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| Perdue dans un endroit connu (RP privé) | |
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Mercenaire du Chaos et Maître de la boutique du Talion Messages : 306 Inscription le : 06/02/2009
| Sujet: Re: Perdue dans un endroit connu (RP privé) Dim 20 Déc 2009 - 13:00 | | | Elio se mordait la lèvre jusqu'au sang. Jamais pareille blessure ne lui avait fait autant mal! Faux. Les blessures du cœur faisaient amplement plus mal. Mais à cet instant il sentait l'angle formé par son bras, angle tout sauf normal! La sensation était désagréable et douloureuse! Comme si son membre se craquait en morceau petit à petit, laissant la souffrance s'installer de plus en plus et tisser sa toile à la manière d'une araignée. Il sentit une présence se glisser à ses côtés, si fine et discrète, qu'il ne pouvait s'agir que d'une unique personne! Sa voix se brisa sous la souffrance quand il voulut prononcer son nom.
-Ele...
- C’est peut-être dangereux, mais c’est beaucoup plus passionnant que de suivre un chemin rectiligne, tu ne crois pas ?
Il voulut rire, mais tout se brisa dans un grognement rauque. La tête lui tournait, sa vue faiblissait et il ne parvenait pas même à voir correctement son amie. Juste des formes floues se devinaient, et il aurait pu y avoir n'importe qui d'autre qu'Elera qu'il n'y aurait vu que du feu. C'était sans compter les larmes qui embuaient ses yeux plissés. Pourtant il savait que c'était elle. Qui d'autre après tout? Et puis il pourrait reconnaitre sa présence parmi mille autres, il en était certain. Une main douce se posa sur son épaule. L'épaule du bras blessé. Elio dut faire un effort considérable pour ne pas hurler et l'envoyer balader.
- J’ai eu peur… Est-ce que ça va ? Attends, ne bouge pas… Préviens-moi si je te fais mal.
Le jeune guerrier ne prit pas la peine de répondre. Dans l'était où il était il préférait garder ses forces pour ne pas paraitre lâche et faible devant elle, plutôt que pour déblatérer des conneries. Il sentit alors des mains parcourir son corps, à la recherche de blessures. Il se crispa, et les poils de son corps se hérissèrent, jusque dans l'échine du dos. Il ne put s'empêcher de penser qu'il aurait aimé de pareilles caresses dans une autre situation venant d'Elera, et se prit même à sourire. S'il ne pouvait correctement voir sa compagne prendre soin de lui, l'effet était tout de même apaisant! Une vague de confiance l'envahit, chose qui n'arrivait d'ordinaire jamais, ce qui fit tout drôle au jeune homme. Confiance était un mot qu'il avait banni depuis longtemps de son vocabulaire, et elle, simple fille inconnue sortie des cachots l'instaurait comme s'il avait toujours été là, à porté de main... Ses pensées s'effacèrent de suite lorsqu' Elera atteint le coude blessé. Il retint son souffle, inquiet de la suite des évènements. Qu'allait-elle lui faire?
- Je suis désolée.
Désolé? Désolé de quoi? Son bras était foutu? Elle était médecin en plus? Soudain une douleur fulgurante se fit sentir. Elle venait de lui remboiter le bras! Cette fois-ci il ne put se retenir:
AAARRRRRRGGGHHHHHH!!!!
Pendant un instant il crut qu'il n'avait plus de bras du tout, qu'elle venait de lui tirer et de lui déboiter pour de bon. Ce n'est qu'en se recroquevillant sur le sol et prenant son bras par l'autre main qu'il put réaliser que l'angle inverse n'existait plus. Son avant-bras était à sa place à présent. Ce n'est pas pour autant que les larmes ne venaient pas le rendre plus aveugle encore que déjà, et que la douleur le laissait tranquille. Bien au contraire! Il hurlait, sachant pertinemment que le mal ne fuit pas les cris.
- Shhh. C’est fini…
Il ne dit rien, sous peine d'être grossier. Il lui rendit juste un regard noir. Facile pour elle, ce n'était pas elle qui souffrait comme lui, pas elle qui l'avait suivi au prix d'avoir failli se tuer, pas elle qui...Le regard d'Elera perdit de sa lueur et sa voix se brisa face au regard du garçon. Celui-ci regretta immédiatement son regard!
- Je suis désolée.
Il ferma les yeux. La géhenne se calma, semblant rebrousser chemin face à la douceur de la jeune femme qui se tenait face à elle. Elle devint supportable. Elio attendit un moment, puis pu parler, d'une voix toutefois plus rauque qu'il ne le souhaitait:
-Non. Je me suis conduis comme un imbécile, un gamin. Comme d'habitude quoi...J'aurais du te faire confiance lorsque tu es partie. Mais...je...lorsque tu as disparu à mes yeux...c'est comme si j'étais devenu aveugle...
Il ne dit plus rien, détournant la tête, rouge de cet aveu. Un gamin, il n'était qu'un gamin! Il devait grandir, devenir un homme. Mais comment devient-on un homme? Des images vinrent à lui, les hommes de l'Académie, comme le Magister, Valen Til'Lleldoryn, ou d'autres guerriers croisés...Une évidence se démarqua des doutes: tous avaient déjà tuer dans leur vie, il en était certain. Fallait-il alors tuer pour devenir un homme? Revenant à la réalité il ne pipa mot de ses questions à Elera. Il tenta de bouger son bras, geste de suite avorté, accompagné d'une grimace et d'un grognement. Si le bras était remis en place, les articulations n'en étaient pas pour autant indolores. Sentant le regard appuyé et inquiet de son amie, il se tourna enfin face à elle, découvrant que sa vu s'améliorait, malgré la pénombre des lieux. Il lui offrit son plus beau sourire, et prit une voix qu'il se voulait assurée:
-Merci. On continue? Promis j'éviterai à l'avenir les ravins!
