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| Hiver dans la Légion Noire (RP terminé) | |
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| Sujet: Hiver dans la Légion Noire (RP terminé) Lun 18 Aoû 2008 - 16:13 | | | Geïsgan s’effondra sur son lit, épuisé, avec l’impression tenace que ses bras allaient tôt ou tard s’arrachée de son corps. L’adolescent songeait sérieusement à s’endormir là, sans même se glisser dans ses draps et se changer, quand il reçu soudain un oreiller au visage, le faisant se redresser brusquement, quoi que avec une grimace de douleur pour ses pauvres membres endoloris. - Hey, la crevette! On peut savoir pourquoi Liluos a choisis une larve comme toi? T’es à peine capable de soulever une hache! L’apprenti combattant jeta un regard noir à celui qui venait de parler. C’était un gars d’un an son aîné, qui le dépassait d’une bonne tête au moins et qui possédait une musculature assez impressionnante pour ses seize ans. Un boulet au nom sans importance qui se croyait meilleur que tous. - Toi, t’en manie une et tu risques de te démembrer d’une jambe, alors va te faire un Raïs et laisse les gens dormir.
Et c’est sur ces belles paroles que le blond se retourna pour se coucher bien confortablement sur le ventre, maudissant qu’il soit obligé de dormir en dortoir avec les autres protégés des légionnaires noirs. Tout ce qu’il en avait retenu, pour l’instant, c’était que les gars, quand ils étaient adolescents, étaient une race puante et avec un manque flagrant d’intelligence. Heureusement qu’il n’était pas comme eux. Il en était à cette réflexion quand le bras puissant de l’imbécile de service le saisit par la nuque pour le tirer violemment hors de son si confortable lit. - RÉPÈTE CE QUE TU VIENS DE DIRE, LA LARVE!! ALLEZ, RÉPÈTE QUE JE TE T’ARRACHE LES YEUX!! Les autres occupants du dortoir firent soudain silence, regardant la scène avec un mélange de crainte et d’excitation qui dégoûta Geïsgan.
Aucun d’eux n’allait avoir assez de courage ou de bonté pour le sauver de ce pétrin, il en avait parfaitement conscience. Et même, en parfais petits moutons obéissants, ils allaient immanquablement se mettre du côté du plus fort. À savoir, monsieur-muscle-et-pas-de-cerveau. Épuisé par sa journée d’entraînement avec Liluos, et particulièrement lassé des fréquentes sautes d’humeurs de ses compagnons de chambre, Geïsgan ne fut nullement impressionné par son adversaire, malgré sa position d’infériorité. Aussi laissa-t-il échappé un parfaitement audible soupire d’ennui qui suffit à mettre hors de lui son ennemi. - ESPÈCE DE SALE…! Il n’eut pas le temps de finir sa phrase, alors qu’il brandissait son poing pour frapper le blond au visage. Son visage devint soudain livide et il lâcha sa prise avant de se plier en deux, les deux mains sur une partie assez fragile de son anatomie.
Un silence de mort se fit dans la salle alors que Geïsgan secouait la tête d’exaspération. - Retiens bien la leçon : la force brute vaut absolument rien contre la vitesse et la précision. En espérant avoir ainsi épargné Gwendalavir de ta future descendance, je vais me coucher. Bonne nuit. Et sans plus de cérémonie, le blond alla s’étendre, bousculant légèrement au passage son assaillant en équilibre précaire, qui s’étala face la première au sol en un gémissement pitoyable. Aussitôt, les amis du guerrier – à ce demander comment un pareil abruti pouvait avoir des amis – se précipitèrent pour l’aider à retourner à son lit, avant d’aller se coucher à leur tour en lançant des regards apeurés vers celui qui n’était finalement pas si larve que ça. Ce dernier, leur tournant le dos, était trop plongé dans ses pensés pour y porter attention, sans compter qu’il n’en voyait aucune importance. Ce que les autres pouvaient penser de lui, ça lui passait dix pieds par-dessus la tête.
