Marlyn, cours n°1 (RP terminé)

Dolohov caressa du regard les murs carmins de la pièce que Lindörm lui avait réservé. Statues de kaolin. Dessins somptueux. Matériel d'espionnage haut de gamme et une cave à vin merveilleusement remplie.
Le Mentaï faisait face au grand miroir mural. Un petit bruit de choc résonna dans la pièce. Comme chaque semaine depuis son serment, Marlyn Til'Asnil assisatait aux leçon qu'il lui donnait.

-Entre.

Voix calme, expression maîtrisée. Dolohov, le parfait comédien contempla sa disciple par son miroir, sans lui laisser le temps de prononcer les paroles d'usage. Il se retourna, et verrouilla la porte, avant d'ôter sa cagoule de mervenaire.
Il avança, d'un pas rapide qu'elle ne lui connaissait pas, et lui désigna un cousin où s'asseoir.

-Marlyn, commença t'il de sa voix calme une fois qu'elle eut pris place, il est de nombreuses choses que je dois te dire.
Tu es douée. Merveilleusement douée. Ton Don est puissant. Ta capacité de défence et d'attaque est impressionnante. Et je t'en félicite. Comme quoi, ces... idiots à l'académie sont capable de donner à tous de belles formations. Mais de cela, je me moque. Ce n'est pas en cela que consiste réellement les cours que je te donne.

Il se retourna, et lui fi face, les yeux brillants de colère.

-Tu gâches tout ce que la nature t'a donné. Regarde-toi, cracha t'il en dessinant un miroir entre ses mains. Qu'est-ce que tu vois? Réponds tout de suite!


Les yeux du Mentaï étincelaient toujours, de cette lueur furieuse. Et pourtant, il savait que c'était le cours normal des choses, et que la plupart des apprentis passaient par là. Néanmoins, que ce soit aussi marqué chez SON apprentie surpuissante, ça ne lui plaisait pas du tout. Lui, le menteur perfectionniste ne pouvait supporter que sa disciple soit incapable de dissimuler ce qu'elle était devenue. Quel échec cuisant... Dire qu'il pensait qu'elle serait capable d'espionner pour son compte, alors qu'elle n'était même pas capable de contrôler l'éclat de son regard!

-Je ne te demande pas une encyclopédie psychologique en 16 parchemins, Marlyn! Sang de Raïs, tu es pourtant quelqu'un d'intelligent! Regarde-toi. Qui espères-tu duper avec ce visage là? La voie du chaos est inscrite dans tes traits! Il est marqué Mercenaire au fer rouge sur ton front, et ça clignote!

Il respira pronfondément, puis s'assit devant elle.

-Marlyn, la chose la plus importante que tu te dois de protéger, c'est ton identité. Il existe deux types de Mentaï, Marlyn. Le mien et le tien.
Regarde toi. Tu as un physique extrêmement typé, il fait de toi une personne remarquable, que ce soit psychiquement et physiquement. Alors tu ne peux pas te permettre une expression pareille, tu m'entends?!
Il ne s'agit pas de jouer le rôle d'une élève torturée et Mercenaire du chaos. Ca, c'est ce que tu as à cacher! Quoiqu'il t'arrive, aucune importance. Je veux que tu aies toutes les réactions qu'aurait eu la Marlyn d'avant. Sauf quand tu es avec moi. Il en est ainsi. Une espione découverte est dangereuse et inutile.

Il s'interrompit, et d'un coup, offrit à sa disciple un visage semblant différent. Une expression idiote dans le regard, le nez froncé dans une attitude de dégout. il cligna des yeux.

Un troisième visage apparu, celui d'un homme froid, glacial, même, à l'aura terrifiente. Le regard étincelant de machiavélisme, le sourire carnassier, les narines frémissentes. Le Dolohov des batailles se tenait face à son élève.

-Il suffit de peu de chose pour rendre une apparence crédible, acheva t'il après un troisième battement de cil. Concentration, technique et contrôle. Tout simplement.

Il sourit, et hocha la tête en signe d'aprobation. Elle y arriverait, il en était persuadé. Elle était douée, pour tout ce qu'il avait déjà osé lui demander, elle avait brillé? Il lui sufisait d'un peu de technique... D'un peu plus de force mentale. Créer une illusion, en réalité, n'était pas le plus difficile. Le plus compliqué était de ne jamais tomber les masques. De toujours tout faire coïncider. En un mot, de ne pas s'emmêler dans ses propres histoires. Et tenir le coup. Ravaler son cafard, ses doutes, ses craintes. Devenir un robot, certe, mais un robot qui manipulait des dizaines de poupées de chiffon, toutes plus faibles et maléables les unes que les autres.

