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 Magick, parce que c'est ce que j'écoutais. [Inachevé]

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Elvyr Yil'Han
Elvyr Yil'Han

Etincelle
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MessageSujet: Magick, parce que c'est ce que j'écoutais. [Inachevé]   Magick, parce que c'est ce que j'écoutais. [Inachevé] Icon_minitimeSam 30 Avr 2011 - 23:07

C'était le schéma classique.

Nouvelle élève, fraîchement débarquée du Sud, insérée depuis deux jours seulement, pas trop eu le temps de se faire aux lieux. L'architecture y était différente de celle d'Al-Vor, les murs y chantaient autrement, la flore s'y développait à sa manière. Al-Vor était brune, l'Académie était blonde, ou plutôt grise, ou bleue, ça dépendait de l’éclairage. Al-Vor était paille, l'Académie était foin, ce genre de métaphores. Elvyr qui n'avait pas quitté la ville depuis qu'elle avait daigné sortir du ventre de sa mère était donc en terrain inconnu, potentiellement dangereux. Sur ses gardes, elle avait tenté  la technique dont usait le petit garçon dans ce conte alavirien, où sept enfants se faisaient cruellement abandonner par leur famille dans les bois, à la merci des loups et autres canidés sauvages et affamés.  Si si, elle l'avait fait. Sa besace remplie de cailloux, elle semait sur son chemin des petits bouts de roches de toutes les couleurs, partout où elle allait, c'est-à-dire partout dans l'établissement. Un bleu par-ci, un rouge par-là, un blanc à cet endroit, un jaune à cet autre endroit. Les couloirs de l'Académie étaient jonchés de cailloux de l'Aile Est à l'Aile Ouest en passant – surprise ! – par l'Aile Principale ; tant et si bien qu'au bout du compte, la sotte se retrouva encerclée de caillasse sans savoir où étaient ceux qui lui permettraient de revenir sur ses pas. Pour ainsi dire, elle s'était perdue.

Ah ! Cruel destin que celui de mourir de faim dans ce couloir lugubre semblable à tant d'autres. La voilà qui s'accrochait à la vie comme une puce à son clébard, courant, rampant quand il le fallait dans les galeries sombres de cette vaste fourmilière. Au détour d'un couloir, un panneau délabré indiquait « Nulle Part » à gauche, « Autres directions » à droite, faisant bouillonner d'autant plus ses petits neurones fragilisés. A moins que ses yeux ne lui jouassent des tours. Elle choisit la gauche, direction maladroite fallait-il le préciser. Son regard rencontra celui d'un gnome – ou alors d'un type particulièrement petit et laid – qui lui fit une grimace – ou alors un sourire – et la bouscula – ou fut-ce elle qui lui rentra dedans ? – avant de disparaître. Étranges rencontres. Au pluriel parce qu'elle avait deux yeux et voyait double – qui rime avec trouble. Ses doigts s'éparpillèrent dans les plis de son vêtement, y cherchant peut-être un indice, alors que plus haut ses dents attaquaient fiévreusement les chairs rosies de sa lèvre inférieure. Si encore elle n'était pas seule !

« Tchic, tchic, tchic », chantait son bracelet de cheville en rencontrant le sol.

La plante de ses pieds ne sentait même plus la glaciale dureté des pierres. Elle était jolie, quand elle se perdait, Elvyr. Ses boucles dansaient au vent du mouvement qu'imposait sa marche, ses jambes agiles se croisaient et se recroisaient, couvertes à peine jusqu'aux genoux par une tunique blanche qui, une fois cintrée à la taille, glissait sur le balancement régulier de ses hanches. Les yeux plissés, la figure inquiète et sérieuse, le geste rapide. Nul doute que si les lutins sortaient de leurs trous de souris, ils lèveraient la tête pour regarder. Vu d'en dessous, ça donnait quoi ?

Excédée, elle envoya son pied contre une mur, ce qui était assez stupide puisqu'elle savait pertinemment que ce dernier était plus solide que ses os. Fort heureusement, elle ne frappa assez fort pour se casser quoique ce soit ; assez cependant pour avoir mal et lâcher un bref cri de douleur. S'accroupissant au sol pour masser ses métatarses endolories et crachant sèchement l'intégralité des jurons qu'elle avait appris depuis sa naissance – ce qui faisait un sacré paquet –, elle commença à se demander sérieusement si elle allait réussir à sortir de ce labyrinthe. Depuis le matin, elle avait du traverser quatre-cent-soixante-six couloirs, monter trente-cinq escaliers et en descendre autant, en exagérant un tout petit peu. Mine de rien, elle commençait à avoir faim. Il n'y avait plus qu'une seule solution.

