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 Titre du sujet (RP terminé)

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Elera
Elera

Marchombre
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MessageSujet: Titre du sujet (RP terminé)   Titre du sujet (RP terminé) Icon_minitimeSam 14 Fév 2009 - 3:24

La larme glissa lentement sur la courbe de sa joue avant de s’y figer. Elera, assise par terre, les jambes pliées devant elle avec ses bras autour, ne fit pas un geste pour l’effacer. Elle en laissa couler une deuxième, puis une troisième. Aveuglée, le lac qu’elle savait se trouvait devant elle lui devint invisible, mais elle pouvait toujours entendre les infimes vagues se déposer délicatement sur la rive. Cela faisait plusieurs années qu’elle n’avait pas pleuré, mais de nouveau elle sentait les larmes inonder son visage, et elle ne fit rien pour les effacer, ballotée par le chagrin. Elle savait que cela ne changerait rien, mais se laisser aller ainsi lui faisait du bien…

Elle déglutit. Elle savait qu’à sa gauche, elle trouverait le cadavre du renard immobile, mais elle continua à fixer un point droit devant elle sans le voir, refusant de cligner des paupières. Igashu. Elle l’avait appelée Igashu, tellement de temps plus tôt, et pourtant seulement la veille, du moins il le lui semblait… Elle se souvenait avoir plongé son regard d’améthyste dans ceux joyeux du petit aventurier, elle se souvenait de la boule de poil qui courrait partout, et puis de la nourriture ‘empruntée’ à la cuisine, dans laquelle elle n’avait plus jamais remis les pieds. Elle se souvenait de sa première erreur, lorsqu’elle avait offert le morceau de jambon sans le mâcher, et le regard étrange que Tinuviel lui avait lancé. Et puis Ozalée aussi, plus calme, reflet féminin de son renardeau. Elle se demanda fugitivement où celle-ci pouvait bien se trouver, mais ses pensées revinrent se fixer sur Igashu.

Quand elle était arrivée sur la rive du lac avec son visage calme, les charognards plantaient déjà leur bec dans son sang. Ils s’étaient envolés à son approche, et elle avait pu reconnaître le renardeau qu’elle avait nourri et sauvé avant qu’il ne puisse se débrouiller seul sur son territoire… Elle ne savait même pas comment il était mort ; sûrement pas de causes naturelles, il était trop jeune pour ca. Combien, déjà, deux ans, un peu plus ? Le temps avait toujours été l’une des idées qu’elle avait le plus de mal à agripper. C’était hier, c’était aujourd’hui, c’était dans un autre monde, c’était dans un autre temps, c’était dans le même temps que ses courses dans les montagnes et ses cours à l’Académie, ou peut-être en parallèle. C’était dans le présent, c’était dans le passé. C’était Maintenant. Mais selon ce qu’elle avait appris, le cadavre devait être vieux d’au moins une journée, au vue du corps glacé et rigide ainsi que du travail morbide des vautours, mais pas beaucoup plus. Leurs coups de bec l’empêchaient même de savoir s’il avait été attaqué… Il était né, il avait grandi. Et à présent, le cycle s’était refermé.


*Il a vécu, au moins.*

Alors pourquoi n’arrivait-elle pas à arrêter de pleurer en silence ? Pourquoi refusait-elle que sa mort donne la vie à d’autres, alors que c’était ainsi que Tout redevenait une partie du monde ? Elle l’avait nommé, elle l’avait vu grandir, elle lui avait redonné sa liberté. Mais c’était fini, à présent, fini comme cela devait finir. Et son corps lui rappelait étrangement ceux des Raïs sur le champ de bataille, ceux des hommes percés par des flèches qu’elle avait vu au cours de sa courte mais longue vie. Elle contempla à nouveau celui de Silhila, qui s’était suicidée bien auparavant, et qui ne devait pas restée dans l’esprit de beaucoup de monde, à présent… Sya la connaissait, mais Elera ne pouvait penser à aucun autre élève qui avait été présent à l’enterrement de la guerrière. Elle repensa ensuite à celui d’Eryn et des autres élèves, qu’elle ne connaissait pas vraiment mais qui avait vécu à ses côtés, eux aussi. La mort était partout, et elle l’avait toujours accepté. Toujours accepté que d’une seconde à l’autre, elle pouvait ne plus être et laisser tous ses rêves derrière elle. Mais cela ne lui avait jamais fait peur ; après tout, quelle importance ?

Elle n’était pas morte, elle vivait dans le présent, et elle n’avait aucune raison de penser à un futur intangible, puisqu’elle vivait. Et pourtant, le trépas d’Igashu faisait frémir tout son corps. Oui, elle avait vu la mort… Mais toujours de loin. Sa sœur était vivante. Silind avait survécu. Tous ses élèves, ses raïs et ses bandits, elle ne les connaissait pas personnellement. Même Silhila n’avait pas été une amie assez proche, elle venait à peine d’arriver… Marlyn était vivante aussi, même si elle avait frôlée de tomber dans le noir et qu’elle avait partagé sa douleur avec Elera. La lotra posa sa main sur son œil, gémissant. Mais ca non plus, ce n’était pas la mort. Il y avait la douleur, la peur, les regrets, les espoirs et les désespoirs. Il ne restait plus rien dans le corps qui gisait sur la rive. Il était peut-être renard et non pas humain, mais il était l’être le plus proche qui avait disparu aussi radicalement de sa vie. Même si cela faisait un an qu’elle l’avait laissé partir, elle avait partagé quatre saisons de sa vie à faire en sorte qu’il puisse devenir indépendant… Quatre saisons de pur bonheur, de sourires alors qu’il sortait de la tanière en s’éloignant un peu pour la première fois, suivie peu après par sa sœur plus prudente. Quatre saisons de jeux, de chasse, et de découverte ; ils étaient plus différents des loups qu’elle ne l’avait d’abord pensé… Quatre saisons à les élever. Tout ca pour quoi ? Pour qu’elle se retrouve ici, sur le lac, avec des piafs géants qui lui donneraient le tournis à force de faire des cercles au dessus de sa tête, si elle avait pris la peine de sécher et de lever ses yeux.

Elle devrait partir, laisser le corps au sort réservé à chacun. Elle devrait garder en mémoire son âme d’aventurier de jeune renardeau, au lieu des miasmes de la mort sur un pelage rêche. Elle devrait. Elle ne bougea pas. Les seuls mouvements de son corps étaient ses perles salées qui continuaient à couvrir ses joues, son nez, ses lèvres. Même le vent s’était tu, ne jouant pour une fois pas avec ses mèches sauvages. Son cœur battait à une lenteur exaspérante, et encore elle restait immobile, ne clignant même pas des paupières, respirant à un rythme si léger qu’il était presque imperceptible. Elle resta ainsi longtemps, ne réagissant ni à l’odeur méphitique qui lui caressait les narines, ni aux cris aigus des charognards, ni au froid qui s’installait tranquillement alors que le soir s’approchait. Elle devrait rentrer, elle ne le ferait pas. Les tigres des plaines et les mercenaires pouvaient bien venir se promener dans les environs, cela ne lui faisait ni chaud ni froid.

Ses mains commencèrent à trembler ; elle ne réagit pas. De toute façon, personne n’était là et si on la découvrait ainsi, cela ne changerait pas grand chose. Ils pouvaient bien penser ce qu’ils voulaient, cela ne pourrait pas la sortir de son immobilité tellurienne. Mais comme elle était seule, elle n’avait même pas besoin de s’en préoccuper… Pensée troublante qui lui fit soudain prendre conscience d’un bruit dans son dos. Pas encore assez humaine pour rester de marbre, ses instincts de survie prirent le dessus, comme ils le faisaient étonnement de plus en plus souvent en ce moment, pour une raison sibylline qu’elle n’essayait pas de comprendre. Un instant plus tard, elle était debout en position de défense, battant furieusement des paupières pour se débarrasser de l’eau qui l’aveuglait.


Alasa
Alasa

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MessageSujet: Re: Titre du sujet (RP terminé)   Titre du sujet (RP terminé) Icon_minitimeDim 22 Fév 2009 - 21:33

-Casse-toi.

Voix au timbre plutôt grave et un rien éraillé, vibration inhabituelle de cordes vocales usagées, registre humain, délicieusement humain à en vomir. Le crépuscule, son heure, aidant, la louve ne paraissait pas particulièrement impressionnée et, de ses yeux bruns comme de son sourire ironique, toisait calmement l'adolescente placée à distance respectueuse. Ou plutôt distance idéale, puisque la première l'avait fixée d'elle-même en s'approchant doucement, empreintes au velours crissant parcourant les lignes dessinées invisibles du territoire de sa probable meute. Décidément, il y en avait des grands chiens sauvages à proximité du bastion merwynien, à croire que sa réputation d'espace fusionnel et lieu de passage entre univers se trouvait avérée. La femelle était grise, un gris sali de sudation et encore brûlant du soleil d'été qui agonisait à peine. Par hasard, les arbres s'étaient ouverts sur elle et, peu pressée, l'éclat mystique de ses prunelles avaient capté le noir et blanc d'une silhouette bipède. Tentée de répéter son injonction pour le simple plaisir morbide d'entendre sa propre voix définitivement fausse, Alasa se contint et agressa l'animal du regard, ce qui eut pour seul effet de faire fuir une des oreilles triangulaires vers l'arrière. Hop, un bruit vespéral sans doute. Qu'elle s'en aille, bientôt le couvre-feu et l'heure plus aux détours, quoi, une louve sur le chemin du retour ? L'adolescente se sentit soudainement aussi lasse que le maître marchombre, quelques jours plus tôt. Déjà fatiguée d'être humaine, de ne plus penser que par ça et de se détruire petit à petit, cyniquement et efficacement. Puis sans raison apparente, la saleté de chose à fourrure se mit à grogner, dérobant par là même le même son douloureux que la jeune fille retenait enflé dans sa gorge; le souffle coupé, partiellement vide, la jeune fille en question manqua débrider sa fureur difforme et n'eut plus qu'une faim: lacérer l'animal à coups de branche, de sabre, d'acier, de n'importe quoi, arracher mâchoirement parlant cette oreille tournée ailleurs vers derrière et nulle part, atteindre par les ongles ces yeux luisants et globuleux et hurler comme une dague sur un mur de pierre, demeurer immobile, hystérique et.. mais bien sûr. Un vif mouvement du bassin, une pierre de la taille d'un poing projetée sous la voûte des pins et la louve s'effaça comme un délire. En plus impitoyablement doux. L'humaine resta silencieuse quelques secondes puis s'engagea à sa suite, suivant al contrario le sentier qui la ramènerait derrière les portes sécurisantes de l'Académie -il y aurait déjà le lac à longer, moment qui coïnciderait sans doute avec la tombée du jour. Ah, l'éternel miroir et sa pérennité ridicule. Et diaprée, un peu.

*

Alasa venait d'avouââr dix zouitaaan avait désormais dix-huit ans, ne le savait pas, s'en foutait pas mal et était élève à l'Académie, oui, cette fameuse Académie où tout revenait toujours. Son inévitable poignard deux, le retour prenait la poussière quelque part au niveau de l'armurerie -puisque les armes étaient interdites dans l'enceinte du bâtiment, paradoxe en ces temps éternellement troubles- et l'uniforme n'allait pas à son long corps maigre. A qui pourrait-il aller, d'ailleurs, cet assemblage hétéroclite de tissus pompeux ? Les bottes noires retournaient la terre, la chemise blanche s'usait en quelques heures, le bleu nuit de la tunique était tout simplement dérisoire et le pantalon.. l'élégante robe sombre de noble devenue haillon avait brûlé avec sa saleté profondément incrustée et son odeur d'arbre-folie, et tandis que la lueur de l'âtre discret se consumait, la jeune fille se sentait irrémédiablement engluée à son identité d'emprunt, ce pantalon glacé qui suivait la moindre esquisse de ses jambes, lui imposant une mouvance plus libre mais tellement insidieuse, glissé tout contre sa peau. Elle s'était rendue dans la salle d'eau, il y a quelques jours, l'eau du bassin l'avait brûlée et sa chaleur létale raclé la fange, débarassée des peaux mortes et donné au liquide une teinte saumâtre. Ses parasites noyés, la toison emmêlée qui lui servait de chevelure et descendait maintenant au bas des reins en un ensemble inextricable s'était vue raccourcir de moitié à l'aide d'une espèce de couteau expressément emprunté aux cuisines. Ca ne suffirait sans doute pas pour éliminer d'un coup les minuscules bestioles grouillantes qui avaient pu s'y installer, mais.. allez, plonger la tête sous les longs noeuds bruns ondoyant à la surface et oublier un peu, ou plutôt se réveiller, lucide pour une fois.

*

Puis le lac déjà noir quand le crépuscule se nommait à peine. Une différence tout de même perceptible face aux autres saisons: l'été laissait au couchant quelques rayons prisonniers de la surface, lui. Et puisque malgré le temps il restait son miroir aux alouettes, Alasa y croisa prudemment son reflet brouillé; ne reconnut pas en ces frasques étranges, cette obsidienne au doigt, ce teint propre et pâle et ces cheveux mi-longs qui que ce fut. Pas grave. L'eau trouble jouait à la perfection son rôle cabalistique; l'adolescente y crut soudain déceler une image de ces passages ouverts aux dessinateurs seuls, l'imaginaire qu'elle se faisait des Spires, aussi borné fut-il. Même la fameuse Arche d'Al-Jeit vint un instant danser aux profondeurs de la surface, par l'intermédiaire des traits couchants. Vaguement dégoûtée, la jeune fille reprenait sa marche-retour lorsqu'un mouvement quelque part dans le ciel capta son attention. Un vol de rapaces cerclés du gris-mauve de l'éther. Sans doute des charognards. Le lieu du crime se trouvait sur le chemin, de toute manière.

