Premier cour : Tir à l'Arc [Inachevé]

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Le jardin était tout ce que l'on peut de plus tranquille. L'herbe vert tendre était douce, aussi douce que les algues frêles qui tapissent le fond des océans. Les nuages, de bon nuages, n'allaient pas nous gâcher le soleil. J'avais tracé une longue ligne blanche, et positionné trois cibles. A dix pas. En effet, j'avais positionné toutes les cibles à cette distance. Je devais partir du principe que ceux qui allaient arriver n'étaient que des débutants. Si certains arrivaient en me disant qu'ils voulaient tirer à cinquante pas, grand bien leur fasse, je leur prêterais un petit arc fait d'une minuscule branche d'arbre d'une cordelette et les enverrais jouer plus loin.

Une feuille voleta devant mon regard, je me pris à la suivre des yeux... j'étais assise dans l'herbe, un arc qui devait faire ma taille posé à mes cotés. L'air était doux, tiède, et on pouvais sentir une touche d'épice dans l'air, venant sûrement des cuisines, où on préparait le repas de midi. Il était en effet près de dix heures et demi, et j'aurais dû être nerveuse ou du moins excité par ce premier jour en tant que professeur... pourtant j'étais bien. Une tranquille acceptation de mon rôle. Voilà ce que j'avais. Un sourire traversa mon visage, visage qui, j'en avait conscience, attirait tous les garçons comme des mouches.
Mais là n'était pas ma préoccupation première pour le moment.
Je devais réviser.

Oui : réviser. Il fallait, non pas que je révise mon tir, que je me souvienne quelle position était la bonne, la façon dont on tendait le bras, exactement à la perpendiculaire de l'arc ; non. Ce n'était pas cela que je devais réviser. Car je connaissais tout cela sur le bout des ongles, et c'est voire instinctivement que je tirais. J'aurais pu faire tout cela les yeux fermés. Le problème est que posséder un savoir ne veut pas dire être capable de le transmettre. Je devais revoir la façon de les captiver, de les surprendre pour qu'au final ils soient intéressés et donc suivent. Ou ça allait devenir un petit jeu sur la pelouse, un instant de détente dans l'herbe... je n'étais pas là pour perdre mon temps.

Je fermai les yeux.
J'inspirai profondément, emplissant mes poumons d'air presque jusqu'au trop-plein. Puis j'expirai lentement, jusqu'à ce que mes poumons soient entièrement vides. Je répétai cela deux fois. Ce n'est qu'ensuite que je m'autorisai à respirer normalement. Ma tête étant à présent exempte de pensées négatives, je vérifiai tout une dernière fois : les cibles ne devaient pas risquer de tomber (ou cela briserait toutes les flèches déjà plantés), les repose-arc étaient bien en place (il ne manquerait plus que les arc finissent par terre, sur l'herbe ou maculés de terre), les carquois, remplis de flèches, étaient parfaitement rangés... il ne manquait plus que les élèves.

*En voilà qui arrivent* songeais-je, souriante, en appercevant un élève arriver de l'académie et venir dans ma direction.

L'élève qui arrivait était une jeune femme, cheveux dorés, vêtements de cuirs.
A son attitude posée, son regard dur, ses mains légèrement calée à force de s'entrainer à l'épée, je devinai que c'était une guerrière. Et sûrement une très bonne guerrière.

-Bonjour...
-Mademoiselle, fis-je, souriante, en entendant une sorte d’appréhension dans sa voix. Ah, elle n'aimait pas l'archerie.

-Et si nous commencions par nous présenter ? Je me nomme Papillon Til'Maavon et je serais votre professeur de tir à l'arc pour les mois à venir. A qui ai-je l'honneur ?

Après sa réponse, j'entrainai ma première élève vers les repose-arcs, grands assemblages de bois où étaient rangés des arcs de taille différentes.

-Juste une précision, êtes-vous gauchère ou droitière ?

Je pris un des arc correspondant à sa réponse à la main, le soupesant... non, pas celui-là, trop lourd, puis en prenant un autre... non plus, trop petit, et ainsi de suite jusqu'à ce que je trouve la perle rare. Je mis la corde de l'arc à l'endroit et vérifia qu'elle était bien placée.