« A L'AIDE, JE SUIS ATTAQUÉE PAR UN MONSTRE A TENTACULES ! »

Si avec ça on ne volait pas à son secours …


Shawna Djee
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MessageSujet: Re: Magick, parce que c'est ce que j'écoutais. [Inachevé]   Magick, parce que c'est ce que j'écoutais. [Inachevé] Icon_minitimeLun 2 Mai 2011 - 15:29

Shawna n’était pas une voleuse.

Mais elle commençait, juste un peu, à comprendre pourquoi tant de gens se méprenaient sur cette vérité transversalement transcendante. D’abord, elle avait bien piqué les pommes d’Einar, même si elle avait eu l’intention de les lui rendre – la compote n’était absolument pas de sa faute. Les marchands, c’était différent, ils l’avaient largement cherchés, et c’était pour la bonne cause. Et puis oui, elle était rentrée sans permission dans le bureau de Jehan, et était repartie avec un objet de plus qu’à son arrivée, mais Lohan avait tout mal interprété. Ca ne pouvait pas être du vol, puisqu’elle était repartie avec un objet qui lui appartenait. Il fallait bien qu’elle récupère sa flûte un jour où l’autre. Quant aux appartements du professeur de civilisation ? Elle n’avait dès le début que l’intention de regarder. Evidemment, sa présence dans des quartiers privés pouvait porter à confusion, mais l’intention n’avait jamais été criminelle, c’était juste un jeu. Ne parlons même pas de Lothan – celui-ci n’était qu’un noble qui prenait tous les roturiers pour des voleurs, sa méfiance effarante envers Shawna n’était que logique pure. Et puis il y avait maintenant. Certainement ne se battait-elle pas pour transformer cette image fausse mais persistante lorsqu’elle trifouillait avec une épingle à cheveux dans une serrure dans un couloir désert. Si quelqu’un arrivait, elle aurait encore une montagne d’explications erronées à inventer pour s’en sortir sans trop de casse. Elle ne tenait pas à se faire renvoyer.

Elle ne savait pas faire sauter les verrous. Absolument pas. C’était bien une preuve qu’elle n’était pas une voleuse, non ? En tout cas pas professionnelle. Mais pourquoi cette porte était-elle fermée à l’origine ? Ils étaient dans une académie. L’académie était son chez elle du moment, sa tente au bord du chemin caillouteux, et il lui semblait normal de pouvoir en connaître tous les recoins. Elle l’avait visitée en large, en long et en travers, à plat et en pente, ses pieds avaient foulées bien des couloirs, bien des pierres. La bohémienne aimait prendre possession des lieux. Cet endroit lui était donc particulièrement frustrant. Elle avait trouvé les dortoirs des Teylus et des Aequor, mais ne pouvaient pas y entrer. Peu importait – ils devaient être aussi inintéressant que ceux des Kaelems, de pâles reflets comme beaucoup d’autres, et elle n’avait rien à y faire. Mais la Vigie, par exemple. Depuis quand un rideau bleu est-il assez intelligent pour décider qui peut et qui ne peut pas observer la vue du haut de la bâtisse ? L’injustice était frappante et particulièrement agaçante. Elle aurait pensé qu’avoir un Don lui servirait au moins à quelque chose – mais non, elle ne pouvait même pas entrer. Pas assez de sang noble, probablement.

Alors elle avait laissé tomber. Portes : 2. Shawna : 0. Et puis elle était tombé sur ce nouveau passage fermé à double tour, et elle était presque sortie de ses gonds. A la place, elle avait décidé que ce serait le courroux de la porte qu’elle réveillerait, pas le sien. La tête de mule ne laisserait sûrement pas l’Académie gagner un point de plus contre elle. Un peu ça va, mais les vases débordent vite, surtout par chez elle. Alors elle avait sorti les épingles qui lui servaient parfois à faire tenir ses chignons, et elle en avait tordu deux dans la serrure. Bonnes à jeter, maintenant. Elle commençait à s’impatienter. Elle tentait avec une troisième lorsqu’un cri la fit sursauter. Elle en ouvrit les doigts de surprise et l’attache lui échappa des mains, rebondissant sur le sol avec un bruit mat pour aller se perdre quelque part à ses pieds. Qu’est-ce que c’était que cette histoire de tentacules ? Shawna laissa traîner son regard à terre, mais impossible de retrouver l’objet perdu. Sa vision avait toujours été particulièrement mauvaise ; elle avait autant de chance de la retrouver que de trouver une aiguille dans une botte de foin. Et tout ça, c’était la faute de la personne qui hurlait au loup.

