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| Raconte-moi ton histoire. Je te dirais quelle est ta voie et qui tu deviendras. [Terminé] | |
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| Sujet: Raconte-moi ton histoire. Je te dirais quelle est ta voie et qui tu deviendras. [Terminé] Mar 17 Aoû 2010 - 2:07 | | | La Maître rêveuse parcourait les étagères, porteuses du savoir des confréries de sa guilde. Les livres anciens avaient pris la couleur chaude du café et le toucher du papyrus. Quant à l’odeur qui s’en dégageait, Amarylis la jugeait comme la plus douce et savoureuse au monde. Elle pourrait rester dans cette modeste bibliothèque des heures durant, s’enivrant des mots écrits par ses supérieurs. A Ondiane, chaque soir elle se blottissait dans un énorme coussin et prenait avec elle en otage un des innombrables livres de l’immense bibliothèque qui régnait dans cette Confrérie maitresse du rêve. Quelques fois Ewen venait l’y rejoindre pour partager ses découvertes. Ainsi, au coin d’un feu, elle avait passé les plus douces soirées de sa vie.
La jeune femme s’approcha d’une grille fermée à double tour. Derrière cette grille de fer se cachait une autre partie, beaucoup plus restreinte, petite, et sacré, de la salle aux livres. Derrière ces barreaux étaient soigneusement cachés les livres secrets réservés aux rêveurs de Septième Cercle. Le Septième Cercle. L’apogée de toute une vie. L’aspiration à la connaissance suprême. Le stade final du rêveur. La consécration d’une voie. Une unique voie. Le rêve. Pas une seule fois Amarylis n’avait regretté son choix. Pas une seule fois elle n’avait douté d’Ewen, depuis qu’il l’avait emmené avec lui. Elle était rêveuse. Malgré tout. Malgré les derniers évènements. Certes l’attaque après la grotte chantelame, et le long rétablissement l’avait chamboulé au plus haut point. Plus encore que sa première agression en bas des montagnes. Elle s’était vu mourir. Et c’est justement en se voyant mourir, qu’elle n’avait perçu aucun regret dans ses choix. Elle était rêveuse. Et elle demeurerait rêveuse. Un mouvement trop rapide la rappela à l’ordre, pliant son flan dans une posture douloureuse. Les séquelles de l’attaque restaient présentes. Bien entendu si la cicatrice serait à jamais visible, la douleur disparaitrait avec le temps. Le temps. Voilà bien une notion qu’elle avait eu le loisir de côtoyer lors de ses jours alités. Elle n’avait que peu de souvenirs de ces délires. Pourtant elle gardait gravé dans son esprit la sensation de retourner des années en arrière, bien avant qu’Ewen la prenne pour élève. Le temps passe. A une allure déconcertante. Et les souvenirs s’effacent à mesure que la course s’accélère. Elle n’avait pas revu sa famille depuis son départ. Quelques lettres au début, et puis…le silence. L’oubli. Ils pouvaient être morts qu’elle n’en saurait rien. Si ses parents ne lui manquaient pas, substitués par Ewen et les autres rêveurs, sa petite sœur restait constamment dans ses pensées. Trente ans. Elle devait avoir trente ans. Pourquoi le temps passait-il si vite ? Peut-être avait-elle un mari, des enfants…Une vie de famille. En caravane, comme les parents ? Ou dans un village ? En devenant rêveuse, elle ne s’était pas rendu compte qu’elle avait fait vœu d’oubli. Involontairement. Si confortablement installée dans sa bulle, elle n’avait pas regardé derrière soi la porte qui se fermait peu à peu sur sa vie passé. Aujourd’hui, alors qu’elle prenait conscience de son âge, du temps, elle commençait à avoir quelques remords. Nostalgie. Peine. La famille. Voilà ce qui lui manquait. Elle qui était seule, avec pour compagnons ses élèves rêveurs. Certes elle les aimait comme une mère protectrice. Mais cela ne suffisait pas. Il lui manquait le lien de sang.
Un bruit de porte la fit sursauter, la sortant brusquement de ses pensées. En divaguant de la sorte, elle avait presque oublié le rendez-vous fixé à sa nouvelle élève. Elle s’avança vers elle, exhibant son habituel sourire rassurant et chaleureux.
-Bonjour Lehya Jinwa.
La demoiselle, tout juste âgée de seize ou dix-sept ans, la fixait de ses grands yeux de chat. Yeux qui surprirent au premier abord la Maitre Rêveuse. Etonnant. Différents. Mais qu’importe. La différence était bienvenue à Eoliane. Et qu’était la différence au juste ? Le seul moyen que l’homme se donnait pour pouvoir se valoriser et abaisser les autres. D’un geste elle invita l’élève à s’assoir parmi les coussins dans le coin de la bibliothèque.
-Sois la bienvenue à Eoliane. Je te prie de m'excuser de n'avoir pu te recevoir plus tôt, mais j'ai eu quelques...débordements ces derniers temps.
Lehya était arrivé alors qu’Amarylis sortait tout juste de son lit et de ses traitements. Aussi elle avait préféré attendre quelques jours avant de la rencontrer, ne voulant lui montrer l’image d’une rêveuse faible et blessée. Alors qu’elle prenait place aux côtés de son apprenti, elle ne put retenir une grimace, ainsi qu’un gémissement, sous la manifestation de sa blessure. Physiquement, il ne lui restait que la vilaine cicatrice qui lui barrait le flan, cachée par ses robes, et une marque rouge sur la tempe gauche de son visage au teint de neige. Pour le reste, car reste il y avait, on ne l’avait pas ménagé, les rêveurs avaient fait un travail admirable. Elle ne pouvait qu’être fière d’eux. Elle inspira profondément, tentant de se consacrer sur le but de cette entrevue et d’oublier la douleur passagère.
-Tu dois déjà savoir qui je suis, mais sait-on jamais quels ragots peuvent circuler sur moi.
Elle lui décerna un clin d’œil complice, mettant tout en œuvre pour la mettre à son aise.
-Je suis la Maitre Rêveuse Amarylis Luinïl, et je dirige cette Confrérie. Ici on m'appelle simplement Maitre, ou Amarylis. Fais-en autant. Et n'hésite pas pour mon prénom, nous sommes une grande famille et les familiarités dans la mesure du correct sont admises.
La jeune Lehya se contentait de légers hochements de tête, toujours muette. Timide.
-Nous sommes également étroitement lié à l'Académie de Merwyn, peut-être as-tu déjà eu l'occasion de la visiter. En tous cas, tu peux considérer Eoliane comme ta maison, tu es ici chez toi Lehya.
