à elle. Malgré tout, la curiosité lui dictait de suivre la femme. Cette dernière insista d'un hochement de tête. Comment lui refuser se qu'elle demandait après s'être introduit dans ses appartements et s'être jeté sur elle toutes griffes dehors ? Il ne le pouvait.
Sa grande main se faufila dans celle, plus frêle, de la rêveuse. Sa main était usée par les rêves, elle était petite, presque trop. Douce et apaisante. Une main de rêveuse. Celles du fauconnier, au contraire, étaient abimées par les serres des rapaces, par le travail physique continu qu'il devait fournir. Les oiseaux n'étaient pas tendre envers ses mains. Toujours emplies de cicatrices en tout genre, elles ne semblaient pas être apte à autre chose qu'à s'occuper de volatiles.
Une gène les envahis, vite dissipée. Sans attendre une minute de plus, elle l'entraina à l'extérieur de ses appartements et ils accélérèrent leur allure. Le fauconnier ne comprenait pas pour quelles raisons elle voulait arriver le plus vite possible à destination, il ne savait même pas se qui pouvait bien avoir à voir avec les patients ici. Peut-être n'avait-il pas de grandes connaissances par rapport à Eoliane, mais il était presque sûr qu'il était impossible qu'il s'y trouve des patients froids que la rêveuse pourrait ausculter – ou des patients consentants – .
Ils débouchèrent soudain devant une porte. Qu'y avait-il à l'intérieur, qui se trouvait de l'autre côté ? Gareth ne comprenait pas où elle voulait en venir. Il voulait simplement une réponse, mais elle ne lui en avait toujours pas offerte une seule.

Ils tombèrent soudain nez à nez avec un homme, rêveur sans doute. Ses yeux semblèrent se poser avec peine sur les mains liées avant de hocher la tête pour se donner une certaine contenance.
Il y avait donc quelqu'un derrière cette porte, une personne mal en point. Aucun signe de réveil... Elle était dans le comas, il n'y avait pas de doute. Mais que venaient-ils faire ici alors que l'homme derrière cette porte ne leur serait d'aucune utilité ; il n'était pas apte à leur donner son accord ou encore à refuser.
Le rêveur les quitta aussi rapidement qu'il était venu, d'un pas rageur. Pourquoi cette soudaine rage dans ses yeux, dans ses gestes ? Le métamorphe jeta un regard interrogateur à Amarylis qui l'ignora avec fracas. Il s'était passé quelque chose sous son nez, mais il ne savait pas quoi. Elle ne semblait pas prête à lui avouer se que c'était et il n'en avait pas d'avantage envie.
Elle entra dans la pièce, Gareth à sa suite, et lâcha soudain la main de ce dernier avant de s'avancer au chevet de l'homme endormit dans le lit trônant dans la pièce.
Darian. Il se nommait donc ainsi. Il semblait si paisible, si tranquille. Gareth l'enviait. Il voulait d'un sommeil profond comme le sien, il rêvait de pouvoir fermer les yeux et relâcher son attention sans craindre la bête. Pouvoir dormir sans la peur effrayante de baisser sa garde, sans l'horreur de Lui laisser le champs libre. Il voulait simplement avoir des nuits paisibles et ne plus posséder sans cesse ces cernes en dessous de ses yeux fatigués.

La rêveuse approcha sa main vers le front de l'homme ; elle semblait désemparée face à sa léthargie. Elle parla soudain sans pour autant se retourner.
Deux ans dans un comas, classé « sans espoirs ». Quel triste sort. Jeté d'une confrérie à une autre, faute de place. Quelle tristesse de voir des rêveurs sélectionner qui doit rester ou partir. Des gens comme cet homme restaient dans une inconscience sans réveil durant deux ans, alors que lui vivait avec un monstre assoiffé de liberté en lui. Durant quelques instants, il aurait voulu être à sa place. Quelques secondes à peine. L'instinct humain et animal le rappelèrent à la raison ; personne ne voulait être dans cet état là.
La voix de la femme baissa soudain, elle était presque inaudible. Gareth pu entendre sa seule phrase, mais ne fit aucun commentaire. Il n'était pas là lors de la bataille à l'Académie, mais savait pourquoi elle avait eu lieu. Il savait qu'il n'y avait pas eu de blessés. Ce n'était que des morts ou des rescapés sans blessures majeures. Rien de bien intéressant pour un rêveur qui consacrait sa vie à sauver son prochain.
Elle releva la tête et faisait enfin face au métamorphe ; elle lui avoua qu'elle ne pouvait plus rien pour Darian, l'homme inconscient. Il ne perdait rien à devenir un de leur « patient ». elle sembla soudain gênée par un détail, qu'elle lui annonça assez vite. L'accord. Là était le problème, il ne pouvait le donner. Une famille aurait pu le faire, mais elle ne savait apparemment rien d'elle. Le Directeur de Fériane le savait, mais il y avait un problème majeur ; s'ils en parlaient à Fériane, leurs projets seraient dévoilés et il faudrait les stopper sur le champ.
Elle s'approcha à nouveau du fauconnier et murmura soudain. Personne ne devait savoir. Il n'était pas à quelques secrets prêts, il était capable d'en garder un de plus dans sa collection déjà bien fournie. Chacun pouvait perdre quelque chose, chacun mettait sa propre survie en jeu. Elle, elle perdrait sa place et sa vie entière serait bouleversée. Lui, il perdrait l'espoir qu'il venait d'obtenir et celui de dompter cette bête. La discrétion serait leur plus grand allié.

