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 /!\ +18 | Quand le feu des ardeurs crépite (8) [Terminé]

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Anaïel
Anaïel

Marchombre
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MessageSujet: /! +18 | Quand le feu des ardeurs crépite (8) [Terminé]    /!\ +18 | Quand le feu des ardeurs crépite (8) [Terminé]  Icon_minitimeMar 16 Aoû 2011 - 20:49


Ils avaient couru, un peu, avant de ralentir, puis de repartir, incertains, bousculés par les corps qui rampardaient leur progression en tournant de tous côtés, accrochés les uns aux autres comme autant de grappes entremêlées. La main d’Ewall bien au chaud au creux de la sienne, Anaïel sinuait comme un fauve serpentin, guidant leur fuite dans le dédale des silhouettes qui se déhanchaient au rythme des mélodies, son corps tout entier dans le but qui se dessinait peu à peu dans son esprit chamboulé.

Parce que sous son apparente maîtrise, son corps brûlait.

Sa rencontre avec Ewall, la première, lui avait certes retourné les sens, elle avait sentit –elle se le rappelle très clairement – quelque chose d’impalpable se tisser en eux, mais ce soir, c’était aussi différent qu’un coucher et qu’un lever de soleil. Les étoiles qui constellaient sa vie palissaient et s’éteignaient face à la lumière de l’instant, tandis que le feu du ciel se déversait dans ses prunelles, incendiant son regard d’incertitude, d’amour, de peur et d’expectative. Elle avait senti le soleil se coucher sur sa solitude, cette fois-là, alors qu’à présent, l’astre s’élevait après la nuit, promenant ses rayons déjà ardents sur un jour dont rien ne pouvait présager de ce qui le constituerait. Et c’est dans cette incertitude absolue qu’Anaïel courait, un bonheur inedit coullant dans ses veines.

Elle n’ignorait rien du danger, pourtant. Parce qu’au-delà de son amour pour Ewall, elle savait que des émotions trop violentes pouvaient la conduire à toute sorte de réaction inexcusables, dont la moindre serait de blesser le jeune homme, physiquement ou mentalement. Et cette idée l’horrifiait plus que tout. Il lui fallait se livrer, puisqu’il ignorait encore la plus grande partie de sa personnalité, il lui fallait se livrer au risque de voir cette étincelle dans ses yeux s’éteindre, et son corps la quitter dans un rejet qu’elle n’était pas sure de pouvoir accepter – supporter.

C’est en réfléchissant à tout ça qu’elle courrait, tâchant de laisser son corps prendre une relève que son esprit n’était pour l’instant pas apte à surmonter. La respiration de son apprenti lui chatouillait le cou, ses oreilles effilées étaient pleines du son rauque mais maîtrisé qui sortait d’entre les lèvres d’Ewall, mais par-dessus tout, elle avait cette empreinte de ses mains sur ses hanches, de son corps contre le sien qui semblait brûler sa peau – alors que celle-ci chantait d’un contentement qu’Anaïel ne parvenait pas à appréhender.

Soudain, elle s’arrêta, en proie au doute, à la fuite qui la conduisait, éperdue, dans un lieu où elle savait ne pas trouver de réponse, remplie à ras bord de ces nouveautés qui court-cicuitaient sa tête, qui la rendait sauvages, plus que jamais féline, les mains chantante au gré des courant d’air, mélodiant leurs arpèges à la limite du perceptible. Malgré la course dans laquelle elle les avait entraîné, elle se savait au bord de craquer.

Ses bras se refermèrent sur le corps d’Ewall, et sa tête s’écrasa dans son torse, tandis que son corps s’imprimait dans celui de son apprenti qui, sous le choc et la soudaineté de l’étreinte, s’immobilisa. Elle respira à plein nez l’odeur entêtante de sa peau, alors que les battements du cœur d’Ewall tambourinaient contre sa joue, l’emmenant dans une ronde où chaque pulsation ressemblait à un morceau d’infini. D’erratique, son propre pouls devint effréné, se calquant sur celui qui l’entourait toute entière d’un voile qui chantait, et ses mains se firent comme des griffes, l’attirant à elle, comme si elle ne souhaitaient plus que fusionner avec lui, et se perdre à jamais dans l’odeur d’Ewall qui lui murmurait mille et une promesses magiques.

C’est dans cette position qu’elle s’obligea à respirer de manière de plus en plus mesurée, qu’elle parvint à laisser ses peurs se refouler d’elles-mêmes dans les limbes de son esprit bouillant. Ce n’est qu’après quelques minutes qu’elle réintégra pleinement la réalité et qu’elle perçu le grondement puissant de la cascade – ils avaient couru plus loin qu’elle ne l’imaginait. Elle avait un peu mal à la poitrine, comme si son cœur avait battu trop fort et trop vite, et qu’il avait des courbatures. Elle ferma les yeux, très fort, tandis qu’elle obligeait ses mains à se desserrer de la chemise d’Ewall qu’elles avaient presque déchirée, s’évertuant au calme, ce qui lui était immensément plus facile lorsqu’elle le touchait, qu’elle était contre lui, certaine de ne pas le voir s’envoler entre ses doigts – parce qu’elle savait qu’aucune force physique ne pourrait le lui arracher. Tant qu’elle était ainsi, elle le protégeait d’elle-même et du reste du monde. Mais il allait lui falloir s’éloigner, à un moment ou à un autre, et sans craquer cette fois-ci, pour lui permettre de comprendre, elle lui devait somme toute bien ça.

Lorsqu’elle se recula, son regard brillait des excuses qu’elle aurait voulu lui faire, mais également d’une passion qui lui dévorait le visage, de sentiments si intenses qu’ils lui clouaient les lèvres. Elle plongea ses iris braisés dans les deux émeraudes d’Ewall,  chercha ce qu’elle avait fui avec tant d’ardeur pendant leur course, et trouva, avec un frisson, un écho à ce qui chamboulait sa soirée avec tant de puissance. Rassurée, un minimum – pourrait-elle l’être un jour alors qu’elle ne savait même pas si elle pourrait survivre à une séparation ? – elle ramena ses mains devant elle, agrippant au passage celles d’Ewall qui s’étaient refermées sur ses hanches. Elle baissa les yeux et murmura d’une voix presque rauque :


- Je… Je ne sais pas si tu réalises… si tu peux entrevoir ce que tu fais naître en moi, mais… C’est puissant, bien plus que ce à quoi je suis habituée.

Elle releva les yeux, laissant ses doigts caresser la peau de son amoureux, et continua, avec non moins de difficultés :

- J’voudrais te demander une faveur.

Le regard d’Ewall se fit curieux, et la manière dont il arqua un sourcil fit naître des soubressauts en plein dans le cœur de la marchombre.

- Ne me quitte pas avant de m’avoir laissé tout te raconter.

Elle ferma les yeux, et trembla. Elle ne pourrait supporter de n’avoir pu tout tenter pour le retenir auprès d’elle. Les secrets devaient tomber, pour que l'équilibre soit instauré. Elle ne voulait rien lui cacher. Mais soudain lui revint à l’esprit une phrase, douloureuse, et ses quelques mots qu’il avait prononcé d’une voix morte, sous forme de requête. Un doute affreux la saisit, alors, et ses doigts se serrèrent, alors qu’elle faisait un pas en arrière et qu’elle courbait l’échine, comme pour se protéger. Elle dit, d’une voix qu’elle espérait calme, d’une voix qu’elle espérait ne pas entendre refléter la douleur qui l’avait saisi, le soir où Ewall lui avait demandé de ne s’en tenir qu’à son seul apprentissage :

- Sauf si tu veux toujours…

Elle souffla, la poitrine comprimée.

- Que l’on se concentre uniquement sur ton apprentissage.

L’idée lui sembla presque saugrenue de ne l’imaginer que comme son apprenti, alors même qu’il l’avait embrassé peu de temps auparavant. Mais si c’était son souhait, elle voulait l’entendre dire de sa bouche. Elle ne se contenterait plus de non-dit, c’était trop difficile. Elle attendit sa réponse, avec dans les yeux une promesse d’éternité, avec, tissés aux traits, cette passion qui lui comprimait le cœur tout en lui donnant l’impression qu’il allait exploser de bonheur. Tout à coup, elle eut envie qu’il se rapproche à nouveau, qu’il pose sa bouche si douce sur ses lèvres, et qu’il lui redonne ce baiser au goût de promesse qui avait marqué ce tournant dans leurs vie. Mais elle se tut, refrénant son désir, lui laissant le temps de choisir ses mots, et de la repousser, s’il se rappelait les raisons qui avaient motivées les mots de la ruelle. Elle s’accrocha à ses doigts comme à une bouée, comme à une coupe d’eau fraiche, ferma les yeux et appuya son front sur le sternum de celui qui venait de donner un sens à sa vie.

Ewall Ril'Morienval
Ewall Ril'Morienval

Apprenti Marchombre
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MessageSujet: Re: /!\ +18 | Quand le feu des ardeurs crépite (8) [Terminé]    /!\ +18 | Quand le feu des ardeurs crépite (8) [Terminé]  Icon_minitimeDim 23 Oct 2011 - 9:45

Il y avait cette main dans la sienne.
Et sa main, dans la mienne.
Il y avait milles arbres et décors de rêve défilant autours des deux êtres.
Il y avait deux souffles éreintés qui s’embrassait.

Il y avait Anaïel et Ewall.

L’apprenti marchombre ne prenait même plus garde où le menait la course soudaine de son maître. Il ne pouvait que calquer ses pas sur les siens, s’engorgeant de sa fluidité et de sa grâce.
Mais ce n’était pas vraiment à cela qu’il s’attardait, ni même au paysage leur narrant qu’ils se dirigeaient à présent vers la cascade.
Non. Dans sa tête c’était une tout autre réflexion.
Si réflexion on pouvait appeler ce capharnaüm.

Sa vie n’était que bouleversements, demi-tours et détours au quotidien.
Et tout avait commencé par l’assassinat de sa famille. Par l’extinction de la prestigieuse lignée des Ril’Morienval.
De noble, il s’était transformé en roturier sous la tutelle des Fillibulles. Quatre années passées bien trop courtes à son goût. Si courtes qu’il le regrettait presque. Presque de n’avoir pas pu attendre dans l’ombre plus longtemps.
De roturier, le voilà apprenti marchombre, sous les ailes d’Anaïel.
Et là, plus rien ne va.
Ce n’est pas Elle. C’est ce lieu, cette Académie avec la Naeëlios, et Tuuli et…et Ciléa.

C-Iléa.
Ril’Morienval.
Vivante.
Sur-vivante.

Et avec tout ça, fallait-il encore qu’il tombe amoureux !
Amoureux.
Il ne savait trop ce que cela voulait vraiment dire, étant habitué aux dragues quotidiennes sous forme de jeu avec Dofenn, jadis.
On dit toujours « là c’est différent », parce que deux personnes ne seront jamais pareilles, qu’elles occupent ou non une place dans notre cœur.
Pour Ewall ce n’était pas différent. C’était autre, c’était nouveau, c’était création, c’était fusion.
Ce n’était pas un amour d’homme à femme avec le jeu de séduction et toute la complexité des sexes.
C’était une rencontre, une première fois chaque jour. Une seule et même voie pour deux êtres. Un avenir dans un apprentissage qui s’ouvre aux sentiments.
Sentiments.
Les sentiments qu’il avait pu garder en son cœur ne résultaient qu’en le deuil, le regret, la colère et la dépression.
L’amour était bien supérieur à tout cela.

Tiens, la dépression.
Sa chère compagne lui avait-elle fait définitivement faux bond ? La Promesse l’avait-elle définitivement fait fuir ?
Comment ne pas l’espérer ?

La course s’arrêta brusquement, et il sentit le nez de la jeune femme se nicher dans son torse. Surpris, mais en aucun cas contre cette marque d’affection, il entoura de ses bras la taille gracile d’Anaïel.
Dame, qu’elle était belle, et douce !
Dame que sa respiration haletante sur sa peau le rendait fou !
Sa manière de s’agripper, comme si à tout moment ils pouvaient encore se perdre, lui provoquait un mal de ventre le rongeant avec angoisse.

L’étreinte s’éternisa, et le jeune noble savourait leur contact, tentant de chasser le brouillard qui obscurcissait son esprit.
Lorsque son maitre se dégagea, il voulut la serrer de nouveau contre lui, mais ne le fit pas. Si elle se sentait prête à parler, il ne voulait surtout pas l’en empêcher.
Il en avait besoin.
Besoin d’en savoir plus que ses yeux promesses et ses ailes dans le dos.
Besoin de savoir à qui il venait d’offrir trois ans d’apprentissage et une vie de passion.
Et pas de secrets, on ne peut connaitre mieux une personne qu’en connaissant son passé.

Dis-moi, Etincelle, qu’effaces-tu derrière tes pas ?

Non.
Non, je ne réalise pas.
En revanche je réalise ce que toi tu as fait naitre en moi. Bien plus qu’un simple nom retrouvé.

Oui. Oui je te promets de t’écouter.
Non. Non je ne pourrais jamais te quitter.
Quoi que tu me dises.

Le doute d’Anaïel lui fit mal au cœur. Très mal.
Comment pouvait-elle encore douter ?
N’avait-elle pas compris qu’il n’avait échappé cette connerie que par peur que de son côté rien d’autre que de la relation-maitre élève ne se développe ?
C’était lui la faute. Lui l’élève qui tombe amoureux du maître.

Il prit la main de la marchombre et la plaça sur son ventre chaud, sous sa chemise lui collant un peu trop à la peau.

-C’est la fête foraine là-dedans. Sourit-il.

On pourrait même y sentir le cœur qui bat. Ce n’est pourtant qu’un ventre. Avec de beaux abdos, certes.

-Il y a des choses qui ne trompent pas.
Murmura-t-il.

A quoi cela servait-il de murmurer ?
A rien. Ils étaient seuls.
Mais tant pis. C’est plus intime la voix basse. Et ça empêche d’avoir le souffle coupé par l’émotion.


-Et je ne me trompe pas.

Prenant le doux visage de sa Promesse dans son autre main, il déposa ses lèvres sur les siennes, capturant l’envie déchirante d’une passion plus forte. Mais il se retira assez vite, pour ne pas lui couper l’élan.

Tu es si proche.
Ne t’arrête surtout pas.


Anaïel
Anaïel

Marchombre
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MessageSujet: Re: /!\ +18 | Quand le feu des ardeurs crépite (8) [Terminé]    /!\ +18 | Quand le feu des ardeurs crépite (8) [Terminé]  Icon_minitimeMer 9 Nov 2011 - 18:24

Un tourbillon, c’était ça. Une parabole à l’élan incessant, s’autonourrissant d’énergie, une circonvolution ignée qui dansait dans sa poitrine, dans ses membres, dans sa tête. Un feu, le feu, le seul qu’elle pouvait approcher, effleurer presque, le seul dont la présence ne lui était pas insupportable. Elle était l’Ange de feu, et en cet instant, cette vérité lui apparut dans toute sa splendeur, non pas comme un hommage aux braises assassines qui se reflétaient dans ses yeux, témoins d’un passé plus ancien que sa propre vie, mais bien comme les flammes ardentes qu’elle avait le pouvoir de faire valser en elle, ce pouvoir de ressentir intensément chaque parcelle de vie, d’en suivre les trames jusqu’à la source même de toute énergie, et enfin de s’en imprégner, de s’immerger dans la chaleur pour devenir non plus comburant mais combustibles des émotions . Et de cette sensibilité à fleur d’âme, elle tirait sa compréhension du monde qui l’entourait, percevant les interactions entre les étincelles de vie comme autant de poulies, de lumière, de filins et d’ancrage.

Le monde était harmonie. Quoi qu’on puisse y faire.

Le pouls d’Anaïel s’apaisa quelque peu, alors que les lèvres d’Ewall s’éternisaient sur les siennes, signe d’acceptation et de promesse. Elle était bien obligée de lui faire confiance, car dans le cas contraire elle ne pourrait même pas aligner deux mots sans penser à l’impensable – la perte de son apprenti.

Il s’éloigna alors, lui laissant le choix. Le choix ? L’avait-elle encore le choix, alors qu’elle sentait au plus profond d’elle-même que sa vie avait changé d’orientation ? Son nouveau pôle magnétique la regardait, de ses yeux verts plus beau que tout, l’attente et l’envie scintillant tout contre ses cils. Elle se détourna pour regarder autour d’eux. La cascade bruissait sourdement, grondait presque, feulait, dans l’air froid de la soirée qu’un léger vent agitait. La lune mâtait le paysage d’un voile flou, cataracte sur l’œil du monde, et induisait le murmure qui avait remplacé le bruit dans leurs paroles. Ce lieu, elle ne le connaissait que trop bien. C’était celui où elle avait rencontré Varsgorn, celui où elle s’était battue avec lui. Devenue fauve, elle l’avait mordu, lui avait arraché des lambeaux de chairs avant de le sauver des flots puis de s’envoler, à moitié nue, crevant de sauvagerie et de douleur.

