Un dernier " adieu " (RP terminé)

Messages : 331 Inscription le : 25/07/2007 Age IRL : 34

Elle se tient, immobile, au milieu du parc. Entourée mais pourtant si seule… Derrière elle, une foule d’académiciens, profs ou élèves. Devant elle…Devant elle le cercueil de celle qui fut sa meilleure amie…

Elle avait tenu à le fabriquer de ses mains, refusant toute aide extérieur, même celle de l’homme qu’elle respectait le plus. C’était son devoir, son dernier cadeau à son amie. Celui qu’elle ne voulait pas lui faire, surtout pas si jeune…

Il était fait de sapin, l’arbre le plus rependu aux abords de la Citadelle. Un lieu plein de souvenirs. Première rencontre, bêtises, fous rires,… Les larmes embuèrent les yeux verts d’Hisae. Elle refusa de les laisser coulée. Pas maintenant. Sur le dessus du cercueil était gravé le visage tranquille que la mort avait donné à Silhila ainsi que le sabre que l’ex-Lupus comptait lui offrir pour son anniversaire, tout proche. Il était placé entre les mains de la jeune fille aux cheveux rouges. Hisae eu un sourire sans joie. Il lui aurait tellement plut… Sa poigné d’or incrustée de rubis, sa longueur,…tout était parfaitement adapté. Un travail d’artiste. Silind n’avait pas chômé et lui avait livré là un de ses plus beaux chefs-d’œuvre. Une fois de plus, Hisae dut une fois de plus fermer les yeux pour contenir ses larmes. Elle ne devait pas craquer maintenant. C’était hors de question. Elle devait offrir à sa meilleure amie un enterrement digne d’elle. Une tâche rude. Si rude…Elle laissa les souvenirs l’envahir a nouveau.

Pourquoi n’avait elle pas su voir que Sil’ allait mal ? Mal au point de ne plus supporter la vie, au point de se l’ôter elle-même ? Elle s’était comportée comme d’habitude, riant avec insouciance, aidant les autres. Elle était d’une nature généreuse. Trop même. Elle n’avait pas assez pensé a elle-même au cours de sa courte vie. Elle n’avait eu qu’un seul acte d’égoïsme. Elle s’était suicidée en l’abandonnant…La jeune femme s’en voulait de ne pas avoir remarqué son mal être, de ne pas avoir insisté pour l’écouter parlé d’elle, de ses problème, de ses tracas,…Cela lui aurait peut être sauvé la vie. Peut être pas. Elle ne le saurait jamais.

Elle revit le corps disloqué de Silhila, tel que les rêveuses l’avaient trouvé. Malgré cela, la Félixia avait gardé sa dignité. C’était triste à dire mais la mort la rendait belle…Elle semblait enfin complètement apaisée.

Les rêveuses, jouant le rôle de thanatopracteurs, avait rendu au corps de Sil’ son aspect d’origine, ressoudant les os, refermant les plaies,… On aurait dit qu’elle dormait. Une larme roula, unique. Cela ne durerait pas. Hisae n’était pas assez forte. Ainsi, elle se retourna et fixa un à un les membres de l’assemblée. Plus ou moins proche de la défunte, ils avaient pourtant fait le déplacement pour dire « adieu » à la jeune fille. Le regard d’Hisae s’attarda un instant sur ses parents. Ils lui adressèrent un discret signe de tête, leurs regard montrant qu’ils partageait sa douleur. Elle aperçu ensuite son grand-père, l’actuel seigneur des Marches du Nord. Malgré sa vieillesse, il avait tenu à rendre un dernier hommage à celle qui comptait tant pour sa petite-fille. Il s’avança vers elle. Hisae franchit les quelques pas qui les séparaient encore et se laissa aller dans ses bras. Peu lui importait les convenances. Elle était redevenue la petite fille qui, dès qu’elle avait un gros chagrin, venait se réfugié dans les tendres bras de son grand-père. Et aujourd’hui plus que jamais elle avait besoin de lui.

