Le voyage commence bien... (RP terminé)

Après avoir quitté l'Académie de Merwyn, Darek arriva vers treize heures près d'une auberge qui lui semblait bien sympathique : l'Auberge du Siffleur. Cela faisait un certain temps que son estomac noué avait besoin d'être rempli. Alors qu'il entrait dans l'auberge, son ventre gargouilla une nouvelle fois.

L'intérieur était plutôt joli, il régnait un climat chaleureux dans la pièce. Le colosse s'assit à une table un peu en retrait des autres, près de la fenêtre. Sa gigantesque hache attachée dans son dos le gênait, alors il la détacha et la posa par terre près de lui, à portée de main.

- Qu'est-ce que je vous sers ?

L'Aubergiste se tenait devant lui, un morceau de papier et un crayon à la main.

- Deux cuisses de Siffleur et une bière, répondit le colosse.
- Vous savez, notre lait de siffleur est vraiment fameux ! Je le vous conseille vivement, car il est très...
- Une bière.

Darek avait prononcé ce mot d'une voix grave et coupante, en fixant l'aubergiste de ses yeux froids comme la glace. Celui-ci sembla déglutir puis répondit :

- Bien, je vous apporte ça tout de suite.

Quelques minutes plus tard, le géant dégustait avec ravissement une délicieuse viande de siffleur. Alors qu'il refermait ses doigts sur la poignée de sa hache, sans trop savoir pourquoi d'ailleurs, il fut saisi au plus profond de lui par un sentiment de danger aigü. Une voix silencieuse lui cria qu'il n'était pas en sécurité. D'un coup, il releva la tête et vit, face à lui, un homme assis à une table qui le regardait fixement. Darek le reconnut aussitôt : c'était le Mercenaire du Chaos qui avait attaqué Aridna le jour de leur rencontre. Depuis quand était-il là ? Le colosse l'ignorait, mais en regardant autour de lui, il constata que la quasi-totalité des hommes présents l'observaient d'un oeil sombre.

Il ne faut surtout pas rester ici, pensa-t-il.

Darek se leva calmement, déposa quelques pièces sur le comptoir de l'aubergiste et, sa hache en main, quitta prudemment la salle.
La rue était complètement déserte et silencieuse, à l'exception de deux hommes en habits sombres. Chacun d'eux était armé d'une dague.
Ils s'avançèrent d'un pas menaçant vers le colosse qui empoigna fermement sa hache à deux mains. Mais quand il se retourna pour vérifier ses arrières, il constata que les hommes au regard sombre étaient sortis de l'auberge et avaient dégainé des épées ou des poignards. À présent, Darek était encerclé.

Cerné par des Mercenaires du Chaos, pensa-t-il. C'est bien ma veine... le bain de sang va être terrible.

- On ne s'attendait pas à te voir ici, toi, déclara l'un des Mercenaires. Mais puisque tu t'es jeté dans la gueule du loup, on va te faire l'honneur de te donner la mort que tu mérites...

Darek fut soudain saisi d'un sentiment de colère intense, une rage profonde et une violence bouillantes, prêtes à jaillir d'un coup. Il voulait faire couler le sang. Il voulait tuer ces lâches qui s'apprêtaient à l'empêcher de revoir Aridna. Et il allait le faire. Il sentit une nouvelle force, puissante et brûlante, imprégner ses bras, son buste et bientôt son corps tout entier. N'y tenant plus, il serra les dents et siffla :

- Venez mourir, parjures, VENEZ MOURIR !

Puis il se jeta sur les Mercenaires du Chaos.

La rue pavée était rouge de sang. Les murs du l'auberge avaient été éclaboussés de ce liquide écarlate, et de nombreux cadavres jonchaient le sol. La scène était terrible : les Mercenaires du Chaos avaient été mutilés, éventrés, décapités et la scène du massacre était répugnante. Les corbeaux ne tarderaient pas à repérer ce tas de chair sanglante à l'odeur alléchante...

Dans la cité, Darek courait, sa hache pleine de sang à la main. Il avait plusieurs blessures au corps, des entailles peu profondes que certains Mercenaires avaient eu le temps de lui administrer avant de mourir. Son souffle était rauque et saccadé, son visage crispé... et ses yeux étaient devenus jaunes, des yeux qui étincelaient, menaçants. Un regard maléfique et mortel, un regard de démon.

