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 De l'autre côté de la surface (Suite) (RP terminé)

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Einar Soham
Einar Soham

Apprenti Chantelame
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MessageSujet: De l'autre côté de la surface (Suite) (RP terminé)   De l'autre côté de la surface (Suite) (RP terminé) Icon_minitimeJeu 25 Juin 2009 - 3:44

Les joues et les oreilles rougies par le froid, l’angoisse, l’effort et encore le froid, Einar arriva enfin devant les portes doubles de l’infirmerie. Il avait mis près de dix minutes à l’atteindre, devant s’arrêter régulièrement pour reprendre son souffle, ou replacer sur Elera son pull et son manteau pour tenter de conserver la chaleur. Cette situation l’angoissait réellement, peut-être avait-elle simplement pris froid, mais il avait déjà vu des hommes mourir en restant dans la rue toute la nuit, sous le neige.. Bref, panique mécanique à bord.
Einar déposa la Lotra sur le lit vide le plus proche avec la douceur qu’il put mettre dans ses membres roidis, puis rabattut sur elle les diverses couches de draps et de couvertures. Avant qu’il n’ait pu se diriger vers le bureau de l’infirmière-rêveuse, celle-ci ouvrit la porte, sûrement attirée par les bruits de sa respiration difficile, et s’avança d’un pas rapide.


- C’est.. Je sais pas ce qu’elle a, elle s’est évanouie quand on était à…
- Assieds-toi et calme-toi, on dirait que tu as vu un fantôme. Je vais voir ce qui ne va pas avec elle.

Avec des gestes expérimentés, la rêveuse prit le pouls de la marchombre, tâta divers trucs sur son corps qu’Einar aurait été bien en peine d’identifier, puis finit par fermer les yeux, les mains croisées au-dessus de la poitrine gelée. L’attente mit Einar au supplice, lui qui restait debout derrière sans rien faire, les bras ballants à tenter de fixer ses yeux sur quelque chose, le corps se balançant très légèrement d’avant en arrière pour tromper la panique. Pourvu qu’il ne soit rien arrivé à Elera, il ne se le pardonnerait jamais. C’était de sa faute si elle avait été obligé de plonger dans la cascade, de tomber, de se faire du mal..
Quand enfin, la dame ouvrit les yeux, Einar démarra au quart de tour :


- Qu’est-ce qu’elle a ? C’est grave ? Vous avez pu la soi..
- Elle va bien. C’est une simple fluxion de poitrine, elle s’en tirera avec quelques heures de repos ici. Et calme-toi un peu, enfin, tu es plus tendu qu’un siffleur constipé !
- Désolé je.. je..
- Tu es blanc comme un linge, mon garçon. Et tu dois être congelé, regarde, tu trembles de partout et tu es détrempé.

Einar n’avait pas remarqué que la neige avait recommencé à tomber pendant sa course, couvrant son corps très peu protégé d’une fine couche de poudreuse qui dans la touffeur de la pièce, avait achevé de le re-mouiller. Mais s’il tremblait ce n’était certainement pas de froid, il avait bien d’autres tracas en tête. Apparamment, la rêveuse sut le deviner à son expression morte d’inquiétude et sa danse d’un pied sur l’autre, parce qu’elle ajouta seulement :

- Elle ne sera pas réveillée avant quelques heures. Va te changer dans ton dortoir et reviens ici si tu veux veiller sur elle.

Convaincu, le jeune homme sortit de la pièce. Il n’en revint que deux heures plus tard, car il avait pris le temps d’aller chercher les affaires d’Elera à la cascade, priant pour que tout soit en place. Ensuite, il avait seulement pris le temps de changer de vêtements, revêtant une tunique de coton blanche et un pantalon noir simple. Dans les murs, il ne faisait pas si froid que ça, du moins il l’espérait. Quand il revint à l’infirmerie silencieuse, les bras chargés des affaires de la marchombre, elle n’était pas encore réveillée. Il posa les affaires dans un coin, et s’assit sur une chaise, un peu à l’écart, toujours aussi nerveux que tout à l’heure. Impatient comme un pou, il se releva une demi-minute après et alla demander à la rêveuse, dans son bureau :

- C’est normal qu’elle ne soit pas encore réveillée madame ? Elle devrait l’être, non ? C’est peut-être grave.. Dites-moi que c’est nor..
- Oui, c’est normal. Si tu reviens encore une fois me harceler pour un rien, je te fais avouer sur le champ ce que deux jeunes gens faisaient, à faire trempette dans le parc en plein hiver. Sois heureux que je ne le demande pas, et sors de mon bureau !

Penaud et les oreilles rougeâtres, Einar retourna sur sa chaise. L’attente (re)commença. Les minutes étaient extrêmement lentes. Sous le stress et la culpabilité, Einar, à côté du lit d’Elera, fixait intensément le mur, des larmes silencieuses coulant lentement de ses joues. C’était stupide et honteux, mais c’était le seul moyen d’évacuer un peu tout ça.
Il était tellement absorbé par ses ongles qu’il rongeait et le mur qu’il voyait sans le voir, qu’il ne remarqua pas qu’Elera avait ouvert les yeux.


Elera
Elera

Marchombre
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MessageSujet: Re: De l'autre côté de la surface (Suite) (RP terminé)   De l'autre côté de la surface (Suite) (RP terminé) Icon_minitimeVen 26 Juin 2009 - 3:36

Elle ne se souvenait que de quelques secondes de son retour, comme si elle avait été ballottée entre rêve et réalité, pas tout à fait dans le premier, sans toutefois avoir les deux pieds dans la deuxième non plus. Quelques secondes de froid mordant et de vagues brûlantes qui l’engouffraient, quelques instants à sentir la présence d’Einar, quelques moments de presque lucidité pendant lesquels elle se sentit plus faible qu’une poupée de chiffon. Mais elle n’était pas seule, et tout irait bien… Le noir et sa chaleur réconfortante repris ses droits sur elle. Elle ne remarqua pas consciemment le changement de température, malgré ses frissons qui diminuèrent quelque peu après leur entrée dans l’Académie. Pourtant, elle se réveilla encore par éclairs aux sons de voix connues et inconnues, avant que Morphée ne la reprenne. Le sommeil pesant la garda longtemps ; sa respiration se tranquillisa, ses tremblements aussi, et sa fièvre tomba sous les mains de la rêveuse. Lorsqu’elle se réveilla à nouveau, sa tête lui faisait encore mal et ses yeux ne voulaient tout simplement pas s’ouvrir, mais elle se sentait mieux… Et une fois de plus, ce furent les voix qui la sortirent de sa torpeur.

La rêveuse ne criait sûrement pas, mais sa voix énervée semblait beaucoup trop forte pour l’esprit engourdi de la marchombre ; elle finit tout de même par comprendre les mots. Qu’est-ce qu’ils faisaient… Ils étaient seulement en train de tirer à l’arc, rien d’autre… Et puis ils étaient tombés, à un moment. Une marée de questions l’envahit, et elle gémit, se taisant avant d’entendre le retour d’une personne qui s’assit à côté du lit. Elle ne posa pas les questions à haute voix, puisqu’il suffisait de réfléchir. Où était-elle ? Prenant toute sa volonté, elle finit par lever lentement les paupières. Un simple regard autour d’elle lui fit reconnaître l’Académie, et plus particulièrement l’infirmerie, où il lui était arrivé de venir malgré le fait qu’elle l’évitait à tout prix. Pourquoi ? Elle se souvint finalement de sa chute, et Einar était là… Il avait dû la ramener. Elle lui en était reconnaissante, et le remercia en silence… Depuis quand était elle ici ? Assez longtemps, au vu des vêtements secs d’Einar, mais pas trop, puisque ses cheveux étaient encore humides. Cela faisait à peu près le tour des événements…

Mais il y avait une question dont elle était incapable de trouver la réponse. Einar était là, à la veiller, alors qu’il aurait très bien pu partir, après l’avoir laissée. Cela, elle pouvait le comprendre- elle aurait fait la même chose pour lui et l’avait déjà fait pour d’autres. Se réveiller seul sans savoir ce qu’il s’est passé n’a rien de soulageant… Non, c’était son expression qu’elle ne comprenait pas. Ses gestes étaient nerveux et son visage ravagé par la tristesse… Il pleurait. Pourquoi ? Elle était tombée malade- rien de bien étonnant après leur bain glacé, et rien de grave visiblement non plus, puisqu’elle se sentait déjà mieux malgré la fatigue. La rêveuse ne l’avait-elle pas rassuré ? Il aurait pu être malade aussi, mais il semblait ne rien avoir, lui. Il serait sûrement allongé aussi, sinon, donc ce n’était pas ca le problème. Elle n’aimait pas cet air perdu… Et s’il n’y avait pas de raison d’être triste sur leur état, qu’est-ce qui avait bien pu arriver pour qu’il ait si mal ? Chuchotement. Elle n’avait pas la force pour davantage.