Elle porta la main à son œil qui conservait la cicatrice de la lame de l’ancien garde, puis se retourna vers son apprenti qui attendait. Surtout, ne pas se précipiter. Garder la tête froide, contrôlé, contrôler les émotions et le grondement qui s’éveillait en elle lorsqu’elle s’imaginait raconter son histoire à Ewall. Contrôler, douceur et danse des corps, pour son apprenti, pour ne pas l’effrayer, et surtout ne pas le blesser. Elle tendit une main vers lui, qu’il saisit avec une étincelle d’envie irrésistible dans les yeux, tandis qu’elle les entrainait plus avant, vers la cascade.

Le lieu était beau sous la lune. D’une beauté froide et austère, épurée jusque dans les couleurs qui ne s’étiraient jamais plus fluo qu’un violet bistré. Mais c’est dans cette nature étrange et envoutante qu’elle se sentait le mieux, c’était dans l’ombre des arbres et des rochers qu’elle puisait tous les jours la force qui mouvait ses membres, c’était dans le scintillement de l’eau, dans le murmure du vent qu’elle sentait son cœur battre pleinement. Inviter ainsi une autre conscience dans ce moment où, d’habitude, elle se retrouvait elle-même, lui apparaissait paradoxalement comme un blasphème et comme un bonheur infini. Ils serpentèrent parmi les arbres et les ronciers, trouèrent quelques massifs peu épais pour déboucher sur une petite anse protégée du bruit de la cascade par un paravent de pierre qui s’étirait au-dessus de leurs têtes, sans pour autant cacher le ciel. C’était un de ses nombreux cocons, des lieux pas bien grands, pour la plupart cachés aux yeux du monde, où elle venait se réfugier, se ressourcer. Chacun de ces endroits revêtait pour elle quelque chose de particulier même si la plupart du temps elle ne pouvait nommer ce qui les rendait plus attirant que d’autres.

Elle lâcha la main d’Ewall et s’approcha du rivage léché par de minuscules vaguelettes mourantes, qui venaient clapoter sur une butée de pierre à fleur de sol. Sa main intact vint prendre contact avec le liquide bleuté, les doigts traçant des arabesques sans queues ni tête à la surface ondine. D’un mouvement rapide et harmonieux, elle plongea sa main entièrement dans l’eau, jusqu’à son avant-bras. En fermant les yeux, elle permit à la chaleureuse musique de remonter les nerfs de sa main pour trouver son chemin jusqu’à son cœur. Douce et sensuelle, légère, presque indécise, virevoltante et timide, c’était la musique de l’eau qui redevenait sage après avoir écumé les flancs de la cascade en un flot bouillonnant et sauvage.

Ewall s’était accroupis à ses côtés. Sa présence vibrait dans ses os, son parfum envoutait sa peau, et son souffle lui brisait la nuque, tant elle avait conscience de son corps et de ses émotions. Mais l’eau la calmait, elle s’immergeait dans cette frivolité ou plus rien n’est important, ou plus rien n’est chaud, où tout est humide, froid et tendre. De sa voix sifflotante au timbre si particulier, elle brisa la première le silence qu’ils n’avaient pas rompu depuis de nombreuses minutes :


- Je…

Par où commencer ? Elle réfléchit un instant et secoua la tête. La croisait-il si elle lui racontait crument son enfance, sa mise au monde, son passé inexistant ? La croirait-il si elle lui disait qu’elle était la fille de l’univers, enfantée de la terre et du ciel, et que de leur union avait jaillit le premier feu originel ? Que ce feu bouillonnait en elle, transformant son sang en magma ardent, et que ses yeux ne reflétait rien de plus que ce feu dénaturé par l’avidité des hommes ? C’était trop inconcevable. Ce n’était en plus que des suppositions, tirées de légendes faëlles.

- Enfant indigo.

Les mots sortirent de sa bouche, avec en arrière fond le double timbre du vieux faël qui s’était occupé d’elle à ses débuts, cette vois dont elle n’avait plus de souvenir, mais dont les mots résonnaient à présent en elle avec la force de la vérité.

- Et l’enfant viendra, destructeur ou vivant, il viendra et de ses yeux de feu embrasera le monde de son innocence. L’enfant indigo arrivera, enfant aux caprices de la nature, ennemis des Hommes, et par son regard trahison, leur rappellera les vices commis par eux. L’enfant indigo viendra, d’une espèce nouvelle, se fondra dans la masse humaine. Vivra.

Les yeux perdus dans le vague, elle continua d’une voix plus posée, plus douce aussi :

- Je n’ai jamais connu le nom de ce faël. Il m’a sauvé la vie lorsque je périssais de froid dans une grotte non loin de son village. Je ne sais plus quel âge j’avais.

Le froid d’alors, polaire au-delà de toute raison, son premier hiver depuis qu’elle s’était réveillée allongée dans l’herbe, nue comme un ver, d’étranges animaux reniflant son corps couvert de terre. Elle avait apris à se débrouiller seule, par la suite, acquérant avec une facilité déconcertante – qui lui sauva d’ailleurs la vie- les gestes les plus primaire pour se nourrir, dormir en sécurité et rester en bonne santé. Elle était très jeune à l’époque, trop jeune, sans aucun souvenir à quoi se raccrocher, sans aucun passé, aucun parent – cette notion même lui étant étrangère. Mais l’on s’habitue à tout, et le temps avait passé, développant ses perceptions du monde, nouant ce défaut enfantin qu’est la curiosité à son cœur, ce qui la poussa plus tard à s’enfuir de la vallée qui l’avait vu naître. La nature n’avait pas été tendre avec elle, mais c’est dans les bras des arbres, dans le duvet des loups, dans la chaleur de la viande animale, dans la caresse du vent sur son visage, dans l’étreinte fraiche de l’eau, qu’elle avait grandis, entourée de ce qu’elle percevait comme de l’amour. L’amour des êtres vivant, l’amour si impersonnel de la vie.

- Je n’ai jamais su d’où j’avais pu sortir. Je me suis réveillée face au ciel, nue et couverte de feuilles et de terre. Un aigle passait au-dessus de moi, et je crois que c’est la première chose sur laquelle j’ai posé mes yeux. Je voulais voler, comme lui.

Ses omoplates vibrèrent de désir à ce souvenir. Son vœu s’était exaucé. Le rentaï lui avait offert le ciel, et lui avait greffé des ailes plus belles que tout ce qu’elle avait pu imaginer.

- Puis j’ai failli mourir de froid. Le vieux Faël s’est occupé de moi. C’est avec lui que j’ai découvert que je ne supportais pas la vue du feu.


Son corps se glaça à cette pensée, à ce jour maudis où elle avait vu du feu pour la première fois. Son cœur avait tremblé, s’était arrêté tandis que ses os s’entrechoquaient à l’intérieur de son corps. Son esprit révolté s’était claquemuré dans son crâne, refoulant jusqu’à toute conscience au plus profond d’elle, ne laissant que la sauvagerie et la bestialité innée qui pouvait l’animée. Pour ne pas perdre la raison.


- Puis un jour il est partit et il n’est jamais revenu. Je crois qu’il est mort.

Un silence.

- Ensuite, un ou deux ans plus tard, j’ai enfin eu le courage de partir de cette valée. Il m’avait dit que si ma place était ici, ma destinée n’y était pas. Il fallait que je rencontre des humains. « Ceux de ma race » avait-il dit. Mais je crois que sur ce point il se trompait. Je ne suis pas humaine. Je ne suis pas faëlle non plus. Puis, j’ai rencontré les humains.


Sans autre signe avant-coureur, son corps se replia sur lui-même, plus vivement qu’un serpent, tandis que ses bras se serraient autour d’elle pour protéger sa cage thoracique d’une attaque fictive. Ses doigts crochetèrent sa peau, y traçant des sillons rouges, et ses tendons semblèrent vouloir s’échapper de ses mains intensément crispées. Un son étrange sortit de sa gorge, à mi-chemin entre le sanglot et la colère, c’était quelque chose de bien plus profond qu’une simple réaction à un souvenir. La douleur dans sa poitrine jaillit avec la force d’un ouragan, et c’est toute sa colonne vertébrale qui se mit à trembler sous l’effet de la colère, de la détresse. La détresse d’une petite fille qui ne comprend pas. Et qui souffre. Immensément.

Soudain, une présence chaude et douce vint crever la bulle de protection qu’elle avait érigé de son corps. Plus que sa peau, ce fut son âme qui fut touchée par ces deux bras qui l’enlacèrent, par cette chaleur tiède qui l’enveloppa dans un carcan de sécurité. La flamme de la raison lui dicta que le contact était dangereux, que si son cœur de lionne se réveillait, si elle perdait le contrôle d’elle-même, Ewall allait être blessé. Dans l’état dans lequel elle était, c’était du suicide.

Mais contre toute attente, l’étincelle de sauvagerie se mua en braise réconfortante. La peau d’Ewall chantait pour elle sa mélodie magique, et ce n’est pas une déchirure qu’elle sentit en elle à ce contact, plutôt une refonte de ses anciennes blessures, soulagées à présent par des poutres d’amour, par des treuils de tendresse. Ancrée à lui, son âme coula jusqu’à ses yeux, où elle déborda en grosses larmes de crocodiles.

Elle continua, d’une voix rauque, feulant sa détresse, plus fragile que jamais de se mettre à nue en cet instant :

- Puis j’ai rencontré Elhya.

Elle s’accrocha à son visage, y chercha ses expressions, le souvenir de leur rencontre, de leurs instants – si brefs – passés ensemble, et continua :

- C’était la meilleure marchombre de son temps. L’égale d’une légende. Elle m’a offert le ciel, et les ailes nécessaires pour y régner. Elle disait que je ne marchais pas sur la Voie, mais que j’y volais.

Doucement, elle se calmait, reprenait contenance. Ses épaules se détendirent, et elle se laissa allée dans les bras d’Ewall, sa main toujours dans l’eau.

- J’ai rencontré beaucoup de monde. Des gens d’une grande bonté, mais la plupart vraiment mauvais. Et en chacun j’essayais de trouver un éclat de gentillesse, de générosité. Mais je n’arrivais pas à rester près d’eux bien longtemps.

D’un mouvement souple, elle se dégagea de ses bras, un sourire triste sur ses traits félins. L’amour luisait dans ses yeux, lui bouffait le visage jusqu’à en altérer les traits, et pourtant elle ne pouvait pas rester longtemps dans cette position incertaine, entourée par des bras autre que les siens. Elle détourna le regard.

- J’ai blessé des gens que j’aime. Simplement parce que je suis restée à côté d’eux. Parce que je ne peux toucher sans avoir envie de tuer.

Elle sortit la main de l’eau et la posa sur la joue d’Ewall. Elle était froide comme la mort, mais elle commençait déjà à se réchauffer, animée d’un feu qui coulait dans ses veines, un feu bien plus chaud que le sang de la plupart des gens.

- Puis je t’ai rencontré… murmura-t-elle.

Elle posa son front sur le sien, louchant pour continuer à le regarder. Son estomac tressautait à son contact, et c’est dans l’amour qui miroitait dans ses yeux qu’elle trouvait la force de continuer.

- Et tout ce en quoi je croyais a basculé.


A commencer par moi. J’ai basculé. Je suis tombée. Tombée amoureuse.

- Je t’aime, Ewall.

Les mots sortirent de sa bouche dérechef cette soirée, alors qu’elle les pensait simplement. Avec une facilité déconcertante, elle s’en imprégna et laissa un sourire étirer ses lèvres. Il avait tenu sa promesse, il ne l’avait pas interrompu. Le récit de sa vie était court – comment relater une vie en une soirée ? – mais il résumait les grands moments qui l’avaient jalonée. A lui maintenant de se faire une idée, d’accepter ou pas ce qu’elle lui avait raconté.
Une dernière larme coula sur sa joue lorsqu'elle ajoute :


- Il faut que tu saches tout ça. J'veux pas te cacher le fait que je risque de te faire du mal, même si je ferais tout pour l'éviter. Parce que j'en crèverais de te faire souffrir. Faut que tu le saches. ça a déjà faillit arriver.

Dans la maison maudite. Quand elle avait faillit lui sauter à la gorge et l'étriper. Elle se cacha le visage dans les mains à ce souvenir, poignardée de sa propre faiblesse face à ses pulsions. Elle ferait tout pour le protéger, du monde et d'elle-même. Surtout d'elle-même.


Ewall Ril'Morienval
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MessageSujet: Re: /!\ +18 | Quand le feu des ardeurs crépite (8) [Terminé]    /!\ +18 | Quand le feu des ardeurs crépite (8) [Terminé]  Icon_minitimeLun 28 Nov 2011 - 19:38

Enfant indigo.
Il ne savait pas ce que cela voulait dire. Mais il savait qu’elle était spéciale par cet adjectif. Tout comme Galoudryelle était spéciale par le therme d’enfant albinos.
Enfant.
Etait-ce depuis son enfance qu’elle possédait des ailes ? Etait-ce ce « indigo » qui lui avait donné des yeux promesses et la capacité de l’envoûter en si peu de temps ?

Indigo voulait surtout dire souffrance entre les lèvres de son maître. Et il n’aimait pas ça. Mais alors pas ça du tout ! Cet indigo était tout aussi vil que cet albinos. Tare génétique qui bouffait la vie de ses deux amours dans un costume d’innocence.

Il eut un hoquet en sachant combien elle avait échappé de peu à la mort, réalisant soudainement ce qu’il pourrait bien être sans elle.
Un Fillibulle, toujours ?
Il n’aurait jamais su pour Ciléa.
Il n’aurait jamais retrouvé son nom.
La Dépression le rongerait toujours.
Et surtout. Oh surtout. Il n’aurait jamais connu ce que signifie le mot amour.
Frissonnant il tenta de chasser cette image de sa promesse défunte pour se concentrer sur la suite.

Elle ne supportait pas le vue du feu. Jusqu’ici, Ewall n’en savait rien. A présent il y pensa, fort, très fort, si fort que l’information puisse rester gravée dans son esprit à jamais. Pour que jamais, non jamais, il ne fasse l’horrible bêtise de jongler avec du feu devant elle. A moins de n’avoir le projet sérieux d’une rencontre entre elle et le feu, qu’elle l’amadoue, que cette peur en devienne ridicule.

« Il est partit et n’est jamais revenu. »

Combien d’êtres n’étaient pas revenus ?
Trop.
Bien trop.
Et on leur en veut, terriblement. On souffre de leur absence, et on les hait à en crever d’amour de ne pas revenir.

Etait-ce ce que ressentaient ses anciens compagnons de vie ?

*Non. Parce que je reviendrais. Je reviendrais.*

Il ne pouvait qu’être en accord avec elle. Elle n’était pas faëlle. Mais n’en était pas moins une humaine. Il l’avait su depuis le premier jour. Galoudryelle l’avait vu à la seconde même.
Une fée. Ou quoi que ce soit d’autre. Marchombre avait deviné la petite.
Mais outre sa voie, elle n’était pas humaine. Même sans ses ailes elle volait.
Elle était Promesse.

Et animalité. Dans ses gestes, cette façon de se recroqueviller, de s’arquer, de feuler, et de souffrir en grognant pour se défendre.
Parfois à en faire peur.

Il aurait voulu connaitre cette Elhya tant elle semblait importante aux yeux d’Anaïel. Y avait-il une histoire d’amour entre chaque marchombre ? Entre chaque maître et élève ? Leur relation ne serait donc pas exclusive ?
Intérieurement, il espérait de tout cœur que non.

Il l’enlaça avec tendresse, lorsqu’enfin elle se laissa choir dans ses bras. Mais hélàs, elle n’y resta pas longtemps, se dégageant vite pour peut-être mieux raconter la suite de son histoire si atypique. Il ne fit aucune remarque, respectant la promesse de son silence jusqu’au bout. Tout au bout.

« Parce que je ne peux toucher sans avoir envie de tuer. »

C’est curieux.
J’ai peur. Je ne peux pas le nier.
Mais j’ai envie. Tellement envie de cette peur, de cette transe, de ce danger auprès de toi, comme une drogue puissante, comme le bord d’une falaise sur lequel on joue en équilibre…comme un funambule.
Je suis un funambule, qui a peur de tomber Lala
C’est l’amour en hauteur, l’amour prêt à faire le grand saut. L’amour de la mort.

