Libre un instant (RP terminé)

Les fantômes intérieurs de Lirys la prenait, la déchirait, la faisait douter si fort qu'elle en avait mal au cœur. Elle se débattait contre rien, bougeant les bras dans le vide. Essayant tant bien que mal d'ouvrir les yeux sur cette étendue de neige, si blanche, si pure, si rassurante… Mais non. Ses démons ne la laisseraient pas s'enfuir de la sorte. Ils voulaient la retenir, l'empêcher de vivre… Tant qu'elle ne serait pas sûre de savoir ce qu'elle voulait faire. Sa voie… Avant, elle était tellement persuadée que ce fusse la bonne. Désormais, elle ne savait plus du tout. Peut-être était elle faite pour être gentille, au fond… Peut-être devait-elle trahir ceux qui l'avaient accueillie, peut-être devait-elle trahir celui qui l'avait formée. Peut-être…
Rien.
Même la voix d'Elera ne parvenait plus à ses oreilles, Lirys l'entendait crier, crier de revenir à elle… Mais elle ne pouvait pas. Tout lui était impossible…

"Lirys… Lirys… "

Elle répétait son nom, encore… Espérant que ça la réveillerait. Mais non… Rien n'y faisait. Elle était enveloppée dans une étrange bulle de puissance qu'elle seule pouvait briser… Et elle n'y arrivait pas. Elle essayait, plus que tout…
Explosion de lumière, douleur dans son cœur… Comme déchirée, elle court, elle vole… Elle a l'impression d'être seule contre tous… Elle avait beau se débattre, elle ne pouvait s'empêcher de sombrer. Perdant peu à peu connaissance, elle se laissa tomber contre la poudreuse glacée, ses membres ne répondant plus aux appels pourtant si forts de son cerveau. Alors, elle coulait… Seule dans un océan d'obscurité profonde et intense… Elle se laissait faire, trop faible pour réagir désormais. Elle continuait de couler… Dans ce monde si différent, ce monde en noir et blanc, sans autre couleur que celles de la tristesse et du désespoir. Les couleurs de la fin…
Comme une poussée soudaine, elle revient…
Elle ouvre les yeux…
Elera est là, à ses côtés. Elle essuie les larmes qui ont coulé le long de ses joues, étonnée de les trouver là, alors que, depuis si longtemps, elles étaient enfouies au plus profond de son âme. Refusant de sortir…

"Je me moque de ce que tu es… c’est qui tu es qui est important. "

Les larmes coulèrent… Sans pouvoir les retenir. Elle plongea son regard métallique dans les yeux d'Elera, essayant d'y puiser un peu de réconfort… Elle se sentait… étrange. La réponse fusa d'elle-même, sans réfléchir au préalable.

"Mais… Quand on… Quand on ne sait plus… Qui… Qui on est… ?"

Entrecoupées par ses sanglots, les paroles prononcées semblaient tellement sincères que personne ne pouvait douter du mensonge. Ce n'en était pas un, surtout…
La discussion continua. Elera posait quelques questions plus ou moins… Etranges. Lirys ne relevait pas, elle savait que la jeune fille voulait seulement l'aider. Elle l'écoutait avec attention, pour savoir quoi faire, pourquoi, comment… Peut-être trouverait-elle une solution dans les mots de la Lotra.
Peut-être…

"Quelle est la chose la plus precieuse a tes yeux ?"

Quelques jours auparavant, elle n'aurait pas hésité sur la réponse.
Se venger… Ce fut la chose la plus importante pour elle pendant des années. Pendant plusieurs jours, elle avait voyagé. Elle avait cherché à retrouver ses racines. Elle avait tué plus qu'elle n'avait respiré pendant cette époque…

"Je… Je ne sais pas…"

Silence… Seul le doux souffle de la brise caressant ses cheveux blonds venaient briser ce Silence…

Solitude…
Ce sentiment parfois fort, puissant, doux, emplissant notre cœur comme une tendre brise. Donnant une envie soudaine d'hurler, on est seul… Personne ne peut nous dicter notre conduite.
Personne ne peut nous donner des ordres, personne ne peut commander, faire croire qu'il est supérieur. Nous sommes maître de nous même, nous maîtrisons également ce qui nous entoure, la nature, les gestes, les réponses…
Ce qui arrive nous appartient, est sous notre unique contrôle. Car personne d'autre ne peut le prendre en charge…
Notre seul courage est le maître de notre destinée. Nous sommes le maître de notre propre destin. Même notre vie ne doit pas être soumise, il faut être libre. Libre de faire nos propres choix, de prendre nos propres décisions.
Solitude…
Elle se sent enfin libre. Sans un bruit, seul le bruissement des feuilles derrière elle la fait quelque fois se retourner dans la peur de voir quelqu'un arriver et gâcher ce moment, seule. Le souffle doux du vent dans ses cheveux, offrant à son visage un air pur et frais devenu trop rare depuis la venue de l'hiver et du froid. La neige sur le sol, blanche, si belle et si douce que seule sa vision donne une nouvelle vie, une autre vitalité soudaine.
Lirys cri.
Elle hurle contre ses démons intérieurs qui la hantent depuis trop longtemps. Elle hurle en silence, pour elle-même. Dans sa tête, le chaos résonne comme sonne la cloche du dernier jugement. Dans son cœur, le noir amassé depuis tant de temps craque enfin, le voile de fer dur et rigide se craquèle pour laisser enfin son cœur libre, elle respire enfin comme avant. Comme avant qu'elle ne rencontre son " Maître ".
Libre, pour la première fois depuis des années elle se sentait libérée de ses démons…
A moins que…

"L'as-tu jamais su? Ou plutot, peux-tu ne pas le savoir? Tu n'as jamais ete un autre, tu ne peux rien savoir a part toi meme. Au fond de toi, tu sais bien qui tu es... Seulement tu doutes, et tu oublies... Tu trouveras les reponses."

Lirys mit quelques longues secondes à comprendre la signification de cette phrase. Quelque peu tordue, elle imageait toute fois plutôt bien la réalité. Cette réalité trop dure et trop lourde à porter pour ses épaules, dont les forces se vidaient petit à petit… Et alors ? Elle n'avait pas fait le choix de vivre, tout en sachant que la vie allait s'éteindre un jour. Elle n'avait pas eut le choix, sinon, elle serait restée bien sagement inexistante et inconnue de tous. Mais non ! Il avait fallu que sa famille soit si célèbre ! Et pas dans le bon sens du mot, non… Mais… Même la célébrité est éphémère, comme la vie…
Un jour, quelqu'un a décidé que personne ne vivrait éternellement, que tout avait une fin. Après ce choix, les autres furent obligés de suivre ce choix, contraints et forcés de vivre dans la peur de mourir. Obligés de supporter l'idée qu'ils ne pourraient pas tout faire, tout voir… Mais cette obligation a beau être désagréable, il est vrai que, souvent, l'envie d'en finir nous vient soudainement, dans un accès de mélancolie… Comme maintenant, tandis que Lirys n'écoutait que d'une oreille distraite la voix d'Elera, tentant de la réconforter et de la guider sur la bonne voie…

"Cherche. Regarde autour de toi. Qu'est-ce que tu preferes dans la vie, qu'as-tu que tu ne souhaites pas perdre, qu'attends-tu que tu n'as pas encore? Ta maison est Corbac. Qu'est-ce qui te rapproche du vent, l'element qui t'a ete attribue?"