- Pourquoi tu pleures ?

Elle ferma les yeux juste après, incapable de les maintenir ouverts plus longtemps, et ne vit donc pas la réaction d’Einar. Mais comme avec son sourire lorsqu’il tirait à l’arc, son expression de quelques instants auparavant resta figée dans son esprit, expression que cette fois elle ne pouvait pas supporter. Elle ne voulait pas qu’il ait une raison d’être triste. Et entre deux tambours qui frappaient dans sa tête, une nouvelle question, qui s’adressait à elle-même cette fois. Pourquoi ? Haussement d’épaules mental. Elle n’aimait jamais lorsque ses amis ressentaient de la douleur. Elle voulait tous les voir heureux malgré les difficultés, tous les voir trouver leur place dans ce monde et y être accepté. Qu’ils soient Mercenaires du Chaos comme Marlyn, Combattants comme Sya, Marchombres comme Khelia ou Dessinateurs comme Alatariel, même s’il y en avait certains pour qui elle se battrait plus longtemps pour qu’ils puissent avoir leur rayon de soleil… Mais si la réponse était si simple, pourquoi se l’était-elle-même posée ? ..Ce devait être le mauvais état dans lequel elle était, elle n’arrivait plus à penser droit. Il était juste devenu important plus vite que les autres… Et puis quelle importance ? Elle ne voulait pas qu’il ait mal, et le reste n’avait pas d’importance. C’était le quoi, et non le pourquoi, sur lequel elle devait se concentrer… Elle se souvenait de la cascade, elle se souvenait de leur discussion avant sa chute, elle se souvenait du pari et de l’arc. De sa demande, qu’il n’avait pas suivi, vu l’état dans lequel il était. Alors elle la murmura à nouveau.

- N’ai pas peur. S’il te plait.

Elle toussa à la fin de sa phrase, mais rassura ensuite le lupus d’un sourire. Peut-être ne pouvait-il pas s’en empêcher- mais elle ne voulait pas qu’il ait peur, au moins pas avec elle, ou pour elle. Elle s’en sortait toujours, et lorsque ce ne serait plus le cas ce n’aurait aucune importance, elle serait prête. Elle n’avait pas besoin qu’on s’inquiète pour elle. Il n’avait rien à craindre, lui non plus. Le danger n’était qu’une notion lointaine, notion qui limitait alors qu’il y avait tellement de merveilles à voir et tellement de choses à faire, lorsqu’on l’oubliait un instant… Peut-être qu’elle pourrait les lui montrer, un jour. Et peut-être pas. Mais s’il ne pouvait pas, peu importait. Son monde aussi devait être intéressant, même s’il était différent. S’il ne pouvait pas faire un pas vers le sien, Elera essaierait d’oublier ses idées impossibles et le suivrait au lieu de proposer de sauter sur un rocher au centre d’une cascade… Ca vaudrait peut-être mieux pour tout le monde. Mais pour le moment, elle devait essayer d’attraper sa voix et de ne pas laisser s’envoler les explications du lupus alors que les martellements continuaient à confondre son esprit…

Einar Soham
Einar Soham

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MessageSujet: Re: De l'autre côté de la surface (Suite) (RP terminé)   De l'autre côté de la surface (Suite) (RP terminé) Icon_minitimeSam 4 Juil 2009 - 4:19

Lorsque la voix de la marchombre s’était faite entendre, la première réaction d’Einar fut de se lever à demi de sa chaise, prêt à.. un peu tout, en fait. Lorsqu’il vit qu’elle avait seulement les yeux ouverts et semblait n’avoir besoin de rien dans l’immédiat, il se rassit, essuyant rapidement d’un revers de main les sillons qui étaient encore tracés sur ses joues, gêné. La question en elle-même n’avait rien d’immédiatement gênant, mais il n’avait pas souhaité qu’elle le voit inquiet, nerveux à ce point. Et puis la réponse était si simple qu’elle lui paraîtrait ridicule, aussi il choisit de ne pas répondre tout de suite, son regard terreux prenant connaissance de la santé d’Elera ; elle n’avait plus l’air d’avoir de fièvre, mais elle était encore affaiblie et malade..
A sa deuxième remarque, le jeune Lupus serra les dents. Ce n’était pas complètement de la peur qui l’habitait en cet instant, cette sensation était même relativement minime par rapport à la nervosité qui résultait des évènements passés. Mais ça, il lui dirait après, pour le moment, il n’y avait pas forcément besoin de répondre.. Enfin il verrait. Quand elle toussa, il hésita à aller appeler la rêveuse, mais il se ferait sûrement jeter dehors à coups de sabots.. Il verrait après. Il avait beaucoup d’émotions à gérer d’un coup, et pour lui c’était dur. Il n’était pas habitué à sauter d’une cascade, courir dans le froid avec un corps dans les bras, parler de cette manière, tirer à l’arc avec quelqu’un.. Toutes ces capacités qui le caractérisaient, le dessin, l’arc, il les pratiquait quand il était seul. C’était un petit jardin secret qu’il avait cultivé, et qu’il n’avait que rarement partagé avec quelqu’un d’autre. Tirer à l’arc était sa passion, mais dans le groupe de gamins dont il faisait partie, le courage se mesurait par la capacité à se battre avec ses poings, pas avec des flèches..
Mais ressasser le passé ne servait présentement à rien. D’une voix un peu trop sèche, il répondit à la première question, finissant d’essuyer ses joues d’un geste machinal :


- C’est pas la peur, Elera.. C’un peu tout. Y’a eu beaucoup de choses aujourd’hui, et c’est ma manière d’évacuer, on peut dire.. J’étais inquiet pour toi, tu ne te réveillais pas, alors que ça fait une heure ou deux que tu aurais dû.

Cette dernière phrase, il l’avait dite plus basse encore, parce qu’il avait honte d’avouer cette inquiétude, cette anxiété qui le faisait rester près d’Elera. Mais maintenant qu’ils étaient au calme, secs ou plus ou moins pour Einar-, au chaud et avec quelqu’un pour veiller sur l’état de santé de la Lotra, il sentait les mots se débloquer petit à petit de sa gorge, ou tout du moins sortir sans son accord d’entre ses lèvres. C’était étrange et difficile à s’avouer, surtout pour le jeune homme, et ça ne durerait certainement pas. Mais tant que c’était là..

- La rêveuse m’a dit qu’il y avait pas à s’inquiéter, mais j’crois que c’était impulsif, c’était pas normal que tu te réveilles si.. tard. ‘Fin..

Il hésitait sur la marche à suivre, puis se tut. De toute manière, il n’avait plus de mots pour continuer sa phrase, et il avait les oreilles qui rougissaient à nouveau. Pour s’occuper les mains, le Lupus prit un bout de sa chemise, et tordit les fibres entre ses doigts plats. Mais incapable de tenir en place, et voyant les paupières d’Elera plissées sous le mal de crâne, il se leva, fit quelques pas, hésita, s’arrêta, se retourna, balbutia un :

- Je.. Je reviens, j’vais te chercher un truc pour le mal de t--
- Pas la peine, je l’amène dans une minute, fit une voix lassée émanant du bureau de la rêveuse.