Sa main froide le glaça dans un premier temps. Mais au son de sa voix, elle fut parcourut d’une chaleur inhabituelle, comme si un feu traversait son corps au rythme de ses mots.

- Je t’aime, Ewall.

L’échine dorsale d’Ewall se courba, pour se redresser de suite, parcourut de frissons et tressautements.
Elle le lui avait déjà dit.
Mais celui-là était le plus beau, le plus dur et le plus sincère.
Hors d’halène.
Pas besoin de respirer pour pouvoir le dire, il en était sûr.

« Ça a déjà failli arriver ».

Le souvenir était bel et bien présent.
Devait-il reprendre le risque ?
La réponse fut plus qu’évidente.

Séchant la larme de la marchombre de son index, il chuchota :


-J’ai déjà pris le risque. Bien avant ce moment là. Bien avant ce soir. J’ai pris le risque dès la première seconde en acceptant de t’écouter et de te suivre. Je le savais. Je savais que cela signifiait avancer à l’aveugle avec une inconnue. Mais j’ai pris le risque, celui qu’on prend au bord des falaises pensant que c’est pour se prouver que l’on est plus fort que la mort, alors qu’en réalité on le fait parce qu’elle nous attire cette mort.

Il caressa avec douceur ce visage tourmenté qui lui faisait face.


-Et tu sais quoi ?

Il sourit, empêchant ainsi toute inquiétude de sa part.


-Je suis tombée. Mais avec toi. Et on a volé. On n’est pas plus fort que la mort. On est plus fort que la Dépression, que ton Indigo, que l’Amour !


Posant ses lèvres sur les siennes un court instant, il continua :


-Pas une seule fois je n’ai regretté mon choix, et je n’arrive toujours pas à le regretter. Oui j’ai un peu peur, mais j’ai surtout envie. Envie de t’aimer.

Il l’enlaça aussi fort que possible, peut-être par peur que tout ceci ne soit qu’un rêve. Puis se dégagea, un grand sourire sur les lèvres.

-Et tu sais de quoi j’ai envie, là, maintenant ?

Il se leva, contemplant autours de lui les multiples possibilités.

-D’apprendre !


Anaïel
Anaïel

Marchombre
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MessageSujet: Re: /!\ +18 | Quand le feu des ardeurs crépite (8) [Terminé]    /!\ +18 | Quand le feu des ardeurs crépite (8) [Terminé]  Icon_minitimeMar 13 Déc 2011 - 20:24

Il avait tenu sa promesse. Il l’avait écouté jusqu’au bout sans l’interrompre, alors même qu’elle voyait scintiller dans ses prunelles émeraudes le doute, les questions, l’envie, l’amour, la curiosité et l’étonnement. Et pourtant… Pourtant Anaïel se sentait vidée, complètement vidée. Les souvenirs qui se crachent, et le sang dans les yeux, le visage d’Elhya, celui du vieux Faël, et leurs lèvres fines à tous deux, qui psalmodiaient en silence le bruit des ailes qui s’entrechoquent. L’ombre et la lumière, le bleu et le blanc, unis dans la valse si atypique de son existence, entrelacés, liés à elle par ces trames hasardeuse et souvent si douloureuse… Il lui avait fallu puiser profond dans son cœur d’enfant avorté, et curer les questions, laisser de côtés les doutes pour ne retranscrire que la réalité, la froide, la dure, l’impersonnelle vérité. Et malgré cela, Ewall semblait avoir compris.

Il semblait avoir compris que sa silhouette féline, son visage au nez droit, ses pommettes cisaillées, sa grâce animale, son don de vie, n’était pas simplement un avantage, mais qu’il cachait, derrière la façade de son corps, l’envers du miroir de son âme, cette couleur écarlate qui faisait le sang des Homme et celui de la vie en général. Ce sang qui coulait dans ses veines, brûlant de haine, ardent d’un savoir greffé au cœur, au corps, et l’envie de vengeance qui lui déformait la raison lorsque son attention se relâchait. Il avait compris que la lutte, bien que vaine et tout instant, leur permettait de rester ensemble. Sous l’éclat de la lune, aussi fugace qu’est immortelle l’éternité.

La main d’Ewall s’approcha doucement, et d’un doigt tendre il cueillit une larme au coin de sa joue. A son contact, elle pressa sa tempe contre sa paume, écoutant en silence les mots qu’il prononçait, plus apaisants que le plus apaisant des miracles.

Attiré par la mort… Ces mots la firent frémirent de dégout. La mort ne lui faisait pas peur, elle avait depuis longtemps comprit qu’elle faisait partie de la vie, mais l’envier, chercher le noir absolu alors que la souffrance des proches était telle qu’elle pouvait changer une âme juste en un esprit vengeur, cela lui apparaissait comme le comble de l’égoïsme. La mort faisait tellement de ravage lorsqu’elle sortait du cycle de la vie, qu’elle en tordait la réalité, les cœurs et les corps. Qu’elle n’était plus harmonie, mais chaos.

Ewall posa ses lèvres sur les sienne, brisant les questions en une myriade de fragments passionnés. Véritablement, elle s’étonnait de cette facilité qu’elle avait de le toucher, de ressentir tant d’émotions par une simple caresse, de sentir sa peau réagir avec tellement de puissance à celle de son apprenti. Elle avait du mal à contenir le bouillonnement qui agitait ses veines, alors, et lorsqu’elle tentait d’y réfléchir objectivement, la passion qui se déversait dans son sang n’était pas le propre de l’agréable, tant il agitait sans contrainte le moindre de ses nerfs. Mais c’était différent de la haine qui pouvait tambouriner à ses tempes, et c’était cela l’essentiel. Elle suivit le délicat entrelacs des veines sur la main du jeune homme.

Une boule dans son cœur. Une boule d’incommensurable tendresse, face à ce bout de garçon trop vite sortit de l’enfance, trop vite devenu véritablement homme, dans son corps comme dans sa tête. Et pourtant, elle voyait l’émerveillement briller à chaque instant dans ses prunelles magnifiques, et comme un papillon, elle était attirée par cette lumière si semblable à celle qui faisait battre son cœur depuis sa naissance. Elle voyait en lui un reflet masculin de ce qui animait profondément sa rage de vivre, c’est-à-dire sa curiosité et sa capacité de s’émerveiller à chaque instant de chaque chose qui composait la vie. Bien sûr, malgré tout il y avait tous les problèmes de la vie, les démons intérieurs qui psalmodient des comptines macabres, et le sang qui coule sur les pavés. Mais cette rage de vie, elle les maintenait tous deux en vie, alors même que la mort les guettait à chaque instant, de ses yeux couleurs Elhya ou famille Ril’Morienval.

Marchombre. Plus que l’harmonie, ce terme évoquait pour Anaïel le principe fondamental de la vie : son élan. La poussée au corps qui nous mange les yeux, cette étincelle devenue brasier qui coulait dans ses veines en cascades d’instantané, cette énergie de tous les instants, de tous les états, liquide, gazeuse, solide, qui pulsait sous la voute plantaire, qui tirait les muscles et les os en avant, comme d’invincibles clavicules de fiertés.

Marchombre.

Et il était temps de donné un sens à ce mot aux yeux d’Ewall.

Elle fit courir sa paume sur le visage du jeune homme, et l’observa fermer les yeux lorsque ses doigts effleurèrent ses cils. Troublée de cette proximité, elle ne pouvait pas vraiment réfléchir objectivement mais elle savait que ce qui l’unissait à Ewall était plus fort que ce qu’elle n’avait jamais ressenti. Et la confiance qu’il plaçait en elle représentait tellement de choses pour elle…

D’une détente souple et lente, elle se remit debout, et ouvrit les doigts afin de laisser à Ewall le choix de retirer sa main. La lune parait la cascade d’une avalanche de fragments lumineux et violets, comme un torrent pierreux d’éclat de pierres précieuses et d’améthystes.

Un instant elle plongea dans ses souvenirs, y cherchant la première épreuve que lui avait imposée Elhya lors de son parcours initiatique. Mais sa relation avec son maître n’était absolument pas la même que celle qui l’unissait à présent avec son apprenti. Il lui faudrait donc improviser, agir au mieux, et réussir à faire partager l’univers des marchombres à Ewall.

C’était dur, cependant, dans le sens où la Voie coulait tellement dans ses veines qu’elle ne se questionnait jamais à son propos, se contentant de vivre et de demeurer à l’écoute de tout ce qui pouvait l’entourer. La Voie vivait en elle, mais elle ne vivait pas pour la Voie, là était toute la différence.

Elle ouvrit la bouche pour parler, ayant conscience de l’attente qui tendait le corps du jeune homme, mais la referma, préférant taire au silence des mots qui devenaient à présent superflus. Il n’avait probablement pas idée du trouble qui l’agitait, de se voir dans le rôle de l’enseignante, mais elle ne voulait pas détourner son attention avec des soucis qui ne le concernaient pas. Pas tout de suite du moins. Il lui fallait de toute urgence trouver l’équilibre. L’équilibre entre l’enseignement et l’amour. Pour ne pas se perdre.

D’un coup de rein aussi inattendu que furtif, elle se déshabilla, laissant choir la totalité de ses vêtements à ses pieds. Le temps était froid, avec une petite brise qui aiguisait les quelques degrés qui avaient encore l’audace de s’élever contre la négation de la température. Un frisson parcourut son échine, se répercutant sur toute la surface de son corps comme une vague piquetée, et elle ferma les yeux, laissant le monde s’ouvrir à elle par l’intermédiaire de sa peau.

Elle avait une conscience aiguë du regard d’Ewall posé sur elle, silencieux, mais elle parvint, au bout d’une interminable minute, à calmer les battements de son cœur, à agrandir le cercle formé par leur deux présence à l’endroit secret qui les recevait, puis à tout ce qui les entourait, aussi loin que possible.

Enfin, une fois que son souffle ce fut apaisé, elle fit un pas en avant, puis un autre, et entra dans l’eau glacée sans marquer la moindre hésitation. Le froid ne lui faisait pas peur, et elle savait que des vêtements secs l’attendaient sur la rive. Certes, son sang bouillait, ardent, probablement plus que celui d’Ewall, mais Elhya elle-même lui avait appris à ne pas craindre la glace de l’eau liquide, à s’enliser dans les sensations jusqu’à leur contrôle total. Mais surtout, elle voulait jouer. Jouer avec la rivière, et inviter Ewall dans leur jeu. Lui montrer l’âme des choses.


Moi je sais que la terre, les oiseaux et les fleurs
ont une vie, ont un esprit et un cœur.


Elle se retourna alors vers lui, de l’eau jusqu’au nombril, sans la moindre pudeur. Drapée dans sa nudité, elle l’invita d’un signe de tête à l’imiter.

Au détour de la rivière, sera-t-il au détour de la rivière ?


Ewall Ril'Morienval
Ewall Ril'Morienval

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MessageSujet: Re: /!\ +18 | Quand le feu des ardeurs crépite (8) [Terminé]    /!\ +18 | Quand le feu des ardeurs crépite (8) [Terminé]  Icon_minitimeMar 3 Jan 2012 - 18:27

L’entrelacement de leurs yeux, les messages de leurs caresses, le lien entre leurs cœurs. Jamais Ewall n’avait connu pareil union entre deux êtres. Et il savourait chaque moment, se sentant pour la première fois à sa place dans ce monde d’inconnus et de surprises.
Leurs paupières cillèrent encore quelques instants avant qu’Anaïel ne se lève, ouvrant sa main pour indiquer à son élève qu’il lui fallait bien la lâcher.
Mais juste quelques instants. Et puis juste une main. Parce que jamais il ne la lâcherait.
Jamais.
Il se leva, la fixant avec curiosité. Quelle forme prendrait cette leçon ? Il y avait déjà eu celle de la tour, puis du saut, même si ce n’était qu’un accident. A présent ? La leçon le mènerait-il à un autre risque ?
Qu’importe.
Pour Elle. Et pour la Voie, il prendrait tous les risques imaginables.

Elle semblait chercher, et Ewall tenta de se mettre à sa place. Etait-ce possible d’associer en deux corps seuls l’amour et l’enseignement ? Autrefois il aurait dit que non, qu’on ne mélangeait pas les draps et les chaussettes, que ce serait casse-gueule.
Aujourd’hui il ne pouvait plus répondre la même chose sans douter. Après tout, il était bien noble mêlé aux saltimbanques.

Il écarquilla alors grand les yeux en prenant conscience de ce que faisait Anaïel. De gestes souples et sensuels elle se déshabillait, laissant choir sur l’herbe l’intégralité de ses vêtements.
Il resta paralysé, troublé, gêné, rouge devant ce corps nu convoité. Ce n’était pas un simple corps dénudé comme les autres. Celui-là possédait bien plus de sens et provoquait bien plus d’émotions. Il s’agissait du corps d’Anaïel.
La chaleur lui montait des pieds au visage, et son ventre se tortilla en milles envies, tandis que son pantalon de costume devenait soudainement très étroit.
Il la contempla ainsi entrer dans l’eau gelée de la cascade, avec une insouciance déconcertante. Comment pouvait-elle résister au froid sans même esquiver une grimace ?
Mais ce n’était pas ce détail qui gênait tant l’apprenti marchombre. Le rouge ne voulait pas quitter ses joues, et il ne cessait de déglutir, se forçant à baisser les yeux pour éviter l’objet de convoitise, tout en ayant l’irrésistible réflex de les relever tant elle était belle.

Belle.
Magnifique même.
Promesse.

Son cœur battait la chamade et à force de rester camper là, tous muscles crispés, des fourmis lui prenaient aux jambes et aux mains. Mains complètement paralysées, tout comme sa gorge pouvait être bloquée.
Le test ne résidait pas seulement dans l’eau. Et il ignorait si elle l’avait fait ou non exprès.

Il souffla, voulant s’élancer pour ne pas paraître stupide et se reprendre. L’eau glacée devrait lui redonner ses esprits. Et puis en aucun cas son amour ne devait freiner son apprentissage….Il devait au contraire le booster. Mais là, c’était la pire épreuve possible. Pire que de grimper cette falaise et de prendre le risque de se fendre le corps en tombant.
Il fit un pas, mais s’arrêta de nouveau. Il lui faudrait se déshabiller.

Ewall était plutôt du genre pudique, n’aimant pas se mettre nu. Il se sentait alors désarmé, et observé surtout. Et puis il n’aimait pas son corps. C’était pourtant un corps d’acrobate, fin et musclé, mais…il ne l’aimait pas. Parce que justement ce beau corps cachait bien trop les choses, comme la douleur, la perte ou la Dépression.
Et surtout. Surtout. S’il se déshabillait, elle verrait. Déjà que le soudain resserrement de son pantalon de costume devait se voir…alors nu ?! Ce serait horriblement gênant. Impossible dans ce cas là de cacher ses pensées, ses envies, ses fantasmes…
Comment réagirait Anaïel ? Le jugerait-elle incapable de suivre un enseignement ? Se moquerait-elle ? Prendrait-elle peur ?

Elle attendait. Et plus les secondes passaient, plus il passait pour un lâche. Indigne de la voie marchombre.

Alors il inspira tout en enlevant sa veste et sa chemise, les laissant tomber avec nervosité sur le sol. Il prit le temps d’enlever ses chaussettes, espérant que la brise fine de cette soirée éclate sur son torse et calme ses ardeurs du dessous.
Le froid n’en fit rien. L’image du corps habillé à présent d’eau de son maître l’obsédait. Ses cheveux trempaient sur la surface comme les ondulations que font les gouttes de pluie qui retentissent sur les flaques ou les lacs. Par la Dame qu’elle était belle !
Il ferma les yeux pour ne voir aucune réaction chez la marchombre et enleva son patalon, puis son caleçon, en prenant soin de mettre une main sur son sexe en ébullition.

Il avança ainsi, cachant ses attributs. C’était se cacher à elle…C’était ne pas relever le défi à fond.
C’était tricher. Il le savait. Et s’en sentait comblé de honte.
Pourtant il ne trouva pas le courage d’enlever la main, et rentra ainsi dans l’eau.

Le contact du liquide glacial le prit comme une électrocution, et il crut ne plus pouvoir s’immerger. Mais il serra les dents, pensant avoir été assez lâche déjà, et s’imbiba de ce calmant. Il se laissa alors couler, dégustant l’effet apaisant que lui procuraient les douces vagues et le fracas de la cascade à leurs côtés.
Son corps était congelé, et pourtant la sensation en devenait agréable. Il resta ainsi sous l’eau le plus longtemps possible, possédant quelques prédispositions pour l’apné.
Puis, tenant d’oublier la honte de son corps nu qu’il cachait aux tréfonds des nappes, il tapa du pied pour se propulser à la surface.
Son crâne émergea, juste en face de celui d’Anaïel et leurs yeux s’embrassèrent.