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| Sujet: Re: Perdue dans un endroit connu (RP privé) Jeu 24 Déc 2009 - 19:53 | | | « Lorsque tu as disparu à mes yeux… c’est comme si j’étais devenu aveugle… » Les mots s’enroulèrent autour du cœur d’Elera, cocon de lumière lui soufflant à l’oreille combien le Corbac tenait déjà à elle, alors que leurs chemins venaient à peine de se croiser. Il tourna la tête, baissa les yeux à cet aveu, et seul le souffle de leur respiration noya le silence pendant quelques moments perdus dans l’obscurité de velours. Quelques instants ; c’était assez pour qu’Elera mette enfin de l’ordre dans ses sentiments. Elle aussi tenait à lui. Elle voulait tellement le protéger, de la douleur et des souffrances… Etre avec lui lors des moments difficiles, et lui tenir la main pour l’empêcher de tomber. Comme il l’avait protégé de sa peur et de sa claustrophobie, là haut, elle voulait faire fuir ses peurs alors qu’ils étaient tout deux au fin fond du ravin. Lentement, sa main vint de nouveau chercher le visage d’Elio, se posant sur sa joue humide alors qu’elle plongeait ses yeux dans les siens. Leurs visages étaient proches, et malgré la pénombre, Elera pouvait voir ses yeux brillant encore à cause des larmes qui les avaient noyés quelques secondes plus tôt, sa peau claire aux nuances étranges dans le presque noir, son nez à l’arête si fière, ses lèvres fines et pâles dans la pénombre. Une bouffée de silence s’engouffra de nouveau autour d’eux, puis, sur le ton de la promesse, elle lui chuchota :
- Je ne disparaitrai plus… Un regard, puis son visage se recula et elle retira sa main, troublée, avant de s’affairer à enlever la cape de son uniforme ; elle l’enroula ensuite de manière à ce qu’elle ressemble plus à une écharpe qu’à une cape, évitant de ce fait le regard d’Elio, puis leva la tête de nouveau. Elle lui sourit timidement, puis passa un bout de la cape derrière ses épaules et l’autre sous son bras cassé, attachant les deux bouts en un nœud grossier pour que cela tienne ; cela n’était pas grand-chose et était loin d’être parfait, mais cela devrait suffire à immobiliser un tant soit peu son bras jusqu’à ce qu’ils puissent demander de l’aide. Elle l’aida ensuite à se relever, puis se plaça de l’autre côté pour pouvoir tenir sa main libre… Puis elle leva les yeux vers la paroi. Avec un bras cassé, cela n’allait pas être facile, et elle refusait de monter et de chercher le chemin le plus facile, laissant Elio seul à nouveau. A la place, elle le guida le long de la paroi, cherchant à partir du sol. Et leur patience fut récompensée… Tout au bout, de grosses pierres étaient tombées lors du tremblement de terre. S’ils montaient dessus et faisaient attention, ils ne devraient pas avoir de problèmes.
Elera s’y aventura la première, testant les pierres branlantes, choisissant celles qui titubaient le moins et les montrant à Elio. Une fois en haut du tas de gravas, le couloir était au niveau de leur taille. La marchombre se tourna vers le guerrier, lui faisant signe de passer devant pour qu’elle puisse l’aider à se hisser sans qu’il n’utilise son bras cassé… Une fois en haut, elle attrapa de nouveau sa main et se laissa glisser en position assise, le dos contre le mur et les jambes à moitié pliées devant elle ; ils méritaient bien de se reposer un peu avant de découvrir ce qui les attendait au fond du couloir… D’ailleurs, celui-ci commençait à remonter et une douce brise refroidissait le souterrain. C’était sûrement bon signe… Mais Elera n’était pas pressée de remonter à la surface, à présent ; l’obscurité était une bulle hors du temps et hors de la réalité, bulle qu’elle partageait avec Elio et qu’elle savait devoir éclater pour revenir aux bruits et aux couleurs de la vie de l’Académie, une fois qu’ils seraient sortis. Alors autant profiter des moments qu’ils partageaient ensemble, et oublier quelque peu le monde qui les attendait. Lorsqu’elle parla à nouveau, c’était pour revenir vers les confidences qu’ils avaient laissées dans les cachots…- Qu’est-ce que tu feras, une fois que tu connaitras la vérité ?
[Joyeux Noël ] |
| | Mercenaire du Chaos et Maître de la boutique du Talion Messages : 306 Inscription le : 06/02/2009
| Sujet: Re: Perdue dans un endroit connu (RP privé) Sam 26 Déc 2009 - 12:52 | | | - Je ne disparaitrai plus…Elio tressaillit. Elle lui avait soufflé cette phrase au creux de l’oreille, comme on dépose un baiser furtif sur les douces lèvres de son amant… De même que la main sur sa joue se faisait caresse se faisait caresse emplie de suavité. Son corps se raidit de cette impression si intense. Il aurait voulu lui répondre, il aurait voulu la serrer dans ses bras. Mais cette carapace l’en empêchait, le gênait…Pourquoi ne pas l’enlever dans ce cas ? *Parce que toute ta faiblesse serait mise à jours…*Ils échangèrent un regard, et le guerrier ne put discerner ce que celui de son amie voulait dire. Elle restait un mystère pour lui, alors qu’il en savait sur elle un peu plus à chaque instant…C’était si étrange. D’ordinaire il ne comprenait rien aux filles, mais alors là il était complètement perdu. Plus il essayait de la percevoir dans l’obscurité, plus cette dernière l’emportait sur son image, le laissant seul face à ces observations avortées.Elera enleva sa cape, laissant le corbac perplexe. Que faisait-elle ? La profondeur des cachots qu’ils avaient atteints incitaient plus à refermer sa cape sur soi, qu’à se dévêtir ! Il comprit alors lorsqu’elle entreprit, tête baissée, de transformer sa cape en écharpe. Il voulut croiser son regard, lui sourire, lui demander timidement s’il elle n’allait pas attraper froid, mais le regard de son amie restait rivée vers le sol. Volontairement ? Enfin elle releva son visage, lui décerna un sourire timide, qu’il lui rendit sans peine, et attacha le bandage dans le dos d’Elio, le rabattant sur le devant, en sorte à ce qu’il puisse y suspendre son bras. Ainsi il n’aurait pas à le bouger trop souvent et à se faire mal à chaque geste. Lui soufflant un merci, presque inaudible, il tenta de se relever. Elle l’y aida, et se posta à ses côtés lui offrant sa main. Il la prit avec plaisir, heureux de voir qu’elle s’était déplacée du côté de sa main libre. Main exempt de toute blessure et prête à accueillir la douceur de la peau d’Elera. En effet la chaleur de sa main retrouvée, une vague de confiance totale déferla dans le corps et l’esprit d’Elio, qui se laissa de ce fait guider sans rien dire. Ils arrivèrent face à un énorme tas de pierre qui semblait boucher une sortie autrefois praticable. Le sourire de la jeune femme le confirma dans cette idée. Aussitôt elle s’aventura seule sur le tas de rochers, et grimpa. Elio faillit la retenir, les pierres étaient branlantes, instables, elle pouvait se blesser ! Pourtant elle gravit l’obstacle avec une aisance impressionnante, tout en dessinant le chemin au guerrier. Une fois en haut, ils découvrirent, au niveau de leur taille, un long couloir. Elera le hissa de son mieux, puis le rejoignit.Le couloir lui était familier. Etait-ce le même qu’à son arrivée ? Ou tous les couloirs de ce labyrinthe se ressemblaient-ils ? Une certitude venait toutefois à lui : c’était la fin de leurs parcours…Elera dut le sentir aussi, car, lui tenant toujours la main, elle s’assit contre le mur et replia ses jambes vers elle. Il l’imita, content de constater qu’elle ne voulait pas en finir ainsi, et se mit le plus proche possible d’elle, sans toutefois la toucher.