- ET BIEN QU’IL TE DEVORE, TON MONSTRE A TENTACULES, ET PUIS QU’IL AILLE TE DIGERER AILLEURS !

Comme ça tu ne rameuteras pas toute l’Académie ici pour que je me fasse ENCORE chopper, et je ne perdrais pas mes affaires en entendant ta voix criarde. Elle ne peut pas mourir en silence, oui ?

L’idée qu’il puisse véritablement y avoir un monstre à l’intérieur de l’enceinte ou que la jeune fille était vraiment en danger lui passa bien au dessus de la tête et ne l’effleura même pas. Peut-être plus tard, si elle continuait à crier, mais pour le moment, elle était juste énervée. Son poing partit à la rencontre de la surface solide, chair contre bois. Elle n’allait jamais s’ouvrir, cette fichue porte…

Elvyr Yil'Han
Elvyr Yil'Han

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MessageSujet: Re: Magick, parce que c'est ce que j'écoutais. [Inachevé]   Magick, parce que c'est ce que j'écoutais. [Inachevé] Icon_minitimeDim 21 Aoû 2011 - 2:41

Ça, c'était pas gentil. Vraiment pas gentil. Avait-il/elle/on la moindre idée de ce que l'on pouvait ressentir lorsqu'on avait la mauvaise idée de se retrouver entre les dents d'une pieuvre géante et affamée ? Avait-il/elle/on conscience de la souffrance que l'on pouvait endurer, digéré lentement par un estomac visqueux et avide ? Non. D'ailleurs, Elvyr non plus. Pas qu'elle ne croyait pas à l'existence d'un tel monstre, non. Elvyr croyait encore au Père Nowel et à la petite chuchoteuse. Pas qu'elle ne s'intéressait pas au top ten des morts les plus infâmes, non plus. Ce sujet l'avait toujours passionnée et faisait partie intégrante des soirées qu'elle passait autrefois avec Dimetri. Mais tout ça n'était que théorique, et jamais vraiment elle n'avait eu l'occasion d'être digérée par un mollusque fantastique. Tant pis, tant mieux. Ce devait être une expérience certainement très enrichissante, mais qui ne lui indiquerait pas plus le chemin pour … pour aller où, d'ailleurs ? Aux cuisines, d'abord, refaire son stock d'alcool et faire cesser les grognements de son estomac.

Cette voix, en revanche, à défaut de briller par sa sympathie, avait le mérite de lui offrir une destination. Couloir de droite. Qu'elle avait l'impression d'avoir pris déjà cent fois mais qui au fur et à mesure qu'elle y avançait se révélait être tout à fait nouveau. Preuve à l'appui étant qu'elle ne décelait aucune trace de caillou jaune, bleu ou rose. Encore un sale coup des gnomes, qui lui mettaient des illusions dans le cerveau pour la perdre et dévorer son cadavre une fois que la faim l'aurait achevée. Sur la défensive, elle chercha une arme sur elle pour parer une éventuelle attaque physiques de ces petits monstres. Force fut de constater qu'elle ne portait rien qui puisse la protéger. Autant sa robe était une constante invitation au viol, autant ses multiples chaînes décoratives ne lui étaient d'aucune utilité en cas de rixe. Entièrement vulnérable, elle se rassura en se disant que les gnomes n'apparaissaient presque jamais aux humains. Et accéléra le pas. Son seul salut était la voix, elle devait la trouver coûte que coûte.

« Eh oh ! ♪ » chantonna-t-elle.

« Eh oh, eh oh, eh oh ! ♫ », lui répondirent les murs.

Tournez – à – gauche.
Obstacle – à – 10 mètres.
Obstacle – à – 5 mètres.
Obstacle – à – 2 mètre.
Choc – imminent.
Collision.
Vous – venez – de – perdre – 18 PDV.


« Oups, pardon. »

Dimetri lui avait toujours dit de faire attention à ses arrières. Elvyr l'avait de toute évidence mal interprété en décidant de marcher à reculons pour voir si aucun petit être disgracieux ne la suivait. La bonne nouvelle, c'était que les gnomes avaient peur de se montrer ; la mauvaise, c'était qu'elle venait de percuter un quelqu'un. Ou plutôt une quelqu'un. Une quelqu'une. Bref, une humaine avec des eins. Et la peau aussi mate qu'elle, même plus. Cousine ?