Il voulut ouvrir la bouche pour s’exprimer, s’excuser, mais ne parvint à sortir aucun son. Alors, il laissa ses yeux émeraude parler pour lui.
Lui dire qu’elle est belle. Infiniment belle. Et qu’il l’aime. Infiniment.

« En badinant, le vent ballade,
Des torrents de rires en cascade.
Les tambours nuit et jour,
Résonnent d'amour. »


Anaïel
Anaïel

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MessageSujet: Re: /!\ +18 | Quand le feu des ardeurs crépite (8) [Terminé]    /!\ +18 | Quand le feu des ardeurs crépite (8) [Terminé]  Icon_minitimeMer 25 Jan 2012 - 23:18

S’il y avait quelque chose à laquelle elle ne s’était pas attendue, c’était bien la réaction d’Ewall. Elle se savait du sexe féminin, certes, mais rien de plus ne venait troubler l’image qu’elle avait d’elle. Anaïel avait plus de soucis à se faire par rapport à sa personnalité et à son hyper sensibilité pour se soucier de la manière dont elle apparaissait au monde. D’autant que le début de sa vie, véritablement sauvage, l’avait totalement isolée de la croissance de ses formes et de ce que son corps pouvait avoir d’attrayant. Elle-même n’avait jamais ressenti l’attrait physique au sens sexuel du terme. Elle avait envie de toucher Ewall, de sentir sa peau contre la sienne, mais pas un instant ne lui avait traversé l’esprit la simple sujétion d’un possible accouplement, non plus que l’idée grotesque que son corps pouvait susciter des émotions telles.

Lorsqu’elle scruta le visage d’Ewall, lorsqu’elle vit la rougeur de ses joues, la gêne qui tendait ses épaules, ses mains rejointes devant la boucle de sa ceinture, la situation la percuta, comme un bélier. Et lui renvoya en pleine figure toute cette partie de la vie qui ne lui avait jamais effleuré l’esprit.

Ses mains eurent un sursaut involontaire, et dans les ondulations de l’eau, elle jeta un coup d’œil au reflet que lui renvoyait le miroir ondin. Ses yeux s’embrasèrent, nouant de rouge ses joues et l’arrête de son nez alors qu’elle pensait à ce que pensait Ewall. Il pense ce que je pense qu’il pense, mais pense t-il que je pense qu’il pense que je pense ?

Soudain, elle se voyait comme une vraie femme, malgré sa presque absence de poitrine et ses hanches étroites, malgré l’objectivité dont elle manquait cruellement en cet instant. A la pensée que son apprenti pouvait la juger sur cela, que cela pouvait entrainer des conséquences sur tout le reste de sa personne, à la pensée qu’un aspect aussi incontrôlable de sa vie, aussi inchangeâble que son corps, puisse extérioriser des émotions telles que celles qu’elle voyait danser sur le visage d’Ewall, elle se recroquevilla, poignardée soudainement par la même gène que celle que lui renvoyait son apprenti.

En un instant, en un violent instant, toute une partie de l’amour creva la surface, et lui renvoya toute la sauvagerie des sensations, toute la face physique de ce qu’elle avait toujours considéré avec un romantisme tâché d’extrême et de partage de personnalités. Ses envies, ses furieuses envies, de le toucher, de le caresser, de le sentir près d’elle, soudain cela prenait tout son sens avec ses hormones qui se réveillaient, qui durcissaient la pointe de ses seins et lui brûlait le ventre d’ondes renversantes.

Avec ce nouvel aspect des choses, c’était la bête en elle qui se réveillait, qui lui susurrait que dans toute chose il y a de l’instinct, de l’incontrôle, de l’impalpable. Avait-elle inconsciemment renié tout ce qui pouvait avoir attrait au sexe, simplement pour oublier que valsait tout ce qu’elle méprisait en elle – la violence, l’irraison, la sauvagerie ? Si c’était le cas, pourquoi tout cela refaisait-il surface en cet instant, sans aucun prémices de crise ? C’était Ewall. C’était son regard, qu’elle associait à beaucoup trop de chose, qui avait ouvert les digues, qui lui avait renvoyé en pleine face l’humanité qu’elle portait en elle comme un animal prit au piège. C’était Ewall, tellement homme, tellement humain, qu’elle avait refoulé tout ce qui n’avait pas trait à l’amour platonique qui lui aurait été le plus facile à vivre. A présent, elle se retrouvait face à face avec ce qu’elle cherchait, ce qu’elle avait demandé à Ewall de lui enseigner, tout en ayant, tout au fond d’elle, la terreur de trouver : la part immuable d’humanité instinctive, animale, qui hantait chaque sentiment, qu’ils fussent aussi noirs que la vengeance, aussi beaux que l’amour.

Immergée jusqu’à la taille, avec un sentiment proche de la panique devant quelque chose d’inévitable, elle regarda, profondément immobile, Ewall retirer le dernier de ses vêtement, et faire un pas vers elle, les deux mains en coupe devant la conséquence de sa gène. Elle le regardait, par en dessous les cils, le vent clapotant contre son ventre devenu électrique. Il s’approcha d’elle, rapidement, les yeux baissés, et elle aurait voulu le prendre dans ses bras pour le rassurer, lui chuchoter de laisser ses soucis sur la grève, alors même qu’elle ne pouvait imaginer sans un tourbillon écarlate d’approcher son corps nu si près du sien. Dans un état de semi conscience, rêverie éveillée, elle restait immobile, comme si le simple fait de ne pas bouger pouvait la cacher aux yeux de son apprenti, ce qui était un peu stupide comme logique soit-dit en passant.

Enfin, il plongea et, en même temps que jaillissait les gerbes glacées de son éclaboussure, sa peau prit le contre coup de l’incendie qui ravageait son cœur. L’ombre floue d’Ewall sous l’eau, les bulles qui remontaient en clapotant, en lui masquant l’image de son corps musclé, lui permirent, juste à temps, de grimacer aux étoiles, devant la souffrance exquise des pulsions qui naissaient en elle. La lune semblait bien trop lointaine et blanche pour partager des sentiments aussi brûlants, mais en cet instant, elle prit conscience de l’envie qui montait en elle, de le voir, d’apprendre, de ressentir. Et parallèlement, paradoxalement, la trouille qui nouait ses tripes lui donnait une impression de danger imminent quasiment palpable, presque identifiable. Elle perdrait probablement le contrôle. Un geste de travers, un regard, une idée, un souvenir, et le sang giclerait.

Mais ce n’était pas à l’ordre du jour. Cette pensée traversa son esprit en ébullition, y apportant une touche de fraiche d’espoir. Tout irait bien. Elle n’avait qu’à se concentrer sur l’apprentissage d’Ewall, laisser son corps de côté, son corps qui lui semblait peser à présent une tonne. Une tonne de sensations extrêmement nouvelles. Il allait remonter à la surface, et elle lui montrerait comment écouter la rivière et chanter avec elle, sous l’œil de la lune. Elle lui montrerait les remous, comment valser dans le tempo de la cascade, et trouver le rythme des choses pour s’y fondre – ce serait facile, comme de respirer. Il lui fallait juste apprendre à son diaphragme comment creuser la couleur, à ses oreilles de ressentir la tonalité des odeurs.

Elle crut ne pas pouvoir parvenir à rester immobile, lorsqu’il émergea, les gouttelettes prises dans ses cheveux cuivrés luisant faiblement dans la nuit vespérale. Des rigoles sillonnaient son torse, ciselant avec encore plus d’acuité les muscles qui s’en détachaient. Sa peau avait pris une teinte laiteuse, presque féérique, la faute à l’astre lunaire qui souriait par le biais. Elle ne pouvait pas détacher ses yeux de cette présence, tout près d’elle, son Ewall métamorphosé par le prisme d’un désir nouveau qui lui déformait les prunelles. Il était trop près, bien trop près. Et elle, elle n’était absolument pas prête. Pas prête pour faire face à cette nouvelle réalité, à ces nouvelles sensations à cette nouvelle perspective d’union.

Elle prit peur, soudain, alors que ses yeux restaient fixés sur le haut de ses abdominaux, alors que montait en elle un désir irrépressible, qu’elle ne pouvait museler qu’en tremblant, de terreur autant que du reste. A la vérité, jamais elle n’avait été aussi proche d’un homme nu. A plus forte raison d’un homme qui éprouvait des sentiments pour elle.

Ce fut lui qui le premier lui sourit, presque sans le faire exprès, ses deux émeraudes fichée jusque dans son cœur. Et son cœur vacilla.

Ses épaules se mirent à trembler, et c’était un tableau étonnant que son immobilité parfaite, roc en eau, articulée autour de ce mouvement heurté, le tic tac de ses os dans lesquels semblaient se répercuter les battements de son cœur en ébullition.

Elle ne lui sauta pas dessus d’un bond sauvage, non. C’était plus un élan, un vif argent, que de la réelle vitesse. Elle était de marbre, et soudain elle bougea, c’était aussi simple que cela. Ses membres se mirent en mouvement, façonnant chaque écart avec le précédent, nouant à l’instant le fluide de ses émotions pour le faire rejaillir, brut, dans un flamboiement félin, comme une lave incandescente plus qu’éruptive. Et en ça, l’éternité sourdait, comme d’une source, plus qu’elle ne l’eut fait dans un débordement incontrôlé. Elle avança, alors, et dans un même mouvement, comme si l’univers lui-même était tissé, circonvolué à chaque gestuelle, tourbillon des sens en vortex de membres, elle posa ses lèvres sur celles de l’homme qu’elle aimait.

Marchombre.

Anaïel.

Ewall.

Ewall et Anaïel.

Quelque chose s’était déboitée de son esprit. Une porte, et l’air vif qui électrise doucement, une braise qui ondule, et en l’espace d’une seconde qui lui sembla durer une éternité. Elle comprit profondément sa place dans l’ordre des choses, c’est-à-dire ici et maintenant, unit à Ewall par la fine membrane de leurs lèvres scelées, unit à travers le temps par un destin foudroyant. Il y avait deux consciences superposées, celle du trouble, de la peur, de ce corps qu’elle n’assumait pas, de ces émotions qui la faisait gronder de trouille, et il y avait l’Autre, la marchombre, qui sublimait l’instant pour le façonner, le tordre et l’articuler à ses rêves et ses envies.

Change, plutôt que tes désirs, l’ordre du monde.

Elle changerait l’ordre de son monde pour y intégrer Ewall, et même si les perspectives étaient flouées par le présent, l’avenir serait un panel de couleurs émeraude, feux de toutes flammes, étincelles ardentes.

Elle se recula alors. Le couvant de son regard de braise. Plus « Elle » que jamais. Tant que durerait la magie du baiser. Elle décida d’en profiter. Elle se laissa glisser dans l’eau, les jambes rabatues sous elle, jusqu’à ce que son menton effleure la surface de l’eau. D’un regard elle invita son apprenti à en faire de même.

Apprendre l’élan.

Elle tendit ses deux mains, effleura celles d’Ewall avant d’en saisir les doigts, légèrement, mais fermement. Comme si le courant n’existait pas, elle mena la ronde qu’ils formaient au centre du lac, de plus en plus près de la cascade. L’eau empoignaient leur deux corps, et ses mains froides glissaient le long de leurs jambes, liquides, fluides, caressant leurs corps de manière candides, tumultueuse, étincelle, à nouveau, en plein cœur de l’humide. La marchombre resserra très légèrement ses doigts sur les poignets de son apprenti. Sans quoi le courant les aurait séparés. Pourtant, par magie peut-être, mais surement parce qu’Anaïel était marchombre, au fond de l’âme, ils restaient à la même place, comme deux anguilles fusionnées.

Apprendre l’élan.
Apprivoiser le vent.
Dompter le temps.

Anaïel avait fermé les yeux. Le grondement de la cascade était très prenant, le son rauque se répercutant sur les paroies de pierre pour résonner, semblait-il, jusque dans leurs crânes. Pourtant, il y avait moyen de se faire comprendre. De discuter. Avec le vent.

Sans rouvrir les yeux, elle sifflota, et son timbre acidulé se mariait avec les phonèmes graves de la cascade d’une manière étonnamment envoutante.


- Le vif. L’élan. L’écart Le heurt. Le vent. Il y a plusieurs synonyme à cette chose pourtant si simple qu’on porte en nous, au plus profond de notre âme. Etre marchombre, ce n’est pas être plus fort, plus agile, plus félin, plus puissant que les autres. Etre marchombre, finalement, c’est vivre plutôt que survivre. C’est rêver plutôt que dormir. C’est voler… plutôt que marcher.


Un sourire coula sur son visage. Les mots sortaient d’entre ses lèvres, parfaitement compréhensibles.

- Et la vie c’est le mouvement. Fondamentalement, autour de l’immobilité n’existe rien d’autre que le vide, le néant. L’existence est régit par ces innombrables actions, ces écarts au précèdent, qui créent le potentiel d’énergie, que l’on peut contrôler et appeler harmonie.
- Etre marchombre, c’est ressentir, en nous, dans les tripes et dans la tête, ce fluide qui nous traverse, ce sang qui boue dans nos veines, ce cœur qui pulse contre notre cage thoracique, charriant l’entremêlement de ce que nous somme, notre vif, notre énergie de vivre, de condenser l’instinct en un nœud de vie, de façonner nos désirs avec pour base cette lave universelle que la vie nous a offert.
- Et finalement, on coule, on se fluidifie, on se tord et on se distend, parce qu’on se rend compte que notre place dans ce monde n’est pas définie mais que paradoxalement elle est immuable : nous sommes là et nous existons, mais nulle part ailleurs nous avons le potentiel de vivre que dans l’instant et le présent. Le marchombre régit le vent plutôt que le temps, et substitue sa conscience au néant des secondes égrenées qui, si elles tournent d’une minute à l’autre, reste vide tant qu’aucune conscience ne lui apporte l’énergie nécessaire à son existence propre : en dehors de nous, le temps n’existe pas. Le marchombre se coule dans cette bulle d’intemporalité et la fait sienne. Pourquoi ? Je vais parler pour ma part sur ce point là.

Elle ouvrit les yeux et scruta le visage d’Ewall, dévorant son visage, la courbe de ses pommettes, l’angle de sa mâchoire, ce petit muscle qui tressautait sur son cou. Et dans ses yeux elle voyait le reflet des mots qui brûlaient ses lèvres, cette même envie qu’elle sentait vrombir dans son cœur chaque jour que le ciel lui offrait.

- Je sublime le temps, et j’en retire la vie, jusqu’à la moelle, jusqu’à ce que mon corps en soit gorgé, de cette vie qui nous entoure et que si peu savent saisir.
Etre marchombre, c'est apprendre à vire.


Elle battit des jambes, et leurs deux corps se rapprochèrent de la cascade, insensiblement, jusqu’à ce que les bras d’Ewall comment à se tendre, et le courant bouillonner contre eux, et tenter de les séparer. Anaïel se riait de l’eau, elle l’effleurait, et jouait dans les bulles de joies.

Grand Esprit de l'univers,
Maître de l'ordre et du temps,
Garde le feu millénaire
Dans le coeur de tes enfants.

D’une voix chargée d’émotion, tant elle sentait presque physiquement le regard d’Elhya posé sur sa nuque, elle demanda, les yeux rivés aux siens :

- Décris moi ce que tu ressens.





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MessageSujet: Re: /!\ +18 | Quand le feu des ardeurs crépite (8) [Terminé]    /!\ +18 | Quand le feu des ardeurs crépite (8) [Terminé]  Icon_minitimeMar 31 Jan 2012 - 20:56

Son regard n’était qu’hypnose continuelle, et il se savait capable de pouvoir mourir ainsi. Rien que dans son regard, et sans aucun regret.
Avec elle, tout coulait bien au loin, comme l’eau de la cascade. Ici, là, maintenant, pas de trace de sœur, ni de meurtre, ni de famille, et encore moins de dépression.
Juste elle.
Elle et Lui.
Et Noukas, sur la rive, les regardant avec envie.
Mais à leurs yeux, ils n’étaient qu’égoïstement deux.

Il la vit se mettre en mouvement, gracieuse et posée, mais pris soudainement peur. Qu’allait être sa réaction ? Allait-elle le toucher ? Dans ce cas, quelle serait sa réaction à lui ?
Il inspira en la voyant s’avancer.
Le tendre baiser qui se déposa sur ses lèvres lui redonna son souffle, et, paupières closes, il afficha un sourire béat.