- Qu’est-ce que tu feras, une fois que tu connaitras la vérité ?La question s’infiltra dans son esprit comme du poison. Oui, que ferait-il ?Venger sa mère.Et de ce fait trouver le coupable.Ensuite… ?Trouver son père, et exiger des explications…Après… ?Poursuivre sa voie de guerrier ?Il regarda longuement son amie. Oui, oui il pouvait utiliser cette appellation à présent. Pour la toute première fois de sa vie il pouvait prétendre avoir une véritable amie ! Même petit il ne pouvait créer des liens avec les enfants de son âge...Sa carapace le bridait. Serait-elle toujours présente une fois la vérité dévoilée ?Prêt à se confier il approcha ses lèvres de l’oreille d’Elera et lui murmura ce qu’il pensait être la suite de son histoire.-Je…Tout dépend de la vérité. Mais je suppose que si mon père ne veut rien me dire, c’est qu’il s’agit de tout sauf d’un accident concernant sa…sa disparition…Ses silences parlent bien plus qu’il ne le croit. Je veux donc trouver le coupable avec la vérité, et la venger afin qu’elle puisse enfin être en paix ! Ensuite…ensuite je retournerais chez mon père, afin d’avoir des explications…Et après…Il prit une grande inspiration, et expira en profondeur, se préparant à lui remettre une nouvelle partie de lui, de sa vie…-Après…je…j’ai…j’ai peur de ce que je vais découvrir…Peur de cette vérité, peur du mal qu’elle peut faire…En même temps je ne peux rester ainsi, je ne peux la laisser terrée dans sa cachette, ça me tue ! Je veux qu’elle soit libre, je veux être libre… Je voudrais qu’elle cesse d’être ce fantôme à la recherche de justice de son passé. Je voudrais qu’elle devienne cette âme nichée dans le cœur de son fils, cette mère toujours en moi, prête à m’embaumer et me soulager de mes maux d’amour…Au fil de sa tirade sa voix se brisait, jusqu’à ne devenir qu’un souffle rauque d’émotion. Il enfouit sa tête dans le creux que formait l’angle de l’épaule et de la nuque d’Elera, savourant son parfum envoutant, et se demandant quelle avait pu être celui de la peau de sa mère.-Et toi ? Ta famille….tu…Il ne savait comment lui demander. Il voulait en savoir plus sur elle. Il voulait qu’elle laisse échapper ses confidences dans le cœur des cachots…Dans son cœur à lui.[ dégouté! Je fais un rp trop mégabienquituedelamort sur word! Et c'est word qui plante! --" J'ai du tout refaire...et c'est....pfff impossible de réecrire ce que j'avais écris Désolé!] |
| | Messages : 1576 Inscription le : 12/08/2007
| Sujet: Re: Perdue dans un endroit connu (RP privé) Sam 26 Déc 2009 - 22:33 | | | [Désolée >< Il est bien quand même ton post ] Elera laissa Elio s’appuyer sur son épaule et fit de même, tenant toujours sa main libre. Elle la serra doucement alors qu’il lui racontait tout ce qu’il avait sur le cœur depuis des années, son pouce dessinant des courbes sur le dos de sa main de manière réconfortante alors que le fantôme de son passé hantait les frontières de son esprit. C’était tellement étrange… Elle non plus n’avait jamais su ce qu’il était advenu de sa mère, avant que le Rentaï ne lui offre la possibilité de découvrir la vérité, et qu’elle ne la cueille au passage. Mais avant de savoir, elle n’avait jamais réagi ainsi. N’avait jamais voulu connaître la vérité au point d’en faire le centre de son existence. Cela n’avait tout simplement pas d’importance. Sa sœur, comme Elio, avait voulu savoir ; mais si elle était frustrée de ce passé dont elle ne se souvenait pas, si c’était la colère de celle laissée dans l’ignorance qu’elle avait apportée devant ses parents, elle n’avait jamais voulu se venger pour cette enfance dans laquelle les caresses d’une mère et la force d’un père manquaient désespérément. Elle avait voulu comprendre, et une fois avoir su, elle avait cherché à rattraper le passé. En ce moment même, elle se trouvait avec les parents qui l’avaient abandonnée si longtemps auparavant, à se reforger des souvenirs que le temps ne pourrait plus lui voler… Elio était tellement différent. Lui aussi cherchait à comprendre, mais ses sentiments, ses décisions divergeaient tellement des siennes ou de celles de sa sœur… Mais il n’avait pas vécu comme elles ; lui avait eu un père pour lui rappeler quotidiennement par le silence le secret qui entourait sa mère. Pas elles. Et si la vengeance n’était qu’un concept impossible à définir dans l’esprit des deux jumelles qui n’arrivaient pas à la concevoir, elle vibrait fort dans l’esprit d’Elio. Pourtant, elle était tellement inutile… mais si c’était ce dont il avait besoin pour retrouver la paix, soit.
- Je serai avec toi, Elio. Tu dois trouver la vérité, et elle te fera mal… Mais je serai à tes côtés pour t’aider à ne pas la laisser te détruire. Je te le promets.Elle serra sa main un peu plus fort, puis se laissa glisser le long de sa question inaudible, question dont la fin n’existait pas encore, et qu’Elera comprenait pourtant. Comme ses questions à demi-mots qu’elle échangeait parfois avec Ena… Alors elle lui raconta. Tout, entre les ombres et les éclats de lumière…
- Moi aussi, je ne connaissais pas la vérité sur mon passé, avant récemment… J’avais oublié. Oublié toute mon enfance, tout ce qui s’était passé Avant. J’ai toujours cru venir de nulle part, mes origines inexistantes, ma vie des jours infinis avec ma sœur jumelle sur les bords d’un lac que je croyais comme les autres. Je ne me connaissais ni parent, ni passé autre que les courses sur la montagne, les cachettes dans les arbres et les galets de la rive. C’était la seule chose dont je me souvenais, et je ne pouvais pas imaginer qu’il n’y avait jamais eu autre chose… Et puis les souvenirs ont commencé à jaillir. Et puis j’ai appris que nos parents étaient en vie. J’ai appris qu’il y avait autre chose, derrière les montagnes, et j’ai voulu comprendre… Alors je suis venue ici, avec un mot dans la tête. Elle fit une pause, alors, laissant le mot gonfler dans le silence, avant de le laisser émerger comme une éclaboussure, myriade de gouttelettes qui explosent dans la douce obscurité.
- Marchombre.Il y avait tellement dans ce mot qui voulait tout dire en si peu de sons. Marchombre. Jamais elle n’essaierait de définir ce qu’il signifiait, de définir ce qu’elle était ; elle aurait trop peur d’en salir la pureté par des mots chancelants et des phrases incomprises… Marchombre. Il n’y avait besoin d’aucun autre mot pour le décrire. Il était, simplement. Il se tenait, seul, complet, absolu. Et tout le reste était inutile. Mais Elio attendait la suite, et les murmures ricochèrent à nouveau sur les murs.