« C'est la faute aux gnomes, ils veulent ma perte. C'est toi qui m'a dit d'aller me faire digérer ailleurs, c'est ça ? Enchantée, moi c'est Elvyr, Elvyr Ilhan. Joli foulard. Où mène cette porte ? »


Shawna Djee
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MessageSujet: Re: Magick, parce que c'est ce que j'écoutais. [Inachevé]   Magick, parce que c'est ce que j'écoutais. [Inachevé] Icon_minitimeSam 3 Sep 2011 - 0:46

Comment est-ce que vous voulez ouvrir une porte lorsque vos trois épingles à cheveux sont 1) tordues 2) perdues dans la poussière, que vous n’avez pas les clefs, rien d’autre qui puisse les remplacer, et que la porte est beaucoup, beaucoup trop lourde pour être défoncée sans un bélier qui n’est pas en votre possession, dans l’hypothèse - non-existante en l’occurrence – où laisser d’énormes traces de son passage était possible ?

Portes : 3, Shawna : 0 ?

Non, non, non, elle n’abandonnerait pas aussi facilement. Elle voulait savoir ce qui se cachait derrière cette porte, et elle saurait, nom d’un Raï bouilli. Mais pour le moment, entrer était impossible. Quoique peut-être qu’il y avait une fenêtre, quelque part. Ou pas. On était en plein milieu de la bâtisse, au rez-de-chaussée, et s’ils – qui ils ? Aucune idée. Ah, si, les bâtisseurs. – avaient pris tant d’attention à rendre la porte inviolable pour les souris de passage, ils n’auraient pas fait l’absurdité d’y insérer des fenêtres facilement crochetables. Ne restait donc qu’une option : regarder par le trou de la serrure, où se cachait sûrement une idée de génie, là, tapie au creux du métal.

Ce qu’elle fit immédiatement, se baissant pour coller son visage contre la serrure froide, et poser son œil là où elle pourrait voir quelque chose. Pas de bol : quand une salle sans fenêtres est vide, elle n’est pas éclairée. Trou noir. Peut-être qu’en reculant un peu, la lumière du couloir lui permettrait de…

- Aïe !

Le corps lui rentra dans la hanche, et en basculant, son front vint joyeusement percuter le battant de la porte. Shawna se retourna farouchement vers la maladroite, la colère dupliquée par le fait qu’elle ne l’avait pas entendue arriver, alors qu’elle était censée faire attention à ce genre de choses, dans ce genre de situations. La main sur son front, elle plissa le nez à l’odeur d’alcool – la fille empestait – et, à défaut d’empester elle-même, elle pesta, injuriant copieusement l’adolescente. Avant de se calmer, un minimum, pour réutiliser des mots qui peuvent être transcrits plus aisément.

- Ouais, c’est moi, et j’en ai sérieusement rien à faire, de ton nom et du reste. J’peux savoir ce que tu fais ici, plutôt qu’entre les tentacules de ta pieuvre ou les crocs de tes gnomes ? Tu gênes, et c’est pas mon métier, d’amuser les gamines.

Oui, parce que non seulement Shawna n’était pas une voleuse, mais en plus, elle n’était pas une gardienne d’enfant – même si, encore une fois, les apparences pouvaient être trompeuses. Quoiqu’elle n’avait pas reparlé à la petite, depuis la dernière fois (…logique), se contentant de vérifier de loin si elle était toujours vivante, quand elle traînait dans les couloirs. Jusque là, il semblait qu’elle ait réussi à se sustenter, et si elle était encore là, c’est qu’elle s’était trouvé quelque chose à faire, elle avait des habits propres. Ca lui suffisait – le poids d’une pierre en moins sur ses épaules, puisqu’elle avait, plus ou moins malgré elle, plus ou moins pris la petiote aux yeux sodalites sous sa responsabilité.

Pas que la brune qui lui faisait face ressemble en quoique ce soit à l’enfant qu’elle avait un jour eu dans les pattes. Au contraire, elle ressemblait plutôt à Shawna ; même peau basanée, même chevelure folle, même âge, même… Dis, c’était peut-être une pas-voleuse voleuse, elle aussi. La main sur le front de Shawna se déplaça brusquement sur sa tête.

- Et le foulard, il est à moi.