Einar, scotché sur place, au milieu de la pièce, un pied suspendu d’un millimètre en apesanteur, s’éclaircit la gorge pour se donner une contenance, un sourire gêné sur le visage. Il était maintenant debout, les bras ballants, avec une direction avortée. C’bête ça. Au bout d’une ou deux minutes à hésiter sur la marche à suivre, il retourna sur sa chaise, un air de chien battu un peu simulé sur le visage.
Par contre, la suite se gâta. Elera était en proie avec une quinte de toux particulièrement irritante, et n’en finissait plus de s’éclaircir la gorge. Einar, les yeux plissés par l’inquiétude, se leva à nouveau à peine assis, et d’une voix pressée, appela la rêveuse, qui accourut dans les quelques secondes. Suivant ses instructions, il aida l’infirmière à mettre Elera sur le côté, avec des gestes aussi doux et efficaces que possibles. Une ou deux secondes plus tard, la voix agacée de la rêveuse résonna :


- C’était juste un peu d’eau résiduelle dans les poumons. La prochaine fois, évite d’invoquer l’Apocalypse, et penche-la sur le côté, ça partira tout seul.

Une nouvelle fois rouge, Einar baissa les yeux. Quand elle fut partie, il posa une main sur l’épaule d’Elera, voulant tant la rassurer que se rassurer soi-même, murmurant un :

- Evite de me faire des peurs pareilles, hein.. Sinon la rêveuse va me passer par la fenêtre pour mon inquiétude excessive.. ça va mieux ?

Un sourire gêné.

Elera
Elera

Marchombre
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MessageSujet: Re: De l'autre côté de la surface (Suite) (RP terminé)   De l'autre côté de la surface (Suite) (RP terminé) Icon_minitimeSam 4 Juil 2009 - 22:21

- Cela fait longtemps qu’on ne s’est pas inquiété pour moi…

Une voix lointaine ; Elera n’avait même pas conscience de l’avoir dit à haute voix, perdue dans ses pensées confuses. Sa sœur s’était inquiétée longtemps pour elle, avant de laisser tomber ses conseils de prudence lorsqu’elle avait enfin compris qu’ils ne serviraient à rien, et qu’Elera allait quand même sauter dans les arbres et jouer à l’équilibriste dans les montagnes quoiqu’elle puisse lui dire. Alors au lieu de s’inquiéter pour elle et de lui ordonner d’être prudente, elle faisait simplement en sorte d’être là pour l’aider après la chute… avec un air exaspéré plus tard en voyant que le souvenir faisait sourire Elera au lieu de lui faire peur et de lui octroyer un peu de bon sens. Mais même si elle se jetait parfois la tête la première dans le danger, elle ne faisait jamais rien qui puisse lui faire irrévocablement mal… enfin, c’est ce qu’elle pensait, en s’appuyant sur le fait qu’elle s’en était toujours sortie jusqu’ici. Elle ne s’inquiétait pas, et elle n’avait pas besoin qu’on s’inquiète pour elle, ne regrettant jamais les folies qu’elle effectuait… Et pourtant, elle était heureuse qu’Einar soit là. Pour elle. C’était comme une vague de chaleur rassurante qui força un sourire sur son visage, sourire qu’elle essaya tant bien que mal de cacher ; elle n’avait pas envie de l’expliquer. Elle doutait qu’Einar apprécie l’humour qu’elle trouvait dans la situation, aussi. Elle savait qu’elle n’avait rien à craindre : elle était malade, mais elle se relèverait, elle avait déjà attrapé pire et sans rêveur pour la soigner. Le voir aussi peu rassuré n’aurait pas dû l’amuser, mais le contraste avec l’attitude lasse de l’infirmière était tout simplement impossible à ignorer.

Son sourire disparut dans sa quinte de toux. Les mains professionnelles et impersonnelles de la rêveuse l’aidèrent puis disparurent, ne laissant que celle plus chaleureuse du lupus sur son épaule. Elle n’essaya pas de le repousser ; elle ne le voulait pas et ne pensait pas avoir la force de le faire, de toute manière. Par contre, elle avait plus de mal à savoir quoi répondre. Elle ne pouvait pas vraiment éviter de faire ce qui pourrait lui faire peur, tout comme il ne pouvait pas s’empêcher d’éviter l’eau. Papillon attiré par la flamme, lépidoptère qui en connait les dangers et reste dans la pénombre… Ils étaient tellement différents. Elle ne pouvait pas lui dire qu’elle allait mieux non plus, pas quand sa toux lui laissait la gorge en feu et avait remis les murs à la place du plafond dans sa tête qui ne supportait décidemment pas encore le mouvement. Elle aurait pu mentir, mais elle doutait pouvoir être convaincante, même si elle avait été dans son état normal. Elle ne savait pas du tout comment prendre la fuite, aussi lorsque les mots sortirent de ses lèvres, ils furent autant une surprise pour elle que pour lui.

- Est-ce que tu vas rester ? J’aimerai bien.

Une question tout à fait normale qu’elle avait déjà posée auparavant, à d’autres personnes. Pourtant, lorsqu’elle prit conscience de ce qu’elle avait demandé, elle regarda ailleurs. Il était normal de solliciter à ses amis de rester, ils n’avaient même pas besoin qu’elle le dise à voix haute, et elle attendait avec eux aussi lorsque c’était eux que les cours de Valen ou les balades à cheval avaient amochés. Mais elle ne connaissait Einar que depuis le matin, et elle ne voulait pas l’obliger à perdre son après-midi ici avec une rêveuse qui ne le tenait pas dans le cœur s’il avait de meilleurs plans. Aussi se rattrapa-t-elle une fois qu’elle se sentit capable de s’expliquer avec davantage qu’un court murmure.

- Enfin, si tu dois aller en cours ou que tu as des amis à voir, je comprends. C’est juste un peu long et ennuyant ici. Avec quelqu’un, tu peux parler, au moins…

La plupart des malades qui restaient seuls se retrouvaient avec le choix entre deux activités. La première était dormir, et c’est ce qu’elle avait fait les deux dernières heures. Elle ne se sentait plus fatiguée, juste affaiblie. Sa deuxième possibilité était d’attraper un livre sur la petite pile au pied du lit, mais elle n’avait pas le courage d’essayer de déchiffrer les lettres infâmes qui utiliseraient tous les moyens possibles pour la confondre un peu plus et empirer la douleur qui venait et repartait dans son crâne. Elle avait la flemme de tendre les mains pour attraper l’objet, aussi. Il faisait bon sous les couvertures, et elle ne comptait pas en sortir. Mieux valait encore fixer le mur devant elle et en suivre toutes les lignes pendant une heure plutôt que d’essayer d’améliorer sa lecture. Mais elle préférerait encore que le lupus reste un peu…

- Pourquoi tu es venu à l’Académie, toi ?

Même s’il devait partir, il pourrait au moins répondre à une question avant de disparaître. A moins que son histoire ne soit aussi obscure que certains élèves ici, et qu’il refuse net avant de lui tourner le dos directement. Elle s’en voulut presque d’avoir demandé, mais rien ne l’obligeait à répondre et elle n’avait jamais réussi à empêcher sa curiosité de prendre le devant… Il y avait tellement de choses qu’elle ne savait pas encore sur lui. Mais si elle continuait à avoir mal à la tête, il pouvait parler aussi longtemps qu’il le voulait et avec toute la bonne volonté de Gwendalavir, elle ne comprendrait rien. La rêveuse, en venant lorsqu’Einar l’avait appelée, avait déposé un verre rempli d’un liquide à la couleur sans nom sur la commode avant de partir ; ce devait être le médicament qu’elle voulait apporter. Elera évita de scruter le verre. Les boissons des rêveurs et autres guérisseurs avaient rarement bon goût, et elle préférait ne pas se dégoûter avant même de l’avoir essayée. Parce que mauvaise ou non, il allait falloir qu’elle la boive… mais dans sa position actuelle, elle allait sûrement en laisser couler plus sur les draps qu’autre part. C’est pas pratique, de boire quand on a la tête sur le côté et les mains tremblantes.

