Fuite, rage et déchéance (RP terminé)

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Dire que Valen était d'humeur exécrable était bien peu de choses. Il parlait à peine, mais son regard et son expression en disaient long... devoir fuir face aux Raïs et aux mercenaires du Chaos était une profonde humiliation, même si ce n'était qu'un repli stratégique nécessaire pour mieux revenir. Le demi-Faël faisait partie de ces personnes qui considèrent qu'elles n'ont pas le droit de se sacrifier en vain... s'il devait mourir les armes à la main, ce serait par nécessité.

Des heures durant, lui et Enoriel se déplacèrent rapidement et aussi furtivement que possible. Valen et sa soeur étaient parvenus à semer leurs poursuivants et à en tuer quelques uns, mais il était à prévoir que la traque reprendrait dès que le Chaos aurait eu connaissance de leur fuite. Arrivés aux pieds des montagnes, les deux Chantelames s'installèrent dans une grotte qu'ils connaissaient bien : ils y étaient déjà venus avec leurs élèves lors d'entraînements. Ils ne pourraient pas y séjourner bien longtemps, mais cela ferait l'affaire pour quelques heures, le temps de se reposer et de soigner Enoriel. Et qui sait, peut-être que des élèves de l'Académie ou des professeurs en fuites auraient le réflexe de venir y trouver refuge pour le reste de la nuit. La Guilde du Chaos devrait d'abord achever la prise de l'Académie, ou sa mise à sac selon leurs objectifs, avant de poursuivre les fuyards et les achever.

Dans l'obscurité, parce que faire un feu était une folie, Valen était occupé à soigner sommairement les blessures de sa soeur. La blessure à la tête était superficielle et nécessitait seulement d'être nettoyée correctement. En revanche, sa blessure à l'épaule était nettement plus grave... il faudrait avoir recours à un guérisseur plus compétent que Valen pour la soigner adéquatement. Le Chantelame n'avait pas le matériel adéquat pour soigner une telle blessure et, s'il était rompu à donner les premiers soins sur un champ de bataille, il n'était pas aussi versé qu'un véritable guérisseur ou qu'un rêveur dans l'art de soigner. Après avoir appliqué un onguent de son invention sur la blessure, il la banda et attacha le bras en bandoulière. Au vu des traits tirés d'Enoriel, la perte de sang l'avait affaiblie...

- Je t'ai sommairement soignée, Enoriel, mais il faudra trouver un guérisseur... je redoute que la blessure ne s'infecte et je n'ai pas le matériel suffisant pour te soigner correctement. Tu as perdu pas mal de sang, mange le peu que nous avons et ensuite repose-toi. Je monterai la garde.

Enoriel n'eut pas le temps de répondre qu'un bruit suspect se fit entendre, provenant vraisemblablement de l'extérieur. Dégainant silencieusement sa dague, Valen s'avança dans les recoins les plus obscurs, traquant la source de ce bruit. Un silhouette se dessina dans la pénombre... trop bruyant pour être un mercenaire du Chaos en chasse. Toutefois, ne prenant aucun risque, le demi-Faël s'assura que la personne était seule et se précipita dessus. Ayant jeté l'inconnu au sol, plaqué face contre terre avec sa longue-dague sur la gorge, Valen lui murmura à l'oreille :

- Qui es-tu? Réponds à voix basse ou je te tranche la gorge!

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Le bruit ronflant de la bataille s’estompait lentement, à mesure que les pas d’Einar le menaient… ailleurs. Loin. Non pas qu’il était un couard ou un pleutre, loin s’en fallait. Mais le jeune homme ne possédait pas la notion du martyr, et préférait sauver sa peau avant d’être égorgé, voyant que la défaite était maintenant certaine. Les membres roidis pour avoir repoussé le plus de Raïs possibles en vain, le Lupus avait ceint l’arc faël d’Elera autour de son buste, et tenait son épée du bout des doigts, la laissant à loisir râcler la terre. Il était épuisé.