Lirys avait la réponse, depuis le début elle l'avait enfouie en elle. Mais la fin de la phrase d'Elera l'étonna. Bien sûr, elle avait joué un rôle, elle s'était fait passée pour quelqu'un qu'elle n'était pas, ce qui lui avait valu sa maison. Mais elle ne s'était pas rendu compte qu'en fait, cette maison était parfaite pour elle… Elle la représentait à la perfection.
Le vent… Ce phénomène toujours incompris, libre de prendre sa propre direction. Personne ne peut prédire ses actes. Un soir, il peut se manifester sous la forme d'une simple brise, puis envoyer le lendemain un mistral si fort qu'il déracinerait les arbres. Cet élément, le plus méconnu, pour sa force toujours variante, ses caprices parfois tellement gênants, parfois si doux… Ces caprices… Lirys les avait tant de temps observer, tant de fois étudier, alors qu'elle voyageait seule dans l'Empire. C'était ça qui comptait le plus pour elle. Rester vent…
Rester brume.
Comme ce fameux jour, dont elle cachait le dénouement à tout le monde, ou tout du moins à ceux qui ne méritaient pas de savoir. Elle avait fait une promesse, sur son lit de mort… Elle la tiendrait.
Tournée vers le ciel, la tête marchant à deux cent à l'heure, elle faisait tout pour formuler les mots qui arrivaient à vitesse grand V dans sa gorge.


" C'est… Le vent. "

Au regard étonné d'Elera, elle comprit que le sens de ses mots ne s'étaient pas bien fait comprendre.

" Je tiens plus que tout à ma liberté… Je veux rester libre, libre de mes choix, de ma direction, de ma vie et de ma mort. Je veux rester libre d'être brise, brume ou mistral… "

Silence étrange… Compréhension.

[poste gnome... mon oeil ><]

Petit a petit, Elera vit apparaitre sur le visage de Lirys les signes qu'elle attendait. Elle avait trouve...
Lirys leva la tete vers le ciel, puis finalement laissa echapper sa reponse.

"C'est... Le vent. "

Elera lui lanca un regard etonne. Elle lui avait demande ce qui la rapprochait du vent, et elle lui repondait le vent... Mais en meme temps, Elera comprenait au fond d'elle meme. Quand on sait, les explications sont inutiles. Pour Lirys, ce mot etait assez pour tout expliquer.
Le vent. Quatre lettres qui signifient tellement de chose a la fois...
C'est la tempete, devastatrive, puissante, incontrolable.
C'est la force qui nous pousse selon la direction que l'on choisit.
C'est la rafale d'hiver qui gele les coeurs qui pleurent et ravive les coeurs joyeux.
C'est la chaude brise d'ete qui rafraichit la terre sous le soleil brulant.
C'est le souffle qui pousse les bateaux de retour sur le droit chemin, ou les precipite sans remords a la mort.
C'est la volonte, car le vent sait ou il va et ne laisse rien l'arreter.
C'est...

" Je tiens plus que tout à ma liberté… Je veux rester libre, libre de mes choix, de ma direction, de ma vie et de ma mort. Je veux rester libre d'être brise, brume ou mistral… "

... la liberte, car le vent choisit seul son chemin...
Oui, Elera comprenait. Et quand on comprend, les mots sont inutiles, les explications futiles et les phrases sans aucun sens. Aussi le silence laissa passer son message a Lirys.
Alors sois libre, et suis le vent. Il te montrera le chemin...
Alors, Mercenaire du Chaos ou marchombre?
Si elle choisissait Mercenaire, elle serait liee a son Maitre. Elle combattrait les marchombres et suivrait les ordres de ceux qui lui demanderaient ses services d'assassin. Mais elle aurait le pouvoir. Elle saurait au dessus des autres, elle verrait ce qui reste invisible aux yeux aveugles du reste. Et elle detruirait. On ne peut pas etre attache par quelque chose qui n'existe plus...
Si elle choisissait Marchombre, elle perdrait la liberte pendant trois ans... Puis elle serait libre de suivre son chemin et moins dependante du monde. Elle pourrait devenir vent, ne laissant rien l'arreter. Au lieu de detruire pour etre libre de choisir, elle apprendrait a s'arracher a ses lois en passant entre ses mailles a la maniere du vent.
Alors, tempete ou forte brise?
La force du vent, ou sa capacite a s'infiltrer partout?

A elle de faire son choix...

Rafale dans ses cheveux blonds, les secouant avec force. L'air était glacé à cette hauteur, et le vent qui soufflait en continu sur les montagnes produisaient un son lugubre et sinistre. Presque effrayant. Lirys l'écoutait, puisant dans sa vitesse la force nécessaire pour continuer de penser, sans être interrompue sans arrêt par cet autre dans son corps. Cet autre qui représentait une autre partie d'elle-même. Cet autre qui, sans arrêt, la prenait par le cou et l'étranglait si fort qu'elle ne pouvait plus réfléchir. Cet autre qui la faisait tant douter sur son avenir et sur sa voie, sur sa vie…

Ayant assez de force pour continuer, elle se replongea dans ses réflexions. En fait… Elle représentait le vent, libre, insaisissable. Elle aimait le sentir contre sa peau, elle aimait son souffle sur sa nuque lors des froides nuits hivernales passées dehors en sa compagnie. Elle voulait pouvoir encore le sentir contre son corps… Elle se mariait avec le vent comme les arbres avec la nature, elle était vent, brise… Quand la colère la prenait, elle devenait forte rafale. Forte rafale qui avalait tout sur son passage. Puis, elle devenait tempête. Alors, elle tuait, sans vergogne, sans réfléchir aux conséquences. Elle était devenue tornade…

Le vent.
Elle le connaissait sous toutes les coutures, toutes les différentes façons de le représenter, elle était passée par toutes. Elle avait été toutes ces variantes, en fonction de ses humeurs… Seule… Elle n'était plus au bord de la schizophrénie désormais. Elle était devenue schizophrène, et peut-être plus… Mais elle refusait d'affronter la vérité en face. Lorsqu'elle mettrait le doigt sur son autre maladie, elle serait à jamais différente…

Elera tentait de la rassurer, elle lançait des regards qui voulaient tout dire. Les mots n'auraient peut-être pas suffit pour exprimer les pensées de la jeune Lotra. L'héritière des Nil'Ardov ferma les yeux, luttant contre ces démons intérieurs qui la hantaient désormais. Continuellement. D'abord, la discussion avec Valen. Maintenant avec Elera… Allaient-ils réussir à la faire changer sa doctrine qui, pendant si longtemps, avec guidé ses pas ? Devait-elle vraiment les en empêcher… ? Elle ne savait plus. La voix naquit alors dans son esprit.
Sa schizophrénie s'affirma…

* Alors ? Qu'est-ce que tu restes à glander comme ça ?! Avoue-lui tout ! Dis lui ce que tu es ! Allez ! *

Lirys l'ignora. Comme si elle n'avait rien entendue… Ce qui était faux, évidemment… Elle avait parfaitement compris le message. La partie gentille en elle, la vraie Lirys… Celle-ci faisait tout pour la faire redevenir comme quand elle avait quinze ans… Faëlle gentille et attentionnée. Evidemment, cette partie n'allait pas se laisser ignorer comme ça…