Elle laissa planer un silence.
-C'est une belle bibliothèque, n'est-ce pas? Si on écoute bien, on peut même entendre les livres chuchoter et chanter parfois!
Amarylis sourit. Comme elle aimait entendre les ouvrages s’adresser à ceux qui savent écouter. C’est Ewen qui lui avait appris cela, à écouter le silence. Petite elle s’était moquée de lui lorsqu’il lui avait sorti pareille révélation, le prenant pour fou.
-Ainsi certains sont venus pour apprendre à écouter le silence. et toi? Quel chemin as-tu suivi pour venir juqu'au rêve, Lehya?
Raconte-moi ton histoire. Je te dirais quelle est ta voie et qui tu deviendras.
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| Sujet: Re: Raconte-moi ton histoire. Je te dirais quelle est ta voie et qui tu deviendras. [Terminé] Mar 24 Aoû 2010 - 16:03 | | | Dans toute la Confrérie, Lehya pouvait entendre qu'Amarylis allait mieux. Elle n'avait pas tout compris à l'histoire, mais il semblait donc que la Maître Rêveuse avait été gravement blessée, puis soignée. Bon. Lehya marchait doucement dans les couloirs, de ses mouvements saccadés comme toujours. Ses bracelets, portés au poignet droit, s'entrechoquait à chaque pas un peu trop brusque. Ses longs cheveux châtains, à peu près coiffés, pour une fois, cachait son visage baissé, comme à l'accoutumé. Elle savait qu'Amarylis l'attendait à la bibliothèque. Ce qu'elle ne savait pas, c'était l'emplacement de la bibliothèque. Elle n'avait pas visiter la Confrérie lorsqu'elle était arrivée. Elle prit une grande inspiration puis se rapprocha d'un rêveur, timidement.
- Excusez-moi... Est-ce que... vous pourriez m'indiquer la bibliothèque ? - Bien sûr. Suis-moi.
Le rêveur ne l'avait pas regardé bizarremment. Peut-être avait-il pensé qu'elle baissait la tête par pure timidité. Ce n'était pas totalement faux, mais ça n'était pas totalement vrai. Toujours le détail de ses yeux qu'elle n'aimait pas. Elle passa une main sur sa cicatrice, sur son visage blessé, puis la laissa retomber. Le rêveur l'avait conduit jusqu'à la porte. Elle le remercia, puis s'approcha doucement de la porte. Une jolie porte, sans fioritures pourtant. Lehya se posa la question un instant, de cacher ses yeux ou les montrer directement à la Maïtre Rêveuse. La deuxième option lui sembla mieux. Pour la première fois, volontairement, elle ne cacherait pas ce défaut de fabrication. Elle arrangea un peu ses cheveux, puis poussa la porte.
La salle était remplie de livres. Bien plus qu'elle n'avait jamais pu en comtempler. Elle imagina un instant la bibliothèque de l'Académie, qui passait pour être bien plus grande que celle-ci. Une femme s'approcha d'elle, un grand sourire peint sur le visage. Un sourire chaleureux, qui n'avait rien d'ironique. Cela rassura un peu Lehya. Elle posa son grand regard félin sur celle qui était sûrement Amarylis Luinïl. Elle la salua. Lehya aperçut l'étonnement de la Rêveuse. Mais elle était comme ça, et pour une fois, ne s'en cachait pas. La femme l'invita à s'asseoir dans les coussins, et Lehya, en fille obéissante et timide, fit ce qu'on lui demandait.
La Maître Rêveuse s'approcha d'elle et eut une grimace, ce qui eut pour effet de faire reculer légèrement la jeune femme. Peut-être n'avait-elle pas pu être entièrement soignée. Lehya ne se posa pas trop longtemps la question, écoutant les mots de la femme en face d'elle. Elle l'entendit inspirer profondément. Elle souffrait donc, réellement. Après sa courte phrase, pleine de plaisanterie, elle lui fit un clin d'oeil. Lehya sentit un sourire léger s'esquisser sur son visage. Depuis qu'elle était arrivée, elle n'avait pas souri, ne se sentant à l'aise nulle part et avec personne. Là, assise au milieu des coussins, elle se sentait bien. Elle écoutait Amarylis. Elle se sentait déjà comme chez elle. Mais elle savait qu'elle devrait faire des efforts, pour parler aux autres, par exemple, ne pas s'enfermer dans sa solitude, et encore bien d'autres choses.
- Oui... très belle...
Premiers mots de la conversation, pour elle. Elle n'avait pas pu s'empêcher de le remarquer, autant faire part de ses sentiments. Mais elle ne pensait pas que l'on puisse entendre les livres. Elle concevait parfaitement que l'on puisse entendre le vent comme une mélodie. Mais les livres... De toutes façons, Lehya avait toujours préféré les légendes et autres histoires orales. Certains étaient venus pour écouter le silence. Lehya n'aimait pas le silence. Il lui semblait toujours opressant, comprimant ses poumons jusqu'à ce qu'elle ne puisse plus respirer. Mais elle ne faisait rien pour se tirer de cet état. A chaque fois, on était venu la sauver. Amarylis lui demanda quel chemin elle avait pris pour arriver jusqu'au rêve. Elle lui demandait, Lehya le savait, de lui raconter son histoire.
- Je...
Par quoi pouvait-elle commencer ? Elle ne savait pas. Dire son âge, peut-être. Et puis débuter son récit. Où ? A partir de quand ? Raconter son histoire, entrelacée à celle de sa cousine adorée ? Elle attrapa un coussin, qu'elle colla contre son ventre, avant de l'entourer de ses bras. Elle mordit sa lèvre, puis se décida à raconter.
- J'ai 15 ans... Et ma so- cousine, avec... j'ai vécu depuis toujours...
Ses phrases n'avaient aucun sens. Elle avait beau se sentir bien, cela ne l'aidait pas à parler. Les mots n'avaient jamais été son fort, notamment depuis ses deux dernières années. Elle avait perdu l'emploi de ces lettres, ne sachant plus quel sens leur attribuer lorsque c'était elle qui les utilisait. Elle commençait à être nerveuse. Elle s'autorisa une longue respiration avant de reprendre.
- J'ai eu une... enfance difficile... légère grimace à cette évocation.
Elle lui raconta les attitudes des gens, les adultes tellements fermés à la différence, les enfants aux idées malades, contaminés par ceux avec qui ils vivaient. Les "sorcière" jetés sur son chemin, pavant le sol d'injures et d'incompréhension. Et aussi, plus joyeusement, son enfance bercée par les contes de sa mère, ses sorties avec sa cousine, sa soeur de coeur qu'elle avant eu tant de mal à quitter.