Son regard de braise le brûlait, mais ne lui faisait en aucun cas mal. Bien au contraire. Ce n’était que chaleur et ronronnement dans son ventre.
Alors, tandis qu’elle se laissait bercer par l’eau, l’invitant à faire de même, un air lui vint en tête, un vieil air d’enfance qui l’accompagna dans sa nage avec Anaïel.

Que Que Natura,
Un jour tu verras,
Ton cœur chantera
et tu comprendras.

Tu entendras sa voix
Comme un cri au fond de toi.
Un jour tu verras,
Ton cœur chantera !

Il sentit sa main lover son poignet, et l’inciter à faire de même qu’elle. Il se laissa guider, sentant la formation prendre le dessus, et ses ardeurs se calmer petit à petit.
Et, sur le même air qu’il avait en tête, il l’entendit siffloter les mots de marchombre, les pensées du monde, les ressentis d’amoureux.

Il buvait ses paroles tout comme on boit la tasse. Et c’était sans doute pour cela qu’il ne l’avait toujours pas bu. La tasse.
Le courant était fort, et ne cessait de vouloir les séparer.
Quel idiot. On ne s’épare pas deux êtres qui s’aiment. C’est impossible. Encore moins deux marchombres qui s’aiment.
Alors, malgré ses muscles qui se tendaient et défiaient difficilement l’eau, il la couvait du regard, se nourrissant de ses paroles, de sa vision du monde, de leur bulle.
Il déglutit, admirant sa pensée, mais surtout, réalisant que leur but était le même. Vivre.
Vivre. Et pas seulement naître et mourir. Mais vivre.

La question le prit soudain de court. Comment mettre en mots ce qui se tramait dans toutes les parties de son corps ?
Le vocabulaire humain était bien trop pauvre pour exprimer tout cela.
Et il n’avait pas cette fluidité de parole, ces mots choisis avec exactitude que possédait son maître.
Ewall prit donc le temps de réfléchir, tentant de mettre en ordre ses idées.
Une idée lui traversa alors l’esprit. Ou plutôt une image.

-Je ne suis pas pour la vie….

A ces mots il lâcha Anaïel, se laissant soudainement porté par le courant en arrière, un grand rire sur son visage.
Soudainement ses pieds nus crochetèrent les graviers sous l’eau, et son corps se fit barrage aux vagues. Il glissa encore un peu, mais parvint à se stopper, et à dompter l’eau.


-Je suis tant que je vis.

Il revint à elle, non sans difficultés, et lui tourna autours, s’amusant du courant qu’il faisait naitre lui-même.

-Je joue. Je défie. J’aime.

Ses mots n’étaient que souffles, non pas par son effort de créer ce nouveau courant contraire aux autres, mais par la pression qui lui serrait le cœur d’avoir si peu de mots pour lui expliquer tout ce qu’il ressentait.
Alors, il lui prit les mains et l’invita dans sa ronde.

-Regarde. Avec ce jeu nous défions le courant et l’eau. Et l’on s’aime. Pas pour la vie, mais tant que l’on vit.

Ils continuaient de tourner et Ewall se prit à rire dans cette danse peut-être ridicule, mais qui devenait de plus en plus forte, et déréglait complètement le courant de l’eau. Ils pourraient se lâcher que les vagues les porteraient dans le sens de leur cercle, et non vers l’arrière comme tout à l’heure.

-Je sais aussi que depuis que je deviens marchombre un petit peu plus chaque jour, je ne me perds plus. Même si je ne connais pas la destination, je ne suis plus perdu. Parce que j’ai un chemin à tracer. Sans hasard. Et…


Il baissa les yeux, rageant de ne pas trouver les mots.

-Et avec toi.

Il lui lâcha une de ses mains pour lui caresser la joue, mais la reprit bien vite.

-On ne se lie pas à un maître pour trois ans seulement pour l’enseignement. On se lie à une personne car on peut toujours jouer seul, défier seul…mais on ne peut pas aimer seul.
Etre marchombre c’est vivre. Mais tout homme soit-il est incapable de vivre sans aimer.
Et ça…c’est, je crois, la plus belle leçon que tu m’ais apprise.


Anaïel
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MessageSujet: Re: /!\ +18 | Quand le feu des ardeurs crépite (8) [Terminé]    /!\ +18 | Quand le feu des ardeurs crépite (8) [Terminé]  Icon_minitimeSam 18 Fév 2012 - 22:25

L’initiative que prit Ewall lui plut. Un demi-sourire aux lèvres, elle le regarda jouer avec l’eau, lutter, trop encore, pour lui imposer sa loi. Ses muscles se nouaient, alors qu’il bataillait pour ne pas se laisser emporter par le courant. Le froid avait décoloré son visage, et affublait ses pommettes de deux tâches brutales et pourpres, tandis que ses lèvres bleuissaient petit à petit. Son corps semblait s’adapter, et sa gêne se dissiper, petit à petit, avant de totalement s’envoler lorsqu’il lui saisit les mains, comme elle plus tôt, pour l’entrainer dans le tourbillon formé par leurs deux corps.

L’écume caressait son corps, le refroidissait en même temps que coulait en elle le fluide chaud de la vie qui bouillait, qui la transfixiait sans cesse par cette foultitude de détails qui faisaient de ce monde son monde. Il n’y avait pas beaucoup de bruit hormis celui de la cascade, et celui-ci couvrait les cris des animaux nocturnes, sans cependant atténuer complètement celui de la légère bise qui refroidissait encore l’atmosphère.

Les mots d’Ewall, cependant, trouaient l’air comme des flèches, cisaillant son cœur au passage, nouant ses idées aux siennes sans les altérer. C’était son âme qu’elle entendait lorsqu’il parlait ainsi, des étoiles dans les yeux, le corps frémissant de vie, son sourire éclatant barrant son visage, avant de redevenir sérieux, et de faire fondre la marchombre par la tendresse qu’elle sentait, flamboyante, dans ce petit geste qui l’incendia des pieds à la tête. Avant qu’il ne reprenne complètement sa main, elle s’en saisit, ne lui laissant pas de répit. Elle hocha la tête ensuite, approuvant ce qu’il disait. D’une petite voix timide, elle murmura, les yeux baissés :


- C’est beau ce que tu dis.


Elera lui avait déjà dit qu’elle l’aimait, elle s’en souvenait bien, tant l’émotion l’avait profondément marquée. Mais les mots d’Ewall résonnaient différemment. C’était la différence qu’il devait y avoir entre amour et amitié. Finalement, elle releva la tête, un sourire tordu sur le visage.

- Mais il va te falloir apprendre à te couler plutôt qu’à dompter.

Le courant circulaire s’était dissipé, et celui, naturel, du bassin menaçait de les emporter à nouveau. D’un mouvement de buste, elle se glissa de biai, battant des jambes, doucement, en un rythme qu’elle seule connaissait. Ses mains se refletaient sur l’eau, l’effleurant, comme pour se stabiliser, et finalement elle se projeta doucement en arrière. Par le rythme de son corps, elle sembla prise dans un mouvement d’eau qui la laissa, flottante, à sa presque surface, son corps nu de temps à autre dévoilé par l’ondine, alors qu’elle se mettait à tourner, très légèrement et sans efforts apparents, autour de son apprenti. C’était parce qu’elle était douce, humble, que l’eau la laissait faire d’elle ce qu’elle voulait. Et elle n’en tirait aucune gloire, rien qu’un intense bonheur, une euphorie latente qui colorait ses yeux du bleu de l’élément liquide.

Elle tendit les mains à son apprenti qui la rejoignit et s’en saisit. D’une voix douce :


- Écoute bien.

Une de ses mains quitta celle d’Ewall pour venir effleurer la surface de l’eau. Elle ne savait pas si ça allait marcher, après tout, cet espèce de don était très fluctuant, et il n’était pas dit que Ewall pourrait percevoir la même chose qu’elle. Mais ça avait déjà marché, et elle espérait bien que ça marcherait à nouveau.

Elle ferma les yeux et laissa l’eau couler à l’intérieur de ses veines, et remplacer son sang tout entier. Le liquide parvint finalement à trouver cette résonnance si particulière au cœur même de ses cellules. Se répercutant dans la caisse de résonnance de ses veines, une stridulation douce prit naissance au plus profond de ses tripes, se diffusant lentement jusqu’à la surface pour venir la remplir toute entière, jusqu’à l’explosion. Une musique brute jaillie alors, partant de la pointe de ses doigts en contact avec l’eau pour se diffuser dans l’atmosphère comme une chape veloutée, vivifiante, aussi translucide qu’un éclat de cristal. C’était une musique très douce, mais acérée, qui piquait la peau comme les oreilles, et faisait jaillir les larmes des yeux, comme un appel magnétique à ce qui constituait la trame des arpèges ondins. D’une torsion du poignet, elle projeta la mélodie vers les cieux, et celle-ci monta, monta, et se perdit dans la clarté obscure que diffusaient les étoiles glacées. Les trilles aigues, saupoudrées d’un froid mordant, ombrées d’une nostalgie poignante, disparurent dans la nuit, laissant les deux corps entrelacés seuls, avec l’humidité et le froid de cette soirée époustouflante.

Elle ne savait pas si Ewall avait entendu la musique de la rivière. Mais ses yeux avaient pris une teinte si lumineuse, si belle, qu’elle en fut profondément touchée. Elle se dégagea de sa main, tranquillement, et, le couvant des yeux, lui fit un clin d’œil. D’une torsion du buste, elle disparu sous l’eau, le froid lui mordant férocement les pommettes, les yeux grands ouverts devant l’univers aquatique dans lequel elle s’immergeait. Juste avant de plonger, sa voix s’éleva, stridulée :


- Attrape-moi si tu peux.

Qu’elle voit s’il était capable de se fondre, suffisamment, pour percer le miroir de la cascade, et la trouver, derrière, l’attendant, les bras grands ouverts.


[Ce n'est vraiment pas très long, mais j'espère que ça te plaira I love you n'hésite pas à jouer un peu Ana si ça peut faire avancer le rp, je te dirais si y a un soucis, et de ton côté n'hésite pas ! ]

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MessageSujet: Re: /!\ +18 | Quand le feu des ardeurs crépite (8) [Terminé]    /!\ +18 | Quand le feu des ardeurs crépite (8) [Terminé]  Icon_minitimeVen 24 Fév 2012 - 11:36

Il n’eut même pas à saisir sa petite main d’ange que celle-ci s’agrippa à lui, le gardant prisonnier de cette cage doré qu’il n’aurait jamais voulu quitter.
Qu’il était bien. Heureux.
Il savait aujourd’hui exactement la signification de l’adjectif heureux, même s’il se savait incapable de la décrire à d’autres.
On le sent. On le vit. On ne le parle surtout pas.

Ses yeux vrillant dans les siens, il l’écoutait, transi d’amour, et impatient d’apprentissage.
Toutefois le conseil qu’elle lui donna failli bien lui faire perdre toute emprise sur l’eau.

Couler plutôt que dompter.
Couler.

Il secoua la tête, mais d’un mouvement à peine perceptible.
Il n’avait que trop coulé.
Il n’avait cessé de couler, durant ces dernières années. Il n’avait su faire que ça. Se laisser couler. Ne pas nager. Ne surtout pas se battre.
Et couler aux tréfonds de l’eau. S’immerger à ne plus pouvoir respirer.
Alors non.
La troupe Fillibulle lui avait appris à se battre. A combattre. A vivre. Ou plutôt survivre.
Il ne savait plus lâcher prise.
Il n’y voyait encore moins l’intérêt. Il n’y voyait que le danger.
Il ne voulait plus couler.
Jamais plus.

Il ne comprenait pas. Non vraiment pas.
Être marchombre c’était vivre selon Anaïel. Alors pourquoi lui demandait-elle de s’appliquer à l’inverse ? Pour vivre il faut se battre. Pas physiquement, pas obligatoirement.
Mais il faut se battre.
Et non pas couler.
Que lui prenait-elle ?
Il tremblait, encore incompréhension, peur et colère.

Et puis il la vit. Elle ne coulait pas vraiment. Il semblait que l’eau l’emportait, et pourtant elle était toujours là, battant seulement des jambes.
Elle ne coulait pas.
Elle ne faisait qu’un avec l’eau. Harmonie. Elles coulaient. Elles nageaient.
Sa main de fée se tendit à lui, et il sourit de soulagement.
Il ne coulerait pas à nouveau. Il avait été stupide de laisser sa confiance en Anaïel faillir. Jamais elle ne l’aurait laissé retomber dans cette torpeur sans fin à la fois terrifiante, mais confortable.
Et pourtant, il avait encore peur. Peur de ne pas savoir nager et de couler. Pour de vrai.

Elle le tenait à deux mains, le fixant de ses rideaux pourpres pour le tenir concentré et captivé par le mouvement de leurs corps, et non pas les mouvements de plus en plus forts de l’eau. Ne surtout pas flancher. Ou ce serait couler.

A son conseil il voulut tendre l’oreille, mais l’une des mains qui le lâchait lui fit naitre une nouvelle vague de panique, tandis qu’elle frôlait inconsciemment l’eau comme si elle avait fait cela toute sa vie durant.
Il ferma ses yeux, prêt à sentir l’eau l’envahir et le noyer.
Mais elle l’envahit tout autrement.
Les nappes se frayèrent un chemin entre ses orteils, le chatouillant, puis remontèrent le long de ses cuisses musclées, comme circulant à l’intérieur à travers ses veines contractées. Elles se transformèrent en tourbillon dans son bas-ventre broyant toute trace de crainte et d’angoisse, puis jaillirent dans son estomac et son torse comme le jet de la Dame, lui instaurant une sensation de pureté, comme s’il n’y avait plus rien d’autre que de l’eau dans son corps. L’adrénaline monta jusqu’au cerveau, implosant dans la moindre parcelle de son corps.
Mais il y avait une autre sensation que l’eau qui caressait le lobe de ses oreilles. Une mélodie à vrai dire. Un sifflement. Une flute. Ou une harpe peut-être.
Oui, une harpe. Les cordes tendues et leurs sons d’harmonie, de notes voluptées qui s’élèvent dans le ciel pour mourir en clochette.
Il ouvrit les yeux, serein et émerveillé.
Ils coulaient. Ils coulaient avec l’eau. Et non pas à cause. Leurs jambes battaient en cœur sans effort et ils coulaient. Avec. Ensembles.

Sa Promesse se dégagea, lui adressant un clin d’œil joueur.


- Attrape-moi si tu peux.

Il rit, la voyant fondre sous l’eau glacée. Il suivit des yeux les ondes que formait son corps sous l’eau. Elles étaient rares, imperceptibles presque, tant elle ne faisait qu’un avec le liquide. Mais il perçut les premières ondes avant qu’elle ne disparaisse.
Il regarda les tréfonds, encore une légère boule au ventre, mais prit une grande inspiration et se laissa immerger à son tour.
Tout d’abord il ferma les yeux. Par pur réflex. L’eau était pure, elle ne pouvait lui abimer ses prunelles. Mais par pur réflex.
Puis il les ouvrit, voyant flou autours de lui dans un premier temps. Enfin il décerna le bleu azur de l’eau, les cailloux entreposés au fond, les rares bestioles qui y vivaient, et surtout, plus que tout au monde, Anaïel, sa Promesse, sa Belle, son Unique, nue, entièrement nue, qui l’attendait, bras ouverts.
Cela aurait pu faire office de mirage, s’il ne l’avait pas auparavant touché et s’être ainsi assuré de la véracité des évènements.

Il sourit, et ne but pas la tasse de justesse, refermant vite ses lèvres. Quelques bulles s’en échappèrent dans un bruit comique. Ils rirent.
Elle était merveilleuse sous l’eau, sa chevelure ondulant avec la source et formant un voile digne de la plus belle mariée. Et son corps nu, si désirable.
Une sirène. Qui attire, attire, attire, mais qui est dangereuse, terriblement dangereuse.
Elle était sa sirène, il ne pourrait lui résister. Même si danger il y avait.
Créature aquatique qui dansait autour de lui et nageait avec grâce, jouant au jeu du chat et de la souris.
Tu me cherches, je fuis.
Je te cherche, tu fuis.

Il se fit donc Triton, perçant les bulles de son corps musclé, battant juste légèrement des jambes pour se mouver dans les tréfonds. Il savait toutefois que ni l’un ni l’autre n’étaient vraiment triton et sirène, et que l’oxygène leur manquerait bientôt.
Alors il fondit sur elle, l’enlaçant de sa taille. Ils tournèrent, se débattant pour de faux. Pour jouer. Ils se ramenèrent mutuellement à la surface, juste pour rester en vie, et continuer, à nouveau, toujours.
Il la conte
mpla, plus amoureux que jamais.


