Réflexion... Rencontre familiale... [Terminé]

En attendant sa réponse Elisha l’observait donc de la tête aux pieds. Elle avait, comme la rêveuse l’avait déjà remarquée, l’uniforme aux couleurs noires de Corbac de l’Académie de Merwyn. Ses cheveux se formaient de longues boucles brunes, plus ou moins semblables aux rousses de la rêveuse, qui tombaient en cascade dans sur ses épaules. Elle était pâle, très pâle, blanche même. Très mince également. Elle n'était pas très grande par contre, moins qu'Elisha. Par certains côtés elle ressemblait énormément à la rêveuse. Elles possédaient la même beauté sauvage. Même leurs yeux, bien que de couleur différentes, brillaient du même éclat, ou presque. Mais de cela Elisha ne s'en rendait pas réellement compte. Elle ne pouvait pas s'imaginer que la jeune femme qui lui faisait face est un quelconque lien de parenté avec elle. Sa famille, depuis de nombreuses années, s'était réduite à ses parents, sa soeur et elle-même. Pas de cousins, oncles, grands-parents ou autre. Rien. Absolument rien.

La Corbac prit alors la parole. Prononçant des mots auxquels Elisha s'était attendue, même si ce qui l'interressait surtout c'était comment l'adolescente la connaissait - du moins de nom et de vue - mais que ce n'était pas le moins du monde réciproque. Alors oui donc, la Corbac connaissait Elisha, du moins elle le croyait. Elle n'en était donc pas sure. Mais si elle avait prononcé son prénom c'était sans doute que c'était bien elle qu'elle connaissait, qu'elle n'avait pas confondu avec une autre personne, car, même s'il était probable qu'une personne ressemble à Elisha de vue, le fait que cette personne porta le même prénom que la rêveuse l'était moins. Qui était donc cette Corbac pour la connaître ainsi ? La rêveuse n'eut pas à attendre longtemps pour avoir la réponse à sa question muette. La Corbac disait s'appeler Enelyë. Enelyë Wind.

Elisha en resta ébahie. C'était tout simplement impossible. Elle mentait forcement. Elle ne pouvait pas s'appeller Wind. Non décidement elle mentait. Il n'y avait pas d'autre possibilité. Pourtant à bien la regarder, désormais qu'elle connaissait son nom, où du moins le nom par lequel elle disait s'appeler, Elisha remarquait leurs ressemblances. L'éclat particulier de leurs yeux, leurs boucles esquissées de façon si semblable. Mais c'était impossible. Wind était le nom de sa mère et, aux dernières nouvelles celle-ci était fille unique. Et si cette 'Enelyë' s'appelait bien Wind, elle faisait sans doute partie d'une branche très éloignée de sa famille. Alors dans ce cas-là, comment pouvait-elle connaître la rêveuse, et la reconnaître ? C'était impossible. Et pourtant...

- C'est impossible, tous simplement impossible. Si tu t'appelle bien Wind, je ne vois pas comment tu pourrais me connaître, et me reconnaître, étant donné que dans ce cas - comme ma mère est fille unique - tu es d'une branche éloignée.

Ainsi c'était dit. Elisha avait exposé son raisonnement, restait à voir la réaction de l'adolescente à ses mots. Une seule autre chose était probable. Que sa mère lui est mentie, et qu'elle est un frère.

- C'est impossible, tous simplement impossible. Si tu t'appelle bien Wind, je ne vois pas comment tu pourrais me connaître, et me reconnaître, étant donné que dans ce cas - comme ma mère est fille unique - tu es d'une branche éloignée.

Elisha avait exposé son point de vue, et Enelyë avait écouté patiemment et calmement. Mais lorsqu'Elisha avait dit que sa mère était fille unique, Ly fut indignée. Il n'aurait fallu que la pousser légèrement plus pour qu'elle n'explose, mais elle resta calme et répondit d'un ton tout aussi calme.

- Mon père est le frère de ta mère.

Ly avait senti les mots franchir ses lèvres, sans être sûre toutefois que la demoiselle ait pu les entendre. Elle leva son regard vers le sien. Non, c'est vrai, elle ne se ressemblait pas. Quel âge Elisha avait-elle ? 15 ans ? Il semblait à Ly qu'elles n'avaient en effet que deux ans de différence.
D'ailleurs, cela l'étonnait elle-même. Elle gardait un souvenir de ses deux ans ?

