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| What my freedom means to me, what it meaaans (8) [Terminé] | |
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Messages : 359 Inscription le : 08/05/2007 Age IRL : 33
| Sujet: What my freedom means to me, what it meaaans (8) [Terminé] Mer 14 Déc 2011 - 21:03 | | | Elle ne se souvenait plus vraiment de son départ, c'était quelque chose qu'elle ne s'avouait qu'à demi. En réalité, Ambre avait conscience de l'ordre de succession des choses; de la manière dont elle avait salué, et dit au revoir, mais les sentiments, à vrai dire, ne lui revenaient pas. Chaque fois qu'elle figurait se souvenir, ses tripes se nouaient; moins qu'un mauvais dessin, des émotions parfaitement artificielles. Qu'est-ce que ça faisait? Nouveau départ; songeait-elle.
Ambre avait fixé le rendez-vous, hors de l'Académie, près d'une rivière qui passait au travers d'Al-Poll. C'était devant une des portes qui ceignait la ville, une heure avant que leurs employeurs ne passent. Ce n'était pas le spectre de Marlyn qui l'empêchait de rentrer en ville, même si présentement, sa langue passait dans le petit creux laissé par sa molaire déchaussée. Les marchands ne voulaient pas que qui que ce soit sache que le convoi était protégé, et encore moins « par qui ». C'était une des raisons qui l'avait fait engager la mentaï. Elle était arrivée comme une ombre, au lieu de rendez-vous, obligée de descendre son prix, en se présentant pleine d' ecchymoses face au chef du convoi. Mais sa langue acérée avait trouvé les arguments qui leur valait trois places au sein du convoi; trois place de protecteurs; se remettant entre ses mains quant à son appréciation finale, elle faisait preuve d'abus de confiance, elle le savait. Mais s'enrichir n'avait que peu d'importance; la seule chose qui comptait était le départ.
La jeune femme inspirait calmement, adossée à un noyer tordu au possible. Plus angoissée que sereine, mais plutôt impatiente que névrotique; un sourire léger aux lèvres. Elle avait envie de chantonner les vieux airs, peut-être pour évoquer dans son esprit les moments anciens; entourée de cette familles, et des chimères. Elle s'astreignait pourtant au silence; les yeux grands ouverts perdus dans le lointain, tout à la conscience du poids du sac sur son épaule, du bâton de marche dans sa paume droite, de la chaleur diffuse de celui-ci, en rapport à l'humidité de l'herbe. Ses quelques vêtements et possessions ne pesaient pas bien lourd. Elle portait la tunique blanche par dessus le corsage noir de cuir, et une jupe informe, mais qui n'était pas sans présenter d'énormes avantages pour les voyages. Ambre rêva la venue de Tifen bien avant que celle-ci n'arrive; comme elle avait longuement rêvé du voyage, de la manière dont elle irait se mêler au convoi, comme n'importe quelle femme de la famille de Gord Egon, le Grand Bijoutier. Elle imaginait le sud labyrinthique, plein de villes à découvrir, et d'hommes aux sourires de Sphynx à qui l'on demanderait un vague itinéraire; pour une destination tout aussi vague: la mer. Ils iraient jusqu'à Al-Vor avec le convoi, ensuite, libre leur serait de parcourir tous les lieux que comptaient Gwendalavir. L'Empire sera nôtre, et peut-être... Ses pensées se perdirent dans le terme même d'Archipel, tant elle ne parvenait pas à concevoir la manière dont ses terres bornées s'agençaient. Etre confrontée aux limites l'agaçait toujours, et l'excitait à la foi; en cela, elle était parfaitement marchombre. Débridant son esprit sur la page blanche habituelle des voiles, les ongles de sa main gauches dessinèrent dans la tête les ondulations floues d'un poème marchombre sans parole, qui se versifiait à l'instant sur ses iris avides de lueurs. Vienne midi, et qu'on parte, enfin!
L'angoisse s'apaisait au fur et à mesure que grimpait l'impatience, et les mélopées de son esprit se firent moins traditionnels, et plus heureux- bals populaires de feu de camps. Elle ne quittait rien qui pouvait lui donner de vrais regrets, cette fois, se disait-elle. Une soeur auprès d'elle, un titre d'air, et des capacités à tester, tant de choses à voir...! A voir infiniment. Ses pensées contournèrent soigneusement le marché de Lev, les conversations qu'Anaïel et elles faisaient semblant d'entretenir à la légère; ainsi que la rumeur du départ d'Elera. Elles s'accrochèrent longtemps, cependant, au souvenir de Ena Nel' Atan, à ses regards lancés à l'Anh-Ju, et à son envie d'alors, de lui mander « Autre chose que vous penseriez pouvoir m'interdire? » noyées dans le reste. Tout ce qui faisait de l'Académie sa prison. Elle se redressa vivement, croyant voir arriver Tifen, mais fut détrompée en voyant la silhouette s'approcher de la porte. Pas de traces encore de sa soeur d'arme. Comme l'avaient prévu les itinérants, un flux ininterrompu de gens passaient par la porte du Sud, population de tout poils, allant des fermiers aux mendiants, en passant par les gardiens d'oies et les porteuses d'eaux. Ambre s'adossa à nouveau à l'arbre, renonçant à s'asseoir d'avantage. Quelques minutes plus tard, elle vit distinctement Tifen fendre la foule, l'épée au foureau, l'arc à l'épaule; agilité féline pour éviter tout contact, quand rien dans sa mise ne pouvait permettre de la trouver gracieuse, même l'austère natte sombre- qui lui courrait bien au delà des reins.
L'expression d'Ambre devint euphorique un très bref instant, mais ses yeux continuèrent de pétiller bien après qu'elle ait tenté de reprendre une forme de contrôle sur ses traits.
-Le Dragon soit loué, te voilà! Ils ne tarderont pas!, l'acceuillit Ambre, en la serrant contre elle.
Pour dire vrai; elles n'avaient jamais parlé ensemble de la manière dont commencerait leur périple, hormis une fois, à l'occasion d'un repas pris ensemble, dans le brouhaha de la salle commune que d'ordinaire, l'une comme l'autre fuyait. Vers le Sud « je m'occupe du départ » avait dit la plus dessinatrice des deux. Jamais non plus Tifen n'avait mentionné autre chose sur son élève que son nom; et l'Itinérante n'avait jamais souhaité investiguer plus avant, la formation guerrière l'indifférent proprement.
-Il n'est pas avec...? , continua-t-elle, en rouvrant les yeux, et relâchant son étreinte pour chercher derrière Tifen le mystérieux Einar Soham, et s'y présenter. ...Oh.
Faute de tomber sur une avenante montagne de muscle, ou tout autre homme présentant les signes équivoques de l'Art de la guerre... Tifen désigna... Einar. Ambre sentit quelque chose s'effondrer et se durcir en elle à l'instant ou ses yeux tombèrent sur lui. Ce n'était pas qu'il avait l'air atroce, ou qu'elle puisse avoir contre lui de véritables griefs, sa mise était soignée, il avait ceint son arme... Mais LE BUG. Mais qui aurait pu vendre cela pour un guerrier?
Abasourdie elle-même par sa propre erreur et les conséquences qui risquaient d'en découler en terme de marché avec les Egon, ses traits passèrent de l'expression joyeuse à la surprise la plus totale, teintée d'une sacrée forme de couleur, toute fois. Tifen avait dû dire quelque chose qui échappa totalement à sa soeur, qui pourtant se reprit, en croisant ses yeux noisettes.
Il avait l'aix anxieux, timide, ou au moins intimidé... Ou vraiment, son interlocutrice lui présentait un visage réllement effrayant. Elle n'en tendit pas moins la main, tâchant de ravaler les relents amers qui lui venaient spontanément, se présentant d'un « Ambre » assez laconique. Elle eut l'impression de lui broyer la main- et que sa paume était celle d'un enfant qui joue à la poupées- et n'osa pas regarder Tifen toute suite, de peur de laisser libre court à la colère qui grimpait en elle graduellement. Il fallait trouver une solution avant l'arrivée des Itinérants.
[A volonté]
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| | Maître chantelame et marchombre Messages : 1043 Inscription le : 26/02/2007 Age IRL : 32
| Sujet: Re: What my freedom means to me, what it meaaans (8) [Terminé] Lun 2 Jan 2012 - 20:10 | | | Ils partaient en voyage. Ils partaient. Partaiiiiient. Tifen ne tenait pas en place. Enfin. Elle avait récupéré ses affaires, le peu qu’elle laissait dans ses appartements. Elle avait tellement hâte de se rendre au point de rendez-vous donné par Ambre. Tellement hâte de partir. Elle avait prévenu l’Intendant, aussi. Juste pour l’avertir qu’elle ne pourrait plus s’occuper des apprentis marchombres, qui pourraient la chercher longtemps.
Elle partait.
Elle avait prévenu Einar quelques temps auparavant, lui donnant un premier rendez-vous à l’entrée de l’Académie. Ils iraient à Al-Poll ensemble, retrouveraient Ambre, et pourraient partir. Enfin. Ses affaires étaient toutes rassemblées dans une besace, elle avait ses armes, redissimulé les codex de Valen dans la grotte Chantelame pour être certaine de les retrouver si elle les cherchait un jour. Elle n’en aurait pas besoin sur la route, et les avait suffisamment lus pour s’en souvenir pendant un moment.
Elle quittait l’Académie sans regret.