En fait, il pensait à Liluos, comme à chaque soir. Comme toujours d’ailleurs. Il repensait à l’entraînement qu’il lui avait fait faire durant la journée, développant ses muscles, ses réflexes, ses stratégies, mais aussi développant son esprit avec des valeurs justes. Mais ce soir-là, Geïsgan repensait surtout au temps qu’ils avaient passé ensemble, juste tous les deux, durant leur voyage pour venir jusqu’à la Citadelle des Frontaliers. Et quand ils étaient juste tous les deux à parcourir Gwendalavir, il y a quelques années de cela. Entourés de la nature, loin de tout ces gens aussi bêtes que leurs pieds, libres comme l’air… « Devenir légionnaire noir, hein? » murmura sarcastiquement le blond pour lui-même. Il détestait ses compagnons immatures. Détestait le supérieur de Liluos avec ses règles trop strictes, ses ordres pareils à des chaînes le retenant prisonnier de ses moyens et de son jugement. Détestait ces légionnaires bien en rang, aussi obéissants que des chiens bien dressés.
Mais Liluos… Oui, Liluos… Qu’est-ce qu’il faisait là? Pourquoi se laissait-il marché dessus comme ça? Lui qui avait vu en l’homme un héros, un model, un père, il ne savait plus quoi penser de son mentor. Était-ce ses quinze ans qui lui montait à la tête et lui faisait s’apercevoir de ces choses? N’en pouvant plus, le blond se releva brusquement une seconde fois, oubliant totalement la douleur dans ses bras. Certains lui jetèrent des regards anxieux, se demandant sûrement qui serait sa prochaine victime. Dire que ce n’était même pas lui qui avait commencé mais cette face de Raïs puant la sueur. D’un pas vif, Geïsgan se dirigea vers la porte du dortoir, provoquant des chuchotements sur son passage. « Le couvre feu est passé depuis deux heures, t’as pas le droit de sortir. » fit soudain un grand de six pieds de haut avec une voix de baryton. « Je m’en fou, c’est mon problème. » répliqua l’autre avant de sortir, retrouvant avec bonheur une brise fraîche sur son visage.
Le dortoir donnait droit sur la cour de la Citadelle. La neige y avait été salie et piétinée par des centaines de bottes et de corps dans des épuisants entraînements au combat. Il y a tout juste quelques heures, Geïsgan s’y trouvait en compagnie de son maître. Ce dernier lui avait fait essayé, pour voir, la hache, arme qu’avait aussitôt détesté l’adolescent pour son poids déséquilibré, sa pesanteur et son manque de vitesse qui lui avait donné des gestes gauches durant son maniement. Il s’en serait presque mieux sortit avec une lance, arme avec laquelle pourtant il était loin d’être le meilleur. Mais au moins, elle avait la particularité d’avoir une longue portée, d’avoir un poids égal sur toute sa longueur et d’être plus rapide à manier, quand l’on savait s’y prendre. Et finalement, étant moins lourde, elle ne lui donnait pas des crampes au bras après utilisation.
D’un pas assuré, le combattant se dirigea vers les appartements des légionnaires noirs en poste à la Citadelle. Plus par soutient symbolique de l’empereur que par réel aide. Les Frontaliers étaient des combattants si extraordinaires qu’ils pouvaient très bien repousser les assauts Raïs tout seuls. Quand enfin il se trouva devant la porte, il frappa, sans même penser aux sanctions qu’il pourrait avoir si jamais c’était un autre légionnaire qui, par malchance, répondait à la porte. Cette nuit, heureusement, la chance était du côté du blond. - Geïsgan? Qu’est-ce que tu fais là? Bonne question. Il ne le savait pas lui-même. Et le fait de voir son mentor avec uniquement un pantalon avait de quoi lui donner de la misère à réfléchir. - … Tu viens marcher? L’homme le questionna du regard mais préféra répondre par l’affirmative, lui demandant d’attendre quelques instants.
Quand il revint, c’était près à affronter la fraîcheur de l’hiver, bien que la température soit plutôt clémente cette nuit-là. En silence, les deux guerriers se dirigèrent vers la vaste cour, commençant à en faire le tour d’un pas lent sous le ciel dégagé semé d’étoiles. - Tu as changé. Geïsgan fut surpris d’entendre la vois de son mentor après un aussi long silence. Ne sachant pas quoi répondre, il préféra se taire. L’une des choses que lui avait appris Liluos, à force de patience : quand on n’a rien à dire, mieux vaut se taire. Le blond ne parvenait pas vraiment à respecter cet enseignement, mais c’était plus facile en présence de l’homme. - Il n’y a pas longtemps, tu me vouvoyais. L’adolescent cligna rapidement des yeux, légèrement surpris. Il ne l’avait même pas remarqué.
