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| Au coeur du tumulte (RP terminé) | |
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Messages : 474 Inscription le : 21/04/2007 Age IRL : 94
| Sujet: Au coeur du tumulte (RP terminé) Sam 29 Sep 2007 - 1:05 | | | Une tempête de doutes et de suspicion planait sur l'Académie du célèbre Merwyn Ril'Avalon depuis quelques semaines déjà . La guilde des mercenaires, qu'on croyait trop désordonnée ou éparpillée pour représenter un quelconque danger, attaquait le coeur même du système académicien . La guilde...à vrai dire, on soupçonnait un seul homme, entraperçu selon les dires de certains aux abords de la propriété, rôdant et disparaissant avec le vent . Si un seul être pouvait provoquer tant de discorde, qu'est-ce que trois ou quatres représenteraient ...? Une perspective inquiétante pour une menace grandissante . La chasse aux traîtres avait débutée ; les soupçons allaient bon train...
Accaparée par ses troubles intérieurs, Alasa n'avait même pas pris conscience de l'atmosphère d'attente et d'angoisse qui planait dans l'air, palpable . La jeune fille venait désormais au lac chaque jour, habitude prise lors des heures d'espoirs et de désillusions passées . Qu'il pleuve, qu'il vente ou qu'il neige elle était là, perdue dans son monde intérieur, son corps souple et juvénile à la merci du froid et des éléments qui la traversaient sans l'atteindre . Le lac était toujours aussi sombre, si calme et si profond...toujours noir, immense et serein . Comme aux premiers jours . Parfois, lorsque les bourrasques reprenaient elle se levait, et là, près de la forêt, il lui semblait apercevoir la silhouette indistincte d'un homme aux cheveux clairs qui lui lançait un regard ironique avant de disparaître dans un nouveau souffle, comme une bougie qu'on éteint .
Tant de doutes, tant de questions.... Elle n'avait même pas conscience de faire partie des "traîtres", enluminée qu'elle était dans ses pérégrinations internes . Elle ne jetait même plus aux gens ses éternels regards haineux, mangeait encore moins que d'ordinaire et ne ressortait que rarement son poignard, quand elle ne l'oubliait pas dans quelque recoin de terre sèche . Complètement coupée du reste du monde . Et pas seulement à cause de cette rencontre qui n'aurait jamais du avoir lieu .
Alasa porta les baies à sa bouche avant de les mâchonner sans grand enthousiasme . De la viande, voilà ce qui lui manquait . Mais elle ne se sentait pas d'humeur à en chercher . Elle contempla son reflet, se concentrant sur sa mâchoire afin de vérifier qu'elle ne s'arrêtait pas de mâcher sans s'en apercevoir, chose de plus en plus fréquente . L'automne approchait à grands pas . Ce serait peut-être l'occasion de se remettre en route...mais rien n'était moins sûr . La corbac se leva, grimaça quand son bras droit s'appuya au sol gelé ; voilà maintenant trois jours que cette vieille cicatrice la faisait souffrir . Pas normal, ça . Il lui faudrait aussi fabriquer un semblant de fourreau pour son couteau . Et puis peut-être... ...et puis peut-être s'interroger sur l'identité de la personne qui se trouvait en face d'elle .
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| Sujet: Re: Au coeur du tumulte (RP terminé) Sam 29 Sep 2007 - 21:46 | | | C'était sans doute le jour le plus venteux de toute l'histoire de l'académie. Pourtant, Marlyn avait choisi ce jour, ou plutôt cette nuit en plein jour. Le soleil disparaissait derrière les nuages couleur d'encre, annonciateurs d'une violente tempête. Elle marchait, la capuche pour une fois sur les épaules, son visage offert au souffle du vent. Elle marchait, sur la rive Est du lac, le col remonté. En ce moment, l'académie était en état d'alerte. Des rumeurs se répandaient, comme un vent de chaos sur les élèves apeurés. Les histoires les plus extravagantes circulaient. Certains disaient que les Mercenaires allaient attaquer par centaines. D'autres racontaient que Merwyn lui-même avait passé une alliance avec un Mentaï pour protéger l'académie des attaques. L'apprentie méchante-pas-belle sourit. Elle avait devant elle le parfait exemple de comment on crée une vaste panique. Mais, se savant très surveillée par Valen Til'Lleldoryn, ou Slynn Ar'Kriss, elle n'avait pas cherché à répandre encore plus la peur parmi les élèves de première année. Tant pis. Pourtant... Quelle satisfaction que de voir ces petits visages pâlir à ses mots...que de voir leurs grands yeux innocents scruter chaque camarade, comme pour vérifier qu'ils n'étaient pas Mercenaire... Elle sourit à nouveau. Depuis qu'elle avait parlé à son Maître, elle se sentait plus forte et plus sûre d'elle. Elle ouvrit son esprit à l'Imagination, caressa mentalement les Spires, observa les possibles qui s'offraient à elle, et composaient sa puissance. Elle caressa lentement, sous sa tunique, la fine cicatrice sur son épaule, une parmi d'autres, et qui pourtant comptait plus à ses yeux que les autres. Par cette cicatrice, elle était désormais liée à lui, d'un pacte imbrisable.. Marlyn eut une soudaine envie de hurler. Pour dire au Monde que quand on veut, on y arrive.. Mais cette envie, elle la réfréna, la cacha à l'intérieur de son masque, à l'intérieur de son coeur. Si coeur elle avait encore.... Alors qu'elle arrivait à la fin de la rive, là où forêt et sable combattaient dans une lutte millénaire pour prendre du terrain sur l'autre. ce spectacle majestueux la laissa pensive un moment. C'était une lutte de volonté. Tout comme elle. Son âme était toujours divisée, entre deux camps. Bien que aucun remords ne la rongeait, elle doutait, de son avenir. Incertain.... Sombre... Mystérieux... Surement marqué par les morts, les douleurs, et les pertes...C'était le prix à payer...pour le Chaos... Relevant la tête, elle avisa d'une forme, au loin, à la lisière de la forêt. Qui apparament se dirigeait vers le rivage. Autrement dit...dans sa direction... L'apprentie Mentaï se raidit. La contact avec les académiciens lui causaient de plus en plus de haine. Les voir sourir, les voir s'amuser...tant d'âmes qui ne demandaient qu'à être détruites...ou corrompues... Si seulement elle n'était pas aussi surveillée...elle pourrait respirer...
Détournant les yeux de la silhouette qui se rapprochait, elle monta sur un rocher, non loin de la lisière, à portée de main des feuillages. Les montagnes se profilaient, au loin, comme autant de barrières granitiques. Derrière ces montagnes se tenait cette Antre...ce lieu qui était maintenant pour elle comme un refuge...l'endroit où elle avait retrouvé quelqu'un à qui se confier, quelqu'un qui la respectait.... Avec un dernier regard pour les faîtes des montagnes, elle baissa les yeux, et prit un petit caillou, par terre. Un galet. La jeune fille se soupesa, et le lança de tout ses forces, dans l'eau miroitante du lac. Elle sentit une présence auprès d'elle. La personne s'était rapprochée. Malgré la mauvaise luminosité, elle reconnut les traits sauvages de la sauvageonne, Alasa Sil'Shimay. Depuis peu, Marlyn l'observait, et avait remarqué des changements. Infimes, mais perspectibles... Depuis leur dernière rencontre, quelque chose l'intriguait. Des questions sous-entendues... L'apprentie Mentaï se leva, et se trouva en face de la Corbac. Qui ne la vit pas...
- Je te salue, Alasa.
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| Sujet: Re: Au coeur du tumulte (RP terminé) Sam 29 Sep 2007 - 22:27 | | | Marlyn Til'Asnil . Etonnament, la vue de la jeune femme n'apporta pas à la corbac l'agacement et le mépris qu'elle éprouvait habituellement en sa présence . Juste un léger sursaut, qui expira aussi vite qu'il était venu . Elle n'avait ni porté la main à son poignard, ni exprimé sa méfiance à travers une posture habituellement rigide .
Ce n'était que la troisième fois que les chemins des deux filles se croisaient . Et à chaque fois, la dessinatrice semblait être autre.. Toujours les mêmes cheveux ébènes, toujours le même regard sombre, pour tant de différences inexplicables . Son attittude ? Sa façon de marcher, de parler ? Impossible à savoir .
Alasa secoua la tête, comme émergeant d'un rêve particulièrement étrange, et contempla avec incrédulité les lourds nuages menaçants amoncellés aux alentours des pics ; le vent n'était que rafales, le lac agité de soubresauts dansait lentement en un mouvement hypnotique . Elle n'avait pas vu le temps changer . Et elle ne se rappelait pas avoir ordonné à ses jambes de la mener à l'orée des bois .
La poussière se souleva soudain avec une telle brusquerie que même les arbres gémirent ; quelques oiseaux prirent rapidement leur envol, perles de vie fragiles ballotées par la tempête . La corbac ferma les yeux ; même plus la force de se protéger le visage...décidément, quelque chose n'allait pas .
Elle ne répondit évidemment pas au salut de Marlyn . Mais ce n'était pour une fois pas par mépris . Peut-être n'avait-elle tout simplement pas entendu... Difficile de reprendre pied avec la terre . Les baies avaient depuis longtemps glissé de sa main glacée, traînant dans le sable leur chair juteuse couleur nuit . Il faudrait peut-être même prévoir des chaussures . La saison froide serait plus rude qu'il n'y paraissait . Et prévenir Kalim que...