- Attends. Tu peux m’aider à me lever, d’abord ? Je ne pourrai pas boire ce truc sinon.

Une fois qu’elle était assise, ca devrait aller…

Einar Soham
Einar Soham

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MessageSujet: Re: De l'autre côté de la surface (Suite) (RP terminé)   De l'autre côté de la surface (Suite) (RP terminé) Icon_minitimeMer 8 Juil 2009 - 3:41

S’il restait ? La réponse lui paraissait évidente, moins évident était la gêne que sa propre question avait causé en Elera. Même si lui était flatté, surpris, et toussa, il ne pensait pas que ça la mettrait dans un tel état. Enfin… Non, il ne rougirait pas. Il ne devait pas rougir. Il en avait marre de rougir, et puis, maintenant qu’il commençait à s’habituer à la présence d’Elera et qu’il était complètement obnubilé par la santé de sa camarade, il n’en avait plus l’immédiat besoin. Plus tard peut-être. Pour se justifier, la marchombre balbutia une excuse qui assombrit légèrement le regard d’Einar. Des amis à aller voir ? Où donc ? Il ne connaissait qu’elle dans l’enceinte des ces murs… Certes, il y avait toujours les cours, mais il pourrait sûrement se faire pardonner auprès de ses professeurs pour être resté au chevet d’une malade. Au pire, il accepterait la punition, la retenue, même si cela ne lui faisait pas très plaisir… C’était toutefois une solution très envisageable, si en contrepartie il pouvait tenir compagnie à Elera, et l’empêcher d’être seule dans cette affreuse infirmerie. Il pourrait peut-être en apprendre plus sur elle ; ou sinon, ils joueraient au Hamân-Lo, discuteraient de tout et de rien.. Ou si vraiment la conversation coinçait, il ferait ses devoirs d’alchimie et de civilisation. Mais en restant auprès d’elle, qu’elle le souhaitât ou non.

D’une voix un peu maussade, le regard rivé sur ses pieds alors qu’il retourna s’asseoir, enlevant sa main de l’épaule de son amie, il lui répondit :


- Tu sais, je n’ai pas d’amis à aller voir à l’Académie pour le moment… Ou si, j’en ai une, et je la vois déjà. Elle est en face de moi.

Le froid avait du provoquer quelques courts-circuits, il n’en revenait pas lui-même de ce qu’il disait ou pensait, ou même ruminait dans ses méninges. Jamais il n’avait été franc comme ça sans trop balbutier, et ce n’était pas la première fois de l’après-midi que ça lui arrivait. Presque apeuré de ne pas retrouver son état normal de petit apeuré coincé, Einar se tourna vers son interlocutrice à la prochaine question. Sa demande souffrait d’une réponse claire, ce qu’Einar allait lui fournir car il n’avait aucune raison de lui mentir ; et puis la conversation dérivait de son inquiétude envers la jeune fille, et c’était une bonne, trèès bonne chose. Mais alors qu’il allait démarrer son histoire banale, elle lui demandait de l’aide.
Bondissant sur ses pieds, Soham toujours prêt, Einar s’approcha du lit, et avec les gestes les plus doux et un sourire qu’il espérait rassurant, l’aida à se redresser en position assise. Comme elle esquissait un mouvement pour attraper le verre, il la devançait et lui remit, un peu gêné. Les mains de la Lotra tremblaient, et il espérait qu’elle réussirait à boire la potion… Malgré tout, il se tenait prêt à intervenir si jamais quelque chose allait mal. Il se traitait d’imbécile en son for intérieur, d’être aussi inquiet et prévenant. On l’aurait cru au chevet de sa grand-mère !
La pestilence du liquide lui arrivait dans les narines, et il étouffa une quinte de toux. Il n’osait pas imaginer ce que ce devait être pour Elera d’avoir à ingérer ça. Mais si c’était pour son bien… Sa grimace de dégoût ne le rassura pas pour autant, mais elle but tout.
D’un geste maladroit et mal exercé par le peu d’habitude qu’il avait en la matière, il posa à nouveau la main sur l’épaule de la Lotra pour compatir. Toutes ses condoléances pour le breuvage dégoûtant. Comme il sentit qu’elle pouvait tenir un monologue ennuyeux sur sa vie sans décrocher, il commença, la voix basse :


- C’pas une histoire très passionnante. J’ne suis pas un orphelin rescapé d’une attaque de mercenaires du Chaos sur sa famille, un bébé abandonné par de grands diplomates en fuite, un sauvageon de la nature ni même un descendant frontalier, ou un génie repéré par une autre Académie. J’suis juste Einar Soham, né de parents aubergistes sans histoire, élevé comme n’importe quel enfant. J’ai un don mineur répéré à mes dix-huit ans, et j’sais à peu près me battre comme un enfant l’a appris dans sa bande, en jouant.
Je suis venu à l’Académie parce que mes parents ont confiance en moi et m’ont payé l’entrée, parce que je veux qu’ils soient fiers de moi, parce que c’est une chance qu’ils n’ont pas eu, eux taverniers.


Au fur et à mesure de son récit, Einar se sentait dégonfler, comme une poupée gonflable ridée au cœur percé. Non pas que raconter cette histoire le chagrinait, mais peut-être qu’Elera s’imaginait avoir devant elle un fieffé héros de la survie, un martyr de la violence ou un héros des rues. Il était juste le fils de son père et le fils de sa mère, sans distinction particulière pour le rendre meilleur aux yeux de la Lotra. Plus que jamais, il avait peur de lire de la déception dans le regard de son amie. Son cerveau matérialisa ses craintes par un murmure qu’il regretta d’avoir sorti aussitôt :

- Pas vraiment la carrure d’un héros hein… j’suis pas assez unique pour être intéressant.. ni assez costaud pour t’protéger.

Et ses oreilles de virer… Ahah ! blanches, pas rouges ! et PAF, dans l’œil les cinq centimes. Ahem, bref. Revenons-en à nos tourtereaux. Les bras qui se resserraient brusquement sur son torse comme pour empêcher son souffle de le trahir encore, Einar recula d’un pas ou deux, marmonnant :

- Nan enfin.. j’voulais pas dire ça… ‘Fin j’le pense mais.. Roh puis flûte. Oublie.

Ses yeux se glissèrent sur ses chaussures à nouveau, comme si un aimant ou un sujet de dissertation ô combien passionnant y était attaché. Puis il se força, et les reposa sur Elera. Elle avait encore les yeux un peu voilés mais semblait voir clair. Etrangement, pour l’une des rares fois où il la regardait, il ne vira pas cramoisi. Au contraire, au vu de sa propre gêne, de ses propres balbutiements, il se prit à sourire. Oh, pas de beaucoup, juste d’une commissure, le temps d’une seconde.

- J’ai au moins la particularité d’être ridicule quand y fait pas, on pourra pas me le démentir… Mais bref. Tes autres amis, ils doivent avoir des histoires plus passionnantes, dangereuses ou remplies que la mienne.. Tu pourrais m’en raconter une ?