Cette école resterait toujours sa maison, mais elle avait besoin de partir, de revoyager, de parcourir les routes et les bois. Khan la regardait trépigner d’un air presque sceptique, ne comprenant pas pourquoi elle n’allait pas courir dans le parc si elle tenait tant à se balader dans les bois. Ambre s’occupait du départ, et Tifen faisait confiance à sa sœur de cœur même si elle n’était pas sûre de comprendre ce qu’elle sous-entendait par là. Parce qu’après tout, y avait-il vraiment besoin de s’occuper de certaines choses ? Ils se retrouvaient tous au lieu de rendez vous avec quelques vivres et leurs affaires et ils partaient, tout simplement.
Enfin, le matin du départ était là. Enfin.
L’attente jusqu’à l’heure qu’elle avait donné à Einar lui parut insupportable. Les secondes s’écoulaient dans une lenteur infernale, les minutes duraient des lustres. La jeune femme finit par partir vagabonder dans l’Académie, pour faire un ultime tour des bâtiments qu’elle avait fréquenté toutes ces années. Ses doigts glissaient doucement sur les pierres, au rythme de ses pas. Tant de souvenirs resteraient liés à ces murs. Malgré cette errance entre les différentes pièces, elle arriva vers la porte de l’Académie avec Khan bien avant l’heure qu’elle avait donné à son élève. La chantelame déposa donc son sac et se laissa tomber à coté. Il n’y avait plus qu’à attendre. Une demi-minute plus tard, elle s’ennuyait déjà. Elle voulait partiiiiir. Vivement qu’Einar arrive.
Elle regarda le ciel. Puis les feuilles, puis le ciel, puis les arbres, puis Khan qui sommeillait à ses cotés. Une idée amusée traversa furtivement son esprit, mais elle se rangea, ce n’était pas le moment.
Mais elle s’ennuyait vraiment. Et le temps trichait, il passait trop lentement. Une lueur amusée se glissa dans son regard, et elle bondit sur le tigre somnolant, lançant une partie de ceymoiquitesautedessusparcequet’estropleeeent-euuuh. Et elle remporta la manche haut la main, vu que le félin ne s’attendait pas à une telle attaque. Surtout que ça faisait un temps fou qu’ils n’avaient pas joué ainsi. En guise de vengeance, il essaya de la faire tomber, mais elle l’esquiva une première fois.
Le temps passerait plus vite.
Ils enchaînaient les manches, s’esquivant et s’attrapant respectivement l’un l’autre. La porte s’ouvrit, la jeune femme détourna le regard du félin pour voir qui arrivait, et se retrouva rapidement sur le sol, les grandes pattes de Khan sur les épaules. Un point de plus pour lui. Après deux ou trois tentatives, elle le repoussa pour se relever et sourire à son apprenti, puisque qu’elle avait reconnu sa tignasse.
- Tu vas bien, dis ? Prêt pour le départ ?
Ses yeux pétillaient de joie. Ils partaiiiiient. Le chemin vers Al-Poll fut moins long qu’elle l’aurait cru, passé à discuter avec son élève sur le programme supposé du voyage, sur les derniers potins de l’Académie, et les portes de la ville apparurent enfin devant eux. Khan disparut dans les bois, et ils entreprirent de traverser la ville.
Du... monde.
Il y avait tellement de monde. La foule s’engouffrait dans les rues, se bousculant, se croisant dans un brouhaha inviable. Et dire qu’il fallait encore parvenir à l’autre bout de la ville. Enfin, la sortie de la ville où Ambre avait donné rendez-vous. Enfiiin. Elle accéléra le pas, évitant la foule. Son sourire s’agrandit quand elle aperçu la silhouette d’Ambre adossée à un arbre. Elle serra sa sœur dans ses bras, savourant de la retrouver après quelques temps où elles s’étaient juste croisées dans les couloirs. Puis observa rapidement les alentours, et la tenue de sa sœur.
Bug. Pourquoi est-ce que l’ex-Corbac portait une jupe ? Et c’était qui, ils, d’abord ? Ils ne partaient pas maintenant ? Qui allait arriver ? La marchombre se présenta à son apprenti, et Tifen ne comprit pas pourquoi Ambre semblait si surprise. Son regard se fit interrogatif, tandis qu’Einar et Ambre se serraient la main.
- Qu’est ce qui se passe, Ambre ? Il y a un problème ? On attend quoi pour partir ?
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| | Messages : 312 Inscription le : 22/12/2008 Age IRL : 31
| Sujet: Re: What my freedom means to me, what it meaaans (8) [Terminé] Sam 14 Jan 2012 - 1:13 | | | Si l’anxiété avait un maximum, Einar venait probablement d’en exploser la limite.
Ses camarades de dortoir avaient du l’arrimer à grand renfort de cordes plantées dans le sol pour l’empêcher de s’envoler et de bondir en tout sens, ou même d’avoir de jolies petites crises d’hystérie extatiques. Entre les « Je pars, je pars, je pars, on part, on part, on voyaaaaaaaage ! », les « ils voudront jamais de moi j’suis trop nul j’suis pas assez fort et je le mérite pas Halina passe-moi une corde et tiens le tabouret », les « mais j’vais oublier cinquante mille trucs et tu crois Astragal que je devrais prendre combien de chemises non attends Ewall t’aurais pas vu mon fourreau par hasard ? » et enfin les « Iiiiiiiiiiii » et autres « yaaaaaaaaaaay » incompréhensibles pour le commun des mortels, bref entre toutes des diverses exclamations et crises de panique, Einar avait à peine eu le temps de penser au voyage en lui-même tellement il était obnubilé par les préparatifs.
Il avait passé plusieurs jours à se rendre dans les divers bureaux des professeurs pour leur expliquer les raisons de son absence prolongée, la plupart l’avaient regardé avec un certain désintérêt avant de le congédier – les élèves qui partaient en voyage n’étaient absolument pas rares à l’Académie. L’instant le plus mémorable fut quand il se rendit auprès de Jehan Hil’ Jildwin. L’intendant, dans ses accès de paranoïa régulières, avait exigé de connaître les moindres détails du pourquoi du comment de quel était le fuck, et il avait été bien en peine de lui soumettre. Son Maître chantelame Tifen lui avait juste annoncé un jour qu’il l’accompagnerait avec Ambre Naeëlios pour un voyage dont elle ignorait la durée et l’itinéraire exact, ainsi que le but précis. Ca avait le mérite d’être complètement vague, mais c’est tout ce qu’Einar put dire à l’Intendant, et il fut chassé de son bureau à coup de presse-papier en bois.
Et ce cruel manque d’informations le paniquait un peu aussi. Il savait même pas qui était Ambre Naeëlios, ils étaient pas dans la même maison, et Tifen avait l’air d’être super contente de faire le voyage avec elle. A la vérité, il avait même carrément peur d’être un peu en trop, du coup, si c’était un voyage qu’elles avaient prévu de longue date, et que Tifen s’était senti obligée de l’emmener parce que c’était son apprenti. Il s’était promis de lui en faire part avant le départ, mais il n’arriva pas à la croiser la veille du jour prévu pour le départ, alors il dut se débrouiller sans. Autant tenter de faire bonne impression tout de suite. Le matin du départ, son paquetage, qui se composait d’un grand sac de voyage bourré à bloc dans lequel il était parvenu à faire tenir un nombre incroyable de choses, était proprement posé à côté de son lit. Il s’habilla dans sa chemise et son pourpoint de cuir le plus propre, à défaut de posséder une armure, et porta fièrement à son côté son sabre chantelame, qu’il avait passé toute la soirée à nettoyer et affuter.
Il s’était même peigné les cheveux.
C’était dire à quel point son niveau d’anxiété avait atteint un niveau faramineux. Tifen l’attendait apparement depuis un moment quand il la rejoignit, sac juché sur les épaules, et il hocha vaguement la tête à sa question. Il avait l’estomac un peu noué et pourtant, il était extrêmement joyeux d’avoir la chance de voyager. Il fut étonné de la trouver seule, ils étaient pas censés voyager avec la fameuse Ambre… ?
Quand il percuta qu’en fait de compagnon en arrière-plan se trouvait un… ENORME. Super méga grand tigre, il manqua de s’arrêter de respirer, ou bien de lâcher son paquetage et de s’enfuir en courant. C’était vraiment une grosse bêbête. Mais bizarrement, la bête ne se jeta pas sur lui pour le dévorer tout cru, et lui manifesta une curiosité soudaine, au point de venir le renifler d’un air suspect. Tifen avait un sourire paisible qui flottait sur les lèvres, ça devait pas être si dangereux que ça. Et, mais en fait… ? Le tigre, mais oui mais c’est bien sûr.
Ambre, c’était le tigre.
Ok. Sauvegarde mémoire. Ca lui paraissait logique, en fait, pour voyager vaut toujours mieux avoir une grosse bête féroce pour s’occuper d’éventuels brigands et ennemis le long de la route, et vu le lien d’affection que la bête –Ambre- semblait entretenir avec Tifen, ça expliquait aussi l’air joyeux de Tifen quand elle lui avait annoncé qu’ils voyageraient à trois. D’un air encore un peu inquiet, il posa la main sur la tête du macrofélin, et murmura pour lui-même :
- Toi Ambre, moi Einar, si tu me prends pas pour ton steak j’te prendrai pas pour mon tapis, compris ?
Ils partirent pour Al-Poll, Einar ne savait pas trop trop pourquoi, d’autant que Tifen avait manifestement un certain inconfort dans les endroits plein de monde – il avait toujours du mal à la trouver quand il la cherchait dans les couloirs- mais il s’abstient de tout commentaire, c’était elle la chef, chef. Ambre ne cessait de lui frôler les jambes, les présentations avaient l’air de ne pas s’être trop mal passées. Sûr qu’il l’aimerait bien, à la longue. Y’avait pas de raison, il était le digne apprenti chantelame de Tifen.
