Au crépuscule, après les cours... (RP inachevé)

Celà ne faisait pas très longtemps que Lenne était à l'Académie, et, en plein racomodage de vieux grimoires, la jeune femme s'était apreçue qu'elle n'était jamais sorti de l'Académie après le travail. Voilà pourquoi, elle se retrouvait, après une grande journée devant le Dragon Vert. Levant les yeux devant l'enseigne qui pendait fièrement sur ses gonds, la jeune femme entra d'un pas tranquille.
- Bonjour. salua-t-elle poliment avant de s'accouder devant le bar pour prendre une commande. Lenne allait passer sa commande quand elle s'arrêta d'un coup.
- J'ai l'impression de vous avoir déjà vu quelque part mademoiselle. remarqua la jeune bibliothécaire. N'êtes-vous pas élève à l'Académie?
Lenne était presque sûre d'avoir croisée la jeune fille dans les couloirs mais pas à 100%.

Diligente et serviable, comme toujours en ces soirs là...

Elle attend que les pochtrons viennent taper de poing sur le comptoir et fourrager de la prunelle dans son décolleté, que d'autres personnes plus " sérieuses " viennent y demander à manger ou à boire, un peu moins que ceux d'avant, ou bien une boisson moins forte...

Ses yeux volètent dans toutes la salle, passent sur un homme, remarquent qu'il ne la lâche pas du regard depuis cinq minutes, reprennent leur chemin, reviennent sur l'homme, agrippent son regard couleur béton pour ne plus le lâcher...

- Bonjour.

Elle lâche finalement le regard de l'inconnu pour se tourner vers son interlocutrice qu'elle salue avec un grand sourire.

- J'ai l'impression de vous avoir déjà vu quelque part... N'êtes-vous pas élève à l'Académie?

Ah...Heu...Oui, c'était le risque...
Silhila avait momentanément oublié qu'elle n'était pas censée sortir de l'enceinte de l'Académie.
Oh et puis non, trop de mensonges, elle n'en veut plus. Elle respire un grand coup et se lance.

- Oh...Hum...Oui, oui je suis élève là-bas, à Felixia...Tout le monde ici m'appelle Sil - hochement de tête entendu. - A qui ais-je l'honneur ?

A ce moment là, Table 17, un homme au milieu d'un groupe de jeunes gens frisant la vingtaine hêla Silhila de sa voix grave.

- Hey Sil, la même chose, en double !
- J'arrive les garçons ! Excusez-moi, je reviens - dit-elle en se tournant vers l'inconnue.

Silhila bondit jusqu'à une extrémité du comptoir, attrappa deux chopes de bois blond cerclées de fer, tira, deux fois, le levier fiché dans le tonneau, et la bière onctueuse et généreuse vint les remplir, tandis que la mousse blanchâtre bombait la surface de la boisson. Elle prit une chope dans chaque main, alla les déposer sur la table 17, puis revint vers son hôte.

- Alors, je vous sers quoi ?

- Je voudrais juste un jus de fruits, c'est tout. Au fait, moi c'est Lenne, je suis la bibliothécaire de l'Académie. Ne t'inquiètes pas, je ne dirais rien de ton travail de nuit. fit la jeune femme en lançant un clin d'oeil à l'élève.
Au fait, je crois que ton patron a vieux livre à me prêter pour réparation. Il m'a envoyé une lettre mais n'a rien précisé. Je crois que c'était un journal où je ne sais quoi. Pourrais-tu me l'appeler?
Lenne était toujours assise sur son tabouret, accoudée au bar et avait remarqué que les hommes qui venaient ici, avaient des airs de macho, surtout celui qui mâtait Sil. La jeune femme fit vite fait le tour de la salle de ses yeux.
*Il n'y a pas de femmes, visiblement, elles n'ont pas l'habitudes de traîner le soir dans les bars*
Lenne n'était presque jamais été dans des auberges, en fait c'était peut-être la première fois. La jeune femme effleura une de ses bottes où se cachait un des poignards, seuls souvenir de son père.

" Un jus de fruit, c'est tout " ? C'est déjà beaucoup...

Avec un grand sourire, Silhila se détourne et cherche dans un grand bac de glace une douzaine de fruits de rougeoyeurs, deux citrons, une quinzaine de petites baies d'un rose pâle, quatre poires, une pêche et quelques fraises, puis revint vers le comptoir en dansant à moitié sur la musique qui retentissait dans l'auberge, provenant d'un coin où des musiciens jouaient allègrement de leur banjo, harmonica, guitare et percussions.