-Trop facile.
Rit-il.

Et à son tour il plongea, dans un arc gracieux, en arrière, et tenta de se cacher le plus possible.
Trouve-moi.
Mais pas trop tôt, parce que je veux jouer.
Mais pas trop tard, car je veux vivre.
Trouve-moi.
Pour que je t’aime tant que je vis !





[N'hésite pas à me dire si tu veux que je continue plus loin pour te donner plus de matières Wink]

Anaïel
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MessageSujet: Re: /!\ +18 | Quand le feu des ardeurs crépite (8) [Terminé]    /!\ +18 | Quand le feu des ardeurs crépite (8) [Terminé]  Icon_minitimeLun 26 Mar 2012 - 20:07

Il mit moins de temps que prévu pour la retrouver, saisissant avec une vivacité les indices que pouvaient lui donner les méandres ondins sur la destination de son maître. Il s’élança à sa suite, crevant la surface, oublieux de la puissance du courant qui menaçait de l’engloutir à chaque mouvement. Et pourtant, il nageait. Il nageait à sa suite, se coulant, rudement, mais fièrement, dans les bras de l’eau, jusque dans les bras de la marchombre. La puissance de la vie elle-même luisait dans ses yeux verts, et à l’instant où elle rencontra son regard, elle fut persuadée de la justesse de l’univers, à ce moment précis. Il était fait pour être marchombre, pour laisser derrière lui le voile de son passé trop lourd, il était fait pour répandre cette lumière de vie, cette voracité étoilée avec laquelle il avalait l’existence, sans faillir, jamais. Ou presque.

Elle joua, un peu, le laissant découvrir l’univers aqueux de la cascade, irradiant à ses côtés de ses cheveux ondulants, effleurant à travers l’univers froid la consistance de sa peau qui variait, de soyeuse à franchement solide, lorsque l’effort ciselait ses muscles plus que ne l’eut fait la sueur d’un entrainement.

Cela faisait un certain temps déjà, se fit-elle la réflexion, que son cœur ne lui avait pas paru si léger. Etre au contact d’Ewall réveillait en elle des sensations violentes, étonnantes, nouvelles, agréables aussi, mais bien loin de la sérénité, du bonheur simple qu’elle éprouvait à présent, immergée toute entière dans la cascade et dans un enseignement qu’elle avait eu peur de dispenser plus avant. Elle commençait à trouver un équilibre, précaire toujours, mais bien présent, et l’envie d’enseigner, de dispenser ses connaissances se réveillait en même temps que croissait sa confiance en ses propres capacités et en ce corps qu’elle évaluait ce soir d’une toute nouvelle manière.

A l’idée de ce qu’Ewall pouvait en penser, le rouge lui monta brièvement aux joues, mais le froid eut tôt fait de les décolorer de caresses en caresses glacées. Ils jouèrent, tourbillons, galaxie de bulles incandescentes, et le courant prenait part à leur joute, qui favorisant, qui trichant, intégré aux émotions simples de deux enfants-monde. Anaïel devait se souvenir longtemps de ce moment, même s’il ne dura que quelques minutes, le temps pour leurs poumons de crier grâce, mais leurs deux consciences semblaient tellement naturelles à être entremêlées ainsi, qu’il en grava la mémoire de la marchombre, profondément.

Ils remontèrent ensuite, enfants-roi, et les clochettes de leur innocence tintinnabulèrent dans le silence froid de la nuit, comme le rire d’Ewall qui se répercuta entre les parois rocheuses de l’anse que formait la cascade. Anaïel sourit aux étoiles, celles qui crépitaient dans ses yeux à lui, avant de fermer les siens, lui laissant la marge de manœuvre nécessaire à son échappatoire. Lorsqu’elle les rouvrit, l’ondine fasciculait allégrement, sans la moindre trace du passage de son apprenti. Fière de ses progrès, de cette manière bien à lui qu’il avait d’accepter ce qu’elle disait –elle voyait bien qu’il avait compris-, elle plongea doucement, et laissa la cascade danser pour elle, valser avec son corps qu’elle lui offrait – pantin aux fils écorchés, froids comme la mort, vivant comme l’ondine et ses bulles irisées. Ses mains s’ouvrirent légèrement, et alors elle entra dans cette sorte de transe qui caractérisait son pouvoir, son pouvoir de ressentir la mélodie du monde jusque dans les cellules de son corps. Des oreilles lui semblèrent pousser sur tous son corps et sa peau – véritable tympan – se mit à vibrer au rythme de la cascade, un rythme lent et sourd, langoureux à l’extrême, et fluide aussi, presque autant que l’air, plus mature peut-être, un rien de moins évanescent. Et sur les rochers butaient les sons, répercutés comme par des marteaux, et les poissons qui tranchaient la mélodie, leurs queues ou bien les algues qu’ils traversaient malicieusement ? Les notes glissaient, se coulaient en elle alors que l’extase la prenait, de se sentir entière, intégrée à la vie, au monde qui l’entourait. De chaque sensation qu’elle ressentait –et elle en ressentait beaucoup-, naissait une symphonie de petites touches de bonheur, et c’est à la musique de la cascade qu’elle mêlait celle de son âme, liquéfiant son identité pour la fondre dans l’élément aquatique qui l’entourait, la protégeait, l’enveloppait – complètement.

Et une autre note, intrigante. Malicieuse, vivace, au-delà de tout, très chaude aussi, brûlante de vie, qui trouait l’eau malgré le voile qu’elle avait tentée de tisser autour de ses irradiations pétillantes. Cette musique, c’était celle d’Ewall, celle qui complétait la cascade et lui donnait une autre dimension, une dimension plus vivante, plus éclatante : endiablée.

D’une secousse légère, elle brassa l’eau et se propulsa vers le son, faisant fi du courant qui courait le long de sa peau – et dans sa transe musicale, dans son absolu bien-être et sa conscience du monde, elle en oublia d’ouvrir les yeux. La cascade n’était plus couleurs et panels, elle était sensation, froide, chaude, douce et vive, pressions et caresses. Sans faillir un instant sur la trajectoire, elle se coula vers son apprenti qui tenta de s’échapper. Implacable, elle le retrouva alors que l’air commençait à lui manquer, et ce ne fut que lorsqu’elle s’empara de ses mains et que son corps se lova contre le sien – bien inconsidérément – qu’elle ouvrit enfin les yeux, sur lui, puis sur la surface qui ondulait à quelques mètres au-dessus d’elle. D’une détente, ils se propulsèrent ensemble, et leurs têtes ruisselantes crevèrent la surface, rutilantes, presque féériques, dans la chiche lumière de la lune et des étoiles.

Il se passa alors quelque chose de magique dans le cœur de la marchombre.
Anaïel ne riait pas, presque, jamais. Elle n’avait jamais appris – mais peut-on l’apprendre ? – l’hilarité, bien qu’elle en ait déjà ressentie la teneur. Et pourtant, de mémoire, elle ne se rappelait pas n’avoir jamais ri, ri vraiment de toute ses entrailles,, sans ironie, de tout son cœur. Oh, elle souriait beaucoup, certes. D’un sourire en coin, d’un sourire carnassier, de toutes ses dents parfois, elle souriait, mais elle ne riait pas. Jamais. Ses yeux reflétaient ses émotions bien mieux que les trépidations de sa gorge, ils flamboyaient, brûlaient, trouaient et perçait, en connivence extrême avec ses lèvres et avec le jeu qu’elle leur imprimait. Mais le rire, le rire vrai, elle ne l’avait jamais expérimenté. Ce fut sans doute pour cela qu’elle ne comprit pas tout de suite ce qui lui arriva lorsque, dans un hoquet, elle émergea et que sa gorge s’emplit d’un flot de sons hilares, immaculé, frais, violent.

Son cœur sembla s’ouvrir, et la joie authentique dont il était imprégné, profondément, fit qu’elle renversa la tête en arrière et, en tourbillonnant, qu’elle laissa libre court à un rire éclatant, aussi frais que celui d’une enfant. Il lui fallut quelques minutes avant de pouvoir s’arrêter, et elle – la marchombre accomplit – bu même la tasse plusieurs fois tant ses abdominaux la faisait souffrir. En toussotant, elle reprit ses esprits, légèrement, le corps emplit de papillons qui frétillaient dans toutes ses articulations, et surtout dans son estomac, semblait-il. Et Ewall qui la regardait, de ses yeux trop verts, magnifiques. Pour le coup, les papillons dans son ventre se muèrent en petits glaçons, et la violence de l’émotion qui la submergea la laissa immobile, statue d’eau et de peau, le brasier de ses yeux plus incandescent que jamais.

Ils ne dirent pas un mot pendant une longue minute, se contentèrent de se regarder, en silence, un silence emplis de mots et surtout de ressentis. Ce qui était le plus important, sommes toutes. Et lorsque le vent se leva, soufflant dans leurs cheveux humides les affres glaciales d’une étreinte mortelle, lorsque la marchombre vit les picots sur la peau de son apprentis, en écho à la sienne qui bruissait sous le froid, elle se détourna et saisit la main du jeune homme, l’entrainant vers la rive battue par une myriade de vaguelettes.

Lorsqu’elle sortit de l’eau, l’air frais lui paru presque chaud. Son sang pulsait une chaleur bienfaitrice, mais ses extrémités continueraient de bleuir avec le froid. Son cœur, cependant, n’était pas celui d’Ewall. Sous le vent, son corps se pliait, roseau masculin, en cherchant de retenir la chaleur qui s’enfuyait avec la brise gelée. Spontanément, Anaïel s’approcha, mais s’arrêta non loin de lui. Lui revenait en mémoire sa gène, sa manière de se cacher lorsqu’il la regardait nue, et bien qu’il semblait avoir pour un temps oublié son embarras, elle n’osait trop s’approcher afin de ne pas le mettre dans une situation confuse. Elle trouva une alternative, et tendit sa main vers lui, lui laissant le choix de s’en saisir et s’approcher d’elle. Oubliée pour sa part, l’éclat de timidité qui lui avait irradié l’esprit, le trouble qui avait jaillit de son schéma corporel inconsidéré. La cascade l’avait lavé, elle se sentait femme, mais surtout vivante, et c’était ce qui comptait le plus. Sa voix se fit chuchotante, mais elle troua néanmoins le silence :


- Je n’ai pas de quoi nous sécher.

Elle attendit qu’il saisisse pleinement la perspective que cela impliquait. La brise se fit plus mordante encore.

- Mais j’ai de quoi te réchauffer.

Si tu veux bien t’approcher. Ces derniers mots restèrent bloqués dans sa gorge qui se serra douloureusement de le voir hésiter. Mais elle-même hésitait vraiment. C’était la première fois qu’ils étaient ainsi, amoureux mais pas encore amants, et la suite des évènements lui laissait sur la langue un goût amer d’interdit –interdiction de lui faire du mal, de quelque manière que ce fut – et d’appréhension teintée d’une excitation toute primitive. Déjà dans ses orteils coulait la lave de son sang, distillant une chaleur qu’elle souhaitait de tout son cœur partager avec Ewall.

Sa main resta tendue un moment, entre ciel et terre, entre fuite et mouvement, émotion et sensation. Comme un pont d’éternité.





[ à ta convenance :lol: ]

Ewall Ril'Morienval
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MessageSujet: Re: /!\ +18 | Quand le feu des ardeurs crépite (8) [Terminé]    /!\ +18 | Quand le feu des ardeurs crépite (8) [Terminé]  Icon_minitimeMar 10 Avr 2012 - 13:29

L’eau se mouvait autour de lui, comme une enveloppe, une grosse bulle qui l’englobait, et il redevenait simple fœtus, recroquevillé sur lui-même.
Être informe, protégé du monde extérieur par le ventre de sa mère. Mère encore vivante.
Temps incertain, pas encore figé, mais inconnu, dans un espace plus que familier, mais sans nom.
Quel étrange pouvoir que l’eau. Mer. Mère. Le hasard n’existe pas. Il doit bien y avoir un lien entre les deux. Peut-être est-ce pour cela que l’on a appelé les grandes étendues d’eau « mer », en appel à cette sensation de retrouver l’enveloppe charnelle de sa mère.
Matrice.
Qui nous abrite, nous abreuve et nous nourrit. Qui nous aime, nous protège, et meurt.

Et puis une onde vint le faire se déplier, et il sut de suite qu’Anaïel l’avait retrouvé. Alors il tendit les bras, tout sourire, accueillant contre son torse la marchombre.
D’une étreinte sous-marine, d’un amour inconditionnel, d’un apprentissage unique.
Et puis, parce que le manque d’air leur tapait les tympans, ils frappèrent du pied, se propulsant à la surface, comme la plus puissante des armes aquatiques.
L’appel de l’air les atteint avec fracas, de même que le vent qui semblait s’être développé.

Et son rire.
Ses clochettes qui s’élevèrent, surprenantes et gracieuses, dans les étoiles, dansant avec elles, se mariant, s’embrassant, jouant, explosant.
Ce n’était que magie. Pure et simple magie. Pas celle d’Alen, pleine de trucages et d’astuces. Non. De la vraie magie.
Il y avait, sur son visage de fée, une extase toute nouvelle, une découverte, un renouveau, à peine entaché par la tasse qu’elle buvait en riant ainsi.
Et il ne put que répondre à ce renouveau. A ce « nous », nous deux.
Alors il rit aussi, clochettes bien plus rauques, mais agréables, encore un peu enfantines. Et il prenait son visage entre ses mains fripées par l’eau, la caressant, l’approchant de son front, la baisant sur les joues rougies.

Puis le silence revint, les éclats de joie résonnant encore dans leurs esprits, et dans les œillades qu’ils se renvoyaient, figés par l’émotion. Seules leurs jambes battaient encore dans les mouvements de l’eau, pour ne pas couler. Mais les mouvements ne leur parvenaient même plus, geste mécanique, tant l’unique chose qui comptait à ce moment là était de dévoré les yeux de l’autre.
Ces yeux promesses. Ce pourquoi il avait tout quitté. Ce pourquoi il vivait un enfer d’entremêlements de sentiments pour avoir retrouvé.

Il sentit alors petit à petit les poils de sa nuque se hérisser, et sa peau se parsemer de picots de froid, se déferlant ainsi dans tout son corps en dehors de l’eau mère.
Alors, d’un accord de regard, ils nagèrent vers la rive, quittant le lieu de jeu et d’apprentissage. Laissant derrière eux un de leur plus beau souvenir. De l’inoubliable à l’était brut.

A peine fut-il sortit que le vent le coupa en deux, frappant sur sa peau humide comme un ennemi mortel. Il s’arqua de ses bras, se recroquevillant pour subir un peu moins cette sensation désagréable.

- Je n’ai pas de quoi nous sécher.

Ewall leva la tête, tentant de percevoir ce qui se cachait derrière cette affirmation, constatation, toute simple. Le sourire timide qui naquit sur les lèvres d’Anaïel, la suite de ses mots et cette main, paume ouverte, tendue à lui, le secoua d’un frisson sans nom.
Il déglutit, soudain rouge et gêné.

Des filles, il en avait connu. S’en était même un jeu avec Dofenn. Les charmer, les faire rire. Mais Ewall s’en était toujours tenu là, laissant à son ami le soin de les ramener dans sa couche. Le clown s’amusait d’ailleurs à le chambrer pour cela, se moquant de sa virilité, de son trop plein de timidité, de respect, de romantisme à la noix.
En draguer, en embrasser, les faire danser, ça il savait faire, ah oui. Mais les toucher…Corps contre corps, entièrement nus. Pour ça, il était complètement inculte, enfant, privé de toute assurance, savoir.
Comment faire ?

Il lui donna sa main, se laissant guider à elle. Et son corps vint l’envelopper de ses muscles. Son organisme se développant chaque jour, il était bien plus bâti qu’elle, légèrement plus grand, et pouvait ainsi faire office de barrière, la protégeant du vent par son étreinte.
Etreinte qu’il renforça, ignorant les réactions les plus gênantes possibles de son corps.
Il la renforça comme si soudain il avait peur de la perdre, et enfoui son visage dans sa nuque, soufflant de plaisir.

Il n’osait pas bouger, là, immobile, comme un roc protégeant les doux brins d’herbe du vent. Il n’osait pas bouger car il ne savait pas comment s’y prendre. Mais alors pas du tout. Et il était mal à l’aise, là, tout nu. Trop mal à l’aise avec ce corps. Se serrer contre elle s’était à la fois ne pas trop le montrer et ne pas trop voir le sien. Même s’il le sentait.
Il sentait chaque parcelle de son anatomie, encore humide, peau contre peau, frissonnant du froid.