Quelques minutes plus tard, elle le repoussa avec douceur et dit d’une voix tremblante :

-Je dois y aller. Faire mon devoir d’amie.

-Va Hisae. Je suis fier de toi, de ton courage. Aujourd’hui, tu accomplie une des tâches les plus difficiles que tu auras jamais à faire…

Elle lui adressa un pauvre sourire et retourna auprès de son amie. Prenant une profonde inspiration, afin de calmer les sanglots qu’elle sentait enfler dans sa poitrine, elle ferma les yeux. Quand elle les rouvrit, elle était prête. Elle se retourna vers la foule et, d’une voix un peu vacillante, dit :

-Si nous sommes ici aujourd’hui, c’est pour honorer la mémoire d’une élève de l’Académie mais avant tout une amie, ou un membre de notre famille, qu’elle soit de sang ou de cœur. Silhila Talmen était une jeune fille pleine de vie qui a pourtant préféré la mort. Personne n’a su voir son mal-être, pas même ceux qui la côtoyaient tout les jours. Et pourtant…La triste vérité c’est que Sil’ a mit fin a ses jours. Elle s’est jeté du haut de la falaise surplombant l’Académie et a finit sa course dans la rivière.

Hisae dut s’arrêter un instant, prête a craquée. Elle alla chercher de la force dans le regard de son grand-père mais aussi dans le courage dont avait si souvent fait preuve Sil’. Le courage, pour elle ce n’était pas seulement l’absence de peur. C’était aussi les gestes qu’avait eu son amie avec elle. Comme endosser les conséquences de leurs actes communs seule, quand ceux-ci n’était soi-disant pas digne de l’héritière du Seigneur des Marches. Hisae reprit :

-Aujourd’hui, Silhila n’est plut et pourtant il nous faut continuer. Sans elle. Chacun a une réaction différente face à cette fin tragique mais nous sommes tous unis dans la même douleur. Nous devons lui dire « Adieu ». Pour ma part, voici mon dernier cadeau.

D’une voix raffermie par la détermination et l’envie d’aller jusqu’au bout, pour faire son deuil, elle entonna, face au cercueil, un chant frontalier bientôt repris par son grand-père. Puis, petit à petit, tout les frontaliers que comptait l’assemblée chantèrent avec elle alors qu’elle laissait enfin libre cous a ses larmes.

Quand le chant prit fin, elle s’avança a nouveau vers son grand-père, laissant ainsi la place à qui voudrait rendre une dernier hommage à Sil’.

*Adieu. Je ne t’oublierai pas. Tu resteras à jamais ma meilleure amie…*

Messages : 1576 Inscription le : 12/08/2007

Elera avait suivi les autres dans les jardins. Elle n'avait pas souffle un mot, et elle n'etait pas la seule. Le silence s'etait installe, a part pour les pieds qui avancaient et les reniflements des membres les plus proches de Silhila. Hisae etait particulierement touchee. C'est elle qui avait fait le cercueil, a ce qu'elle avait entendu dire... Sa famille etait la pour la supporter. Elera se faufila vers l'avant. Hisae commenca a parler. Elera ecouta chacun de ses mots, les laissant penetrer son esprit.

Si nous sommes ici aujourd’hui, c’est pour honorer la mémoire d’une élève de l’Académie...

Hisae dut s'arreter apres avoir explique comment Silhila etait morte. Plus un bruit dans l'assemblee que le vent dans les feuilles, et toujours, cette tristesse autour d'eux. Meme les oiseaux ne chantaient pas. Mais, a l'interieur, tout le monde devait retourner ses propres souvenirs, de plus en plus vite. Elera faisait de meme. Elle se souvenait de leur cours d'equitation. Ce qui l'avait charme chez la jeune guerriere, c'est qu'elle etait si pleine de vie, justement...