- Je… Ce n’est pas parce que j’ai moins de respects pour t… pour vous. Ni parce que je suis idiot au point de me penser égal à t… à vous. C’est… Je… Geïsgan expira bruyamment, relâchent la pression qui le faisait stupidement chercher ses mots, et leva les yeux vers la voûte céleste. - Je ne sais pas pourquoi. - Et moi, je crois que tu le sais. L’adolescent fronça les sourcils d’incompréhension, cherchant à savoir ce que voulait dire les sages paroles de son mentor. Quand soudain la vérité lui sauta aux yeux, il rougit et baissa aussitôt la tête vers ses pieds. - Tu le savais avant moi, n’est-ce pas? - Sûrement. - … Désolé. - Tu n’as pas à l’être, jeune fille.
Un hoquet étranglé échappa à l’adolescent alors qu’il s’écartait brusquement de Liluos, le regardant d’un air apeuré. - Que… - Ne dit rien. - Mais... - Il n’y a rien à dire, Geïsgan. Je sais depuis longtemps. Depuis peut-être même toujours. - … C’est si évident que ça? - Non. J’ai juste appris à observer. Rare sont ceux qui le font encore. L’adolescent, ou plutôt, l’adolescente, s’était arrêtée, et Liluos en fit de même. Un long silence pris place dans la cour avant d’être finalement brisé. - Désolée. Désolée de t’avoir mentit. - Tu avais une bonne raison de le faire. Je ne t’en veux pas. - … Pourquoi ne pas m’avoir livrée à mes parents, alors? - Parce que j’étais comme toi, avant. Il y avait quelque chose dans sa voix. Quelque chose de légèrement mélancolique, et cela alla droit au cœur de la jeune fille. Doucement, Liluos s’approcha de sa protégée, lui prenant délicatement le menton pour lever son visage vers lui. Il avait de magnifiques yeux, un mélange entre le brun et le vert. Comme un magnifique forêt d’été.- J’étais un artiste. Mais mes parents s’y refusaient. Ils trouvaient humiliant d’avoir un poète dans la famille. Ils voulaient que j’aille une brillante carrière de guerrier. J’aurais dû avoir le courage de fuir… Comme toi… - Tu regrettes? De ne pas être partis? - Parfois… Oui, je regrette. Quand je vois mes compagnons d’arme mourir, quand je mets fin à la vie d’une personne, même d’un Raïs. Et puis il y a de ces jours où je ne regrette pas. Parce que ces jours-là, je te vois t’épanouir et parce que je suis fier d’en être la cause. Les paroles de l’homme touchèrent profondément la combattante, qui se mit à rougir de plus belle. - Je te vois un peu comme ma fille, en fait. - Et moi, je te vois un peu comme mon père. Un sourire moqueur étira les lèvres du légionnaire. - Pas plus? - Ne ris pas de mes sentiments! C’est pas ma faute si je suis victime de mes stupides hormones d’adolescente! La réponse suffit à faire éclater Liluos d’un rire franc et communicateur, qui fit bien vite rire Geïsgan à son tour avant qu’il ne sert son mentor dans ses bras, nichant son visage contre son cœur pour mieux écouter son rythme rassurant. L’homme lui caressa affectueusement le sommet du crâne, rassuré. Son apprentie avait compris la leçon de cette nuit.
- Liluos? - Hum? - Je ne vais pas être légionnaire. - Je m’en doutais. Tu es un esprit bien trop libre et rebelle pour ça. - Et tu ne m’as même pas avertit que ce n’était pas une voie pour moi! Tu parles d’un mentor! L’air faussement accusateur de son élève fit rire de nouveau le maître, ce qui fit sourire Geïsgan. - Je tenais à ce que tu t’en aperçoives toi-même. - Comme d’habitude… Alors je vais devenir quoi? - Je crois qu’une carrière comme guerrière t’irais mieux. Je te vois bien accompagner des convois de voyageurs ou de colonisateurs vers des terres inexplorées et dangereuses. - Oui. Tu as raison… Je peux quand même resté ton élève et avoir un enseignement de légionnaire noire? - Tu crois réellement que je vais te dire non?