- Je t'ai vu à ta naissance. La première et dernière fois que je t'ai vu, d'ailleurs. Je dois t'avouer que nos pères ne s'aiment pas. Se détestent serait même plus juste.

Pourquoi, d'ailleurs ? Le père de Ly n'aimait pas Anrano... Ce n'était pas logique. Elle lui demanderait plus tard, lorsqu'elle le reverrait.

- Il me semble que je suis ta cousine, donc.

[Désolée, c'est court, mais l'inspi n'est pas avec moi en ce moment...]

La jeune Corbac, nommée Enelyë, à moins qu’elle ne lui est également mentie sur ce point, avait patiemment écouté la rêveuse. Calmement aussi, comme si le fait qu’Elisha remette sa parole en cause tombe sous le sens. Elisha s’était attendue à tout sauf à cela, une personne ne peut pas rester impassible lorsqu’on la traite, même indirectement, de menteuse. Cela touche tellement les gens dans leur égos, qu’ils ne peuvent tout simplement pas faire comme si de rien n’était. Alors la Corbac gardait pour elle ses émotions et ne les laissaient pas sortir. Qui était-elle ? Qui pouvait-elle bien être ? Autre que celle qu’elle disait être, une fille de la famille d’Elisha. Qui était-elle réellement ? Que cachait-elle ainsi en cachant ses réactions ?

Mais peut-être qu’Elisha s’inquiétait pour rien. Il s’était passé tellement de choses ses derniers temps... Elle n’aurait peut-être pas du sortir de la Confrérie. Ainsi rien de tout cela ne se serait déroulé. Elle n’aurait pas rencontré cette adolescente qui se prétendait être... Etre qui d’ailleurs ? Hormis le fait qu’elle se dise de la famille de sa mère, qui se prétendait-elle être ? Sa cousine ? Sa tante ? Ou bien plus éloignée, ou plus proche qu’Elisha ne pouvait se l’imaginer ? Mais la jeune rêveuse qui avait vécue tant de choses ses derniers temps n’eut pas le temps de pousser plus loin ses réflexions qu’Enelyë, si elle s’appelait bien ainsi, lui répondait déjà. Ainsi elle se disait être sa cousine. Son père serait le... frère de la mère d’Elisha. Mais qui lui mentait donc ? Elisha avait vécu trop d’évènements importants pour pouvoir se retenir plus longtemps. Alors, elle s’emporta, littéralement.

- Mais quel âge as-tu donc ? Tu en parais dix-sept, mais tu dis m’avoir vu à ma naissance. As-tu donc une si grande mémoire que tu te souviens d’un évènement qui se serait produit alors que tu n’avais que deux ans ? Comment veux-tu que je te crois dans ses conditions ?

Sa voix montait dans les aigus et des larmes apparaissaient aux coins des yeux de la rêveuse. Qu’était-elle donc venue faire dans cette galère ? Mais plus que cela, ce qui l’étonnait, et en même temps lui semblait logique était qu’Enelyë avait dit que leurs pères se détestaient. Cela expliquerait bon nombre de chose. Comme le fait qu’elle n’est jamais sur qu’elle avait un oncle. Et encore moins une cousine. Sa mère avait toujours été une femme soumise à son mari. Serait-elle allé jusqu’à accepter de cacher à ses propres filles l’existence d’une branche familiale ? Oui, c’était largement possible.

Mais pourquoi ? Pourquoi cacher cela ? Pourquoi accepter tout cela ? C’était la seule véritable question. Trop d’embrouille tournait autour de la rêveuse en ce moment. Et désormais cela... C’était trop d’un coup, mais l’adolescente qui se trouvait en face d’elle n’avait pas à en subir les répercussions. Elisha se calma donc, enfin pouvons-nous dire. Sa voix reprit son ton habituel lorsqu’elle prit la parole.

- Excuse-moi. Je n’aurais pas du m’emporter. C’est juste que... tout cela est si soudain. Si tu dis vrai, cela voudrait dire que l’on m’a menti, et à ma sœur également, durant toute mon enfance. Comprends-tu que je remette plus facilement ta parole en cause, que celle des personnes qui m’ont élevés ? C’est tellement plus simple... Et plus lâche, rajouta-t-elle après un moment de silence et d’une voix beaucoup plus sourde.

A ses derniers mots elle avait également levé sa tête pour planter ses yeux d’un vert brillant dans ceux, noisettes et tout aussi brillants, de celle qui se disait sa cousine. Elle ne voulait plus fuir la réalité, quand bien même tout lui tombait dessus en même temps.

