[Répartition] Olyanaë Ny'Tcha (Corbac)

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Ce fut stressée qu'Olyanaë partit de chez elle au petit matin. Aujourd'hui était un jour pas comme les autres : elle faisait son entrée a la fameuse Académie de Merwyn. Elle devait aller voir le directeur de l'école pour des raisons qu'elle ignorait : quoi qu'il en soit, elle espèrait que tout se passerait bien. Etant quelqu'un de timide, elle pouvait très bien perdre ses moyens en pleine discussion, ce qu'elle s'arrangerait pour ne pas faire, bien entendu.
Elle arpenta les rues pendant une bonne vingtaine de minutes, pour arriver devant l'Académie peu après que le soleil soit apparu. Elle chercha le bureau du directeur pendant pas mal de temps et se perdit a de nombreuses reprises étant donné qu'elle ne connaissait pas les lieux. Lorsqu'elle l'eut trouvé, elle s'arrête net face à la porte qu'on lui avait indiquée. Elle inspira un grand coup pour faire descendre la tension et toqua faiblement, mais suffisamment pour qu'on l'entende.

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Alors ça c'était trop fort. Non mais franchement, pour qui le prenait-on ? Et son fidèle bureau au faste discret mais indéniable ? Jehan ne se souvenait pas d'avoir annoncé à la cantonnade qu'il s'agissait en réalité d'un dépotoir rectangulaire et plat spécialement étudié pour l'intérieur afin que les élèves se débarassent de leur trop-plein d'objets encombrants. Ou alors, c'était encore ce fichu cuisinier. Quoique.. cet imbécile n'avait aucune percpetion en son âme et conscience de la cruelle marche du temps, notamment lorsqu'il devenait impérieux de remplir certains formulaires dans les délais impartis.
Tournant toujours comme un raï en colère autour de la clepsydre certes de très bonne facture oui-mais-quand-même, Blacksad eut soudain un éclair de génie: ainsi, môssieur le directeur estimait que lui, Intendant modèle esclave des paperasses et autres tâches ingrates, ne travaillait pas assez vite ? Et bien on allait voir ce qu'on allait voir. Saisissant la première moitié de l'instrument -celle contenant l'eau- dans sa main crispée de dignité froissée, l'efféminé personnage gagna la porte et en actionna la poignée, trop vexé pour entendre le timide "toctoc".

- Merwyyyyy-iiiiih ! Mon tapis..

Glou, fit l'intéressé en se gorgeant avidement du liquide transmis par la clepsydre brisée. Jehan la contempla un moment avec une stupéfaction horrifiée, hésita à admonester l'élève qui avait bien malgré elle provoqué cet incident en se trouvant derrière la porte puis s'adoucit instantanément en constatant que ce visage était nouveau. A nouvelle tête, nouvelle académicienne et on verrait le triple cas Merwyn-clepsydre-tapis plus tard. D'autant plus qu'elle n'avait pas l'air rassurée, la gamine.

- Hum.. je suis navré, c'est ma faute. Tu es.. et de sortir de sa poche un feuillet froissé auquel il jeta un rapide coup d'oeil, Olyanaë, c'est ça ? Tes résultats aux trois Défis sont ici, expliqua-t'il en tapotant le papier qu'il avait reçu la veille. Bien, bien, rappelle-moi un peu ton orientation et explique-moi ce qui t'a motivée à nous rejoindre.

Redevenu professionnel, l'homme n'avait plus l'esprit occupé que par la nouvelle venue; il se doutait déjà du nom de sa future maison.

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Olyanaë n'avait pas eut a attendre très longtemps devant la porte. Peu de temps après qu'elle ait frappé, la porte s'était brusquement ouverte, la laissant voir quelqu'un qui ne semblait pas réellement heureux, voir même énervé. Elle ouvrit instantanément la bouche en ne laissant sortir aucun son mais qui accentuait son étonnement et sa crainte. A vrai dire, elle ne s'était pas vraiment attendue a ce genre d'accueil ! Elle qui n'était déjà pas très a son aise, cela n'avait fait que la rendre encore plus nerveuse. Elle tenta de ne rien laisser paraitre et écouta avec attention ce qu'on lui dit pour ne pas passer pour une idiote au moment ou il lui faudrait répondre. Sans prendre ses airs de grande oratrice, elle orienta vers le haut ses yeux pour regarder fixement l'homme qui se tenait face à elle. Une tête de fille sûre d'elle, elle commença