- Un soir... je me baladais avec... Lieva et... elle s'arrêta un instant. Un groupe d'enfants... nous a attaqué... elle passa une main sur sa cicatrice, doucement. J'ai été blessée...
Elle avait du mal à parler de ça. Elle savait que tout, ou presque, s'arrangeait après, elle connaissait son histoire par coeur.
- Et j'ai rencontré... Ayane. Une Rêveuse... Elle m'a soignée... Elle était indifférente à mes yeux... Et j'ai voulu suivre sa voie... Je veux devenir comme elle.
Sa voix avait trouvé un peu de courage. Lorsqu'elle évoquait Ayane, tout se passait bien. Lehya raconta à Amarylis l'année qu'elle avait passé cloîtrée dans sa chambre, refusant de reprendre contact avec l'extérieur. Puis, la reprise avec le monde, avec de plus en plus de facilités. Même si les gens continuaient à l'insulter, elle n'y prêtait plus autant attention. Elle arrêta de parler, sans avoir terminé. Mais elle n'en avait pas envie, et le courage finalement lui manquait. Il manquait le retour d'Ayane dans sa vie, sa peur des chevaux et son arrivée à l'Académie. Elle regarda Amarylis. Combien de temps avait-elle parlé ? Peut-être dix minutes, à cause de ses phrases coupées. Des phrases trop claires dans sa tête, qui se creusait arrivées à sa bouche. Sa timidité, sa difficulté à parler... Tout cela emmenait parfois l'incompréhension de ses interlocuteurs. Mais elle, avait-elle compris ?
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| Sujet: Re: Raconte-moi ton histoire. Je te dirais quelle est ta voie et qui tu deviendras. [Terminé] Lun 30 Aoû 2010 - 20:44 | | | Elle avait du mal. Enormément de mal à s’exprimer. Pauvre enfant. Qu’avait-elle donc vécu pour avoir les mots si retenus, si emprisonnés au fond d’elle, de sorte qu’ils ne parvenaient pas à sortir sans entrave ? Une enfance difficile. Amarylis n’en était pas surprise. Son passé douloureux, ses maux, se lisaient sur son visage timide, apeuré et méfiant. Le visage. Vestige ici de la cruauté des autres hommes. Des enfants même. Comment pouvait-on être aussi méchant avec une personne ? Surtout avec une enfant ! La rêveuse vit que les lèvres de la jeune fille étaient abimées, déchirées. Elle vit de suite la cause de ces petites blessures : Lehya ne cessait de se mordre la lèvre ! Elle se sentait mal. Pauvre enfant. Qui avait osé lui faire tant de mal ? Et pourquoi ? Pour ses yeux ? Mais une enfant, on en prend soin. Plus encore lorsqu’elle n’est pas comme les autres et qu’elle est sujette aux moqueries ! Une enfant c’est sa chair, un cadeau sublime, c’est une perle en verre, belle, mais fragile ! Elle évoqua l’attaque, touchant sa cicatrice qui lui barrait le visage du côté gauche. Amarylis ferma les yeux, pas par peur de la balafre, mais par désespoir face à l’homme. A quel point l’homme pouvait-il se montrer monstre pour oser toucher une enfant comme Lehya ? La Maitre Rêveuse n’eut aucun mal à deviner les deux personnes qui comptaient réellement pour la jeune apprentie. Cette Lieva, cousine, mais sœur de cœur, et Ayane, rêveuse. Intérieurement Amarylis remercia de tout cœur cette Ayane, qui avait, sans le savoir apparemment, conduit la jeune Lehya jusqu’à elle ! Lorsqu’elle finit son histoire, la Maitre Rêveuse sentit comme une fin inachevée, mais ne pipa mot, respectant l’éventuel silence de son élève. Lorsqu’elle croisa le regard si particulier, et si triste, de la petite brune, elle ne put retenir un geste instinctif. Amarylis prit Lehya dans ses bras, serrant sa tête d’enfant contre son cœur, comme elle aurait bercé sa fille après un cauchemar. Puis elle se recula, un sourire d’excuse sur les lèvres, espérant que la jeune fille n’ait pas pris mal cette attention familière.Je suis là. C’est tout ce qu’elle parvint à lui chuchoter. Promesse d’une présence bienveillante et maternelle pour cette enfant de la vie. Puis elle détacha la bourse en cuir, qu’elle portait à la ceinture de sa robe, et fouilla dedans, en silence, sous les yeux de son élève. Elle en sortit un pot, taillé dans du bois très dur. Elle ouvrit le couvercle, dévoilant ainsi le contenu : une substance grasse et blanchâtre. -Ça ne donne pas très envie, mais… Tu peux t’en enduire les lèvres, cet onguent permet de les apaiser. J’en utilise lors des grands froids, lorsque les lèvres des patients gercent. Ça devrait te faire du bien, et empêcher qu’elles ne se mettent à saigner trop souvent. Elle lui sourit et lui tendit le pot. -Je te l’offre, j’en ai en réserve. Puis elle rangea son sac, le posant à côté d’elle. Elle scruta alors le visage de la fille aux yeux de chat. Elle semblait si fragile ! -Lehya…Je suis plus qu’heureuse de t’accueillir parmi nous, et de t’enseigner le rêve. Cependant, il va falloir que…je te teste. Je veux dire…As-tu jamais eu une manifestation du don du rêve ? Un quelconque détail, le plus infime soit-il, peut s’avérer le début d’un don à développer ! Il me faut savoir ton niveau, pour poursuivre ton enseignement.Devant le regard, un peu paniqué, de son interlocutrice, la rêveuse la rassura de suite.-N’ai crainte, don perçu ou pas à l’avance, tu pourras rester ici et bénéficier de l’enseignement rêveur, Lehya. Certains rêveurs à Ondiane, sont arrivés en ignorant complètement l’existence même de ce don !C’était vrai. Toutefois sans don réel, Lehya ne pourrait être une rêveuse à part entière. Elle serait guérisseuse, ce qui était aussi honorable, mais…Le rêve était un don, comme pouvait l’être celui du dessin. Aussi elle pria la Dame pour que l’enfant qu’on venait de lui envoyer ait ce don, afin qu’elle s’accomplisse. -Donne-moi ta main, s’il te plait, Lehya. L’apprentie obéit, lui offrant sa main menue et quelque peu tremblante.-N’ai pas peur. La rassura la femme aux cheveux bleus.Si Lehya avait le moindre don, elle le sentirait. C’est ainsi qu’Ewen avait fait pour elle, sûr de lui pourtant à cet instant. Il lui avait confié :
-Je l’ai toujours su. -C’est pour ça que vous me regardiez tout l’temps ?-Oui. Je t’observais, de loin. -Mouais. Pas si loin que ça. Il avait rit, sous le charme de cette élève qui au départ ne pouvait pas l’encadrer.