Elera
Elera

Marchombre
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MessageSujet: Re: De l'autre côté de la surface (Suite) (RP terminé)   De l'autre côté de la surface (Suite) (RP terminé) Icon_minitimeVen 10 Juil 2009 - 18:32

C’était au tour d’Elera de rougir, parce que les oreilles rouges c’est mieux que les oreilles blanches ne sachant pas trop comment répondre. Elle était heureuse d’apprendre qu’il la considérait déjà comme une amie, et il était tellement prévenant… Comme si elle était spéciale. Elle n’était pas habituée à cela, préférant d’habitude se débrouiller seule. Elle ne venait pas toujours à l’infirmerie lorsqu’elle était malade, sachant qu’un mal de tête finirait par disparaître tout seul, et préférait parfois manger les framboises trouvées dehors plutôt que les bons repas du cuisinier, résidus de sa vie loin des hommes… Elle n’aimait pas vraiment être si dépendante des autres, même si elle appréciait le contact, et c’est pourquoi elle les fuyait parfois. Mais Einar… Il l’aidait d’une manière qui l’empêchait de se sentir ainsi. Elle n’avait pas l’impression qu’il essayait de faire les choses pour elle, même si c’était visiblement le cas puisqu’il venait de prendre le verre avant elle, mais plutôt qu’il l’accompagnait, qu’il essayait simplement de l’aider mais qu’il l’aurait laissée faire si elle l’avait demandé. Ce qu’elle ne fit pas. Elle ferma les yeux, avant d’avaler l’horrible potion d’un coup ; dans une autre situation, elle aurait peut-être refusé et attendu, mais elle voulait écouter Einar et doutait pouvoir le faire dans le cas contraire. Et puis, en quatre ans, elle avait pu s’émerveiller devant tout ce qu’était capable de faire les rêveurs… Elle avait confiance en leurs dons de guérisseurs.

Et en effet, si le mal doucereux restait à l’arrière de son crâne, les martellements diminuèrent sensiblement, et elle put bientôt écouter Einar, son regard curieux et levé vers lui attendant sa réponse. Réponse qui la rassura et fit apparaître un simple sourire sur son visage. Elle était heureuse qu’il n’ait pas le passé obscur de tellement d’autres ici… Parce qu’il fallait l’avouer, l’Académie de Merwyn n’était pas une Académie comme les autres. Alors que les autres établissements apprenaient aux nobles et aux plus prometteurs comment utiliser leur Don et devenir les personnages les plus influençant de Gwendalavir, celui de Merwyn ouvrait ses portes aux roturiers, aux recherchés, à tout ceux qui étaient refusés ailleurs et souhaitaient apprendre. Beaucoup fuyaient un passé noir empli de bandits, de Mercenaires du Chaos, de raïs et autres malheurs. Même elle, qui avait eu une enfance heureuse, ne pouvait pas se considérer comme normale, l’ayant passée en majorité dans la nature…

Les mots suivants la choquèrent tellement qu’elle resta figée sans rien dire à le dévisager. Pas intéressant ? Pas unique ? Il aurait voulu avoir un passé dangereux et difficile ? Comment était-ce possible ? Ne savait-il pas quelle chance il avait ? Elle ne comprenait pas. Il n’avait pas besoin d’être un martyr ou un héros pour être intéressant… Il avait autre chose à apporter, d’autres choses tout aussi nécessaires. Pourquoi avait-il aussi peu confiance en lui-même ? Certains feraient n’importe quoi pour avoir eu une histoire comme la sienne. Ne le comprenait-il pas ? Ce n’était pas le passé des individus qui les rendait spéciaux, mais la manière dont ils réagissaient face aux épreuves… Lui pensait être ridicule. Elle trouvait qu’il était amusant. Elle finit par sortir de sa torpeur, arrêtant de le dévisager sans toutefois détourner le regard ; au contraire, elle chercha à croiser le sien avant de lui répondre.

- Ton passé, c’est un rayon d’espoir pour tous ceux qui ont une histoire malheureuse. C’est la meilleure chose que tu puisses leur apporter… Et cela ne te rend pas ennuyant ou comme les autres. En 19 ans, je n’ai pas réussi une seule fois à me baigner dans l’eau glacée au cœur de l’hiver, à sauver quelqu’un d’une suffocation par écharpe vicieuse, à dégringoler une cascade, à essayer d’arrêter un giigantesque incendie que ni l’eau ni la neige ne pouvait éteindre, à perdre un arc juste après l’avoir offert et à tomber graavement en une seule journée, et pourtant, l’entraînement marchombre n’est pas de tout repos… Ca fait longtemps que je ne me suis pas autant amusée. Merci.

Elle avait exagéré, il le remarquerait facilement grâce aux hyperboles qu’elle avait semé dans ses paroles et à son ton lui aussi dramatique, mais la sincérité perçait derrière chaque phrase. Surtout la dernière. Elle détourna enfin les yeux, espérant qu’il comprendrait. Elle n’avait pas la même vision des choses que lui… Il n’avait sûrement vu que le danger dans les péripéties de la matinée, alors qu’elle y avait trouvé de nouvelles expériences et sensations. Après tout, les marchombres ne passaient-ils pas leur temps à faire des choses qui n’avaient pas besoin d’être faites ? Elera pensa un instant aux tours qu’elle avait grimpé, et la vision qu’elle avait eu d’Al-Poll en hauteur, vision que tellement d’habitants se promenant tous les jours dans les rues de la cité n’auraient jamais… Elle ne regrettait pas les montées vertigineuses, les doigts en miette, les égratignures, la fatigue dans ses muscles ou le froid lancinant. Mais peut-être qu’avec un peu de recul, et que maintenant qu’il n’était plus au cœur de l’action, Einar serait lui aussi capable de rire de leurs aventures… Elle n’en était pas certaine. En même temps, ce n’était pas elle qui s’était presque noyée, elle n’avait jamais été en danger immédiat si ce n’était par le froid. Lui préférait la sécurité à la liberté… ‘ni assez costaud pour t’protéger.’ Elera garda les yeux fixés sur ses mains, jouant avec ses doigts en répondant.

- Je n’ai ni envie ni besoin d’être protégée, tu sais… et tu es bien capable de m’aider. Tu m’as bien ramenée ici à partir de la cascade, non ? Sans toi, je serai encore en train de geler dans la neige.

Elle espérait qu’il n’essaierait pas… Elle ne supporterait pas d’avoir quelqu’un essayer de la protéger, de l’empêcher de découvrir de nouvelles facettes du monde que d’autres ne voulaient pas connaître car ils trouvaient les risques trop grands. Elle préférait mourir en essayant d’observer une merveille inutile plutôt que de passer sa vie enfermée en sécurité… Et elle voulait mener ses propres combats, pas se cacher derrière quelqu’un de plus costaud. Ena l’avait bien compris… Marchombre, elle avait appris à ne plus avoir besoin de protection. A être libre. Einar ne pourrait jamais l’en empêcher, et il ne l’aurait pas pu même avec la constitution d’un titan… mais il pouvait l’aider, il l’avait déjà fait à plusieurs reprises, et elle lui en était reconnaissante. Et à présent, c’était à son tour de répondre à ses questions… S’il voulait en savoir plus sur les âmes qui peuplaient les couloirs, elle lui raconterait leurs histoires avec plaisir. Surtout qu’il avait mentionné ne pas avoir d’autres amis, ce qui l’attristait… Etait-il si nouveau que ca, ou était-il trop réservé pour parler avec les élèves de sa classe ? Peut-être pourrait-elle lui faire rencontrer certaines personnes… Quoique, elle connaissait en majorité les anciens élèves qui allaient bientôt partir, alors mieux valait qu’il découvre par lui-même ceux qui apprendraient en même temps que lui. Mais de qui pourrait-elle parler ? Elle avait promis à Sya de ne pas répéter ce qu’elle lui confiait, donc ce ne serait pas elle. Voyons voir…

- Une histoire dangereuse… Et bien, il y a Locktar. Tu as sûrement entendu parler de lui. C’est un guerrier à Corbac. Son meilleur ami, Rigden, est devenu Mercenaire du Chaos… Il a assassiné sa fiancée, entre autre, et cherche maintenant à tuer Locktar aussi. Il a déjà essayé deux fois depuis que Locktar est arrivé à l’Académie… Au moins n’a-t-il pas à se battre seul. Il sait qui aller voir s’il a besoin d’aide. Mais toutes les histoires ne sont pas tristes, non plus. Il n’y a qu’à voir Arro… Garde et ancien Lupus, il apporte le rire partout où il va, et passe son temps sur son petit nuage de bonheur depuis qu’il s’est marié à Kushumaï. Enfin, depuis qu’il l’a rencontrée, plutôt… Il y a Enoriel, aussi, c’est elle qui donne les cours de tir à l’arc alors tu devrais bientôt la rencontrer. Je ne la connais pas vraiment, mais apparemment, elle a vécu avec les Faëls avant de rejoindre son frère Valen ici. Oh, et il y a Khelia aussi ! Marchombre de Felixia, elle est la personne la plus joyeuse que tu puisses rencontrer, malgré le fait qu’elle a perdu sa mère… Je crois qu’elle te plairait.