- Cet été, j’ai fini mon apprentissage, même s’il me reste encore une infinité de choses à découvrir, et que je me sens aussi ignorante qu’au début, sinon plus… Les souvenirs sont devenus de plus en plus nombreux. Et j’ai su où je pourrai trouver ma mère… Alors j’ai appelée ma sœur, et accompagnées de mon Maître, nous sommes allées retrouver nos parents. Retrouver la vérité… Elle s’arrêta de nouveau, mais pas pour les mêmes raisons ; elle cherchait ses mots, cette fois, cherchant comment expliquer ce qu’Elio n’avait pas encore vécu… Le vide, l’absence de sentiment, l’indifférence, la surprise, le mépris. La joie ? Un peu, aussi. Les certitudes, et les ancres…
- Je ne les connaissais pas. Ni mon père, ni ma mère. Ils n’étaient que deux inconnus face à moi, et je ne savais pas quoi dire, ne savais pas quoi ressentir en les retrouvant enfin… Ils sont peut-être mes parents, mais ce n’est pas avec eux que j’ai grandi. Ils ne savent pas qui je suis, ne connaissent ni mes rêves, ni mes chimères. Alors ce ne sont pas eux que je considère comme ma véritable famille… Elle est ici, ma famille. A l’Académie. Et je n’ai peut-être aucun lien de sang avec eux, mais Ena, Silind, ce sont eux qui m’ont guidée, qui m’ont appris tout ce que je sais, qui m’ont apporté les réponses dont j’avais besoin. Ce sont eux, ma famille… Elle tourna la tête, alors, essayant de croiser le regard d’Elio sans qu’il n’ait à se déplacer, et sa main alla jouer avec l’une des mèches blondes du jeune homme.
- Quand tu découvriras ce qui est arrivé à ta mère, et que tout va changer… N’oublie pas ceux qui étaient importants pour toi avant que tu ne découvres la vérité, d’accord ? Eux ne changeront pas. Ils seront là pour toi, même si pour toi tout pourrait être différent, en connaissant ton passé… Ils seront ton ancre. Comme ils ont été la mienne. Il restait tellement à dire, encore. Mais Elio en savait assez, ou en tout cas elle espérait avoir répondu à ses questions inaudibles… Il en poserait d’autres, sinon, et elle répondrait. Elle ne bougeait pas, seule sa respiration paisible brisant l’immobilité de son corps, attendant les prochains mots du jeune homme qui ne tarderaient pas. Elle ne voulait pas changer de temps… |
| | Mercenaire du Chaos et Maître de la boutique du Talion Messages : 306 Inscription le : 06/02/2009
| Sujet: Re: Perdue dans un endroit connu (RP privé) Mer 6 Jan 2010 - 20:18 | | | - Je serai avec toi, Elio. Tu dois trouver la vérité, et elle te fera mal… Mais je serai à tes côtés pour t’aider à ne pas la laisser te détruire. Je te le promets.
Elio la fixa de ses yeux bleus et lui sourit. Elle était tellement belle… Il n’en revenait pas d’avoir enfin trouvé une amie, une personne sur qui il pouvait véritablement s’appuyer, comme à l’instant. Une personne qui ne le trahirait pas, il le savait. Et elle ? Le savait-elle, qu’il serait toujours là à ses côtés ? Oserait-elle se confier ? La réponse ne tarda pas à se faire connaître.
- Moi aussi, je ne connaissais pas la vérité sur mon passé, avant récemment… J’avais oublié. Oublié toute mon enfance, tout ce qui s’était passé Avant. J’ai toujours cru venir de nulle part, mes origines inexistantes, ma vie des jours infinis avec ma sœur jumelle sur les bords d’un lac que je croyais comme les autres. Je ne me connaissais ni parent, ni passé autre que les courses sur la montagne, les cachettes dans les arbres et les galets de la rive. C’était la seule chose dont je me souvenais, et je ne pouvais pas imaginer qu’il n’y avait jamais eu autre chose… Et puis les souvenirs ont commencé à jaillir. Et puis j’ai appris que nos parents étaient en vie. J’ai appris qu’il y avait autre chose, derrière les montagnes, et j’ai voulu comprendre… Alors je suis venue ici, avec un mot dans la tête.
Elle fit une pause, et le silence semblait parler à sa place. Aussi étrange que cela fut-il, la jeune guerrier savait ce qu’elle allait lui dire, comme si ses pensées résonnaient dans l’écho de la grotte…Marchombre…
- Marchombre.
Il sourit. Même s’il ne pouvait comprendre l’étendue et l’importance que prenait cette appellation dans la voix d’Elera, il savait que la voix de marchombre était pour elle ce qu’était la voix de la vérité et du guerrier pour lui. A la boutique de son père il avait rencontré peu de ces personnes si mystérieuses, mais le peu l’avait persuadé qu’ils étaient exceptionnels. C’est pour cela qu’il savait ce qu’était son amie. Pour le coup elle l’était, exceptionnelle, alors aucun doute : marchombre ! Et tant pis s’il ne pouvait définir ce mot et savoir exactement en quoi ça consistait !
Puis elle reprit la parole, lui narrant sa propre histoire. Il en fut touché. Un mot lui sauta à la gorge : vérité. Alors elle aussi elle l’avait cherché…Elle et sa sœur…Le corbac se demanda à quoi pouvait bien ressembler sa sœur, si elle aussi était marchombre…Si elle aussi était aussi…Non. Une seule personne pouvait être Elera, pas deux. Il se taisait, savourant le délice de sa voie d’ange, la dévorant de ses yeux curieux, et buvant chacune de ses paroles. Elle se mit alors à parler de famille, et il se trouva perdu. Mis à part son père il n’avait personne. Sa mère était morte, et en quittant le village faël où ils vivaient il avait quitté son unique famille. Pas d’oncles, pas de tantes, ni de frères et sœur, pas même un cousin éloigné ou il ne savait quoi d’autre. Juste lui, son père et lui. Deux hommes en manque d’amour. Dont l’un était coupable de silence…A la manière de la femme aux cheveux de feu, il chercha de l’aide au sein de l’Académie, espérant y trouver lui aussi des liens qu’il pourrait qualifier comme familiaux. En vain…Toutes les personnes qu’il rencontrait le fuyaient. Il fallait comprendre, qui voudrait s’acharner à essayer de faire connaissance avec un garçon grossier et distant, qui plus est agressif ?!
Elera.
La seule, l’unique.
Comme entendant ses songes elle se tourna vers lui :
- Quand tu découvriras ce qui est arrivé à ta mère, et que tout va changer… N’oublie pas ceux qui étaient importants pour toi avant que tu ne découvres la vérité, d’accord ? Eux ne changeront pas. Ils seront là pour toi, même si pour toi tout pourrait être différent, en connaissant ton passé… Ils seront ton ancre. Comme ils ont été la mienne.
Elio étouffa un rire. Rire jaune. Ceux ? Il n’y avait qu’elle. Et pour sûr il ne l’oublierait pas, comment pouvait-on oublier pareille femme ? Une ancre ? Quelle était son ancre à lui ?
Elera.