" J'aimerai devenir une guerrière "

Oui c'était tout, mais que pouvait-elle dire de plus. Son orientation était celle-ci et pas une autre. Ses motivations ? Elle réfléchit quelques petites secondes a comment elle pourrait rétrécir son récit qui pouvait être long si elle disait absolument tout ce qu'il l'avait poussée à chercher à intégrer cette Académie. Cela reviendrait a lui raconter une grande partie de son enfance et ça, elle se doutait que ce n'était pas ce qui intéressait l'Intendant.

" Tout d'abord, je suis ,depuis quelques années déjà, passionnée de tout ce qui touche au combat, plus particulièrement les armes. Depuis l'âge de mes 7 ans, je passe mes journées a m'entrainer avec un bâton face à un arbre, et à force je suis devenue plus agile, sans me vanter bien entendu. J'avoue que je n'ai jamais eut l'occasion de manier une vraie épée ou autre arme de ce genre, mais je me considère assez robuste pour cela. "

Elle marqua une petite pause pour reprendre son souffle et se concentrer d'avantage.

" Si j'ai choisi cette école en particulier, c'est pour une raison que moi même je connais pas réellement. Peut être que j'ai sentie qu'ici je saurais faire ce que je veux faire et trouver ma place parmi les autres. "

Elle baissa le regard un inspira une nouvelle fois pour laisser les dernières traces de nervosité s'envoler.

" Je me doute qu'aimer et savoir manier une arme ne sont pas les seules motivations nécessaires pour devenir guerrière, mais à part ça, je suis prête a beaucoup pour défendre ce qui en ont besoins. Je ne veux pas passer pour une sainte en disant cela, mais la vie des autres est pour moi plus importante que la mienne. Je n'ai pas réellement peur de la mort et je suis assez courageuse. "

Tout ce qu'elle disait était vrai et non pas pour se faire mieux avoir et avoir toutes les chances de son côté. Certes, cela pouvait paraitre assez inutile, voir même hors sujet peut être, mais c'était ce qu'elle qualifiait d'indispensable pour rejoindre les rangs des guerriers. Elle planta son regard dans celui de l'homme qui se tenait face à elle, l'air plus déterminé que jamais.

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Jehan fut un rien surpris de la transfiguration qui eut lieu en son interlocutrice lorsqu'elle déclina une orientation en laquelle il ne voyait pas l'image qu'il s'était déjà forgée d'elle, s'attendant presque à recueillir le mot rêveuse. Sans compter qu'il avait déjà oublié le contenu du feuillet précédemment cité, mais notons à sa décharge que oui mais-j'ai-beaucoup-trop-de-travail-pour-me-rappeller-de-chacun. Une guerrière, donc. Oh, oh, ce n'était certainement pas la fierté mesurée des lupus qu'il voyait luire dans ces yeux farouches. Ni le calme des lotra qu'il pensait entrevoir derrière sa timidité lorsqu'elle exposa ses motivations avec une passion contenue mais vivace.
Il appréciait le mélange de sincérité et de modestie qui suintait de ses paroles, qualités peu répandues parmi les adolescents actuels de cette noble académie -je vous passe le couplet desjeunesdenosjours- et commençait à s'apercevoir, une fois l'incident de la clepsydre un peu oublié, que la jeune fille au cheveux noirs était dotée d'une personnalité un peu plus complexe qu'il n'y paraissait au prime abord. En se référant uniquement à ses phrases enflammées, il l'aurait bien envoyée rejoindre les rangs de.. mais non, il s'agissait d'un feu plus sombre. Et d'une brunette plus discrète que meneuse de groupe. Ce fut sa détermination butée qui conforta l'Intendant dans sa décision.

- Voilà de louables arguments, pour une adolescente qui ne paraît pas être du genre à renoncer à ses rêves, murmura l'homme, une lueur appréciative dans le regard, tu es un élément tout désigné pour la maison Corbac.

Et paradoxalement plus à sa place que les archétypes asociaux et égocentriques qui y foisonnaient. Claquant subitement des doigts pour signifier l'habituel oh-mais-j'oubliais-quelque-chose Blacksad effectua un gracieux demi-tour dans la flaque d'eau, glissa la main gauche dans le tiroir droit de son mââgnifique bureau et en ressortit précautionneusement un anneau de fer serti d'une fascinante obsidienne; il la tendit à la nouvelle recrue.