Il se dégagea, les joues rouges d’émotion et de pudeur. Et l’amena à un coin abrité, sous le grand saule. Le creux que formait l’arbre ancestral leur offrait déjà un abri plus que satisfaisant du vent. Il s’assit et l’invita à venir se blottir contre lui.
Alors il l’encercla de ses bras et jambes, la réchauffant du mieux qu’il le pouvait.
Elle était dos à lui, ainsi, mais il savait qu’à cet instant les mêmes étoiles brillaient dans leurs pupilles. Il déposa un baiser, le baiser le plus amoureux, et le plus sensuel possible au creux de sa nuque et de l’épaule.
Son pouce allait et venait sur le bras de la jeune femme, caresse pudique.

C’est alors qu’elle se tourna à lui, lui offrant le plus enivrant des regards. Il déglutit, prenant peur. Il ne contrôlait plus du tout les pulsions de son corps. Elle allait le perdre. Complètement.
Perdu.


Anaïel
Anaïel

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MessageSujet: Re: /!\ +18 | Quand le feu des ardeurs crépite (8) [Terminé]    /!\ +18 | Quand le feu des ardeurs crépite (8) [Terminé]  Icon_minitimeMar 17 Juil 2012 - 17:46

Elle était dans un état flammèche, quelque chose d’éphémère, extrêmement fragile. La cascade bruissait à son côté, et clapotait, bullait contre le rivage qu’ils venaient de quitter. Ewall la regardait, vraiment, et son âme se répercutait dans la sienne, violemment, tandis que la brise butait contre son corps trop chaud. Sa main à elle, tendue en avant, et de ses doigts elle touchait le vent, l’air et le froid, le faisait sien, murmurant, chantonnant. Tellement fragile… Tellement fragile, l’instant, qu’il oscilla sur un simple battement de cil, une simple esquisse - gênée ? – d’Ewall. Anaïel douta, soudain. Un doute qui lui carbonisa l’intérieur de la trachée. Un doute affreux, celui d’un Ewall trop distant qui s’en irait, ne prendrait pas cette main offerte, celle d’un Ewall dont le rouge aux joues n’était plus que de la moquerie, du mépris et non… Autre chose. Mais pire que tout, c’était le doute de ne pouvoir, finalement, accepter ce toucher. La cascade n’était plus autour, en elle, pour la calmer, calmer le feu de ses réactions indomptables.

Sa main, un instant, trembla.

Et ses prunelles de flamber, toutes de vert et de rouge, l’illusion étiolée au coin des paupières, c’est une arborescence de passion, de gêne, de bonheur, d’amour qu’il fit naître des roses de ses joues. Il s’empara de sa main comme s’il ce fut agi d’un cadeau – le plus précieux de tous, et se pressa contre elle, sa peau masculine fondue, brûlant sa peau à elle d’un millier d’éclat explosif. Son souffle, perdu, se réveilla, vrombissant dans sa poitrine lorsqu’il plaqua son torse contre ses épaules, que ses bras ciselés vinrent l’entourer, elle, dans une étreinte au gout de sel, saveur, piqure, fragment, frisson. Elle ne bougea pas, immobile jusqu’au tréfonds, alors qu’elle tentait, désespérément, de contrôler les élans sauvages de son corps, de ses tripes, de son sang.

Tellement de paradoxes dansaient dans ses cellules ! Sans qu’elle ne puisse véritablement définir la moindre des réactions alchimiques qui se déroulaient en elle, elle sentait, profondément, trop de violence, trop de passion, trop de douleur, de flammes et de feu. Elle – organiquement – aurait voulu lui sauter à la gorge, lui lacérer le cou de ses dents, de ses griffes, réduire en charpie ce corps masculin qui se pressait – nu – contre elle en toute impunité, tandis que cette perspective, son ombre même, lui tirait des sensations extrêmes de dégout, d’horreur, d’incompréhension. Pourquoi ressentir tant de sauvagerie alors qu’elle – sa raison, son cœur- ne parvenait à se dépêtrer de toute la tendresse, toute la passion qui faisait chanter sa peau à lui pour elle ? Alors que déjà, ses lèvres calcinées n’imploraient plus que la caresse des siennes pour apaiser ? Elle en était, ainsi, immobile, emprisonnée soudain dans ce corps si étranger à de telles sensations, incapable de bouger, de penser même, alors qu’à tout instant la balance pouvait pencher d’un côté, ou de l’autre. Elle n’était pas funambule, elle, et tout marchombre qu’était son corps, c’était celui de la femme qu’elle était qu’elle ne parvenait, envers et contre tout, pas à accepter.

Elle se sentait tellement inutile, à ne plus pouvoir esquisser le moindre geste… Tellement inutile de sentir le froid pulser sur sa peau à lui sans parvenir à enrayer sa morsure givrée, et tellement étrange, dans tout ce vortex de sensation qu’elle n’appréhendait qu’à grande peine… En faisant un effort de réflexion, elle se rappelait les 5 dernières minutes. Mais à présent, elle ne comprenait plus comment elle avait pu faire cette proposition à son apprenti, comment elle était parvenue à accepter le risque qu’il courrait à la toucher, à l’enlacer. Pouvait-elle donc être aussi irresponsable ? Alors même que sa raison s’enfuyait en même temps que sa sérénité, alors que le tremblement nerveux remontait, remontait, de son cœur à son âme, de ses doigts à ses avant-bras, pour venir faire tressauter le haut de ses épaules sans qu’elle n’y puisse rien faire ? Elle ouvrit la bouche, véritablement terrifiée, à présent, pour lui dire, lui expliquer, le supplier de s’éloigner, d’éloigner les manifestations de son corps contre le sien, et lui dire qu’elle était désolée, mais que ce n’était pas possible, qu’elle ne le supporterait pas une minute de plus, qu’il était en danger. Elle ouvrit la bouche, mais l’angoisse atroce qui lui étreignit la poitrine à cet instant lui bloqua les mots dans la trachée, l’étrangla comme le plus terrible des baillons. Son corps ne tremblait plus, non, en fait, tétanisée, elle n’en était même plus capable.

Même plus capable de résister. Pas même à son apprenti qui l’entraina à l’abri, sous un grand saule pleureur. Un saule qui, se dit-elle mécaniquement, ressemblait à celui sous lequel Elera et elles s’étaient retrouvées, le temps d’un soupir. Le temps d’un soupire. Celui qu’Ewall poussa lorsque ses lèvres effleurèrent le haut de sa nuque. Doucement, remontant lentement du bas de ses reins, un frisson d’absolu lui hérissa l’échine. Un frisson au goût de renaissance. Un frisson qui brisa la gangue de glace qui lui engluait les membres. Un frisson qui se propagea le long de ses épaules, qui fit le tour de sa poitrine, réchauffant son ventre, ses jambes, ses mains et ses pieds. Un frisson qui, aussi étonnant que cela puisse paraître, purifia ses veines de ce doute-poison qui lui rigidifiait le corps. Anaïel ferma les yeux, et souffla. Profondément. Laissant l’air laver ses poumons, une fois, puis deux, puis trois.

Toujours un peu tremblante, elle leva ses bras et les posa sur ceux de son compagnon qui entourait ses épaules, le forçant à la serrer encore plus fort contre lui.

Protège-moi.

Les yeux toujours fermés, elle laissa la nuit se répercuter entre ses os, et sa chaleur intrinsèque remonter jusqu’à sa peau. Elle sentit presque le léger hoquet de surprise d’Ewall, lorsqu’il constata probablement qu’elle devenait, de minute en minute, plus chaude, petite bouillote cuivrée.

Elle regarda la lune. Longuement. Qu’importe. Qu’importe les doutes et les peurs. Elle n’en pouvait plus de lutter contre tout ce qu’elle était. Elle n’en pouvait plus d’avoir peur, constamment, pour autrui, et surtout pour Ewall. Ce qu’elle voulait, voulait réellement, se colora d’une réalité transparente : être avec Lui. A l’abri au creux de ses bras, le nez dans la tendre courbure de son cou. Elle se retrouva, sans s’en rendre compte, face à Ewall. Ses yeux accrochèrent les siens, vibrants. Avec ce petit quelque chose d’unique qui faisait d’eux ce qu’ils étaient, ce qu’ils devenaient, de minute en minute. Amoureux. Doucement, câline plus que féline, elle le força à s’allonger, tandis qu’elle suivait le mouvement. La gêne, chez l’un comme l’autre, rougissait leurs joues de 4 roses pourpres. Qu’importe. Elle s’allongea à demi sur lui, et posa la joue sur son torse ciselé, trouvant la position idéale comme si ce geste était le sien depuis des millions d’années. Elle ferma les yeux, et le plus naturellement du monde, sa jambe vint s’enrouler autour de celle d’Ewall, tandis que son petit bras venait entourer son torse, pour le serrer contre elle.

Elle en fut effarée. Effarée de la facilité avec laquelle son corps se coulait dans l’empreinte de celui d’Ewall. Effarée que cela soit si facile, qu’elle ne ressente, finalement, à son contact, qu’un bonheur aussi simple qu’intense, qui lui remplit le cœur de tendresse, et les yeux de larmes cristallines. Elle ferma les yeux et enfoui son visage dans le cou de son amoureux, constatant que jamais, de toute sa vie, elle n’avait ressenti de joie aussi sereine, aussi intense.

Ewall referma ses bras autour d’elle l’emprisonnant contre lui. Dans une étreinte à cœur ouvert, au cœur de la nuit.

Il s’écoula ainsi, un temps incertain, un temps qu’elle ne parvint pas à calculer autrement qu’avec les respirations régulières et profondes de son apprenti. Et les battements de son cœur. Mouillé, à grands coups puissant, tambourinant contre son tympan. Jamais elle n’avait entendu de cœur battre contre elle. Enivrant. Du bout des doigts, elle effleurait la gorge d’Ewall, son sternum et la courbure de ses pectoraux, pour redescendre le long de son ventre plat, de son flan, au contact duquel une légère chair de poule prit naissance. L’eau, finalement, avait fini par s’évaporer, et leur chaleur se mêlait pour que la fraicheur de l’ai ne soit plus qu’un souvenir fugace. Elle était tellement douce sa peau… sa peau qu’elle ressentait partout, partout, le long de sa jambe, de son ventre collé contre son flan, de sa poitrine le long de son épaule, de son bras sur son torse. Il n’y avait rien qu’un contact, tout juste différent de celui de l’herbe contre son dos, de l’air sur sa peau, de l’eau dans sa gorge, ce n’était qu’une sorte de touché différent. Alors pourquoi se répercutait-il en elle de manière aussi puissante ? C’était quoi ces étoiles qui lui piquaient le ventre et s’enroulaient autour de son cœur ? Elle secoua doucement la tête. Elle ne comprenait pas. N’en avait, pour l’instant, pas besoin.

Sa main, légère, remonta sur ses abdominaux, puis sur sa gorge, pour venir, à patte de velours, caresser l’angle de sa mâchoire, et sa joue qui ne piquait pas encore. Elle redessina sans le voir, le visage d’Ewall, mémorisant du bout des doigts, ses traits masculins, s’attardant sur l’arête du nez et la commissure d’une lèvre. Immobile, il se laissait faire.

- Tu sais, je n’avais jamais touché personne comme cela. Et personne ne m'avait jamais touché ainsi non plus. Du moins, personne encore en pleine santé à présent.

Sa voix perça le silence de son tintement si particulier. Elle stoppa ses caresses, la main entre deux peaux.

- Je ne savais pas que ça pouvait être aussi… Agréable.

Soudain, elle eut envie d’un plus. D’une torsion souple du buste, elle se dégagea de ses bras et roula sur lui pour s’assoir à califourchon sur son ventre, les mains à plat sur ses abdominaux. Elle pouvait voir son visage à présent, et la flamboyance de ses prunelles lui coupa la respiration. Elle voulut s’en tenir à son idée principale, et tenta de se concentrer sur les courbes d’Ewall qu’elle découvrait du bout des paumes. Sur le simple massage qu’elle avait voulu, de prime, lui prodiguer. Mais ce n’était pas possible. Ses mains tremblaient légèrement, erratiques. Comme les battements de son cœur qui s’emballait progressivement. Doucement, elle approcha sa main de sa joue, et soudain, ce fut lui qui y plaqua son visage, presque avec violence. Quelque chose bougea en eux. Quelque chose de très fort. De trop fort.

Anaïel se pencha un peu plus en avant. Ses lèvres trouvèrent celles d’Ewall. Et le feu sui dévala les veines. Bouillant.
Les mains du jeune homme se posèrent sur ses hanches. Elle frissonna. Encore. Et encore.


[Je suis inexcusable, plus de 3 mois de retard, c'est vraiment la loose suprème... Pardon pardon, j'ai essayé de m'appliquer pour la suite, pour me faire pardonner ^^ j'espère que ça te plaira, et faudra peut-être mettre un peu de rouge dans le titre si Ewall souhaite "aller plus loin" :lol:. ]

Ewall Ril'Morienval
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MessageSujet: Re: /!\ +18 | Quand le feu des ardeurs crépite (8) [Terminé]    /!\ +18 | Quand le feu des ardeurs crépite (8) [Terminé]  Icon_minitimeMer 8 Aoû 2012 - 11:27

Une idée. Une envie. Une pulsion se fixait, s’ancrait dans son esprit et dans le moindre de ses muscles. Si forte qu’il devait se faire violence pour ne pas y céder.
Oui. Oui, Ewall mourait d’envie de faire rouler Anaïel sur le côté et de se libérer de l’emprise de ses jambes nues autours de ses hanches. Non pas pour prendre un quelconque contrôle et entamer une nuit d’ardeur.
Non. Il mourait d’envie de fuir. De courir au loin, et qu’importe qu’on le surprenne en tenue d’Adam. Il voulait s’abandonner à la peur et laisser là son maitre/sa petite amie/ sa muse/ son mentor / l’être de sa vie, quoi.
Tout l’enjoignait à prendre cette dérobade, tout son corps de promesse perché sur le sien provoquant les soubresauts dérangeant de sa propre anatomie. Une fois au loin il pourrait appeler Noukas, lui raconter ses malheurs, et se recroqueviller dans un coin, se maudissant pour la vie de sa faiblesse.
Et pourtant il restait le velours de ses yeux, qui l’embrassait et le maintenait, là. Ce velours qu’il avait choisi de suivre, pour trois ans, pour la vie. Ces reflets qui l’interdisaient de fuir une nouvelle fois, qui l’intimait, pour une fois, à rester, à affronter le présent.
Il est fini le temps des prétextes et des retraites silencieuses. Tout comme il ne pouvait continuer à éviter sa sœur plus longtemps, tout comme il ne pouvait renoncer à son nom indéfiniment, il se devait d’accepter Anaïel, de refouler sa peur bleue d’un amour trop grand pour lui, et aller de l’avant. Loin devant. Le souvenir de la troupe Fillibulle ne devait plus être une ancre derrière lui. Mais une bise soufflant sur ses voiles.

Ses pupilles vertes vrillèrent, et il plaqua son visage contre cette main qu’elle tendait.
Accepte. Accepte et avance.
N’était-il pas ridicule, que le garçon sans famille, débrouillard par défaut, qui pour la deuxième fois recommençait une nouvelle vie malgré les attaches, n’était-il pas ridicule que ce garçon ayant survécu à la dépression ait peur d’une simple nuit en compagnie de la femme qu’il aime ? Garçon, qui de surcroit, ait vécu avec le plus coureur des jupons des temps : Dofenn ?
Oui, seulement Ewall faisait partie de ceux qui ont la parole et l’entourloupe de séduction facile, mais qui se dérobent sitôt que l’affaire devient sérieuse. Futile garçon. Futile garçon qui se voit devenir soudainement homme, quittant le cirque pour la vraie vie.
Les lèvres envoutantes d’Anaïel vinrent se poser avec conviction sur celles de l’acrobate, et il posa avec douceur ses paumes sur les hanches harmonieuses de sa promise.