Toujours et toujours Elera.
Et ce n’était pas près de changer. Il lui prit la main, la guida vers son visage et de ses lèvres y posa un baiser.
-Je n’oublierais pas, chuchota-t-il, sois-en sûre je ne t’oublierais pas ! Jamais.
Le silence s’installa de nouveau, sans crainte. Leurs respirations n’en formait qu’une seule, calme dans le tumulte de leurs réflexions.
-Elera ?
Sa voix rocailleuse perça la quiétude des deux amis. Il s’en voulut presque, mais continua :
-Tu sais, quand je travaillais à l’échoppe avec mon père, j’ai rencontré pas mal de gens…Oh bien sûr je n’ai jamais pu me lier avec quelqu’un, c’était seulement professionnel : bonjour, avec plaisir, que voulez-vous, merci bien, au revoir…Pourtant j’aimais écouter mon père leur poser des questions, d’où ils venaient, ce qu’ils faisaient…On avait beaucoup de guerrier, puisqu’on vendait des armes, et je les admirais, si tu savais…Petit je jouais à combattre de grandes créatures avec de fausses armes, et plus je grandissais plus je tentais de prendre celles de la boutique…Mon père m’a souvent trouvé avec des blessures à cause de mon inaptitude !
Emporté dans ses souvenirs d’enfance, encore loin des questions oppressantes, il se prit à rire, sincèrement et allègrement !
-En tous cas, ceux qui m’impressionnaient vraiment, et qui même parfois me faisaient peur étaient les marchombres. Oh bien entendu ils ne dévoilaient pas leur identité, mais papa savait les reconnaitre, et à force moi aussi. Ils dégageaient quelque chose...J’étais sûr que tu étais des leurs ! T’es extraordinaire, je te voyais mal être guerrier…Nous on est plus…bourrin ?
A nouveau il éclata de rire.
-Dis, ta sœur ? Elle est marchombre aussi ? Et elle, elle a fait quoi face à vos parents ?
Il voulait tout savoir. Sa curiosité pouvait sembler mal placée certes, mais…il voulait savoir ce qui peuplait la vie d’Elera. En faisait-il parti à présent ?
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| | Messages : 1576 Inscription le : 12/08/2007
| Sujet: Re: Perdue dans un endroit connu (RP privé) Jeu 7 Jan 2010 - 20:00 | | | Elera souriait en écoutant Elio. Elle ne savait pas encore où il voulait en venir, en décrivant sa vie avec son père, mais ses mots faisaient valser dans son esprit des fragments d’images d’un passé insouciant. Elio derrière le comptoir, passant sa petite tête au dessus du rebord pour essayer de voir le client. Elio caché derrière un porte manteau, à écouter la conversation sans vouloir se faire voir. Elio en train de se battre contre des guerriers imaginaires, avant de se prendre une boule de neige bien réelle dans le dos… Elle n’était pas sûre de l’imaginer petit comme il l’avait vraiment été, mais cela n’avait pas grande importance. Elle riait avec lui, sa tête sur son épaule, leurs mains entrelacées. Et ses explications se lièrent sans mal à son récit…
- Moi aussi, j’ai été fascinée par les marchombres… C’est pour ça que j’ai voulu suivre leur voie. Ma sœur n’est pas marchombre, et l’idée de le devenir ne lui effleure même pas l’esprit. Ca ne l’intéresse tout simplement pas… Si j’étais mouette dans le ciel maritime, alors elle serait le rocher au milieu des vagues. Ca a toujours été comme ça, aussi loin que je me souvienne… Moi, j’entendais le chant d’un oiseau, et je partais sans réfléchir grimper dans l’arbre, voir si je pouvais l’approcher. C’était elle qui restait en bas, qui me disait sur quelle branche grimper, qui me criait de faire attention et qui m’aidait quand je tombais… C’était toujours elle qui gardait ses distances envers les étrangers, qui se méfiait du danger et qui restait prudente pour deux, puisque je ne l’ai jamais été. On ne se serait pas retrouvé coincés dans un vieux cachot, sinon.
Elle échangea un regard complice avec Elio en disant ses mots, puis continua son récit.
- Elle est beaucoup plus pragmatique que moi… Quand on a appris par une marchombre que nos parents étaient en vie, elle s’est intéressée aux mots de la femme, et a été frustrée de ne pas en apprendre plus. Alors que moi, je n’ai même pas pensé à ce qu’elle nous a appris, seulement à ce qu’elle était, et à ce que je voulais être… Quand je suis venue ici, ma sœur est partie chercher nos parents en Gwendalavir. Elle a voyagé, longtemps, sans savoir où aller, sans savoir d’où elle venait, sans comprendre le monde dans lequel elle avançait. Elle a toujours voulu connaître le passé, savoir pourquoi elle n’avait pas eu une enfance normale, pourquoi ils nous avaient abandonnées s’ils étaient en vie, pourquoi elle n’avait pas eu de parents, pourquoi elle se retrouvait seule à les chercher alors qu’elle n’aurait jamais dû être séparée d’eux… Je crois qu’elle a cherché quatre ans, avant que l’on sache enfin où aller.
Quatre ans. Quatre ans qu’elles suivaient leur propre chemin, et qu’elles avaient pris conscience qu’elles étaient Deux, alors que sur la rive de l’Œil d’Otolep, elles avaient voulus deux choses différentes pour la première fois… L’une, foncer vers le future, l’autre, retrouver le passé. Elera se souvenait parfaitement du regard qu’elles avaient échangé lorsque, au même moment, elles avaient pris conscience qu’elles ne seraient plus ensemble. De la douleur qui leurs avait serré le cœur en un même mouvement. De la nuit qu’elles avaient passée en silence, les yeux grands ouverts sur le ciel étoilé, à essayer de comprendre ce que ce mélimélo de nouveauté signifiait. Du matin qui pointait, et du départ qui s’approchait.
Tu sais, on sera toujours ensemble. Tu m’appelles, j’arrive. Je laisse tout tomber et je te rejoins, peu importe où je suis, peu importe ce que je fais. … … Et puis, on a toujours été deux, on ne le savait pas, c’est tout. Nos corps seront loin, mais pas nos esprits. On sera toujours là pour l’autre. Je sais.
Elera battit des paupières, refoulant les souvenirs et le mélange des voix jumelles qui s'entremêlaient tellement qu'elle ne se souvenait plus qui était qui. Elle reprit, la voix plus basse qu’un peu plus tôt, une trace de nostalgie encore dans l’air :
- Comme toi, elle cherchait la vérité… Elle l’a trouvée. Quand elle a enfin su… Elle a été très en colère, au début. Nos parents s’étaient faits des ennemis. Ils voulaient nous protéger en nous laissant à l’abri en arrière avant de fuir, et c’est quelque chose que ni elle ni moi ne pouvons comprendre. On s’est toujours protégé l’une l’autre, ensemble, alors se protéger en coupant un lien, en refusant de se revoir, en s’abandonnant, c’est…
Elera fit un geste devant elle, essayant d’expliquer le sentiment qu’elle ressentait sans trouver le mot qui pourrait expliquer le frisson qui la traversait à cette idée, frisson qui brisait tous ses os comme autant d’éclats de verre à son passage. Abandonner quelqu’un pour le protéger, c’était… impensable. Impossible. Inenvisageable. Le concept sonnait tellement faux qu’elle n’arrivait tout simplement pas à le visualiser.
