Ceci est un jeu stupide

Bon, tout a commencé quand je suis tombé sur ceci :


''Je suis le ténébreux, -le veuf,- l'inconsolé,
Le prince d'Aquitaine à la tour abolie :
Ma seules étoile est morte, - et mon luth constellé
Porte le soleil noir de la Mélancholie.''
De notre ami G. de Nerval


Alors voila, en soi, ça a pas réellement d'intérêt... Mais en fait, là où ça commence à etre amusant, c'est quand on lit là suite.
Donc, voila la suite :


''Je suis celui qui est plongé dans les ténèbres, celui qui a perdu sa femme et n'a pas contracté de nouveau mariage, celui qui n'est pas consolé ; celui qui possède une souveraineté sur une contrée de l'ancienne Gaule correspondant à peu près au bassin de la Garonne, et dont sa sorte de bâtiment très élevé et de forme ronde ou carrée est supprimée ; mon astre fixe qui brille par sa lumière propre et qui est sans compagnie a cessé de vivre et mon ancien instrument de musique à cordes parsemé d'étoiles soutient le poids, la charge de l'astre lumineux au centre des orbites de la terre et des planètes, astre de l'état morbide de tristesse et de dépression.''
De Raymond Queneau

Peut être ne remarquez vous rien, mais peut être remarquez vous, mais en réalité, ça a la meme signification. Et c'est le but. En fait, Queneau s'est amusé à reprendre cette strophe bien connue en remplaçant chaque mot par une périphrase (pour ceux qui ne s'en rappellent plus, une périphrase, c'est quand on utilise une expression pour un mot (ex : ici, Ténébreux => celui qui est plongé dans les ténébres)

Donc, je vous propose de jouer à faire de même sur des citations connues ou des paroles de chanson, ou encore... ce que vous voulez !

Pour le suivant on va ressortir Baudelaire :
''Homme libre, tu chériras la mer !
La mer est ton miroir ; tu contemples ton âme
Dans le déroulement infini de sa lame,
Et ton esprit n'est pas moins amer.''


Bon, voila, après, si vous voulez, rien ne vous interdit de jouer sur le double sens des mots

Bon bah on se lance ^^'

donc l'original de Baudelaire :

''Homme libre, tu chériras la mer !
La mer est ton miroir ; tu contemples ton âme
Dans le déroulement infini de sa lame,
Et ton esprit n'est pas moins amer.''


Bipède pensant sans contrainte, tu es attaché à celle qui scintille sous la lumière piquante du Soleil et cette dernière est, à l'instar d'un objet bien connu séjournant fièrement dans ta salle de bain, si lisse qu'elle reflète une image. Tu considère avec toute ton attention, dans le déploiement interminable de sa bande métallique plate et tranchante, ton principe fondamental, celui qui n'est pas corporel, et qui fait de toi, selon un philosophe connu de tous, un être pensant. Cela ne rendra pas pour autant ta composition immatériel moins acrimonieuse.




Alfred DE MUSSET :

"Dans mes jours de malheur, Alfred, seul entre mille,
Tu m'es resté fidèle où tant d'autres m'ont fui.
Le bonheur m'a prêté plus d'un lien fragile ;
Mais c'est l'adversité qui m'a fait un ami."

Excellente idée

"Dans mes jours de malheur, Alfred, seul entre mille,
Tu m'es resté fidèle où tant d'autres m'ont fui.
Le bonheur m'a prêté plus d'un lien fragile ;
Mais c'est l'adversité qui m'a fait un ami."

Lorsque la lumière se répand sur la terre et que les troubles m’emportent dans les plus tristes pensées, Alfred, sans personne entre un chiffre que l’on ne compte rarement du regard, tu as respecté ton engagement moral envers moi là où tant d’autres se sont éloignés à grande vitesse avec l’intention de ne pas revenir. Ce qui m’apporte joie et satisfaction m’a prêté plus d’un objet flexible de forme allongée servant à maintenir divers éléments ensemble qui se sont brisés au moindre coup ; mais ce sont les épreuves à surmonter qui ont donné existence à une personne à laquelle je suis véritablement attachée.

"Elle s'en va vers les hasards
Au fond de l'ombre et des brouillards,
Au long bruit sourd des tocsins lourds,
Cassant leur aile, au coin des tours."

Verhaeren

Parce que les jeux c'est cool, et que j'ai la flemme de réfléchir à mes RPS



Cette douleur intrinsèque dont elle ne serait se débarasser et qui lui cause une souffrance plus que lascive et qui pèse sur ses épaules comme un fardeau incommensurable ne semble pas vouloir la quitter, quand bien même le soleil se noie dans l'horizon et la lune fond derrière les étoiles, et ce sans relâche. C'est une condition inhérente à ce droit qu'est de porter la génération future de sa race et de l'élever, et malgré ce don, elles peuvent pleurer rouge et redevenir poussière.
Ca possède une certaine magnificence, mais toute jolie qu'elle est, elle fait naitre en son sein une souffrance toute proportionnelle à sa beauté.

Blablablablabla ça veut absolument rien dire

Maître Corbeau, sur un arbre perché,
Tenait en son bec un fromage.
Maître Renard, par l'odeur alléché,
Lui tint à peu près ce langage.