Elle entreprit de peler les fruits frais, et pressa citrons et fruits de rougeoyeurs.
Elle lança ensuite en l'air les poires et la pêche avec lesquelles elle improvisa quelques passes de jonglage.
Elle déposa ensuite entre deux passes, une poire sur la comptoir dans une soucoupe, attrappa un couteau qu'elle intégra à son jonglage, et, entre chaque temps, donnait un coup de couteau précis dans la poire sur le comptoir. Lorsqu'elle fut entièrement découpée, elle joignit un pilon à ses jongles, avec lequel elle porta alternativement un coup sur la poire. Lorqu'elle fut réduite en purée, elle recommença toute l'opération avec une autre poire, puis une autre, puis encore une autre, puis la pêche, et reposa finalement le couteau et le pilon avec lesquels elle avait continué de jongler.

Adressant un grand sourire à Lenne, elle se secoua pendant une ou deux secondes les poignets, le temps de chasser les courbatures qui menaçaient ses mains, puis, lança en l'air un grand verre doseur, qu'elle ratrappa juste avant qu'il ne se fracasse sur le comptoir. Elle y versa le jus de citron et de fruits de rougeoyeur, ainsi que la purée pêche-poire, le remplit aux trois quarts d'eau pétillante. Elle reboucha le verre doseur avec le plat de sa main, et se mit à le secouer de haut en bas, au rythme de la musique qui retentissait, de plus en plus entraînante, dans toute l'Auberge.

Puis, elle cueillit dans sa main droite en coupe, toutes les petites baies d'un blanc rosé, le verre doseur dans sa main libre, en lança une haut en l'air, opéra un tour sur elle-même, et rattrapa le tout petit fruit dans le verre. Elle continua son manège avec toute la poignée de baies, jusqu'à ce que sa main soit vide, puis, s'attaqua aux fraises, les coupant en deux et les lançant alternativement dans le verre doseur, toujours le même grand sourire amusé peint en travers du visage. Puis, enfin, après avoir dansé encore un moment en brassant le jus de fruit, elle le versa dans un long verre à pied, finement ciselé.

- Et, oh, j'allais oublier...

Elle attrapa une tranche de citron réservée au préalable, entre le pouce et l'index, et la fendit en la glissant sur le bord tranchant du verre, puis déposa sur la surface ou flottait agréablement les moitié de fraises et les baies blanc-rosé, quelque chose qui ressemblait à une feuille de menthe, sauf qu'au milieu trônait une jolie petite fleur violette aux multiples pétales. Et enfin, elle tendit le verre à pied à Lenne avec un sourire éclatant. Toute la préparation n'avait pas duré plus de cinq minutes.

- Et voilà ! Jus de fruit maison, ma spécialité ! Désolée pour l'attente, ça aurait été plus rapide avec une bouteille de jus de fruit toute prête, mais je l'avoue, elles sont répugnantes...Hmm ? Le patron ? Ah ben, tu m'en apprend une bonne, je ne savais même pas s'il savait lire ! Hey ! Patron ! Y'a quelqu'un qui veut t'voir !

Tandis que le Tavernier s'avançait entre une rangée de table en direction du comptoir, Silhila aperçu le léger geste de Lenne sur sa botte, de laquelle dépassait le bout de la garde d'un poignard. Elle sourit.

- Ne t'en fais pas, ils ne sont pas méchants, juste un peu idiots parfois, et puis, comme nous, ils aiment se détendre après une journée de travail...

( bon bah je vais jouer le patron alors ! ^^ )

Silhila sourit au compliment de Lenne.

- Merci...Ah, voilà le patron qui arrive...

- J'ai répondu au plus vite à votre demande
et me voilà. Vous parliez d'un journal trouvé sur une table et vous ne
saviez pas de quoi celà parlé

- Oui, en effet, je l'ai trouvé sur une des tables, là-bas au fond, il y a dix jours après le service...C'est peut-être à un des élèves de l'Académie, j'vous jure, ces gosses sont tellement indisciplinés...

Le tavernier décocha un clin d'oeil railleur à Silhila qui sourit en retour.

- I'm'a l'air bien bon ton jus d'fruit Sil, toujours aussi forte hein ? Bon, revenons-en à ce journal, il faudrait l'estimer et le réparer, puis le rapporter à l'Académie si besoin est...Annoncez vos prix mademoiselle...Tu m'connais Sil, tu sais que d'habitude j'aurai pas rechigné contre un service gratuit mais les affaires marchent plutôt bien alors j'essayerai pas de discuter, cette fois...

- Oh j'en doute pas, vous allez essayer...