Par la suite, dans son enseignement, son maitre lui avait appris comment discerner le don chez une personne. Un rêveur, assez qualifié, soit vers le cinquième ou sixième cercle, selon le cas, la personne, la condition, le maitre de la personne en examen…C’est d’ailleurs à ce stade que le rêveur devient apte à devenir Maitre Rêveur, pouvant à son tour prendre des élèves. Donc, ce rêveur qualifié, pouvait, par le toucher, chercher et sentir ou non, la présence du don en la personne. Il était d’ailleurs fréquent que cet examen déclenche une manifestation chez la personne oscultée.Amarylis se concentra donc sur cette élève atypique, fermant les yeux. Elle se vida de toutes pensées, de toute émotion, et chercha le cœur du rêve en Lehya. [Pour le don de Lehya, continue la suite, elle doit avoir un déclic, c'que tu veux, mais un truc qui manifeste son don, Ama le sentira Edition à volonté of course!] |
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| Sujet: Re: Raconte-moi ton histoire. Je te dirais quelle est ta voie et qui tu deviendras. [Terminé] Dim 5 Sep 2010 - 20:41 | | | Ca avait été soudain. Amarylis avait pris Lehya dans ses bras. Comme ça, sans prévenir, elle avait outrepassé allègrement la carapace de la jeune femme. Personne n'avait le droit de faire ça. Lehya était complètement destabilisée. Si elle aurait été funambule, elle aurait sans doute chuté, car le temps de réaction avait été trop long. En effet, elle n'avait pas bougé, n'avait pas esquissé l'ombre d'un geste, trop étonnée par le geste de la maître Rêveuse. Puis, le contact l'avait gênée, et elle avait attrapé sa lèvre inférieure avec ses dents. Lehya se recula à l'instant même où Amarylis la lâchait, son visage esquissant un sourire d'excuse. Un sourire que Lehya connaissait bien, pour l'avoir utilisé plusieurs fois. Souvent. Peut-être trop souvent pour que les autres sourires ne soient pas nuancés de celui-là. Je suis là. Une énième promesse, sûrement. On lui avait fait tant de promesses, dans sa vie, qu'elle finissait par ne plus y croire. Je suis là. Cette promesse était pourtant spéciale. On ne lui avait dit cela que deux fois. Et les deux personnes avaient tenu leurs engagements. Et puis, Lehya avait une envie irrationnelle de croire Amarylis. Alors, peu importait le reste... elle la croirait. Et puis, à cet instant, elle était réellement là.
La maître Rêveuse détacha sa bourse de cuir de sa ceinture, avant de chercher quelque chose à l'intérieur. Lehya ne parlait pas, ne voulant pas que sa voix tremble. De toutes façons, elle n'avait rien à dire. Peut-être aurait-elle pu répondre au "Je suis là" de la Rêveuse, mais elle n'osait pas. Pourquoi ? C'était bizarre. Amarylis sortit un pot de sa bourse. Un pot taillé dans du bois, d'après ce que Lehya pouvait voir. La femme aux cheveux bleus l'ouvrit, et ce que la jeune femme vit ne l'attira pas grandement : une pâte presque blanche, qui avait l'air d'être grasse. Mais qu'est-ce que c'était que cette... chose ? Lehya leva son regard vers Amarylis, qui lui expliquait ce que c'était. Pour ses lèvres abîmées, mordues incessament. Elle prit le pot offert, doucement. La maître Rêveuse posa son sac à côté d'elle.
- C'est vrai... ça ne donne pas... envie. Un sourire se dessina sur le visage de Lehya. Merci...
Amarylis se mit alors à dévisager Lehya.
Qu'est-ce qu'il se passait ? Amarylis allait lui annoncer quelque chose d'important. Elle le sentait, elle le savait, sans pouvoir expliquer comment. Mais qu'est-ce que ça allait être ? Lehya ne dit rien, attendant la réponse. Elle devait être testée. Testée ? Un don ? Avait-elle déjà rêvé ? Si jamais ç'avait été le cas, elle ne s'en souvenait pas. Lehya commençait à paniquer. Malgré cela, elle tendit sa main à Amarylis, comme elle le lui avait demandé. Une main quelque peu tremblante. La Rêveuse lui dit de ne pas avoir peur. Puis elles fermèrent les yeux, presque au même instant.
Lehya se plongea dans le fin fond de sa mémoire. Pourtant, elle n'arrivait qu'à se rappeller de la première fois où elle avait rencontré Ayane.
***
- Pauvre petite, pourquoi ont-ils fait ça ?
Ayane pose sa main sur la blessure de Lehya, qui frémit. La douleur est terrible. Elle semble venir de son front, irradiant sa tête entièrement. La main d'Ayane posée sur son visage accentue sa douleur. Elle sent que la rêveuse est en train d'agir. La douleur ne diminue pas et augmente, au contraire...
- Hmm... - Qu'est-ce qu'il se passe, madame ?
La voix de Lieva. Ayane se relève, doucement, en prenant la main de Lehya pour l'aider à se relever.
- T'es bizarre tu sais, mais je t'aime bien.
Et après avoir raccompagné Lieva et Lehya chez elles, Ayane repart.
***
Sa cicatrice se mit à la démanger. Elle retira sa main de celle d'Amarylis, et se mit à gratter les bords de la cicatrice, ne voulant pas la rouvrir. Néanmoins, un peu de sang finit par tomber sur ses cils et laisser une trace dégoulinante sur sa joue. Elle l'essuya avec sa manche.
- Euh, désolée, j'ai retiré ma main...
[Édition à volonté -- J'ai l'impression d'avoir écrit un truc nul qui ne va pas avec ce qui est demandé... Enfin voilà.]
