Leçon n°1 des cours optionnels de maîtrise du Dessin (2eme) (RP inachevé)

[mode barbare: baaaaaston! ]

Ambre se dirigea avec des pieds de plomb à son cours de dessin, donné par l'odieuse Dame Ar Kriss. Il faisait terriblement chaud, ce jour là, et Ambre avait déjà préparé son plan d'attaque contre la prétencieuse nobliotte, qui avait insulté son rang d'ittinérante et sa famille, par le même coup... Chose qu'il valait mieux éviter, quand on connaissait Ambre...
Elle arriva en classe, en affichant un sourire poli et soumis, et salua la Dame Ar Kriss avec un naturel et une politesse qui aurait déconcerté plus d'un de ses camarades.
Elle ne s'assit pas avant que Slynn ne lui en ai donné l'autorisation, et attendit les premières instructions de sa "professeur particulière"... Le fait qu'elles soient en tête à tête était plutôt une bone chose, en fin de compte... Aucun autre élève ne serait victime du plan machiavélique que la jeune fille avait savament préparé.

-Dame, vous avez toute mon attention souffla t'elle, affichant toujours sn sourire poli et faussement respectueux.

D'instinct, Slynn Ar' Kriss savait qu'Ambre Naeëlios se jouait d'elle. La Sentinelle avait passé bien trop d'années à la cour impériale et, à force d'intriguer, elle avait appris à déchiffrer l'expression des visages. Elle avait reconnu cette expression hypocrite qu'arboraient les membres de la cour qui étaient incapables de jouer correctement la comédie.
Toisant Ambre de son regard perçant et malveillant, elle lança d'une voix indéchiffrable :

- Quoi que tu aies fomenté comme mauvais coups, je te suggère de t'abstenir de les mettre à exécution sous peine d'endurer des souffrances que tu ne pourrais même pas imaginer. Ai-je été claire, itinérante?

Ambre lança un regard à Slynn, qui était visiblement perpétuellement en pétard, c'était parfait... Sa vengeance n'en serait que plus jouïssive.
Elle laverait son honneur, celui de Tifen, celui de Khan, et de tous ceux qu'elle ne connaissait pas ou mal, et que la Dame Ar Kriss bafoué.
Loin se de laisser impressioner, Ambre tiqua sur le dernier mot. Non pas qu'elle fut honteuse de faire partie de la caste ittinérante, loin de là... Mais ce mot, dans la bouche de Slynn sonnait comme une poésie de Raï.

-Dame, je suis flattée... Ainsi, je vous ai marqué au point que vous vous souvenez des mes ascendant? C'est trop d'honneur, je n'en mérite pas tant... Quant à un mauvais coup, je vous prie de croire qu'en aucun cas je n'oserais lever la main sur votre gracieuse personne...

Son ironie était clairement affichée. D'ailleurs aucune insulte n'avait été proférée, simplement quelques piques. Si Slynn la punissait, ça signifierait qu'elle accordait de l'importance à ses paroles de "roturière", aussi Ambre ne redouait-elle aucun châtiments.

-Par ailleurs, je n'aurais aucun intérêt à perturber ce cours. Plus tôt j'en aurai fini avec cette matière indigne, plus vite je pourrai me consacrer pleinement à ma formation de marchombre. Alors, Dame, je vous le demande sans arrière pensée, pouvons nous cesser ces palabres et nous consacrer au dessin? Je suis prète à vous obéir.

Slynn eut alors une expression pour la moins insondable et, dans un geste fulgurant, elle gifla Ambre Naeëlios d'un revers de sa main gauche avec une force surprenante :

" Ne t'avise plus jamais de te montrer insolente avec moi! " dit-elle avec une voix froide et calme. " Dans quelles circonstances as-tu découvert ton don? Et quels sont les résultats de ton test? "

Quoi que fasse Ambre, elle avait intérêt à se montrer bien plus prudente avec la Sentinelle qui détestait l'insolence, surtout venant de ses élèves. Slynn jugeait Ambre présomptueuse et aveugle et le ne lui ferait montre d'aucune pitié. Aucune...

La giffle de Slynn retourna le visage d'Ambre d'environ nonane degrés. Alors, la dame Ar Kriss pensait vraiment se faire respecter en frappant ses élèves et en les insultant? C'était tellement... Bas est risible...
Ne plus être insolente? Ambre estimait s'être jusqu'alors bien contrôlée... Simplement quelques pointes ironiques... Aucune insulte, encore mois de la vulgarité ou de l'irespect. La question de la dame lui fit baisser la tête.