La place marchande était bondée de monde, et vu les différentes charrettes alignées et les marchandises qu’on trimballait un peu partout, ‘devait y avoir une caravane en partance pour quelque part. C’était ça qu’ils prendraient comme moyen de transport ? Mais les Itinérants prenaient pas souvent de voyageurs extérieurs, et puis comment, d’ailleurs… Et Pourquoi Tifen elle faisait un calin à une inconnue en jupe, aussi ? C’était une Itinérante, avec qui elle avait conclu un marché ? Le petit chantelame rougit brusquement quand il sentit le regard inquisiteur de l’inconnue sur lui, avec une certaine pointe de… quoi, d’ailleurs ? ‘Fin c’était pas un regard gentil, quoi, et puis elle avait un gros bâton, et ça le rassurait pas. Quand elle lui tendit la main, il la serra par réflexe. Manqua de s’étouffer.
« Ambre. » … Quoi ? Son regard juvénile passa de la jeune femme à l’air peu amène au tigre qui était couché aux pieds de sa maîtresse, puis de nouveau à la dame en jupe, puis de nouveau au tigre, puis un regard perdu vers Tifen, qui était apparemment concentrée à regarder le convoi d’un air interrogateur.
- Euh, mais, t’es un pas… le tigre, c’est pas toi ?
C’est tout ce qu’il put marmotter spontanément, de surprise. Et puis quand il eut récupéré assez de neurone pour analyser un peu la situation sans paraître complètement ridicule, il eut une vieille illumination. Une illumination qui n’avait rien pour lui plaire, d’ailleurs. Il connaissait cette coupe de cheveux. Et puis c’était pas courant, ces yeux violets, en plus… Son visage passa de rouge à livide, il se détourna, cherchant des yeux une excuse pour s’éloigner un peu. Cette femme, il l’avait déjà vue, une fois. Il marchait dans le couloir pour se rendre à la salle des eaux après un entrainement avec Tifen, et elle était là à discuter avec.. le Monstre-dont-il-ne-pouvait-plus-prononcer-le-nom. Ok. Ambre, il préférait quand c’était le tigre. Alors que Ambre amie du M.d.i.n.p.p.p.l.n, et qui avait l’air de déjà pas trop l’aimer, elle l’intimidait. Il passa quelques minutes à flâner l’air de rien autour du convoi pendant que Tifen et Ambre discutaient. Quand il osa revenir dans leur périmètre, Tifen avait un air soucieux sur le visage, et le convoi commençait à se mettre en branle. Comme Tifen et l’inconnue qu’il avait prise pour un tigre se mirent à marcher dans le même sens que le convoi, il ne resta pas derrière, et se dépêcha d’ajuster son sac sur ses épaules pour les suivre. Finalement, il osa glisser un minime :
- Y’a un problème, dites ? C’est ma faute, je devrais pas être là, c’est ça ?
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| | Messages : 359 Inscription le : 08/05/2007 Age IRL : 33
| Sujet: Re: What my freedom means to me, what it meaaans (8) [Terminé] Lun 16 Jan 2012 - 16:40 | | | Le convoi ne tarderait pas, il devait leur rester une grosse heure avant de pouvoir le remonter suffisamment pour se porter à hauteur du chef de convoi, avec qui Ambre avait conclu le contrat. Tout avait fonctionné par sa langue, et par la réputation d'honneur que véhiculait son nom; et la rage d'Ambre montait en pique, non pas contre ses interlocuteurs, mais exclusivement contre elle-même. Quoique. Le confort exigerait qu'elle fasse basculer la responsabilité sur un autre dos; celui d'Einar semblait exiger qu'on le charge de toutes les peines du monde. Ou de Tifen, qui aurait dû penser à lui dire qu'Einar était réellement très jeune, et au début de sa formation.
Mais elle tâchait de s'en empêcher, analysant à retardement tous les pièges qui l'avaient conduit à l'erreur. Einar était depuis au moins un an auprès de Tifen, et pour les marchombres, un an représente un tiers de leur formation totale. Cependant, l'Art guerrier était une formation plus lente, moins subversive, également. Une formation d'un an, sans compter les nuits. Fallait-il moins qu'une vie entière pour apprendre à tuer un homme ou à simplement lui survivre, à trouver en soi la force d'en faire un métier? La jeune femme inspira profondément, en redressant les épaules, le visage fermé, elle-même cloîtrée dans ses pensées, qui l'empêchèrent de comprendre le marmotage d'Einar. Il valait sans doute mieux. En revanche, elle lui reconnut tout de suite une forme de politesse estimable, quand il fit mine de s'éloigner d'un pas ou deux, de regarder ailleurs; intuitivement.
-On attend le convoi, enchaîna-t-elle, la voix moins blanche qu'elle ne l'aurait cru. Je t'ai dit que je m'occupais de tout, je l'ai fait, en échange de protection, nous avons possibilité de partager les rations des itinérants, leur feu, leur compagnie. Le salaire sera suffisant pour pouvoir se lancer sans risque, voir séjourner dans des villes étrangères où nous ne sommes personne. Lancer notre réputation.
Tifen fronça un sourcil, visiblement surprise; or l'itinérante ne pouvait pas sérieusement envisager l'idée que sa soeur d'arme ait pu croire qu'elles pourraient voyager avec pour seules assurances les flèches dans leur carquois, et leurs solitudes.
-Enfin! Il faut de l'argent, Tifen, pour les imprévus. Si le gamin attrape une fièvre dans le sud, et qu'on est obligées de lui trouver un rêveur, ou un rêveur? De séjourner quelque part? Et si on veut prolonger, ne pas rentrer? Vivre de chasse et de pêche dans une forêt quelconque, ce n'est sérieux qu'en été.
Elle regardait au delà du visage de sa soeur; par soucis principal de garder la tête et le ton froid. ar soucis de ne pas manquer le départ, car le convoi s'éloignait. Ses jambes la démangeaient, depuis qu'elle s'était relevée; réveillées trop vite de leur long sommeil sédentaire. Ses mains eurent un geste parfaitement nerveux; d'excuse, en sentant qu'elle dérivait vers le problème qui n'était pas principal, et se laissait détourner. Machinalement, le pied se posa, suivi du second; elle remercia mentalement maître Egon de lui fournir l'occasion de regarder l'horizon pour reconnaître ses erreurs. Sa voix se fit plus basse; quand le bâton effleura le sol, en silence.
-C'est une famille qui était proche de la mienne, une famille qui me fait la faveur du départ parce qu'elle connait le nom de mon père, et lui reconnait tout l'honneur dont je peux le vanter. Et je croyais que le marché serait en effet, à la hauteur, c'est , c'est juste que je n'avais pas envisagé que.. Il n'y peut rien, au contraire.
Alors, l'adolescent se porta à leur hauteur, le son de sa voix timide, mais le regard bien droit. Ambre se mordit la langue, en songeant que ce serait un millier de fois pire s'il n'était pas présent.
-Tu as parfaitement ta place, tenta-t-elle de le rassurer, mais peu habituée à l'exercice, et toute à son inquiétude, elle doutait de s'y illustrer. J'ai fait une faute de calcul importante, et nous... nous allons devoir la compenser, toi et moi.
Va savoir comment, rajouta-t-elle, mentalement. Elle désigna du menton le long convoi qu'ils longeaient.
-Tout ce que vous voyez de gris dans les roulottes, les chevaux et les roulottes appartiennent à nos employeurs, le clan Egon. Le chef de convoi, Gord, est également appelé le Roche-grise. C'est un des fournisseurs de la cour en joaillerie, un homme de parole et un grand guerrier.
Elle se glissa à ces mots entre deux roulottes, accordant son pas à celui des deux hommes qui étaient devant elle. La sensation d'appartenance luttait contre l'inconfort; quand elle sentit son coeur et ses pas en accord, et la chaleur d'un soleil neuf se poser sur la peau de ses bras.
-Ils sont moins qu'ils en ont l'air, Tifen, murmura-t-elle, la plupart des hommes frêles que tu vois nous quitteront au premier village. Ils sont là pour tenter d'erroner les communications entre les espions des brigands des routes et ceux-ci. Nous devons veiller sur les chariots que tu vois au centre; si la moindre main se glisse sous la voilure, c'est à nous d'y remédier le plus discrètement possible.
Les yeux d'Ambre cherchaient en tous sens les brides d'informations qui pourraient lui être utile, quand ses yeux tombèrent sur Jehanna, la femme du Maître-marchand, chargée de toute l'intendance. Le regard que la vieille femme lui lança lui glaça le sang. Elle carra les épaules.
-Je... vais aller m'entretenir avec l'intendante et tout ira bien, conclut-elle.
Et à n'en pas douter, elle voulait simplement fuir les réactions de ses deux compagnons de route, remettre à plus tard les explications, comme elle était toujours parvenue à le faire faire. Ses pas l'amenèrent à la vieille femme, et son esprit pris par les conjectures possibles de la conversations n'avait pas envisagé qu'Einar ou Tifen ait pu la suivre.
-Ce n'est pas ce qui était convenu, l'accueillit Jehanna, revêche.
-Au contraire, assura Ambre, il est l'heure dite, et mes compagnons sont capables d'assurer votre protection, autant que je le suis.
Le regard que lui lança en retour la vieille dame réveilla en elle les fantômes de ses toutes jeunes années, et de ses maîtres marchombres. Les pupilles, réduites, l'accusaient non seulement de prendre de ne pas être restée femme des routes, mais soutenaient qu'elle ne serait jamais à la hauteur.