* Allez ma p'tite, tu dois tout dire ! Dis-le ! Tu es marchombre, au fond de toi, tu es gentille, j'en suis la preuve ! Dis-le, dis-le, dis-le !! *

Prise dans un élan d'énervement soudain, elle s'écroula sur la poudreuse à genoux et hurla, comme si sa vie dépendait de ces mots, comme si son cœur allait exploser, elle hurla de toute la force de ses poumons…

" Tais-toi ! Arrête !! "

Sous le regard étonné et pas très rassuré d'Elera, Lirys s'écroula dans la neige. Allongée sur le sol, les larmes coulaient le long de ses joues. Elle regrettait ? Elle avait peur… Mais les regrets vinrent après. Après réflexion…

" Alors sois libre, et suis le vent. Il te montrera le chemin... "

Elle eut juste le temps d'entendre les mots de la jeune fille avant que le voile noir et opaque de l'évanouissement ne vint recouvrir ses yeux…



Sang…
Eclair…
Metal…
Corps tombés au sol…
Rouge…
Sang…
Eclair…
Sang…
Eclair…
Blanc…
Noir…
Le champ de bataille devient gorgé de sang, la terre devient bordeaux. Les corps s'amoncèlent autour d'eux. Elle est là, avec son maître, il lui apprend à tuer, elle tue. Il lui donne des ordres, elle les exécute. Comme un petit chien fidèle au post.
Non, plus jamais ça, plus jamais…



En sueur, Lirys n'arrivait pas à se réveiller. Plongée dans une profonde torpeur, elle attendait…

[ Ton post, magnifique ! Je te promets pas de faire aussi bien, mais,en tout cas, je te promets un pétage de plombs qui va marquer ^^ Il était beaucoup plus long au départ... mais ça dépassait la limite autorisée... ]

Souvenirs… Souvenirs de douleur, de mort et de chaos. Tous ces sentiments contradictoires qui m'assaillaient, tous ces gestes, ces mots que j'ai pu prononcer… Je me sens seule, prisonnière de mon propre corps. J'ai l'impression de ne plus vivre, comme si cette chose éphémère et inutile que certain ose appeler la vie s'échappait de moi à gros bouillons, m'empêchant d'ouvrir les yeux. J'espère toujours quelque chose pour m'en sortir, terminer cette impression que mon cœur se transforme en un bloc de glace insondable. Je voudrais que tout s'arrête, mes membres gèlent sur place, j'ai froid… Je suis allongée sur le sol, non… Je vole dans un océan d'étoiles claires, je suis seule et accompagnée, je suis tout et rien en même temps… Je me perds dans cet endroit inconnu, je ne me souviens de rien… Comme si je venais de naître, et que, à peine née, je m'étais évaporée, envolée vers ces astres brillants et clairs qui m'offrent un abri. Pas pour longtemps… Je sens que cet habitat ne durera pas. Je sais que, bientôt, je reprendrais conscience et que, agressée par le froid de la poudreuse quand laquelle je suis allongée, là-bas, dans mon monde, je me lèverais en vitesse avant de m'asseoir sur mon rocher et de m'emmitouflée dans une couverture… Puis, je pleurerais ma liberté perdue avec mon serment… J'imaginerais ma vie si je n'avais pas été corrompue par cet homme, ce blondinet et ses soifs de pouvoir… Que je le trouve stupide désormais, alors qu'avant je l'admirais tant, il m'effrayait tant… Maintenant, la vengeance m'ouvre ses portes noires et sans retour possible. Sens interdit que j'emprunterais peut-être un jour dans ma vie… je n'ai plus aucun respect pour lui, je ne veux que son malheur pour ce qu'il m'a fait… il m'a rendue emplie de haine et d'envie de vengeance, impossible à contrôler. Il m'a fait perdre la maîtrise de moi… Je suis devenue automate, marionnette dirigée par ses seuls souhaits. Les fils qui me retiennent à lui, de maître à élève, ont été rompus à l'Arche… Quand j'ai " pris ma liberté " tout en la perdant. Je n'étais plus rattachée à un maître, me voilà emplie d'obligations envers une guilde entière, qui compte sur moi pour ne pas me faire avoir. Mais… Si je veux me faire avoir ? Si je ne veux plus leur obéir, à ces gens, là ? Si je ne ressens pour eux que mépris, haine et vengeance… Comme pour le blondinet… ?


Ah… Je me souviens quand j'étais collée à ses pieds, comme un gentil petit chien qui suivait son maître partout en aboyant à ses compliments et en réclamant un susucre. En m'imaginant comme ça, je me trouvais stupide et misérable, bonne à jeter, complètement inutile, ce qui accentua encore un peu plus mon sentiment d'allégresse et de regrets puissants… Je voudrais tant tout recommencer, remonter le temps, lors de mes douze ans… Et suivre la règle de mes parents qui disaient de ne jamais parler à des inconnus… Mais cet inconnu là avait quelque chose de tellement… attrayant… qu'il était presque impossible de résister à son regard, à son appel, à se voix étrangement douce… attirante… Il… Non ! Stop ! Pourquoi je pense à ça d'abord ? Pourquoi je pense à lui comme ça ? Alors que je veux juste en finir ! Pourquoi continuer de ressasser ces vieux souvenirs qui datent de perpette… ?? Ils ne font que me déprimer un peu plus, me montrer à quel point je suis inutile… je n'aide personne, je suis distante, discrète et pas du tout sociable. Je n'ai que des défauts. Ma qualité ? … Force physique au dessus de la moyenne, capacité à tuer sans regrets, bon entraînement… Et à quoi ça me servira ça plus tard, pour me faire des amis, pour fonder une famille ? En quoi ça sera utile ?! En rien ! Absolument en rien !! Je pourrais juste passer ma vie seule, à tuer des siffleurs dans les champs pour survivre à la faim et à attendre que la pluie tombe… J'ai qu'à m'exiler dans le désert des Murmures aussi ! Comme ça, je crèverais plus vite ! En vacances tout le monde, personne ne se souviendra de moi, au bout de quelques mois, la ligné Nil'Ardov sera oubliée des mémoires, enfin… la dernière héritière surtout ! Puis, après quelques années, on n'en parlera plus… même de ces mercenaires plus puissants… Je serai dans toutes les mémoires… la guerre… moi, je serai morte, oubliée, enterrée au plus profond de cet aride désert… Un jour, peut-etre, si la chance me sourit… un marchombre bien intentionné se rendant au Rentaï creusement la terre et trouvera mon cadavre avant de s'enfuir en courant pour prévenir quelqu'un qui balancera sans regret mon corps dans la Grande Faille. Entraînée par le courant, je serais déversée dans la mer des Brumes et je finirais perdue au-delà d'une mer que personne n'a jamais explorée. Voir le bon côté des choses… J'aurais beaucoup voyagé ! Je serais allée là où personne n'est jamais allé, la première… ah ! Oui ! Maintenant j'aurais de quoi être heureuse ! Là, en ce moment, je ne le suis pas. Je ne jure que par une liberté depuis longtemps perdue d'avance. Je ne jure que par une envie de vengeance durant laquelle je mourrais si jamais je la mettais en œuvre. Je ne jure que par une autre partie de moi, qui me souffle de me rendre à Valen… Je devrais le faire… Devenue schizophrène, voire même plus que ça… je vole, je mens comme je respire, kleptomane, mythomane, je suis folle ! Une folie irréversible ! Je peux vivre avec ça sur le dos ? Une folie impossible à contrôler, je deviens dingue. Je n'espère qu'une nouvelle ouverture pour continuer à vivre, mais avec ça sur le dos… Est-ce seulement possible… ? Mais… Même si c'est possible, je ne peux pas vivre tranquillement ma petite vie solitaire tant qu'il sera toujours en vie… Le Maître d'Armes m'a débarrassé de Neiluge et je l'en remercie fortement… Je me souviens, le rôle que j'ai du jouer le jour de sa mort, petite fille triste et désespérée. Je sais parfaitement que Valen n'a pas lu dans mon jeu, peut-être y a-t-il cru, peut-être pas, je ne sais pas. Comme je ne sais pas quoi faire maintenant pour pouvoir continuer à vivre…