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| | Messages : 231 Inscription le : 30/07/2008
| Sujet: Re: Raconte-moi ton histoire. Je te dirais quelle est ta voie et qui tu deviendras. [Terminé] Dim 19 Sep 2010 - 20:49 | | | CLACK. Le bruit du don venait de faire un bruit assourdissant dans l’esprit de Lehya. Si intense que la jeune fille recula, de même qu’Amarylis, rompant de ce fait le contact. La Maitre Rêveuse comprit de suite pourquoi, ayant déjà vu un cas semblable à Ondiane. Elle sourit, attendant la réaction de son élève quand à la révélation, en quelque sorte, de son don. Mais ce qu’elle n’avait pas prévu fut le sang ! L’élève d’Ondiane avait eu également un déclic fort, et une réaction assez brutale, mais jamais, au grand jamais, il n’avait saigné ! Un filet rouge de plus en plus abondant s’échappait de la cicatrice de la jeune rêveuse, maculant son œil de chat d’un maquillage de rubis. Amarylis n’hésita pas, s’avança sans laisser le moindre choix à Lehya et posa sa main sur sa cicatrice avec douceur. De son autre main elle agrippa le bras de son élève pour l’inciter à rester tranquille. Puis elle se concentra, vidant son esprit de toute pensée. Le rêve déferla à l’intérieur de la plaie, soulageant la démangeaison de suite. Puis il vint lécher les bords, refermant de ce fait en une croute qui tomberait sous peu pour faire place à la trace habituelle. La directrice de la Confrérie se dégagea, et hocha la tête en constatant ton travail réussi, ce dont elle ne doutait pas. Il ne s’agissait que d’un mince rêve.-Ne t’inquiète pas pour cette réaction. C’est tout à fait normal.Les yeux félins de son apprentie ne semblaient pas se suffirent de cette phrase sensée être rassurante.-Chaque rêveur réagit différemment au déblocage du don. Parfois cela fait renaitre la cause pour laquelle la personne a voulu suivre cette voie.
C’était le cas pour Lehya. Elle le savait. -Ce n’est pas forcément agréable, mais…Maintenant tu sais qui tu es.Amarylis posa une main sur le cœur de la petite, la retirant presque aussitôt tant elle sentait que le contact physique rebutait son disciple.
-Tu es rêveuse. Apprentie. Tout juste novice, mais rêveuse.Elle crut percevoir un sourire sur les lèvres de la fille sauvage. La femme aux cheveux bleus s’éloigna un instant dans les rayons, laissant l’aspirante au rêve se remettre de ses émotions. Elle en revint avec un bouquin de taille raisonnable, relié en cuir rouge.-Sais-tu lire, Lehya ? Car ce bouquin est en somme la petite bible des rêveurs, pour bien commencer. Avoir quelques notions…Voyant ses yeux particuliers se poser sur le livre, elle s’expliqua.-Le rêve ne consiste pas dans un apprentissage rébarbatif via des bouquins assomantes, rassure-toi. Seulement ils peuvent aider, et je donne quelques fois quelques…devoirs, lorsque je vois que l’élève à du mal, ou tout simplement au début, pour se familiariser avec les thèmes et le rêve en général. Mais si tu ne sais pas lire, ce qui est fréquent ici ou à l’Académie, n’ai crainte, ce n’est pas grave. Je t’aiderais, ou un autre rêveur le fera.Certes savoir lire était à la limite du nécessaire pour un rêveur. Mais ce dernier pouvait s’en passer, avec beaucoup de travaux pratiques et de discussions avec son maitre. Ewen lui avait appris à lire, afin de faciliter cette tâche, mais préférant toutefois parler avec son élève, plutôt que de la faire constamment lire.-Je peux également t’apprendre à lire, si tu ne le sais pas. Et si tu le souhaites. Le rêve ne consiste pas uniquement dans la pratique. Par exemple, aujourd’hui, tu as suffisamment eu de bouleversements dans ton corps. Nous ne ferons pas de pratique. Pas de suite.Elle crut sentir une légère déception, comme chez tous les élèves qui n’attendent que ça, à leur entrée dans une école. Que ce soit de rêve ou d’une autre pratique.-Mais ça viendra ! Sourit-elle.Bien plus tôt que tu ne le crois. [J'suis désolée, c'est super méga court comme post --" Mais bon...on avance tout d'même, hein ] |
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| Sujet: Re: Raconte-moi ton histoire. Je te dirais quelle est ta voie et qui tu deviendras. [Terminé] Sam 2 Oct 2010 - 16:56 | | | [ Ah ouais, super court, tu me déçois Moi c'est aussi court et ça fait même pas avancer ] Lehya retira sa main, et elle se rendit compte qu'elle avait saigné un peu plus qu'elle ne l'avait senti. Et surtout, le liquide continuait à couler, passant de goutte sur ses cils à trace dégoulinante sur sa joue. Amarylis posa sa main sur la blessure de Lehya, et elle se souvint de son contact avec Ayane. Elle avait tellement mal, à ce moment-là, qu'elle n'avait même pas fait un mouvement de recul, voulant trop que sa douleur cesse. En cet instant, la Maître Rêveuse avait attrapé le bras de Lehya, et elle ne se débattit pas. Déjà, parce que ça ne servait à rien, puis parce que ça aurait sans doute gêné Amarylis, et parce que cette cicatrice ne devait pas être rouverte. Sous peine de refaire un bond dans le passé, qu'elle avait déjà à moitié accompli. Elle n'avait pas pensé aux circonstances dans lesquelles cette cicatrice était apparue. C'était au moins ça. La démangeaison se calma en même temps que Lehya. Elle eut un soupir de soulagement. Néanmoins, elle restait un peu nerveuse, et la phrase d'Amarylis ne suffit pas à la calmer entièrement. Malgré tout, elle se sentait en sécurité et écouta le reste de son discours en silence.La femme aux cheveux bleus posa sa main sur Lehya, la retira presque aussitôt. Elle connaissait déjà une partie du caractère de l'adolescente. Timide, peut-être, mais sauvage. Comme si ses yeux avaient eu leur mot à dire sur son mental. Puis, Amarylis le dit.
Lehya était Rêveuse.