- Voici le symbole de ton appartenance à l'Académie, et plus spécifiquement à la maison éolienne. Ta salle commune se situe dans les sous-sols de l'aile principale. As-tu des questions avant de la rejoindre ?

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Olyanaë laissa s'afficher un grand sourire sur son visage tout pâle. Sa nervosité avait refait surface dès qu'elle avait fini son récit, elle avait donc commencé a se tortiller les doigts dans tous les sens, le plus discrètement possible. Elle savait que ce n'était pas très polie de faire ça, mais elle n'en faisait pas réellement exprès. C'était une manie qu'elle avait énormément de mal a contrôler. Pour cacher ce stress, elle les mit derrière dos et regarda l'Intendant pendant qu'il lui disait qu'elle serait sa maison. Lorsque le verdict tomba, son sourire ne fit que s'agrandir, laissant apparaitre quelques unes de ces dents, ce qui voulait dire qu'elle était contente. Mais pour savoir ça, il fallait la connaitre ! Elle fit un simple et discret signe de tête pour le remercier et le regarda aller chercher le symbole de son appartenance à cette Académie comme il l'avait si bien dit. Elle défit ses mains de derrière son dos pour prendre précieusement l'anneau et le serra fort de sa main, comme si elle avait peur de le perdre. C'était en réalité pour se dire que maintenant elle faisait réellement partit de cette Académie, et qu'elle pourrait enfin apprendre réellement le métier qu'elle voulait exercer lorsqu'elle le pourrait. Le sourire toujours accroché aux lèvres, même s'il était revenu à la normal, elle répondit d'un signe négatif avant de dire

" Non monsieur. "

Elle n'en avait pas pour le moment, et puis si elle en avait, elle pourrait toujours trouver la réponse en cherchant un peu, ou en demandant a ceux de sa maison. Le stress, ou plus l'excitation, étant a son comble, elle fit un pas en arrière, sans tourner le dos à l'Intendant, vers la sortie. Elle considérait qu'elle n'avait plus rien a faire et que laisser l'homme faire ce qu'il avait commencé serait le meilleur choix qu'elle avait a faire. Elle préféra laisser le soin à son supérieur de la congédier, de peur de l'interrompre s'il avait une autre question.

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Elle paraissait bien nerveuse, une fois son discours terminé, expression accentuée par la pâleur de ses traits -contrastant avec ses cheveux sombres. L'Intendant avait distraitement observé les mains d'enfant se tordre en un tic irrépressible comme une ultime confirmation: le symbole de l'oiseau noir s'afficherait bien sur l'un de ces doigts vifs, sous forme de pierre opaque. Cette économie dans les réactions était aussi typique de corbac: la jeune fille ne paraissait pas du genre à bondir de joie ou afficher une moue ostentoirement déçue.
Tss, ces nouveaux élèves, jamais de questions à poser, à croire qu'ils connaissaient déjà le Code Merwynien, la localisation des salles de cours et les Slynn à éviter par coeur. M'enfin bon, ça lui faisait moins de redondances à exprimer avec le sourire.

Le souvenir désagréable de la clepsydre brisée s'imposa à Jehan qui s'apprêtait à retourner à son tapis lorsqu'il s'aperçut que la jeune fille ne partait pas et semblait attendre.. qu'il la congédie ? Un autre trait de caractère plutôt répandu chez les adolescents appartenant à sa nouvelle maison -quoique.. plus vraiment maintenant: l'usage limité des mots en trop lorsqu'une position corporelle ou un regard pouvaient suffire. Il apprécia néammoins sa prévenance.

- Une étudiante polie ? Et bien, voilà qui change, sourit-il, Bien, demoiselle, tu fais désormais partie de cette Académie et si tu n'as pas d'interrogations précises, je te conseille de prendre possession de tes appartements puis de te mettre au travail sans plus tarder. Bon vent !

L'homme lui adressa un salut faussement solennel puis se pencha pour ramasser les morceaux au propre comme au figuré, pestant devant ce qui devenait une inondation miniature. Ah vraiment, Merwyn allait voir ce qu'il allait voir.

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