Les yeux toujours fermés sur ce monde inconnu dans lequel je me promène, je continue la marche vers l'indicible mort qui m'attend, aux portes de l'enfer… Rouge, dans lequel le feu de la fin dispense sa lueur si effrayante… Je n'ai pas peur, je veux y aller, je veux y aller… L'estomac noué, je ne perdrais rien, j'ai déjà tout perdu, alors pourquoi cette espèce d'angoisse miniature me tort le ventre ? Pourquoi je ressens une chose si étrange, si horrible… Et à la fois si agréable.


Les portes de l'enfer s'ouvrent à moi… Je les vois, je les sens… Elles sont là, si proches… La liberté est à portée de main, la vie va s'en aller… Je vais enfin être là où j'ai toujours du être, avec les morts qui ont fait le mal. Je vais retrouver mes parents, ils sont partis… Ils sont morts… Tués. Par qui ? A ton avis, hein, par qui ?! Madame je sais tout toujours mieux que tout le monde va-t-elle réussir à répondre à ça ?! Par le Blondinet ! Avec un peu de mon aide, bien sûr. Tu te rends compte ?! J'ai tué mes propres parents ! Et je devrais rester… bien ? Vivre normalement ! Nan mais dis ! Ca va pas ou quoi ? J'suis juste sado-mazo-mytho-schizo-kleptomane-folle hein ! Ca suffit largement tu ne penses pas ? Oh ! Mais que suis-je bête ! Evidemment que tu penses, tu es moi ! Donc, tu penses comme moi ! Alors tu vois parfaitement de quoi je parle, bah ouais, évidemment, tu étais là ! Héhé, faut bien décider des fois ! Arrête ! Sors de mon corps et laisse-moi mourir en paix !

Dans ma tête, j'hurlais contre moi-même… Je criais littéralement sur cette autre partie qui habite mon corps. Sachant pertinemment que mes paroles silencieuses ne changeraient absolument rien, je continuais… Comme si cela me défoulait, heureuse de pouvoir enfin m'énerver contre cette Chose qui prend mes forces et m'oblige à faire ce que je ne veux pas. Elle me force… Mais… Au fond… N'a-t-elle pas raison ? Ne suis-je pas un monstre ignoble et fou ? Sûrement… Et alors ? On ne peut plus changer maintenant, alors pourquoi je continue à essayer… ? Ca ne sert absolument à rien ! Je peux toujours beugler comme un coureur, ça n'empêchera pas que cette fiente de Ts'lich que je suis continue à tuer et à faire l'idiote. Continue à suivre les ordres comme un bon chien fidèle. En fait, c'est ce que je suis, un chien. Juste un clebs qui suit les directives à la lettre sans un écart. Et ma liberté dans tout ça ?! Si chère, si précieuse, que je croyais avoir toujours possédé et qu'en fait je n'ai jamais acquise réellement. Je ne suis qu'une bonne à rien, stupide, inutile, naïve, oppressée, absolument pas sociable, solitaire, tueuse, cœur de pierre… Je continue ? Non, je n'ai peut-être pas besoin d'en rajouter non plus. Autant ne pas aggraver les choses, elles sont déjà assez basses comme ça. Au lieu de réfléchir à ce que je perds, ou plutôt ce que je gagne, je devrais réfléchir à mon chemin. Je rouvre mes pensées vers l'extérieur, je vois de nouveau les portes de l'enfer, elles sont proches, proches, elles se rapprochent !! Je suis tout excitée, je vais ENFIN partir ! Depuis le temps que j'en rêve, même éveillée, ça hante mes pensées. Tant de fois j'ai observé les gouffres, les points d'eau, les cordes, tout ce qui m'aurait permis de partir. J'ai failli me tuer, avec une flèche, mais je me suis dit que je devais mourir moins dignement que tuer par une arme. Alors, j'ai tenté de me noyer, il y a deux jours. Mais… Non. C'était encore trop digne pour moi, les profondeurs de la cascade étaient trop royales, trop belles et trop brillantes pour abriter un cadavre aussi miséreux que le mien. Même la neige dans laquelle je suis allongée est trop belle pour le faire, encore une mort trop digne. Comment mourir de façon misérable ?! Comment faire ?! Ce serait tellement plus agréable de mourir dans le milieu qui nous est adapté… Les portes, elles arriiiiiiiiiiivent !!!!! Comment être prête ? Je le suis déjà, depuis tellement de temps !!! Ah ! Depuis le temps que je les attends, ces belles portes parfaites ! J'ai envie de les serrer contre moi avant d'entrer, de garder la mémoire de leur vue toute ma vie !!! Ce panorama si bienfaisant, magnifique… D'une beauté bien propre, que certaines personnes pourraient trouver effrayant, mais pas moi… J'aime ces portes…

AÏE !!!!!!!!!!!! Mais… MAIS !!! Qui me touche ?! Qui est là ?!!!! Que se passe-t-il ?!?!?! NOON !!!!!!!! LES PORTES !!!!!!! Où allez-vous mes chères portes ?! Attendez-moi ! Revenez !!! Je n'ai pas pu vous franchir, je n'ai pas pu sentir votre odeur rassurante ! Revenez vers moi !! RESTEZ-LA !!! Pourquoi partez-vous ?! NOOOOOOOOOOOON !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! Mes portes ! Vous me manquez déjà tellement, je veux vous retrouver, vous traverser pour en finir ! Je veux partir avec vous !!!!!!!!
Qui a fait ça ?! Hein ?! Qui est là ! Qui m'a touché le bras ! Oh, mais je vous ai senti vous savez ! Pas la peine de se cacher, non non non, je vous trouverais et je vous tuerais pour m'avoir empêché de partir ! Allez ! Montrez-vous ! QUI ?! Qui a OSE faire ça ! Ah ! Je suis aussi effrayante que ça avec mon air de timbrée et mes yeux injectés de sang ?! J'ai l'air aussi folle !!!! Avouez-le et montrez-vous ! Je fais peur hein ?! Hein que je fais peur ?!!!! Et quand je fais mon rire sadique ! Tu l'as pas encore entendu hein ? A quoi ça sert toute façon ! Tien, le voilà ! Mouahahahaha ! T'es content ?! T'as bien flippé maintenant, t'es CONTENT ?! Ah ! Enfin ! Je t'entends ! Tu parles ! Mais arrête de me crier dessus ! Ca va servir à rien tu sais !!! Hein ? Qu'est-ce que tu me cris en plus ?! Que je dois me réveiller ? Parce que t'as vraiment l'impression que je pionce là ?!