Elle sourit presque. Maintenant, Ayane pouvait revenir la voir. La Maître Rêveuse se dirigea vers les rayons, puis en revint, portant un livre à la reliure rouge. Lehya le regarda, comme si il refermait des légendes. Elle aimait les livres. Lorsqu'Amarylis lui expliqua qu'elle aurait quelque fois à lire, Lehya hocha la tête. Cela ne la dérangeait pas particulièrement, mais certains mots étaient pour elle compliqués à déchiffrer. Elle laissa Amarylis continuer. Elles ne pratiqueraient pas dès aujourd'hui. Lehya préférait cela. Oui, elle avait été assez bouleversée pour le moment. Mais ça viendrait. Évidemment. Puis Lehya décida enfin de parler.- Je sais... lire. J'ai appris... pendant l'année où... je suis restée chez moi.Une année éprouvante, où seuls sa mère, son père et sa cousine étaient autorisés à s'approcher d'elle. Pendant un mois, elle n'avait même supporté que la présence de Lieva. Pendant cette période s'était formé son côté sauvage et timide. Lieva avait toujours fait des comparaisons entre son caractère et celui des chats. Lehya savait qu'elle était loin d'être comme les chats. Elle n'était pas libre, elle n'était pas agile. Elle laissait tout cela aux Marchombres. Elle laissa son esprit vagabonder un certain moment puis revint à l'instant présent. Elle essuya une dernière goutte de sang qui maculait le bord de son oeil puis regarda Amarylis.- Mais... je n'ai lu... que des légendes, et des contes...Si elle tombait sur un mot difficile à comprendre, elle espérait que la Maître Rêveuse serait là. Elle connaissait une infinité de choses, mais cela suffirait-il ? Il y avait sûrement des termes spécifiques qu'elle ne comprendrait pas. Mais ça ne servait à rien de paniquer. Au pire, elle demanderait à un autre rêveur. Mais vraiment au pire, parce que les contacts humains n'étaient pas des plus agréables pour elle. Notamment parce que la plupart des interlocuteurs préféraient regarder les autres dans les yeux. Parait que c'était une marque de politesse. Lehya connaissait les principes... mais de là à les appliquer [ ]Les coussins confortables la dérangeait. Le confort, la douceur, elle n'aimait pas. Elle, ce qu'elle voulait, c'était connaître des obstacles qui lui ferait oublier toutes les peurs de son enfance, qui pourrait effacer toutes ses blessures... Lehya était convaincue qu'il existait en ce monde des combats bien plus difficiles que ceux qu'elle avait déjà du mener. Mais ces obstacles, elle les attaquerait de face, avant d'avoir mal. Elle se mit à observer la femme qui lui faisait face. Lehya se demandait quelles épreuves elle avait subies. Tout le monde subit des épreuves. Elle se demandait aussi qui, ou quoi, avait pu la blesser. Elle avait mal et la fille aux yeux félins le savait. Elle détourna son regard pour le poser sur ses mains.- Vous croyez... que je pourrai... un jour, devenir... mieux ?S'améliorer est un but dans une vie. Lehya devait s'améliorer. En tout, pour le moment. |
| | Messages : 231 Inscription le : 30/07/2008
| Sujet: Re: Raconte-moi ton histoire. Je te dirais quelle est ta voie et qui tu deviendras. [Terminé] Mar 12 Oct 2010 - 19:20 | | | - Je sais... lire. J'ai appris... pendant l'année où... je suis restée chez moi.
Amarylis acquiesça. Ce savoir était une bonne chose pour Lehya et rendrait plus facile son apprentissage.
- Mais... je n'ai lu... que des légendes, et des contes...
Contes et légendes…Plus d’une histoire faisant parti de ce groupe avait émerveillé l’enfance de la rêveuse, et elle fut heureuse de constater que ce devait être également le cas de son élève. Peut-être pourraient-elles un jour discuter de ces inventions qui ont le magnifique pouvoir de vous laisser partir dans des mondes imaginaires et qui vous transforment en un héros vaillant, une princesse guerrière, ou un voyageur en quête de savoir. Peut-être. La Maitre Rêveuse aimait déjà Lehya, mais constatait avec peine que la réciprocité serait très ardue à obtenir. C’était une enfant méfiante et guère sociale. Il serait donc de son rôle de lui donner à nouveau confiance en elle, avant toute chose. Ainsi elle pourrait alors s’ouvrir aux autres. Car si Lehya voulait rêver, il lui faudrait s’ouvrir. Car rêver, c’est offrir son don, donner un peu de soi pour sauver les autres.
La jeune femme sentit alors les yeux félins de son apprentie la dévisager, et particulièrement se poser sur sa marque rouge. Instinctivement, elle rabattit plusieurs mèches sur sa marque, la cachant du mieux qu’elle le pouvait. Depuis l’attaque et les conséquences physiques qui en découlaient, Amarylis n’attachait plus sa longue chevelure bleue, préférant dissimuler sa tempe. Une rêveuse blessée, ça n’inspira pas vraiment confiance. Et puis ça fait pitié aussi. Si elle pouvait cacher tout ce qui lui rappelait les évènements passés, elle le faisait avec entrain. Aussi le regard insistant de la jeune fille la déstabilisa. Que dire à cet enfant ? Que rêveur ou non, il arrive toujours un jour où on cesse de vivre dans les étoiles, et qu’on s’érafle le visage contre les pierres, devant l’image même de la cruauté humaine ? Non. On lui dit de croire au rêve, malgré tout, et de ne pas perdre foi.
- Vous croyez... que je pourrai... un jour, devenir... mieux ?
Elle ouvrit de grands yeux, ne s’attendant pas à cette brutale question. Mieux ? Quelle vision avait-elle donc d’elle-même ?
-Bien sûr !
Que pouvait-elle donc devenir d’autre que rêveuse entre les mains d’Amarylis ? Et puis qu’entendait-elle par « mieux » ? Meilleure dans le domaine du rêve ? C’était certain, elle débutait, mais l’apprentissage était fait pour améliorer l’élève, non ? Meilleure en elle-même ? Dans sa personne ? Comment Amarylis pouvait-elle le lui promettre ? Ce seraient les évènements, ses actes à elle qui la construiraient et feraient d’elle une personne meilleure ou non. Mais pouvait-on devenir meilleur ou pire ? Ne nous contentions pas seulement de changer ? Les autres portaient des jugements sur ce que nous devenions. Mais pouvait-on vraiment définir le pire du meilleur ? Un élève reniant la voie du rêve devient-il pire ? Même s’il n’a fait que s’apercevoir qu’il n’était pas fait pour cela ? Elle en avait eu un ou deux cas ici. Des élèves pensant pouvoir rêver, et puis finalement partant. Mais n’ayant pas passé une année. Ils n’étaient pas pires. Ils s’étaient juste trompés de chemin. Mais s’ils avaient voulu partir bien après, trahissant le rêve ? Ou une autre voie ? Les hommes qui l’avaient attaqué ne s’étaient pas juste trompés de chemin. Ils étaient pires. Mais pires que quoi ? Que qui ? Ils n’étaient pas pires. Ils étaient mauvais. Profondément mauvais. Qu’étaient-ils avant d’être mauvais ? Avaient-ils seulement un « avant » ? Ils le devaient. On ne pouvait pas devenir aussi…on ne pouvait pas devenir « ça » comme cela ! Elle regarda Lehya. Non. Elle ne deviendrait pas mauvaise, ni pire.
-Oui, si tu le veux, tu deviendras…meilleure. Tout dépend de ce que tu veux devenir Lehya.