L'apprentie mercenaire fut accueillie par les battements d'ailes avides des emblèmes vivantes de la maison-obsidienne. La proie ? Un jeune renard brun dont le corps lacéré laissait apercevoir l'oeil crevé, les membres roides, la fourrure poisseuse d'un sang noir. Les oiseaux, un instant mis en fuite par son arrivée, revinrent immédiatemment à la charge et en voyant leurs becs chaotiques se disputer les chairs, l'image de Marlyn et du cadavre de l'homme pâle s'imposa. Très peu de temps: Alasa n'avait pas faim et surtout, un souvenir autrement plus lointain venait d'émerger à son tour par la vision de longues mèches rousses, d'un regard perdu et sauvage, d'un réflexe purement animal.. Oh. Pas possible. Bien qu'encore trop maladroite pour la manipuler, la brune connaissait l'ironie de vue et la situation en était un exemple si patent qu'elle manqua lâcher un rictus équivoque. Le crépuscule, les rives du lac, l'été, les lueurs noyées au prisme de l'eau, une fille agenouillée sur le sable brun de la rive et qui, surprise en plein désarroi, se relevait vivement et prête à la défense, la chevelure en désordre et des larmes accrochées aux cils. Ma foi, voilà qui empestait le déjà-vu avec option échange de rôles, ce qui n'était pas plus mal. Lui fallait-il faire semblant de savoir écrire et tracer n'importe quoi sur le sol ? Finiraient-elles assises à hurler avec les renards, puisque l'animal-totem de la rencontre était plus roux que brunâtre ? Ah, cette fois il était mort. Et la louve croisée tout à l'heure, une autre plaisanterie de la Dame qui décidément avait l'humour douteux ?
Bon. Passer sans plus d'un regard, impossible. Demeurer impassible ? Bien sûr, nul besoin de simuler. Il s'agissait juste de se méfier. Elera, dont j'ai immédiatement recherché le prénom et évitée avec succès jusqu'à présent, Elera qui doit penser qu'elle ne reste que Nirvelli, par prudence et.. oh, de toute façon c'est elle la plus pitoyable, actuellement. Et qu'est-ce que je fais maintenant ? J'me suis déjà lavé les cheveux.

Saisie d'une soudaine inspiration et malgré le mépris que lui inspirait celle dont autrefois les yeux lui avaient si souvent parus lénifiants, l'adolescente tendit lentement la main et baissa la tête, n'oublions pas que pour contrer la société Elera est petite tout en lui adressant un sourire ambivalent genre Light en mode discrétion aabsolue mais ouvertement amusé. Amèrement amusé. Non, ne pas parler, c'eut été conforter sur-le-champ la rouquine dans les réserves farouches qu'elle ne manquerait sans doute pas d'avoir.


[Oui, j't'ai pas laissé beaucoup de matière pour répondre Rolling Eyes tant pis, débrouille-toi]

Elera
Elera

Marchombre
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MessageSujet: Re: Titre du sujet (RP terminé)   Titre du sujet (RP terminé) Icon_minitimeMer 25 Fév 2009 - 0:29

Tinuviel.

Le visage d’Elera montra une surprise aussi grande que le ciel vespéral qui les dominait. Tout d’abord, parce qu’elle avait presque oubliée la fille des loups, depuis le temps. Et si, à l’époque, elle n’avait pas doutée que leur route se recroiserait éventuellement, elle avait rarement pensé à elle pendant tout ce temps. Très rarement. Elle aurait tout aussi bien pu être morte. Deuxième cause de sa surprise : Tinuviel était presque impossible à reconnaître. Déjà, ses cheveux étaient beaucoup plus courts, et soyeux même Tu n’as qu’à te les teindre avec un champignon, s’ils sont déjà lavés, il doit bien y en avoir un sur la rive du lac. Oh, et teinture d’un brun-châtain-blond-crâde-normal, hein, pour pas rester dans les normes . Elle était propre des pieds à la tête, aucune terre n’était bloquée sous ses ongles, la poussière ne masquait plus à moitié son visage… Elle aurait pu être une Alavarienne comme une autre, si ce n’était pour ces yeux toujours sauvages, cette démarche animale, cette façon de se mouvoir qui hurlait Liberté. Et, dernière raison de son choc et comble final, Tinuviel portait l’uniforme de l’Académie…

Qu’est-ce qu’elle faisait là ? Est-ce que c’était vraiment elle ? Non. Ce n’était tout simplement pas possible. Ce ne pouvait pas être la jeune fille qui, complètement dans son élément lorsqu’elle se trouvait dehors, ressentait le plus grand malaise à simplement entrer dans une cuisine. Qu’est-ce qu’elle faisait dans ses vêtements ? Qu’est-ce qu’elle faisait avec des gens ? Qu’est-ce qu’elle faisait à l’Académie ? Et qu’est-ce qu’elle faisait ici, sur la rive d’un lac bien connu qui avait vu la même scène trois ans auparavant ? Elera fixa les traits de son visage, sa silhouette, sa main tendue, le pas caractéristique qui s’enfonçait dans le sable humide. C’était bien elle, aucun doute possible. Même énergie… La fixant encore, dans les yeux cette fois, sa voix tremblante se brisa sur le zéphyr.


- Pourquoi es-tu ici ?

Ironie, quand tu nous tiens… Elera ne remarqua même pas qu’elle avait posé la même question qu’Alasa lors de leur deuxième rencontre, et sur le même ton agressif qui ne l’était pas vraiment. Non, le peu de mots échangés une éternité plus tôt étaient très loin de son esprit. Tout avait changé depuis, après tout, pourquoi imaginerait-elle que le même poignard les réunirait à nouveau ? Elles s’étaient rencontrées sous la tristesse, quittées sous les étoiles, rencontrées dans une nouvelle situation impossible, quittées sous le mépris, et les revoilà de nouveau à leur point de départ. Pas possible. Elera en oublia presque Igashu ; presque. Maintenant qu’elle savait que celle qui arrivait derrière elle n’était ni un ours élastique ni un guerrier qui lui cherchait des ennuis, elle se relaissa tomber par terre et cligna des paupières, de nouvelles larmes coulant sur ses joues. Elle n’avait que faire du sourire de Tinuviel, de sa main tendue dans un geste ambigu. Elle voulait juste… juste…

Qu’est-ce qu’elle voulait ? Elle ne savait même pas. Sa main passant dans les poils rêches du cadavre du renard, elle savait qu’elle ne voulait pas qu’il vive. Son temps était venu ; elle ne combattait pas la mort ni aucune autre force, elle les suivait, dansait avec elles, passait à portée de main puis leurs riait au nez avant de s’éloigner. Ou pleurait au nez, plutôt. Elle ne voulait pas qu’Igashu reste immobile, non plus… Peut-être simplement dériver sur un océan de tristesse, se noyer dans sa peine… seule. Ou pas ? Tinuviel aussi avait sauvé les renardeaux d’une mort certaine, et si elle ne les avait pas nourris comme Elera l’avait fait, elle en avait nommé un. Mais cette cérémonie sauvage avait-elle laissé la moindre trace dans le cœur de la nouvellement Corbac, ou n’avait-elle été qu’une journée repoussée d’un geste de main énervé ? Elle croisa son regard, essayant de deviner ce qui avait bien pu se passer depuis toutes les saisons qui s’étaient écoulés, essayant de deviner qui lui faisait face, mais elle n’y arrivait plus ; c’était comme si la fille des loups étaient une personne intégralement différente. Oh, elle n’avait jamais su qui était vraiment Tinuviel ; rien de son passé, rien de sa vie, rien de ses allégeances, si seulement elle en avait, ce dont Elera doutait profondément. Et pourtant, elle avait intégré l’Académie, s’était mis de plein gré sous le règlement des hommes… Concept incompréhensible. Si Elera voulait comprendre sa race et cherchait à finir son apprentissage de marchombre là-bas, quelle raison pouvait bien avoir Tinuviel ? Si même la solitude caractéristique de la Fille du Crépuscule avait disparu sous le déguisement de tous les élèves de Merwyn, que restait-il ? La question mourut dans l’air, aucune réponse ne venant frôler l’esprit de la lotra.

Il est mort.

Elle aurait voulu prononcé cette phrase, connaître la réaction que causeraient ses mots ; savoir si Tinuviel partageait son chagrin, ou si elle n’était qu’une étrangère. Elle ne dit rien. Ces trois mots étaient une évidence que le silence criait plus fort qu’elle ne le pourrait jamais. Et même si ce n’était pas le cas, elle aurait été incapable de prononcer quoique ce soit, avec la boule qui lui nouait la gorge… Elle avait conscience d’être pathétique ; Ena le lui aurait dit, Valen aussi. Ce n’était qu’un renard. Et la seule qui pourrait comprendre qu’il n’était pas qu’un renard se trouvait juste à côté d’elle, un sourire mièvre aux lèvres. A moins qu’elle ne soit déjà partie. Ou à une journée à vol de Dragon de là ; autrement dit, de l’autre côté de Gwendalavir. Comment savoir ? Quelle importance ? Cela ne changerait rien. Il serait toujours mort, elle serait toujours assise les yeux dans le vide. Et là, c’est le moment où les vers de terre arrivent.

Elle sursauta. Allez, après la noyage et l’avalanche de la dernière fois et les larmes de la première, il fallait bien qu’un autre désastre leur tombe dessus maintenant… Un cadavre, ca ne suffit pas. Les corbeaux, vautours, charognards et autres piafs s’envolèrent soudain en un concert de Thiéfaine bruissement d’ailes et de coassements. La terre se mit à vibrer juste après qu’Elera eut pressenti le séisme qui arrivait. Les arbres commencèrent à trembler, les vagues du lac enflèrent pour venir lécher la rive un peu plus haut… Un tremblement de terre. Il fallait se mettre à l’abri, si un arbre leur tombait dessus… Il fallait. Lorsqu’Elera remarqua la vague qui s’apprêtait à emporter le cadavre, elle se jeta en avant au lieu de partir en arrière, essayant d’attraper le corps et disparaissant à sa suite dans un tourbillon d’écume. C’est parce qu’elle ne s’était pas lavée les cheveux, elle.

Et Tinuviel n’avait même pas eu le temps de répondre à sa question.


[La fin est vraiment n’importe quoi… ben débrouille-toi aussi Smile]

Alasa
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MessageSujet: Re: Titre du sujet (RP terminé)   Titre du sujet (RP terminé) Icon_minitimeSam 14 Mar 2009 - 23:11

[Réaction primesautière en relisant ton dernier paragraphe: with hands held high into a skyy so blue, the ocean opens uup to swallow youu Arrow Enfin breef.]


Maintenant, Alasa se rappelait avoir recroisé Nirvelli sous forme d'émanations neurologico-chimiques, un soir où la fièvre causée par le dégel plus que par le vent de la liberté l'avait abattue sans signes avants-coureurs au milieu d'une étable de siffleurs où elle cherchait un abri vespéral, ou exemple de désagrément qu'on peut trouver à préférer le vagabondage à la vie d'anachorète -là n'étant pas le sujet. Ce songe surnageait doucement, sans doute grâce au rôle mnémotique joué par une Elera cerclée de liquide; oui, ce devait être cela. Le début ? Trop net pour qu'il demeure. Des teintes vives, effarantes d'imprécision parfaite et une trame oblitérée par la conscience relative de la température exponentielle. Lorsque la fournaise interne eut emmuré tout ce qui n'était pas du domaine du ça, moi et surmoi onirique, les réminiscences se faisaient aussi précises que peut l'être un mot intrinsèquement confus: un paysage difficile à fixer, s'étiolant et s'encrant de lui-même au fur et à mesure des différents changements d'état de l'être en formant le centre. Une forêt au départ, ou peut-être une plaine, parfois des sommets, des murs et souvent rien d'identifiable. En réalité la chose n'occupait pas le milieu de cette scène ambigüe, prostrée à la limite du champ de perception mais l'intégralité des lignes de construction de l'espace -tableau mal esquissé- convergeaient dans sa direction. A moins que ce ne fut l'éclat roux qui attirât l'attention dans ce mélange de bruns grisâtres ? La femelle était nue à poil Elera et d'un blanc fiévreux; serrant fermement ses os charnus, recroquevillée dans sa crinière rouge, elle dormait. Ou pas. Le long de la nuit cloisonnée s'écoulait une eau visqueuse, bleu saumâtre gouttant en suspension aussi naturellement que possible, fleuves inquiétants et réduits également attirés par la chose inconsciente. Les mèches réalgar avaient sans doute fini par se confondre à l'avancée sinueuse du liquide puisqu'il parut finalement logique qu'elles serpentent au rythme de la même onde pathologique. L'Alasa du rêve, perçue de l'extérieur et qui jusque là se contentait d'observer l'être qu'elle cataloguait confusément comme Nirvelli lui tourna soudain le dos et, prise de ces envies absurdes que le sommeil gouverne, frappa quatre fois la terre de sa botte droite -et, bizarrement, jaune. La roussotte dressa la tête -non, sa tête se retrouva levée- et, bien qu'étant toujours de dos, la brune contempla en silence deux yeux intégralement noirs, des dents déchaussées et un corps à la pilosité si développée qu'on l'eut plutôt désignée comme fourrure; la fille n'avait plus d'humain que la laideur et l'éclatante nuque qui se fondait toujours à l'eau, eau désormais turbide et collante. Plus tard, le songe était une peinture mouvante. L'intérieur d'une élégante résidence au charme désuet, aurait jugé quiconque avait une petite expérience des cités. Le genre de lieu qui thésaurise énigmes recrues et spectres fourbus de siècle en siècles entre ses lambris et murs blanchis à la chaux. Une jeune femme sortit d'une pièce en retrait; cette fois, plus de doute, il s'agissait bien de Nirvelli avec peut-être deux hivers de plus ? Vêtue d'une interminable robe pourpre et de gants assortis, un poignard rougi et ciselé de joyaux à la main droite, sa crinière dans laquelle elle paraissait l'avoir passé glissée furtive dans son ombre. Mais elle avait toujours les iris noirs. L'eau prévaricatrice -elle devait filer, pas jouer la grise alanguie- dût reviendre revenir, mais Alasa s'extirpait de sa torpeur et inspirait sporadiquement, mèches brunes mêlées à la paille, le tout imprimé au front par la sudation. Avant de se laisser emporter par un autre délire et oublier instantanément celui-ci.