- Tu veux rester allongée dans le froid et le noir jusqu’à ta mort ? Tu veux t’enfuir encore une fois, c’est ça ? Et ton rêve ? Tu crois que tu seras libre de vivre ta vie dans la mort ? Vas-y alors, surtout n’essaie même pas de trouver ta voie… Prends le chemin le plus facile, puisque c’est celui que tu veux !

Ouais, t'as tout compris ! C'est le chemin que je veux, celui que j'ai toujours choisit ! Soudain, une main m'enserra le poignet, me prenant soudainement la main, je sursautai. Je me retournai vivement et, étrange, il n'y avait personne, qu'est-ce que tu fais toi ?! Tu tiens vraiment à en finir ou quoi ? Tu cherches la cogne ?! Tu la veux ? Allez, viens te battre !! Montre-toi ! Arrête de te cacher dans mon dos quand je me retourne, c'est de la triche ! Je peux même pas te voir ! Montre-toi ! Et qu'est-ce que tu viens me chanter encore là ? Qu'est-ce que tu me hurles ? Que… Gnéé ?

- Tu ne sais pas quoi choisir, hein ? Et alors ? C’est toi, c’est ta vie ! Tu n’es pas obligée de rester sur une voie particulière, tu es libre non d’un Rai ! Tu PEUX trouver le chemin vers lequel tout ton esprit se tend, au lieu de t’enfuir comme une lâche ! Mais c’est ton choix… Pars, si c’est ce que tu veux… Certains te regretteront, mais personne ne t’en empêchera...

C'est ma vie ? Je sais pas choisir quoi d'abord ?! C'est même pas ma vie ! C'est ma mort ! Je peux trouver le chemin ?! Mais je l'ai déjà ton chemin ! C'est celui que tu viens de me faire quitter ! Celui de mes chères portes de l'enfer, je les idolâtre… Et toi ? Tu te ramènes avec tes gros sabots et tu viens tout gâcher ! Raah ! Faudrait t'apprendre la politesse ma p'tite dame ! On débarque pas dans les rêves des gens comme ça, encore moins dans leur mort. Pis pourquoi t'es là d'abord ? Tu veux p't'être m'empêcher de crever ? Bah c'est trop tard ! Je suis morte, finie, capoute et mortibus ! Je vais partiiir ! Enfin, je vais…
Mais… Qu'est-ce que t'as à me secouer là ?! Nooon !!!

***

Lirys ouvre les yeux, en sueur, en larmes. Elera se tenait à côté d'elle, elle la secouait par les épaules comme un rougeoyeur pour la réveiller. Se souvenant de ce qu'elle venait de vivre, la jeune fille explosa en sanglots. La première fois qu'elle pleurait réellement depuis des années… Elle s'allongea dans la poudreuse et se roula en boule, se repliant sur elle-même tandis qu'elle se rendait compte que, toutes les paroles qu'elle avait entendues dans son " imagination ", c'était Elera qui les avait prononcées. C'était également sa main qui, posée sur son poignet, l'avait fait revenir des portes de l'enfer. C'était la Lotra qui, avec toute sa force, sa conviction et son courage, venait de lui sauver la vie…
Sans savoir pour quelle raison, mais en sachant parfaitement les principales, elle prit la jeune marchombre dans ses bras et continua de pleurer, sans honte… Trop de choses avaient changé. Elle ne pouvait plus ignorer tous les événements de ces derniers jours. Elle lâcha soudainement Elera, puis, gênée, peut-être… Elle recula et retourna s'asseoir sur son rocher, comme dans son " rêve ". Elle laissa ses larmes coulées le long de ses joues, sans esquisser un seul geste pour les arrêter. Elle voulait les laisser couler pour se prouver à elle-même qu'elle n'était pas un monstre. Mais, au fond de son cœur, elle restait une folle qui avait déjà tué beaucoup de gens pour arriver à ses fins. Elle restait un monstre, une meurtrière… Elle se détestait. Elle se regardait dans un miroir et y voyait quelqu'un qu'elle aurait voulu égorger de ses propres mains. Jamais elle n'avait haït quelqu'un de cette façon… Et elle haïssait son reflet…
Elle était devenue folle… Définitivement et irrépressiblement folle.
Lirys tendit les bras vers elle et, d'un ton presque suppliant, elle demanda...

" Aide-moi… Je t'en supplie… "

[Merci^^ Le tien est excellent aussi^^]

Des gémissements, similaires à ceux d’un chiot.
Des grognements de haine.
Le soupir de l’acceptation, de l’envie de partir, loin, loin vers la mort.
Une main qui se tend vers un endroit invisible.
Des murmures coléreux, à la limite du compréhensible, devenant des hurlements fous.
”Ah ! Je suis… effrayante… timbrée… injectés de sang ?! …folle !!!! Avouez-le et montrez-vous ! …je fais peur ?!!!! …Tu cherches la cogne ?! Tu la veux ? …te battre !! Montre-toi ! Arrête de te cacher dans mon dos quand je me retourne, c'est de la triche ! ”
Elera regarda Lirys, immobile, toujours inconsciente, marmonnant sans même le savoir. Ou peut-être que si. Ça n’avait aucune importance. Elle ne pouvait pas la laisser continuer à se rendre folle. Elle la prit par les épaules, la secouant comme un vieux sac et en continuant de lui crier dessus.
*Espèce…de…petite…idiote ! Réveille-toi, au lieu de te plaindre !*
Et, finalement, Elera poussa un soupir de soulagement en voyant les paupières de Lirys papillonner. Elle revenait à elle… Les larmes continuaient à couler sur ses joues, son visage était trempé et la lueur de la folie brillait encore dans ses yeux. Mais elle était là, vivante, de retour à elle-même. Et elle éclata en sanglots, se roulant en boule entre ses bras. Elera la garda contre elle, la laissant mouiller ses vêtements. Que pouvait-elle faire d’autre, de toute façon ?
Je suis là Lirys, je suis là… Mais celle-ci, comme brûlée, recula et alla s’asseoir sur le rocher. Elera se remit debout, observant cette fille tellement remplie de haine. De jolies boucles blondes, attachées au-dessus de sa tête et tombant de chaque côté de son visage. La peau claire, qui aurait enflammée l’envie des autres si Lirys n’avait pas eu l’air malade de celles qui se haïssent. Les larmes qui suivaient la simple courbe de ses joues. Et surtout, les yeux gris qui la regardaient, débordant de haine et de tristesse. Perdus. Complètement perdus. Et la main qui se tendait vers elle, désespérée, vide, cherchant encore un morceau d’espoir. Aide-moi…
Elle. Elle, Elera. La dernière chance de Lirys, sa dernière ancre à la vie. Ou c’est ce qu’il semblait. Et, debout dans la neige, Elera voyait les chemins s’ouvrir devant elle. Que répondre ? Comment agir pour l’aider ?
Lui dire qu’elle s’inventait un problème qui n’existait pas ? Mais cela voudrait dire qu’elle ne comprenait pas…
Lui montrer qu’elle était là pour elle ? Elle le savait déjà, cela ne changeait rien…
La forcer à parler, pour comprendre et lui donner les réponses ? Lirys ne ferait que se renfoncer en elle-même, agrandissant encore ses problèmes…
Lui demander comment l’aider ? Mais elle était sensée savoir, c’est pour ça que Lirys l’appelait. Si la Corbac savait, elle n’aurait pas besoin d’aide…
Etre gentille, la consoler ne marcherait pas. Pas cette fois. C’était ses cris, ses secousses qui avaient réveillé Lirys. Maintenant, elle devait la réveiller de la même manière, mais mentalement. Ce qui était autrement plus difficile, et contre sa nature…
Et, soudain, Elera trouva une réponse. Une réponse qui, elle l’espérait, était la bonne. Mais ce serait tellement dur de jouer le jeu, de faire semblant… Elle n’avait pas réussi auparavant. Mais elle le devait, pour Lirys. Sa réponse, c’était le vent…
Le visage d’Elera ne montrait plus que détermination. Il était grave, sérieux, sans pitié. Mais, dans sa poitrine, son cœur battait à toute allure, ses ongles lui coupaient la paume dans son poing serré derrière son dos, son bras tremblait, ses yeux projetaient encore son amitié.
*Je ne peux pas faire mieux, alors ça fera l’affaire*
Enfin, elle utilisa tout son courage pour commencer à parler d’une voix calme. Aucun doute n’y transperçait.