-Lors d'une attaque Raïs sur le convoi de ma famille, j'ai vu mon père qui était encerclé. Ma mère dessinait aussi bien qu'elle pouvait, mais elle devait déjà résister à ses propres assaillants... Un des cochons les plus monstrueux s'est approché de mon père, épée batarde à la maiN. Je n'ai pas réfléchi et dans la panique, j'ai visualisé un poignard qui se ficherait dans son coeur... Il s'éfondrait quelques secondes plus tard, et le poignard qui a causé sa mort s'est effacé... dans les 3secondes suivantes, je pense..
Elle baissa les yeux, sans préciser qu'après son premier dessin elle avait été blessée par un des raïs et ne s'en était tirée que de justesse, grâce aux bons soins de son oncle.

-Je n'ai pu passer le test. Une audience ne m'a pas encore été accordée. Peut-être pourrais-je le passer avec vous? Ca n'handicaperait aucun élève, puisque nous sommes seules. Et vous êtes compétante, votre statut de sentinelle le prouve

La jeune fille retint le "contrairement à votre façon d'agir" qui lui brûlait les lèvres. Fâcher davantage Slynn Ar Kriss était dangereux. Au contraire, mieux valait se concentrée et n'attaquer qu'en dernière minute...

- Contrairement aux analystes, je ne suis ni familiarisée à faire passer des tests ni équipée pour le faire, vous irez donc consulter l'analyste Amaraï Volinisia comme tous les autres élèves. Reprenons à présent! Dans quelles autres circonstances as-tu utilisé ton don? Et quels Dessins as-tu fait basculer dans la réalité?

Slynn posait beaucoup de questions, mais cela servait uniquement à cerner le don de la jeune itinérante. La Sentinelle ne l'aimait, mais elle ferait cependant son travail de manière compétente. Il ne tenait qu'à Ambre de se comporter convenablement...

-Bien. J'irai donc voir cette dame dès que possible.

La jeune fille réfléchit quelques minutes. Il s'agissait de ne rien ommetre, histoire de mettre Slynn en confiance... Elle ferma les yeux et reprit.

-Je... Répugne à laisser mon esprit vagabonder par... là. J'ai récemment utilisé mon don... La dernière fois que les immondes cochons ont attaqué l'académie. Encore une fois, mes dessins n'étaient destinés qu'à donner la mort, et se sont effacé après quelques minutes, une fois leur méfait accompli.

Sans s'en rendre compte, la jeune fille parlait avec un vocabulaire plus soutenu qu'à son arrivée... L'effet des longues nuits de lecture? Des cours? L'influence? Nul n'aurait su le dire.

-Je suis aussi capable de reproduire des objets plus... travaillés. Comme celui-ci. Je l'ai reproduit une dizaine de fois pour lui montrer comment dessiner. Mais... enfin, j'ai tout renvoyé d'où ça venait.

Elle avait désigné le bracelet qu'elle portait au poignet , composé de trois fils d'argent travaillés tout en finesse et entrelacés autour d'une pierre aussi mauve que les yeux de la jeune fille. Cadeau de son père... Héritage.
Elle baissa les yeux. Quelle insulte au travail qu'il avait fourni que de le reproduire avec facilité et à l'infini...

-Je n'ai rien essayé d'autre., acheva t'elle, amère.

- Tu n'as donc jamais créé d'objets durables, c'est une bonne chose. Pour la plupart, les dessinateurs ne savent créer que des objets temporaires qui disparaissent quelques minutes plus tard le plus souvent. Parfois, ces Dessins peuvent même durer plus longtemps, mais ils disparaissent toujours. Cependant, certains sont capables de dessiner des objets éternels qui ne subiront jamais l'usure du temps et qui ne peuvent être détruits. Créer de tels Dessins, c'est bafouer la réalité, ce qui fait que les dessinateurs qui en sont capables ne font jamais de telles créations, mais il n'y aucune règle à suivre à ce sujet, c'est simplement une affaire de conscience. L'un de tes parents avait-il le don?

Si désagréable et détestable que puisse se montrer Slynn, il fallait lui reconnaître qu'elle était douée et professionnelle... quand ces sentiments ne prenaient pas le pas sur sa raison. Cependant, si la Sentinelle paraissait donner son cours de manière imperturbable, elle n'en était pas moins aux aguets. Elle s'attendait curieusement à un coup fourré de la part de la jeune itinérante...