- Un peu comme ton père qui veut te protéger par le silence, en pensant que cela te mettra à l’abri de la vérité, alors que tu as tellement besoin de savoir… Je n’avais rien à leur dire, aucun regret, aucune envie d’en savoir plus. Je suis repartie avec mon maître. Ma sœur est restée avec eux. Elle leur en veut encore, mais elle les a cherchés trop longtemps pour repartir aussi sec… Elle veut les connaître, rattraper le temps perdu. Avoir la vie qu’elle souhaitait avoir depuis des années déjà. Alors elle est restée.
Elle se tut, ses pensées suivant un parcours que ses paroles ne pouvaient pas suivre, un parcours de souvenirs, d’images, de sentiments. Elle ne regrettait rien. Ni le choix de ses parents, ou plutôt de sa mère puisque c’est ainsi qu’elle visualisait les choses, ni l’enfance étrange qu’elle avait eu en conséquence, ni le choix de sa sœur de rester, ni le sien d’être partie. Une seule différence dans toutes ces décisions, et elle n’aurait pas été Elera. Et peut-être qu’elle aurait été plus heureuse sur une autre voie, mais celle sur laquelle elle avançait à présent lui convenait parfaitement… Mais elle ne voulait pas partir vers la nostalgie à présent. Alors elle regarda Elio, pour que ce soit son visage qu’elle voit dans son esprit au lieu de celui encore à moitié effacée de son père…
- C’est comment, de grandir avec un adulte pour nous guider ?
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| | Mercenaire du Chaos et Maître de la boutique du Talion Messages : 306 Inscription le : 06/02/2009
| Sujet: Re: Perdue dans un endroit connu (RP privé) Sam 9 Jan 2010 - 19:26 | | | Elio fut enchanté de voir qu'Elera riait avec lui. Leurs deux voix se mélaient, pour ne former qu'une seule, résonnant dans les cachots. Les cachots. Le jeune guerrier avait totalement oublié dans quel lieu ils se trouvaient. Seul lui comptait le fait d'être avec Elle. Et leur aventure... A travers les obstacles franchis dans leur exploration, il s'était senti redevenir enfant, s'imaginant de grands labyrinthes dans les champs de blés, lorsque ceux-ci le dépassaient de plus d'une tête!
- Moi aussi, j’ai été fascinée par les marchombres… C’est pour ça que j’ai voulu suivre leur voie. Ma sœur n’est pas marchombre, et l’idée de le devenir ne lui effleure même pas l’esprit. Ca ne l’intéresse tout simplement pas… Si j’étais mouette dans le ciel maritime, alors elle serait le rocher au milieu des vagues. Ca a toujours été comme ça, aussi loin que je me souvienne… Moi, j’entendais le chant d’un oiseau, et je partais sans réfléchir grimper dans l’arbre, voir si je pouvais l’approcher. C’était elle qui restait en bas, qui me disait sur quelle branche grimper, qui me criait de faire attention et qui m’aidait quand je tombais… C’était toujours elle qui gardait ses distances envers les étrangers, qui se méfiait du danger et qui restait prudente pour deux, puisque je ne l’ai jamais été. On ne se serait pas retrouvé coincés dans un vieux cachot, sinon.
Il sourit. Se retrouver coincé dans un vieux cachot ne le gênait absolument pas! Bien au contraire, à ses côtés il vivait un parfait bonheur, et l'idée de rester enfermé quelques temps de plus ne le dérangeait pas tant que ça. Même s'il devait bien avouer que la claustrauphobie d'Elera l'avait quelque peu atteint durant un court instant. Il l'écoutait avec attention, et en apprenait plus sur sa vie, son passé. Ainsi il visualisait mieux qui était la fille avec qui il passait une partie de sa journée. Quatre ans. Durant quatre ans sa soeur avait cherché...Devrait-il attendre aussi longtemps?
*Boarf, au point où j'en suis...S'il le faut, alors je serais patient.*
Elera sembla alors partir au loin, dans ses pensées, dans son passé sûrement, car ses yeux se perdirent dans le vide. Il la contempla, la trouvant de plus en plus belle. Il ne se lassait pas de la redétailler à chaque instant. On ne se lasse jamais de ce qui est véritablement beau!
Sa chevelure rouge, mélange de feu et de sang... De doux yeux violets, emplis de curiosité et d'assurance... Un visage fin qui exprime plus que de simples mots... Et cette silhouette...Fine et agile...
Alors qu'Elio rougissait en s'attardant sur certaines caractéristiques de son amie, celle-ci retrouva la parole, et poursuivit son histoire. Pourtant sa voix était pleine de nostalgie, et le guerrier vit la difficulté avec elle tentait de lui expliquer ses ressentis. Par un geste elle essaya de lui faire comprendre, puis elle se résigna à le prendre, lui, comme exemple avec son père. Elio la comprenait. Totalement. Mais lui, serait-il prêt à abandonner quelqu'un pour la mettre en sécurité? La question ne se posait pas, donc non. Il n'y avait qu'à ne pas chercher les ennuis...
- C’est comment, de grandir avec un adulte pour nous guider ?
Le corbac sursauta. Il ne s'attendait pas à pareille question, et à vrai dire il ne se l'était jamais posé! Alors il prit le temps de réfléchir. Son enfance se bousculait dans sa tête, et il se concentra sur les moments de joie passées avec son père, et non sur les silences. Car il aimait son père. Il lui en voulait, mais ne pouvait s'empêcher de l'aimer. C'était son père après tout! Il revit l'homme à la carrure imposante, aux cheveux de jais et ses yeux aussi noirs que les cachots...Son rire guttural et sa mine amusée face aux cabrioles et maladresses de son fils. Ses repas délicieux et son sens du rangement plutôt...dérangé! Sa voix grondante lorsqu'Elio s'approchait de trop prêt des armes tranchantes...Sa joie de vivre exprimée aux clients, et sa sociabilité... Tout l'inverse de lui! Malgré cela, il avait vécu sous son toit, et avait été élevé par cet homme. Et avec amour...
-Et bien...Je...C'est... Quand tu es jeune, enfin enfant je veux dire, tu as l'impression que ce n'est qu'un obstacle à ta liberté, un père. Il t'interdit d'aller trop loin dans les plaines, te coupe en pleine bataille imaginaire, t'oblige à te laver chaque jour, t'embrasse un soir et te gronde le matin suivant...Mais avant tout...Il t'aime. Enfin je crois. Moi je l'aime en tout cas, malgré son silence. Il est là quand tu vas mal, il te soigne lorsque tu t'es ouvert avec une hache prise en cachette. Il te borde chaque nuit, et te protège des monstres sous ton lit. Il...Il t'apprends...te montre quels champignons sont vénéneux...Il te communique sa passion, te montre les particularités de chaque arme...Et...