Lorsque les premiers bruits de guerriers cochons s’étaient fait entendre, il avait accouru, comme ses camarades. Puis cherché des yeux toutes les têtes et personnes qu’il connaissait, pour les aider de ses flèches. En vain. Il n’avait réussi qu’à l’apercevoir, avant de la perdre dans la foule, tout comme ceux qu’il avait souhaité soutenir. Alors il avait presque vidé son carquois pour tenir les Raïs à distance des groupes encerclés de combattants ; et lorsque les traits commencèrent à manquer, il avait saisi n’importe quelle lame par terre et avait continué à repousser les Raïs, sans vraiment de stratégie. Maintenant qu’il avait sonné retraite en s’échappant par une fenêtre brisée d’un couloir, il pouvait enfin commencer à réfléchir. Tout était allé trop vite pour qu’il ait eu le temps de faire le point ; au surplus, son esprit était occupé par Elera, Ichel, tous ces gens qu’il n’était pas sûr de revoir vivants. Quand le calme l’avait environné, il avait seulement remarqué un morceau de verre brisé qui s’était profondément fiché dans son mollet droit, creusant des rigoles de sang sur sa peau. Tant pis, ça ne saignerait pas trop tant qu’il ne retirerait pas l’éclat, qui était de la largeur de son avant-bras.
La fatigue lui tombait sur les épaules comme dix guerriers cochons qui se poseraient sur lui. Il devait absolument trouver un endroit, une excavation, une grotte peut-être ? dans laquelle il pourrait se reposer. Le lendemain, il partirait à la recherche d’autres échappés, ou pire, d’autres survivants. Mais plus maintenant. Ses yeux à demi-clos parcoururent les montagnes, et il identifia une plus grande tâche sombre comme étant une caverne. Parfait. Ses pas râclèrent le sol à leur tour, et un choc mou l’avertit qu’il avait laissé tombé la lame dentelée bizarre –sûrement volée à un Raï mort. Tant pis.

Tout alla en une seconde. Une main lui étrangla la gorge. Son nez entra en collision avec le sol de pierre brute. Ses bras lui étaient violemment volés, et tenus dans une clé douloureuse. Des genoux lui rentraient dans le dos. Une dague lui appuyait sur la pomme d’Adam. C’est à peine si le jeune homme retint son soupir de lassitude.
On lui demandait de répondre à voix basse ? Parfait ! Il n’avait plus assez d’énergie pour crier ou même songer à parler à voix haute. Ses paupières étaient très lourdes, et le choc additionné à l’obscurité l’auraient endormi, s’il n’y avait la dague.

- Si z’êtes un brigand, j’suis Einar Soham. Si vous êtes quelqu’un de l’Académie en fuite, j’suis Einar Soham, élève à Lupus… Si vous êtes un Mentaï, j’suis quand même Einar Soham, parce que vous allez me tuer et que j’ai plus la force de me défendre..

La perspective qu’il allait peut-être mourir ne fit étrangement ni chaud ni froid à Einar. Pensant que parler lui ferait gagner un peu de temps, il s’humecta les lèvres et continua, le plus bas possible :

- Mais si vous pouviez enlever vot’poids de mes jambes, ce serait gentil, j’suis blessé et ça fait un peu mal.. Et vous êtes qui vous d’abord ?

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Ra quel goût amer celui de la défaite ! Enoriel et son frère avait fuit dans le plus grand silence et la plus grande discrétion, tuant quelques mercenaires sur leur passage, histoire de manifester leurs présences. Elle ravalait ses cris et ses pleurs, son épaule gauche était en sang, encore heureux que ce n’était pas le droit ! Même si elle arrivait à se battre avec les deux mains, elle avait bien sûr une préférence pour le bras droit. Ils s’étaient réfugiés momentanément dans la grotte dont-ils se servaient pour certains entraînements.
Ce n’était que provisoire mais peut être que certains élèves ayant fuis les retrouvent là. Pour l’instant, ils étaient seuls et trempés. Une se ces pluies d’orage qui ne prévient pas et vous trempe en moins de deux. Au moins la pluie effacera les marques au sol…La jeune femme pesta, protesta à maintes reprises. Non elle ne voulait pas de soins. Elle allait très bien répéta-t-elle en réprimant un vertige.

Elle ne supportait pas de recevoir de l’aide, même pour des soins car elle se sentait vulnérable. Son sale caractère avait déjà failli lui couter la vie lors de l’attaque des cochons guerriers. Son frère était d’une sale humeur lui aussi, il s’empara de son épaule et lorsqu’elle voulut se débattre, l’agrippa fermement, arrachant une grimace à la blessée. Elle détourna le regard, furieuse tandis que son aîné la soignait du moins qu’il put, avec le pauvre matériel à disposition.
Ils ne voyaient pas grand-chose dans l’obscurité et ils ne pouvaient pas faire de feu pour se sécher. Il était très complexe de se soigner dans ce genre de conditions. La blessure sur sa tête était déjà à moitié nettoyée vu l’eau qu’elle s’est prise sur la tête lors de sa fuite mais son épaule, c’était une autre histoire. Elle était assez grave, profonde et elle avait perdu beaucoup de sang, se qui la rendait fébrile.