C'est ce à quoi pensait l'apprentie mercenaire en regardant Elera plonger et briser la limite terre-lac avant d'être solidement saisie par les langues liquides. Et bien, qu'il la noie miroir, mon bô miroir puisqu'elle avait éclaté son miroir trouble. Il ne pouvait se déformer, lui éternellement parallèle, que sous la tyrannie du vent; et la rouquine n'avait pas le droit de dévaster toujours son univers de possibles, ses élans primesautiers déchirant l'espace comme un boulet.. de canon, hein une pierre branlante. Encore une fois il avait suffi que son existence soit un peu en danger pour qu'elle s'y précipite, masochisme en étendard. Ou inconscience, ce qui revenait exactement au même. Comme elle ne reparaissait pas, Alasa conclut à la noyade et s'agaça: qu'est-ce qu'il lui faut toujours, cette folle ? Une mort ne lui suffit donc jamais ? Et moi, qu'est-ce que je fous encore avec la main mi-tendue, giflée par son abnégation égoïste et ses vains élans ? Elle ne me reconnaissait pas ou ne le voulait pas. C'était devenue la sauvageonne et moi celle qui ouvre les doigts certes dans un style différent, peut-être l'échange de rôles ne pouvait fonctionner mais de là à..

Le sable conservait encore l'ombre creuse à l'endroit où la marchombre avait tenu son soliloque lacrymal, plus pour longtemps: les vaguelettes s'en venaient corroder le rivage dans le but patent de rendre à l'étendue brunâtre une furieuse égalité. Pourquoi pleurait-elle au fait ? Lénifiante ne se répandait pas ainsi en émotions humides, cela expliquerait-il le fait que, durant ces quelques minutes de redécouverte, la brune ne percevait plus rien de son alter egote ? Mais Alasa ne voulait pas réfléchir: cinq jours qu'elle s'en empêchait, s'astreignant avec plus ou moins de succès à l'aphasie. Il lui fallait le temps de s'habituer à ne pas hurler au milieu des couloirs et du dortoir dans leur terrifiante insanité, à ne pas se jeter à la gorge de l'énième aberration qui la saluerait. Après, oui, elle pourrait parler et feindre; c'était trop tôt. Pourtant à Nirvelli elle aurait pu, peut-être simplement à la vue d'une telle faiblesse. Et à condition qu'elle n'ait pas décidé d'explorer les abysses d'un reflet.

Les arbres frissonnaient visiblement, oui, le déséquilibrement du sol lui-même était perceptible et l'eau enflait doucement mais le phénomène tellurique ne causerait aucun dégât important. Dans cette zone de montagnes, rien de plus fréquent qu'un léger séisme. Certes, celui-ci striait le lac de mouvances prêtes à emporter en leur sein des cadavres de renards, mais pas de quoi paniquer.. Elera avait-elle eut l'esprit brouillé par sa sensibilité, déformé la notion de danger ? Son cadavre n'aurait pas été emporté bien loin pour une prosaïque raison d'absence de courant.
Alasa leva les yeux sur le vol de corbeaux dépité mais prudent s'enquérant à distance du destin malheureux de la manne qu'un ronflement du Dragon venait de leur dérober; s'approchant de nouveau, elle surveilla l'eau mutine, méfiante puis recula, saisie d'une idée encore floue. Escalade rapide d'un vague monticule, rien en vue à la surface troublée. Bon, il s'agissait de ne pas souiller de fange l'uniforme encore impeccable. Tant pis pour les cheveux ils en avaient vu d'autres. Brève hésitation puis la bague-obsidienne trouva un abri jugé satisfaisant entre la langue et le palais. Pas d'autre viatique en ce petit tas de vêtements ? Parfait. Oh, le crépuscule qui tombait déjà..
Elle entra dans le miroir jusqu'à mi-cuisses, un peu étonnée de se sentir une énergie autre que psychologique. En fait, ces quelques jours ponctués de repas réguliers avaient suffi à lui redonner suffisamment de poids pour ne pas manquer défaillir à chaque effort. Son corps demeurait étique mais ne pouvait être qualifié de cachectique, aussi nuancé cela soit-il encore. Sans cela, elle se serait trouvée dans l'incapacité physique de.. nager ce soir sur un lac opaque à la recherche d'une rouquine erratiquement aliénée, par exemple.

L'eau était une caresse létale à son épiderme dénudé, les ondes sismiques entravaient sa progression tout d'abord verticale: les renards n'avaient pu être entraînés si loin. Bientôt, il parut que si, puisque piétiner l'abord du rivage ne révéla rien qu'un poisson crevé et quelques pierres tremblantes. En même temps que le sable s'échancrait sous l'action de la marée lacustre, les mèches rousses s'étaient retirées avant même leur support dans un suaire d'écume noirâtre; si loin ? Au moins sept minutes déjà, elle était morte avec sa folie nouvelle et la viande moisie de l'autre animal. Le liquide clapota au menton, Alasa se mit à nager. De nuit, sans oser seulement imaginer quelles orques légendaires pouvaient sinuer là, juste sous elle.. quelle stupidité. Oui, là, il y en avait une prête à saisir délicatement son tibia entre ses oniriques mâchoires et le briser comme un poignard. Elle s'immergea donc avec son orque, peut-être était-ce son ombre qui ne lui ferait rien.
Pas plus d'Elera en-dessous qu'au-dessus et une visibilité flouée et plus crépusculaire qu'à l'oxygène; le lac était désaxé, silencieux, parangon d'infini à laisser dérobés les tués les plus frais.
Une quinzaine de minutes maintenant, ni l'envie ni la patience de fouiller chaque goutte de nuit, il y en avait trop. La jeune fille finit tout de même par franchir la glace en sens inverse, ne perçut la différence d'état qu'à l'air tiède du ciel. Il ne faisait pas froid. Milieu ou fin de saison chaude ? Patauger de nouveau sur le sable latent avec le ballotement peu gracieux caractéristique aux créatures terrestres. Se repérant à la tache claire que formaient -en tout cas à l'aller- l'élégant amoncellement de ses vêtements, l'adolescente s'aperçut qu'elle avait dérivé d'une bonne trentaine de mètres en aval -et que les premières étoiles trouaient le linceul marine.

Une erreur gorgée d'eau patientait au bord, allant et revenant au gré des vaguelettes un peu calmées. A première vue, des fourrures ternes vestiges de quelque noyé. Percées d'os, tout de même. Il vint buter contre ses chevilles et elle s'immobilisa, attendant que sa détente de mort amène face à la lueur vespérale sa face rousse. Craignant que ses yeux n'aient l'éclat phtisique et opalin de l'autre marchombre, l'assassinée. Non, gouttes de lac éteintes. Et leurs cheveux maintenant trempés.. vingt-trois minutes. La brune s'y prit à deux bras pour enlever et transporter le canidé dont le poids avait doublé, parvint lentement à affermir sa prise et déposer ses kilos de chairs et d'eau sur le petit promontoire, celui où l'uniforme accrochait les reflets. Quoi, c'était ça que Nirvelli voulait ? Il avait bien purulent aspect, son prétexte. Même les charognards n'en voulaient plus, en tout cas ils étaient partis. Laissant à l'herbe rêche le tissu académicien comme point de repère, Alasa se leva oui parce qu'elle s'est assise, entre-temps en maintenant précaire le corps pesant sur son épaule; peut-être Elera les verrait ? Vingt-sept minutes.


En fait si je t'avais effleurée dans l'eau, je crois que je t'aurais noyée. Mais apparemment tu te débrouilles pas mal toute seule.

Elera
Elera

Marchombre
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MessageSujet: Re: Titre du sujet (RP terminé)   Titre du sujet (RP terminé) Icon_minitimeMer 18 Mar 2009 - 22:17

Elle l’avait perdu.

Entre les courants de l’eau abstraite qui l’entourait, elle tenait une forme solide dont le poids mort l’emportait vers le fond. Et puis ses doigts avaient glissés, elle avait fait un dernier effort… elle ne voyait plus rien, emportée dans l’autre sens. Elle sut que le tremblement s’était tu lorsqu’elle remarqua enfin que rien ne bougeait autour d’elle, comme si les gouttes s’étaient soudain arrêtées à mi-course. Elle l’avait perdu. D’abord son esprit, et maintenant son corps. Comme pour la forcer à accepter qu’il ne reviendrait pas. Elle ne remonta pas à la surface ; elle était bien, ici, dans la noirceur des abysses. Elle effleura le sable frisquet doux du bout des pieds, puis commença à nager, les yeux grands ouverts malgré le fait qu’elle ne voyait absolument rien. Elle effleura une algue, sentit quelque chose de dur sous ses doigts, l’attrapa. Elle continua son chemin, l’ONNI (Objet Nageant Non Identifié Cool) en main. Le manque d’air commençait à être une gêne, mais elle n’y fit pas attention.

Tout droit, toujours tout droit. Evidemment, le lac n’étant pas infini dans toutes les directions comme elle l’aurait souhaité, le fond finit par ne pas être si profond que ca, et elle arriva près de la rive. Prenant une grande respiration lorsqu’elle remonta enfin à la surface, elle resta allongée sur le dos à contempler le ciel… Lorsqu’elle avait rencontré Tinuviel la première fois, les étoiles éclairaient la scène. Ce soir, seules quelques rares lumières apparaissaient parfois entre deux nuages passant devant le voile nocturne. La lune n’éclairait même pas les reflets lacustres, absente ce soir là… Ow. Elle venait de se cogner contre un rocher, à force de dériver sur le dos. Il était temps de retourner dans la réalité… Sortant enfin de l’eau en envoyant une prière à la Dame pour Igashu, elle frissonna. Elle avait froid… Quand était la dernière fois qu’elle avait eu froid ? Elle ne pouvait même pas se souvenir. Elle avait souvent sentie le blizzard hivernal de la chaîne de Poll, et puis la douce froideur des gouttes de pluie sur sa peau, mais elle aimait ses sensations. Le froid était externe, simple lien qui apportait un sourire sur son visage et la joie dans son cœur. Mais maintenant… l’intérieur de ses os gelait. Elle resta tremblante un instant, puis se mit en mouvement. Rester debout ici toute la nuit ne la réchaufferait sûrement pas. Elle regarda autour d’elle pour voir où elle se trouvait ; Bien sûr, elle était sur la rive opposée. Ame vagabonde, elle avança comme un fantôme parmi les arbres de la forêt alentours, incapable d’entendre le souffle du crépuscule ou de percevoir l’activité joyeuse des habitants de la nuit comme à son habitude.

Elle se sentait tellement… fatiguée. Oh, bien sûr, cela ne l’empêcherait pas d’avancer, elle n’était pas Marchombre pour rien. Et le chemin ne pouvait pas toujours être facile à suivre. Mais aujourd’hui avait été… exténuant. D’abord Igashu, puis Tinuviel, tellement différente qu’auparavant. Mais elle ne retrouverait sûrement jamais le renard, autant le laisser aux flots et partir à la recherche de l’autre. A moins qu’elle ne soit déjà partie ? Elle ne le saurait pas temps qu’elle ne l’aurait pas trouvée. Et elle voulait encore connaître la réponse à cette question qu’elle avait posé avant que les vers/le tremblement (rayer la mention inutile) de terre ne les interrompent… La voilà. Toujours dissimulée par les arbres, Elera fixa la fille sauvage-plus-si-sauvage-que-ca et sentit son cœur se serrer.

Elle était mouillée.

Ce qui signifiait qu’elle était entrée dans l’eau pour la chercher, en ne la voyant pas revenir à la surface… Elera ferma les yeux, incapable de savoir quoi penser. Parce que la Tinuviel dont elle se souvenait pensait d’abord à elle, ensuite à l’autre, qu’elle suivait la loi de la survie, et qu’elle ne l’aurait donc pas suivi dans l’eau glacée sauf si cela lui semblait absolument nécessaire ; elle n’avait pas la même mention du danger… Et parce qu’en même temps, penser que la jeune fille s’inquiétait un tant soit peu de son sort après tous ses levers de soleil la réchauffait un tout peu… Elle avait été certaine de retrouver Tinuviel après le refus du poignard, mais elle n’avait jamais réfléchit au comment. Ce soir, elles se sépareraient avec tout autant de mépris et d’amour mépris de la part d’Elera et amour de la part de notre bisounoursienne Alasa, bien sûr, ou elles se rejoindraient à nouveau comme la première fois. Comment savoir ? Elera sortit des bois.

En s’approchant de la rive, elle leva la main dans un geste qui se voulait pacifique, ce qui lui rappela soudain qu’elle tenait toujours l’ONNI en main. (Oui, c’est possible d’oublier qu’on tient quelque chose). Il faisait un peu plus clair ici, loin de l’obscurité formée par le couvert des arbres… Fronçant les sourcils, elle gratta le sable mouillé qui recouvrait l’objet, essayant de deviner ce que ce pouvait bien être. Un ver de terre . C’était un morceau de flèche. Non, pas une flèche, un morceau de flèche : elle avait été brisée en deux, et c’était le côté sans la pointe qu’Elera avait ramassé ; la partie qui permettait au bout de bois de voler loin… Elle se demanda un instant qui pouvait être assez stupide pour réussir à briser ses flèches et à les perdre au fond d’un lac, mais ne resta pas longtemps sur ce problème. Comment aurait-elle pu deviner qu’un jour, deux Académiciens avaient partagés l’ONI (cette fois il est identifié) mais que, l’un ayant trahi l’autre, l’autre en question avait jeté ce signe là où il n’aurait jamais dû être retrouvé ? Mais peu importe ; Elera ne vit pas grand chose en ce bout de bois orné de morceau de plumes sales. En arrivant près de Tinuviel, elle jeta l’arme brisée à ses pieds. Puis ses yeux tombèrent sur le cadavre qu’Alasa avait ramené sur la rive [si j’ai bien interprété].

Alors il n’était pas perdu… Ou plutôt si. Elle l’avait perdu, mais Tinuviel l’avait retrouvé. Pas elle. Pour elle, toute la signification de ses actions passées venaient d’éclater comme une bulle. En regardant le corps, Elera se demanda un moment pourquoi elle s’y était accrochée ; ce n’était qu’une coquille vide, et en rien ce qui lui manquait… C’était Igashu qu’elle voulait, ses jappements joyeux, ses sauts énergiques, sa course entre les troncs, la vitalité derrière ses coups de tête et les morsures qui avaient blessé les mains d’Elera les premiers jours sans qu’elle ne s’en inquiète. Son âme d’aventurier qui n’était plus dans cette… horreur qui reposait sur la rive. Elle hésita un instant sur la velléité de le remettre à l’eau, là où il serait si elle ne l’avait pas suivi, puis décida contre. Elle ne l’enterrerait pas non plus, la méthode choisie par les humains était tout simplement complètement hors de sa compréhension… Il resterait à sa place. Elle s’éloignerait enfin, puisqu’il n’y avait rien qu’elle ne puisse faire. Alors en tournant la tête, ses yeux se reposèrent sur Tinuviel.