La jeune fille vacilla ; qu'est-ce qu'elle racontait ? Elle n'irait nulle part, Kalim était mort depuis longtemps et ces fichues baies avaient disparu... Ce fut seulement alors qu'elle reprit conscience de la présence de la félixia en face d'elle . Elle avait parlé, du moins il lui semblait . Quand à ce qu'elle avait dit... le sens des mots s'échappait, aussi insaisissable qu'un poisson argenté dans le courant .
A l'heure ou la méfiance planait, à l'heure ou régnaient soupçons, surveillance et délation, le vent soufflait . Comme toujours . Juste un peu plus fort, pour illustrer les sentiments de ces créatures insignifiantes communément appelées humains .
Alasa voulut poser une question ; les mots se mélangèrent, jouèrent, s'évanouirent, reprirent vie sous une consistance et signification toute autre :
-Qu'est-ce qui se passe ?
Dans ma tête, dans le vent, dans cette foutue académie . Qu'est-ce qui se passe, que fait-tu là et qui es-tu vraiment . Qu'est-ce que je fiche ici et pourquoi . Pourquoi je n'arrive pas à dire autre chose qu'une phrase stupide sans rapport avec le reste .
La tourmente siffla . Immuable .
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| Sujet: Re: Au coeur du tumulte (RP terminé) Dim 30 Sep 2007 - 13:05 | | | Qu'est-ce qui se passe ?
Le vent déchaina sa puissance millénaire sur l'Académie. Les arbres ployèrent, ballots de paille dans la tempête. Les oiseaux luttaient vaillament, mais durent renoncer, et se poser, les plumes hérissées, sur les rochers qui affleuraient à la surface du lac. Deux silhouettes, pourtant, se faisaient face. Les mêmes cheveux ébène...les mêmes visages sombres et sauvages...Les mêmes attitudes...ou presque... Deux êtres, que le destin réunissait pour la troisième fois...et qui pourtant ne semblaient pas vouloir accepter ce sombre sort.... Marlyn regarda autour d'elle. Quelques élèves se pressaient de rentrer à l'abri des murs, apeurés par la tempête qui se levait. Le premier éclair déchira le ciel, déjà noir d'encre. Le tonnerre gronda, fort, et majestueux. e son fit le tour de la vallée, comme autant de cailloux qui roulent dans une boîte... Pas une des deux âmes qui se faisaient face ne bougea. Pas un signe de peur, ni d'inquiètude. La pluie commença de tomber, transformant le sable de la rive en une espèce de marais, dans lequel leurs vêtements trempaient. Un temps qui présageait beaucoup de jours sombres, dans cette glorieuse académie... Marlyn ne chercha pas à rabattre sa capuche, et laissa la pluie s'infiltrer dans ses cheveux, tandis qu'elle regardait autour d'elle, pensive. Alasa avait surement raison, en posant cette question. Que se passait-il ? Le temps était sombre, en ces jours d'automne. Les élèves ne sortaient plus, ne riaient plus. C'était comme une chappe de ténèbres qui semblait les avoir pénétrés. Ils se méfiaient, craignaient de parler, de rencontrer plusieurs personnes. Dont elle et la jeune Corbac... Ce qui voulait dire...que Alasa aussi était... Impossible... Quoique.. Le caractère sombre de la jeune fille semblait enclin à être détourné du droit chemin...Si droit chemin il y avait... Marlyn détourna les yeux des éléments en furie, pour les poser sur la silhouette de la Corbac. Tant de secrets...elle avait croisé la route d'un être qui avait fait d'elle ce que elle-même était devenue...sombre... Marlyn fixa le visage d'Alasa. Dans ses yeux brillaient le même éclat de haine, et de perdition...dans ses expression, la même attitude perdue...Il n'y avait plus aucun doute. Le Mentaï qui était son Maître avait converti la Corbac. Un allié de plus... L'apprentie Mentaï caressa pensivement la marque sur son épaule, comme pour s'assurer qu'elle était toujours là. Rassurée, elle scruta l'horizon. L'orage approchait. Le ciel se déchira à nouveau. Un éclair apparut, et vint frapper la cime d'un arbre, dans la forêt, l'embrasant, tel une torche. Le feu fut rapidement éteint par la pluie battante. Le son du tonnerre rendit l'athmosphère encore plus...plus..étrange... Tous ses doutes s'envolèrent avec le vent. Marlyn répondit à la question d'Alasa, d'une voix étrange, comme fascinée :
Il se passe que bien des gens craignent les ténèbres...les ténèbres qui en ce moment-même envahissent le monde...Tu m'y aideras....Je l'espère...Il se passe que tu as fait un choix....
Sachant parfaitement que la jeune sauvageonne comprendrait parfaitement l'allusion, Marlyn tourna la tête. Personne dans ce parc immense. Elles étaient seules...seules au milieu des éléments déchainés...
Tels ces hautes montagnes qui, dans l'écoulement lent du temps, continuent leur destin....
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| Sujet: Re: Au coeur du tumulte (RP terminé) Dim 30 Sep 2007 - 19:35 | | | Le ciel éclata, laissant tomber sur son opposé de terre et de poussière de lourdes gouttes glacées . Etrange similitude, interprétation troublante des temps changeants...le temps du chaos ? Les êtres vivants se terrèrent, s'abritèrent et se turent, laissant toute la colère de la nature s'exprimer, laissant la vie leur rappeler leur insignifiante existance plus fragile qu'un fétu de paille . Les deux humaines présentes dans ce paysage sauvage de fureur déchaîné ne firent pas un geste pour se protéger des trombes d'eau aux senteurs d'automne qui trempaient leurs cheveux détachés .
Le dernier élève disparut bientôt sous l'abri accueillant du porche en marmonnant une phrase indistincte couverte par le mugissement de la tourmente . Le lac se souleva lentement, balançant de façon menaçante ses flots noirs et lourds . Un cheval hennit quelque part, sa terreur vite étouffée dans le bruit de la foudre s'écrasant sur un pin . Une odeur de souffre flotta dans l'air lorsque l'arbre centenaire s'embrasa ; fascinée, Alasa regarda la foudre prendre possession de l'être, sentit presque le cri de désespoir du connifère flotter dans l'air, inutile . La lueur des flammes dansa un instant sur le visage de Marlyn ; la corbac y vit une expression étrange, un rien familière...avant que la pluie n'éteigne l'incendie . La jeune fille se secoua de nouveau, reprenant peu à peu ses esprits ; mais étrangement, la boule de haine et de rancoeur habituellement coincée en travers de sa gorge ne refit pas son apparition . Elle reviendrait . Elle revenait toujours . En certaines circonstances, cela prenait juste plus ou moins de temps .
Alasa entendit à peine les paroles sussurées par la dessinatrice tant le ciel tonnait . Paroles qui l'étonnèrent un peu : ainsi, elle avait deviné ? Elle n'imaginait pas la jeune femme assez fine pour le comprendre . Il faut dire que, depuis leur dernière rencontre, elle en avait gardé piètre opinion . Peut-être lui faudrait-il réviser son jugement .
La jeune fille ne fit pas un mouvement indiquant qu'elle avait compris ; cela allait de soi . De nouveau, la félixia l'étonna, cette fois par les intonations étranges de sa voix, qu'on devinait aisément malgré le vacarme, sans doute du fait de leur inhabitualité . Ainsi, c'était bien Dolohov que la jeune femme avait rencontré . Quel but poursuivait-il vraiment, celui-là ? Ses ambitions ne se bornaient sûrement pas à guider des jeunes esprits sur sa prétendue "Voie" . Un mystère de plus pour ces temps étranges...à laquelle il n'était logiquement pas étranger .
Alasa regarda de nouveau son aînée, pensive . Elle aurait voulu savoir ce que Marlyn avait reconnu en l'homme mystérieux ; lui avait-il sorti les mêmes mensonges qu'à elle ? Les avait-elle crus, elle aussi ? Ou au contraire, avait-elle su démêler la vérité du reste ? Lui faisait-elle confiance ? Oubliant son désir d'être seule, de s'enfuir et de tirer un trait sur cette histoire, la jeune fille murmura à l'adresse de l'apprenti mentaï, trop faiblement pour être entendue mais assez distinctement pour qu'on puisse lire sur ses lèvres :
-A toi, que t'as-t'il dit ?
Les relents inexplicables de folie s'étaient évaporés . Mais la boule de colère et de doute à peine maîtrisée avait, elle, progressivement repris sa place...
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| Sujet: Re: Au coeur du tumulte (RP terminé) Dim 30 Sep 2007 - 20:53 | | | Alasa avait compris... Marlyn s'en doutait. LA Corbac, malgré son air sauvage, possédait une finesse hors du commun. Qui donc se dissimulait derrière cette apparence de violence et de barbarie ? Marlyn était intriguée. Tant d'intelligence cachée au reste du monde...Elle venait seulement de s'en apercevoir. Mais...c'était surprenant. Habituée au monde de la violence, Marlyn n'avait jamais appris la finesse, et l'art de faire croire aux autres son ignorance. C'était une méthode de survie comme une autre...autrement plus efficace que d'autres.... Son visage, pourtant, ne trahissait pas son étonnement. Son Maître lui avait appris l'art du masque. Il était grand temps qu'elle le mette en pratique, dans toutes les situations. Seulement... Le regard que lui lança la Corbac la désarçonna un peu plus. Alasa savait, elle aussi, ce qui était arrivé à Marlyn. Que de mystères irrésolus...que de choses à cacher...seule la frêle humaine qui se tenait en face d'elle en cachait autant...sinon plus...