Elle n’arrivait pas à calmer ses tremblements et son teint était aussi pâle que la neige alors que d’habitude, elle avait le beau teint hâlé des faëls. Son frère lui tendit de la nourriture qu’elle n’eut le temps de refuser, un bruit dehors, elle s’immobilisa en ramenant une dague contre elle tandis que son frère se précipita quérir le venant.
Elle pouvait entendre leurs paroles alors même qu’elle était à l’entrée. En grimaçant, elle se releva et se traîna dehors, sous la pluie. Elle discerna dans l’obscurité les contours de l’élève. Un élève de sa maison, elle se rapprocha et posa une main sur l’épaule de son frère.

-Je le reconnais, c’est un élève de ma maison. Viens.

Elle rengaina sa dague et tendis son bras valide pour l’aider à se relever. Dès qu’il fut debout, elle eut la présence d’esprit de s’emparer de son arme.
Certes il était élève mais il fallait néanmoins rester méfiant et ne pas reproduire l’erreur de Marlyn, une élève qui avait trahis l’Académie et la confiance d’Enoriel.
Ils entrèrent tous dans la grotte et la jeune femme déposa l’arme de l’élève avec le reste des affaires et le fit asseoir.

-Et maintenant ?

Elle se tourna vers son frère. C’était lui, le plus amène, à diriger le petit groupe. Elle s’en remettait à lui.
Elle vint s’asseoir aux côtés de l’élève et s’enquiert de sa santé.
Voyant qu’il n’avait rien de bien sérieux, elle réussit à faire un faible sourire et écouta avec attention son frère, retenant son bras blessé avec son autre main, réprimant un nouveau vertige. Ses tremblements reprirent mais elle n’y fit pas attention.

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- Et maintenant? Je monte la garde, vous dormez. Tu as besoin de repos, Enoriel, et l'ami Einar ne semble pas en condition de monter la garde sans finir par s'endormir.

Rengainant sa longue-dague, Valen avait escorté le jeune Lupus jusqu'à la grotte. Il le reconnaissait à présent : meilleur archer qu'épéiste d'après les souvenirs du Maître d'armes, mais ce n'est pas un problème, ses talents, quels qu'ils soient seraient rapidement mis à contribution. Examinant le jeune homme sans lui en demander la permission, le Chantelame avait constaté avec soulagement que les blessures d'Einar étaient superficielles et les avait aussitôt soignées. Se relevant, il avisa l'arme d'Einar et l'examina, commentant sombrement :

- Un cimeterre raïs... tu ne feras rien de bon avec une arme pareille, Einar Soham. On te trouvera une autre arme... peut-être la seconde épée de ma soeur si elle y consent, elle ne pourra pas la manier.

Se saisissant de l'épée bâtarde de Slynn, le demi-Faël se dirigea vers l'entrée de la grotte, mais se ravisa. Dégrafant sa cape, il la lança à Einar :

- Utilise donc ma cape en guise de couverture, tu sembles en avoir plus besoin que moi. Demain, nous quitterons cette grotte. Une fois l'Académie détruite, ou prise, ils vont probablement dépêcher des pisteurs pour achever les fuyards et les survivants et ils trouveront cette grotte sans difficultés. Vu la gravité de ta blessure, Enoriel, je pense qu'il va falloir prendre le risque de gagner Eoliane, mais j'irai seul quérir un rêveur. Je vais d'abord te conduire à notre refuge et Einar y restera pour veiller sur toi.

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Les différentes paroles qui furent prononcées au cours des minutes qui suivirent ne firent pas beaucoup d’effet dans le cerveau d’Einar. Il était en vie, et c’était tout ce qui comptait dans ses neurones pour le moins somnolentes. On le fit se relever, s’asseoir, on le soigna rapidement – ses blessures n’étaient heureusement pas graves et il n’y aurait aucune séquelle. Enoriel Til’Lleldoryn, qu’il reconnut parce qu’il admirait profondément ses capacités de tir à l’arc depuis quelques cours, avait l’air plus sérieusement endommagée ; mais elle n’était pas toute seule, aussi Einar ne puisa-t-il pas l’énergie nécessaire pour s’enquérir tout de suite de son état de santé.
Légèrement vexé que son super sabre bizarre et plein de piques ne soit pas considéré comme une lame digne de ce nom, le jeune homme, il voulut protester, dire qu’il ne fallait pas priver dame Til’Lleldoryn d’une de ses armes chères, qu’il pourrait se débrouiller autrement, qu’il ne savait de toute manière pas se battre avec une épée… Mais une cape vint soudainement réduire son champ de vision et par conséquent, couper court à toutes ses envies de rebellion. L’heure était grave, et il se trouvait en compagnie des deux Til’Lleldoryn, les deux meilleurs combattants de l’Harmonie qu’il pouvait espérer croiser.
Ainsi, le descendant des Soham perdit conscience de tout ce qui se passa par la suite dans la nuit, et s’endormit sous la cape chaude, d’un mauvais sommeil ponctué de cauchemars.