- Pourquoi es-tu ici ?

Elle répéta sa question puis, comme d’habitude, se retrouva assise sur la rive dans cette position inferieure et imprudente.

[Mes excuses… Elera pas complètement heureuse et optimiste, j’ai du mal, en fait. Remonte-lui le moral ]

Alasa
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MessageSujet: Re: Titre du sujet (RP terminé)   Titre du sujet (RP terminé) Icon_minitimeMar 7 Avr 2009 - 4:22

Il n'est pas toujours simple de commencer un rp, particulièrement lorsque le posteur d'en face joue une marchombre qui serait probablement l'ancêtre de Gandhi n'était sa rousseur et qui conserve malgré les années la fâcheuse tendance à s'asseoir sur les rives boueuses à tout bout de champ, et accessoirement de survivre à tous les vers de terre géants. Comment parvenir à se lancer dans ces cas-là ? Une technique à l'utilité douteuse mais qui a néammoins fait ses preuves consiste à débuter par la description d'un songe grossièrement plaqué à coups d'inspirations diverses, ou pour varier celle d'un tableau, d'un souvenir, que sais-je. Le procédé peut néammoins s'user, particulièrement s'il est usité plus de trois fois par post. Non, la meilleure solution réside encore et toujours dans l'improvisation totale qui finira bien de toute façon par s'allier au schéma narratif en construction comme une couture machinalement invisible.

Un rien frissonnante dans le crépuscule qui tombait décidément trop tôt, la conscience aiguë de longues algues roides et d'eau turbide à ses épaules, Alasa se demanda un instant si elle ne devenait pas chaetophobe. Pas en ce terme, bien sûr, comment aurait-elle pu sauvegarder vocabulaire et pensées construites lorsque chaque minute se bornait à l'affermissement calme, hurlant de ses facultés mentales ? Elera aussi avait des cheveux qui devaient la troubler, mais eux avaient encore poussé, en filaments rouges et sauvages. Trempés comme les siens, elle ne les attachait plus ? Fournis et ternes maintenant que se retirait la lumière honteuse, sans aucun de ces éclats de brasier que les poètes se plaisent à glisser dans les rets malsains de chaque roussotte, presque chenus sous les étoiles. Les étoiles, les étoiles, de bien pâles lumignons qui ne méritaient même pas d'épithète défini. Et après tout est-ce qu'une appelation se mérite, pour qu'une langue baveuse -dérisoire morceau de viande bleue- finisse par en cracher le son ? Mais non, nuitamment dormaient les vieux démons bercés par leur absence aux eaux et le silence des louves. Pourquoi n'en pas revenir à Nirvelli et ses cheveux blancs, les incongrus ? Elle n'avait pourtant pas pu vieillir en si longtemps. Quoi, un, deux hivers.. quel âge cela lui faisait-il donc ? Et ce questionnement lui parut si puéril et absurde que l'adolescente s'en fit un jeu. Quel âge cela lui faisait-il donc ? Kalim avait seize ans avant de crever, cela elle se le rappelait parce que la mère et ses mains dont la douceur tranchait avec le bois en était fière, fière comme d'une cicatrice tout juste éclose, l'idiote. D'ailleurs il avait la même chevelure rousse en plus argile et moins élancée, parce qu'imposante ainsi il aurait dû prendre peur, elle se serait mûe seule dans un désir stupide de strangulation. Mais les mâles ne se développaient pas à l'instar des femelles, n'est-ce pas, Elera n'avait pas nécessairemment seize ans. Peut-être vingt ? Vingt, c'est un chiffre rond et peu contraignant, il est là et ne demande rien à personne en se parant juste d'infini, on ne lui en veut pas d'avoir l'air illusoire parce qu'il rassure puis qu'on s'y appuie sans y prendre garde, et puis qu'est-ce que quiconque y connaît, aux nombres ? Après tout, la fille -ô désignation empreinte d'ingénuité rémanente- ne paraissait pas être dérangée par la masse sanguinolente coulant tout contre son dos, peut-être même qu'elle en vivrait. Alasa sentit rouler les os et les organes agonis contre son épaule saillante lorsque le cadavre glissa délibérément pour aller toucher lourdement terre avec comme une assonnance d'outre percée; entre elles deux, séparation macabre ou autre. Sa clavicule ankylosée soulagée en ce geste, la brune s'intéressa finalement à autre chose qu'à la sensation désuète et étrange d'un semblant de vigueur; l'autre chose devait encore porter le nom d'Elera puisqu'un constat visuel inachevé. Demeurer hypothétiquement à distance pour cacher qu'elle n'avait rien à cacher qu'en émotions vidées en imitant par habitude nouvellement acquise l'attention faussement polie d'une marionette -au rictus, comment dire ? Les mèches éternellement désordonnées autour de l'ovale harmonieux du visage, donc, l'épiderme un peu marmoréen couleur de lumignon baveux. Les sourcils envolés en virgules sans cesse remises en question, non, là n'est pas ta place et tu troubles la phrase, là n'est pas ta phase, si, de toute façon quel livre abrite des virgules oranges ? Le nez et les lèvres autant en retrait qu'expressifs, les vagues qui y refluent, mélopée fluide ou agaçante, les yeux enfin qui scintillent toujours comme des lames malgré le lac qui les a délavés, leur forme d'ébauche à l'iris adamantin, à la pupille presque mauve, et le cristallin. Puis était-elle si petite ? Moins musclée en tout cas, avant elle affichait un corps plus enfantin, maintenant une épaule délicatement arrondie par l'entraînement ou l'été, ou tout ce qui a le pouvoir de ciseler n'importe quoi. Alasa était lasse et ne comprit le précédent chagrin de la peut-être désormais marchombre -comme si cela changeait quoi que ce fut- qu'en reposant une énième fois sa fatigue aux contours du cadavre puant. Ah, oui, les renards, bien sûr. Ils devaient avoir un nom depuis le temps, non ? Naruto, sans doute. De toute façon, constatation ô combien perspicace, il était un peu mort et immangeable par-dessus le marché suite à ses divers séjours dans le sable, la fange, le lac, ajoutez vous mêmes ici l'environnement qui vous plaira. L'autre avait-elle l'intention de l'enterrer ? L'apprentie mercenaire ratifia cette idée à peine esquissée: bien sûr que non, il fallait désormais le laisser là, ç'eut été trop simple de s'être jetée les paumes ouvertes dans les flots démontés pour ensuite placer concrètement l'objet -ici le canidé- convoité. Ou bien la peur de tacher son bel uniforme ?

Tous les soupirs du lac gouttaient le long de ces vêtements autrefois pâles, dichotomie choquante d'avec ces foutus cheveux roux. Où la sauvage, qui l'humaine ? L'une posait nue contre le crépuscule et ses effets somnolaient proprement sur un tertre, l'autre vêtue de pied en cap chancelait un peu sous le poids mouillé des siens, n'ayant pas même songé à cette masse informe en éclatant le miroir. Où l'humaine ? Une sempiternelle ritournelle tout aussi obsédante que la personnification nouvelle des chevelures.. et également médiocre. Sous l'action de ces tissus gorgés d'occulte, la lotra aurait dû couler tranquillement et en toute logique, cela était rassurant, naturel. Une noyée n'aurait eu ces prunelles encore vives malgré leurs teints hâves, le point d'orgue cyniquement posé par le camouflage de silence, comme il aurait posé son long corps sinueux sur un arrêt. De nouveau Alasa se sentit infiniment lasse: elle ne mourait jamais, Elera d'ailleurs quand on est capable de traverser un lac en apnée c'est moyennement étonnant, il fallait finir par lui maintenir la gorge sous la surface ou se pencher, effectuer l'effort de traîner un ongle dans son sang et même, ça ne suffisait pas. Et sinon, qu'est-ce que l'autre fichait avec ce morceau postérieur de flèche intégralement encrassé ? Apercevoir l'objet rappela à la jeune fille quelques papilles gustatives dont les signaux avaient apparemment été oblitérés par le cerveau: l'obsidienne, quelle saveur ? Sensation amère et glacée. Rien d'un corbeau. D'un tressaillement de ses lèvres exsangues, elle récupéra la bague alanguie au creux de ses doigts, l'un en fut bientôt serti comme une autre incongruité à la faible luminescence se confondant avec l'ennui. Nirvelli sans bijou, perdu, invisible, la sodalite des loutres, ainsi elle était réellement marchombre ? A sa question si prévisible et ô combien aliénante, la brune envisagea un instant apposer un "pour observer et contribuer à saper les bases de l'Académie en vue d'un carnage prochain" qui irait si bien dans le ton, peut-être alors se battraient-elles et cette possibilité lui parut scabreuse, elle lui préféra le poncif qui s'imposait, là, tout de suite pour couper court à tout déroulement habituel et savourer l'ironie dans ses moindres turpitudes.


- Les temps changent.

Encore se repaître de sa propre voix rauque, du schisme empathique entre paix et rejet viscéral. Haha, ils avaient bon dos, les temps. Et comme décidément la galopeuse de brume affectionnait toujours l'imprudence, les politesses animales, sans modifier son expression laborieusement neutre Alasa se laissa tomber allongée, doucement, elle pouvait entendre le son de ses rotules grincer mollement contre la terre, il faudrait les nettoyer pour qu'elles retrouvent leur couleur fuligineuse avant de repasser l'uniforme. Sur le dos on voyait mieux l'absence des lumignons récurrents, les senteurs rétrospectives du coucher de soleil qui sans doute avait été une morne répétition du soir précédent. On se sentait tellement plus exposé aussi, ne pas rire nerveusement puisque le seul être vivant aux cinq souffles à la ronde a des mains telluriques incapables de découper le moindre mini-sabre poignard sur l'éther, pas dans l'instant, non, et pourtant.. Quelques lignes noires et subversives emprisonnaient le regard de l'adolescente renversée, l'empêchant de croiser celui qu'elle se refusait de comparer encore à l'améthyste; l'avant-bras droit involontairement crispé sur son flanc gauche elle souhaita s'endormir d'une inconscience létale et ne plus avoir à réfléchir mourir, dormir, peut-être rêver mais non, ce serait sans singularité ni.. panache.

Oui, maintenant il faisait un peu frais mais l'épiderme de l'apprentie mercenaire était depuis longtemps insensible aux températures tout justes folâtres, et pour cause; le froid qui pénètre la moëlle, les nerfs qui se consument d'hiver, le gel anthropophage lui avaient cousu une peau irrémédiablement crevassée, accessoirement insensible à tous les "un peu". Pourtant ses cheveux qui gouttaient, et l'autre tremblait sans doute avec ses kilos de tissu-éponge.. la brune tendit vers le bleu nuit ses bras étiques comme pour s'étirer, eut un rictus presque engageant puis, roulant de côté, s'appuya au tertre pour revenir en position assise. Après quoi elle détailla la rouquine dont les lianes emmêlées tutoyaient ainsi le sol:


- Et si je voulais te tuer ?

Pas d'histoires d'obédiences quelconques, juste un 'pourquoi pas' vésane. Elera avait après tout bien le droit de s'obstiner à repousser l'ironie de leurs changements épars, et puisqu'elle répondrait de toute façon par une phrase, un geste pseudo-sibyllin comme un atavisme, une tare génétique qui jamais ne ferait avancer les choses. A bien y regarder n'avait-elle pas elle aussi un petit air de macchabée ?


[Et voilà, je n'ai même pas réussi à mettre un point. Tu as intérêt à bien répondre quand même, moi je ferai mieux la prochaine fois donc ça excuse tout Cool]

Elera
Elera

Marchombre
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MessageSujet: Re: Titre du sujet (RP terminé)   Titre du sujet (RP terminé) Icon_minitimeVen 10 Avr 2009 - 23:17

[Si, c’est un point. Un point d’interrogation, mais un point quand même :na: Et tu vas quand même pas insérer Hamlet partout, maintenant, si ? *étrangle Alasa et met fin à la tragédie*]

Elera étouffa un demi-rire. Les temps changent… Ce n’était pas les temps qui changeaient, mais les êtres, comme Igashu qui était passé de vie à trépas, comme Elera qui était passée d’apprentie à maître, comme Marlyn qui était passée d’élève prometteuse à Mercenaire du Chaos. Mais en même temps, rien n’avait changé. Ils étaient tous ce qu’ils avaient été, au fond. Alors Tinuviel avait quitté sa vie entre les branches et le danger, pour rejoindre l’Académie à son tour… Pour se ranger soigneusement dans une catégorie. Corbac. Mais peut-être que non, en fait. Peut-être que, comme la lotra l’avait fait, elle ne laisserait pas cette bague la lier. Si elle non plus n’avait pas changée en profondeur, elle était encore la Fille du Crépuscule, la Sœur des Loups, la Fille Sauvage. Apparence ? Réalité profonde ? Comment le savoir, maintenant ? Elle n’était plus capable de se plonger dans ses yeux, et de simplement savoir. Quoique. Elle n’avait pas essayé, en fait. Mais elle n’avait pas envie. Peut-être parce qu’elle connaissait la réponse ? Le gris se fit autour d’elle lorsqu’elle eut clos ses paupières, et elle frissonna de nouveau lorsqu’un autre souffle de vent l’entoura, mais cela ne la dérangeait plus, à présent. Comme si elle s’était habituée à l’engourdissement du froid, et qu’il n’avait plus d’importance.

Comme si elle s’était habituée à l’engourdissement du froid, et qu’il n’avait plus d’importance.