-C'est un enfant. Vous êtes trois enfants.
-Nous sommes vétérans, rétorqua-t-elle avec un calme glacial, en s'en rappelant.
« Tous les enfants de route le sont » s'entendit-elle répliquer. Elle éclata d'un rire amer, et très bref pourtant, se reprenant en passant devant ses lèvres la main. Son visage devint plus ionique que les sourires de la statue aux héros qui cachaient les cadavres de la cours de la fontaine, aussi impersonnel qu'un râle d'agonie.
-Pour en être une moi-même, je vous assure, Madame, que vous n'avez aucune idée de ce dont vous parlez.
Les deux femmes s'affrontèrent un moment. Et à l'instant, Ambre n'aurait cédé pour rien à l'autre, trop de choses de sa vie rêvée étaient en jeu. Il y avait des erreurs qu'il ne conviendrait pas de reproduire, dans sa lithanie d'existence infinie. L'autre céda, baissant les yeux- mais les affaires reprirent leur droit, longues et âpres, sur les traits de son visage; qu'en était-il du tigre? Il y avait de très jeunes enfants, dans le convoi, et d'ailleurs, qu'ils ne se permettent aucune familiarités avec eux sans expresse surveillance. Ambre reconnaissait dans ses mots l'appréhension de la mère, doublée d'un septicisme sur ses employés qui la blessa.
Du coin de l'oeil, Ambre eut la surprise de voir Tifen et Einar près du chef de convoi, visiblement en grande discussion. Jehanna et elle-même se turent, mais Ambre seul aurait le loisir de s'approcher pour entendre, voir participer à l'échange.
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| | Maître chantelame et marchombre Messages : 1043 Inscription le : 26/02/2007 Age IRL : 32
| Sujet: Re: What my freedom means to me, what it meaaans (8) [Terminé] Mar 14 Fév 2012 - 21:15 | | | Mais-euuh. C’était pas gentil, ça. Elle n’était pas si irresponsable que ça, d’abord. Et en plus, ils étaient trois, quatre avec Khan. Alors c’était vachement envisageable et sérieux. Et puis c’était même pas l’hiver, il y avait pas de neige, d’abord.
Namého.
Y avait même pas si besoin que ça d’argent, il suffirait de faire du troc, ça marchait très bien aussi. Pff. Rien ne justifiait vraiment de partir avec... avec... avec très très très très très beaucoup de gens, d’abord. Fuuh. C’était pas juste.
Et après, c’était elle l’inconsciente. Pourquoi tant de haine gens ! Tristesse. Tifen grommelait plus ou moins vaguement et mentalement dans sa barbe inexistante. C’était pas du juste. Cependant, elle suivit sagement Ambre et Einar dans la foule de gens, enviant Khan qui trottait au niveau des arbres, à une distance vachement plus respectable de tous ces gens qui marchaient dans la même direction.
Les gens sont bêtes. Un peu comme des lemmings, en fait, non ? Les espèces de bestioles déficientes qui migraient toutes ensemble dans la même direction en se bousculant, se marchant sur les pattes, et sans songer aux autres chemins Pourtant, tous les chemins pouvaient mener au même endroit, s’ils tenaient vraiment à se rendre au même point.
Quel besoin avaient-ils de s’entasser en groupe pour marcher tous dans le même sens alors qu’il y avait des tas de sens pour partir partout. Et non, elle n’était pas de mauvaise foi. Pas du tout, Madame, je ne vous permets pas. C’est de la faute aux gens. Et puis comment ils allaient faire pour courir, grimper, chasser, embêter Khan, discuter autour du feu, compter les étoiles au-delà de très très très très très très très beaucoup, et tout ça d’autre s’ils devaient surveiller des fichus bouts de bois roulants, hein ?
Même pas drôle.
En plus, Ambre avait l’air d’être embêtée par des problèmes dont elle ne saisissait pas l’exacte teneur. Raison de plus pour penser qu’ils auraient dû partir sans s’embêter ni s’encombrer de plein de gens à roulettes. Pfffiu. Toute occupée à ses jérémiades mentales, elle percuta à peine lorsqu’Ambre s’éclipsa pour voir l’intendante, et continua à avancer aux cotés d’Einar. Mais elle finit quand même par cesser de geindre sur sa non-irresponsabilité et sur la présence des gens pour se rendre compte qu’ils avançaient, que la ville s’éloignait progressivement derrière eux.
Ils étaient partis. Pour de vrai de vrai de vrai. Enfin. Et cette idée suffisait pour que ses yeux brillent de joie et qu’elle oublie momentanément les gens, et le reste. Elle constata ensuite qu’Einar semblait... intimidé, un peu anxieux, inquiet ? Elle avait loupé quelque chose ? Elle cessa de s’occuper de la foule pour essayer de se souvenir de ce qu’elle aurait pu oublier.
Ah, oui.
Il craignait de déranger pour le voyage, avait l’air d’avoir un lien avec les problèmes évoqués par sa soeur, même si cette dernière avait assuré du contraire, et elle passait les premières minutes du trajet à rouspéter dans ses pensées comme une grognasse au lieu de le rassurer. Méchante Tifen, méchante.
-Ne t’inquiète pas, j’suis sûre ça va bien se passer.
Elle lui sourit doucement. Bon, d’accord, elle essayait aussi de se rassurer, parce que même en tentant de faire abstraction des gens, ils étaient quand même beaucoup devant, derrière, partout. Mais c’était l’intention qui comptait, non ? Puis elle y croyait, ça se passerait bien. Elle faisait confiance à Ambre. Ils avançaient un peu plus vite que le reste du convoi sans trop s’en rendre compte, dépassant progressivement les caravanes.
Bientôt, ils purent même voir le chef, qui marchait d’un pas assuré en tête du convoi. Comment Ambre avait-elle dit qu’il s’appelait, déjà ? G-quelque chose, non ? Grand Caillou. Non, Grand Rocher ? Gris Ragondin ? Mais pourquoi préciser la couleur, alors ? Tout le monde savait que les ragondins avaient un pelage dans les tons de gris sombre ou de marron, selon la lumière et selon si l’animal était immergé ou sur les rives. Grand Castor, alors, peut-être ! Ca devait être ça, Grand Castor. Curieux nom, tout de même. Mais c’était toujours mieux que Gris Ragondin, et moins redondant. Mais c’était quand même comme... Comme appeler le maître d’armes Grand Siffleur .
D’ailleurs, il parlait. Non seulement les gens marchaient tous dans la même direction, mais en plus ils suivaient un Grand Castor qui parlait tout seul ? Tifen ne comprenait pas grand-chose à cette logique . Ah non. En fait, il leur parlait, à Einar et à elle. Et elle n’avait rien écouté. Et elle ne pouvait pas espérer lui répondre « Bonjour à vous aussi, Monsieur Grand Castor » alors que d’un, elle n’était pas sûre que ce soit son vrai nom, vu qu’elle n’avait écouté Ambre que d’une oreille distraite et de deux, elle n’avait pas la moindre idée de ce qu’il avait bien pu dire.
Coup d’œil paniqué à Einar. Pourquoi avait-elle laissé Ambre organiser le départ à sa convenance ? Ah oui, parce qu’elle faisait confiance à sa sœur, qui était actuellement en train de débattre avec l’autre intendante, là. Au s’cours. |
| | Messages : 312 Inscription le : 22/12/2008 Age IRL : 31
| Sujet: Re: What my freedom means to me, what it meaaans (8) [Terminé] Dim 19 Fév 2012 - 19:21 | | | Les trucs gris, check. Dans les roulottes. Check. Et les chevaux. Check. Egon. Check. Chef Gord Le Roche-Grise joaillerie grand guerrier. Check.
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OK, il avait tout en tête. Ca semblait pas super compliqué. Les chariots du milieu étaient pas difficiles à repérer, vu qu’ils étaient pas aux extrémités. Et les bâches avaient l’air bien serrées, bien tendues et difficiles à découper avec un couteau. Si c’était vraiment des pierres précieuses, des métaux précieux et autres bidules précieux qui étaient contenus dans ces coffres, alors il serait à la hauteur. Au moins, ça s’enfuit pas, des cailloux. Pendant qu’Ambre s’éloignait un peu d’eux, les laissant en train de marcher derrière un chariot qui faisait beaucoup de bruit et autour duquel tournaient beaucoup d’enfants, et que Tifen se murait dans un silence tout tifenien qui s’apparentait dans sa tête à de la méditation vaudou de première classe, bref pendant tout ça, Einar ressassait un peu les histoires qu’ils connaissait sur les convois. Dans beaucoup de contes, y’avait des convois d’itinérants, parce qu’ils transportaient toujours des trucs un peu mystérieux ou alors c’est là que le héros trouvait un de ses compagnons de quête. Et à chaque fois qu’il y avait un convoi dans les histoires, il se faisait attaquer. De préférence en pleine forêt, ou alors un jour de tempête quand les roues de bois sont enfoncées jusqu’à l’essieu dans la tourbe et que tout le monde est occupé à pas se noyer dans la gadoue.
Les circonstances variaient d’une inventité de conteur à l’autre, mais un fait restait récurrent : les convois se faisaient attaquer. Et le petit chantelame était persuadé que les contes recélaient une part de vérité quand les traits se répétaient souvent. Ils avaient beau d’être que trois et être là un peu en touristes, vu les regards méfiants que leur lançaient les routiers à la peau tannée par le soleil, ils seraient forcément indispensables lorsque le convoi se ferait attaquer, non ?