Regard brûlant de l’animal qui, en en voyant un autre près de son territoire, commence à grogner et à montrer les crocs. T’y touches, t’es morte. N’empêche qu’elles se ressemblaient vraiment, vraiment beaucoup, même si les traits d’Elvyr étaient plus larges, son corps plus menu, qu’elle était - beaucoup - plus petite, et qu’un nez droit au milieu de la figure ça change beaucoup les premières impressions. Pitié, faites qu’elle ne soit pas encore l’une de ces cousines éloignées dont elle ne connaissait pas l’existence. On ne sait jamais, des fois que Yelana souhaite leurs faire une surprise en sortant une flopée de galopins de sous les jupes de son passé, ou que Trys soit secrètement un grand joueur, ou que…

Ouais enfin trois plus-ou-moins-nouveaux cousins la même année ça ferait beaucoup quand même, faut pas exagérer.

Et puis les cousins, ça s’embête en permanence, mais ça ne se gêne pas (dixit elle maintenant tout de suite), et Elvyr la gênait. Elle lui faisait de l’ombre. C’était bien gentil, de demander où menait cette porte, mais elle ne risquait pas de pouvoir lui répondre – pas qu’elle en ait l’envie ou l’intention – ni de trouver elle-même la réponse si son sosie-mais-que-de-très-loin restait planté là devant la boule de lumière des Dessinateurs. Shawna prit donc sans ménagements la demoiselle par l’épaule, et l’obligea en la poussant à reculer d’un pas, avant de se tourner à nouveau vers la porte, et de se pencher vers la serrure, essayant de se placer de sorte à ce qu’un peu de lumière entre dans la salle. Peine perdue, le trou était bien trop petit, et la tête de Shawna bien trop large, ceci n’étant dû ni à un égo démesuré ni à son foulard, mais plutôt à une malheureuse histoire de physique et de mathématiques. Un soupir frustré échappa à nouveau de ses lèvres, avant que ses yeux ne se posent à nouveau sur la jeune fille – elle était toujours là, elle ? – et qu’une idée ne commence à germer dans son esprit.

- Tu sais quoi ?

Phrase complètement inutile, on est bien d’accord. Elle allait avoir une jolie bosse à cause d’Elvyr, autant qu’elle lui offre un cadeau équivalent avant qu’elle ne disparaisse la Dame savait où, à danser avec les farfadets ou qui savait ce qu’elle sortirait, après les krakens et les gobelins.

- Tu veux savoir où mène cette porte ? Et ben c’est écrit dessus comme le port salut, t’as qu’à me le dire, toi. Et si tu sais pas lire, ou que t'es trop ivre pour le faire ou que tu préfères voir, les clefs, elles sont dans la loge du Gardien des Clefs, à l’entrée.

Regard de défi, et puis comme un regret qui s’en va en même temps que les yeux qui retournent se fixer sur le trou noir.

- Mais t’oseras jamais y entrer, j’suis sûre, et t’es trop froussarde pour emprunter le trousseau sans permission.

Parce qu’il ne fallait pas se leurrer : si cette porte était fermée à clef, c’était pour empêcher les apprentis de s’y balader impunément ; on ne leurs donnerait jamais la clef si elles la demandaient. Si elle voulait gagner, il lui fallait les clefs. La liste de ses méfaits à l’Académie était déjà longue :

°Entrée par effraction dans les bureaux de l’Intendant.
°Tabassage de garde.
°Entrée à l’Académie malgré l’interdiction expresse de la Première Gardienne.
°Entrée par effraction dans les bureaux d’un enseignant.
°Disruption d’un cours.
°Irrespect à un professeur.
°Tabassage d’apprenti.
°Bruits intempestifs.
°Mensonges.

Y ajouter le vol, alors qu’elle n’était pas une voleuse, ne lui semblait pas une très bonne idée. Elle avait beau savoir être extrêmement chanceuse, même le Dragon a parfois besoin de dormir et ne peut pas garder un œil sur les humains qu’il vénère en permanence. Elle allait bien finir par se faire prendre, et se faire punir autrement que par un simple discours moralisateur ou l’opportunité de se racheter. Encore que les gens à l’Académie avaient l’air assez orientés vers le pardon et l’espoir et toutes ces belles choses qui l’arrangeaient bien quand il lui fallait baragouiner quelque chose pour se sortir du pétrin dans lequel elle s’était enfouie. Quoiqu’il en soit, envoyer Elvyr lui semblait une bien meilleure idée que de se mouiller elle-même les pattes, et la fille le lui devait bien. Restait à savoir si l’enivrée mordrait à l’hameçon, et si elle avait autre chose que des chimères dans le ventre. Auquel cas… Elles allaient s’amuser.

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Magick, parce que c'est ce que j'écoutais. [Inachevé]
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