Mais il en avait ; elle était vivante. Depuis quand rester assise dans la boue et se baigner dans sa léthargie aidait à tendre vers l’harmonie, à effleurer les étoiles et à devenir ombre ? Les minuscules points d’habitude coruscants n’étaient peut-être pas visibles, mais ils étaient là, tout de même, et si elle cherchait bien, elle les aurait trouvé et aurait senti leur chaleur malgré les années lumières et les nuages qui les voilaient… Elle se redressa. Oh, elle était toujours en position assise. Il était un peu trop tard pour se relever ; elle doutait que ses vêtements en pelage de siffleur, trempés et boueux, puissent reprendre leur air propre même après une douzaine de lavage. Elle les avait littéralement détruits. Tant pis, eux prenaient leur revanche ; à garder les habits imbibés d’eau contre sa peau, elle attrapait un rhume, et elle le savait. Mais elle n’arriverait jamais à les remettre si elle les enlevait, alors elle attendrait le retour aux dortoirs de lotra, où elle avait décidé de rester malgré le fait qu’elle n’y était plus élève… Toujours assise, donc, toujours dans la boue, toujours froid. Mais son dos était droit, et son regard plus clair. Elle était Marchombre ; elle ne laisserait pas la mort lui dicter sa conduite…


- Et si je voulais te tuer ?

Un sourire ; un petit, mais un vrai sourire quand même, le premier depuis que le ciel vespéral s’était installé. Elle repensait à l’Ahn-Ju, aux mots que l’un de ceux qui l’avaient testée avait prononcé, et qui l’avait questionnée sur le même sujet. Elle doutait que la corbac- puisque Tinuviel avait décidé de pouvoir être qualifié d’un mot utilisé par tellement en direction de tellement- apprécie la comparaison, mais c’était tellement clair dans son esprit… « Donne-moi ta main, » avait demandé le marchombre. Une action toute aussi imprudente que de s’assoir comme elle l’aimait à le faire. Et elle l’avait fait quand même. Elle hocha les épaules. Avant, ce geste aurait sûrement suffit. Mais à regarder la brune, Elera ne savait plus s’il fallait lui parler en mots ou en silence. Alors elle fit les deux.

- Alors je serai morte.

Cela n’avait pas d’importance. Elle vivrait jusqu’au bout, agissant comme elle le voulait, et elle mourrait au passage si elle le devait. Elle n’était pas de ceux qui en avait peur et voulait l’éviter aussi longtemps que possible et ne prenaient jamais de risques, ni de ceux qui souhaitaient mourir héroïquement, du moment qu’elle puisse choisir son chemin. Est-ce qu’Igashu avait pensé comme ca, aussi, ou est-ce qu’il regrettait ? Elle l’imaginait mal se rendre triste par des pensées pareilles. Elle s’essuya les joues, seulement pour rajouter de la terre de vers sur son visage *trop forte*. Elle se souvenait d’avoir rencontré un couple qui avait perdu leur fille, un jour. La mère s’était noyée dans son chagrin, ne parlant à personne avec plus que des monosyllabes, pleurant parfois, regardant dans le vide souvent. Perdue dans ses souvenirs. Morte elle aussi. Le père, lui, continuait à agir tous les jours, aidant la caravane des Itinérants et travaillant pour deux. Il rigolait encore autour du feu de camp, chantait parfois… La mélancolie restait visible dans ces yeux, mais il continuait à vivre. Et en les regardant, Elera avait de suite pensé que c’était dans la nature des choses de continuer à tourner même après que quelqu’un se soit arrêté. Malgré la douleur. Que rester assis à fixer le vide ne changerait pas la situation… Elle ne le ferait pas non plus. Regard vers l’autre.

- Ou pas.

Elle ne comptait pas mourir tout de suite. Peut-être que Tinuviel était capable de la tuer… peut-être pas. Qu’est-ce que ca changeait ? Elles ne comptaient pas se battre. Enfin, elle, en tout cas, ne comptait pas se battre. Elle ne vérifia pas si c’était le cas de sa voisine ; elle avait confiance. Elle avait bien dit ‘si’ elle voulait la tuer, placant la possibilité dans un monde imaginaire et loin de la realite… Mais meme dans le cas contraire, Elera n'etait pas prete a partir. Elle avait encore tellement a decouvrir... Elle voulait marcher sur l'Arche, decouvrir les secret de la foret de Barail, observer Gwendalavir de la lune. Hors de question qu'elle laisse une humaine la faucher avant d'avoir fait tout ca et beaucoup plus. Meme si les choses avancaient et n'etaient plus comme elles avaient ete... En pensant a ca, elle tourna la tete vers son interlocutrice. Le silence continua un instant, puis elle posa une question a son tour. Comme d'habitude...

- Les temps changent, mais toi, as-tu changé ?

*Est-ce que je dois te voir comme une élève, maintenant ? Ou es-tu toujours celle que tu étais ?*

Elle devait savoir. Déjà les questions d’usage tournoyaient. Tu veux devenir quoi, plus tard ? Tu es dans quelle orientation ? Pourquoi tu as choisi l’Académie de Merwyn ? Tu as de la famille ? Et s’il était vrai que ces questions aidaient à comprendre l’autre, qu’elles permettaient de commencer les relations, et qu’elles l’avaient liée à Khelia, Tifen, Arro, Julia, Marlyn, Kirfdéin et tellement d’autres élèves, poser ces questions à Tinuviel semblait… vide. Inutile. Non, elle ne pourrait jamais la regarder comme une Académicienne… Sa réponse formerait sûrement leur relation future. Elles allaient sûrement se croiser beaucoup plus souvent maintenant qu’elles étaient au même endroit. Couloirs, parc, cour intérieure… Elera avait du mal à l’imaginer. Surtout en se souvenant du malaise permanent qui entourait la Fille du Crépuscule pour une simple excursion dans les cuisines alors que tout le monde dormait encore. Comment survivait-elle maintenant, à traverser en permanence la foule des apprentis et professeurs ? Elera ferma les yeux, essayant de repousser tous les préjugés qu’elle s’était fait sur elle. Pour pouvoir la voir comme elle était, et non comme elle se l’imaginait…

Alasa
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MessageSujet: Re: Titre du sujet (RP terminé)   Titre du sujet (RP terminé) Icon_minitimeLun 31 Aoû 2009 - 20:16

[Fais pas cette tête-là, il est tout naturel que je sois à l'heure, non ? Je fais peu recherché pour me remettre en route, hein, s'pas la flemme.]

Ben voyons.
Comme si le petit haussement d'épaules n'aurait pas suffi. Ou plutôt, comme si une provocation si flagrante demandait une réponse. Mais Nirvelli aimait ajouter le soupçon de lieu commun qui la rendait méprisable, jongler entre légèreté invétérée et philosophie marchombre. Par la Dame, il fallait vraiment être de ces oiseaux-là pour parvenir à écouler sereinement leur phrasé proverbial sans esquisser l'ombre d'un rictus ! Collatéralement, la jeune fille ne daigna pas prêter attention aux divagations de sa camarade et, puisque l'entité supérieure contrôlant Elera serait sans doute peu emballée la brise vénielle les faisait toutes deux immanquablement frissonner, ce ne serait pas encore ce soir que la galopeuse de brume irait gésir contre les cimes-terre. Par dérision, les mains d'Alasa se mirent à mimer la mort dont il était question. Sporadiquement, mais dans le calme. Et surtout sans s'éloigner des genoux de leur propriétaire: d'abord les doigts gauches se mouvaient abstraitement, assoiffés, puis l'index intimait aux autres une immobilité qu'il reprenait à son compte pour creuser doucement les nervures de la paume. Ensuite, tandis que les appendices droits entamaient le même manège décalé, les ongles du pouce et de l'auriculaire se joignaient pour cliqueter quelques secondes avant de céder vivement le passage aux autres nerfs qui s'arrogeaient la main prisonnière, faisant mine de la déchiqueter complaisamment. Ce petit interlude ne dura pas plus d'une minute, mise à profit par son instigatrice pour se déconnecter de ses errements précédents. [Et cinq mois plus tard..] L'air serein du crépuscule la ramena alors brutalement et comme en ondoyant à la réalité dans toute son hideuse présence; ce fut comme un vertige entraînant le réveil, elle vit danser les lumignons et perçut sans trop savoir comment la présence ruisselante de l'herbe. Qu'avait-elle fait ces dernières heures ? Poli les pavés des couloirs de leurs pieds bottés, fendu notre foule jusqu'à n'en garder que l'éparse, avalé avec une crainte alors indéfinissable, écouté, entendu, mouru, agonisé, somnolé, oublié, erré. Cette fois, les pensées construites qu'elle s'efforçait de reléguer à vie dans les méandres spongieux de ses inhibitions émirent, en ne se libérant pas, un craquement sûrement perceptible, fauchant au passage quelques neurones ou veines. Etait-ce de folie que les étoiles sifflaient désormais avec hargne, nauséeuses et blafardes, s'approchant tant et tant que sèchement se lever pour leur échapper
En adoptant la station verticale, Alasa crut recevoir un horion au plexus solaire; le coup déconcertant la fit chanceler tandis que, dans sa poitrine, quelque chose se compressait, s'appropriait son souffle et ses nerfs. Avant qu'il ne lui eut été loisible de défaillir par suffocation, d'y passer ou même de s'adonner plus longuement aux joies du pathétique, l'étreinte ahanante relâcha son emprise, abandonnant sa pseudo-victime surprise mais enfin, enfin lucide.


Voyez maintenant les ombres s'étendre en paisibles nuances de gris, l'astre sûr de sa force qui s'échancre sans regrets pour reprendre à ses fidèles son dû, leurs particularités. La nuit ne dissimulait personne, elle rendait chacun à son insignifiance; en fait, elle n'existait même pas, puisque sans son intemporel dieu d'éclaircies chaque athée n'aurait plus eu qu'à s'entendre mourir. Au lac, il ne manquait que quelques reflets qui ne font la différence qu'aux poètes. Noir ou gris, qu'est-ce que cela changeait pour lui ? Morne, plat, tangible, à la rigueur. Le genre d'eau qui charrie cadavres et conserve jalousement en ses artères épaves et secrets sans valeur aucune. Elera était désormais brune, son épiderme ombreux, ses yeux foutus. Seul les uniformes malaisément blancs s'obstinaient à trancher la gorge de l'obscurité, blessure bénigne: hydre fut-elle. La mercenaire s'extirpant enfin trouva à la nuit un regard inquiétant, réel parce qu'en camping on a découvert ne pas être crédibles par rapport à c'la, par exemple, et il fallait vite oublier de penser. Heureusement, il restait du vide. Et Nirvelli. Toujours statique. Alasa n'avait plus envie de la comprendre, c'eut été un effort susceptible de combler un peu de néant; elle ne voulait pas non plus manquer quelque chose, et cela paraissait tellement important, quand un but traverse la blancheur immaculée d'une chambre capitonnée d'une psyché il est nécessaire de le suivre des perceptions. Plus tardque. Même en se réveillant dans le vide, il n'était pas nécessaire de jouer les torturées. Faire suite aux gestes, et puis le petit ajout vocal demandait, lui, une réponse susurrée:

- Quand on plante n'importe quoi dans la veine, là, le long du cou, que le sang pisse, la personne meurt. Y a pas d'in.. certitude.

Se rendant compte qu'elle se trouvait toujours debout, la jeune fille boitilla d'un pas pour s'affaler un peu plus loin, au côté de la marchombre qu'elle entreprit de détailler fixement, toute neutralité abandonnée. Si Elera craignit brièvement une attaque, si elle se méfia contre son habitude, elle le dissimula avec aplomb, du moins d'après ce que les ombres laissaient imaginer. La brune constata que sa camarade lacustre ne portait toujours pas d'arme apparente; puis se rappela la dernière réplique, comprenant deux fois le verbe « changer » différemment décliné, vaticina intérieurement, questions à venir.. En se penchant un peu et à la lueur d'un lumignon pâlot, elle s'aperçut que la renarde avait fermé les yeux. En équilibre précaire sur ses orteils, donc accroupie, Alasa manqua reculer et par là même se casser la goule, se reprit et gifla durement la pommette presque tendue, plus par réflexe que par colère.

- Réveille-toi, ajouta-t'elle doucement en se relevant et s'éloignant.

Pas loin, cependant, juste ce qu'il fallait pour faire face à la perpétuelle ironie du lac, de trois-quarts tournée pour réfléchir en ayant et la surface lactescente et la galopeuse de brume dans son champ de vision. Rien ne lui venait en tête. Il fallait clore. Partir en repos agité et laisser des alternatives. Plus tard. Calculer. Tenter un destin mort-né. Tenter le hasard. Essayer.Arrêter la came. Plus tard. Finalement, ce fut l'anneau corbac qui lui fournit le prétexte dont elle avait besoin. Sans s'attarder sur la réaction d'Elera, avortée ou continue, elle proposa, en omettant de faire allusion au principe visiblement naturel et immuable qui menait toujours leurs pas à se piétiner mutuellement -comme, ce qu'elle ne pouvait savoir, faisaient ceux de l'ancienne lotra avec à peu près tout être vivant lui adressant d'aventure la parole:

- La bague. Tu la vois ? Dans l'eau. La première qui la.. qui la retrouve peut demander à l'autre n'importe quel geste.. quelle question, action, la prochaine fois qu'elle.. qu'on.. qu'elle la rencontre. Une dette.

L'obsidienne ne daigna pas rutiler à la lune avant d'immerger les profondeurs ouatées, sournoises et affamées des eaux. Il était ridicule d'imaginer seulement la retrouver. Pourtant, elle n'avait pas été lancée si loin du rivage, peut-être qu'à force d'attention.. Alasa ne tentait pas de s'expliquer son geste, elle voulait juste avoir un avantage sur la rouquine, pouvoir lui ordonner ne jamais la revoir, ou autre lorsqu'elle serait reposée. En fait, elle n'envisageait même pas que son « adversaire » puisse gagner, oubliant tout de la greffe, des sens marchombres, de la pugnacité elerienne, surtout. L'une d'elle retrouverait l'anneau ce soir ou le temps se figerait en noir jusqu'à ce que ce soit fait. Et si l'autre refusait ce défi improvisé ? Impossible. Et si, elle la tuerait. Marchombre ou pas et sans trop de raison. Ce soir, la brune était folle et le sentait, rien de plus. Pivotant légèrement vers Nirvelli comme pour graver ses traits sur les troncs, la terre, les emporter et les noyer sous la surface, la mercenaire commença à entrer de nouveau dans la glace en frissonnant, lorgnant du coin de l'ouïe les dernières rides-évanescentes nées du contact symbole/lac, un sourire.