Tu viens de devenir rêveuse. Tu as déjà changé.
-Chaque pas que tu fais en avant, chaque décision que tu prends te transforme, te change progressivement. Deviens-tu meilleure ? Je ne sais pas. Sûrement. Il serait prétentieux de dire qu’en devenant rêveur on devient meilleur, même s’il s’agit de la voie la plus pacifiste et la plus respectable à mes yeux. Mais…
Mais depuis l’attaque, elle comprenait mieux le sentiment de vengeance et de haine qui pouvait animer les cœurs des hommes. Pour la toute première fois de sa vie, elle avait eu l’envie de faire du mal à un homme, aux hommes, de leur rendre cette douleur autant physique que mentale qu’elle avait endurée. Elle avait souhaitée leur mort. Mais n’avait éprouvé aucun soulagement lorsque Valen les avait décimés.
-…il arrive parfois certaines…choses…
Elle déglutit. Comment lui expliquer ?
-…qui te font comprendre les motivations des autres. Plus ou moins. Et qui…te font remercier la Dame et le Dragon de l’existence de certaines personnes…ou voies…que tu répugnais avant. Et dans…ces cas-là…tu ne sais plus vraiment ce qu’est…l’humanité. Et…ce qui détermine le pire…du meilleur.
Qu’est-ce qui était pire ? Leurs actions sanguinaires, ou sa volonté à elle de les voir tous mourir ?
-Tu dois comprendre cela…mieux que personne, je crois.
La violence faite sur cette enfant n’était certes pas la même que celle sur Amarylis. Mais elle était nourrie par la même méchanceté gratuite et humaine.
-Toutefois, ne te dégoute pas de l’homme. Il existe des gens bons. Et pas uniquement parmi les rêveurs. J’espère que tu en feras vite le constat.
Elle sourit, avec difficulté. Mis à part les rêveurs, elle avait à présent elle-même beaucoup plus de mal à faire confiance aux hommes. Toutefois Locktar avait été là pour elle, malgré son statut de guerrier. Tout homme n’était pas mauvais. Elle ne pouvait s’y résoudre. De même, Valen lui avait sauvé la vie, alors qu’il maniait les armes pour ôter la vie.
-Tu deviens déjà rêveuse. Te sens-tu meilleure ?
La Maitre Rêveuse crut alors comprendre d’où lui venait cette idée de « mieux ».
-Que représente Ayane pour toi ? Est-ce à elle que tu penses lorsque tu parles de devenir « mieux » ? Sache une chose, tu es toi. Toi, Lehya Jinwa, et tu tends à devenir entièrement toi. Tu ne deviendras pas autre, tu ne deviendras pas meilleure dans un sens, car tu es déjà ce que tu dois être. Seulement tu n’as pas encore appris à te connaitre. Et être Lehya Jinwa, c’est quelque chose de très bien. Pourquoi vouloir être mieux ?
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| | Messages : 74 Inscription le : 18/07/2010
| Sujet: Re: Raconte-moi ton histoire. Je te dirais quelle est ta voie et qui tu deviendras. [Terminé] Dim 31 Oct 2010 - 11:31 | | | Amarylis, n'ayez pas peur.
C'est sans doute ce qu'une autre personne aurait dit à la Maître Rêveuse, en entendant les arrêts fréquents et les formes différentes que prenait sa voix, au fur et à mesure de ce qu'elle expliquait à l'enfant aux yeux félins. C'est sans doute ce qu'une autre personne aurait dit à la Maître Rêveuse en percevant son souffle qui s'interrompait subitement et reprenait de plus en plus vite. Mais voilà. Lehya n'était pas "une autre personne". Elle comprenait ce que voulait dire Amarylis et cela lui fit perdre le peu de voix qu'elle possédait.
Elle regarda la femme aux cheveux bleus, se demandant un instant ce qu'elle avait subi. On passe tous par des épreuves. Quelles avaient été les siennes ? Cette interrogation allait-elle revenir souvent ? Lehya s'était déjà posé la question quelques minutes auparavant. La Maître Rêveuse n'était pas fragile, ou du moins, elle ne la voyait pas comme ça. Alors quoi ?
Le sourire d'Amarylis lui apparut, figé dans une sorte d'écrin de douleur et de souvenir malheureux.
Lehya eut un instant l'envie de lui dire que tout irait bien, en voyant cela. Mais elle ne le fit pas, la femme en face d'elle reprenant la parole. L'adolescente regarda un instant Amarylis, étonnée. Elle n'avait pas tout à fait tort, mais pas tout à fait raison non plus. Il allait falloir expliquer. Lehya passa une main dans ses cheveux, la retirant presque aussitôt, se mordilla un peu la lèvre inférieure puis se lança.
- Oui... j'ai pensé à Ayane... Mais je sais... que je ne suis pas elle. Pas plus que... je ne suis vous, ou même... un autre.
Tout cela, oui, elle le savait parfaitement. Mais comment expliquer une vision du "mieux" qu'elle entrevoyait à peine et ne comprenait même pas totalement ? Elle dégagea mécaniquement une mèche qui passait devant son oeil. Ce geste, qu'elle accomplissait quand elle réfléchissait, n'était pas tout à fait conscient mais il reflétait une partie d'elle : si ta vision est troublée, ta réflexion le sera aussi. Dans ce cas, deux possibilités : fermer les yeux ou faire place à son regard. Généralement seule dans ces moments, elle choississait la deuxième option.
- Disons que... Le "meilleur" ce serait...
Réussir à parler, normalement, tenir une conversation. Ne plus avoir peur de se tromper. Prendre des initiatives. Arrêter de s'excuser sans arrêt alors que rien ne s'est passé. Et tant d'autres choses encore, qui faisaient partie du caractère de la jeune femme, qu'elle aurait voulu voir disparaître, pour laisser place à... quoi, exactement ?
- Je voudrais... qu'on me voit... telle que je suis. Pas comme... j'apparaîs...
Elle sentit une larme rouler sur sa joue, alors même que sa voix avait si peu tremblé. Les gens s'arrêtait trop souvent à l'apparence, et cela, elle en avait eu la preuve. Elle essuya, presque rageusement, la perle scintillante sur son visage. Il n'y avait plus de place pour les larmes, chez elle. Elle ne voulait pas qu'on ait pitié d'elle, ou qu'on la protège et qu'on la rassure.
- Je voudrais... devenir plus forte...