Aujourd’hui, Silhila n’est plut et pourtant il nous faut continuer. Sans elle. Chacun a une réaction différente face à cette fin tragique mais nous sommes tous unis dans la même douleur. Nous devons lui dire « Adieu ». Pour ma part, voici mon dernier cadeau.

Et Hisae se mit a chanter. Un chant inconnu d'Elera, mais bientot repris par les Frontaliers. Une chanson triste, et qui dura longtemps... Et, flottant sur cette melodie, les mots d'Hisae retentissaient dans tous les esprits. Meme douleur... Reaction differente... Elle pouvait le voir sur tous les visages. Et sur le sien, que pouvait voir les autres?
Lorsqu'Hisae eut finit, personne ne bougea. Apres quelques secondes, Elera s'avanca a son tour, posant son regard sur le visage de Silhila. Elle ne dit rien. Elle n'en avait pas besoin. Mais elle pensait. Elle pensait vers Silhila comme elle pensait vers sa soeur. Sauf que, cette fois, elle n'aurait pas de reponse...
*Tu n'avais pas peur de la mort. Je ne sais pas ce qui t'a pousse a quitter la vie... mais j'espere que tu as trouve ce que tu cherchais.*
Puis elle laissa sa place a son tour. Un autre la remplaca. Puis un autre. Et pendant ce temps la, Elera observait Hisae.

**Invité** Invité

Pas de corps éthéré, par de formes floues et diaphanes, pas de semblant de visage en ce jour, rien qui ne puisse ressembler à la jeune fille perdue, puis rieuse et solidaire, et enfin désabusée et glacée qu'elle avait été il y a quelques semaines encore. Juste une petite brume vacillante et invisible, glissée entre deux grandes fleurs, collée aux pétales dans le désir de se dissimuler au yeux du monde entier.

La Brume pourtant se détache de la corolle écarlate de la grande fleur, pour aller se glisser vers le cortège. Elle a un peu peur de ce qu'elle pourrait découvrir, elle a peur de comprendre qu'elle peut encore éprouver des sentiments...

Hisae pleure. Elera aussi. Un chant s'élève et lui fend le coeur. Elle a envie de pleurer. Elle ne peut pas. La tristesse l'écrase, la déchire. Rien n'est plus la peine. Egoïste. Egoïste petite gamine qui ne pense qu'à son nombril. Elle se déteste. Elle voudrait disparaître, se tuer une seconde fois. Elle pensait trouver la liberté, le bonheur dans la mort. Jusque là, elle l'avait trouvé. Jusque là.

A présent, écrasée de souffrance et de chagrin, elle ne veut plus continuer. Elle veut juste cesser d'exister. Elle ne veut plus. Rien.

Elle se glisse jusqu'au cercueil dans lequel repose éternellement son corps réparé par l'art des rêveurs. Pensées touchantes mais futiles, car, bientôt, sa chair sera mangée par les vers et les corbeaux viendront picorer son tertre.

Elle plane un instant au-dessus de son propre visage aux yeux clos, le teint cireux, jauni, les traits tirés, mais le sourire serein. C'est à peine si l'image de son corps se trouble un instant lorsqu'elle se plaque à sa chair.

Elle rentre en elle-même, elle accepte la mort. Elle accepte de disparaître.

La brume vacille un instant.
S'étiole.
Disparaît.

Le corps de Silhila est parcouru d'un soubresaut. Ses paupières frémissent. Sa bouche s'entrouve comme pour tenter d'aspirer un air bienfaiteur. Le bout de ses doigts remue. Ses yeux, trop lourds, essayent de s'ouvrir pour capter le lumière du jour. Un cri, long, déchirant, terrible, mélodieux, modulé, fascinant, d'une beauté écrasante, presque un chant en réponse de l'hommage des Frontaliers. Puis l'immobilité, à nouveau. Totale. Définitive. Silhila a trouvé le repos.

Le ciel est clair, les esprits apaisés.
Plus aucune brume ne viendra les tourmenter.

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