Tout bougeait en eux. Le moindre muscle, le moindre nerf, ou il ne savait trop quoi. De multiples pulsions et pressions dans un tourbillon de sensations extatiques. Son cœur battait si fort que sa poitrine s’en soulevait à son rythme, et sa respiration en devenait haletante à force de se couper. Tout était nouveau, que ce soit pour elle ou pour lui. Toutefois il connaissait les gestes, du moins en avait une idée, et par définition c’était donc à lui de faire le premier pas, de s’investir. Et s’il ne connaissait pas les effets du désir sur le corps masculin, il pourrait penser que ce pantalon si serré était du à une forte envie de s’uriner dessus tant il avait peur.
Ses paumes moites se déplacèrent avec une certaine maladresse sur le corps aux multiples courbes de la jeune femme, épousant ses formes avec la même ardeur que les flammes d’un feu épousent et dévorent un bâtiment en bois.
Il enfouit son visage dans la clavicule d’Anaïel, profitant de ce moment caché pour y déposer le plus passionné des baisers. Leur étreinte se resserra, si cela était encore possible, et le bas ventre de l’apprenti ne fut pas le seul à être en feu. Il avait l’impression de brûler vif, et que bientôt il ne serait plus que cendres.
Et finir mélangé, entremêlé à ses cendres à Elle avait quelque chose de plaisant.

Les mouvements se firent non pas plus contrôlés, mais plus impulsifs, moins hésitants et maladroits. Et leurs corps remuèrent en chœur, trouvant dans les creux et les galbes des complémentarités parfaites et troublantes.
Avec douceur, il fit basculer le corps de sa compagne, la couchant précieusement sur les herbes humides du soir. Et cette fois-ci il n’y avait aucune volonté de fuite dans ce geste pour se dégager de cet enlacement. Enlacement qu’il reprit de suite, lovant son corps musclé contre le sien de finesse, prenant garde à ne pas l’écraser. Et il tentait de ne plus prendre garde aux réactions si gênantes de son corps qui cherchaient l’union avec les réactions similaires invisibles du partenaire.
Et tandis que les paupières papillonnaient, se déversant leurs aveux de peur et d’amour, les mains s’embrassaient, et les lèvres se scellaient promesses.
Ce furent ces lèvres qui eurent raison de ses dernières incertitudes. Ses baisers se firent plus langoureux, et se déversèrent sur l’intégralité de son corps, la chatouillant, l’effleurant, arquant son corps dans un soupir qui l’excitait de plus en plus. Il donnerait, à cet instant, tout ce qu’il avait de plus cher pour que ce moment d’embrasement ne finisse jamais.
Il se laissa fondre aux réponses doucereuses d’Anaïel, à ses caresses, à son souffle chaud sur sa peau. Il n’aurait jamais pensé que se perdre l’un en l’autre soit aussi agréable et boulversant.
Mais il n’était plus temps pour lui de penser.

Il lui susurra un « je t’aime » à l’oreille, tandis que ses doigts dessinaient des dessins imperceptibles autours de sa poitrine, et dans les moindres creux de sa gorge ou de ses hanches.
Sans même qu’elle ait besoin de le toucher, sa chair était parcourut de milles frissons ardents au rythme des crépitements de son cœur. Son esprit en devenait embué, comme privé de toute faculté, et envoyé dans un autre monde, flou et magnifique, envoûtant et doux, comme un nuage de barbe à papa au goût sucré de l’interdit de la pomme d’Eve.
Ses muscles se détendaient, à l’exception d’un seul, et il se sentait devenir guimauve, pourtant encore en mesure de bouger et de donner toute la force de son amour. La sensation était vraiment des plus étranges. Mais tellement des plus plaisantes.
Il se laissa rouler, ignorant le picotis des brins d’herbe sur sa peau en effusion, et savoura qu’Anaïel prenne le contrôle de son corps, acceptant d’être, cette fois-ci, prisonnier de son étreinte. A choisir, il accepterait volontiers de mourir captif de la sorte.
Alors, surtout. Surtout, ne t’arrête pas. Parce que je voudrais que ce nuage au goût de pomme dure toute la nuit, et même toute la vie.




« Je l’effleure de toutes mes forces, elle m’est fleur de toutes les siennes »
La Mécanique du Cœur. [Mathias Malzieu]




[Je te laisse mettre du rouge pour mettre en garde les petits de notre Académie !
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MessageSujet: Re: /!\ +18 | Quand le feu des ardeurs crépite (8) [Terminé]    /!\ +18 | Quand le feu des ardeurs crépite (8) [Terminé]  Icon_minitimeVen 16 Nov 2012 - 21:21

Elle avait l’habitude de laisser son corps agir d’instinct, Anaïel. Elle avait l’habitude parce qu’elle était sauvage, profondément, tellement nouée au présent que, presque dissocié, son esprit gérait les émotions, son corps les gestes nécessaires à sa survie. Elle avait l’habitude, de s’ancrer dans l’instant pour ne plus penser, simplement agir, courir, voler, sourire, vivre à l’éternel. Elle avait l’habitude, et c’était elle, elle se connaissait, tellement, à force de se chercher, sans cesse, se trouver, trouver sa place non plus dans le monde dont elle se sentait articulation, mais dans les consciences, dans les relations, les émotions et les sentiments, où elle n’était rien de plus qu’un élément étranger, trop dissociable.

Oui, elle se connaissait. Elle connaissait les réactions de son corps, parvenait à les anticiper plus qu’à les maitriser, conscientisait de plus en plus les sensations, les émotions, parvenait à gérer les autres, leurs présences, leurs absences, leurs consciences. Mais avec Ewall, tout était différent. Parce que l’amour, le vrai, celui qui prend aux tripes et aux yeux, celui qui fait vibrer les étoiles et brûler les rétines, celui qui grésille et transcende les affres de l’existence, cet amour, elle ne l’avait jamais ressenti, ne l’avait jamais imaginé. C’était presque organique. C’était organique. Parce qu’avant même de le connaitre, avant même d’échanger quoi que ce soit d’autre qu’un simple regard, elle avait senti couler, rouler en elle, quelque chose de bien plus puissant que ce que son esprit conscient pouvait retenir : elle était le caillou minuscule brassé par le courant, entrainé par lui jusqu’à une mer sans merci, bousculée, enroulée, lovée au creux des vagues, sans brutalité et avec beaucoup de tendresse, mais irrévocablement, sans possible reddition. Et elle, la marchombre dans l’âme, tellement libre qu’elle n’acceptait pas même la barrière de son corps, le tordant dans tous les sens pour nouer en lui ses moindres désirs, elle qui ne supportait comme toit au-dessus de sa tête que le ciel et les étoiles, comme murs le tronc des arbres mangés par la lune blafarde, elle n’avait rien trouvé à redire à ce qui se passait en elle, à ce destin qui se scellait jusque dans ses veines, qui lui ordonnait, oui, lui ordonnait d’être pour lui ce qu’il devenait déjà pour elle. C’était ainsi. Et elle l’avait accepté. Au mépris de toute logique.

Elle trouvait dans ce bonheur ineffable de se sentir unie à plus grand qu’elle un sentiment de bien-être qui continuait de la laisser pantoise. Elle n’avait pas besoin de réfléchir à ce sujet, n’avait qu’à se couler dans ce moule spécialement conçu pour sa chair et ses os, pour son cœur et son âme. Pourtant, tout était tellement nouveau ! À commencer par ces caresses, ces lovures de chatons qui ronronnaient dans son ventre, bredouillaient des je t’aime à l’arraché, la peau parcourut, plus que de frissons, de véritables preuves d’amour en grandes cicatrices pourpres.

Elle sentait contre son bas-ventre quelque chose qu’elle connaissait sans le connaître vraiment : le sexe d’un homme, raidit pour elle, presque en elle.

Elle s’était quelques fois interrogée à ce sujet, sans forcément devenir obsessionnelle. Oui, elle était vierge, savait ce que ça impliquait, surtout à son âge, mais n’en concevait pas de tristesse, de honte, de gène, ou quoi que ce soit d’autre de sentiments néfastes. Elle connaissait la naissance de la vie, comme un bébé prenait forme lorsqu’un mâle montait une femelle. Elle savait, plus théoriquement déjà, que le sexe pouvait avoir d’autres buts que la procréation, que certains étaient très friand de ce jeu des corps qui mimait l’acte le plus beau, le plus éternel de la vie, de son renouvellement. Et pour tout dire, elle n’avait jamais cherché à perdre sa virginité car, d’une part, peu de personnes étaient véritablement attirées par ses formes quasi inexistantes, non plus que pour sa personnalité décidément trop atypique, d’autre part car elle se sentait encore trop en recherche d’elle-même qu’elle ne concevait pas encore le désir de porter la vie dans son ventre, de perpétuer ses gènes à travers un être dont elle n’était pas sûre de savoir aimer, protéger, tant le caractère sacré d’un enfant lui bloquait toute vision de liberté. Et puis elle n’avait jamais été véritablement excitée par quiconque.

Mais là, là, c’était franchement différent de tout ce qu’elle avait pu imaginer. Elle n’aurait jamais pu prévoir le désir qui lui mutilait à présent les reins, cette lave bouillante qui pulsait en elle, contre elle, qui lui hurlait d’écarter les jambes pour accueillir ce sexe érigé en elle, de le laisser entrer, pénétrer jusqu’à son âme, et jouir d’être à lui, en lui et lui en elle, sous les étoiles qui clignotaient d’une énergie fantastique. Non, elle n’aurait jamais pu prévoir que son corps réagirait autant au simple contact d’un homme, fut-ce Ewall, fut-ce celui auxquels elle avait décidé de river sa vie.

Elle avait peur. Une peur viscérale qui lui trouait le bide, mais qui paradoxalement rendait son plaisir, son désir plus sauvage que jamais, le sublimait jusqu’à le rendre presque insupportable. Ses nerfs jouaient avec sa peau plus que l’inverse. Elle voyait trouble, parce que d’un côté, son être entier lui hurlait de se débattre, de se protéger de ce contact, de s’éloigner, fuir, jusqu’à un horizon vierge de toute présence, et que de l’autre, elle en crevait d’envie, de faire l’amour avec Ewall, elle en avait des frissons jusqu’aux orteils, des frissons d’absolue qui lui dévalaient les vertèbres comme une coulée de glace surfondue. Et ces deux portions, ces deux parties d’elle qu’elle tentait depuis toujours de concilier, l’une sauvage jusqu’au tréfonds, l’autre en mal d’amour et de sociabilité, se battaient en elle jusqu’aux tempes, jusqu’aux iris qu’elles enflammaient d’un brasier volcanique, chacune sublimant l’autre avec une intensité à couper le souffle.

Elle ne savait pas si l’une allait prendre le pas sur l’autre ce soir. Ne pouvait pas savoir. Ne pouvait pas mettre Ewall hors de danger, puisque, égoïstement, elle avait par trop envie de lui. C’était mal, elle le savait, et le remord acheva de lui tirer un gémissement de désir. L’interdit avait toujours eut, et aurait toujours, cette propriété affolante aphrodisiaque.

Les mots d’Ewall lui perçaient la tête, lui trouaient les oreilles pour se faufiler, subitement cotonneux, en langues duveteuse jusqu’aux zones de son cerveau les plus primitivement amoureuses du jeune homme. Elle n’eut pas vraiment conscience de sa gêne, puisqu’une transe chaleureuse noua ses gestes d’une langueur à mille lieux de la réalité. Subitement, son cerveau décrocha, laissant libre court à l’instinct qui lui allait si bien. Elle avait toujours peur. Mais elle ne s’en rendait plus compte. Parce que tout n’était plus que désir, désir, désir.

Les mains d’Ewall, sur ses hanches, se crispèrent. Elle se pencha en avant, et soudain, il la fit rouler sur le côté, comme un trésor que l’on berce. Et cette tendresse latente, ce feu couvert qu’il lui décernait de ses prunelles trop vertes, acheva de la faire fondre, de la rendre profondément et irrévocablement amoureuse de lui.

Tandis qu’il se positionnait, elle le mangeait des yeux, cherchait à graver à l’intérieur de ses prunelles ce visage en fossettes, cette mâchoire dessinée, son cou d’homme qui laissait saillir une artère battant –elle le savait en cet instant – pour elle, et ses pectoraux qu’elle effleura d’un doigt, lui rendant ses caresses sans trembler, et ses yeux, ses yeux… Tellement verts qu’ils semblaient être l’horizon inversé du ciel qui se détachait pourtant très loin au-dessus de leurs têtes.

Elle eut envie de saisir son visage entre ses mains, de le garder près d’elle à tout jamais, mais elle n’eut pas le temps d’esquisser quoi que ce soit que déjà, il partait, jouait avec son corps comme s’il n’était qu’un jouet, un jouet adoré qu’il ne fallait surtout pas casser. Ses paumes calleuses d’acrobates effleuraient sa peau, son ventre, ses cuisses, sa poitrine bien peu plantureuse, tandis que son visage se faufilait une fois dans son cou, une autre sous son oreille, une autre encore en plein milieu de son ventre. Elle arqua la tête en arrière, un gémissement d’envie s’échappant de ses lèvres entrouvertes, bleuies par le froid.

Soudain, un frisson lui fit arquer les hanches plus violement que précédemment. Elle attrapa la tête d’Ewall, ses doigts noués à ses cheveux à lui, pour l’inciter à remonter. Dès qu’il fut à proximité, un baiser sauvage, très peu maitrisé, lui dévala les lèvres, s’engouffrant dans la bouche d’un Ewall qui ne semblait pas trouver qu’elle s’y prenait trop mal. Qu’importe, sa peau, cette peau si douce et si rugueuse, cette peau d’homme, vibrait, chantait, hurlait pour elle, se répercutait jusque dans ses cellules les plus primitives. Quelque chose de pur, de trop pur, qui ne demandait qu’à éclater en gerbe immense d’éclairs électriques, en flammes rougeoyantes, ce même rouge qui leur bouffait les joues à tous les deux, accentuant la pâleur de la lune qui se complaisait en paradoxes, ce soir-là.

Et sans qu’elle ne s’y attende, il fut soudain en elle. Comme s’il y avait toujours été.

Une douleur vive lui traversa l’entrejambe, alors qu’elle sentait quelque chose craquer en elle. Pourtant, la douleur, aussi violente fut-elle, ne résista pas longtemps à la surprise et au plaisir que dispensait ce membre érigé qui battait l’intérieur de ses cuisses, y instillant un désir, un supplice de félicité qui la fit aussitôt gémir le prénom de son amoureux.


- Ewall…

Il l’entendit, ou pas, lui répondit par des je t’aime plus bouleversants que jamais, alors même qu’elle sentait couler les dernières barrières qui la retenaient encore, en terme de bienséance. Il lui laissa, au moment où elle en eut le plus envie, le contrôle total sur son corps à lui.

Elle n’hésita pas. Parce que c’était plus fort qu’elle. Parce qu’elle ne pouvait résister à la tempête qu’il faisait naître de ses mots doux, de ses caresses papillons sur sa peau lustrée, de son sexe en elle qui lui murmurait qu’ils ne faisaient, sous toutes les étoiles du monde, plus qu’uns.

Elle glissa sur lui, le chevauchant presque avec timidité de prime, avant de se rendre compte que de nouvelles sensations naissaient directement de cette nouvelle position. Elle posa les mains sur les pectoraux du jeune homme, et le mouvement de ses hanches prit naissance avant même qu’elle ne pense à continuer de lui donner du plaisir. C’était instinctif. C’était ouragan.

Ses mains se crispaient, se décrispaient au fur et à mesure des sensations plus ou moins ardentes qui la traversaient. Elle eut froid, un moment, d’être nue, trop loin de sa peau à lui. Alors elle se pencha en avant, se coula contre lui, enfouie son visage dans son cou qui sentait tellement lui, et murmura mille chuchotis sans queue ni tête, reflets inconsistants de son plaisir formidable, de son amour inconditionnel et immuable. Les reins d’Ewall s’arquèrent, la pénétrant plus profondément encore, et elle lâcha un cri de délice, une étincelle flamboyante lui crevant les prunelles.

Quelque chose pointa le bout d’une lumière en elle. Une sensation tellement étonnante qu’elle ne la reconnu pas comme telle, de prime. Il lui fallut quelques secondes. Quelques secondes de trop. Parce que la vague orgasmique broya ses reins, déferla en son sexe d’une marée humide et chaude, lui écartela le ventre pour y instiller jusqu’au plus profond, la flamme d’un plaisir sans limite, directement connecté à son âme, à son cœur, à son esprit.

Le visage enfoui dans le cou d’Ewall, elle hurla un murmure étranglé, et son corps tout entier se fit récepteur à la peau d’Ewall. Elle eut l’impression véritable de fondre en lui. De devenir épiderme, rien qu’une peau qui l’envelopperait complètement, de la tête au pied, du dos au ventre, du sexe à l’esprit.

Dans un sursaut organique, elle se dénatura complètement. Devint étoile. Devint flamme.

Devint libre.





[J'espère que ça te plaira, même si ce n'est pas le plus long, j'y ai mit beaucoup de coeur I love you pour égayer ton stage que je n'espère pas trop hard ! ]

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