”Tu dis être vent. Tu dis vouloir être brise, brume ou mistral selon tes envies.”

Elle avait l’attention de Lirys. Cela vérifié, elle continua. Mais toujours avec ce cœur qui allait lui sortir du corps s’il continuait à battre si vite. Mais elle avait commencé, elle irait jusqu’au bout. Elle finirait. Elle réussirait. Forte et sans appel.

”Mais le vent ne se combat pas lui-même. Le vent ne se haït pas lui-même, tout son être se tend vers une et une seule destination. Il est partout, mais ne part pas dans plusieurs directions différentes en même temps. Il s’écoute, et choisit. Et toi ? Toi, tu n’es même pas capable de choisir qui tu es. Tu n’es même pas capable de t’accepter telle que tu es. Tu n’es même pas capable de t’écouter toi-même, de t’accorder avec toi-même. Tu n’es même pas capable de choisir un chemin qui te plait. La mort ? Mourir, c’est arriver au bout de chemin. Et tu n’as même pas choisis le tien… Tu es faible.”

S’il te plait, s’il te plait, comprends que je ne fais pas ça pour te redescendre, mais pour t’aider…

”Tu veux de l’aide ? Aime-toi. ”

Et elle se retourna, tournant le dos à la Corbac. Un pas en avant, un pas qui agrandissait l’écart entre elles. Elera leva son pied droit. Mais elle ne le reposa pas. Elle savait très bien que, si elle le faisait, elle repartirait en courant vers Lirys au lieu de s’éloigner. Et si elle faisait ça, Lirys penserait qu’elle n’avait pas besoin de s’accepter pour avoir ce qu’elle voulait. Heureusement, elle n’eut pas a résister longtemps à la tentation. La réaction de Lirys s’élevait dans son dos…

[ Pas spécialement, j'écris à la personne qui me vient et qui va dans le Rp… ]

Guerre, seule, loin des autres, reculée de tout.
J'essaye de me battre, j'essaye vraiment, mais je n'y arrive pas, je n'y arrive plus. Tout est trop dur, Elle, tout ! Et puis, à quoi bon changer, à quoi bon essayer de se cacher derrière un masque, de tromper qui l'on est vraiment !
A quoi bon partir dans un débat philosophique pour prouver que l'on est différent, alors qu'on se fiche totalement de ce que les autres peuvent penser ! Même s'ils croient que l'on est fou, que l'on ne sert à rien, que l'on est juste bon à abattre, nous, on se fiche complètement de ce qu'ils peuvent croire, alors à quoi bon continuer d'espérer que tout va changer. Le changement, ça a du bon, parfois. Mais pas souvent, au contraire. En général, les gens sont ancrés dans leurs habitudes et dans leur routine, et le fait que tout change les chamboule, leurs habitudes changent, et ça, ils détestent, généralement. Et puis moi, alors là ! Autant ne pas y penser. Les autres, tous si… intolérants ! Pourquoi ils peuvent pas les accepter, ces différences, plutôt que de nous rejeter tout le temps ! C'est lourd à la fin ! Nous, on voudrait être comme les autres ! S'ils croient que c'est facile d'être aussi différent !
Non, ce n'est pas simple, bien au contraire. On essaye de paraître normal, on se cache, on ignore tout de la vie et on oublie le passé. On reste ancrés dans le présent, désirant plus que tout en finir avec cette vie où nous sommes nés différents. La différence, est-ce tellement grave… ? Si oui, alors je préfère partir, et ne jamais revenir. Jamais..

A ces pensées si douloureuses, elle essuya d'un revers de main les larmes qui commençaient à couler lentement le long de ses joues. Elle regardait autour d'elle, soudainement prisonnière de la vue magnifique.
Ce paysage de neige, qui s'étendait au loin, très loin. Une étendue blanche à perte de vue, qui au loin formait des dénivelés de plus en plus hauts, jusqu'à atteindre les nuages. Cette neige, d'une blancheur immaculée et insensée, qui offrait ses reflets argentés lorsque la lune s'y reflétait. Mais la lune était absente, en ce crépuscule chantant, seul éclairait le soleil et son couché somptueux. Les rayons rouge, rose, orange et jaune donnaient à la poudreuse une impression éclatante, comme une explosion de cristaux magnifiques, de superbes taches de couleur différente, dans les tons du soleil couchant, recouvrait le sol et donnait envie de rester ici, à observer ce phénomène durant des heures. Ce paysage, jamais elle n'en avait vu d'aussi beau. Il faut dire qu'elle était rarement dehors à cette heure. Mais désormais, plus rien d'autre ne comptait. Les arbres, les conifères et leurs épines recouvertes de givre si bien que l'on avait l'impression qu'ils étaient blancs, et non verts habituellement. Même les arbres dénués de leurs feuilles en raison du froid hivernal était recouvert d'une légère couche de glace qui scintillait comme du verre au soleil. Captant parfaitement les reflets du crépuscule, les flocons qui commençaient à tomber étaient presque invisibles, cachés par les rayons puissants qui l'aveuglaient.

Reculée de tout, les yeux fixés sur ce spectacle de beauté, elle semblait retrouvée un peu de confiance en elle. Elle devenait peut-être normale, accaparée par ce panorama de rêve orangé. La folie dans ses yeux se résorbait petit à petit, les tremblements de son corps se calmaient alors qu'elle commençait à se détendre, lentement, très lentement…