Fallait absolument que les itinérants leur fassent confiance d’ici là, sinon ils auraient pas le droit de défendre le convoi. C’était peut-être de ça qu’était allée discuter Ambre avec l’espèce de grande force de la nature qui rappelait une de ses tantes détestées à Einar ? En tout cas, il avait pour l’instant pas spécialement envie de se joindre à la conversation, elle avait l’air super patibulaire.
Par contre, le rocher gris, il avait l’air juste un peu moins effrayant. Bon, de loin, il avait quand même des grandes épaules et une super moustache comme seuls peuvent l’avoir les rochers gris.
Et de près, sa moustache elle était genre super impressionnante et tout, et il l’avait tressée. C’est à cause de sa couleur qu’on l’appelait le Roche-Grise ? Ou parce qu’il avait l’air aussi large, aussi dur et aussi inébranlable qu’une montagne ? Ca n’étonnait même plus Einar qu’il fût chef de convoi, il suffisait de voir l’espèce de distance respectueuse que les enfants maintenaient entre eux et lui. Ne jamais sous-estimer les craintes des enfants ; il les connaissait bien, lui.
- Si c’est ce que le Nord a de mieux comme guerriers, nous ferions mieux d’apprendre le Raï rapidement, grommela-t-il à part lui. La remarque leur était directement adressée, même s’il continuait de fixer la grande route de terre devant lui.
Einar connaissait ce genre de remarque qu’on fait sans regarder les gens. Son père en usait souvent quand il leur grognait dessus et qu’il voulait pas de réponse. Ca voulait dire qu’il fallait pas répondre, en général, mais qu’il fallait quand même avoir entendu l’insulte ou la réprimande sous-jacente. Pendant un moment, Einar crut que Tifen allait répondre et s’apprêtait à lui faire signe que non, mais il fut surpris de voir qu’à ses côtés, elle était toujours plongée dans son espèce de transe chantelame qui la déconnectait complètement de la réalité. Du coup elle avait même pas du entendre.
- Vous avez une preuve que vous savez vous battre, au moins ?, éructa-t-il en tournant ses yeux délavés par le soleil vers eux.
C’était pas juste, pourquoi doutait-on toujours de leur capacité à se battre ? C’est pas parce que Gord avait des mains aussi larges que des battoirs et des bras poilus musclés qu’il devait forcément considérer qu’ils étaient des lavettes. Se battre ça voulait pas forcément dire être un gros bourrin, n’y avait-il donc qu’à l’Académie qu’on apprenait la finesse des arts harmonieux ? En temps normal, Einar aurait du rester silencieusement auprès de son maître, puisqu’elle était garante de lui et que c’était normalement à elle de parler. Mais au bout de quelques secondes de silence, Einar comprit que quelque chose ne tournait pas rond. Gord commençait sans doute à prendre leur silence pour une faiblesse.
Et puis il capta le regard de Tifen, qui n’avait plus rien de méditatif, mais qui semblait… quoi, d’ailleurs ? Pourquoi elle le regardait comme ça ? Elle savait toujours quoi lui dire dans n’importe quelle circonstance, pourquoi elle pouvait pas répondre à Gord ? Elle l’avait peut-être pas entendu, toute à sa transe chantelame qu’elle était ? C’était à lui de les sauver, et il s’acquitterait de sa tâche aussi bien que si Gord était un ours plus ou moins élastique. L’apprenti chantelame redressa les épaules –il était plus si petit que ça, tout le monde lui disait qu’il grandissait de plus en plus. Bon par contre sa voix avait pas descendu d’un seul petit octave mais peut-être que ça arriverait un jour …
- Vous avez entendu parler de Valen Til’Lleldoryn, Gord, dit Le Grise-Roche, chef du clan Egon ? Il avait appris avec l’expérience quand son père avait une altercation avec un marchand quelconque que ça vous donnait toujours un peu d’autorité de dire le nom complet de votre opposant, parce que ça montrait que vous le connaissiez à sa juste valeur et que vous lui reconnaissez tout le respect qui lui était dû. En plus, ça permettrait à Tifen de s’en rappeler et de pouvoir se glisser dans la conversation aussi, si jamais elle arrivait à dépasser son stade de transe chantelame.
- Ouais, leur concéda le chef du clan Egon dans un grognement. Il avait manifestement entendu parler des exploits du demi-Faël, il était quand même assez connu en Gwendalavir. Qu’est-ce que ça a à voir avec deux bleus comme vous ? - Vous avez devant vous Tifen Layan, l’apprentie de Valen Til’Lleldoryn, voilà ce que ça a à voir avec nous. C’est pas une preuve qu’on sait se battre ?
L’autre n’avait pas l’air particulièrement impressionné, après un coup d’œil instigateur en direction de Tifen. Heureusement pour eux deux, elle lui rendait son regard, Einar savait qu’il venait de la mettre dans une position un peu inconfortable, mais jouer la carte Oreilles Pointues était le seul moyen de prouver au moustachu que ses cailloux étaient en sécurité avec eux.
- Valen Til’Lleldoryn avait confiance en nous, et il n’a jamais perdu de batailles. –Tifen acquiesca d’un hochement de tête fugitif- Vous saviez qu’il était un des plus proches amis de Merwyn Ril’ Avalon, et que nous avons été également entrainés à l’Académie de Merwyn ?
Manifestement, Gord connaissait de manière extrêmement superficielle l’Académie de Merwyn, ce qui n’était en soi pas plus mal, mais le nom de Merwyn ne lui était définitivement pas indifférent. Il leur jeta quand même des regards encore très suspects, puis il détourna les yeux d’eux et emboita le pas à sa mule pour mettre de la distance entre lui et les deux chantelames.
C’était vraiment pas gagné. Mais au moins, c’était peut-être un bon début, non… ? Einar posa son regard couleur de mousse sur Tifen, qui lui renvoyait un peu perplexe. Il était quasiment sûr de pas avoir fait de boulette, pourtant, il avait évoqué les bonnes personnes pour donner confiance à Gord, et le silence un peu buté devait forcément signifier qu’il était plus ou moins d’accord avec leurs racontars, mais qu’il préférait ne pas perdre la face devant ses surintendants, qui étaient perchés sur les premiers chariots. Einar y connaissait absolument rien en population de chariot, mais ils pouvaient pas être très très différents des marchands qui demandaient à son père des preuves sur la provenance de son cidre d’un air au moins aussi suspect que le type moustachu. Tout le monde était pareil tout le temps, même dans les contes.
Ambre, qui avait réussi à se tirer des griffes de l’espèce de vieille harpie dont on entendait de temps en temps les ordres secs claquer l’air comme un fouet, se portait à leurs côtés. Concentré qu’il avait été à soutenir le regard de Gord et à carrer les épaules autant que possible, elle aurait très bien pu se trouver là depuis le début de l’échange qu’il ne l’aurait pas aperçue. Mais son regard inquisiteur et interrogateur le rappela bien vite à l’ordre, et ses épaules s’effacèrent de nouveau.
Il espérait de tout cœur pas avoir commis de gaffe en disant d’où ils venaient, mais ça lui semblait la seule solution pour qu’on les prenne un peu au sérieux. D’ailleurs, un marmot pas plus grand qu’un sac de son lui tira la manche sur le bas côté de la route et eut tout juste le temps de lui demander un « Dis dis, c’est vrai que tu connais Valen Tiledorin ? » avant d’être repris en main par sa mère d’un ton sévère.
- J’crois que ça ira, non ? Ils se rendront bien compte au bout d’un moment qu’on vaut pas des clous, la vérité finit toujours pas tromper les apparences, quand on veut vraiment..
Enfin, dans les contes. Mais encore une fois, les contes recélaient une part de vérité. Etonnamment, Einar était tout sauf anxieux. Que Tifen lui ait fait confiance pour apprendre Grise-Roche lui donnait l’impression de servir un peu à quelque chose, et puis les Itinérants préféraient manifestement les gens qui carraient un peu les épaules plutôt que ceux qui les rentraient dans leur couardise.
- C’est quoi, la première étape ?
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| Sujet: Re: What my freedom means to me, what it meaaans (8) [Terminé] Sam 17 Mar 2012 - 18:10 | | | Ambre se glissa parmi les chariots, intriguée, et certainement anxieuse à l’idée qu’Einar fasse quelque chose de stupide. La jeune femme n’était pas de ceux qui délèguent, et cherchant à retrouver les mots exacts qu’elle avait pu répondre à l’adolescent, pour le rassurer, comprit qu’elle avait pu l’inciter à aller lui-même prouver sa valeur au chef de Clan. Elle s’en mordit la langue.