Le vent qui soufflait tel un soufflet de forge hurlait, comme autant de plaintes déchirantes dans l'âbime...Au loin, un incendie commençait. La foudre avait fait une victime de plus. L'arbre se consumait, crépitant dans le silence lourd qui s'était installé entre les deux filles. Marlyn garda les yeux fixés sur la disparition de cet être millénaire, un chêne brave, qui pourtant ne pouvait rien faire face à la furie destructive du feu qui le dévorait lentement. La loi du plus fort...une idée simple, mais qui était hélas vraie. Le feu atteignit les branchages d'un autre arbre, et l'apprentie Mentaï vit cette force à l'oeuvre. Les feuilles se consumèrent. L'arbre s'abatit au sol, vaincu par le brasier. La pluie acheva de détruire la frêle écorce consumée, avant de reprendre ses droits, et d'éteindre à nouveau les flammes. L'apprentie Mentaï entendit à peine les paroles de la jeune Corbac, tant elle était fascinée par ce spectacle de la nature, par la lutte millénaire qui opposaient les éléments.
Que lui avait-il dit....Beaucoup de mots...beaucoup d'impressions... Elle ne savait pas.. L'apprentie Mentaï repensa aux moments, rares, qu'elle avait passé avec lui. Ces courts instants où elle avait en face d'elle quelqu'un qui la respectait... Marlyn secoua la tête. Les souvenirs affluaient dans sa tête, comme pour être le premier à ressurgir.. Leur rencontre... Une vague de douleur la saisit, lui oppressant le coeur. Tant de choses passées...et qui pourtant n'étaient rien...Tant de paroles envolées...et qui pourtant restaient gravées dans sa mémoire.. En lui offrant sa seule chose qu'elle avait, sa liberté, elle avait trouvé la voie qui depuis toujours l'appelait, et guidait ses mouvements. Il lui avait offert sa confiance, et son savoir. Elle avait accepté... A cette époque, elle était encore la jeune fille perdue, qui croyait que seul la lumière pouvait l'aider...Depuis, elle avait changé.. Seulement, cette rencontre lui rapellait autre chose. Sa haine envers Slynn. Son épaule la picotait toujours, incapable de cicatriser. Incapable d'oublier... Sa haine remonta, alors qu'à nouveau les éclairs déchaînèrent leur furie dans la tourmente du ciel. Tachant d'oublier pour un moment la rancoeur tenace qui lui broyait le coeur, elle continua de se souvenir. Son cours... Qui avait été plus qu'un simple cours.. Elle avait appris à se connaître, à redécouvrir l'immense potentiel qui la possédait. Marlyn avait appris que seul l'image compte...il lui faisait confiance. Il était fier d'elle. Elle...elle...lui avait tout donné...son nom...son allégeance... Il était le seul homme à qui elle obéirait, le seul être humain à jamais pouvoir la contrôler...
Une explosion de lumière la tira de sa rêverie. Un éclair avait frappé la surface du lac, provoquant une réaction phénoménale. La lourdeur était si dense que les deux filles pouvaient sentir l'éléctricité dans l'air.... Alasa la regardait. De ses yeux étranges. Un éclat de folie brillait dedans, une folie douce... Que se passait-il dans la tête de la Corbac...Que lui avait-il dit, à ELLE ? L'apprentie Mentaï posa ses yeux noirs sur le visage sombre de la jeune fille. Sa voix, rendue quasi inaudible par le tumulte incessant des éléments, s'éleva, alors que pourtant ses lèvres ne bougeaient presque pas :A moi...il m'a offert sa confiance..par sa seule voix, il m'a montré l'étendue de sa puissance...Il est mon Maître... Elle n'eut pas l'occasion de continuer sa phrase. Non loin de là, un oiseau, qui tentait bravement de combattre les éléments, venait d'éviter de peu un éclair. Ses ailes battaient vaillament. Pourtant... Tôt ou tard... Il mourrait... Non.... Elle ne laisserait pas les éléments en furie détruire cette frêle vie. D'un pas souple, elle lutta contre le vent mugissant qui infiltra ses vêtements. La frêle boule de plumes perdait progressivement de l'altitude, vaincue et épuisée. L'apprentie Mentaï leva le bras, et cueillit presque le volatile, qui s'effondra dans sa paume. C'était un moineau. Grand comme une main. La vie l'avait presque quitté, quand Marlyn le saisit. Elle ferma délicatement les doigts, protégeant de sa chair l'oiseau. Puis revint vers Alasa. Le vent soufflait toujours dans sa cape. Elle n'y fit plus attention. Elle qui avait désormais un coeur vide...la voilà qui volait au secours d'un être insignifiant....Que se passait-il ? Soudain, elle comprit. Mais.. C'était impossible...Cela ne pouvait pas...
Marlyn n'en revenait pas....La ressemblance était trop frappante pour être autre... Cet oiseau...c'était elle...avant...perdue et solitaire...bravant la colère des directeurs... Son Maître l'avait repéchée...comme elle venait de le faire avec le volatile...il lui avait donné sa confiance....Elle lui était à jamais redevable...
L'apprentie Mentaï releva des yeux sombres vers la Corbac, et reprit :Il m'a sauvée...comme cet oiseau..Tu ne pourras sûrement pas comprendre...Elle se tut, et ouvrit légèrement les doigts, pour observer l'oiseau, qui grelottait. Si frêle....[inspirée ce soir dites-moi ] |
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| Sujet: Re: Au coeur du tumulte (RP terminé) Mar 2 Oct 2007 - 15:32 | | | [Je vois ça... essayons d'en faire autant ] La furie des éléments, toujours . Le vacarme et les plaintes incessantes des grands pins gémissant sous la tempête, les éclairs déchirant le ciel . Le vent, de plus en plus violent, la foudre aux odeurs d'incendie et la pluie, glacée, torrentielle . Et le lac . Le lac sombre qui ne daignait mobiliser la toute-puissance de ses eaux seulement pour créer quelques vagues menaçantes replongeant dans l'oubli à la vitesse même ou l'on les créait . Cette simple étendue d'eau noire . Alasa aurait aimé savoir pourquoi c'était toujours sur ses rives que le destin la croisait, sous forme de visages humains à part qu'elle aurait du haïr...Quelques mois après son arrivée, d'abord . Lorsque sur ce même sable râpeux, de l'eau avait coulé de ses yeux pour la première fois depuis des années . C'était ce soir-là que la fille était venue . La seule humaine entraperçue qui parlait un langage presque normal...qui l'avait apaisée, alors qu'elle aurait du faire exploser sa colère trop longtemps contenue . La deuxième fois, il y avait maintenant une semaine tout au plus . Celle qui avait laissé le plus de doutes dans son sillage . Deuxième rencontre avec le prédateur . Rencontre scellant définitivement le destin de la jeune fille, dans un sens ou un autre . Et la troisième fois, c'est-à-dire aujourd'hui . Sous la tourmente de plus en plus violente, la troisième rencontre avec Marlyn...qui changerait sûrement quelque chose, quelque part .Le ciel s'ouvrit de nouveau dans sa largeur pour laisser passage à une immense flèche de feu qui s'écrasa dans un grondement terrifiant sur ce même lac . Le coeur battant la chamade, prête à s'enfuir, la sauvageonne assista en silence à l'explosion irréelle qui suivit l'impact ; l'électricité chuinta dans l'air, presque palpable .S'enfuir, courir, s'abriter . Trop dangereux . Loin de cette flamme qui ne peut pas exister, loin de cette humaine que tu es censée détester, loin de cette histoire qui ne t'a jamais concernée...Deux adolescentes inconscientes sous l'orage, chacune prise dans le feu de ses chaotiques sentiments . Quelle angoisse est plus difficilement supportable que les questions sans réponses ? Quelle cap est plus déchirant à passer que celui ou tout peut changer ? Quelle créature peut douter plus douloureusement qu'un jeune être vivant ? Se croire unique au monde, pourquoi pas...à condition de savoir supporter le poids de cette volontaire mise à l'écart .Alasa réussit quelques minutes à faire taire son instinct de survie ; se laisser porter par cette force, c'est tout . Se laisser traverser, passer au milieu de tout ça sans se faire anéantir . Voilà...Elle eut du mal à saisir les mots prononcés par Marlyn tant le tonnerre était puissant ; mais l'essentiel se lisait dans les gestes inconscients faits par toute personne communiquant, par sa posture, par son corps entier . Par contre, impossible de lire sur son visage...une caractéristique que la corbac n'avait vu que chez Dolohov . L'enseignement semblait porter ses fruits, si c'était bien du "prédateur" que venait ce savoir...Alasa fronça preque imperceptiblement les sourcils à l'évocation du mot "maître" ; c'était bien ce qu'elle craignait . La jeune dessinatrice parlait du mentaï avec une sorte d'adoration et de fascination qui lui parurent étrange ; que l'héritier des Zil'Urain ai vraiment offert sa confiance à une élève l'étonnait...ou il était vraiment fin manipulateur (ce qu'il était, à n'en pas douter), ou il ne procédait pas de la même façon avec toutes ses proies...la jeune fille secoua légèrement la tête . Non . *Je me suis fait piéger, mais je n'ai pas pu me tromper à ce point . C'est un solitaire...