Un échange de sourires. Ce qui était génial avec Liluos, c’était la complicité qu’elle avait avec lui. - Tu devrais aller dormir, Geïsgan. Liluos pesa particulièrement sur son nom, un brin moqueur. Dire qu’il savait depuis le début et qu’elle avait fait tous ces efforts pour rien. - Ouais, on voit que c’est pas toi qui dort dans un dortoir qui sent le Raïs! Un baiser sur le front la fit brusquement taire et rouler des yeux étonnés ainsi que lui donner un teint concurrençant une tomate. - Liluos!! Mais qu’est-ce que tu…! - Bonne nuit! Et avec un sourire rieur, il abandonna son apprentie en plein centre de la cour. Ouais, décidément, son mentor était l’homme le plus sage et le plus spécial de Gwendalavir. Et elle l’adorait. Geïsgan dormit bien cette nuit. L’air frais de la nuit d’hiver lui avait fait du bien. Mais c’était en particulier d’avoir des réponses à ses questions. Avoir l’âme en paix était le moyen le plus efficace pour vaincre l’insomnie.
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| | | Sujet: Re: Hiver dans la Légion Noire (RP terminé) Jeu 21 Aoû 2008 - 17:57 | | | L’eau fraîche lui donna l’impression de se brûler la gorge tant il était assoiffé et hors d’haleine. Le temps s’était réchauffé depuis la semaine dernière, grimpant de deux à trois précieux degrés, et si Geïsgan n’avait pas eu d’attributs à cacher, il se serait probablement mis torse à l’air malgré la neige encore présente. Autour de lui, la cour résonnait des armes sifflant l’air, des cris des apprentis et des ordres des maîtres de la Légion Noire. Une main brûlante de posa sur son épaule, son poids rassurant lui indiquant aussitôt qu’il s’agissait de Liluos. Quittant le goulot de son outre, le blond lui tendit l’eau sans même le questionner. Son maître se servit aussitôt avec un sourire auquel Geïsgan répondit avant de s’étirer comme un chat, les bras pointant le soleil de l’après-midi. - Tu t’améliores. Comme à chaque (rares) fois que Liluos prenait parole, le jeune combattant se figea dans son geste, légèrement surpris. Les félicitations de son maître étaient encore plus rares que les fois où il parlait. - Tu ne grimaces plus de douleur après avoir manié une arme. Geïsgan laissa échappé un petit rire, se grattant la nuque d’un air entre la gêne et la reconnaissance.
Effectivement, il y a quelques temps, manier trop longtemps l’acier lui donnait des douleurs musculaires incroyables dans les bras. Maintenant, il n’en ressentait qu’un léger étirement un peu avant qu’il n’aille dormir. Avec la pratique, ça allait lui passer. Et maintenant, quand il forçait un peu, on pouvait voir un biceps fort respectable apparaître. - Et puis, tu t’essouffle moins qu’avant. Ta résistance et ton endurance augmentent. - Mais ce n’est pas assez. La réplique de l’élève fit hausser un sourcil de surprise de la part du légionnaire. - En dix minutes, je ne peux faire qu’une vingtaine de tour de cette cours. Les autres en font au moins le double. Je veux atteindre ce niveau. Le sourire affectueux et plein de fierté de Liluos avait quelque chose d’aussi rayonnant que le soleil. - Je te reconnais bien, là! J’espère que tu y parviendras, avec ton autre enseignant. Je veux être fier de toi, quand je vais revenir te chercher le prochain hiver! - Tu le seras, je te le promets! Tu seras même tellement étonné que tu en tomberas de ton cheval! Le rire franc du légionnaire fit rire à son tour Geïsgan de sa hardiesse. Le monde était si beau et simple.