Et te ment chaque jour. Et te cache la vérité depuis quatorze ans. Et devient sourd, muet et violent lorsque tu abordes le sujet de ta mère. Et t'envoie au loin, pour chasser toutes tes questions qui dérangent.
-Et t'abandonne un beau jour, pensant que tu es prêt pour le grand saut...
La voix d'Elio se faisait sombre des reproches lancés. Il se leva, laissant tomber la main d'Elera. Il se posta face à la sortie, dos à son amie. Il baissa la tête, refoulant la colère et les larmes.
-Mais parfois il se trompe...Sur toute la ligne!
Et sans attendre de savoir si elle le suivait ou non, il se remit en marche, décidé à couper une fois pour toute le cordon ombilical qui le rattachait encore trop à l'homme qu'est son père. Qu'était son père.
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| Sujet: Re: Perdue dans un endroit connu (RP privé) Dim 10 Jan 2010 - 19:15 | | | [Tu ne rattraperas jamais ton retard... Non, mais tu n'as qu'à pas écrire de posts motivants, aussi ] Les mots plein de douceur camouflée se transformèrent en bile amère crachée au visage d’une personne qui ne pouvait pas les entendre, le remords et les reproches lourds de sens alors qu’ils se dénouaient enfin, quittant le cœur d’Elio dans lequel ils étaient restés trop longtemps dans un espace trop restreint. Le vide remplaça la chaleur de la main du guerrier alors qu’il s’éloignait, et Elera sentit les miasmes de la solitude l’entourer, n’attendant qu’à l’enterrer sous leur brouillard aveuglant. Elle ne leur laissa pas le temps de s’approcher ; par impulsion, elle se leva quelques secondes après Elio, courant à sa suite pour le rattraper. Il marchait vite, comme s’il ne souhaitait qu’une chose ; s’éloigner de cet endroit, s’éloigner de ses souvenirs, de son père, du silence et de l’obscurité. Elera fronça les sourcils. Puis elle se retrouva devant Elio, lui bloquant le passage. Il ne ralentit que lorsqu’ avancer encore signifierait qu’il devrait la bousculer pour passer. Rocher au cœur du couloir, ses yeux étaient fixés sur ceux d’Elio, et elle ne prit pas encore conscience de l’anormalité de pouvoir enfin voir son visage correctement. Depuis le début, elle ne l’avait vu que dans la pénombre et l’obscurité, mais à présent, un rayon de soleil venait paisiblement caresser ses mèches blondes rebelles, son nez droit et fin, la colère qui distordait ses traits qu’elle imaginait doux lorsqu’il était heureux, la hargne de sa bouche plissée. Pourtant elle ne regardait que ses yeux, prunelles d’un bleu étincelant dans lesquelles brillait une douleur difficile à brider que le soleil et les révélations lui permettaient enfin de voir clairement. Et pourtant, il essayait tellement de la contenir… Avait-il seulement conscience de la facilité avec laquelle elle pouvait la trouver, la voir, la comprendre ? Il était tellement perdu… Dans un endroit si connu, pourtant…
- Pour que l’Oiseau sache qu’il peut voler, il faut le lancer dans le vide.Des mots Marchombres. Des mots qui semblaient n’avoir aucun lien avec ce qu’il venait de lui raconter, et qui pourtant répondaient à toutes ses interrogations… Les yeux toujours fixés sur lui, dangereusement proche alors qu’elle lui refusait fermement mais doucement le passage, elle expliqua :
- C’est ce que mon Maître m’a dit, un jour. Tu sais ce que j’ai fait, alors qu’elle s’apprêtait à me faire passer une épreuve importante, à me montrer que je pouvais m’en sortir seule ?Elle cherchait ses mots, doucement, incertaine de ce qu’elle pouvait dire sans trahir les secrets marchombres. Elle ne pouvait pas mentionner l’Ahn Ju, ne pouvait pas mentionner les jalons qui marquaient la Voie des Marchombres, mais elle pouvait partager cette leçon avec lui. Un rire nostalgique lui échappa avant qu’elle ne réponde à sa propre question.
- Je suis partie. Sans prévenir personne, sans expliquer quoi que ce soit… Je les ai tous déçus, sans le regretter un seul instant. Même aujourd’hui.Le vent joua dans ses mèches, mais là encore, elle n’y fit pas attention, concentrée sur Elio, concentrée sur ce passé qu’elle ne regrettait pas malgré les erreurs qui le parsemaient.
- Mais je suis revenue. Et elle m’a lancée dans le vide. Et tu sais quoi ? Elle avait raison. Depuis le début. Parfois les gens se trompent… Mais parfois, ils ont raison, aussi. Et ton père… Il avait raison, même si tu ne le sais pas encore. Ca fait peur, de devoir abandonner ceux qui nous ont guidé… Mais comment voudrais-tu devenir un guerrier digne de ce nom, si ton père t’avait gardé toute ta vie sous sa protection ? Je suis sûre que t’abandonner a été aussi dur pour lui que pour toi… Peut-être plus, même. Mais c’était nécessaire, alors il l’a fait. Il t’a offert ta liberté, et c’est un cadeau précieux, même s’il semble parfois difficile à garder… Et tu sais… Ca ne veut pas dire qu’il ne t’aidera pas, si un jour tu as besoin de son aide. Ca ne veut pas dire qu’il ne t’aime pas, non plus, ou que tu te retrouves seul sans savoir quel est le chemin à suivre. Juste qu’il te laissera chercher seul avant de venir à ton secours. Il t’a donné un but… Trouver la vérité. Et si lui n’est pas prêt à te la donner, et je suis certaine qu’il a ses raisons, c’est à toi de la chercher. Elle le regardait encore, incapable de lire ses traits à présent, incapable de lire les pensées qui se bousculaient dans sa tête, malgré son visage si facile à lire, si franc, si vrai. Elle murmura juste une dernière chose avant de se glisser sur le côté pour lui laisser le passage :
- Tu l’aimes… Pardonne-lui.Le vent souffla plus fort, alors, et un nuage vint camoufler le soleil à l’extérieur. La luminosité chuta brusquement là où ils se tenaient, et Elera prit enfin conscience qu’ils étaient juste devant la sortie. Un énorme sourire barra son visage, et avec un dernier regard pour Elio, elle courut vers l’extérieur. Elle embrassa l’air frais, ses pieds dansant avec les herbes folles couvertes de gel en cette fin d’automne, et tournoya comme une gamine, le visage tourné vers le ciel nuageux. Dehors. Enfin. Libérée de l’obscurité secrète, des murs sadiques et des ombres du fantôme de Marlyn qu’elle était venue retrouver après la disparition du collier. Elle ne comprenait toujours pas pourquoi celui-ci avait disparu, ni pourquoi la crainte l’avait emplie à l’idée de ne plus avoir le choix, de ne pas pouvoir sortir du cachot. Mais ils avaient trouvé un passage vers l’air libre, un passage de vent, de confidences et d’amitié pour le moment. Un passage qui se terminait au beau milieu des plaines de Shaal, camouflé entre trois rochers couverts de mousse et une cascade de lierre entremêlé, l’Académie visible au loin, majestueuse. Sûrement un passage secret créé par Merwyn et les premiers habitants de l’Académie pour s’enfuir en cas de danger, à moins qu’il ne soit plus vieux encore… Elera se retourna vers Elio.