Lenne écouta avec attention les paroles de l'homme tout en regardant le journal.
- Si vous voulez mon avis, ce journal appartient à un chevalier.
La jeune femme tourna les pages avec la plus grande douceur. Le journal avait le bout des pages jaunies.
-C'est un journal qui a beaucoup voyagé. Vu les différentes dates, je dirais que notre chevalier est mort, parce qu'il est censé avoir... 120 ans d'âge. fit la jeune femme après un rapide calcul. Ce dont parle le livre est des différentes quêtes, ses impressions, sa vie... visiblement, cet homme a eu une vie mouvementée. Mmm... alors vu l'état du journal, un trempage sera nécessaire, une nouvelle couverture aussi et un anti termites aussi.
Le livre était mangé sur certaines pages mais heureusement, les écritures n'étaient pas touchées.
- Alors, la réparation coûtera 1000 pièces parce que ce journal est un livre historique et que du fait, peu apporter une aide aux historiens de Gwendalavir. Mais si vous voulez je baisse à 800 pièces. En tout cas se sera un honneur de réparer un livre comme celui-ci. termina Lenne en posant délicatement le vieux journal.

- Mille p...?

Le Tavernier resta bouche bée. Il en avait après son argent, ces temps-ci. Mais c'étit un homme généreux de coutume, sauf que là, il avait dû payer des taxes supplémentaires sur la bière d'orge, sur les jarres de purée de mircales*, sur les fruits importés de l'autre monde...

- Huit cents p...?

...sur la farine de blé noir, sur les poulets tri-ailés, sur la peinture qui avait servi à refaire la devanture de son auberge, sur les amphores de lait de siffleur car ceux-ci se faisaient de plus en plus rares...

Il tourna un regard affolé vers Sil qui haussa les épaules. La jeune fille n'était elle-même pas très riche, et encore, c'est peu dire, donc c'était impensable de lui demander de l'argent, d'autant plus qu'ensuite il faudrait le lui rendre, et que, comme c'est lui qui lui paye son salaire, ça lui fera de doubles dettes...

Il a mal à la tête, le Tavernier.

Il sort une bourse dodue qui vient s'écraser sur la table, devant Lenne. Il jette un regard humide et mélancolique, du style " ne me quitte pas ! " au petit sac de toile, puis adressa à la bibliothécaire d'un ton un peu sec qui contraste avec sa jovialité et sa bonhomie d'il y a quelques minutes, quelques mots.

- Voilà. Huits cents pièces d'or.[/black]

[color=orange]Puis, il souffla à Sil qui adressait un sourire d'excuse à Lenne :

- Tu sais ce que ça veut dire Sil. Je suis désolé, mais avec ça, pas de salaire à la fin du mois. Va falloir mettre les bouchées doubles et compter sur la générosité des clients.

( * me demandez pas ce que c'est que des mircales, mais faut bien improviser quand on connaît pas les légumes typiques de la région...^^)

Lenne comprit devant la mine du tavernier et de Sil qu'elle y était allé un peu fort. Enfin c'était la première fois qu'elle faisait une réparation pour un particulier et le vieil homme qui avait fait son apprentissage ne discutait jamais argent devant la jeune femme, donc elle n'avait aucune idée du prix d'une réparation et huit cents pièces lui avait paru bien, sauf qu'elle n'était pas chez des particuliers riches et l'homme semblait tenir à son argent comme à sa propre vie. Le coeur de Lenne se serra en entendant qu'il ne payerait peut-être pas Sil.

-Ok Ok! Je reconnais que j'y suis allé un peu fort mais c'est la première fois que je fais pour un particulier, alors je n'ai aucune idée du prix. Bon, j'ai beaucoup de matèriels et il est neuf, j'ai beaucoup de boulots mais je pense que je vais pouvoir vous le faire gratuitement...pour cette fois fit-elle en voyant le visage de l'aubergiste.Et veuillez payer cette jeune fille pour son travail ou je reviendrais pour vous demandez le double du prix initiale de la réparation.
Lenne avait parlé sur un air faussement sévère et le visage de l'homme lui annonça que la jeune femme avait bien fait de choisir de faire la réparation gratuitement.

Lenne sourit une nouvelle fois.
- De rien Sil. répondit la jeune bibliothécaire. Soudain, le ventre de la jeune femme se manifesta lui rappelant qu'elle n'avait rien mangé depuis midi.
-Heu... Finalement, je vais commander à manger. Je pourrais prendre un steak de siffleurs avec de la purée de mircales, s'il vous plaît.
Lenne sortit une petite bourse pas très volumineuse. La jeune femme gardait le reste de son argent dans un endroit tenu bien secret, avec le reste de l'héritage fait par ses parents.