Explosion de lumière, comme si quelque chose avait soudainement changé dans le paysage. Des ondes lumineuses parvinrent dans le ciel, se mouvant à la façon d'un serpent, représentant comme un dessin. Prenant la forme d'un cercle, elle diffusa sa couleur sur toute la surface des montagnes, et, très vite, la neige devint presque clignotante. Un coup bleu, un coup jaune… Loin d'expliquer de phénomène, Lirys ne faisait que l'observer. On aurait dit plein de volutes de fumée verte dans le ciel, immense. Au loin, le toit de l'Académie, couvert de givre, luisait dans l'horizon, en contrebas de la paroi contre laquelle elles avaient toutes deux grimpée quelques heures plus tôt pour atteindre ce lieu. Ce lieu qui offrait une vue pareille. Rien d'autre n'aurait pu être plus beau que cela, aucun autre cadeau n'aurait pu lui être offert en ce soir. Assise dans la neige, les yeux incapables de se détacher de ce spectacle fantastique. Elle se croyait comme dans un autre monde, un monde féerique dans lequel elle aurait pu vivre libre de ses propres choix. Mais ce monde n'existait que dans ses rêves. Que dans le rêve qu'elle était en train de faire, devant ce précipice empli d'une beauté incomparable.
Peut-être qu'un jour, quelqu'un lui expliquerait ce à quoi elle était victime, ces volutes de fumée vertes et bleues, attirantes, d'une beauté qu'aucun mot ne pouvait décrire. Elle essayait, pourtant, dans sa tête, de trouver les mots parfaits pour demander un jour à quelqu'un ce que c'était. Elle voudrait toujours le savoir, mais ne le saurait jamais car, incapable de décrire ce paysage, jamais de descriptions ne sortiraient de ses lèvres, les seules, abstraites, qu'elle aurait pu monter resteraient pour toujours enfermées dans sa mémoire, sous la clé de ses secrets. De toute façon, on dirait que c'était une hallucination due à sa folie, comme toujours. Mais, à l'instant, elle n'y pensait même plus à cette autre prisonnière de son corps. Toutes deux étaient passionnées par ce phénomène magnifique. Aucun mot ne leur venait, aucune ne tentait de prendre le pas sur l'autre. Egales, elles continuaient de se taire tout en gardant les yeux fixés. L'une assise dans la poudreuse, l'autre dans sa prison dorée à l'intérieur… Mais qui aurait voulu casser ce moment de sérénité qui depuis si longtemps était attendu ? Si quelqu'un était arrivé, si quelqu'un avait aperçu cette jeune fille blonde, les joues cinglées de larmes, assise sur ce rocher en tailleur, les yeux fixés sur un immense dessin dans le ciel, il serait parti, les yeux humides, ne gardant comme souvenir qu'une image de solitude intense et de souvenirs trop durs à porter. Il se serait éloigné de ce lieu où régnait l'envie si forte de rester seule avec un spectacle. Elle considérait cette aurore comme son Aurore et, pendant longtemps, elle l'attendra. Toutes les nuits elle viendra en haut de ce rocher pour attendre son Aurore. Mais ce temps n'est pas encore arrivé, il y a encore tant de choses à faire avant de pouvoir croire à une nouvelle chance. Encore trop peu de temps pour changer d'avis, pour se décider de la voie à suivre. Encore trop de choix à effectuer, tous plus durs les uns que les autres, tous plus douloureux… Encore trop de choses à régler avant de pouvoir s'épanouir, trop de choses perdues à retrouver. Trop de moments impossibles à passer avant de pouvoir venir ici, tous les jours, toute la journée restée assise à attendre.

Non.
Elle avait le temps avant de revenir.
Un temps dont elle ne voulait pas..

Elle avait oublié Elera, passionnée par son Aurore. Celle-ci vint s'asseoir à ses côtés sur le rocher blanc de neige maintenant. Les flocons tombaient de plus en plus vite, de plus en plus fort et avait presque entièrement recouvert les cheveux de Lirys qui, sans bouger, avait laissé ses petites particules tombées sur sa peau, la faisant frissonner, mais elle ne réagissait pas, à vrai dire, elle s'en fichait superbement.
Elle tourna la tête, tandis que l'aurore commençait à s'évanouir dans la beauté de l'heure bleue. Les yeux fixés sur la jeune fille, les deux semblaient beaucoup plus calme.
C'est alors qu'Elera prit la parole, pour s'exprimer de sa voix rassurante.

"Tu vas trouver comment faire, tu verras. Il suffit de chercher. Il te faut la combattre, ou l’accepter comme une partie de toi en la mettant sous contrôle. Tu dois seulement en trouver le moyen. Laisse-moi réfléchir. Et réfléchis, toi aussi. Cherche. "

Elle est drôle, tien. Cherchez, c'est plus simple lorsque l'on sait ce qu'on cherche. Hors, je l'ignore. La combattre, comment… ? L'accepter comme une partie de moi, sans doute une chose plus sage, et plus simple. Mais pour la mettre sous contrôle, ça revient au même que de la combattre. Hélas, je ne savais pas quoi faire. Je devrais vivre avec, pour toujours… A force, je finirai par m'habituer. Heureusement…

Je n'eus même pas le temps d'en placer une qu'elle enchaîna avec ses paroles de réconfort. En fait, j'étais heureuse de la trouver la. C'était presque la seule personne en qui j'avais confiance. Et la seule qui arrivait à me réconforter…

"Quoi que tu ais fais, Lirys… Pardonne-toi. Accepte ton passé, et avance. Relève-toi. Le futur sera différent, et c’est toi qui le choisiras. Libère-toi d’Elle, tu as assez souffert. Tu n’as même pas besoin de souffrir. Alors arrête, ça ne sert à rien… Tu ne peux pas changer ce qui est en pensant à comment ça pourrait avoir été différent. C’est pour ça qu’Elle est là, non ? Pour te punir du passé ? Alors pardonne-toi, et Elle partira… Et sinon, alors dis-moi pourquoi Elle est là. En détruisant la cause, tu La détruiras aussi. Non, tu ne peux pas te détruire toi-même. Mais tu détruiras les doutes qu’Elle te donne, et tu seras vent une fois de plus."

Pas bête…
Même pas bête du tout. Mais… Elle est là pour quoi ? Sans doute pour punir mes choix, pour me punir d'avoir douté de ma voie. Il faut juste que j'arrive à me pardonner d'avoir tué plein de gens ? D'avoir trompé l'Académie ? D'avoir menti à tout le monde, même à Elera qui, pourtant, m'a toujours aidé ? Bien sûr, c'est trèès simple ça ! Mais je sais comment faire… Peut-être ai-je une idée, et une idée pas si stupide qu'elle en a l'air. Il suffit que je fasse ce qu'Elle veut. Que je me lave de mes péchés. Que je dise l'unique et écrasante vérité, même si elle m'apporte solitude et désespoir. Au moins je serais libre d'Elle. Libérée pour toujours.

Le choix se fait de lui-même. Vivre dans la détresse, ou continuer à vivre comme avant, à quelques détails près. Alors, pourquoi douter… Ca ne servirait à rien. Alors à quoi bon…

Silence…

Le choix est fait.

" Je dois me pardonner, tu dis… Me laver de mes péchés et de la détresse que j'ai semée. Alors je dois tout te dire… Absolument tout… Je serais libérée de mes secrets, même si tu risques de partir et de m'abandonner. Même si je ne suis pas sûre que ça fonctionnera, tant pis, je dois le faire. Commençons par le début, je vous ai tous trompés, depuis le début, depuis mon arrivée même. J'ai toujours été l'élève d'un grand Mentaï qui, accessoirement, enrôle d'autres élèves… Ne te fais jamais prendre, surtout. J'ai toujours été de leur côté, jusqu'à aujourd'hui, où j'ai commencé à douter… Mais je ne sais pas ce que je veux, je sais juste que j'ai fait des choses mal, j'ai tué beaucoup de personnes pour arriver à mes fins, et je ne me pardonnerai jamais… "

Libre.
Ou presque…

Brr, qu'est-ce qu'il fait froid ici !
Mais… Je suis où, en fait ? Et qu'est-ce que je fais là ?! Mais ça caille, punaise ! Personne ne peut m'expliquer ce que je fabrique les fesses dans la neige, alors que je me pèle comme pas possible ? Mais merde c'est quoi cette lumière là ? Ca m'aveugle ! Eteignez les phares ! Mais arrêtez ça ! Ce silence là, y a personne ou quoi ?! Pourquoi est-ce que je suis toute seule… Venez m'aider ! Je veux pas mourir, je suis trop jeune ! Venez !!! Non !
Non… Non… Non… Non… Nooon !
Au secours ! A l'aide !