Mais pour son plus grand plaisir, et à sa grande surprise, Einar ne se comportait pas du tout comme un guerrier sans cervelle. Certes, elle-même n’aurait jamais utilisé le nom du Maître Chantelame comme référence, pas plus que celui d’Ena, d’ailleurs. Les arguments de pédigrée valaient peu de choses, sur les routes. En revanche, le fait de se défendre soi-même était un signe de valeur. Elle admira le fait qu’il ait utilisé son nom complet, sans avoir un seul instant la voix qui tremble. Tifen semblait comme absente, et l’itinérante songea qu’elles feraient bien de s’entretenir toutes les deux dès que possible. En cours de nuit, peut-être, pendant un tour de garde. Ses yeux pesèrent à nouveau sur Einar, qu’un enfant du clan abordait déjà. Il en prit conscience, se vouta légèrement, comme la majorité des académiciens qu’elle avait pu croiser au cours de sa vie. On avait toujours tendance à se replier sur soi, face à elle, il fallait dire que son attitude n’avait rien d’engageant, bien au contraire. La question suivante la laissa méditative. Il avait raison, elle-même l’avait jugé au premier coup d’œil, et maladroitement. Elle s’autorisa un petit sourire, qu’elle espérait accueillant, voir naturel, avant de lui répondre, la voix radoucie. - Ca ira parfaitement. Maintenant, on se concentre. Les gens extérieurs au clan qui sont inclus dans le convoi peuvent représenter une menace, soit étant voleurs eux-mêmes, soit étant membres éclaireurs de brigands. Poste- toi dans un coin où tu as la vue dégagée sur le chariot que tu choisis, bouges, avance, parle avec d’autres, si tu en as envie, mais surtout observe les gens, ce qu’ils regardent. S’il y en a qui te semblent suspects, viens trouver Tifen, ou moi. Si tu surprends quelque chose de concret, intervient. Enfin, si quelqu’un… te semble ailleurs, comme un dessinateur dans l’imagination, viens… me trouver directement, acheva-t-elle.
Elle croisa le regard de Tifen, qui semblait ramenée à elle-même, un peu surprise. Ca devait être la première fois depuis longtemps qu’elle avouait d’elle-même, bien qu’à demi-mot, avoir un don du dessin. Pour reprendre contenance, elle poursuivit :- Ce serait bien que Khan rôde autour du convoi, mais pas réellement dedans, j’imagine qu’il sera plus à l’aise un peu à l’écart, et que ses dons y seront plus précieux. Enfin, faites à votre guise, nous sommes libres. Tout ira bien. Parler en marchant la rassurait, l’apaisait profondément. Elle baissa la tête, regarda ses pieds, inspira profondément l’air, la poussière qui émanait du sol. Einar avait raison, ce n’était qu’une question de temps. A eux de prouver qu’ils valaient toutes les peines du monde. Ils se séparèrent naturellement, Ambre choisit le chariot le plus central, d’un point de vue qui permettait d’observer partiellement celui d’Einar. Elle se serait reprochée d’accorder trop rapidement sa confiance, voir de salir sa réputation à construire par négligence… * Le soleil était bas dans le ciel lorsqu’ils s’arrêtèrent, dans une plaine couleurs pastelles, presque sans accidents. Ambre avait sympathisé avec certains des membres les plus âgés du clan, et retrouvé une attitude sereine, pour ainsi dire jamais éprouvée. Au loin, Lev, les promesses de mentaï, les constatations erronées, les pressions. Même ses membres fatigués la remplissaient d’une joie sourde, elle se sentait vivre, enfin. Les membres extérieurs les avaient quittés quelques heures plus tôt, et petit à petit, ils étaient rejoints par d’autres hommes, facilement identifiables, aux traits, comme des membres du clan. Tous venaient se présenter, plus ou moins bourrus, et lui serraient la main. Retrouver le contact des cals, les mots rugueux et spontanés, ces mots que trop peu d’académiciens pouvaient comprendre, suffisait à peindre sur ses joues le rose de l’air. En se penchant sur le sceau qu’une petite fille lui apportait pour se rafraîchir, Ambre constata que ses yeux brillaient étrangement, comme dévorés de soleil. S’en être privée tant de temps, songea-t-elle, quel foutu gâchis.
Elle rejoignit ses deux acolytes, eux-mêmes fort occupés, et assez fatigués, comprit-elle , de l’agitation de l’attention à donner, du bruit, peut-être. Ils allèrent ensemble s’asseoir autour du feu de camp, lui-même central, rompirent pain et partagèrent le sel, prièrent le dragon sobrement, le nez en l’air. L’ambiance était légère, assez futile, le trio se tenait posé, ni à l’écart, ni intégré, et pour une première soirée, Ambre estima que c’était le mieux qui pouvait se faire. Elle vint trouver les hommes, pour savoir l’ordre du tour de garde. Quatre personnes, par tranches de deux heures, ils feraient partie de ceux qui étaient au plus noir de la nuit, et dissociés dans les équipes, ça semblait rassurer le Roche-grise. Elle songea qu’il serait toujours temps, ensuite, de proposer qu’aux heures où Tifen et elle-même monteraient la garde, un équipier serait suffisant, et permettrait globalement d’économiser des forces. Elle aurait tout le temps de le prouver.
Ils allèrent se coucher, une fois le repas terminé, sans trop parler, et Ambre s’endormit paisiblement. Quand vint l’heure, un itinérant vint l’éveiller, lui rapporta que la nuit était tranquille. Elle hocha la tête, se leva et parti sans bruit, retrouver les trois autres. Le fils aîné de Gord était du nombre, ils échangèrent quelques mots. C’était un grand type, très brun, tanné par le soleil, jusque dans ses sourires. Elle apprécia son naturel, pince sans rire volubile, bien qu’ils n’échangèrent que quelques mots. Elle choisit de se placer au sommet d’une roulotte, guettant l’horizon, savourant le vent frais. Les heures passant, elle finit par en descendre, ravie qu’il n’y ait pas eu le moindre esclandre. Ils se saluèrent, puis Ambre alla réveiller Einar, aussi doucement que possible, mais le fit sursauter. * L’aube ne pointait pas encore quand l’itinérante s’éveilla. Tifen était déjà assise sur son couchage, étirant les muscles de ses jambes, l’air calme, enfin. Khan, encore assoupi près d’elle, soufflait régulièrement sur les cheveux en broussaille de son apprenti. De concert, les deux sœurs d’armes se levèrent, s’éloignèrent de quelque pas, sortirent du convoi pour rejoindre la colline dégagée la plus proche. Au sommet, toutes deux se placèrent face à l’est, entamèrent la danse marchombre, d’abord en menu geste, d’abord les doigts, puis les poignets, puis chaque membre ; toutes à leur discipline, leur harmonie personnelle. Les yeux clos, et sans jamais se concerter, elles se savaient synchronisées, incapable de se toucher, et se croisant parfois. La gestuelle libérait Ambre du début de ses courbatures, et petit à petit la torpeur se transformait en une chaleur douce. Elle avait l’esprit vide, ouvert sur le monde, son absence de silence. Chaque souffle du vent autour d’elles les invitait à danser, chaque chant d’oiseau se répercutait jusqu’au fond de leurs os, en échos consenti, accepté, offert. Ambre ouvrit les yeux, quand un rayon de soleil vint se poser sur elle. Elle constata, sans s’interrompre, que le convoi s’animait peu à peu. Elle acheva un dernier grand arc de bras en joignant les mains, les descendre devant son visage, puis son buste, et se séparer devant le nombril, complètement délassée. L’herbe, que leurs pas avait couchée, traçait dans le cœur d’Ambre un poème plus marchombre que toutes ces vanités de lettres. Elles se sourirent, sobrement, marchèrent d’un même pas vers le campement. De loin, Ambre vit Tifen réveiller Einar, elle détourna les yeux, avec une certaine gêne, car le geste semblait machinal. Ils prirent un petit déjeuner consistant, avec l’ensemble des itinérants, puis se remirent en route.
Alors qu’elle marchait, à l’extérieur du convoi, cette fois, pour guetter les flancs de la route, et repérer les signaux rassurants des éclaireurs, le fils ainé de Gord se porta à sa hauteur, et lança à nouveau la conversation. Il ne tarda pas à dériver sur l’étrange scène d’échauffement, qu’il avait observé le matin. La jeune femme répondait en biaisant, partisane des secrets de sa guilde, il lui fit savoir, après l’avoir charriée, qu’il serait ravi de voir à quel point elle ne méritait pas le salaire qu’avait offert son père. Elle répondit qu’elle serait ravie, quand l’occasion se présenterait, de lui montrer qu’elle en valait le triple. Ils tombèrent d’accord sur la fin de la semaine, si le convoi était sans retard, ils s’arrêteraient tôt dans l’après-midi, pour ne pas avoir à s’arrêter dans une gorge particulièrement dangereuse.
Elle savait que Tifen était quelque part, avec Einar, peut-être parmi les éclaireurs, la connaissant. [Edition, si quoique ce soit, n’hésitez pas à ellipser, lancer des éléments amorces, ce que vous voulez o/ ] |
| | Maître chantelame et marchombre Messages : 1043 Inscription le : 26/02/2007 Age IRL : 32
| Sujet: Re: What my freedom means to me, what it meaaans (8) [Terminé] Lun 7 Mai 2012 - 23:39 | | | Einar était un héros. Un grand héros vaillant et fort qui venait de les sauver des griffes de Grand Castor par son éloquence à toute épreuve. Y avait pas à dire, elle avait vraiment le meilleur des apprentis. Einar - 1, Grand Castor - 0. Enfin, c’était pas Grand Castor, son nom. Einar le lui avait même rappelé, c’était un truc comme Grise Roche, vachement moins joli, d’ailleurs. Grand Castor, ça sonnait beaucoup mieux, et au moins c’était un animal, et pas un espèce de caillou immobile et décoratif. Pourquoi par la Dame les Itinérants qui passaient leur vie sur les routes avaient-ils nommé leur chef du nom de la chose la plus immobile de l’univers ? Il faudrait qu’elle demande à Ambre à l’occasion.