Tiré des bras de Morphée dès potron-minet par un Valen plus que maussade et de mauvaise humeur, le jeune homme fut mis aussi sec sur ses jambes. Apparemment, l’heure était à la fuite, puisqu’il fallait se rendre dans le « refuge » évoqué dans la conversation de la veille. Ses membres le lançaient encore, mais Einar se fit discret, car il savait que l’état d’Enoriel était préoccupant et qu’il ne devait pas être une épine dans le pied.
La marche était plus que pénible. Les deux demi-faëls étaient aussi silencieux que des tombes. A un moment dans leur parcours, on lui plaça sans discussion un bandeau sur les yeux, parce que le « refuge » devait rester secret, et qu’on était jamais trop prudents, avec tous ces traîtres parmi les élèves. Même si cela atteignit son amour-propre, le jeune homme n’eut pas l’occasion d’y réfléchir, guidé auditivement par les deux adultes.
On le lui retira seulement à l’intérieur de ce qui semblait être une caverne.

Einar s’assit sur une excroissance de la roche. Finalement, il finit par s’adresser à Enoriel avec la déférence qui lui était dûe :

- J’espère que votre blessure n’est pas si grave, dame Til’Lleldoryn. Vous semblez en souffrir beaucoup.

Puis il tourna la tête vers Valen, qui était toujours muré dans son silence. Il était inquiet du sort de beaucoup de monde et avait du mal à rester en place. Il aurait voulu mener une contreattaque dans l’heure… même s’il savait que c’était du pur suicide. Roulant une petite pierre dans se ses doigts pour tuer l’inactivité, il lui demanda finalement :

- Et maintenant on fait quoi… Monsieur ?

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La nuit s'était écoulée paisiblement. Comme il l'avait annoncé, Valen avait monté la garde pendant qu'Enoriel et Einar dormaient à poings fermés. Au petit matin, le soleil était à peine levé que le demi-Faël réveillait ses compagnons et, sans manger, ils se mirent en route : Valen avait donné le peu de nourriture qu'il avait à sa soeur la veille.

La marche se fit sans la moindre discussion, sens aux aguets. Le Chantelame redoutait un éventuel piège, aucun pisteur ne semble encore s'être lancé à leur recherche, ce qui était passablement étonnant. Peut-être Einar Soham était-il un traître alors? Mais c'était peu probable, les mercenaires du Chaos les auraient justement traqué pour ne pas démasquer la couverture de leur mouchard. A moins qu'ils ne comptent sur Valen pour tenir ce raisonnement? Il en doutait, mais il ne baisserait pas sa garde pour autant. Une vigilance omniprésente était nécessaire pour survivre et parvenir à ses fins. Sans consulter Enoriel, le demi-Faël annonça sans autre forme de procès à Einar qu'il lui banderait les yeux : ils étaient à moitié chemin à présent.

Faisant tourner le malheureux élève sur lui-même pour lui faire perdre son sens de l'orientation, ils reprirent leur marche jusqu'à la grotte Chantelame. Une fois, à l'intérieur, Valen ôta le bandeau des yeux d'Einar et vaqua rapidement à ses occupations. S'assurant ne pas être observé, il en profita pour mettre ses manuscrits remplis du savoir Chantelame en sureté, dans une cache secrète située près de l'autel. Si nécessaire, Enoriel en connaissait l'existence ; de même que Slynn. Décrochant le fourreau de Daelos de sa ceinture, Valen posa avec délicatesse son arme légendaire sur l'autel... il utiliserait l'épée bâtarde de Slynn jusqu'à ce qu'il soit en mesure de lui rendre.