Elera
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Marchombre
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MessageSujet: Re: Titre du sujet (RP terminé)   Titre du sujet (RP terminé) Icon_minitimeSam 5 Sep 2009 - 17:44

[C’est samedi, aujourd’hui angel ]

Si Elera avait ouvert les yeux, elle aurait remarqué que le rp d’Alasa se dégage en trois mouvements, et ressemble beaucoup à un commentaire composé. Introduction, première partie sur la mort, la deuxième sur la relation avec Elera en retournant à l’idée précédente, à savoir, le changement, et la dernière, qui ouvre une nouvelle possibilité en mélangeant pierres précieuses, bijoux arachnéens et défis elixiriens, concluant sur le style utilisé dans le texte et affilant la métaphore pour expliquer le fond de sa pensée… En plus, il est constitué de cinq paragraphes plus citations, mais ce n’est qu’un détail. Pour plus d’informations sur cette introduction nawakesque, retournez donc au sept avril de cette année. *sort*

Toujours les yeux fermés, donc, Elera hocha doucement la tête aux paroles de l’humaine si étrange. Elle n’avait pas réagi en la sentant bouger à ses côtés, refusant de se méfier, ou de prendre sa menace au sérieux… Tinuviel n’avait aucune raison de la tuer. Et elle-même n’avait aucune raison de se méfier. Elle était déjà passée à la suite, au changement, à sa question dont la réponse lui était tellement vitale, et il lui fallut bien une minute avant de comprendre sa réponse. C’était un non, en quelque sorte, un exemple de vérité sur les bords de la route à côté du lampadaire, une chose, au moins, qui n’avait pas changer et ne changerait pas. Et un rappel de l’éphémère de leur vie, et du peu qu’il suffisait pour abimer un corps… Etrangement, au lieu de la révolter, la proximité continuelle de la mort sembla la réconforter. Tout semblait tellement complexe dans cette vie qui foisonnait, que ce soit le pourquoi de l’entremêlement des branches d’une manière bien définie mais incomprise ou le comment du soleil qui tenait tellement à se lever chaque jour, sans arrêt jamais. La mort, elle, ne pouvait pas être plus simple En plus, Richard est d’accord. Et ils avançaient au bord du précipice en permanence… Igashu y était tombé. Elle aussi, un jour ou l’autre. Tinuviel. Et même Valen, malgré sa position de guerrier presque invaincu. Quand ? Pas important. Cela arriverait, aucune raison de compliquer les choses. Peut-être pas en plantant quelque chose dans son cou, mais..

La gifle la sortit de ses pensées morbides. Elle n’était pas forte, ni sensée la blesser, mais claqua avec surprise, Elera ne s’y attendant pas. Elle sursauta, faillit tomber en arrière avant de se rattraper vivement de la paume de sa main, puis ouvrit les yeux sur le visage agacé de Tinuviel, si c’était bien de l’agacement qu’elle discernait dans la pénombre. On est sensé rien voir du tout sans lampe de poche ni feu de bois, non ? Et visiblement, elle n’aurait pas de réponse plus poussée sur les différences apportées par le temps. Tant pis ; au fond, ce n’était pas si important. Elles étaient là, elles ne le seraient plus, et elles se retrouveraient peut-être un jour, qui sait, changées de nouveau, ne sachant toujours pas où en étaient l’une et l’autre. Et les questions recommenceraient, et les réponses ne viendraient jamais… Autant oublier les mots, puisqu’ils ne servaient visiblement à rien lorsqu’elles partageaient leur temps. Et pourtant Tinuviel continuait à les utiliser, mais dans une fin toute autre ; un défi ? A quoi bon ? Et pourquoi l’une ou l’autre s’endetterait-elle ainsi, sans raison pure, à faire elle ne savait quoi qui pourrait très bien se révéler impossible, voir contraire à leurs envies et principes ? N’importe quel geste, question, action… Les possibilités étaient tellement effarantes que, comme souvent lorsqu’elles s’ouvraient aussi nombreuses devant quelqu’un, l’esprit d’Elera resta complètement blanc. Elle ne pouvait pas penser à une seule chose qu’elle voudrait de la fille aux loups, malgré toutes les questions qui avaient tourbillonné entre elles plus tôt dans la nuit.

Et pourtant elle se leva enfin, ses jambes protestant un peu après leur immobilité prolongée- peu importait. Le fait qu’elle ne voyait pas du tout la bague dans l’eau n’était qu’un détail futile lui aussi, et elle se garda bien de répondre à la question de la Corbac ; si celle-ci pouvait voir la bague, ses yeux n’avaient rien d’humain. Au moins avait-elle une idée vague d’où se trouvait l’objet, l’ayant lancé, alors qu’Elera n’avait pas vraiment fait attention à la direction prise, pensant qu’Alasa avait lancé un simple caillou dans les flots. Qu’est-ce qu’elle faisait les pieds dans l’eau, d’ailleurs ? Ce défi était stupide. Il faisait un froid de goule et même la Dame ne s’aventurerait pas dans ces eaux. Bon, elles étaient déjà trempées mais passons. Elera n’avait absolument aucune envie d’endetter ou d’être endetter, et aucune raison de le faire. Mais c’était pour ça qu’elle le faisait- l’inutile était tellement plus amusant que le nécessaire, comme elle l’avait appris au cours de ses longues années… Et puis, il faudrait bien trouver la bague obscure, sinon le répartisseur en chef allait avoir une crise cardiaque en apprenant ce qui était arrivé à cette pierre précieuse qui lui avait filé sous les doigts. « Je l’ai jeté dans un lac au milieu de la nuit pour voir si je pouvais la retrouver plus vite qu’Elera, M’sieur. » Elle pouvait presque visualiser la scène. Alors partons chercher la bague dans la botte de foin le lac enchanteur, ce n’était pas quelque chose que tout le monde s’amusait à faire quotidiennement je crois. Et si on ne la retrouvait pas, elle voulait absolument être présente lorsque Tinuviel en demanderait une autre. Mais elles la trouveraient ; on lui proposait un jeu, elle jouerait. Si leur relation confuse ne pouvait être ni limpide ni sérieuse, il faudrait au moins qu’elle remplisse le vide. Qu’elle soit son antonyme, au moins partiellement : arrow:

Elera retroussa son pantalon, non pour le sauver de la noyade, pour ça c’était juste un peu trop tard, mais pour ne pas être gênée alors qu’elle avançait dans l’eau. Elle avait aussi laissé ses bottines sur le rivage, parce qu’on sait bien que mieux vaut se détruire les pieds sur les galets et glisser sur la mousse que de s’aventurer avec des chaussures qui te font couler tellement elles deviennent lourdes dans l’eau, merci la Loue pour cette leçon, et puis pieds nus c’est plus poétique. Cherchant la bague du bout des orteils, baissant la tête à la recherche d’un éclat improbable, Elera cherchait, reprenant vie. Là, quelque chose ; elle se baissa pour l’attraper, remontant cette fois ses manches, mais ce n’était qu’une pierre. Du sable, des cailloux, des morceaux d’elle ne savais pas trop quoi, de la terre et des algues, mais aucune bague ne se trouvait au sol. Suivant le mouvement de l’eau, Elera se mit plus loin dans le sens du courant ; peut-être le bijou avait-il été emporté, au lieu de couler à pic pour s’installer tranquillement au sol. Une bonne hypothèse – qui passa aussi dans le crâne de la brune, visiblement.

Une fille d’un côté, l’autre à l’opposé, elles avançaient l’une vers l’autre en scrutant les profondeurs. Et, là, alors qu’elles n’étaient plus qu’à un pas l’une de l’autre, elles virent la forme circulaire-ou-presque à leurs pieds. On se doute déjà de ce qui va suivre- aucune chance pour que je te laisse gagner, et que je te donne une raison de ricaner en cherchant la dette la plus non-elerienne possible. Aucune chance pour qu’Elera se batte pour gagner non plus, elle annulerait la dette de suite vu qu’elle n’est pas marrante, ne voulant pas rendre Alasa dépendante ou triiste. Et puis faut bien la ramasser, cette bague. Avec la fourberie d’un serpent, Alasa jeta un coup de pied devant elle pour envoyer valser la bague de son côté *note:effacer cette phrase avant de poster*, puis les deux tendirent la main vers l’objet, Alasa avec la rapidité acquise à force de se battre pour la survie, Elera tout aussi vive grâce à ses années d’apprentissage marchombre. Alors, qui sont les meilleurs, la guilde poussine ou les serpents flemmards ? Leurs doigts se cognèrent sous l’eau, s’accrochant à l’anneau avec force. Elera hésita un instant à lâcher, ce qu’elle aurait peut-être fait si elle avait été certaine de pouvoir gagner, satisfaite intérieurement et sans s’inquiéter de ce que semblait être la victoire. Mais elle n’avait aucune certitude, la bague pouvait encore se retrouver dans la paume de la brune comme celle de la rouquine, et le défi la motivait… Elle voulait voir ce dont elle était capable. Alors elle raffermit sa prise, et suivit le mouvement. Lorsqu’il sembla évident qu’aucune des deux n’allaient abandonner, et qu’elles allaient s’arracher les doigts si elles continuaient à tirer dessus comme des malades, elle croisa le regard de la brune, avant de murmurer sa proposition :


- Une dette chacune. Pas la prochaine fois, mais maintenant.

Alasa
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MessageSujet: Re: Titre du sujet (RP terminé)   Titre du sujet (RP terminé) Icon_minitimeLun 7 Sep 2009 - 13:45

[Qu'est-ce que je ne ferais pas pour t'engoncer davantage dans ton retard.. *Offre magnanimement son OJ à Ena*]

Si Alasa savait lire et percevait en mots graphiés sur fond vert forêt l'épisode plein de rebondissements en train de se dérouler, elle aurait remarqué que la rareté d'une introduction stupide sous les doigts de fée d'Elera trahissait un manque d'inspiration patent, d'autant plus que cet événement occupait six bonnes lignes. Un autre élément jouait d'ailleurs en faveur de cette théorie: le nombre affolant de jours séparant l'avant-dernière réponse de la dernière. Cinq. Cinq fois vingt-quatre heures, messieurs-dames, je vous demande un peu ! Voilà qui suffirait à mettre le chuchoteur à l'oreille -oui, c'est un parasite. Tout argument bisounours visant à faire passer ce retard pour de la générosité serait aussi sournois que préjudiciable, quand on connaît la bête. Alasa aurait encore pu expliquer bien des choses à Elera, par exemple que sa réponse sur la mort n'était pas un rappel de l'éphémérité de la vie par ailleurs, je n'ai pas réussi à déterminer si ce mot existait ou s'il n'était qu'un néologisme mais bien une réplique à la phrase « ou pas », ou encore qu'il est peu probable de trouver du courant dans un lac, ou qu'il ne faisait pas un froid de goule puisque le rp avait été commencé au printemps et que trop peu de minutes se sont écoulées pour changer de saison. Mais cette menue mise en bouche m'a permis de me lancer, et il vaut mieux arrêter là avant que cela ne tourne au style tout jehanien des répartitions; revenons à nos écureuils.

Défi idiot, nuit pâle, corps prosaïque. Quoi de mieux pour apprécier la vacuité de l'instant ? Des instants, en fait. Toujours pas fini. Elera était comme la louve crépusculement aperçue, une fallacieuse ou une réminiscence inutilement cruelle. Même si plus rien n'avait de prise sur grand-chose, mis à part peut-être Duncan sur ses chaussons. Comble de masochisme, l'eau avait fraîchi depuis tout à l'heure -pourtant encore si proche. Eh ! Ce n'est pas tout les jours qu'on s'amuse à pêcher la gemme dans une noirceur coulante avec pour seul but calcul hasardeux et rétrospectif. Par endroits le lit crissait de sable, par d'autres les ongles aigus dépeçaient l'épiderme fin des galets, on croyait dans chaque pierre rongée des sucs pervers du temps liquide lisse, quoi tenir un acte. Las, les orteils engourdis n'avaient plus qu'à repartir. Parfois, quand quelque racine aussi vaseuse qu'une explication épousait un caillou, les mains venaient au secours de leurs compagnons plébéiens, plus ou moins fébrilement; avec un semblant de rire-rage. La brune aimait presque ressentir le frisson de la lame-surface entre ses chevilles et mollets, et elle seule l'avertissait par une coupure sous les genoux lorsque la zone suspecte était révoquée, lune et étoiles défaillissant régulièrement sous le joug de quelque nuage. Elera l'agaçait par ses rides narquoises venant ricocher contre les siennes, l'eau épousait le pantalon gorgé de manière trop caressante pour ne pas que la mercenaire se sentit jouée. Et bien entendu les cheveux roux pendaient toujours, lamentablement humides, reptiles miséricordieusement provocants. Alasa avait un peu froid, mais serrer bras contre côtes lui écorchait la peau. Où était-elle, cette foutue bague ? Pas qu'il y en eut nécessairement besoin pour prouver faire partie de l'Académie, hein. Faire un deuxième tour chez Nel'Atan ? Merci bien. Pourquoi pas chez l'autre échangiste d' Hil'Jildwin ? Peut-être espérait-elle que la renarde allait trouver le symbole. Parce qu'elle n'abandonnait pas, ou..