D’ailleurs, Ambre les avait rejoint à nouveau et donnait les nouvelles consignes suite à la demande d’Einar, Tifen fit donc un effort pour se concentrer et écouter. Surveiller les chariots, avec Khan un peu à l’écart, ça devrait être faisable. Aussitôt dit, aussitôt fait, et pendant que son apprenti et sa sœur de cœur allaient prendre leur place, elle transmit à Khan de surveiller le flanc gauche du convoi, pendant qu’elle s’occupait du flanc droit, échangeant régulièrement ses dernières découvertes avec le tigre. Découvertes qui allaient de la description d’un tronc d’arbre tordu en bord de chemin à, pour Khan, la quantité de pistes de gibier qu’il découvrait, en passant par le dénombrement des genzengris, de très beaucoup plus un à très très très beaucoup. Mais au moment où elle se demandait si après très très très beaucoup plus beaucoup il fallait passer à carrément beaucoup ou à très très très très beaucoup, ils arrivèrent à une bifurcation du chemin qui fit partir certains marcheurs tandis que d’autres arrivaient, faussant tous ses comptes. C’tait pas gentil.
La journée passa finalement assez vite, et le convoi s’installa pour la nuit, Tifen put retrouver Einar et Ambre pour le repas, puis elle aida son apprenti épuisé à installer les couchages pendant que l’ex Corbac se renseignait sur les tours de garde. Ce fut Einar qui la réveilla au cœur de la nuit, et elle chercha du regard les trois itinérants qui guettaient avec elle, pour finir par les repérer, tirés eux aussi du sommeil par ceux du tour précédant. Ils se regroupèrent d’un commun accord vers le centre du convoi le temps de se répartir les zones à surveiller de quelques signes de tête et mouvements de bras. Tifen s’installa sur le haut d’une roulotte, reprenant sans le savoir la place occupée par Ambre quelques tours plus tôt, à un endroit où elle avait le point de vue le plus dégagé possible. La nuit était calme et la jeune femme avait posé son arc à ses cotés, profitant du silence après la journée animée qu’ils avaient eu. Ses coéquipiers lui firent signe que le tour touchait à sa fin, lui indiquant l’itinérant qu’elle devait réveiller pour prendre la suite. L’herbe lui parut bien fraiche quand elle atterrit sur le sol, presque humide sous ses paumes, ce qui promettait une rosée conséquente au matin. Elle s’essuya vaguement les mains sur sa tunique avant de secouer doucement par l’épaule l’homme d’une trentaine d’années qu’on lui avait indiqué, puis retourna se coucher contre Khan, avec la volonté de profiter des quelques heures de sommeil qui lui restait avant le matin.
La chantelame ouvrit les yeux. Le soleil n’était pas encore levé, mais elle sentait que c’était l’heure. Obéissant à son instinct, elle s’extirpa de son couchage et s’étira légèrement, jusqu’à voir Ambre bouger. Suivant sa sœur sans un bruit jusqu’à une colline un peu à l’écart du convoi, Tifen constata que ses prévisions étaient bonnes, et que l’herbe était maintenant franchement humide de la rosée matinale. Sans un mot, elle commença la gestuelle avec l’ex Corbac, savourant chacun des mouvements. Oubliés les gens, le convoi tout proche, Grand Castor et ses questions. Il y avait juste le vent, l’air vif du matin, les dernières étoiles qui disparaissaient au dessus de leurs têtes, le ciel qui pâlissait doucement, prenant bientôt une teinte rosâtre. Les premiers oiseaux commençaient à peine à chanter, les animaux se réveillaient, la nature prenait le pas sur le silence nocturne, et elles dansaient. Les yeux fermés, chaque geste trouvait naturellement sa suite, elle ressentait chaque souffle du vent, chaque variation de l’air à mesure que le monde s’éveillait. La jeune femme se sentait bien. Réveillée, apaisée. En harmonie.
Le soleil se levait, elle sentit Ambre s’immobiliser à ses cotés et acheva sa danse dans un ultime geste. Sourire à sa sœur de cœur. Tandis qu’elles revenaient vers le convoi, Tifen songea que s’ils parvenaient à garder suffisamment de moments comme ça pour eux, la présence des itinérants ne serait peut être pas si insupportable que ça.
Einar dormait presque blottit contre Khan, plus ébouriffé que jamais, et la chantelame le réveilla doucement. Malgré la nuit, il semblait encore bien fatigué par la journée de marche de la veille, et elle pensa qu’il faudrait lui laisser le temps de s’adapter à un tel rythme avant de le réveiller avec elles pour qu’il puisse aussi s’exercer sur ce temps qui n’appartenait qu’à eux. Ca irait peut être mieux d’ici la fin de la semaine, mais il faudrait qu’elle lui en parle d’ici là.
Le convoi s’était réveillé dans l’intervalle, et ils ne tardèrent pas à reprendre la route. Elle entraîna son apprenti dans le groupe des éclaireurs, tous les prétextes étant bons pour s’écarter un peu du gros des chariots. Après une brève mise au point sur les signaux afin que tout le monde ait les mêmes et puisse les interpréter correctement, ils purent enfin partir en avant pour explorer les alentours du chemin en avant du convoi. Une autre équipe se chargeait de l’autre coté de la route, et les signaux passaient fréquemment entre les deux équipes et le convoi, tout se passait bien pour le moment. Comme ça, ça lui laissait du temps pour discuter avec son élève, loin des oreilles qui pouvaient traîner dans le convoi dès qu’ils se retrouvaient tous les trois.
- Pas trop fatigué, ton tour de garde s’est bien passé ? Courage, j’ai cru comprendre qu’on s’arrêterait plus tôt en fin de semaine, tu pourras te reposer à ce moment là.
Elle lui sourit doucement puis s’interrompit pour échanger quelques informations avec l’autre groupe qui apparaissait dans leur champ de vision. Rien de leur coté pour le moment. L’autre groupe signalait qu’ils avaient trouvé les traces d’un campement abandonné depuis au moins plusieurs jours, mais il valait mieux redoubler de prudence au cas où, puis chacun continua son avancée. Les bois se rapprochaient de la route et Tifen se glissa au milieu des troncs, reprenant pour Einar
- Quand tu te seras habitué à ce rythme, on profitera des temps libres pour continuer ton entraînement. Et le matin avant le réveil du convoi, il faudra que tu viennes t’échauffer avec nous. On fait ça depuis des années avec Ambre, c’est le meilleur moyen pour bien commencer la journée, juste en harmonie.
Ils avançaient doucement parmi les arbres et les buissons, cherchant des traces d’une éventuelle menace à rapporter au convoi, pour l’instant sans succès. Tifen se faufila à travers des branchages, veillant à faire le moins de bruit possible. Si elle ne se trompait pas, ils étaient en train de décrire une légère courbe qui les rapprochait doucement de la route. Une fois là, ils pourraient prendre des nouvelles des autres éclaireurs et transmettre leurs informations aux itinérants en tête de convoi, qui avançaient de part et d’autre autour de Grand Castor. A propos de Grand Castor...
- Bravo pour hier, tu t’en es tiré à merveille face à Roche-Gr...
Pause. Ce n’était pas un craquement qu’elle venait d’entendre, là ? Pourtant, ils étaient tous deux arrivés sur un tapis de feuilles au pied des arbres, ils avaient quitté la zone bruyante de branchages. Prudence. Pour faire un bruit pareil, ça devait être assez gros. Et ça ne pouvait pas être Khan, qui était parti chasser ailleurs. La main sur le sabre, elle lança un sifflement, le code convenu pour « chose non identifiée mais assez imposante pour être potentiellement dangereuse » et elle s’assura du regard que son apprenti était prêt avant qu’ils ne s’avancent côte à côte pour identifier la menace.
[Edition à volonté]
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| | Messages : 312 Inscription le : 22/12/2008 Age IRL : 31
| Sujet: Re: What my freedom means to me, what it meaaans (8) [Terminé] Jeu 24 Mai 2012 - 1:25 | | | Mal aux pieds, mal au dos, mal aux genoux, mal aux doigts, mal aux mollets, mal aux cuisses, mal aux fesses, même mal aux oreilles et bobo les ongles. S’il y avait vraiment sept enfers dans les entrailles du Dragon, les courbatures en constituaient un huitième. Pitié, encore cinq minutes….
Quand Ambre voulut réveiller Einar la première nuit de garde, il aurait tout aussi bien pu se jeter sur une planche à clous, mais genre des clous avec des épines dessus, qu’il aurait pas eu plus de mal à se lever. Elle était déjà partie se coucher qu’il tentait encore de trouver où étaient ses jambes dans le roncier de son système nerveux, et se mettait lentement dans une série de « pop » et de « crac » des plus indélicats. Le tour de garde promettait d’être des plus affreux, se dit-il en étouffant des baillements. Quand ils avaient vécu dans une grotte pendant six mois, c’était pas pareil, et puis, il y avait Valen Til’Lleldoryn qui insistait toujours pour faire quasi tous les tours de garde tout seul, alors il en gardait pas trop de souvenirs douloureux. Mais il repensa à Gord, dit le Grise-Roche, chef du clan Egon, et pâlit un peu. Tifen et Ambre lui en voudraient à mort s’il se passait quelque chose parce qu’il avait mal effectué son tour de garde. Quand on lui eut assigné son périmètre, il trouva même la force de se trainer jusqu’à un petit rocher –mais pas trop trop haut quand même- et de se hisser dessus pour se mettre en position du gens-en-tour-de-garde. Le rocher était suffisamment étroit pour l’obliger à rester bien éveillé, en tailleur, sans quoi il tomberait, et il aurait l’air stupide. Et avoir l’air stupide alors qu’il avait des coéquipiers deux fois plus grands et deux fois plus larges que lui, c’était pas top. Pendant tout son tour de garde, il repensa à la journée, au voyage, tout en tripotant son sabre, et l’arc d’Elera qu’elle lui avait offert, et qui le rendait un peu nostalgique. C’était quand même cool un voyage. Et il s’était pas trop mal sorti de la surveillance de son chariot, comme lui avait dit Ambre. Ca le perturbait qu’elle ait le Don, la dernière fois qu’il avait rencontré quelqu’un qui avait le don du Dessin, la-dite personne lui avait ouvert la tête, volé ses souvenirs, et montré sans faire exprès qu’il était un monstre d’assassin. Mais y’avait Tifen, et Ambre était amie avec Tifen, alors ça devrait aller. Il était plus un enfant, il avait même la liberté du voyage, et, ce qui l’effrayait plus que tout.. Des responsabilités. Il lui faudrait encore quelques jours pour le conceptualiser.