Sa voix était partie dans les aigus, en même que de petites larmes étaient apparues aux coins des yeux d'Elisha. Ly avait esquissé un pas vers elle, se demandant si elle pouvait la prendre dans ses bras, ou si elle Elisha la rejetterait. Son pas resta donc en suspens, puis finalement, elle le replaça à côté de celui qui n'avait pas bougé. Ly ne prit pas la peine de répondre à Elisha. Il lui semblait à elle aussi que c'était assez étrange. Mais en vérité, elle ne se rappelait que d'un éclat roux et d'un nom. Elisha sembla se calmer, puis reprit la parole de sa voix habituelle, à quelque chose près.

- Excuse-moi. Je n'aurais pas dû m'emporter. C'est juste que... tout cela est si soudain. Si tu dis vrai, cela voudrait dire que l'on m'a menti, et à ma soeur également, durant toute mon enfance. Comprends-tu que je remette plus facilement ta parole en cause, que celle des personnes qui m'ont élevés ? C'est tellement plus simple... Et plus lâche.

Elisha planta son regard verdoyant dans les yeux noisette de Ly. Un regard dur, mais pas froid. Enelyë avait tout de même compris une chose : elle n'avait pas qu'une cousine, mais deux.

-Je comprend tout à fait, souffla Ly. Si j'étais à ta place, j'aurais eu la même réaction.

Ly avait décidé de ne pas soulever tout de suite la question de la seconde cousine. Elle avança d'un pas vers Elisha. Est-ce qu'elle devait lui exposer leurs ressemblances pour la convaincre ? Lui parler de ce qu'elle savait d'elle ? Les deux ou aucun ?

- Si tu ne me crois pas, je comprendrai. Je ne chercherai pas à te convaincre, je sortirai de ta vie comme j'y suis entrée il y a quelques minutes... Mais si tu acceptes le fait que je puisse être ta cousine, même si actuellement, tu ne peux pas vraiment avoir de preuves si ce n'est les quelques ressemblances qui nous lient, comme nos boucles ou l'éclat de nos yeux, ce serait... Une courte hésitation se peint sur son visage. Bien.

Aucun autre adjectif ne lui était venu à l'esprit. Bien que celui-ci lui parût insuffisant à exprimer ce qu'elle ressentirait si Elisha l'acceptait.

Elisha ne tenta même pas de se dégager.

Elle restait comme prostrée sur elle-même. Elle avait l’impression de voir Ael plus grande. Une Ael qui aurait pu réaliser ses rêves. Et le fait qu’elle, petite rouquine, ait toujours quinze ans signifiait donc qu’elle n’avait pas changé. Qu’elle n’avait pas bougé. Pas agit. Qu’elle était restée la gamine qu’elle avait toujours été. Incapable de réaliser ses rêves. Tandis que sa sœur, jolie petite brune, s’exprimait enfin, représentant l’exact contraire d’Elisha. Mais non ! Elle mélangeait absolument tout. Ce n’était pas sa sœur qui la tenait dans ses bras mais sa cousine. Sa cousine dont on lui avait toujours caché l’existence. Pour une raison qu’elle ignorait mais que ses parents devront lui donner la prochaine fois qu’elle les verra.

Elle s’était simplement égarée. Et puis d’abord, elle avançait, contrairement à ce qu’elle venait de penser. Car si elle stagnait, comment aurait-elle pu sauver Locktar ? Comment aurait-elle pu ne serait-ce que débarquer à la Confrérie ? Elle avait eu le courage de se révolter. Elle espérait qu’Ael en fera autant. Et puis si elle n’y arriverait pas, Elisha serait là pour l’aider. Pour une fois elle ne bâclerait pas ses devoirs de sœur. Elle l’aiderait jusqu’au bout à réaliser ses rêves. Quel qu’ils soient. Car après tout, c’était en parti grâce à elle. Grâce à Ael. Qu’elle avait eu le courage de se révolter. De refuser de faire couler le sang d’autrui. Elle lui était éternellement redevable, et l’aiderait quoi qu’il arrive. Sa petite Ael. Sa petite sœur.

Elisha recommença à se mouvoir. A réagir.