- Tu vois, c’est beau aussi, les chemins pris au hasard.Retour vers le début de leur rencontre, lorsqu’il était perdu et qu’elle lui avait dit qu’il pouvait aussi profiter des petits chemins, même s’ils n’étaient pas celui qu’il comptait suivre au début… En tout cas, elle y croyait. Ce chemin tracé dans l’obscurité et cette salle hantée par le souvenir de l’Enfant du Chaos lui avaient d’abord apporté la crainte, mais encore une fois, elle ne regrettait pas. Parce que maintenant, elle connaissait Elio. Et il était quelqu’un qu’elle ne perdrait pas, cette fois-ci…
- On rentre ?On. Article indéfini qui les englobait tous les deux, pour qu’ils repartent ensemble, et non pas chacun de leur côté… |
| | Mercenaire du Chaos et Maître de la boutique du Talion Messages : 306 Inscription le : 06/02/2009
| Sujet: Re: Perdue dans un endroit connu (RP privé) Lun 11 Jan 2010 - 16:39 | | | Elio ne comprit rien à ce qui se passait. Il s'apprêtait à sortir de ses cachots emplis d'ondes de souvenirs, laissant Elera derrière lui, lorsque cette dernière se retrouva soudainement face à lui, lui bloquant le passage. Comment était-elle arrivée aussi vite devant lui, et sans qu'il ne s'en aperçoive? Marchombre. Exceptionnelle. Elera! Il s'arrêta, se refusant à lui foncer dessus, ou pire encore, la pousser! Ils étaient à la sortie. Le soleil dardait ses rayons sur le visage harmonieux de son amie qui le fixait de ses yeux violets. A la lumière elle resplendissait encore plus! Était-ce réellement possible? Pouvait-on dégager pareille lumière, sans artifice, sans magie? Tout en elle clamait beauté et harmonie. Oui, Harmonie!
-Pour que l'Oiseau sache qu'il peut voler, il faut le lancer dans le vide.
Le corbac la regarda avec de grands yeux ronds. Que voulait-elle dire? Au fond il lui semblait savoir. Il la laissa cependant s'expliquer. De toutes manières que faire? Si elle gardait sa douceur enivrante, elle demeurait ferme: il ne passerait pas.
Elle lui parla de son maître. Elio n'aimait pas trop cette appellation, lui n'avait pas de maître, et pour l'instant s'en portait très bien. Il se sentait libre, et ne voulait pas être l'élève exclusif d'une personne, à moins d'avoir une excellente raison. Il devina qu'elle cherchait ses mots. Par manque de vocabulaire? Non, pas venant d'Elle. Par difficulté à lui expliquer le pourquoi du comment? Non, elle savait pertinemment qu'envers et contre tout il la comprenait. Par interdit? Interdit de quoi?
*Les marchombres ont leurs secrets, bien plus importants que leur simple identité! *
La phrase prononcée par son père lui sauta à la gorge avec violence. Depuis quand il lui parlait lui? N'empêche, c'est ce qu'il lui avait dit, lorsque, petit, Elio s'était interrogé sur le mystère qui entourait les clients marchombres et leur silence ou réponses sibyllines quant à ses questions. Le rire de sa compagne lui tira un sourire. Même sa voix inspirait la perfection!
-Je suis partie. Sans prévenir personne, sans expliquer quoi que ce soit... Je les ai tous déçus, sans le regretter un seul instant. Même aujourd'hui.
Impressionné par le cran d'Elera, il se tut. Aurait-il osé partir de chez son père, sans prévenir? Si il avait eu une piste tracée et sûre concernant sa mère, oui. Il avait désiré le faire, mais l'expérience et le manque d'information l'en avait empêché. Mais il partirait. Il le savait. Elle lui avait même dit qu'elle l'accompagnerait! Mais pour lui c'était différent. Il n'avait personne à décevoir. Personne à quitter sans explications. Il n'avait personne à part Elle. Le vent se mit à jouer avec la chevelure rousse d'Elera, et Elio ne put qu'admirer la danse folle des mèches avec le zéphyr. La mélodie sortant des lèvres rosées de la jeune fille venait se nciher au fond de son coeur, l'embaumant de sagesse. Puis elle lui murmura une phrase, courte, avant de se décaler, lui libérant le passage:
-Tu l'aimes...Pardonne-lui.
Sans même attendre de réponses, elle sembla se rendre compte pour la première fois de l'endroit dans lequel ils se trouvaient. Un grand sourire vint illuminer son visage, et elle sortit en courant à l'extérieur, tournoyant telle une enfant dans l'herbe folle, qui lui répondait au rythme de ses pas dans un mouvement de balancement. Amusé, il la suivit, s'assit, et la contempla, songeant à tout ce qu'ils venaient de vivre, et leur dernière conversation. La végétation lui chatouillait ses membres, et l'invitait lui aussi à une danse. Il la refusa, préférant être spectateur plutôt qu'acteur. Il souriait, il se sentait bien, heureux. Tout simplement heureux.
« Tu l'aimes...Pardonne-lui. »
En serait-il capable? Oui il l'aimait. Mais pouvait-il réellement lui pardonner? Après-tout...Il devait être dans l'intention de son père de le protéger...Etc'est grâce à cet homme qu'il se trouvait ici, et en si bonne compagnie. Il ne regrettait en rien son arrivée à l'Académie, la voie guerrière le séduisait de plus en plus!
« Pardonne-lui »
Elio leva les yeux au ciel, quémandant l'aide insensée de sa mère. Qu'aurait-elle fait elle? Il n'en saurait jamais rien, puisqu'elle était morte! Refoulant la colère naissante, il se leva à la proposition de son amie.
En une journée elle avait su lui apporter tout ce dont il avait besoin, malgré l'absence toujours présente de la vérité...En une journée, elle lui avait appris bien plus qu'il n'avait appris de lui-même depuis des années...En une journée elle lui avait fait naitre des sentiments encore inconnus à ses yeux. En une journée, elle lui avait promis l'éternité face à eux... Eux... Il la rejoignit, lui prit avec douceur la main, la couvant de ses yeux bleus, puis lui chuchota à l'oreille:
-Oui...On rentre...
« On », jamais il n'avait tant aimé cet article indéfini!
Main dans la main, deux silhouettes repartirent, sur un tout nouveau chemin...
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