Cette fois-ci, Lehya avait entendu les sanglots dans sa propre voix. Elle baissa la tête, cachant son visage à Amarylis. Non, sérieusement, pourquoi lui parlait-elle de tout ça ? De ses buts, ses projets ? Tout cela lui appartenait, et elle n'avait confié tout ça qu'à Lieva. Même Ayane n'en savait rien. Elle releva la tête, brusquement. Ce n'était pas en fonçant tête baissé qu'elle arrivait à ses objectifs. Quand on a les larmes aux yeux, le mieux est encore d'en rire, quelqu'en soit la raison. Et au moins, ne pas se laisser submerger par des émotions inutiles.
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| | Messages : 231 Inscription le : 30/07/2008
| Sujet: Re: Raconte-moi ton histoire. Je te dirais quelle est ta voie et qui tu deviendras. [Terminé] Mer 1 Déc 2010 - 20:33 | | | - Oui... j'ai pensé à Ayane... Mais je sais... que je ne suis pas elle. Pas plus que... je ne suis vous, ou même... un utre.
Amarylis hocha la tête, heureuse de voir que l’enfant ne se fourvoyait pas. Nous ne sommes pas autres. Il est déjà si compliqué d’être nous-mêmes… Toutefois Lehya avait énormément de mal à s’exprimer, la rêveuse le voyait. Peut-être était-ce cela qu’elle voulait de « mieux ». Pouvoir s’ouvrir aux autres, ne plus reculer lorsque son maître approche une main avec affection, ne plus bégayer, regarder les autres dans les yeux, arrêter de mordre ses petits lèvres sanglantes…
Petite la femme aux cheveux bleus était déjà très sociale, voire trop. Enfant incorrigible, qu’il fallait tenir, retrouver, maintenir. Mis à part avec Ewen. Elle avait eu beaucoup de mal à faire confiance à son maître, malgré l’admiration remplaçant la haine ressentie lors de sa vie dans les caravanes. Comme quoi, les sentiments changeaient du tout au tout. La haine est bien plus proche de l’amour, qu’on ne le croit.
- Je voudrais... qu'on me voit... telle que je suis. Pas comme... j'apparaîs...
La Maitre Guérisseuse se demanda alors comment elle pouvait bien apparaitre. Apparaissait-elle comme une adulte sans famille, perdue, qui s’est laissé dépasser par le temps et qui a cru bon de tout abandonner en partant à Ondiane? Une femme seule, pourtant entourée de monde à Eoliane et à l’Académie, mais seule. Sans famille, sans homme ou femme à aimer, sans enfant. Et sans maître, sans Ewen. Plus le temps passait, et plus l’absence de son mentor lui pesait. Comme si elle ne le reverrait plus jamais, comme le déploraient leurs derniers mots. « Je reviendrais ». « Non ». «Je reviendrais ». « Tu reviendras ». Elle n’était pas revenue. Tout comme elle n’avait jamais rendu visite à son père, sa mère et sa sœur. Faible. Elle était une femme faible. Entièrement dévouée au rêve, et entièrement seule. Elle pensait qu’avoir Eoliane comme famille lui suffirait. L’attaque et le coma lui avait grandement ouvert les yeux. Qu’avait-elle donc fait en trente ans ? A part rêver seule ? Elle se promit de faire en sorte qu’aucun de ses élèves ne fasse la même erreur.
Une larme roula sur la joue de son élève, et Amarylis ne put rien faire, sachant la nature sauvage de la jeune fille.
- Je voudrais... devenir plus forte...
Alors surtout ne t’isole pas aux autres. Seul on est toujours faible. Comment lui dire ? Comment lui expliquer que son propre maitre et directeur de sa confrérie avait ainsi raté sa vie ? Une partie de sa vie. S’il était encore temps pour Lehya, pourquoi pas pour elle ?
-Devenir plus fort s’apprend avec le temps. Mais il ne faut pas en abuser non plus. Le temps ne se maitrise pas, et bien souvent c’est lui qui nous manipule et nous fourvoie.
Amarylis avala sa salive avec difficulté. Qui aurait cru qu’un simple entretien avec une enfant lui fasse ressurgir autant de pensées douloureuses ?
-Devenir plus fort vient avec les épreuves. Je suis loin de te les souhaiter, mais elles sont inévitables, malheureusement. Dis-toi juste qu’elles te forgeront, malgré les innombrables que tu as déjà enduré. Et puis…
Le plus important. Ce que tu ne dois jamais oublier si tu ne veux pas regretter comme je le regrette.
-Ne reste pas seule. N’abandonne pas tout, Lehya. On ne devient plus fort, plus…nous…qu’en étant accompagné sur notre chemin. Pas seulement par un maître ou d’autres rêveurs, mais par une famille, des amis, des personnes qui comptent pour toi et qui tiennent à toi comme à leur prunelle de leurs yeux.
Les mains de la rêveuse s’agitaient sur sa robe, plissant le tissu, s’agrippant, se déliant, s’agrippant à nouveau… A quel point avait-elle fait souffrir sa famille par son absence et son silence ? A quel point sa sœur devait-elle lui en vouloir pour des promesses non tenues ? A quel point s’en voulait-elle de tout cela, de tout ce temps passé trop vite ?
-Tu ne dois jamais regretter. Au grand jamais. Arpente la voie, dévoue-toi à la voie, mais n’oublie pas ce qu’il y a autours. Surtout pas ceux qui sont autours.
Ne fais pas la même erreur que moi. Lehya l’écoutait depuis déjà un moment. Amarylis jeta un œil à l’horloge, et surprit encore à quel point le temps pouvait passer vite. Elle soupira, au piège de ce qu’elle ne pouvait contrôler et de ce qui l’angoissait à présent, elle, d’ordinaire si sereine.
-On sous-estime bien trop le temps. Il nous fait défaut.
Elle se leva, doucement, évitant du mieux qu’elle le pouvait se réveiller la blessure au flan.
-Va, tu es libre pour l’instant. Nous commencerons les cours plus tard. Balade-toi, découvre Eoliane, fais connaissance si tu le désires, ou écris une lettre à ta famille.
Elle se contenta de lui serrer sa petite main, consciente que c’était amplement suffisant de son côté.
-Je te ferais contacter pour ton premier entrainement. Repose-toi bien Lehya, et vide un peu ton esprit la nuit venant. Je ne l’ai que trop rempli aujourd’hui.
Elle lui sourit, s’excusant de cet entretien peu joyeux. Puis quitta la bibliothèque, réellement tourmentée pour la première fois de sa vie.
[Je termine le poste ici, à toi de voir si tu veux répondre ou non. Sauf si tu veux vraiment continuer ou non, j’pense que ce n’est pas nécessaire. Autant avancer ailleurs ! J]
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