La jeune fille hocha la tête. Evidemment qu'elle n'avait jamais rien dessiné en songeant à le maintenir dans la réalité plus que nécessaire... Elle était trop respectueuse du travail des artisans pour oser se permettre un tel sacrilège.
Chose dont, en revanche, ne se privait pas Merwynn... Et pourtant, il n'était personne en terre de Gwendalavir qui osait dire qu'il n'avait aucune conscience, loin de là... Pourquoi les choses étaient-elles différentes pour un homme comme lui?
La question, jugea t'elle, méritait d'être posée... Aussi releva t'elle la tête et croisa le regard de Slynn.
Ladite dame continua sur sa lancée, et devança Ambre d'une question.
La jeune fille cilla, avant de répondre avec amertume.

-Oui. Ma mère. Elle a étudié à l'académie d'Al Jeit, mais peu de temps... Mon père m'a un jour dit qu'elle aurait pu devenir l'une de vos collègue... Je ne me permettrai pas de juger. moi non plus, je n'ai pas la formation propre aux analystes.

Elle décida de na pas parler ouvertement de la fuite de sa mère pour épouser son père... Choix qu'elle n'avait jamais regretté, Ambre le savait. La noblesse du sang intéressait peu sa mère, pourtant aristocrate, qui était plus attachée à celle de l'âme.. Elle n'avaient d'ailleurs rien de commun avec l'odieuse dame Ar Kriss. De toute façon, c'aurait été un hors sujet.

-Pardonnez mon insolence, reprit-elle, la voix contrite. Vos.. informations me laissent en partie perplexe. Vous parlez de cas de conscience et de bafouer la réalité.. Et aussi étonnant que cela puisse vous parraître, je comprends ce que vous entendez par là. Ce que je ne comprends pas c'est... l'indifférence des gens par rapport au Maître dessinateur Ril' Avalon. je n'ai jamais entendu homme oser prétendre qu'il n'avait pas de conscience. Pourtant, en quoi ses créations éternelles sont-elles plus étiques que ceux d'autres dessinateurs?

- Merwyn Ril' Avalon est probablement le plus grand dessinateur que nous connaitrons jamais. Il est capable d'atteindre des Spires que nous n'atteindrons jamais... dès lors, il appréhende probablement une dimension que nous ne pouvons pas appréhender et peut-être cela modifie-t-il sa perception des choses. Mais qu'une chose soit parfaitement claire : la plupart des dessinateurs ne préfèrent pas violer la nature en créant des Dessins éternels, mais chaque dessinateur n'est tenu que par sa conscience et l'on admet de tels Dessins en certaines circonstances exceptionnelles... comme ce fut le cas pour l'Arche sur le Pollimage ou pour la grandes partie d'Al-Jeit.

Cet éthique " d'interdire " les Dessins éternels est surtout accentuée lors de la formation de jeunes dessinateurs afin d'éviter qu'ils utilisent leur don de manière totalement futile. Une fois leur formation terminée, on considère que les dessinateurs sont capables d'employer leur don avec le discernement nécessaire, mais ce n'est pas pour autant que le dessinateur agira avec discernement.

Bien qu'elle ne le montrait pas ouvertement, Slynn considérait que ce genre de discussions était la meilleure manière de former des dessinateurs. La Sentinelle considérait qu'être dessinateur n'était pas simplement avoir un don et savoir le maîtriser, elle pensait également que cela devait correspondre à une certaine manière de penser. Seulement, elle était bien l'une des seules dessinatrices à percevoir les choses de cette manière... Merwyn et quelques rares individus exceptés.

Ambre hocha la tête pensive. En un sens, tous étaient libres, et personne n'était réellement tenu par quoi que ce fut. Il suffisait d'être assez puissant pour atteindre les hautes spires... quoi que ce fut, d'ailleurs.
En d'autres termes, la société était reconnaissante à Merwyn d'utiliser sa puissance pour réaliser des choses belles et fonctionnelles à la fois.
On l'aimait pour les abérrations qu'il inventait. Abération plus fines et magnifiques que ne seraient jamais les oeuvre d'art sur lesquelles les artisans suaient.
Et cette admiration, dans la voix de Slynn... Vile vipère en manque de pouvoir qui voyait probablement en Merwyn un bon moyen d'augmenter encore son influence...
La jeune fille repensa au dessinateur. Visage amical, sourire gentil. Puissance démesurée.

Si ça se trouvait... Merwyn était du même moule que Slynn. Peut-être n'aimait il personne sinon lui même. Ca devait bien exister, les manipulateurs capables de berner tout leur monde, même s'il était composé d'Empereur et de demi faëls dangereux.... Sans oublier d'autres dessinateurs de talents, comme l'autre sous directrice, entr aperçue au moment des repas...
Merwyn était-il un manipulateur qui se servait de son trop puissant pouvoir autant contre les autres que pour eux? Et au final... Vu que personne n'atteingnait son niveau en dessin-pas besoin d'être la Dame pour le savoir- personne ne pourrait jamais l'égaler, ou détruire ses oeuvres.
Peut-être était-ce pour ça que l'empereur tenait tellement à l'avoir à ses côtés.
Un homme pareil, il valait mieux l'avoir avec soi que contre soi.
La jeune fille cilla, toute à ses pensées, et constata que la dame Ar Kriss parlait, sans qu'elle ait rien écouté.