Entendant alors la question d'Einar, Valen se détourna de l'autel et lança sur un ton ironique :

- Dormais-tu déjà pendant mes explications d'hier? Tu resteras dans ce refuge avec Enoriel et tu veilleras sur elle. Chanceux que tu es, tu ne mourras pas de faim, des rations y sont entreposées. Ce ne sera pas un repas de grand luxe, mais tu auras l'estomac rempli et vous pourrez faire un feu si vous le désirez... la grotte a subi quelques aménagements particuliers et vous ne serez pas démasqués.

S'emparant d'un lien de cuir, le demi-Faël improvisa alors un système pour fixer l'épée bâtarde de Slynn à sa ceinture d'épée et pouvoir la dégainer aisément. Une fois satisfait de son travail, il ceint la ceinture en bandoulière et y fixa l'épée. Le système n'était pas parfait et l'arme balloterait quelque peu dans son dos, mais cela ferait l'affaire pour le moment. Il réalisera un nouveau fourreau pour l'épée une fois revenu, soigner les blessures d'Enoriel était prioritaire. Prenant une besace, il y mit diverses choses utiles à sa mission, reprit sa cape à Einar, et se dirigea vers la sortie de la grotte :

- Je vais aller à Eoliane et ramènerai Amarylis Luinïl si je le puis. Einar, veille sur ma soeur et, surtout, ne sortez en aucun cas de cette grotte!

A ces mots, il s'en fut.

==> Appartements d'Amarylis Luinïl

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Enoriel n'arrivait pas à maîtriser les tremblements que lui provoquait sa blessure grave. Et elle était déprimée, en partie à cause de sa blessure. Elle se sentait vulnérable, un poids pour le groupe et avait horreur de cette sensation, si bien qu'elle se forca à ne pas trop manger sur les provisions du groupe et à ne pas se plaindre.
Elle se débattait toujorus lorsque son frère voulait la soigner. Non elle ne voulait pas, c'était une preuve de sa faiblesse et jamais elle n'accepterait.
Une seule personne avait le droit de la soigner, Amarylis...la seule en qui elle ait confiance dans ce domaine et qu'elle acceptait les soins. C'était une femme douce et très intéressante, sa protégée, qu'elle considérait comme une petite soeur.

Elle ne voulait pas qu'il lui arrive quelque chose, si bien qu'au début elle protesta sur le fait que son frère aille la chercher car le trajet était dangereux. Mais malheureusement son état ne lui permettait pas de faire la moindre remarque.
On l'obligea à s'allonger dans la nouvelle cachette, la grotte des Chantelames et on lui apporta de l'eau qu'on lui servit. Chaque démonstration d'affection et chaque soin blessait un peu plus son amour propre.
Elle répondit aux douces paroles d'Einar par un sourire chaleureux bien qu'il contrastait avec la paleur exceptionel de son teint de faëlle.
Le fait de devoir lâcher une de ses épées thüles pour Einar a déjà été assez dure sans qu'on s'appitoie en plus sur son sort et s'enquérir de son état de santé. Elle ne parlait guère, préférant le silence de la réflexion. Cependant consciente de son rôle à jouer dans le petit groupe organisé, une fois que son frère fut parti, elle s'adressa à son élève:

-Einar, tu es le plus vulnérable de nous, même si je suis blessée alors inquiète toi surtout de ta condition physique. Tiens, en attendant son retour, entraine toi devant moi. Je te guiderai par la voix, mais il faut que tu sois prêt à te défendre.

Elle se releva avec difficultés et grimaça en sentant son épaule la tirailler à nouveau. Elle perdait encore du sang et rien n'arrivait à arrêter le saignement, même les plantes n'étaient pas assez fortes et elle était de plus en plus susceptible à mesure qu'elle sentait ses forces la quitter. Elle s'efforca à sourrir malgrès la souffrance et à être agréable avec le jeune homme, après tout il n'y était pour rien. Tout était de sa faute...

Elle lui lança des directives, lui décrit des exercices de souplesse et de musculation en s'efforçant à se qu'ils ne soient pas trop durs afin que l'élève puisse avoir toute sa force et sa vitalité dans le cas d'une attaque. Les heures passaient, Enoriel s'efforçait de ne pas penser à Valen et à Amarylis. Tout était de sa faute, ils étaient en train de risquer leur vies parce qu'elle était blessée...elle craignait avant tout d'être un poids pour l'équipe et s'en voulait.

Après une heure d'entraînement, elle le laissa se reposer à sa guise. Elle eut une autre crise de douleur et de tremblements mais elle s'efforca à ne rien faire paraitre. Bientôt ils seront là, et elle pourrait veiller sur sa protégée.