*Qu'importait, de toute façon ? Voilà que ce maudit mentaï revenait la narguer en pensée même lorsqu'il était absent .Elle eut un regard glacé à l'égard de la félixia ; comment pouvait-on se laisser manipuler à ce point ? Comment pouvait-elle éprouver tant de... ...fascination . Le mépris disparut de yeux sombres d'Alasa, vite remplacé par une sorte de dégoût retourné contre sa personne . Fascination...un mot qui résumait cruellement ce qu'elle-même éprouvait à l'égard de Dolohov, malgré la haine et méfiance omniprésentes . Nul doute que toutes ses "proies" ressentaient la même chose . Et la sauvageonne refusait de ressentir comme tout le monde .On n'efface pas les sentiments...masque-les, déguise-les, mens-toi de nouveau, cela n'y changera rien...Un oiseau battait faiblement des ailes, son petit corps agité de soubresauts sous le ciel en furie . Il n'avait pas eu le temps de s'abriter ; surpris comme les autres par le changement de temps brutal, sa vie s'échappait avec ses dernières forces de tout côté, emportée peu à peu par les bourrasques impitoyables .Alasa n'y aurait même pas fait attention si Marlyn ne s'était pas soudainement dirigée d'un pas décidé vers le moineau aux portes de la mort ; sous le regard étonné de la jeune fille, elle le saisit délicatement dans sa paume et referma doucement les doigts avant de revenir se placer en face de son interlocutrice . Qui ne l'aurait jamais cru capable de faire cela... Avant qu'elle ai pu prononcer un mot, une douleur vivace vrilla impitoyablement le bras droit de la corbac qui se plia en deux, son membre blessé serré à hauteur des hanches . Souvenirs . Dire qu'elle n'avait même pas tué le gros porc...foutue femme . La douleur reflua en quelques secondes ; Alasa lâcha son bras, laissa glisser son regard sur l'entaille à peine cicatrisée faite par le couteau d'un certain homme aux cheveux clairs, il y avait moins d'une semaine ...Arrête d'y penser !Les nuages se faisaient de plus en plus menaçants ; roulant leur redoutable masse en une seule entité grondante, ils crépitaient d'électricité dans l'air lourd de l'après-midi . D'ailleurs, était-ce vraiment l'après-midi ? Rien n'était moins sûr....il aurait pu aussi bien faire nuit .Les deux adolescentes avaient maintenant les yeux fixés sur l'oiseau, et chacune devait le trouver si fragile... Nul doute qu'il serait mort depuis une minute au moins si les mains de Marlyn ne lui avaient procuré la chaleur minimale pour survivre . Une once de respect à l'égard de l'apprentie mentaï germa dans le coeur d'Alasa ; la jeune femme n'était peut-être pas si égoïste, pour sauver la vie de ce petit être misérable...d'autres ne l'auraient pas fait à sa place....y compris la dernière des Sil'Shïmay . C'est pourquoi sa voix se fit moins cassante tandis qu'elle murmurait en une réponse inutile :-Je peux comprendre....seulement jusqu'à un certain point .Mais elle ne précisa pas ou commençait le "certain point" . La foudre tomba de nouveau, cette fois si près qu'une brève décharge électrique fit frissonner la peau des trois êtres vivants . L'oiseau, étonnament, avait survécu à ce petit choc qui aurait du suffire à le tuer...-On devrait aller se mettre à l'abri plus loin, ou je ne donne pas cher de notre peau . Inconsciente ? Oui . Souvent . Mais il y avait quand même une prudence des plus élémentaires à respecter, si on voulait traverser une partie au moins de la vie... Les éclairs se rapprochant, la jeune fille avança de quelques mètres sans se retourner ; Marlyn était bien assez grande pour décider des risques qu'elle était prête à encourir seule . |
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| Sujet: Re: Au coeur du tumulte (RP terminé) Jeu 4 Oct 2007 - 21:54 | | | ( dslée, mais je tiens pas, pour la longueur, tu m'as battu à plate couture ><)
S'abriter. Se cacher de ce que la nature vous offre. Simplement parce que le corps humain est trop faible pour résister. Sortir de leur enveloppe de chair, et rivaliser de puissance avec la foudre. Un rêve. Fou, peut-être. Mais après tout, il en fallait, pour ne pas sombrer dans cette folie douce....la monotonie. Si quelque chose l'effrayait, hormis ses craintes les plus profondes, c'était bien de sombrer dans le doux ronronnement de l'oubli.
Fermer les yeux, pour devenir foudre. Lever les bras, et se sentir vent. Devenir, l'espace d'une infime seconde, le plus puissant souffle du monde, le plus destructeur des feux de l'enfer. Si elle avait eu le choix, elle aurait quitté cette chair, qui devenait un carcan éternel de l'âme. Si elle pouvait...
Mais elle ne pouvait pas. Elle restait simple...humaine. Oh, que de ne pouvoir s'envoler, et défier cette furie du ciel... Que de ne savoir entendre l'inaudible, que de ne voir l'invisible....
Elle voulait hurler. Pourtant, aucun son ne franchit ses lèvres. L'apprentie Mentaï conserva son masque, parfait. Si son Maître était là, elle n'aurait pas pu faire meilleur effet. Tant mieux. Après tout...elle apprenait.
Alasa, brusquement, se plia en deux, et se tint le bras. Apparament, elle avait mal. Voir la souffrance....lui causait...du plaisir ? Non... Pas exactement...
Qu'importe.
L'apprentie Mentaï baissa les yeux, pour ne pas êter aveuglée par un soudain éclair. Alors lui apparut....Piaffounetl'oisillon qu'elle venait de sauver, tremblant, dans le creux de sa main. Poour l'espace d'un instant, elle se demandait ce que fabriquait ce petit être, cette larve, dans sa main. Pourquoi avait-elle le regard dessus ? Etrange... Elle semblait avoir comme...oublié. Enfin bon. Il était là. Il y resterait, le temps de la tempête.
Alasa reprit. S'abriter ? Elle ne donnait pas cher de leur peau ? Une corbac, qui vivait avec la nature, dire ça ? Marlyn était un peu étonnée, mais ne le montra pas. Le tonnerre grondait, comme un avertissement pour les deux jeunes filles.
Peut-être...avait-elle raison...
L'apprentie Mentaï tourna légèrement les talons, les doigts bien serrés autour du Piaffounet petit être de plumes. Puis, suivie de la corbac, elle commença lentement d'avancer vers les hauts murs de l'académie. Le silence pesait entre les deux filles. Le vent rendait quasi-impossible une conversation suivie, ou seulement par mono-syllabes.
Si seulement, elle avait le choix...elle tournerait les talons, et s'enfuirait, dans les montagnes, loin de ce bâtiment qui la fixait, devant, comme un cachot. Se savoir épiée, savoir ses moindres mouvements surveillés, analysés, dans le maigre espoir de découvrir quelque chose... Quelle honte... Valen Til'Lleldoryn avait surement mieux à faire, que de la faire surveiller. Enfin bon...
En ce moment même, quelqu'un, Slynn, pour ne pas la nommer, patrouillait les Spires, et surveillait les dessins qui provenaient du dehors. Pas question donc de se servir de l'Imagination. Dommage.
Trois pas. Elle n'eut pas le temps d'en faire plus. Le vent et la tempête en décidèrent autrement. Le ciel grondant se déchira, dans un vacarme monumental, laissant jaillir sa flèche de sang écarlate. La foudre vint s'abattre juste devant les deux jeunes filles, lees coupant dans leur él-lent ( le vieux jeu de mot pourrave) pour retourner s'abriter. Marlyn fit un bond en arrière, et ouvrit la main. Elle n'aurait pas dû. L'éléctricité les envirrona, hérissant leurs cheveux, faisant comme battre plus vite leur coeur. Quelle sensation étrange....
Comme un dernier souffle. Son dernier vol...
Tout ce passa si vite...et pourtant si lentement...comme si le temps s'était arrêté...
La foudre s'abattait devant elles, coupant la route.
Piaffounet s'envolait, déployant ses ailes, de la main de Marlyn. Puis... Il y eut comme un éclat de lumière. La foudre frappa l'oisillon en plein coeur, diffusant dans les plumes un halo de lumière blanche. Un seul...un seul cri sortit du gosier du volatile, avant de se désintéger dans le feu roulant du tonnerre.
Plus rien...
Si ! Une plume !
Il n'y avait plus rien.... Marlyn, au sol, ouvrit la bouche, alors que aucun son ne passait. Elle était choquée. Et...attérée. La nature avait choisie. Il n'était pas destiné à survivre. Mais à disparaitre, en ce soir d'automne....
Le silence, comme un calme après la destruction...
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| Sujet: Re: Au coeur du tumulte (RP terminé) Sam 6 Oct 2007 - 2:11 | | | [Naaaaaaaaaan !! Pi...Piaffounet... Vengeance...Vengeance !! ] La tourmente sifflait, hurlait, grondait, le ciel d'un noir d'encre si profond paraissait s'être à jamais refermé sur le soleil . Sous ce paysage de fin du monde, on aurait pu être tenté d'hasarder que la lumière du jour n'avait toujours été qu'une vaine illusion .... Les cris du vent, les éclairs, la pluie battante, tout ce vacarme meurtrissait l'esprit aux abois de la jeune corbac, la coupait du monde alentour...à quand remontait la dernière fois ou la foudre avait tracé dans le ciel une plaie si béante ? C'est pourquoi la jeune fille ne s'aperçut que tardivement de l'absence de Marlyn dans son sillage . Elle se dirigeait à enjambées rapides vers l'abri relatif des grands arbres lorsque une sorte de cri glaçant retentit ; couvert par le bruit ambiant, il fit néammoins vibrer l'air à la manière unique de certains hurlements...les derniers . La mort passa rapidement le temps d'une flamme venue d'ailleurs ; frôlant au passage la joue glacée des humaines qui frissonnèrent simultanément, faisant courir sur leur peau des décharges juste assez faibles pour les garder en vie . La terreur d'Alasa s'étouffa dans sa gorge et elle roula au sol, immobile, des frissons électriques courant le long de sa colonne . Des spirales aux couleurs inconnues se mirent à tourbilloner devant ses yeux tandis que défilaient images et sensations étranges . Elle n'osait plus bouger...les sons lui parvinrent étouffés, ouatés, ses sens s'évanouirent peu à peu... Puis le vortex lumineux fit lentement demi-tour, abandonnant comme à regret sa proie à demi-inconsciente pour se contenter d'une autre . Cette fois, l'éclair n'était pas tombé loin.... Raison de plus pour se hâter vers les profondeurs rassurantes de la forêt .La sauvageonne se releva tant bien que mal, le coeur battant à tout rompre ; elle n'avait jamais frôlé la mort d'aussi près . C'est alors qu'elle aperçut la dessinatrice ; à environ trois pas de l'académie, la jeune femme était à terre, une expression d'horreur passablement stupéfaite sur ses traits figés . Ses mains traînaient inutilement sur le sol trempé . Vides...