Tout contre le rivage. Si la boiteuse ne vit pas l'obsidienne, pour la très bonne raison qu'il faisait nuit noire et que les pierres corbac sont rarement d'un orange vif, elle perçut bien le roidissement soudain de Nirvelli à quelques centimètres, trahi par les ridules et son ombre immobile. Sans doute avait-elle accroché l'objet ou trébuché la lueur d'un vieil astre; avec la fourberie d'un serpent[..], y en a qui ont oublié d'effacer leur phrase avant de poster. Puis, le ridicule d'une éventuelle collision des crânes évitées, l'une de leurs deux mains glissa viscérale vers l'anneau, qu'elles touchèrent au même instant. Mon précccccciiieeeuux. Flottement. Haha, c'est l'cas de le dire. Aucune ne lâcha. Prévisiblement. A vrai dire, Alasa en était encore à l'étonnement de revoir la pierre mais bon, y en a bien qui trouvent des pointes de flèche préhistoriques, et être crédibles on s'en fout, on est admins; elles allaient finir par briser le cercle métallique. Pourquoi ne pas convoyer sa main gauche en guise de renfort ? Ou allonger à la roussotte un perfide coup de rotule ? Attends, repoussait-elle, attends quelque secondes, pour voir. Et, la procrastination aidant, elle n'avait plus grande envie de paraître trop s'attacher à une gageure ayant pour enjeu un voeu puéril; ou était-ce la curiosité malsaine, le désir que son actuelle adversaire gagnât ? Coupant le siffleur en deux, l'efflanquée usa de ses ongles inégaux sur les doigts fermes d'Elera; laquelle ne broncha pas, bien qu'ils s'enfonçassent -Cool- de quelques demi-millimètres entre eau et chair. Elle ne libérait toujours pas l'obsidienne, l'effrontée. La prochaine fois, on jettera ton anneau lotra, même si t'en as plus. Plus fière qu'on ne pouvait l'expecter ? Alors que le grotesque de la situation arrachait à la brune un rictus moqueur, involontaire et imperceptible dans l'obscurité, Nirvelli leva les améthystes prunelles et murmura une alternative.

Sans sens. Chacune ? On ne qualifiait plus cela de dette mais d'échange, mot creux par excellence. Si aucune ne pouvait avoir le dessus sur l'autre, où restait l'intérêt de la chose ? Condamnées à être partiellement antonymes -jamais. Il suffisait de refuser. Ou, encore une fois, de jouer la carte de la lâcheté: enclencher les muscles labiaux nécessitait forcément une perte d'intention même infime de la part poussine, et alors tirer d'un coup sec.. Infime, mais Alasa n'était pas certaine que cela fut suffisant. Galopeuse de brume. Et surtout plus éveillée qu'elle. Alors, tout annuler ou.. ? Une vague idée lui traversa alors l'esprit si; goût de funérailleux , adjectif n'étant plagié chez personne et d'imprévu. Les yeux jusque là obstinément, mollement collés à l'anneau, elle éleva lentement le regard, émit finalement un rictus plus dur que le précédent, plus visible également parce que coordonné à la fuite d'une nuée.

- D'accord. La prochaine fois.

Elle reprit la bague que les doigts volatiles -Arrow- lâchèrent enfin, sans doute plus pour marquer que le défi était fini sur un match nul que pour donner leur assentiment, mieux valait ne pas douter du pouvoir de persuasion de l'anciennement lotra. Sans plus de manières, la brune s'extirpa de l'eau en évitant la vision désagréable des longs cheveux d'ombre rouge et retourna vers la butte où l'attendait son uniforme presque impeccable -un peu froissé. Comment devenir assez sèche pour le remettre et fuir ? En fait, les portes étaient sans doute déjà fermées pour la nuit. Que de temps perdu.. ou pas. Et là on a envie de dire okd'accord. Soupçonnait-elle, la violette ?S'apprêtait-elle à argumenter des gestes, des lèvres, des pupilles ? Songeant aux suicidées notoires face au corps d'Igu.. Igo.. Iga-chouIgashu sans même l'apercevoir vraiment, il restait vaguement quelque chose à faire, en partie pour faire oublier à Elera ce qui clochait dans la demande ou pas.

- Comment.. tu tiendras parole ? Si je fais, dis, ce que tu veux.. dois le faire aussi.

Sa voix trop rauque s'éteignait sur certaines syllabes ou difficultés et, étant toujours de dos -imprudence auquel elle ne remédia pas- elle ne pouvait avoir la certitude que l'autre fille ait entendu -voire compris- la sollicitation incongrue. Mais si c'était un jeu, autant en suivre les règles, n'est-ce pas ? Les contraintes prises sur soi-même, le goût du risque, comme auraient sûrement préféré l'entendre n'importe quel membre d'une certaine guilde. On ne brime jamais une marchombre..

[Je rabâche si j'veux. Toc.]

Elera
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Marchombre
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MessageSujet: Re: Titre du sujet (RP terminé)   Titre du sujet (RP terminé) Icon_minitimeJeu 17 Sep 2009 - 18:01

Un autre jour, dans un autre univers, peut-être me serai-je défendue contre ses accusations sans raison d’être. J’aurai dit que je ne manquai pas d’inspiration, mais que j’écoutais simplement les ferventes supplications d’Alasa pour que j’attende au moins la fin de la semaine pour répondre. Que je ne le ferai pas la prochaine fois, si une marque de bisounoursitude poussée mène à de tels scandales. Que les chuchoteurs sont les créatures les plus mignonnes de Gwendalavir, exceptées les goules, bien sûr. Que je répondais simplement à une introduction vieil de presque six mois, introduction qui m’avait envoyé un éclair de génie non pharaonien, m’offrant une fiole d’inspiration qui avait justement mené à ce magnifique premier paragraphe. Que la tienne fait 13 lignes et des écureuils, alors pour 6 lignes, hein… Mais voilà, en ce jour, en cet univers, la flemme s’est doucement installée, et répondre avec une semaine de retard n’est pas pour plaider en ma faveur. Passons donc immédiatement aux choses sérieuses ou pas. Il faudrait d’abord préciser, parce que c’est important, que je savais farpaitement que la réponse n’avait rien à voir avec de la philosophie profonde sur la vie et la mort. La sauvage Alasa est bien en dessous de ses pensées intellectuelles, voyons, ce n’était qu’une interprétation typiquement elerienne Titre du sujet (RP terminé) 24966 Et l’eau est glacée au printemps, il n’y a qu’à voir les rivières en plein été, celles avec le courant dans laquelle "ils allèrent, l’astre millénaire brûlant leur peau moite"… Le courant dans le lac, jetel’accorde. Et maintenant, il va falloir faire plus long que de coutume, parce que les introductions, c’est bien, mais c’est quand même un peu le bordel.

Un peu. Pas beaucoup plus que d’habitude…


Elera sentit comme une hésitation venant de la part de la brune. Une hésitation qui se montra dans les doigts qui tirèrent un peu la bague, dans sa tête vaguement penchée et dans un mouvement des épaules vers l’arrière, comme si elle souhaitait partir, refuser les nouvelles règles du jeu. Peut-être avait-elle voulu être la seule à contrôler une action de l’ancienne lotra ; peut-être ne souhaitait-elle pas être obligée de relever le défi qu’Elera pourrait lui donner. Mais pourquoi cet échange serait-il si repoussant, après tout ? Elles pouvaient toujours avoir le dessus l’une sur l’autre ; il suffisait de poser la bonne question, de trouver une action plus contraignante que pour l’autre. Il y avait peut-être un sentiment de réconfort dans la pensée que l’autre se verrait elle aussi obligée d’agir, et pourtant, les possibilités ne se voyaient pas restreintes, et c’était à celle qui aurait le plus d’inspiration d’imagination que reviendrait la victoire.

Mais non ; ce n’était pas la notion d’échange de dette qui gênait la corbac, au vu de ses mots suivants, mais un instant dans le temps. La prochaine fois… ? Pour une raison aabsolument inconnue et incommensurable, il semblait que la corbac souhaitât partir aussi vite que possible, et qu’elle n’avait pas de temps à perdre à lancer des bravades jusqu’à point d’heure, contrairement à une autre jeune fille grande elle aussi qui ne connaissait pas le concept de nuit *regard appuyé*. A moins que ce ne soit simplement la situation, et qu’elle n’ait déjà une idée en tête sur ce qu’elle demanderait à la marchombre, idée qui ne pourrait pas être mise en place maintenant… Il faut bien dire, les rives d’un lac abandonné et désespérément vide de toute autre vie que celle des deux adolescentes, le renard y étant passé aussi, ne sont pas toujours l’endroit le plus propice aux défis originaux. Mais autant arrêter de faire des hypothèses sur les motivations de Tinuviel ; pour tout ce qu’Elera en savait, la fille des loups avait simplement dit ça pour ne pas avoir à agir maintenant, pour pouvoir s’enfuir et ne jamais revenir, dérogeant ainsi ses nouvelles obligations envers la lotra. Les possibilités, une fois de plus, était trop nombreuses pour qu’Elera puisse deviner sans se tromper… Aussi lâcha-t-elle la bague, laissant l’anneau disparaître dans le poing fermé de la corbac.

Et fourra sa main dans sa poche au tissu encore humide, à la recherche du sien. Ses doigts en effleurèrent deux. En effet, si les pierres des quatre maisons sont connues de tous les académiciens, peu prennent la peine de se souvenir que les maîtres portent un anneau d’argent. Elera avait donc bien sûr reçu ce nouveau bijou inutile et si facile à perdre, mais avait aussi gardé sa bague de lotra. Aucun besoin de préciser que c’était formellement interdit – des bagues qui se promènent toutes seules en liberté alors qu’elles sont la propriété privé de l’Académie, voyons, on ne les laisse pas à n’importe qui, et le forgeron à autre chose à faire qu’en forger une par élève, autant les réutiliser lorsqu’une personne s’en va. Et puis bizarrement, Jehan tenait grandement à ces marques d’appartenance à l’Académie qu’il gardait jalousement dans son petit coffret. Elera avait dû rendre sa bague, mais ne souhaitant pas quitter cet objet devenu un symbole à l’importance capitale, avait remis son pseudo en bleu l’avait repris lorsque l’Intendant n’était pas dans son bureau… Vol ? Oui, peut-être. Et selon le Code Merwynien, elle devrait être fouettée pour ça… Pourtant elle ne regrettait pas. Le saphir l’avait suivi pendant plus de trois ans de sa vie. Elle l’avait gardé sur elle à chaque instant depuis qu’elle avait rejoint les humains. Après son arc faël, c’était sûrement sa possession la plus importante. Ses doigts caressaient donc la pierre précieuse, ignorant complètement l’autre anneau qui reposait contre eux.

Doucement, Elera sortit à son tour de l’eau froide, s’étonnant de l’initiative qu’avait pris la corbac. Si elle se souvenait bien, c’était la première fois que celle-ci lui tournait le dos, et partait en avant sans s’inquiéter d’elle. D’habitude, ses yeux noirs et clichés la suivaient en permanence, ne quittant jamais son corps, toujours sur le qui-vive, toujours emplis de méfiance. D’habitude, c’était Elera qui partait devant. Ou peut-être pas, en fait ; Alasa ne l’avait jamais exactement suivie non plus, il semblait plutôt qu’elle se dirigeait vers le même endroit sans prendre le même chemin. Sa position actuelle permettait à Elera de l’observer à son aise, sans avoir à la dévisager… Son dos voûté dont elle ne voyait pas grand-chose entre la pénombre et les sombres mèches qui luttaient pour camoufler sa peau diaphane, ses épaules encore maigres malgré son retour à la civilisation, les divers bleus et égratignures accumulés au fil du temps et de sa vie sous les sapins, ses longs bras arachnéens qui semblaient sortir de l’obscurité. Cela ne devait pas faire longtemps qu’elle était entrée à l’Académie, et c’était bien la première véritable information sur ce qu’avait bien pu faire Alasa depuis leur dernière rencontre qu’Elera récoltait. La fille sauvage pouvait bien répondre à mots couverts, détourner le sujet et se faire oublier, elle ne pouvait pas tout cacher…

Sa voix non plus n’était pas encore tout à fait habituée aux sonorités humaines. Elera comprit, pourtant ; le souffle éraillé avait beau être hésitant, elle avait appris à capturer les murmures. Mettant enfin les pieds sur la rive, elle sortit au même instant sa bague lotra de sa poche, la faisant tourner entre ses doigts et fixant ses moindres détails. Une preuve. Tinuviel voulait une preuve… Pourquoi ? Ce n’était pas nécessaire. Elera avait dit qu’elle tiendrait parole, et elle le ferait. Elle ne brisait jamais ses promesses… Elle avait choisi de jouer le jeu, décidé de participer à ce défi insolite, accepté de faire l’inutile et de se poser cette contrainte, contrainte que beaucoup d’autres auraient refusé en considérant qu’elle était contraire à leur liberté. Elera n’y voyait aucun inconvénient ; qu’est ce que la vie sans un peu d’imprévu ? Elle avait consenti à cet échange, et elle s’y tiendrait. Il n’y avait nul besoin de certitude… Elle n’avait pas douté un instant qu’Alasa tiendrait sa part du marché. Et si son dos tourné semblait lui indiquer un minimum de confiance – à moins que ce ne soit le résultat de quelques jours passés dans les couloirs, sans pouvoir tourner le dos à tout le monde – sa question renfermait encore de la méfiance. Mais maintenant qu’elle y pensait, c’était compréhensible. Elera pourrait refuser en entendant une requête allant envers ses idéaux… Lorsqu’elle se décida enfin à répondre, les mots vinrent seuls, sans avoir été cherché ; mais ce pour une raison bien compréhensible : les mots n’étaient pas les siens.


- Quand on plante n’importe quoi dans la veine, là, le long du cou, que le sang pisse, la personne meurt. Y a pas d’incertitude…

Une voix beaucoup plus feutrée que celle rauque de sa détentrice, une phrase prononcée sur un ton beaucoup plus doux que l’originale, une signification aux similitudes presque inexistantes. Et pourtant, elle convenait aussi à cette situation… Il n’y avait aucune incertitude sur le fait qu’elle tiendrait parole. C’était aussi lumineux clair que la mort, aussi certain que les étoiles. Tinuviel avait raison, en prononçant ses mots ; et si elle avait voulu dire que oui, elle pouvait tuer Elera, alors c’était déjà une preuve en elle-même. Si Elera refusait d’obéir, elle pouvait toujours tenter de prouver faux ce ‘ou pas’ qui était resté entre elles. Mais la Corbac voulait davantage ; elle voulait la satisfaction qu’apportait sûrement la pensée de pouvoir obliger un marchombre à suivre un ordre. Elera ne souhaitait évidemment pas le lui donner ; c’était un jeu, un simple jeu, et elle ne voulait pas y apporter une dimension sérieuse… Mais en même temps, si elle avait accepté jusque là, pourquoi ne pas aller jusqu’au bout ? Quitte à devoir quelque chose à la corbac, et la corbac à elle, autant faire les choses correctement. Elle aussi avait besoin de savoir que Tinuviel ferait ce qu’on lui demandait de faire… Une fois de plus, la rencontre devait se terminer en échange, sans gagnants. Une dette chacune, une preuve chacune. Mais ni les dettes, ni les preuves ne devaient être égales… et en ce qui concernait les preuves, la fille des loups sortirait largement gagnante. Instinctivement, le fait qu’elle regardait encore le signe de lotra en le bougeant sur sa paume l’influençant sûrement pour lui souffler une réponse improbable, elle lâcha :

- Echangeons nos bagues.