Elera se tut, la gorge sèche et fatiguée après avoir autant parlé. Elle aurait peut-être dû en dire moins… Surtout qu’elle s’était laissée allée dans les histoires plus optimistes, alors que ce n’était pas du tout ce qu’avait demandé Einar. Mais au moins pourrait-il reconnaître certaines personnes, à présent. Elle avait soif, mais avant de se taire définitivement pour se reposer et laisser la discussion à Einar, elle souffla une dernière chose :

- Ils sont comment, tes parents ?

[Si tu as assez pour répondre sans la dernière question, je peux l’enlever =p]

Einar Soham
Einar Soham

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MessageSujet: Re: De l'autre côté de la surface (Suite) (RP terminé)   De l'autre côté de la surface (Suite) (RP terminé) Icon_minitimeJeu 23 Juil 2009 - 14:56

Un rayon poussiéreux d’espoir alors… Certes, Einar avait ceci de bien dans son histoire qu’il n’avait subi aucun danger, et avait été protégé du monde par ses parents jusqu’à son entrée à l’Académie de Merwyn, mais de là à parler de rayon d’espoir.. Tous ces jeunes gens marchombres qui ne pouvaient pas tenir en place, ces futurs guerriers, ces presques Sentinelles, n’auraient jamais supporté une vie cloisonnée et matelassée comme il avait eue. Ils avaient dans leur sang l’envie de bouger, de parcourir les routes et d’affronter mille périples. La plupart des gens qui étaient dans cette Académie ne pourraient pas vivre chez papa-maman pendant des dizaines d’années.. Ne serait-ce qu’Elera. Elle avait vécu dans la forêt, avait rencontré des faëls, avait la possibilité chaque jour de découvrir le monde comme elle l’entendait, et suivre le chemin qu’elle voulait sans se soucier de l’heure à laquelle elle devait être rentrée « à la maison ». Et il fallait voir le résultat de cette vie dans la nature : une marchombre que rien ne semblait pouvoir retenir. Une jeune fille que les dangers n’effrayaient pas, qui courait au devant de nouvelles histoires et profitait de chaque instant, même si cet instant était le pire de sa vie. Elle disait que la vie du Lupus était un rayon d’espoir… Mais aurait-elle accepté de la vivre ? Non, assurément.
Puisque justement elle ne l’avait pas vécue, Einar préféra attendre les prochains mots de son amie avant de continuer un débat dont il finirait par être le perdant, à coup sûr. Il sourit en coin, quand elle dit s’être amusée de leurs aventures de la journée. Si au moins elle en gardait de bons souvenirs, c’était ça de prix. Lui aurait sûrement besoin de quelques siècles, au moins… Certes, elle les avait amplifiées pour accentuer le drame, et c’était ça qui occasionnait son sourire. Elle savait comment le faire sourire, même discrètement et fugitivement, c’était certain.

- Non, c’est pas ce que je voulais dire..

Ces mots étaient sortis murmurés presque instantanément, sans qu’il eut besoin d’y réfléchir. Elle « n’avait pas besoin d’être protégée », mais parce qu’elle interprétait peut-être mal ce qu’il entendait par là.. Cherchant ses mots en passant négligemment la langue sur ses dents, il se tordit les doigts, les compta mentalement pour se donner une contenance. C’était un concept dur à expliquer et il n’était pas sûr d’être plus clair après avoir posé avec des mots ce qu’il ne pouvait pas cerner lui-même… Tant pis, elle le regardait avec des yeux intrigués ; Einar prit une courte inspiration, et lança, la parole lente :

- Tu vois.. J’veux pas te protéger dans le sens où j’t’empêche d’aller au danger, ou je fais les trucs pour toi. Je sais très bien que tu le supporterais pas. On peut pas t’empêcher de voler, même en essayant très fort. Mais quand une colombe vole, il y a toujours des rapaces à l’affut qui veulent la ralentir ou la stopper, il y a la pluie qui lui englue les ailes.. Ben j’ferais un peu le rôle du parapluie, je détourne les rapaces pour que tu voles plus haut à toute vitesse. Mais ça t’empêche pas toi-même d’aller au devant d’un vautour et de lui casser toi-même la face…


Ouais non, ce n’était pas clair. Et ce n’était pas exactement ce qu’il pensait, mais bon, on s’en approchait. Elle n’accepterait probablement pas non plus cette manière de vouloir la protéger, au surplus ; tant pis, il la verrait voler de loin, en grinçant les dents en voyant les vautours, mais sans pouvoir aider à les descendre. Il s’y ferait..

Il connaissait Locktar, de loin en tout cas. A son arrivée à l’Académie, le guerrier s’était fait mettre en pièces par Valen Til’ Lleldoryn pour une raison plus ou moins obscure, et ce souvenir faisait sourire Einar quand il était seul à ruminer ses songes. Maintenant, le voile se levait sur cette agressivité typique du Corbac, que le jeune homme n’avait de prime abord pas comprise. Avec un tel « ami », comment ne pas être hostile.. Arro Skil’Liches, il l’avait croisé sans lui parler dans les couloirs, impressionné par la présence qu’il dégageait et la bonne humeur dont il semblait rayonner. Peut-être qu’en temps que Lupus, il aurait l’occasion de lui parler un peu… Espérons.
Au nom d’Enoriel, Einar redressa la tête. Il vouait à la Magister une admiration sans pareil et espérait un jour devenir aussi bon à l’arc qu’elle, même si c’était une utopie. Elle était un peu son modèle, sans le savoir. Et ça dev ait se voir, mais il ne le cachait pas vraiment.. Il en fallait, et il ne doutait pas que Valen devait être le parangon de milliers de futurs combattants qui rêvaient de sauver le monde. Lui avait choisi sa sœur, une ambition toute aussi difficile, mais… Elera parlait avec vivacité, on voyait qu’elle voulait lui parler des personnes qui feraient sourire Einar ; il était étonné de la joie avec laquelle elle parlait de Khelia, elles devaient se connaître vraiment bien, peut-être des meilleures amies.. Spéculations inutiles.
Le jeune homme se promit malgré sa timidité de faire la connaissance de cette poignée de personnes qu’elle avait brièvement résumées. Ils semblaient tous avoir une aura imposante, mais pas hostile ; peut-être lui apprendraient-ils quelques trucs. Perdu dans son imagination où il se voyait déjà les voir de loin dans le parc sans oser leur parer, les décortiquer du regard sans les approcher verbalement, comme toujours..

Parents ? Euh… La question surprit d’abord Einar, qui chercha dans les yeux d’Elera un motif à une question qui n’avait aucun rapport avec la conversation précédente. Mais il n’en trouva pas.. Ce devait être la manière de penser de la Lotra, sauter du Raï au Siffleur sans préambule pour alimenter une conversation et la rendre multi-facettes… Il répondrait d’abord à cette question, c’était celle dont il connaissait la réponse sans avoir à réfléchir ou explorer les arcanes de la philosophie. Et puis, Elera verrait peut-être ses parents un jour, il saurait l’emmener car l’auberge était à Al-Poll, à moins d’une heure de marche. Enfin, là n’était pas encore la question. Einar se redressa sur sa chaise, cherchant la meilleure manière de décrire les deux êtres qui lui avaient donné une vie et un nom.