Des questions. Il n'en avait aucune qui lui venait spontanément en tête, il était bien trop occupé par la tristesse qui ne venait pas. Il aurait dû avoir du remord pour l'homme qu'ils allaient utiliser, mais rien. Rien ne venait. Il ne ressentait aucune tristesse, aucun attachement pour cet homme qui allait donner sa vie pour le rêve.
Leur rêve...
Il était venu si brusquement, à peine quelques heures plus tôt, il luttait contre la bête et ne pensait pas trouver de l'aide. Il ne pensait même pas que quelqu'un connaîtrait son secret, celui qu'il cachait à tous depuis son arrivée. Presque depuis sa naissance. Seule sa famille le connaissait. Personne d'autre. Mais plus depuis ce matin-là. A présent, Amarylis le savait. Ils avaient tous deux une envie de connaissance, une envie de trouver un remède. L'une pour elle, l'autre pour lui. Chacun pour des buts différents, mais les mêmes recherches. Le même rêve.

Gareth observait toujours l'homme inconscient. Il voulait retrouver son sommeil, mais il s'était toujours juré que la bête ne tuerait jamais personne, dans n'importe quelle circonstance. Même si elle ne le faisait pas de ses propres griffes ; elle tuait tout de même, car c'était pour La dompter qu'ils allaient ausculter des « patients ». Pour Elle.
Ayant pourtant promis qu'il ne reculerait pas, il hésitait tout de même. Tuer pour son sommeil. Car il fallait l'avouer, l'homme n'allait jamais se réveiller s'ils l'utilisaient. Oui il était dans le comas, mais s'ils faisaient des recherches sur un autre corps, ils trouveraient peut-être quelque chose afin de le réveiller. Tout était toujours possible.
Un problème se posait ; la question serait présente à chaque fois qu'un potentiel malade se présentera à eux. Cet homme était le seul qui ne pourrait pas dire non. Le seul dans un état aussi critique, aussi lamentable. Il ne pouvait rien perdre. Gareth se posait tout de même la question ; avaient-ils réellement le droit de faire cela ? Il en doutait fort.

Ses yeux ne quittaient pas le corps de l'homme, il n'arrivait pas à les lever vers la rêveuse. Elle paraissait si sûre d'elle, elle semblait ne pas se poser ces questions. Elle était prête à tout et il lui avait promis de la soutenir quoi qu'il arrive, de ne pas baisser les bras. Il devait le faire. Ne pas laisser tomber. Jamais.
Il leva soudain son regard océan et le plongea dans celui de Amarylis. Sûre d'elle, elle avait confiance en lui. Il ne pensait pas mériter ce sentiment soudain. Elle ne devrait pas lui donner cette assurance aussi rapidement ; il devrait tout faire pour la mériter. Se contrôler autant qu'il pourra.
Il sortit soudain de la pièce ; l'homme inerte le mettait mal à l'aise. La rêveuse le suivit, inquiète. Il ne disait rien et sortait de la chambre. Lorsqu'ils furent à l'extérieur, il se retourna face à elle. Se confrontant du regard. Comme s'il craignait que le patient l'entende derrière la porte, il chuchota presque les quelques mots qu'il prononça.


- Je te fais confiance comme je te l'ai déjà dit, fais se que bon te semble. Demande moi se que tu veux, je le ferais.

Silence. Gêne. Il ne voulait pas l'embêter plus longtemps et avait besoin de temps pour digérer se qui venait de se passer. Il venait d'avouer à une femme qu'il ne connaissait alors pas son plus grand secret après l'avoir agressée et le voilà maintenant à jouer les cobayes afin qu'elle trouve le moyen de lui rendre ses nuits. Même s'il savait qu'elle ne pourrait jamais ôter la bête de son corps, il voulait qu'elle l'aide à La contrôler.
Il respira profondément.


- Je ne pense pas que vous ayez besoin de mon aide afin d'ausculter le... patient ?

Elle confirma et une gêne s'installa soudain. Devait-il partir, lui serrer la main, l'embrasser sur la joue, simplement lui dire au-revoir ? Il ne savait pas quoi faire, elle ne savait pas quoi dire. Aucun des deux ne semblait vouloir faire demi tour en premier. Le fauconnier se décida enfin. D'un geste de la main, il la salua.

- Vous savez où me trouver, je ne compte pas m'enfuir.

Petite vanne afin de détendre l'atmosphère tendue des quelques minutes. Deux sourires. Deux mains qui se disent à une prochaine fois. Il lui tourna le dos, sortit calmement de la confrérie non sans se perdre auparavant, puis fut enfin à l'air libre.
Un vent frais soufflait dans les plaines, ses jambes le démangeaient, il se sentait mal. Ses pieds commencèrent à courir, son coeur se calma et ses yeux se fermèrent.
La journée, il La contrôlait encore pour le moment.
Sa silhouette se transforma soudain. Une queue, des oreilles poilues, de puissantes pattes frôlant les herbes, une gueule remplie de crocs acérés rugissant presque contre le vent. Gareth était devenu puma.

Des plaines à perte de vue, une silhouette féline se mouvant entre les herbes et les collines.
Liberté infinie. Calme fou. Silence intense.
Espoir de nuits paisibles.







[ Je me disais que ce rp arrivait gentiment au bout, alors j'ai pris la décision de le stopper. Après, si tu avais autre chose en tête, je peux toujours éditer Wink Et comme ça on peut commencer un nouveau rp, si le coeur t'en dis What a Face ]

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MessageSujet: Re: Avez-vous continué la danse, quand la musique s'est arrêté ? [Terminé]   Avez-vous continué la danse, quand la musique s'est arrêté ? [Terminé] Icon_minitime



 
Avez-vous continué la danse, quand la musique s'est arrêté ? [Terminé]
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