-Einar...viens par ici.

Il vint vers elle. Enoriel le regarda droit dans les yeux pendant plusieurs secondes silencieusement, pour le juger. Après quelques réflexions, elle se pencha sur le côté avec un autre grimacement et s'empara d'une poigne sûre d'une de ses épées qu'elle tendit à Einar.

-Voici une de mes lames personnelles. J'y tiens beaucoup alors fais bien attention. Si tu sais te battre avec deux lames, prends la deuxième pour l'instant, je n'en ai pas l'utilité...je me contenterai de mes dagues et si j'ai assez de forces, de mon arc. Fais en bon usage.

Elle plaqua son épée contre le torse du jeune garçon avec force. C'était fini...outre sa blessure, en donnant ses épées elle se sentait vulnérable, démunie et inutile. Mais elle n'avais pas le choix...

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Aux imprécations d’Enoriel Til’ Lleldoryn, Einar se dressa instantanément sur ses jambes, prêt à s’entraîner. D’une part, ça lui permettrait de bloquer ses pensées noires ; inactif, il laissait son esprit voguer vers l’Académie et son moral chuter, en pensant aux élèves morts, à ceux enlevés, à cette odeur de désolation et de défaite qui flottait implacablement dans les alentours. Il avait peur de l’avenir de beaucoup de monde, et se faisait beaucoup de mouron pour le futur de Gwendalavir. La victoire du Chaos sur l’Académie n’était que le premier pas d’une plus grande invasion méthodique par le Chaos, il en était sûr…
Mais pour le moment, il fallait rester au mieux et suivre les instructions de la jeune femme, qui malgré son courage semblait souffrir horriblement. Et lui ne pouvait rien faire pour l’aider.. A chacun de ses exercices, il répondit en donnant beaucoup de lui-même, tout en conservant de la force pour le cas où il fallait se défendre. Le temps passa lentement, et la difficulté croissante aida Einar à ne pas trop tourner son esprit vers le pessimisme. Il fallait rester fort et surtout, ne pas s’écrouler mentalement, car ce serait sûrement sur eux que reposerait la reconquête de l’Académie. Ca se voyait dans l’attitude des deux Til’Lleldoryn..
Après un temps qui lui parut relativement long, il peut enfin se poser ; aux crampes de la veille s’ajoutaient les courbatures nouvelles, et ce n’est pas sans une grimace qu’il laissa son arrière-train entrer en contact avec la pierre glacée du sol. La respiration rapide, Einar épongea la sueur qui commençait à parler sur les temps avec un coin de tunique. Mais déjà, Enoriel le demandait près d’elle, et il se mit sur ses pieds.
La manière dont elle le décortiqua du regard rendait Einar un peu inquiet quant à la suite des évènements, mais apparemment, elle ne souhaitait pas se moquer de sa stature pas très épaisse ou de ses membres dégingandés. Ses sourcils se soulevèrent légèrement quand elle se saisit de l’une de ses épées. Il ne pensait pas la mériter, cette lame thüle à la valeur inestimable qu’elle lui tendait avec une certaine réticence. Il savait se battre encore relativement bien, mais il n’avait jamais pris la peine de s’entrainer autant qu’il s’entrainait avec l’arc faël que lui avait donné Elera. Mais il lui ferait honneur ; s’il le fallait, il saurait défendre la demi-faëlle.
D’une voix humble et respectueuse, lui répondit :

- Je ferai honneur à cette lame et à sa propriétaire, Dame Til’ Lleldoryn. Je suis bien conscient de ce que cela vous coûte de me la prêter.. j’en prendrai bien soin.

Admiratif, il passa la main le long du métal, qui formait cette lame aiguisé et puissante. L’arme était lourde, mais il saurait se servir de son inertie ; ça changerait des épées en bois qu’il possédait étant petit. Son inquiétude lui voila le regard, quand ses pensées revinrent vers l’Académie. Il espérait que les élèves avaient réussi à s’enfuir ou à rester en vie, car tous n’avaient pas la chance d’être en compagnie des deux meilleurs guerriers de l’Académie.

- Vous savez ce qu’il adviendra de l’Académie, et de Gwendalavir ? J’ai peur que les temps noirs ne fassent que commencer… Est-ce qu’on sera assez forts et assez nombreux pour reprendre le contrôle ? Même le seigneur Til’Lleldoryn n'est pas assez fort pour combattre toutes les forces du Chaos, à lui tout seul…

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