-Veuillez me pardonner, Dame Ar Kriss.. Je n'ai pas suivi le cours de votre pensée. Qu'avez-vous dit?

Slynn lança un regard noir à Ambre Naeëlios avant de reprendre :

- Je vous expliquais l'exercice que vous alliez faire! A l'avenir, ne soyez plus distraite à mon cours, ou ça risque de mal se terminer... Donc, je vais vous dire un mot et vous allez dessiner de manière temporaire ce que ce mot vous évoque. C'est un exercice plus difficile et plus intéressant qu'il ne le laisse croire... alors, concentrez-vous!

La Sentinelle s'interrompit un moment avant de commencer...

- La haine... une rose... l'éternité... le Chaos... la vertu... l'amour.

Ambre retint le sourire qui la démangeait... "ou ça risque de mal se terminer?" Mais cela ne se terminerait pas bien, c'était une certitude, la jeune ittinérante avait tout calculé pour cela. Elle cilla, semblant accepter docilement l'avertissement de Slynn, bientôt suivi pas les consignes d'un exercices...
Dessiner ce qu'évoquaient des mots. Anodin? Selon la sentinelle, pas du tout. Et à bien réfléchir, elle avait raison... Chaque dessin prouverait non seulement la capacité à dessiner d'Ambre, mais aussi ce qu'elle avait au fond de son coeur...
L'idée de se faire passer pour plus bête qu'elle n'était éfleura la jeune fille. Pourquoi donner le meilleur de soi-même à quelqu'un comme cette... femme qui la toisait.
Peut-être valait-il mieux passer pour la roturière qu'elle imaginait et... ainsi, éviter les leçon de dessin. Renier son don, le repousser au plus profond d'elle.
Pas très marchombre, comme façon de voir les choses... Non. Pas du tout, même.
Mieux vaudrait se laisser aider, guider, même par quelqu'un d'aussi détestable que Slynn. Peut-être que de toutes façon, son don était réellement négligeable.

Premier sujet: la haine.

Ambre jeta un regard interrogateur à la dame Ar Kriss, qui poursuivait "rose", "éternité" "chaos" "vertu" "amour".
Etangement, le visage de Slynn semblait changer suivant les mots prononcés, parvenant presque à lui donner une aura de... douceur?
Le sourcil d'Ambre s'arqua. Mais par la barbe de son grand père, qu'est-ce qu'elle était en train de se faire comme réflexion?!

Peut-être... Pourrait-elle au moins essayer. Après tout, c'était de beaux sujets.

Elle ferma les yeux, et laissa ses pensées dériver. Qu'importait le temps que ça prenait, la haine était quelque chose qui méritait d'être soigné. Haine. Haine. Spontanément, elle pensa au dessin. Mais comment dessiner le dessin? Elle pensa à la distance. Elle pensa à elle-même. A son orgueil. A sa faiblesse.

Elle se glissa dans ce lieu où tout était concrétisable...
La haine, c'était un étau de glace autour du cou, qui se resserit au fur et à mesure que le temps passait. C'était l'éclat du sang qui coulait, c'était la soif intarrissable de vengeance, même si on n'avait personne à punir.

Elle dessina une seconde peau à la dame Ar'Kriss, une sorte de manteau transparent, qui lui emprisonnait les mains, et qui lui collait au corps, l'oppressant et l'empêchant de respirer, qui crispait ses mains, qui lui enserrait la gorge... juste assez peu pour ne pas l'étouffer, juste assez pour qu'on ait qu'une envie: l'ôter. Le dessin plaçait même des oeillères à la noble... Car telle était la haine, aux yeux de l'adolescente.
Elle le matérialisa, et vacilla légèrement.
Elle ne regardait pas Slynn. Et résistait de toutes ses forces pour que son manteau tienne le coup.
On ne se débarrassait pas facilement de la haine.
Le dessin s'estompa, et Ambre trembla. 3minutes s'étaient écoulées.
La jeune fille se mordit les lèvres, se demandant ce que Slynn penserait de son premier essai. Elle serait probablement furieuse d'avoir servi de cobaye... Ou peut-être pas.
Après tout, la haine de se regardait pas, elle se ressentait.
Comment ressentir l'intensité d'un sentiment sans le vivre?