- Mes parents.. Ce sont des gens très ouverts. Ils connaissent tout le monde à Al-Poll, parce que tout le monde vient boire à leur comptoir ; ils aiment les ragots et les alimentes allègrement, rient beaucoup et fort, quand ils sont derrière le bar. En même temps, on ne fait pas ce métier quand on n’aime pas voir les gens. A la maison quand ils ferment l’auberge, ils s’occupent de nous ; on est quatre garçons à nourrir en même temps.. Ils aiment bien inviter de la famille plus éloignée aussi, on a tellement d’oncles, tantes et cousins…

Les souvenirs de tablées d’une dizaine de personnes lui revinrent en mémoire, lui coincé entre une cousine charnue et un oncle gras, regardant ces visages rougis du même sang que le sien, et qui ne lui ressemblaient pour la plupart pas. Il aimait peu ces soirées avec beaucoup de monde, et ça devait se sentir dans sa manière de baisser le sourcil et de se tordre les mains. Mais il fallait continuer, Elera l’interrogeait à moitié du regard.

- Ma mère s’appelle Mijko. Elle est plus petite que moi –faut dire que j’ai pas mal poussé en très peu de temps- et pas très mince. Enfin j’dis ça gentiment, elle le sait parfaitement et en rit beaucoup. C’est une mère prédestinée, elle nous a couvés comme on couve des poussins si j’puis dire. Elle a pas eu une grande éducation parce que sa famille était pas très riche, mais elle sait compter, pour tenir les registres…
Mon père, Rance, il s’occupe moins de nous, mais c’est un peu normal, il a l’auberge à s’occuper, et on est quatre garçons, on peut s’auto-surveiller. Mais bon, c’est comme ça que les pères aiment leur marmaille, hein…
Enfin, c’est un court résumé. Ca te dit que je te les présente un jour ? J’suis sûre qu’ils t’aimeraient beaucoup. Et mes frères aussi !

Einar s’était laissé emporter dans son enthousiasme, et se rattrapa en s’éclaircissant la gorge. Il avait beaucoup parlé et ça l’avait un peu allégé, il se sentait plus à l’aise que tout à l’heure.. Peut-être parce que le sujet, il le connaissait depuis sa naissance et qu’il le rendait joyeux.

- Désolé, je m’emporte un peu, reprit-il dans un demi-sourire. Ca doit pas trop ressembler à l’idée que tu te faisais de parents, si ?

[ Moi, en retard ? J'oserais jamaais angel ]

Elera
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Marchombre
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MessageSujet: Re: De l'autre côté de la surface (Suite) (RP terminé)   De l'autre côté de la surface (Suite) (RP terminé) Icon_minitimeSam 25 Juil 2009 - 0:34

Drôle de métaphore.

Un parapluie ? Elle préférait encore ce concept à celui d’avant… mais elle n’était pas entièrement confortable avec celui-ci non plus. Si quelqu’un lui servait de parapluie, cela signifiait que quelqu’un soit blessé pour qu’elle ne le soit pas… Elle ne le voulait pas. Lançant un regard en biais à Einar, elle continua à réfléchir. En même temps, elle protégeait parfois les autres et ne s’en sentait pas coupable… Combien de fois s’était-elle battue avec Khelia, Valen, Ena, ou n’importe qui d’autre pour les protéger des Raïs ou d’autres dangers ? Combien de fois Ena avait-elle retenue Elera sur une falaise abrupte, l’empêchant de tomber loin en bas ? Combien de fois Arro l’avait-il protégé de la colère des professeurs en la laissant sortir la nuit sans rien dire malgré les interdictions ? Cela ne l’avait jamais dérangée… en même temps, elle leur renvoyait la pareille, et elle n’était pas la seule qu’ils aidaient. Personne n’était vu comme ayant besoin de protection, ils utilisaient simplement leurs forces, toutes différentes, pour aider les autres lorsqu’ils étaient dans une mauvaise position. Ils se protégeaient les uns les autres, ils étaient ensemble, tous oiseaux et parapluies simultanément…

- Je préfèrerai que tu voles avec moi.

Cela sonnait étrange, dit comme ca. Mais ses mots étaient plus honnêtes qu’elle n’y avait pensé en les disant. Ce n’était pas seulement vrai en comparaison avec sa métaphore, mais sans contexte, aussi… Elle aimait sa présence et espérait bien repasser du temps avec lui. Bon, peut-être avec une cascade en moins. Ca, elle préférait ne pas recommencer tous les jours. Mais il y avait tellement d’autres choses à partager… Et peut-être que, oui, il n’était pas assez costaud pour aller partout où elle aimait aller. Peut-être qu’il ne savait pas nager, qu’il était incapable de grimper en haut des montagnes, et qu’il ne supportait pas le froid aussi longtemps. Mais elle n’était pas obligée de ‘voler’ aussi haut, aussi… et il apprendrait.

Elera remarqua facilement l’admiration sur le visage d’Einar à la mention d’Enoriel. Cela n’était pas étonnant… La belle Faëlle ne ratait jamais sa cible, ce qui n’était pas bien étonnant vu sa descendance. N’importe qui sachant tenir un arc saurait reconnaître son talent, et Einar aimait particulièrement cette arme. Elera n’avait pas pu aller à beaucoup de ses cours, pourtant, ceux d’Ena le lui en empêchant les trois quarts du temps… Pas le temps de s’y attarder, Einar parlait à son tour. Elera sentit son propre sourire s’installer devant l’enthousiasme d’Einar. Et dire qu’a leur rencontre, il était nerveux, timide, et passait son temps à rougir et à balbutier… Il n’avait enfin plus peur. Elle écouta attentivement, le tableau de cette vie de famille prenant vie devant elle. C’était tellement différent de son propre passé… La mère, surtout, attira son attention. Mijko. Elle avait l’air d’être une femme plein de vie, et tellement différente de cette étrangère bavarde mais lointaine qu’avait rencontré Elera pas trop longtemps auparavant. Comment est-ce qu’elle serait, si elle avait été élevée par sa mère, si celle-ci n’était jamais partie ? Et si elle était née à Al-Poll, dans une famille comme celle d’Einar ? Elle n’arrivait pas à se le visualiser. N’arrivait pas à s’imaginer sans les rives de l’Otolep, sans l’odeur des pins, sans la silhouette de Syalis et de son arc. Est-ce qu’elle aurait pu être Lewena, un jour ? Peu importait ; ce n’était pas arrivé et ne serait jamais sa vie. Elle était Elera, maintenant…

- Je ne me suis jamais vraiment fait une idée de ce à quoi étaient sensés ressembler des parents… Il n’y a jamais eu un adulte stable toute ma vie. D’abord il y a eu mes vrais parents, mais ils sont partis. Après, Syalis et Ayron, les deux Faëls dont je t’ai parlé. Ils sont différents. Ils s’occupaient de nous, mais ils ne restaient pas avec nous toute l’année et n’ont pas vraiment les mêmes valeurs que des humains. Quand je suis arrivée ici… Et bien, il y a eu Ena et Silind, je suppose. Mes deux Maitres. Ce sont eux qui m’ont appris le plus de chose, qui m’ont guidée chacun de leur côté.

Ce n’était pas pareil, et elle n’était pas sure de pouvoir vraiment appeler l’un d’entre eux parent. Et ce n’était pas important. Ce qu’elle ressentait pour ceux qui l’avaient guidée toute sa vie ne changeraient pas, peu importe le nom qu’on donnait à leur rôle. Maitres, parents, amis… Elle ne ressentait pas le besoin de les nommer. Elle savait qui ils étaient pour elle, alors pourquoi s’inquiéter de les catégoriser ? Aucun ne faisait parti de sa famille, puisque tous avaient partagés une partie de sa vie, mais n’avaient pas été là pour leur entièreté. Mais elle préférait avoir un maitre qu’un parent, puisqu’elle pouvait choisir le maitre… Se raclant la gorge, Elera continua :
- Rien a voir avec ta famille, donc… La seule qui fait vraiment partie de la mienne est ma sœur, Wenalys. Elle a toujours été avec moi… Enfin, jusqu'à ce que je vienne ici, en tout cas. Quand j’ai commencé à suivre la voie du marchombre, elle est partie dans Gwendalavir… Elle s’est rapprochée d’un groupe d’Itinérants et elle reste avec eux, maintenant. Je ne sais pas si tu pourras la rencontrer, elle est loin en ce moment… Tu crois qu’on pourra aller voir ta famille quand j’irai mieux ? Comment sont tes frères ? Ils sont plus jeunes ou.. ?

