( Tard vaut mieux que jamais, hein ? :lol: Mea maxima culpa!)
Enfin. Enfin. Enfin. ENFIN. Plus de son distordant dans les couloirs de l'Académie. Plus de chants paillards pendant les repas, et qui causaient du trouble à bien des élèves. Plus de trafic d'alcool sous la cape dans les coins sombres, plus de plaintes de la part des cuisiniers et des autres marmitons de harcèlement, plus de rumeurs abracadabrantes sur sa propre orientation, plus de voix de crécelle dans les oreilles à longueur de journée. Plus de Jaskier. Hallelujah.
Pour fêter ça, Jehan ne travaillait pas. Qui l'eut cru ? Après tout, c'est pas comme s'il prenait la moindre occasion de s'accorder un jour de congé, n'est-ce pas ? N'EST CE PAS ? Et puis il n'avait pas à se justifier, il était l'Intendant, point. Il faisait ce qu'il voulait, point. Toute la journée avait été passée dans des activités plus oisives les unes que les autres, et maintenant que le soleil descendait sur le lac, il se sentait de bonne humeur. Pas comme toute la journée qu'il avait passé dans une euphorie désordonnée mais il ressentait une certaine... quiétude, oui, c'était le mot. Revoir les gens de son sombre passé et admirer la rapidité de l'assassinat le rendaient nostalgique, et il se prie à contempler les rides que faisait le Lac quand un poisson décidait de venir blouper à la surface.
Et non, il n'allait certainement pas se lever pour le toc toc qui venait de retentir. Il n'était pas n'importe quel valet non plus, il était l'Intendant, et il n'allait pas déranger son regard du superbe coucher de soleil sous prétexte que quelqu'un voulait le voir.
- Entrez, fit-il de sa célèbre voix de baryton. Posant à regret ses yeux sur la porte qui était en train de s'ouvrir, il perdit tout sourire en voyant qui entrait. Il n'avait jamais eu affaire lui-même à l'assassin de Jaskier, mais il savait de source sûre que telle était l'identité de celui qui se tenait devant lui. Il paraissait jeune, pour un assassin. Mais d'un coup d'oeil, Jehan put remarquer, sans vraiment détailler, qu'il avait une allure professionelle suffisante pour le métier. Et puis, il avait obtenu satisfaction, Jaskier était mort. Alors il n'allait pas pinailler.
- Venu chercher votre récompense, je suppose ?
Jehan était très différent de son habituel ton fanfaron. D'expérience, il savait qu'on ne plaisantait pas avec un assassin, si on voulait pouvoir compter sur ses services plus tard, et rester en vie soi-même. Ca, il le savait plus que tout autre. D'une main, il ouvrit un tiroir d'où il tira une bourse d'aspect anodin, mais bien rebondie. Elle était prête depuis longtemps et il n'avait laissé personne se tenir au courant de son existence. Une grande partie des pièces venait de son coffre personnel. Quant au dernier quart... Bah, les Mercenaires du Chaos puisaient plus largement dans les fonds de l'Académie, un petit trou comme celui-là ne se verrait pas.
Il lança la bourse à l'assassin, reprenant :
- Normalement, le paiement est exact. S'il y a de l'or en trop, tant mieux pour vous. J'espère pour votre propre vie que vous n'avez aucune visée meurtrière entre ces murs, sieur Assian ? Cette Académie est intouchable, de même que les élèves qui la composent, vous m'entendez ? Du moins, si vous tenez à votre vie et à celle de votre famille.
Et oui, on ne dirait pas, mais Jehan tenait à l'Académie. Il râlait tous les jours, mais dans le fond, il était attaché à cet établissement, aux élèves qui y logeaient, et il ne laisserait pas ses affaires personnelles causer du tort aux innocents qui se trouvaient entre ces murs. Note, si l'assassin n'avait pas trop soif de sang, il pourrait s'avérer utile, si bien surveillé....
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