Elle garderait celle de Corbac, Alasa celle de Lotra. C’était une preuve suffisante. Toutes deux auraient des ennuis si les autorités apprenaient qu’un anneau lotra sans propriétaire officiel se promenait de main en main, ou qu’une obsidienne avait été donnée lorsqu’il était clairement déclaré que chaque apprenti devait toujours garder sur soi l’anneau fourni à leur arrivée. Pouvoir des deux côtés, donc ; davantage encore pour Alasa, puisqu’Elera tenait davantage à son anneau que le contraire. Si la brune y voyait une quelconque représentation poétique, elle n’aurait jamais jeté sa pierre au fond d’un lac aux abysses presque insondables lorsque le soleil n’éclairait pas le sol de ses rayons. Et puis, il y avait aussi la question du vol partiellement, mais la fille des loups ne sachant pas qu’Elera n’avait pas eu la permission de garder l’anneau, elle ne pourrait pas utiliser cette particularité… Et puis, techniquement, elles n’avaient pas besoin de leur propre joyau. Si elles avaient besoin de prouver leur appartenance à l’Académie aux gardes, la couleur de la pierre ne changerait pas grand-chose sur les résultats…

Elle aurait pu avoir peur de ne jamais revoir cet objet ; et pourtant, l’idée ne lui passa qu’éphémèrement à l’esprit. D’abord, parce qu’elles semblaient toujours se recroiser, à un moment ou à un autre ; ensuite, parce que si elles étaient capables de retrouver une pierre noire au fond d’un paysage aquatique, il n’y avait aucune raison pour qu’elle ne retrouve pas son reflet bleuté dans un jour prochain. Quand, cela n’avait aucune importance, du moment que cela arrive. Et le fait qu’elle chercherait à la reprendre une fois qu’elles seraient parties chacune de leur côté était une autre preuve du fait qu’elle accepterait le défi, quel qu’il soit, et qu’elle n’essaierait pas de l’éviter. Elera leva sa bague, peut-être pour la dernière fois, avant de la tendre vers Alasa, prête à la lâcher une fois que celle de la corbac serait nichée dans sa paume. Si l’enfant de la nuit refusait, alors elle repartirait avec la sienne… et en attendant cette ultime décision, une dernière question :

- Ils t’appellent comment, là-bas ?

Mouvement de tête évasif vers l’endroit approximatif où devait se situer l’Académie. Parce qu’elle doutait que la brune soit connue sous le nom de Tinuviel…

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MessageSujet: Re: Titre du sujet (RP terminé)   Titre du sujet (RP terminé) Icon_minitimeLun 2 Nov 2009 - 21:43

Les derniers prismes lumineux depuis longtemps dégradés à la surface grimacèrent en feux follets derrière les pins oui ils font ça quatre fois par post mais c'est un point de repère sûr, mêlant une odeur résineuse et méphitique au dais obsolescent du contre-jour. Pour Alasa, c'était leur intermittence -agonisante- qui lui sarclait la joue droite, écartelait les zygomatiques à un point douloureux. Etait-ce le fait de se confronter réellement au crépuscule pour une fois et de n'en plus ramasser que l'écho du lac ? Il était nécrosé le conte souffreteux de cette putain d'étendue saumâtre. Là sans doute le problème. Elle était pourtant certaine de ne pas trembler dans l'expectative d'un coup en traître -ou plutôt que son corps ne tremblait pas- et que l'eau égalait plus que jamais vacuité, mais alors.. pourquoi ce rictus bancal des pommettes aux sourcils presque visible de l'intérieur, irrépressible. Comme perdre contrôle à la face des arbres pour insinuer une once de moralité dans leur promesse spécieuse, dans la menace de cette promesse. Mais ce n'était pas une crispation victorieuse; plus que nerveuse. En y repensant, plissant le nerf optique sur les paréidolies des ombres, elle pouvait encore voir une louve. Un mentaï blond. Une louve. Comme celle de tout à l'heure qui n'existait pas parce qu'en fait elle avait les yeux d'une ancienne connaissance humaine, mais on ne connaissait personne, qui.. ? Et la pierre ? La pierre projetée pour tuer la chimère qui l'avait soi-voyant fait tourner patte de velours, on ne rêve pas un toucher ? Evoquer le minéral la ramena à leur présence, et la brune comprit sans en déduire quoi que ce fut sa crampe à l'orbite dextre; les cheveux brûlants d'Elera. Trop longs. Il fallait, il fallait les couper. Ils allaient les étrangler. Oui, c'était bien cela, voilà que le tiraillement musculaire s'accentuait en se représentant plus -donc moins- exactement les sources de magma cendreux serpentant à l'entour de l'inconsciente, un rictus de crâne. Enfin bon. Le feu s'assoupissait avec les étoiles, épigone d'un incendie sans lieu d'être et la spéculation propice au phantasme ne tiendrait pas contre un demi-tour. D'autant plus que les clapotements annonçaient une approche prochaine de l'autodafée en question.

La rousse -non, la grise, la verte, la tombée de la nuit- tenait quelque chose entre ses doigts, dérobé par l'obscurité latente; Alasa crut surprendre son visage tourné vers son dos lorsqu'elle pivota, mais qu'importait tant que ce n'étaient pas les cheveux qui regardaient, aussi stupide cette pensée puisse-t'elle paraître. Nirvelli avait déjà reporté son attention sur l'objet cabalistique avec lequel elle jouait, semblait-il, avec précaution. Nul besoin de lumière pour soupçonner là un acquêt autrement plus important que le pauvre renard crevé.. L'apparition à la lune de ce qui s'avérait être un bijou coïncida avec la demande d'une preuve, liant subrepticement les deux propositions à priori sans rapport. Une bague jetant de faibles appels bleuâtres. A la manière dont les mains blanches soupesaient la petite ténèbre, on devinait une pierre sertie au moins. La mercenaire dut s'assurer du poids entre ses propres doigts afin de vérifier sa santé psychologeek -mais une obsidienne ne bleuise décidément pas. C'était là que, déjà, il y avait quelque chose, entre cette presque hésitation perceptible et cette omission, immédiate. Peut-être un consensus entre ces deux extrêmes.. stupide. Mais quelle caution pourrait bien exiger la marchombre ? Parce qu'elle en exigerait, même si sans un impératif préalable elle se serait sans doute basée sur la confiance. Dans leur étrange relation, chaque intention s'annulait équitablement face à l'autre, ramenant l'équation à un zéro plombé, bâtard, contenant en germe une espèce de nihilisme ou mieux: de BN !. Elles ne se connaissaient pas mieux qu'au départ. Peut-être Alasa avait-elle l'avantage de connaître le prénom officiel de l'autre, mais elle ne s'était pas renseignée. Tout ça était la faute des herbacées: le sort devait tourner et il le ferait de force. Le si joliment naïf "une dette chacune" ne suffisait pas et plus jamais.

Nirvelli.. D'où venait ce surnom, déjà ? Ce surnom plus puissant qu' "Elera" par signifiance et par préfixe. Avait-il pas un vague rapport avec l'eau -toujours ? Mais non, il n'y a pas de vagues dans les lacs, tout le monde le sait. Une pensée parasite s'immisça: si c'était à refaire, le rituel alchimique de "la fille" à des syllabes moins communes, "la fille" eut été Narutoo "la renarde". Même son visage troublé était calme. Ses yeux nuiteux, brillants, suintaient d'enfance et d'imprudence. Une gravité enfantine, une galopeuse s'engouffrant aveugle dans la trappe béante pour en mieux s'extirper, insoucieuse de sa chance. Pas aveugle. Aveuglément consciente. Nirvelli était l'eau parce qu'elle représentait toutes ces parcelles de rivages pourris, ces fangeuses haltes de possibles qu'on voudrait lacérer pour remettre de l'ordre, puis nier lorsqu'il n'en reste que les os et leur intolérable évidence. Elle était l'eau pour noyer le spectre de ses cheveux. L'épiderme d'Alasa frissonna un peu en percevant ses propres mots adoucis, édulcorés surtout parce qu'elle ne les reconnut pas d'emblée -comme pas mal de choses- et se demanda de quoi aurait l'air une Elera même marchombre plantant n'importe quoi dans la veine, là, le long du cou, les mains poisseuses du dernier parti. Sans doute apparaîtrait-elle gênée. Cela ne suffisait pas.
Qu'offrait-elle ? Le droit de la tuer en cas de parjure -d'essayer ? Tu parles d'une preuve ! Le jour ou son entraînement mercenaire et une haine quelconque lui reviendraient à l'esprit, elle n'attendrait pas de permission, la rouquine devait le savoir malgré son aplomb -mais, comme leurs différentes obédiences se ressemblaient de près, elles avaient toutes deux dû apprendre ou se souvenir que l'assurance est le premier état d'esprit à adopter pour rester en vie. Enfin soit, cela dénotait au moins une certaine loyauté de la part de la jeune femme au cas où quiconque Marlyn mise à part en douterait encore: elle avait toujours évité l'affrontement et les conflits d'intérêt. Cependant, qui disait qu'elle ne reculerait pas face au passage à l'acte ? Il était difficile de douter de sa croyance en la valeur de sa propre parole, mais peut-être était-elle spécieuse. Alasa ignorait encore quel serait l'accomplissement de cette "dette", mais elle savait déjà que le concept ne plairait pas à la marchombre. Si celle-ci savait manoeuvrer, la réciproque s'avérerait problématique mais on ne voyait pas en l'éthérée une âme vénale formée à l'entregent, la sournoiserie, l'acrimonie. Même en l'imaginant seulement ainsi, l'idée s'empoussiérait d'elle-même. Restaient deux inconnues nommées recul et faiblesse. En un mot, les circonstances.

La brune n'eut pas l'occasion d'exiger d'un froncement de sourcils de toute façon insaisissable dans l'anthracite ambiant quelque chose de plus compromettant; bien qu'elle ne le vit pas, le regard d'Elera s'était de nouveau posé sur la gemme et la proposition ne se fit pas attendre. Eh ! C'était bien la peine d'essayer de perdre cet anneau maudit là où il n'aurait jamais dû émerger. Le terme d' "échange" signifiait donc une preuve en retour suffisante. Ne pas montrer trop brusquement son acceptation, qui pourrait être à juste titre interprétée comme un "parfait, j'en ai rien à faire de ce caillou, permutons". Encore une fois, le naturel méfiant de tout stéréotype alavirien comme Alasa doutait de la validité du marché, peut-être cette phrase ne mettait-elle l'accent que sur le handicap qui serait le leur si l'une d'entre elles égarait malencontreusement le symbole ? Sauf que la rousse avait caressé un peu longtemps les rainures opalines. Il y avait bien sûr cette idée d'obligation à la confiance -ou de prise d'otage- pour le moins déplaisante, mais Nirvelli ignorait tout de l'attaque prochaine du Chaos: nul doute que la corbac ne serait pas la plus surveillée..

Le cercle métallique crevait désormais la peau d'Elera à quelques centimètres de la sienne; faisant mine d'hésiter, hésitant vraiment, sa condisciple fit glisser le sien du pouce au bout de l'index, effleura les doigts humides et referma lentement la paume sur l'objet. Contrairement à l'obsidienne que l'épique combat manuel n'avait eu le temps de réchauffer, le grain de la sodalite était tiède, marqué par les empreintes digitales qu'il suffira de relever pour, dans une mise en scène appropriée, accuser l'apprentie poussin d'avoir tué Valen et cela constituait une garantie presque suffisante. Si elle était loin de se douter de tout ce que représentait ce misérable caillou et cet anneau un peu difforme aux yeux de l'adolescente, Alasa soupçonnait un attachement nostalgeek dans la même veine et délibérait intérieurement sur l'importance à attribuer à cette.. chose. Puis ce fut le moment de l'ultime question collante dont la teneur en glucides complexes marquait bel et bien le tournant soupçonné; d'ailleurs, cette interrogation avait une réponse, après un silence et un raclement de gorge trébuchant:


- Emna.

Elle s'éloigna pour repasser l'uniforme toujours sec, ne commence pas à imaginer une prise et une table à fleurs lorgnant du coin de l'oeil la marchombre par pure routine étant donné leur absence commune d'yeux à vision nocturne intégrée qui auraient été tellement plus utiles que ta greffe à la Petit Poney, amenant en guise de finition la défaillance d'éclat lotra à son annulaire. Il était mal ajusté mais les gardes s'en soucieraient relativement peu. Une chose qui les chagrinerait plus serait, peut-être, la présence de résidents hors murs durant la nuit.. Avec un peu de chance et beaucoup de rapidité, les portes seraient encore entrouvertes. Difficile à croire qu'il n'y avait pas huit mois une demi-heure, la roussotte pleurait comme une faucille sur le cadavre quasi-gelé d'un renard fui par les corbeaux.. Alasa revint le pousser doucement de la botte, il était tout autant gorgé d'eau mais exhalait de plus la même odeur de décomposition qu'avant son passage subaquatique. L'une de ses orbites saturée tout à l'heure de vers était nette, propre, l'oeil n'y traînait plus, cela se remarquait malgré l'ombre parce que le creux formait une ombre plus sombre, entourée de rosâtre.


- Tu devrais l'enterrer. Il ne sera pas trand..tranquille, sinon.


Ce qui n'avait rien à voir avec une histoire de respect et de croyance moyenne. Sans un regard plus appuyé que nécessaire vers la silhouette droite et brouillée à l'expression invisible, la jeune fille s'éloigna à pas impatients dans l'espoir, approximatif, de devancer le glas de ténèbres.


[C'était notre rp de l'année, avec EDF o/ ]

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