Elera n’eut pas le temps de finir sa question. La rêveuse venait de sortir de son bureau et poussa négligemment Einar pour vérifier que sa patiente allait bien. Elera la laissa faire, et la remercia lorsque celle-ci lui offrit un verre d’eau ; depuis le temps qu’elle se forçait à parler la gorge sèche… Elle fut moins heureuse en entendant les mots suivants, et une grimace se forma sur son visage.

- Bon, va falloir couper les visites maintenant, tu dois te reposer. Elle se tourna ensuite vers Einar. Dépêche-toi de lui dire ce que tu as à dire, et ne t’inquiète pas, ce ne sera pas la peine de revenir. Elle sera sur pieds et je la laisserai partir une fois qu’elle aura dormi un peu, elle ne va pas disparaitre dès qu’elle sera hors de ta vue… Une personne en bonne santé de moins dans les pattes, la Dame en soit remerciée, ajouta-t-elle dans sa barbe en retournant vers son bureau, croyant ne pas être entendue.

Elera lança un regard déçu a Einar, même s’il était vrai qu’elle fatiguait à nouveau.

- Reste un peu, elle nous en voudra pas. Et puis sinon je te verrai demain.

Einar Soham
Einar Soham

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MessageSujet: Re: De l'autre côté de la surface (Suite) (RP terminé)   De l'autre côté de la surface (Suite) (RP terminé) Icon_minitimeMer 5 Aoû 2009 - 23:52

Les mots fusaient des lèvres d’Elera, Einar avait à peine le temps de les happer avec son filet et d’en reconstruire des phrases cohérentes dans son cerveau. Mais cela ne le dérangeait pas, bien au contraire, il aimait bien tricoter des mots jetés, pour en faire une discussion. Et puis il aimait voir, entendre, écouter Elera lui raconter son enfance, lui poser des questions sur la sienne, s’intéresser à sa personne. La petite part d’égoïsme qui l’habitait était flattée de l’attention que la grande marchombre, celle qui avait vécu mille aventures, s’intéresse à la sienne, sans rebondissements ni surprises. Il profitait, c’était tout. Même si ça ne se voyait pas trop, car il jetait de fréquents regards au bureau de la rêveuse pour espérer ne pas la voir.
Or, ce qui arrive toujours lorsque l’on souhaite trop fort, c’est de voir son anti-souhait se réaliser. Les froufrous du bas de la robe de la rêveuse apparurent dans l’encoignure, alors qu’Einar gonflait la poitrine pour commencer ses descriptions. L’air partit de lui comme d’un ballon crevé, et il attendit avec crainte le verdict.
Partir. Evidemment. C’était la seule raison qui pouvait pousser une rêveuse qui avait déjà administré tous ses soins, à se rendre au chevet d’une mal ade. Mais il ne voulait pas. Il voulait continuer à entendre la voix d’Elera, à observer ses yeux luire quand elle revivait des souvenirs, à s’ouvrir à elle, car c’était devenu presque.. simple ? Il lui faisait confiance, elle était la seule personne pour le moment qui le connaissait dans l’Académie, et la rêveuse de pacotille voulait qu’il parte ? Hell no, même Merwyn ne ne délogerait pas de son siège.

Mais, le courage d’Einar était un soufflé, une queue de paon, qui se dégonfle bien vite après avoir gonflé trop fort. Son regard désappointé croisa celui décu d’Elera. Elle voulait aussi qu’il reste.. ? Il aurait aimé, vraiment. Mais, au fond, vieille chouette n’avait pas tort. Elera devait avoir encore mal au crâne, et écouter Einar déballer sa petite vie ne devait pas aider au repos des neurones. Et puis plus vite elle était debout, plus vite il pourrait la revoir ! Le lendemain en cours, il pourrait la revoir, voir son sourire et entendre sa voix quand elle répondrait au professeur. Et il la croiserait dans les couloirs, aussi, nan ? Il fallait espérer.
Mais son regard trahissait tout de même l’inquiétude. Une intuiton. Même infime, et qu’il avait tout le temps, certes. Mais l’intuition qu’il ne la reverrait pas aussi tôt qu’il l’espérait commençait à se faire sentir. Masquant son inquiétude sous un faible sourire, il reprit d’un murmure :


- Ah la bique ! Je suis sûre qu’elle prend un malin plaisir à terminer les visites au moment où ça dérange le plus les gens. Mais elle a pas tort, tu sais.. tu dois te reposer. Et puis je dois être fatiguant, avec mes petites histoires.

Non pas qu’il désespérait de lui conter la destinée de ses frères, loin de là. Il aurait aimé lui décrire comment ils étaient, comme il aimerait être comme le plus grand, ou avoir les qualités du deuxième. Oh, zut la bique ! Elle allait pas râler pour quelques minutes. Einar rapprocha sa chaise pour n’avoir pas à élever trop la voix, et reprit, la fierté dans la voix :

- J’t’emménerai voir l’auberge et ma famille quand tu voudras. Ils recoivent toujours les visiteurs avec gentillesse.. Et puis mes frères seraient contents de voir que je me suis fait des amis à l’Académie de Merwyn. Vu que je suis pas le meilleur à ce petit jeu là..


Une pause, le temps de se servir un verre d’eau à son tour, car parler bas lui tiraillait les cordes vocales encore adolescentes, et parfois ses mots s’éraillaient ; trivial. Malaxant ses doigts les uns contre les autres, il murmura, les yeux cherchant puis fuyant les améthystes d’Elera :

- J’suis le troisième. Deux grands frères, un cadet. Rowan, c’est le plus grand.. tout pour plaire, si tu me permets l’expression. 26 ans, engagé dans les troupes d’élite de l’armée Alavirienne, il est grand, fort, blond, musclé, séduisant, amusant.. Je l’envie parfois, mais il est pas méchant. Tu l’aimerais bien je pense. J’espère, fit-il en posant les yeux sur le sol, la voix soudain moins assurée.
Le deuxième, il est aussi dans l’armée. L’a également les cheveux blonds, il est juste moins grand et moins fin que Rowan. Dragan, son nom, Dragan..
Et Cropette.. enfin, le p’tit y s’appelle pas vraiment Cropette, mais c’est le surnom que tout Al-Poll lui donne. On se ressemble assez , lui et moi. Des doux rêveurs, un peu chétifs, pas bavards, et les cheveux noirs.. Mais du haut de ses dix ans, il commence à s’endurcir, il sera comme ses frères. Enfin..
Comme ses AUTRES frères.


L’instant était parfait pour le tragique. La voix jalouse, les doigts qui pétillaient aux jointures ; mais la rêveuse déjà revenait à la charge, de son pas trainant, chargant avec ses bigoudis d’un gout douteux. Cette fois-ci, son regard furieux suffit à dresser Einar sur ses jambes, qui recula précautionneusement à chaque pas que faisait l’infirmière en sa direction. Il put tout de même se tourner vers Elera, lui frôler la main, faire une vague moue d’excuse. Ses lèvres formèrent un rapide :

« Repose-toi, et vole, ‘Lera. »

Avant d’être expédié en dehors de la salle par le col, col qu’aggripaient fermement cinq doigts manucurés et déterminés à ne garder que les malades dans son infirmerie. Toutefois, dès que la porte fut fermée sur la jeune fille qui avait tant chamboulé sa journée, il posa les doigts sur l’arc, qu’il avait réussi à prendre malgré la furie rêveuse. Il sentait, intuitivement, qu’il en aurait besoin. Plus tôt que prévu. Trop tôt. Bientôt.
L’intuition qu’il ne reverrait pas ces yeux violets avant..
Trop longtemps.

Le temps d’une bataille, pour être précis.


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