Effectivement, Geïsgan avait progressé. Au début, à force de s’entraîner à toutes les armes, il avait finit par deviner son style de combat, son type d’arme. En ordre de ses préférences, on pouvait retrouvé tout en bas les armes lourdes. Épées à deux mains, haches et armes contondantes en tout genre l’encombraient. Trop lentes, trop de poids. Suivait l’arc et autres armes de jet. Le blond excellait pourtant dans ce domaine, mais préférais nettement mieux le combat rapproché. Plus exaltant. Plus loyal. Plus fier. Et on n’avait pas sans cesse besoin de se recharger en projectiles. Les arts martiaux étaient aussi un domaine où Geïsgan était particulièrement doué. Pourtant, encore là, il n’en faisait pas sa préférence. Il avait avoué à son maître avoir l’impression d’être nu s’il n’avait pas une arme sous la main. Et puis, ce style de combat lui rappelait définitivement plus les Marchombres que les combattants. La lance, étrangement, avait monté dans son estime pour arriver en troisième position dans ses préférences. Peut-être était-ce au fait qu’il s’était nettement amélioré dans le domaine. Mais elle atteignait difficilement la première position. Sa position préférée entre toute. Venait ensuite les armes très courtes, tel les dagues, les poignards et les couteaux en général. Car bien que rapides et facilement maniables, elles n’avaient pas beaucoup de portés. Et finalement, il y avait les épées longues, les glaives, les cimeterres, mais surtout, les sabres. Armes qu’il privilégiait entre toutes. Évidement, il allait devoir avec le temps choisir entre elles. Mais n’allait-il pas justement à l’Académie pour apprendre?
En parlant de l’Académie… Dans deux jours, il quittait la Citadelle des Frontaliers. Ce n’était plus qu’une question de semaines avant qu’il ne soit de retour à Al-Poll. Juste à temps pour le tournoi. Limite pour les cours. Il allait être présent pour la belle saison, et déjà, il avait hâte au retour de l’hiver pour revoir Liluos. Vivement hâte.
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| | | Sujet: Re: Hiver dans la Légion Noire (RP terminé) Mar 26 Aoû 2008 - 20:38 | | | La Chaîne de Poll était partout, barrière infranchissable du nord, repère géologique s’étendant jusqu’à la limite de l’horizon. Ses multiples monts, d’une hauteur vertigineuse et aussi pointus que des canines de fauve, étaient sans cesse recouverts de l’éclatant blanc neige. Un mur de pierre grise, nue de végétation, et de glaciers éternelles. C’étaient ces glaciers qui, au retour de la belle saison, s’amollissaient sous les plombant rayons du soleil. Ils perdaient leur couche gagnée durant le rude hiver, et c’est ainsi que se formaient des ruisseaux, invisibles sous la glace. Et de toutes ces rivières naissaient le Pollimage, large rivière séparant les Thüls des Frontaliers. Quand Geïsgan avait aperçu ses berges, il avait compris qu’atteindre Al-Poll n’était plus qu’une question de jours. Au mieux, ils y seraient dans deux jours. Au pire, dans quatre. - Il commence à se faire tard, Liluos. Nous devrions monter le camp. - …
" Liluos! Tu m’as entendu?! " s’exclama le blond en voyant son maître poursuivre sa route indifféremment. N’ayant toujours aucune réponse, l’apprenti poussa Brindille au petit galop, rejoignant son maître alors que celui-ci longeait les berges à la recherche d’une passe peu profonde. L’adolescent ouvrait la bouche pour répéter sa proposition quand le légionnaire le coupa brusquement. - Tu deviens insolent avec l’âge. Cela laissa sans voix le blond, ce qui permis à son mentor de poursuivre. - D’après toi, pourquoi est-ce que je fais ce commentaire? - … Tu n’en laisses pas une pour me donner une leçon de moral, toi… - Je suis ton mentor, c’est à ça que je sers, répondit l’homme un peu plus doucement, lui montrant qu’il ne lui en voulait nullement. Alors, ta réponse?
Geïsgan se mordit la lèvre inférieure. Il n’avait pas besoin de réfléchir pour comprendre l’écart qu’il avait fait. - Je n’ai pas à choisir si nous devrions nous arrêter ou non. Je ne suis pas le plus expérimenté et je n’ai aucune autorité à avoir sur vous. - Pourquoi alors l’as-tu fait? - Je… Moment de réflexion. C’était une bonne question, effectivement. Pourquoi avait-il tant changé vis-à-vis son maître depuis qu’il avait atteint ses quinze ans? " La puberté? " essaya-t-il. " Le fais que j’ai l’impression d’être plus adulte? Plus responsable? " L’éclat de rire de Liluos, habituellement communicateur, donna cette fois l’impression à Geïsgan d’être un total idiot. Il avait dû dire quelque chose de stupide.