Piaffounet !!! La petite créature qui y avait brièvement séjourné avait disparu . Un être fragile qui avait semblé, durant quelques secondes, destiné à vivre...Il ne restait de lui qu'une trace de brûlure et quelques cendre vite lavées par les trombes d'eau gouttant du ciel en furie .
Passage de violons...requiem .Alasa en resta pantoise quelques instants ; quel cruel hasard avait bien pu achever en plein vol l'existence discrète de cette allégorie innocente ? Son esprit conservateur reprit vite le dessus : qu'importait . Que faisait Marlyn ici ? Pourquoi avait-elle pris direction du bâtiment ? Comment l'oiseau lui avait-il échappé ? Le tonnerre de plus en plus proche la réveilla ; il fallait d'urgence se soustraire à ces lances de feu meurtrières, sans quoi...La jeune fille jeta un dernier coup d'oeil à la félixia et, constatant qu'elle n'avait pas bougé, s'enfonça vivement dans les taillis . A l'abri, vite.. La forêt était plus dense que dans son souvenir, cependant il était facile de se frayer un chemin entre les pins élacés . Ici, dans cet univers sombre et ouaté, le fracas de l'orage se faisait moins puissant . L'abri des feuillages lui offrirait une sécurité relative en attendant que le plus dangereux de la tempête soit passé . La clairière qu'elle avait choisie avait à peu près ce qu'il fallait : buissons de ronces interdisant l'accès à tout être vivant ne s'y rendant pas dans le but d'y rester, dôme de feuillage protégeant plutôt bien de la pluie, arbres suffisamment resserrés pour n'être pas les premières victimes de la foudre mortelle . La jeune fille escalada le tronc noueux d'un vieux chêne pour s'asseoir sur l'une de ses branches, dont elle écarta le feuillage ; de là, elle pouvait garder l'oeil sur le lac toujours aussi calmement menaçant, sur la plaine quasiment vide et sur les milliers de larmes versées par le ciel...Elle passa ses bras autour de l'un de ses genoux en frissonnant de froid, ou de peur peut-être ? A moins que ce ne soit l'excitation que lui imposait la magnificence des éléments déchaînés... Ses pensées dérivèrent vers Marlyn : cela ne faisait que quelques minutes qu'elle l'avait quittée, et elle était peut-être déjà morte . Cette idée ne lui fit ni chaud ni froid . Elle n'eut même pas le coeur à se réjouir . La félixia avait saisi l'oiseau dans ses mains tendues...Alasa se laissa glisser de son perchoir pour avancer prudemment vers la lisière ; personne en vue . Quoique...n'était-ce pas la silhouette de l'apprentie mentaï qui se rapprochait, là-bas ? Avait-elle finalement compris que, quoi qu'elle désire, son corps restait soumis aux mêmes lois que tous les êtres vivants ? Et puis qu'importait cette fille, après tout ? La corbac s'autorisa une moue agacée dirigée contre personne en particulier avant de reculer un peu entre les connifères . En fait, peut-être que la jeune femme l'intéressait plus qu'elle ne voulait lui accorder d'importance . Pourquoi ?Mais parce que c'était jusqu'à présent la seule à être passée par les mêmes chemins de doutes et de révolte . Parce que c'était la seule à avoir elle aussi ressenti comme sienne la voie du Chaos ... |
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| Sujet: Re: Au coeur du tumulte (RP terminé) Sam 6 Oct 2007 - 12:00 | | | Le tonnerre qui avait frappé, otant de son brasier une vie innocente, frappa de nouveau. Une lance de feu et de mort tomba, à moins de deux pas de la Félixia, qui avait à peine eu le temps de se relever. La force du choc se propagea dans la terre, puis dans son corps. Elle frissona, et retomba au sol. Alasa était partie s'abriter à travers les feuillages, elle.
Le tumulte semblait s'apaiser quelques peu. La pluie tombait toujours autant, détrempant le sol, mais les éclairs s'étaient espacés, le tonnerre grondait avec moins de puissance. Marlyn se releva, et courut elle aussi,en direction de l'abri relatif de la forêt. La corbax avait disparu, probablement plus loin encore à travers les arbres. Marlyn pourtant s'arrêta, encore sur les rives du lac, et tourna le regard vers cette immensité d'un noir d'encre, en furie. Qu'avait-elle à craindre ? Pourquoi devait-elle avoir peur des éléments, alors qu'elle pouvait les combattre ? Son dessin crépitait, rendu sans doute plus sensible aux détails de l'orage, comme chargé d'électricité. L'apprentie Mentaï parcourut les Spires avec lenteur, sans plus se soucier de la pluie, qui lui frappait le visage, sans plus se soucier de la violence de la foudre. Elle ferma un instant les yeux, dissimulant à son esprit les vagues furieuses qui venaient mourir sur le rivage de sable fin. L'imagination recélait bien des pouvoirs, dont celui de controler les éléments. Elle ne savait pas encore si elle pouvait le faire. Tout juste savait-elle maitriser la puissance affolante de son don...
Elle garda les yeux fermés, et se serra les bras, contre ses épaules, ses doigts effleurant la marque sur son dos. Ce "S" qui avait été brûlé dans sa chair...
Où était Alasa ? Elle n'en savait rien. Et pourtant, elle se doutait qu'en ce moment-même, elle se trouvait à l'abri des arbres. Qu'en ce moment-même, elle devait surement la trouver idiote, voire folle, de rester ainsi sous la furie des éléments déchaînés. Qu'importait. Marlyn ne pouvait pas se résoudre à quitter des yeux cette immensité d'eau, devant elle, à perdre cette liberté de mouvement, à se cloitrer derrière un abri, même si celui-ci était les arbes majestueux de la forêt. Rester là, à la merci du moindre danger...c'était... Inquiètant. Mais en même temps.. Grisant.
PLus tard, dans quelques minutes, elle irait s'abriter...mais pas..pas maintenant. Tant de choses à ressentir, à essayer. Plutôt risquer sa vie, que de manquer cette occasion de progresser.
Marlyn rouvrit les yeux, et contempla les montagnes, au-dela du lac, disparraissant sous l'épaisseur des nuages d'encre. Elle parcourut les Spires, montant petit à petit dans les hauteurs, comme un aigle monte dans le ciel, jusqu'à toucher le soleil... Elle ne dessinait pas, mais montait, poussée par la curiosité que lui insufflaient les éléments.
Les minutes s'égrènèrent, lentes, éloignant dans ses bras l'orage, la tourmente, et son éclat de mort et de souffrance. Le vent ne soufflait plus assez pour faire ployer les chênes. Le calme était revenu. Tant mieux.
Marlyn tourna lentement les talons, et observa la canopée, derrière laquelle se tenait Alasa, dans une petit clairière. L'apprentie Mentaï investit à nouveau les Spires, et dessina. Elle disparut.
La seconde d'après, elle réapparut dans la clairière, aux côtés de la Corbac. Et s'avança. Le tumulte s'était éloigné. Marlyn s'accroupit par terre, le temps de récupérer un peu de calme, et regarda Alasa. Et demanda :
Qu'est-ce qui t'a poussé à le suivre, toi ?
[ peux pas faire plus long désolée ]
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| Sujet: Re: Au coeur du tumulte (RP terminé) Mar 9 Oct 2007 - 15:04 | | | Les yeux fixés sur la silhouette qui s'avançait vers les arbres, Alasa ne réagit pas immédiatemment lorsque celle-ci disparut le temps d'un souffle . Marlyn se trouvait déjà dans la clairière quand la jeune fille se fut enfin retournée, poignard en main . Poignard qu'elle rengaina immédiatemment avec un petit sifflement agacé ; décidément, ce foutu don du dessin était aussi surprenant qu'énervant, presque aussi énervant que cette manie qu'avait la félixia de l'utiliser à tout bout de champ .
La corbac gratifia l'autre d'un regard féroce avant de se glisser en direction d'un autre arbre et d'y appuyer le dos ; lui au moins faisait face à la dessinatrice.. Elle prit néammoins le temps de réfléchir à la réponse avant de la sortir tout à trac, pour une fois . Jusqu'à quel point pouvait-elle dévoiler certaines choses ? Toujours cette même et stupide question, malheureusement nécessaire... Ce qui l'avait poussée à le suivre...si elle-même connaissait la réponse à ça... Cela aurait simplifié bien des choses .
-Je ne sais pas...et c'est bien ce qui m'inquiète .
Sa phrase, bien que murmurée, avait parfaitement résonné dans la petite clairière et, en se tournant légèrement, elle put s'apercevoir que la tourmente avait un peu perdu en volume et en puissance . Les éclairs avaient cessé de s'abattre n'importe ou bien que le ciel fusse toujours aussi sombre, et la pluie tombait avec beaucoup plus de légéreté . C'était déjà ça .
La rive du lac qu'on pouvait maintenant distinguer l'attira de nouveau . Les eaux sombres exerçaient sur elle une fascination presque plus forte que n'importe quelle autre . Il lui fallait y retourner, maintenant et seule . La corbac se redressa, regarda un instant Marlyn, étonnée de ne pas avoir trop mal supporté sa brève compagnie . Le dôme formé par le feuillage mouillé se pencha, laissant tomber dans l'abri un ou deux litres d'eau que les deux humaines évitèrent de justesse . De toute façon, elles étaient trempées .