Pour la rose, s'était bien plus simple... Moins fatiguant.
Il suffisait de visualiser les pétales, d'un pourpre presque noir, qui offraient leur beauté au monde, avant de pourrir, une à une...
Il suffisait d'un parfum trop capiteux pour qu'elle l'apprécie vraiment et la douceur veloutée de la fleur.
La faire basculer dans la réalité.

Un instant, elle hésita à ajouter un mot d'excuse- énième pique ironique à sa chère professeur- ou non. Et décida que non.
Après tout, Slynn n'avait qu'à lui fixer des limites.
La rose se matérialisa, au sol, coupée près de la fleur. S'ouvrit au monde, et se noircit, chaque pétale se flétrit, se courbant sur lui-même comme autant d'égoïstes le faisaient sur leurs problèmes. Tombèrent. Disparurent. 2minutes au total. Ephémère et négligeable.

Les mains d'Ambre tremblèrent. Pourquoi Slynn ne réagissait pas? Elle ne semblait pas souffrir de remords lorsqu'il s'agissait d'asseoir son prestige et son honneur...
Quel était le mot suivant, déjà?

Eternité.

Les yeux mauves de la jeune fille se refermèrent, et elle réfléchit, le corps raide, toujours dans l'attente d'un coup...
L'éternité...
Ne lui évoquait rien. Les itinérants avaient depuis trop longtemps conscience de leur propre insignifiance pour oser imaginer ce que serait l'éternité. Pour Ambre, cette valeur trop abstraite signifiait autant que les dieux le dragon ou la dame: une aberration, aussi futile que dérisoire.
Les itinérants n'avaient pas besoin de croire en ces choses pour affronter leur destin. Ni pour se rassurer. Et les marchombres?
Ambre ne savait pas, et cela la confortait encore dans l'idée qu'elle n'était pas faite pour cette voie, finalement. Elle ne chevaucherait jamais la brume... Quant à la liberté... La liberté ce n'était que du vent.
Alors Ambre dessina le vent, parce qu'il ne s'arrêterait jamais de souffler, qu’importaient les gens, et leurs aspirations. Le vent était l'éternité, et il se riait d'eux en ébouriffant leurs cheveux.
Ce n'était pas si compliqué, au fond, l’éternité.
La nausée reprenait Ambre, comme trop souvent ces temps-ci. Le chaos. La vertu. L’amour…
Mais on s’en fichait bien, de tout ça. Le chaos, c’était l’univers. La vertu, c’était de la connerie. L’amour… On s’en fichait de l’amour…
Elle vacilla.

-Ca n’a aucun sens…

Et elle s’effondra. Etrange que Slynn n’ait pas parlé de « paix ». A cet instant, Ambre aurait parfaitement su la représenter. Le noir de l’inconscience, et de l’oubli.

[retour dans le monde des pavés, je me suis un peu emportée... j'édite si ça pose le moindre problème]

D'un geste vif, Slynn releva la tête d'Ambre et la fixa dans les yeux :

- Cela n'a de sens parce que vous ne savez pas lui en donner un, Ambre Naeëios! Dessiner implique de savoir donner un sens aux choses que l'on dessine, sinon elles n'ont aucune raison d'être! Voilà l'une des raisons pour lesquelles Merwyn Ril' Avalon et d'autres dessinateurs puissants se permettent des Dessins éternels, parce qu'ils leur donnent une raison immuable d'exister! C'est la seule façon de ne pas bafouer inutilement la nature et la réalité!

Se détournant vivement d'Ambre, Slynn regarda à travers la fenêtre, l'air totalement insondable. D'une voix dure, elle s'exclama :

- Recommencez l'exercice...

-Je voudrais juste une pause. Je n'ai pas l'habitude de...

Mais la dame Ar'Kriss lui jeta un regard qui la fit se relever. Personne ne la regarderait jamais avec ce dédain sans en payer les conséquences. Elle: elle allait payer tout de suite.

Elle laissa son esprit basculer dans l'imagination, et créa l'équivalent de trois sceau remplis à ras-bord au dessus de la tête de Slynn. Les fit basculer sentit ses jambes molir à nouveau... Sa vision se brouiller quelques secondes... avant de redevenir normal, et voir Slynn, Bouche ouverte, ses cheveux collés à son visage, sa tunique de noble détrempée, qui n'avait pu retenir un petit glapissement de surprise.

-Oh, je suis désolée. Je pensais juste à un peu d'eau fraîche... Vous aviez sans doute raison, ces cours seront utiles, puisque je manque de contrôle.. Voudriez-vous que j'aille mander une serviette?


[>< Bon ben, si tu le prends comme ça...]