Voyant son air maussade, son maître s’empressa de le rassurer. - Tu as raison, tu es plus mature au fil du temps. Mais cela ne fait pas de toi quelqu’un d’invincible et qui a toujours raison. Nombre de jeunes combattants ont prit la grosse tête par ce fait, et tu as eu l’occasion de voir le résultat. L’image de ces crétins du dortoir se croyant tout permis sauta à l’esprit de Geïsgan, qui écarquilla les yeux d’effroi. Non, il ne voulait surtout pas être comme ça. - … Pardon, je vais me surveiller à l’avenir. - J’ai confiance en toi, Geïsgan. Tu n’es pas comme les autres. Tu apprends chaque jour à être plus humble. Cette qualité, c’est… - … une force devant son ennemi, car sous-estimer son adversaire peu mener à notre perte. Sourires complices. Et encore une fois, Liluos se dit que le gamin était vraiment unique par sa capacité d’apprentissage et sa manière de voir les choses. Était-ce parce qu’en réalité se cachait, sous cet apparence masculine, une fille? Ou était-ce parce que Geïsgan était tout simplement Geïsgan? La seconde idée était la plus plausible. Rare étaient les demoiselles rebelles, vivant de liberté et de combats.
Liluos immobilisa soudain sa monture, un fier hongre d’environ un mètre soixante au garrot qui faisait facilement passer Brindille pour une naine. Mais peu importe le cheval, c’était le cavalier qui faisait toute la différence. Et même sur un poney, Geïsgan parvenait, inconsciemment, à avoir presque autant de prestance que son maître. Tout était une question d’attitude, et visiblement, c’était naturel chez le blond. Une autre chose qui faisait que Liluos l’avait choisis, lui et personne d’autre. Et ce peu importe sa faible constitution et son caractère parfois indocile. Il était un combattant dans les veines et ne demandait qu’à devenir un grand. Geïsgan s’arrêta à son tour, regardant pensivement le Pollimage de ses yeux d’un brun doré, tirant sur le jaune. Repensant à la discussion qu’il avait eut avec son mentor, discussion brève mais pourtant lourde d’importance. En fait, chaque fois que Liluos parlait, c’était important. Car il ne parlait jamais pour rien : derrière chacune de ses paroles se cachait un enseignement.
L’eau des glaciers était d’un féerique bleu turquoise, qui captivait à chaque fois le jeune combattant, peu habitué à ce genre de spectacle. Rares avaient été les fois, durant ses voyages, où il était passé près du Pollimage, mais il appréciait chacune de ses visites à cette rivière du nord. L’eau turquoise semblait sortir d’un conte de fée, si magnifique et unique, bordée tantôt par des falaises vertigineuse, tantôt par des plaines rocailleuses à la végétation de lichen et de courts conifères. " D’après toi, pourquoi n’ai-je pas voulut que l’on monte le camp? " fit doucement Liluos, souhaitant finir entièrement la discussion sur un autre précieux enseignement. Geïsgan se mordit la lèvre inférieure, repassant dans sa tête tout ce que Liluos lui avait appris. - La végétation est souvent plus abondante près des courts d’eau. Cela attire les herbivores, en plus de leur donner un endroit où se désaltérer. Et qui dit herbivores dit proies, et qui dit proies… dit prédateurs. - Les endroits paisibles sont souvent les plus dangereux. - Encore une fois : « Il ne faut jamais se fier aux apparences. » - Bingo!
Et c’est sur ce que Liluos talonna son cheval Otolep, qui s’avança dans l’eau en un petit trot avant de ralentir l’allure pour traverser en toute sécurité le faible courant. Parfois, Geïsgan se demandait si le nom de la monture à son maître avait un rapport proche ou éloigné avec le célèbre Œil d’Otolep. Il faudrait qu’il lui demande, un jour. Geïsgan le suivit, faisant éclabousser l’eau turquoise à son entrée dans le courant, relevant un peu les pieds pour éviter de les tremper. Otolep avait après tout un bon trente centimètres de plus que Brindille. Ils atteignirent sans difficulté la berge opposée et poursuivirent leur chemin en silence. Ou presque. - Quel serait le meilleur endroit pour dormir, d’après toi? - … Il faudrait trouver une grotte. Ou bien se mettre en hauteur pour voir des prédateurs arriver. Enfin, je crois... - Alors tentons de trouver le lieu idéal avant que le soleil ne disparaisse. Le crépuscule est quasiment plus dangereux que la nuit. Et ils mirent les chevaux au petit galop, se rapprochant un peu plus d'Al-Poll à chaque foulée.
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