Alasa essuya ses pieds boueux sur la robe qui ne méritait même plus ce nom à force d'être déchirée et salie ; histoire de ne pas devoir trancher ses orteils gelés.. Elle vérifia que son poignard était bien à sa place, repoussa ses cheveux à l'exception de quelques mèches brunes puis se secoua afin d'ôter le plus gros de l'eau froide . Ces précautions accomplies, elle quitta la clairière évidemment sans saluer l'apprentie mentaï, à qui elle adressa néammoins un regard neutre plus parlant que des mots .
Quelques oiseaux quittaient prudemment leurs abris de fortunes, à la recherche de leur nid ou de ce qu'il en restait . Leur vue rappela à la jeune fille le destin du moineau, destin auquel elles avaient d'ailleurs échappé de justesse . C'est ce qui la poussa à faire un détour par la forêt ; les frayeurs ont la vie dure...
Sans se retourner un seul instant, marque de confiance, sinon de respect relatif chez une personne de ce genre, elle se fraya sans trop de peine un chemin parmi les broussailles le long de la rive . Elle se rappela soudain que cela faisait bien longtemps que son estomac n'avait plus reçu quoi que ce soit et une vive douleur lui vrilla soudain l'estomac ; étonnant comme la peur de perdre la vie lui en avait rappelé les mécanismes essentiels pour la garder.. Les baies ? Il n'y en avait presque plus en cette saison et les dernières aperçues avaient fini il y avait quelques minutes à peine dans le sable maintenant spongieux du rivage . De la viande ? Elle avait à peine la force de lever le bras, alors chasser.. Il lui faudrait aller se substenter à l'académie . Dernier recours qui lui répugnait . Tant pis, il lui suffirait de ne pas se faire voir . Même pas besoin de parler à quelqu'un .
*Qu'est-ce que..*
Une traînée ocre avait soudain attiré son attention, quelque part sous les branchages enchevêtrés d'un arbre renversé . Inutile d'être bien intelligent pour comprendre de quoi il s'agissait . Mais quelque chose n'était pas normal.. Cet animal à moitié écrasé sous le feuillage était sans aucun doute mort avant de recevoir la masse végétale sur la tête, comme le témoignait la plaie béante qu'il portait au flanc droit . Ce n'était cependant pas cela qui avait attiré l'attention de la sauvageonne . Dire qu'elle croyait qu'on ne tuait pas ce genre de proie dans les environs de l'académie..
La jeune fille se pencha avec curiosité sur la malheureuse victime, tentant d'imaginer les implications de ce..changement d'habitudes . En tout cas, aucun doute, la proie était bien morte . Pourquoi son chasseur ne l'avait-il pas emmenée, ou du moins dévorée ? Estimant qu'elle ne s'était pas beaucoup éloignée de la clairière, Alasa interrogea d'une voix un peu plus forte que d'ordinaire :
-Marlyn, viens voir..c'est normal, ça ?
Attendant que la dessinatrice s'avance, la corbac approcha prudemment le pied pour repousser une longue branche de la tête du cadavre ; non, décidément, le visage de cet humain ne lui disait rien...
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| Sujet: Re: Au coeur du tumulte (RP terminé) Dim 14 Oct 2007 - 22:21 | | | Alasa tourna les talons, et disparut un instant, dans les broussailles, dans un but connu d’elle seule. Sans un autre mouvement qu’un léger signe de tête, en guise de salut, Marlyn détourna à son tour le regard, et alla en direction d’une souche, couverte de mousse, sur laquelle elle alla s’accroupir, et se laisser sécher. Les feuilles laissaient goutter l’eau de pluie, produisant un léger son, régulier, apaisant… L’apprentie Mentaï prit un instant sur elle pour réfléchir, à tout ce qu’elle venait d’apprendre sur la jeune corbac. Ainsi, son Maître avait fait une nouvelle recrue. Et quelle recrue… D’un comportement tellement sauvage que rien dans ses habitudes ne changeaient, alors qu’elle venait de marquer un tournant dans sa vie. Un tournant crucial… Pour elle. Pour les autres. Pour l’académie…….. Il lui semblait que dans l’air planait une odeur de mort…de chaos… Leur heure approchait. La vengeance, comme des clairons sonores, rugissait dans le vent, apportant son lot de souffrance et de malheur…. Enfin. Depuis le temps qu’elle rêvait de vengeance, de faire couler le sang de ceux qu’elle haïssait…
Marlyn ferma un instant les yeux, se laissant guider par son instinct animal. La forêt se réveillait, de cet ouragan, qui avait frappé ces hautes cimes, brisant des multiples branchages…ôtant des dizaines de vie… Du plus petit insecte, balayé par les rafales, au grand cerf, le corps transpercé par le tronc déchiré d’un arbre. La nature ne faisait pas de sélection. Mourraient les plus faibles...les moins chanceux.
La nature les controlait, à eux de controler la nature. Ce qu’elle devait parvenir à accomplir, pour faire plier le destin, renverser les certitudes…imposer le chaos… Ce qu’elle devait sentir, en tendant son esprit, ses sens… Pas maintenant. Elle avait autre chose en tête. Et nullement l’envie de faire ployer sous son don les forces infinies que montrait la nature… Avant, elle devait en savoir plus, toujours plus. Sur ce qu’elle voulait. Ce dont elle serait capable. Jusqu’où elle irait dans leur voie…Elle devait le savoir, la cerner, et peut-être…en savoir aussi plus sur lui.. Sur ses intentions… Ses convictions... Et sur lui…
Dérivant au gré de ses envies, ses idées faisaient des amalgames, allaient d’un sujet à l’autre, sans jamais en aborder un en particulier. Elle était littéralement en train de ne rien faire.
Brusquement, elle fut tirée de ses rêveries, par un son étrange. Comme si…comme si on piétinait, non loin de là, autour de quelque chose. Peut-être était-ce tout simplement Alasa, qui vagabondait plus loin dans les taillis. Qui sait. Par mesure de précaution, Marlyn investit les Spires, l’esprit tendu, et descendit de sa souche, laissant l’eau dégouliner le long de ses épaules, de ses cheveux… Une voix. Féminine. Dans cette voix, un ton quelque peu étonné, voire inquiét. Etrange que cette voix appartienne à une jeune Corbac, qu’elle connaissait peu. Alasa. Mais pourquoi demandait-elle à ce qu’elle vienne voir ? Qu’est-ce qui n’était pas normal ? Un danger ? Lequel ?!
Sur ses gardes, l’apprentie Mentaï fendit les taillis, et aperçut bientôt la sauvageonne, dont le regard tendait vers un amoncellement de débris, à ses pieds. Enchevétré entre des écorces brisées, des branches tourmentées, des feuilles déchirées… Il y avait…un corps. D’homme. Du moins ce qu’il restait d’un homme. Son ventre était ouvert, par une plaie faite apparament par autre chose que la foudre. En vu de la traînée laissée sur son sillage, il n’était pas là au départ. Mais qui était-il ? Son visage masqué par les débris était invisible. N’osant pas, de peur de le reconnaître, le voir, Marlyn se tourna vers Alasa, incrédule, et lui dit : -Non, ce n’est pas normal. Un corps ne pousse pas tout seul…
Troublée par cette découverte, l’apprentie Mentaï fléchit les genoux à son tour, et vint passer le doigt sur l’ouverture de la plaie…elle n’était pas fraîche… Incroyable…Comment un corps, apparament tué sciemment, pouvait-il se trouver là, à quelques miles des murs de l’académie ? Elle n’en savait rien. Le seul moyen d’obtenir quelque informations, était de découvrir ce visage…
Lentement, les doigts fins de la jeune Mentaï vinrent oter les bris de branches, les feuilles, laissant apparaître les traits blêmes et sans vie du cadavre…
Ses yeux clos…ses pommettes affaissées… Non…elle ne le connaissait pas. Il ne lui disait rien. Un parfait inconnu.
Mais alors.. qui était-ce ?
Pas plus avancée que Alasa, Marlyn se tourna à nouveau vers elle, et reprit :
Je ne le connais pas non plus. As-tu une idée de ce qu’il peut faire là ?!
L’apprentie Mentaï jeta un coup d’œil tout autour d’elle, comme pour s’assurer que rien ne les tenait en joue…
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| Sujet: Re: Au coeur du tumulte (RP terminé) Dim 21 Oct 2007 - 1:52 | | | [Désolée, mini-post..pour le temps que j'ai mis ><]
Alasa se demanda pourquoi elle avait appelé Marlyn au moment précis ou cette dernière fit son apparition ; se penchant sur le corps, la jeune femme entreprit en silence d'effleurer le cadavre du bout des doigts après avoir répondu à la question de sa cadette . Encore une fois, elle avait interprétée cette dernière de travers..à moins que ce soit la corbac qui l'ait mal posée ? La pluie persistait à tomber en une bruine fine et glaçante, s'infiltrant dans les vêtements comme autant de dards glacés, mouillant le sol déjà boueux ; mais après la tempête que la vallée venait d'essuyer, ce désagrément était un moindre mal . Ou en tout cas un mal plus pernicieux .. Sous sa lente influence, les berges du lac se transformaient peu à peu en un bourbier inextricable ou il ne valait mieux pas s'enliser . Le corps se trouvait justement non loin de la rive .