Enelyë lui parlait. Proposant de rattraper le temps perdu. Elle murmurait et sa voix ne semblait que promesse. Qu’avenir. Avant même qu’Elisha n’est le temps, ne serait-ce que d’acquiescer, elle recommença à parler. A questionner serait plus juste. Elle se demandait pour la rêveuse ne portait pas d’uniforme. Formulé ainsi cela semblait logique, la différence était qu’Enelyë ignorait qu’Elisha n’était pas à l’Académie mais à la Confrérie. Et avant de lui répondre, un doute prit Elisha. Et si Enelyë était une combattante. Elle était à Corbac, cela elle l’avait déjà remarqué. Mais elle ne savait pas quel enseignement elle suivait. Corbac, combattant. Locktar. Et si elle connaissait Locktar ? C’était une possibilité. Mais le Corbac n’aurait-il pas alors remarqué la ressemblance entre les deux cousines ?

- Je ne suis pas à l’Académie... Mais à la Confrérie. Je suis une... rêveuse. Ou du moins je m’efforce de l’être.

Et elle s’écroula dans les bras de sa cousine à peine retrouvée. Trop de mensonges l’entouraient. Mais peut-être que Locktar ne lui avait jamais menti. Peut-être qu’il n’avait pas remarqué la moindre ressemblance. Peut-être qu’il ne connaissait même pas Enelyë. Et puis, que lui devait-il Locktar, à part la vie désormais ? Sauf que selon Elisha, Locktar ne lui devait rien. Elle n’avait fait qu’accomplir son devoir. Rien d’autre. Accomplir son devoir... Ou tenter de l’accomplir. Elle avait bâclé son travail. Elle savait que si elle avait continué à dérouler son rêve elle en serait sans doute morte, mais... Elle ne pouvait s’empêcher de penser qu’elle avait bâclé son devoir. Elle n’était pourtant que du premier cercle et n’aurait même pas dû être capable de le soigner, ou rien qu’une écorchure.

Alors pourquoi ne pouvait-elle s’empêcher de s’en vouloir ? Elle était vraiment trop bête. Trop jeune, trop fragile. Trop... tout.

[Bon, post pas très long, mais au moins je t'ai répondu ^^]

Le vent soufflait, faisant doucement bruisser les feuilles naissantes. Le jour se chargeait d'étoiles dans la lumière déclinante. L'air se rafraichit soudainement, faisant frissonner la jeune femme aux yeux noisette. L'eau semblait s'être arrêtée, elle, comme pour écouter la conversation muette qu'avait plus ou moins engagé les deux jeunes femmes. L'atmosphère commençait à changer. D'une nature chaleureuse et joyeuse elle passait à quelque chose de froid et triste. Le changement entre le jour et le crépuscule s'était fait brusquement.

La demoiselle rousse resta comme figée dans les bras de sa cousine. Au bout d'un moment, elle se dégagea de son étreinte, recommençant à bouger. Enelyë écouta la réponse d'Elisha, qui disait ne pas être à l'Académie, mais à la Confrérie d'Éoliane. Une rêveuse... Qui n'avait pas confiance en elle. Celle-ci retomba dans les bras de la dessinatrice, qui caressa ses cheveux dans un geste apaisant. Enelyë avait l'impression d'être connectée à sa cousine, sachant très bien que ce geste calmerait ses angoisses. Comment le savait-elle ?

- Je suis dessinatrice, tu sais ?

Elle s'écarta doucement d'Elisha, puis entra dans les Spires. Que pouvait-elle dessiner ? Après un moment d'hésitation, elle décida d'Imaginer son premier dessin. Une plume blanche, douce et légère se matérialisa sous leurs yeux. Enelyë sourit, contente de voir que ce dessin était le sien. Quelque chose qui venait d'elle, bien qu'elle ne sache pas comment elle avait pu sortir cela de son intérieur.

Le vent refit frissonner la jeune femme. Elle regarda Elisha, en souriant. Cette journée aura été forte en émotions. La dessinatrice avait retrouvée sa cousine, et s'apprêtait à répondre par l'affirmative au garde. Elle voulait devenir forte, et Elisha lui donna une raison de plus : protéger ceux qu'elle aimait, même si les deux cousines venaient à peine de se rencontrer...

- Il se fait tard, je vais rentrer à l'Académie.

La dessinatrice déposa une bise sur la joue de la rêveuse, lui murmurant au passage un "au revoir" d'une gentillesse absolue, contenant la promesse d'une nouvelle rencontre. Ensuite, elle se dirigea vers le monumental bâtiment, se retournant quelques fois pour voir Elisha partir de l'autre côté. Elle sourit encore, puis se rendit directement aux jardins. Elle attendrait que la nuit soit tombée, elle attendrait le garde...

-> RP terminé