Le colosse parvint à sortir de la cité mais ne s'arrêta pas de courir avant d'avoir atteint un endroit boisé, moins fréquenté ; les gens s'écartaient en criant sur son passage, ils avaient peur de cette créature aux yeux jaunes, aux vêtements pleins de sang et au souffle inhumain.
Darek s'arrêta et s'appuya lourdement contre un arbre, reprenant son souffle et ses esprits. Tout d'un coup, ses yeux reprirent leur couleur normale et le géant s'écroula au pied du tronc.



Quelques minutes plus tôt, devant l'Auberge du Siffleur, il s'attaquait sauvagement aux Mercenaires du Chaos, pourvu d'une force qu'il ne se soupçonnait pas. Il était prêt à défendre chèrement sa vie, et ses pensées étaient toutes centrées sur Aridna, la femme qu'il aimait profondément, à qui il avait promis de revenir.
Sa hache tranchait mortellement dans la mêlée décrivant des courbes sanglantes, et les Mercenaires avaient du mal à approcher le géant : les lames tournoyantes éventraient l'un après l'autre les hommes en habits sombres.
Mais au bout d'un moment, dans l'ardeur du combat, alors que le sang giclait sur les dalles de pierre dans la rue, la motivation qui guidait Darek, l'envie de retrouver sa bien-aimée à l'Académie de Merwyn, cette envie de survivre pour tenir sa promesse, disparurent, remplacées par un tout autre sentiment. Il éprouva un besoin irrésistible de tuer, une terrible soif de sang. Son hurlement sauvage se mua en cris rauques et inhumains, ses yeux de glace devinrent d'un jaune étincelant de folie et la force surhumaine qui guidait sa hache devint une explosion de fureur titanesque : le colosse était maintenant déchaîné, il tranchait tout ce qui était autour de lui ; le sang gicla de plus belle, les membres coupés volèrent, les corps furent séparés en plusieurs parties et le dernier des Mercenaires du Chaos tomba au sol, la tête tranchée, alors qu'il essayait de s'enfuir.
Darek resta debout quelques instants, à contempler la scène de carnage de ses yeux démoniaques, puis partit de la rue en courant.



Désormais, allongé sous ce grand arbre, il se sentait mal, faible et vulnérable. Vide. Cette puissance extraordinnaire qu'il avait ressentie lors du combat, ce sentiment de force absolue l'avaient quitté, et il constata que ses blessures au torse et sur le dos le faisaient souffrir. Mais l'envie de tuer, le besoin de donner la mort et la colère destructrice qu'il avait éprouvés auparavant ne l'avaient pas complètement quitté ; il sentait que ces sensations malsaines étaient restées ancrées en lui, attendant une nouvelle occasion pour jaillir à nouveau.

Darek ne prit pas le temps de bander ses plaies : il resta allongé et se reposa à l'ombre de l'arbre. Dans quelques heures, après avoir repris des forces, il repartirait à la recherche d'un médecin qui puisse s'occuper de ses blessures...

Malgré la souffrance, il n'eut aucun mal à s'endormir.

Darek ouvrit enfin les yeux. Il se sentait toujours mal, mais il allait quand même mieux que quelques heures auparavant ; il avait repris des forces et se sentait moins faible. De plus... il remarqua alors que les blessures sur son corps avaient été nettoyées à l'eau. Le sang coagulé avait disparu. Le géant comprit alors ce qui l'avait réveillé.

Il se mit violemment debout et tourna la tête vers sa droite pour apercevoir une femme qui lui tournait le dos, cherchant quelque chose dans un sac attaché à un cheval. Ses jambes flageolèrent, ses blessures le lancèrent, et il dut s'appuyer au tronc de l'arbre pour tenir debout. Il était plutôt contrarié que cette femme ait pu laver ses plaies pendant son sommeil, ne le réveillant qu'au dernier moment. Il n'avait pas été vigilant, il était trop épuisé et s'était endormi comme une souche, à la merci de n'importe qui ; cette femme aurait pu le tuer pendant qu'il dormait. Aussi, il déclara plus aggressivement qu'il ne l'aurait voulu :

- Qui êtes-vous ?