La sauvageonne observa elle aussi ce qui avait été un homme, de ses pommettes hautes à sa peau encrassée, de son corps finement musclé à ses habits de voyageur, de ses yeux sombres à ses cheveux châtains foncés mi-longs qui auréolaient macabrement son visage couleur de cendre . Qui avait-il été, dans toute cette stupide histoire ? Y avait-il seulement été impliqué ? Etait-il mort pour défendre l'une des deux causes qui régissaient ce combat, si tant était qu'il y en eut de véritables ? Ou n'était-il lui aussi qu'un pion sacrifiable, ou sacrifié ? Quelle importance ? Il n'existait déjà plus .
Elle secoua la tête de droite à gauche en réponse à l'apprentie mentaï sans lever le visage, toujours concentrée sur « la proie », sans estimer un instant qu'elles-mêmes pouvaient courir un danger . Ca, Marlyn l'avait vite compris, et jetait des regards fréquents aux alentours sous les yeux vaguement étonnés de sa « condisciple » . Si le tueur était encore dans les parages, il n'aurait pas abandonné sa victime .Quoique...la plupart des humains avaient un comportement vraiment étrange .
Que faire, maintenant ? La dessinatrice semblait plus déroutée que prévu, ce qui conforta la jeune fille dans l'opinion qu'un mort de cet espèce-là paraissait inhabituel aux abords d'un lieu..civilisé . Mais ces pensées trop déroutantes s'évanouirent vite de son esprit lorsque la première de ses préoccupations actuelles refit surface devant la façon de s'en débarasser . Maintenant, c'était la félixia, qui devenait un problème..Alasa hésita . Elle aurait mieux fait de ne pas l'appeler, car ce que la jeune fille comptait faire risquait de ne pas être du goût de sa..camarade . A moins que..? Ce chaos qu'ils prônaient, elle et leur maître commun, les autorisait-il à dénigrer entièrement leur race ? Malgré ce qu'ils affirmaient, est-ce que cela aussi pouvait leur sembler normal, par défi ou non ? Pouvait-elle prendre le risque de..contrarier une adversaire plus puissante en affrontemment direct ?
Si seulement Marlyn partait maintenant . Ne serait-ce que quelques minutes..qu'elle s'éloigne.. L'observant de côté, la jeune fille la jaugea brièvement : que faire pour qu'elle s'en aille ? Oh, et puis après tout.. Quel mal y avait-il à..la jeune femme comprendrait sûrement . Et si elle ne comprenait pas, la corbac s'enfuirait .
Sans perdre l'autre humaine de son champ de vision, Alasa se pencha prudemment vers le corps pour le palper ; autant commencer sans brusquerie . Et le premier qui la prend pour une nécrophile.. Elle vida les amples poches de la tunique du mort, en extirpant de nombreux objets allant des feuilles aux vertus apaisantes au petit coutelas ; il y avait également quelques miettes, une petite pierre lisse d'un vert brillant, un bout de charbon faisant sans doute office de crayon et un pli soigneusement cacheté à la cire . La jeune fille déplia rapidement le pli, émit un grognement agacé en découvrant les petits caractères s'étalant sur le papier et le laissa tomber dans la boue avec le reste . Le voyageur possédait une multitude d'objets répartis inégalement dans le moindre pli de ses vêtements . Des dards empoisonnés aux flacons à la contenance étrange en passant par deux ou trois colifichets, rien ne manquait à son attirail de tout et n'importe quoi . Les nombreuses armes petites mais mortelles comprises dans le lot n'avaient pourtant pas suffit à le sauver . Mais rien de tout cela n'intéressait véritablement la sauvageonne ; elle tourna une dernière fois la tête vers l'apprentie mentaï, hésita.. Son instinct fut plus fort . Elle n'avait plus le choix ; sa tête tournait, et il lui semblait qu'elle ne pourrait tenir une minute de plus debout . Bizarre.. Tant qu'elle n'y avait pas pensé, cela lui était complètement sorti de la tête..
Elle dégaina son arme sans se poser davantage de questions et fit un effort pour ne pas s'écrouler sur le cadavre . Après une ultime hésitation, le poignard déchira le tissu du vêtement au niveau du ventre dans toute sa largeur, aidée des mains de sa propriétaire . Il fallait parier que Marlyn n'oserait pas assassiner de sang-froid une autre élève de l'homme qui l'avait tant impressionnée . Bien maigre garantie dont il faudrait se contenter .
La jeune fille oublia une bonne fois pour toute la dessinatrice et abaissa de nouveau son poignard, trop affaiblie pour se servir directement d'autre chose . L'acier creusa un sillon sanglant dans la chair encore fraîche du mort, arrachant peau et muscles, finissant par créer un large trou sous l'action de la lame . Un trou juste assez grand . Alasa s'approcha de la blessure, repoussa de ses mains en coupe le flot de sang vite réduit puis appuya ses mains sur le corps inerte . L'entêtante odeur du sang l'environna immédiatemment ; mais ce n'était pas ça qui lui faisait tourner la tête . Gommant une bonne fois pour toute toute autre pensée de son esprit endolori, la jeune fille plongea sa tête dans la plaie béante et referma avidement ses dents sur les chairs encore sanguinolentes . Sur la berge détrempée et glissante, elle se mit à manger . Enfin .
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| Sujet: Re: Au coeur du tumulte (RP terminé) Jeu 25 Oct 2007 - 21:00 | | | Observant encore la cadavre, la jeune Mentaï se mit à réfléchir, tandis que le vent d’après-tempête lui battait le visage. Le froid qui s’installa, signe avant-coureur d’hiver, aurait dû les glacer, toutes les deux, jeunes filles vêtues uniquement de tunique s’arrêtant aux manches, et de simples pantalons de coton. Toutes deux ne portaient pas de chausses, et leurs pieds nus auraient bien mérité d’être nettoyé de la boue qui les encrassait. Le temps passait, et Marlyn détourna le regard de la scène macabre, attirée par de fréquents coups d’œil agités que lui lançait Alasa. Elle semblait vouloir être seule, pour une raison inconnue de l’ex-Félixia. Son regard était hostile, et un éclat animal y brillait de nouveau, instinct sauvage d’une fille des loups. Son regard noir de lune allait fréquemment sur la cadavre, qui commençait, maintenant la pluie cessée, une odeur méfitique, et pestilentielle. La jeune Mentaï fronça l’arête du nez, mais ne montra pas plus sa gêne. Alasa, très agitée, semblait vouloir quelque chose. Mais quoi ? Les gestes animals, les regards méfiants, provocateurs, ne lui expliquaient rien, sinon que sa présence n’était plus la bienvenue. Marlyn s’y attendait un peu, sachant parfaitement qu’en face d’elle, la jeune fille aux cheveux noirs n’appréciait pas plus qu’elle la compagnie de ses semblables. Pas plus qu’elle, elle n’avait de remords ou d’hésitation à blesser, mutiler un être bipède. Voire même tuer... Ne sachant pourtant quelle serait la décision la plus sage à prendre, elle ne fit rien. Ne bougea pas, et se contenta de fixer la Corbac, qui d’agitée passait à nerveuse. Mais son comportement changea encore, âme versatile de la nature, et la jeune fille des loups lui lança un regard indifférent, et, sans la quitter une seule seconde de son champ de vision, se rapprocha lentement du corps dépourvu de vie, dans la boue. Quelque peu intriguée par ce qu’elle pensait être le but premier de la jeune fille, Marlyn la laissa faire. Que pouvait donc bien faire une sauvageonne, devant une proie morte ? Car ce qui était autrefois un humain était redevenu simple proie abattue par un semblable... Refoulant une pensée qui ne lui plaisait pas, mais qui pourtant semblait être la plus vraisembable, la jeune fille arrêta de réfléchir, et laissa tout simplement Alasa faire.
Celle-ci commença de palper l’ample manteau de l’homme, lentement, mais ses mouvements laissaient percevoir son impatience et son envie grandissante de...de quoi d’ailleurs ? Qu’importe, la réponse viendrait bien assez tôt. Une multitude d’objets hétéroclites passèrent dans les mains sales de la jeune fille des loups, allant des collets aux Shurikens, d’une petite lame rouillée à une lettre froissée et détrempée. Marlyn n’eut pas le temps de prendre la lettre, et d’essayer d’en déchiffrer le contenu. Sa « camarade » l’ouvrit sans autre façon, et plissa les yeux, ses pupilles sautant d’une lettre à l’autre, sans comprendre. Un grognement d’indifférence plus tard, la missive se retrouva dans la boue saumâtre qui recouvrait le sol de la forêt, passant de papier à mixture indéfinissable. Le contenu de la correspondance fut perdu, sous les yeux-mêmes des deux jeunes filles. Quand l’homme fut défaussé de tout son arsenal de chasseur/voleur/ brigand/mercenaire, l’ample pardessus s’en retrouve indubitablement moins épais, et les contours qui avaient dû être musclés de l’homme apparurent. Un commencement d’embonpoint, mais encore un reste de musculature. Rien de plus normal pour un paysan ou un braconnier. Aucune information valable ne pouvait être prise de ce morceau de viande. A présent, qu’allaient-elles en faire ? Avant même de commencer à réfléchir, Marlyn perçut le regard pénétrant de la Corbac sur elle. Se retournant vivement, elle parvint à capter un semblant d’hésitation, remplacé bien vite par une lueur de sauvage faim.
Sans plus bouger, debout non loin de la scène morbide, Marlyn croisa les bras, et observa la Corbac, le nez plissé par l’odeur sordide qui se dégageait du corps. Alasa dégaina sa fidèle lame, et commença de déchirer lentement le tissu de la tunique du mort. Alors qu’elle semblait coupée du reste du monde, la sauvageonne planta son poignard dans les chairs abdominales de sa proie, et y fit une large entaille, laissant le sang se déverser de part et d’autre des côtes. L’odeur de sang les environna aussitôt. Odeur de vengeance et de victoire… Odeur de bataille et de lutte. Odeur qu’elle aimait, qu’elle aspirait à répandre autour d’elle, tandis que sur ses mains coulerait le sang de sa victime...