-Essayez-moi celui-ci, vous me direz si vous êtes à l'aise avec, dis-je en lui tendant un arc élancé aux formes épurés, couleur bois sombre et gravé de belles arabesques d'un bois plus clair. Il y a une poignée juste là, tenez-le ici.

Une fois l'arc en main, je lui demandai de le tendre sans encocher une flèche, puis de revenir et de ne surtout pas lâcher la corde.

Son sourire me mit tout de suite en confiance. Enfin en confiance c’était beaucoup dire, j’appréhendais quand même un peu de devoir me servir d’un arc. Si je maniais très bien le sabre, en revanche j’étais désespérante à l’arc. C’est pourquoi j’avais très vite arrêté les cours avant de partir, mais quelque chose me disait que j’allais avoir besoin de cet enseignement.

Elle m’apprit donc pour commencer qu’elle s’appelait Papillon Til'Maavon et qu’elle allait être mon professeur. Voilà un prénom original, je ne l’avais encore jamais entendu, mais pourquoi pas.

Je me nomme Elicia Til’ Illan...

Elle m’entraina ensuite vers les reposes arc et me demanda si j’étais droitière ou gauchère.

Droitière...

Je la regarder farfouiller dans ses arc pour trouver celui qui me conviendrait le mieux. C’était elle l’experte, je lui faisais confiance. Je crois que si elle m’avait demandé d’en choisir un, j’aurais été bien embêté, n’y connaissant absolument rien. Je pris l’arc qu’elle me tendit et le tint par l’endroit qu’elle m’indiquait. Ça je l’aurais trouvé seule.... je le trouvais tout de même magnifique, même si je n’affectionnais pas spécialement les arcs. Je suivis les instructions de Papillon à la lettre. Je tendis la corde, sans encocher de flèche. Je sentais une certaine résistance, mais pas assez forte pour m’interdire de tendre la corde, c’était juste ce qu’il fallait. Je revins alors, sans lâcher les cordes conformément aux consignes. Je lui dis alors avec un petit sourire.

Je suis à l’aise avec, il n’y a pas de soucis...

Enfin autant que je pouvais l’être avec cette chose entre les mains.

[Je suis désolé du retard, de plus je n'ai aucune excuse =/...]

Après mon encouragement, je la sentis se détendre et se tenir droite dans ses bottes. Affichant un sourire léger, je la regardai prendre son arc, sortir une flèche, la poser sur son doigt... c'est là que je me tendis en repérant mon erreur : elle allait se faire mal à la main ! Quelle idée d'oublier la  moitié des protections ! J'allais lui ordonner de revenir sans lâcher la flèche, quand elle tira.
De profil, la main au niveau de sa joue, le bras tendu devant elle, elle était parfaitement positionnée et sûre d'elle.
Du coin de l'oeil, je vis la flèche se planter dans le bord de la cible, et je compris qu'elle avait mal décoché, en lâchant la corde sur le coté au lieu de ramener sa main en arrière, mais au fond ce n'était pas très grave, je savais que ça pouvais être facilement corrigé et que, hormis cela, sa position était parfaite.
C'est moi qui n'avais pas été à la hauteur.
Je serrai les dents en me sermonnant mentalement : elle aurait pu entièrement s'écorcher le doigt.
Lorsqu'elle tourna la tête vers moi, je n'y vis aucune déception, j'eus même l'impression qu'elle était contente de ne pas avoir raté la cible. Je souris en découvrant que la flèche avait à peine effleuré son doigt... puisqu'elle avait mal positionnée l'encoche. C'était pour cela, et non pas à cause de son lâché que la flèche était mal partie.
Un fin soupir s'échappa de mes lèvres, mes yeux s'adoucirent et un sourire se posa sur mes lèvres alors que je prenais son main pour y mettre un autre bout de cuir.
-C'est très bien. Essaye juste de mettre la flèche sur le cuir qui protège ton doigt... là, c'est bien. Deuxième flèche, vas y, fis-je en lui offrant un souire encourageant.