C'était la seule question qui lui était venue à l'esprit pour l'instant. Mais, quand la femme se retourna et lui fit face, il comprit qu'une réponse n'était pas nécessaire : il s'agissait de Marlyn Til' Asnil, "l'ange de brume", la fille qui l'avait abordé très agressivement dans les jardins de l'Académie, peu après l'arrivée de Darek. Celui-ci avait même été obligé de la frapper au final. Que faisait-elle là ? Et pourquoi avait-elle nettoyé ses blessures alors qu'elle semblait vraiment le détester ?

Le colosse se demandait même pourquoi elle ne l'avait pas simplement tué pendant son sommeil... à présent, il était sans voix.

Qui êtes-vous ?

MArlyn se retourna, surprenant le ton agressif de Darek. Elle vit les yeux globuleux du colosse, et fut contente de voir que celui-ci se rapellait toujours de leur altercation. Elle lui fit face, et lui répondit, par pure convenance :

Vous ne connaissez, Darek. Je suis MArlyn Til' Asnil.

Elle sourit, en voyant les yeux étonnés du colosse.
Puis retourna chercher de la viande séchée dans sa besace, et en donna à Darek.
Puis, Elle dessina un feu, et fit cuire d'autres morceaux de viande.
Pendant que tout ceci cuise, elle se retourna vers Darek :

Que vous est-il arrivé, pour que je vous trouve dans cet état ?

Darek hésita devant la morceau de viande que lui proposait Marlyn, mais il avait vraiment trop faim ; il avait à peine commencé sa viande de Siffleur à l'auberge, quelques heures auparavant, et son combat avec les mercenaires semblait avoir vidé les rares traces de nourriture qu'il restait dans son estomac. Il accepta finalement la viande séchée.

Il regarda Marlyn allumer un feu sans briquet, rien qu'en fixant son regard sur un tas de brindilles, puis faire cuire quelques morceaux de viande. Enfin, elle se tourna vers le colosse et lui demanda :

- Que vous est-il arrivé, pour que je vous trouve dans cet état ?

Darek hésita un instant, mais il était trop épuisé, aussi bien mentalement que physiquement, pour essayer de se construire un mensonge plausible. Il répondit donc la vérité :

- J'ai été attaqué par une bande de Mercenaires du Chaos alors que je déjeunais à l'auberge... J'ai réussi à m'en sortir. Et c'est tout.

Il avait décidé de dire une partie de la vérité, sans trop révéler ce qu'il s'était passé pendant le combat et comment il s'en était sorti...

Marlyn regarda le Géant, quand celui-ci parla. Il ne lui disait pas toute la vérité. Mais cela était son choix. MArlyn le respecta.
Attrapant un autre morceau de viande dans sa besace, elle le dévora, n moins de temps qu'il n'en faut pour le dire.
Quand les grillades furent prêtes, Elle se leva, et les tendit à Darek. Qui les accepta.

Après un long moment de silence, Marlyn se leva à nouveau, et dit au colosse :

Je dois repartir. UNe longue route m'attend, et je ne dois pas m'attarder, au risque de me faire attraper. Darek, je vous salue.

Puis, d'un mouvement de tête, elle le salua, et retourne vers Aelita. Et l'enfourcha.
Avec un dernier regard pour le géant, elle partit au galop, et disparut derrière l'horizon...

Darek fut satisfait que Marlyn se contente de ses deux phrases d'explication. Il accepta les grillades que lui tendait Marlyn, et mordit dedans à pleines dents. Quand ils eurent tous deux fini de manger, la fille se leva et déclara :

- Je dois repartir. UNe longue route m'attend, et je ne dois pas m'attarder, au risque de me faire attraper. Darek, je vous salue.

Le colosse se demanda fugitivement où elle allait et qui voulait l'attraper. Mais après tout, quelle importance ? Il se fichait pas mal des affaires des autres depuis des années, et de plus, Marlyn avait respecté son silence à propos des détails de ce qu'il s'était passé pour lui. Quand elle fut sur son cheval, elle lui fit un dernier regard.

- Merci, déclara Darek.

Il ne sut pas si Marlyn l'entendit. Elle talonna son cheval et partit au galop...



Le colosse attendit quelques minutes, puis se leva finalement. Sa hache en main, il fit quelques pas hésitants puis partit sur le chemin. Il s'arrêterait au premier village qu'il rencontrerait. En attendant, il espérait ne pas rencontrer trop d'embûches sur la route...