Reprenant ses esprits, Marlyn faillit sourire quand Alasa plongea les doigts dans les intestins, pour vider le sang qui le contenait. Bien maigre précaution que celui de cette anthropophage... L’hémoglobine vidée, les chairs, muscles et boyaux apparaissaient, la teinte rouge sombre, rosée. Que de viande perdue que celle-ci, que les animaux n’approcheraient plus... Sauf que le carnassier qui se délecterait de la victime était déjà là...Sous ses yeux, Alasa commença de lacérer les chairs de ses dents, d’engloutir des morceaus sanguinolents de viande... Sous ses yeux, elle mangeait. Plutôt étrange que de voir cet instinct prendre possession d’un être humain, et de le faire retourner à l’état le plus primaire. La survie. Pourtant, malgré le semblant de dégoût qui la prenait, par pure bien aisance, Marlyn ne put détourner le regard de ce spectacle pourtant si peu ragoutant. Non, elle ne l’en empêcherait pas. Non, elle ne tournerait pas les talons. Pas tant que Alasa ne lui dise clairement qu’elle n’était plus la bienvenue.
A vrai dire...Elle le lui avait déjà signifié...Un prédateur mange seul...
Le regard indifférent, l’apprentie Mentaï tourna les talons, et disparut dans la forêt, laissant Alasa manger, seule.
***
Elle marcha. Longtemps. Le pas souple et rapide. Sautant par-dessus les souches, baissant la tête aux branches basses qui semblaient vouloir lui déverser toute leur eau sur sa tête. Arrivée à une clairière, elle s’arrêta. Alla s’asseoir sur un tronc abattu par la violent tumulte de la journée. Et ferma les yeux. Elle passa le reste de l’après-midi à cet endroit, un poignard dessiné roulant entre ses doigts. A ne rien faire. A attendre.
Le soir venu, elle se leva. Le ciel luisait d’une profonde lueur d’incendie, un disque rouge sang à son horizon. Le vent était tombé, remplacé par des fines gouttelettes de pluie, qui effleuraient son visage marqué. Le calme après la tempête.
Revenant à l’orée des arbres, elle se mit vaguement à chercher l’endroit où quelques heures plus tôt, elle avait laissé Alasa se repaître du cadavre.
Plus rien.
Haussant légèrement les épaules, l’apprentie Mentaï scruta encore une dernière fois du regard l’endroit où la terre avait été foulée, piétinée, lavée de sang qui plus tôt la gorgeait. Marlyn tourna les talons, et disparut en direction de l’académie. A la main un Suriken volé.
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| | Messages : 474 Inscription le : 21/04/2007 Age IRL : 94
| Sujet: Re: Au coeur du tumulte (RP terminé) Sam 27 Oct 2007 - 0:20 | | | Elle mangea vite et longtemps, toute abstraction faite du monde environnant ; à peine mâchait-elle ses bouchées, à peine restait-elle légèrement aux aguets . La pluie tombant en bruine toujours plus fine avait depuis longtemps cessé de glacer ses os pour goutter sur d'autres, ceux-là à l'air libre et ensanglantés . A aucun moment elle ne s'interrogea sur sa faim soudaine . A aucun moment elle ne pensa au mystérieux tueur . A aucun moment il ne lui vint à l'esprit que cet homme devait être mort depuis très peu de temps . A aucun moment elle ne s'étonna de l'absence de charognards plus rapides . Tout ce qui comptait en ce moment était ce résidus de débris divers, cet amas de chairs encore tièdes, humain il y avait encore moins d'une heure . Plus que viande, maintenant . Et quand on est affamé, qui sait ce que l'on peut avaler pour ne pas défaillir ?
La boue formait maintenant une chape collante autour du cadavre et des genoux d'Alasa ; mais que les berges se transforment soudainement en marais inextricables, que l'orage se remette à tonner ou pire, la jeune fille n'aurait cessé de faire jouer ses mâchoires furieusement, se forçant sans interruption à mâcher, avaler, mâcher, avaler...
Allez . Encore une bouchée . Et une autre . Plus que quelques-unes..
Une odeur macabre se dégageait maintenant du cadavre, odeur qui n'aurait manqué attirer des dizaines de mouches si les brusques baisses de température avaient laissé des survivantes . Les pensées de la sauvageonne redevenaient peu à peu lucides, ramenant à son esprit encore engourdi méfiance et prudence de rigueurs ; elle se serait bien arrêtée de mastiquer seulement voilà, les deux bras gelés appuyés sur le corps ne semblaient plus lui appartenir..alors elle continuait d'avaler, de mordre, d'avaler, de mordre, alors qu'elle aurait tant voulu se retourner .
Ce ne fut que lorsqu'un grand oiseau au plumage de nuit vint lui disputer son repas que ses muscles retrouvèrent leur obéissance ; un geste de la main énervé et l'oiseau s'envola..pour revenir se poser aussitôt sur la tête de l'homme, dont il fut chassé de nouveau immédiatemment . A sa cinquième tentative, un coup de couteau effleurant ses plumes aux reflets bleutées le fit changer d'avis . Pour un temps . Quelques minutes de paix . Puis un croassement ; le corbeau revenait à la charge, avec cette fois deux camarades à plumes .
La bataille fut finalement gagnée par une dizaine de ces charognards ailés ; plus ou moins rassasiée la jeune fille battit en retrait, leur abandonnant de mauvaise grâce la proie . Tant pis..c'était déjà une chance d'avoir pu avaler tout ça sans que ces redoutables concurrents soient trop vite au courant . Elle s'aperçut enfin de la disparition de Marlyn, qu'elle avait totalement oubliée . L'apprentie mentaï était partie sans bruit, sans commentaires, à se demander si elle avait vraiment fait un tour sur le rivage . Si...ces empreintes typiques, là, dans la boue .
Ou était-elle, à présent ? Que faisait-elle ? Aucune importance . Mais qu'elle soit partie était tout de même..apaisant . Bien qu'Alasa supportât plutôt bien la compagnie de l'ex-félixia, elle restait humaine...ça devait marcher dans les deux sens .
Les corbeaux croassaient autour de l'animal mort, chacun se disputant un lambeau de viande en un éternel tourbillon bleuté d'ébène et de plumes . Seule la tête et les bras, dernières parties du corps encore intactes témoignaient que ces restes étaient ceux d'un humain ; certaines côtes lavées de leur enveloppe de chair blanchissaient déjà au pâle soleil filtrant difficilement au travers du ciel gris . Celle qui n'avait jamais vraiment été une corbac eut un haut-le-coeur en réalisant ce qu'elle venait de manger ; parce que même en cas de force majeure, l'impression d'être désormais polluée de l'intérieur perdurait...comme si en manger la rendait plus humaine . Sensation d'ailleurs plutôt illogique, prise au deuxième degré .. Elle se pencha sur le sol mouillé, ramassa quelques menus objets éparpillés pour les faire disparaître à son tour dans les replis de son vêtement . Et après un dernier regard pour le monticule fourmillant d'oiseaux, un crachat aux teintes rougeâtres près de la tête aux yeux vides du mort et une moue méprisante, la jeune fille essuya distraitement son menton couvert de sang sur le dos de sa main gauche puis se dirigea vers les bois, ses pieds nus se soulevant et replongeant dans la boue sombre avec un bruit de succion .
*
Le crépuscule vint, gris et ocre au pourtour des montagnes, coïncidant avec l'arrêt des pluies . Alasa sortit du couvert des arbres au coucher du soleil ; comme elle l'espérait, les berges avaient séché et redevenaient plus ou moins praticables . Elle s'assit sur une pierre plate pour regarder en silence la montée de la lune .
L'oeil de la nuit prit tout son temps pour remplacer son lumineux mais ô combien aveuglant confrère . Quand il apparut enfin, imposante bille d'albâtre au milieu d'une encre tout juste sèche, sa ronde perfection fit taire la forêt pour quelques minutes ; puis les arbres se mirent à commenter, à raconter la pleine lune tandis que les fauves se mettaient lentement en chasse sous le secret des rares étoiles qui à pattes de velours, qui à ailes cotonneuses . La jeune humaine salua l'avancée de l'astre du soir par un chuchotement dénué de sens ; puis son regard plongea dans « son » miroir, là ou les contours brouillés de la lumière entrouvraient la porte sur un monde aussi proche qu'inacessible..elle resta longtemps perdue dans la contemplation de cet univers parallèle, attirée comme par une flamme . Puis, s'arrachant brutalement à sa torpeur elle se leva pour marcher au hasard, suivant inconsciemment ses pas vers le lieu ou la proie avait été découverte .
Là ou auraient dû se trouver des ossements lavés dans de vieux habits ne subsistait plus que quelques objets encroûtés dans la boue, quelques plumes . La fille ne s'attarda pas ; pourquoi chercher à comprendre, maintenant qu'elle avait eu ce qu'il lui fallait ? La fraîcheur de la nuit était bien plus tentatrice que tout cadavre mystérieusement disparu ..
Alors qu'elle prenait le chemin des plaines, il lui sembla entrapercevoir une silhouette vive aux longs cheveux sombres qui disparaissait dans l'obscurité.. Marlyn ? L'appel des ombres se fit entendre, plus pressant . Sans se poser davantage de questions, Alasa fit volte-face pour le suivre ; elle oublia bien vite « l'apparition » et se réveilla au matin, persuadée d'avoir été victime d'une illusion .
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