"Maître Corbeau, sur un arbre perché,
Tenait en son bec un fromage.
Maître Renard, par l'odeur alléché,
Lui tint à peu près ce langage."

Le grand oiseau noir aux ailes déployées, perché en équilibre instable à la cime d'un pin, tenait fermement dans son bec un camembert. Un renard roux et affamée ayant été attiré par son odeur alléchante lui dit à peu près ceci.

Un peu nul, mais bon... Alors, à moi :

Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées ;
Mon paletot soudain devenait idéal ;
J'allais sous le ciel, Muse, et j'étais ton féal ;
Oh! là là! que d'amours splendides j'ai rêvées !

Rimbaud

''Et je vois au-delà quatre formes légères
Qui dansaient sous la lune au milieu des bruyères [...]
Leur forme était semblable et semblable la danse
Mais les enfants du loup se jouaient en silence.''

Et mon regard capte, plus loin, un nombre précis d'ombres nettes et sans poids
Qui se mouvaient en musique sous la pale allégorie nocturne au centre des landes herbeuses [...]
Leur apparence extérieure était la même et identique l'allégresse qui les aminait
Cependant la progéniture de l'animal qui chante à la lune s'amusait sans un bruit.''

et pour vous :

''Les morts, les pauvres morts, ont de grandes douleurs,
Et quand Octobre souffle, émondeur des vieux arbres,
Son vent mélancolique à l'entour de leurs marbres,
Certe, ils doivent trouver les vivants bien ingrats,
A dormir, comme ils font, chaudement dans leurs draps''

Baudelairouchou (ou la joie du réalisme macabre -et encore, j'ai été soft-)

''Les morts, les pauvres morts, ont de grandes douleurs,
Et quand Octobre souffle, émondeur des vieux arbres,
Son vent mélancolique à l'entour de leurs marbres,
Certes, ils doivent trouver les vivants bien ingrats,
A dormir, comme ils font, chaudement dans leurs draps''

Baudelaire, donc...

Les cadavres, les pauvres enveloppes vides de toute pensée, sont très malheureux,
Et quand le mois du terne Octobre nous dispense sa brise d'or, élaguant les branches des vielles plantes aux cimes effeuillées,
Dont le souffle emprunt de mélancolie virevolte autour de leurs sombres tombeaux de marbre,
Sans doute, ces misérables doivent trouver les personnes dont les poumons se gonflent encore bien ingrates,
Lorsqu'elles dorment, comme elles le font, bien au chaud dans leurs draps.

Pas terrible, si ?

& la suite :

"Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l'herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut."

Eh oui, vous l'aurez deviné, il s'agit encore et toujours de mon cher Rimbaud...

Un jeune individu appartenant à un corps militaire bas-gradé, dont les lèvres n'étaient pas closes et qui avait ôté son couvre-chef,
et dont l'extrémité supérieur de la colonne vertébrale mijotait dans un jus aqueux qu'agrémentait une plante que l'on ne retrouve jamais autour des fontaines, d'après le dicton, et qui pour l'occasion avait la même couleur que le ciel,
se trouve dans un état léthargique et inconscient qui n'est cependant pas celui de la mort. Il repose dans la position de celui qui est fatigué sur l'étendue herbeuse du sol tandis que des nuages lui servent de panorama,
son visage exsangue et dépourvu de toute couleur vivante, entouré des teintes de la nature qui lui sert de couche, là où les larmes des soleil se répandent sur la terre.



Murs, ville
Et port,
Asile
De mort,
Mer grise
Où brise
La brise
Tout dort.

Murs, ville
Et port,
Asile
De mort,
Mer grise
Où brise
La brise
Tout dort.

Ouvrages de maçonnerie verticaux, cité non rustique
Et gros hangar à bateaux
Hôpital psychiatrique
Assumant le rôle des régulateurs sociaux
Étendue saumâtre trop peu colorée
Où marque un arrêt
Le petit vent frais
Tout est au repos.

Il y a une heure bête
Où il faut dormir.
Il y a aussi la fête
Où il faut jouir.

Charles Cros, pour rester dans le "toute cette matière !"

"Il y a une heure bête
Où il faut dormir.
Il y a aussi la fête
Où il faut jouir."

Il existe un instant composé de minutes et de secondes au quotient intellectuel plutôt bas
Durant lequel il est obligatoire de fermer les yeux et de se laisser aller à une inconscience sans rapport direct avec la mort.
Il existe également un moment joyeux et festif consacré à des cérémonies religieuses ou civiles
Pendant lequel il faut éprouver du plaisir.

Il dit non avec la tête
Mais il dit oui avec le coeur
Il dit oui à ce qu'il aime
Il dit non au professeur

Prévert...

"Il dit non avec la tête
Mais il dit oui avec le coeur
Il dit oui à ce qu'il aime
Il dit non au professeur"

"Il fait un geste de négation à l'aide de sa boîte crânienne
Mais il approuve avec l'organe vital qui palpite au coeur de sa poitrine
Il acquiesce aux éléments pour lesquels il éprouve de l'affection
Il fait un mouvement de refus à l'être humain chargé de lui transmettre son savoir"

^^

Je vous envoye un bouquet que ma main
Vient de trier de ces fleurs épanies,
Qui ne les eust à ce vespre cuillies,
Cheutes à terre elles fussent demain.

Héhé ! C'est du Ronsard...