Jamais Einar ne s’effondra aussi rapidement et profondément que lorsque finit son tour de garde, et pourtant, il lui semblait s’être couché depuis deux secondes que Tifen lui secouait l’épaule et lui demandait de se réveiller. Et deux secondes plus tard, ils étaient en train de marcher dans les hautes herbes, l’œil à l’affut, et ils faisaient des gestes comme des vrais commandos pour communiquer entre eux.
Il se souvenait même plus de ce qu’il avait eu au petit déjeuner, juste une impression que c’était bon.
Par contre, les courbatures dans tout le corps et jusque dans le muscle du coude –à faire mal comme ça, il devait forcément y avoir au moins un muscle dans le coude- il ne risquait pas de les oublier. Tifen l’avait emmené avec les éclaireurs, et pourtant, il fallait lever les pieds plus haut que sur la route pour éviter les branches et les herbes, et déjà lever les pieds était un supplice. - J’pensais pas que c’était si fatigant de marcher toute la journée et de faire la garde la nuit, moi je croyais que c’était cool les voyages..
Il continua ainsi de grommeler à Tifen qui l’écoutait lui répondre en souriant des deux oreilles –elle avait l’habitude de marcher et d’être dans la forêt, la tricheuse !- pendant un moment. Pour l’imiter, il tenait en permanence une flèche prête à son arc, même s’il savait se servir du sien mille fois moins bien que son maître Chantelame, et affectait un air concentré. Concentré contre quoi, par contre…
Zut, c’était quoi le sifflement déjà comme code ? Gibier, non ? Ou alors champignons droit devant ? Genre pour le ragoût ce soir, ils pourraient rajouter des champignons histoire de dégrossir un peu les filets séchés de Siffleur, il devait bien y avoir moyen de… Elle le regardait. D’un air très très très sérieux. Alors il prit un air très très très sérieux, et la suivit.
Effectivement, en écoutant, il parvenait aussi à entendre les craquements un peu plus loin devant, même s’il pouvait pas déterminer autant d’informations que Tifen le pouvait. Où était Khan ? Et où était Ambre ? Il aurait bien voulu se retourner pour la chercher des yeux, et puis il se rappela qu’elle n’était pas avec eux. C’est vrai, on était plus à l’école, chacun allait où il voulait. C’était quand même grave bizarre comme concept.
Les bruits se rapprochèrent de leur position, et Tifen lui intima d’un geste de contourner par la droite, ce qu’il fit le plus sérieusement du monde, en oubliant ses courbatures, la corde de son arc tendu, les lacets bien faits et le sabre bien ajusté dans son fourreau. Et puis une forme énorme jaillit des fourrés jusque à côté de lui – il tira une grande fierté le soir en racontant l’épisode à Ambre de dire qu’il n’avait presque pas sursauté. Le truc non identifié était énorme, plus grand que lui et large, mais ses sifflements caractéristiques l’identifiaient largement : un siffleur, juste un énorme super grand siffleur… Qui se dirigeait, par panique, vers le convoi de toute la puissance de ses pattes.
Le petit chantelame fit la meilleure chose qui pouvait lui arriver : il ne prit pas le temps de réfléchir. Et décocha sa flèche un peu avant que Tifen ne fasse de même.
Quand tous les éclaireurs les rejoignirent, les informations concises fusèrent, et il put enfin comprendre la situation quand Tifen lui réexpliqua, repartis en patrouille. Le Siffleur était immense, et les femmes avaient commencé de le dépecer, mais il avait été blessé par des griffes énormes –probablement un Tigre des plaines. Il fallait se tenir attentif. Mais leurs patrouilles le long des fourrés tout le restant à la journée, à l’affut des traces sur le sol ou sur les arbres, les laissèrent bredouille. Si tigre des plaines il y avait eu, il y avait eu trop loin d’eux pour être dangereux.
- Et Tifen lui a planté une flèche en pleine tête, juste à l’arrière du crâne là où y’a un trou, ziouf, termina-t-il devant Ambre et quelques gamins qui avaient eu l’audace de s’approcher de leur feu pour entendre le récit de la journée, et regarder ceux qui leur avaient dégoté autant de viande de siffleur en un seul coup.
Bon, lui il avait touché le siffleur dans le flanc, là où le plumage était encore épais et sans causer trop de dégâts, mais ça, personne s’en souvenait, et c’était pas trop glorieux en soi, du coup il ne le précisa pas.
*
Les courbatures, c’était super terrible, mais on finissait par s’y habituer. Et puis avoir sauvé le convoi de la percutation avec un Siffleur géant rendit Einar presque guilleret pour son tour de garde, ce soir-là. Il ne trouva pas de rocher aussi bien, du coup mais marcher à la lisière de la forêt dans des petits cercles de patrouille lui allait aussi bien, et curieusement, cela lui déliait les jambes un peu. Tifen lui avait parlé de se réveiller avant l’aube pour s’entrainer avec Ambre et elle, dans quelques jours. Il jeta un œil vers le camp et les regarda en train de dormir. Elles avaient quand même la super classe, toutes les deux. Même en dormant, elles avaient une classe qu’il n’aurait jamais.
*
Les jours suivants passèrent assez vite dans la tête du petit Chantelame. Le lendemain de l’incident avec le Siffleur, il fut attaché à la surveillance d’un des chariots de tête et alla aider à réparer une roue qu’une ornière avait brisée, alors que cette fois-ci, Ambre et Tifen avaient filé au diable vauvert, il était même pas sûr que ça doit dans la même direction, mais une chose est sûre, il ne les revit qu’au diner du soir, et ça l’avait un peu angoissé. Et passa tout son tour de garde à se morigéner, c’était pas ses mères, il était grand, et chantelame et il avait planté une flèche dans l’estomac d’un Siffleur.
Etrangement, il aimait bien Gord, dit le Grise-Roche, chef du clan Egon. Une fois, le grand chef l’avait croisé lors des tours de garde, et lui avait dit que son arc pouvait se vendre dans certaines villes du Sud contre tout un chariot de ses bijoux, et il partit d’un rire gras quand Einar lui demanda si on pouvait tuer des Siffleurs en leur lançant des rubis à la figure.
Et les enfants l’aimaient bien, aussi, et il les aimait bien, même s’ils pouvaient pas se permettre de trop lui parler, parce que leurs mères et les grandes matriarches aimaient pas Einar. Ca lui faisait un peu peur, ça, d’ailleurs. Il était gentil quand on lui posait des questions, il faisait parfois un peu de cuisine, il avait réparé une roue, et fait ses devoirs comme il faut, mais toutes les commères le regardaient toujours de travers. Il aurait bien demandé à Tifen spontanément, mais Tifen s’obstinait à aller en éclairage tous les jours, et il osait pas encore trop poser de questions à Ambre quand il se trouvait seul avec elle.
*
Dans trois jours, c’était la journée où ils s’arrêtaient tôt. Ca, Einar l’avait retenu, et il était parti se coucher après son tour de garde – quasiment après le crépuscule- tout content de penser que l’après-après-après-midi suivant, ils pourraient marcher moins. Ses courbatures se plaignaient d’avoir des courbatures, et des ampoules poussaient sur ses ampoules, alors bon… Une patte pleine de poils le réveilla avant l’aube, et toute coussinue et douce qu’était la patte de Khan, elle était aussi grande que sa tête… littéralement. Einar se redressa en retirant l’énorme patte du tigre de son visage. Il aimait bien le tigre. Les premiers jours, il sursautait quasi les matins en découvrant que le tigre avait dormir pas trop loin de lui, mais à mesure, il dormait presque contre lui. Fallait dire qu’il était super confortable.
Les couchages de Tifen et Ambre étaient vide alors que tout le campement dormait encore. Il se remémora les paroles de son maître chantelame à propos de leur entrainement matinal, mais il ne s’en souvint vraiment que lorsqu’en cherchant un ruisseau pour se débarbouiller, il tomba sur la clairière où elles étaient. Et elles avaient, décidément, trop, la, classe. Il passa tout le reste de leur danse à les regarder depuis le ruisseau caché dans les fourrés, des étoiles plein les yeux.
Et les jours suivants, il se leva encore tôt pour aller les observer, quand il parvenait à les trouver, sans jamais se montrer ouvertement, et à décamper sitôt qu’elles avaient fini ; pendant ses tours de garde au plus profond de la nuit, il tentait ensuite de reproduire les mouvements dont il se souvenait, quand il était sûr que personne ne le regardait. Il se sentait pas du tout à la hauteur de faire comme elles devant elles, et il voulait pas briser leur harmonie. Il aurait l’air super balourd à côté. Et quand Tifen lui avait parlé d’harmonie, elle avait toujours mis les choses deux par deux, le ciel et la terre, la lumière et la nuit, jamais à trois. L’harmonie allait par deux, et elles étaient deux.
Il pourrait passer tout le restant du voyage à les regarder tous les matins et à les imiter la nuit, et ça serait toujours aussi merveilleux.
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