Stop !!!!!!!!!

Lirys se débattait dans la neige, sous le regard ahuri d'Elera. Elle se releva en sursaut et épousseta la neige qui la recouvrait presque entièrement avant de trembler ostensiblement malgré l'épaisse cape en laine épais qu'elle portait sur le dos. Elle s'avança, essayant de marcher. Mais apparemment, la guerre avait repris. Elle ne marchait pas droit, s'arrêtant par à coups, puis reprenant lentement. Elle s'appuyait à tout ce qui lui tombait sous la main.
Elera, apparemment plongée dans ses réflexions, ne remarquait rien de ce qui était en train de se tramer sous ses yeux. Invisible, Lirys continuait sa progression vers les sommets.
Personne ne pouvait comprendre ce qu'il se passait dans sa tête. Elle recommençait à devenir folle. Libérée de son Maître, ça ne changeait rien au fait qu'elle était devenue totalement timbrée. Il fallait qu'elle se rende à l'évidence. L'Autre était partie, mais ça ne changeait rien au fait qu'elle était différente. Et pas dans le bon sens, oh non…
Surtout pas.



Bon, c'est pas qu'on se les gèle là, mais juste un peu en fait… Allez, plus que quelques mètres et on est à la maison ! On sera au chaud près de la cheminée, avec grand-maman ! Et on pourra partager sa galette… Miam ! Bon allez, j'enfile ma cape rouge, sinon mère-grand pourra pas me reconnaître. Elle est là-bas ! En haut de cette colline ! Oulalah… Faut que je fasse attention au grand méchant loup… S'il m'attrape, il va me manger ! Allez, je cours sur les derniers mètres…
Aïe ! Mais QUI a mis cette branche en plein milieu de la forêt ! Je veux des noms, dénoncez-vous ! Bon, puisque vous êtes tous des trouillards, je vais juste la déplacer et continuer ma route !

Mais… Mais… Elle est lourde ! Elle bouge pas !



Quiconque serait passé par là aurait pu apercevoir une jeune fille aux longs cheveux blonds, devenus ternes. Une fille à la tignasse coiffée totalement en bataille, avec des mèches partant dans tous les sens. Une fille aux yeux gris métallique, injectés de sang, recouverts d'une étrange voile opaque. Une fille en train de pousser vainement un énorme rocher, dialoguant avec la neige.

Mais il n'y avait personne…



Si
Allez, bouge de là ! Je dois passer pour amener son repas à ma mère-grand ! Sinon elle va mourir de faim… Allez, dégage ! S'il te plaîîîît ! Bon, puisque c'est comme ça, tu vas voir !

AÏE !



Lirys commençait à shooter sans relâche dans le rocher qui lui coinçait la route. Encore que coinçait était un grand mot, car il lui aurait suffit de le contourner pour passer et continuer son chemin. Elle semblait pourtant très calme, le poussant avec l'énergie du désespoir. D'un coup, elle tomba…



AÏE ! C'est froid, la neige… Et ça fait vachement froid aux fesses quand on tombe dedans, allez courage… On se lève, on continue… Oh ! La branche a disparu ! Youpi ! Allez, on remonte.
Un deux, un deux, un deux, un d…
SBLAM !
Mince, j'aurais du faire plus attention, me voilà le nez dans la neige. Brrr… Punaise j'ai froid… Quelle horreur… Je veux rentrer chez moi, sortez moi d'ici, par pitié… Je ne veux pas, il fait trop froid, je veux rentrer à la maison… Mère-grand vient me chercher. Je t'en pris…

GRAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAOUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUH !

Ola ! C'était quoi ce grognement dans mon oreille… Le grand méchant loup ! Noon ! Je sens son souffle chaud contre ma nuque, ses dents pointues vont me dévorer… Au secouurs ! Non, non, non !



Quiconque serait passé par là à cet instant aurait aperçu la même, exactement la même jeune fille, en train de se mettre à courir comme une dératée, coursée sans relâche par le pigeon qui venait de se poser sur son épaule…



Blanc.
Noir.
Blanc.
Noir.
Wahou, ça clignote !



Ben… Qu'est-ce que je fais là ? Pourquoi suis-je en haut de cette colline, coursée par un pigeon, le pied cassé ? Qu'ai-je fait ? Encore une crise de folie… J'ai du me prendre pour quelqu'un d'autre…
Je comprends maintenant ce qui m'attend, pour l'éternité.
Je redescends le plus vite possible auprès d'Elera qui, les yeux clos, n'a rien remarqué. Ouf…
A peine j'arrive, elle ouvre les yeux. Elle me fixe, comme si elle venait de prendre une grande décision. Comme si quelque chose d'évident venait de s'ouvrir à elle. Je lui devais beaucoup. Grâce à elle, j'avais réussi à me libérer de l'Autre. Malgré tout, elle ne pouvait plus rien pour moi, je resterai ainsi toute ma vie… Tant pis. Je survivrai pour elle, je lui ai promis et je tiens toujours mes promesses, folle ou non.
Alors, elle parla…

" Moi, je te pardonne… "

Soudainement libérée d'un poids, le poids de la perte. Lirys comprit que, désormais, la jeune fille serait toujours là pour elle. Elle savait qu'elle ne la dénoncerait pas à Valen, mais elle comprenait que ce soit dur. Elle aussi, avait été victime d'un choix semblable quelques heures auparavant, et elle savait que ce n'était pas facile à prendre.
Dénoncer Lirys à Valen… Dénoncer celle qui lui avait fait confiance, qui lui avait tout avoué aujourd'hui, ou rester ainsi, et garder cette conversation secrète, n'en parler à personne… Malgré tout, Lirys savait parfaitement que la jeune Lotra prendrait la bonne décision, et qu'elle tairait toute cette journée à tout le monde, surtout à Valen.
Ce n'est pas nouveau, la Corbac et le Maître d'Armes n'étaient pas vraiment des " grands copains ". C'était certain. Raison de plus pour ne rien dire. A tous les coups, la jeune fille se ferait enfermer dans leur salle de torture pendant des mois. Elle deviendrait définitivement folle et ne s'en sortirait pas… Non, elle ne pouvait pas.

Lançant un regard suppliant à la jeune fille, celle-ci sembla comprendre ce qu'elle ressentait, si bien qu'elle lui adressa un sourire rassurant. Un discret soupir de soulagement sortit des lèvres de Lirys, tandis que la Lotra disait.

" Lirys, qu’est-ce qu’on va faire maintenant ? A part rentrer pour éviter d’être enterrées sous la neige."

Lirys n'eut rien besoin de dire, elle acquiesça simplement d'un signe de tête et elles partirent toutes les deux vers l'Académie, évitant de justesse l'orage qui débutait derrière la chaîne de montagnes. Lorsqu'il arriverait sur la colline où elles étaient, il n'aura rien d'autre à emporter qu'une longue cape rouge accrochée à un rocher sur le sol…