-Bien sûr. tu es ma disciple. Ta réussite importe pour moi... Si je n'avais pas la certitude que tu es capable d'y arriver, je ne t'aurais jamais choisie. Aie confiance en toi. Et garde confiance en moi. Pourquoi ne surpasserais-tu pas mes précédents élèves?


Il dessina à nouveau, métamorphosant toutes les pierres des murs de façon à ce qu'elles reflètent leurs images, à la manière de dizaines de miroirs. La pièce paru un bon milier de fois plus grandes, et leurs silhouettes se reflétaient à présent à l'infini.

-Bien commençons. Ce que tu ressens, je veux te voir le dissimuler. Travaille particulièrement ton regard... Celle que les autres connaissent à les yeux brillants d'une rage mal aiguillée... Et l'assurance de celle qui n'a pas conscience des ficelles qui la manipulent... Redresse les épaules. Tu es Marlyn Til'Asnil. Tu es fière. tu es puissante. Ils ont peur de toi et de tes réactions imprévues. Travaille avec ton reflet, tes souvenirs... et laisse-toi revenir. Tu es forte, puissante, bien plus qu'ils ne le seront jamais. Tu te vengeras bientôt de ces gueux prétencieux qui se disent professeurs... Essaye.


Il la dévisagea. Les mots restaient calculés. Même s'il était réellement convaincu qu'elle pourrait le faire, il savait que la flatter l'aiderait à se dépasser. Son maître avait agi comme ça avec lui. Il suffisait d'y croire..; Et de faire croire. Un sourire rassurant. La jeune fille se releva.

Marlyn se releva, prete à essayer. Elle fit face à son image, réaprennant à se connaître. Elle redressa les épaules, avant de les laisser retomber. Pas assez convaincant, elle n'avait pas besoin de lui pour le deviner.
Un autre essai, plus préparé, cette fois, changea lentement ses traits.
Le fier ange des brumes reprenait ses droits...
Les épaules à nouveau droites, la tête haute, l'aura de force retrouvèrent leur place, bientôt suivis par cette étincelle si particulière qui illuminait le visage tatoué de la jeune fille. Elle s'approcha de son plus proche reflet, légèrement incrédule. Se dévisagea, avant de retomber sur le sol, laissant tomber le masque pour redevenir la jeune apprentie Mercenaire qu'elle était... Elle prit son visage entre ses mains. Dolohov s'autorisa un sourire. Décidément, son apprentie était un être plein de surprise, et surtout de ressource.

-Bien... Tu es une bonne élève, Marlyn. Il te suffit de peu de choses... Je pense que tu as compris le principe du masque. Reprends ton souffle, je sais que c'est un rien perturbant lorsqu'on réalise de quoi on est capable... Mais ce n'est que le début. Tu sais te mentir lorsque tu te surveilles. Je voudrais maintenant voir comment tu de débrouilles sans miroirs.

Son esprit s'envola à nouveau vers les spires, et les pierres des murs redevinrent ce qu'elles étaient.

-Je veux que tu te concentres, et recrées l'illusion. Si au bout de trois essai tu n'es pas parvenue à exécuter mes ordres, nous reviendrons au premier exercice. Bien sûr, je suis à ta disposition pour d'éventuelles questions.

Il ne lui précisa pas que si elle y arrivait, il passerait au test, encore un peu plus complexe... dont il ne préférait rien dire pour cette fois. Il valait peut-être mieux la ménager quelques minutes, pour une fois.

Les grands yeux bleus luisants de la jeune fille se rivèrent au sien. Ensuite, elle se concentra... Et Dolohov, traître comme à son habitude choisit ce moment pour lire ses pensées... Comme quoi, savoir dessiner était toujours utile. Un bouillon de pensées mêlées, onfusément rejetée par la jeune apprentie s'offrit à son indiscrétion.
D'abord, une certaine Sayuri, qu'il identifia comme étant la soeur de Marlyn, puis quelques visages.. Apréciés, comme une certaine Alunia, ou Tifen... Maudis, comme celui d'une de ces nobles aussi ambitieuse que lui, Slynn Ar Kriss. Respectés, comme celui du maître d'arme ou de Merwynn... Enfin, respectés, il y avait de cela quelques temps, maintenant. Il se vit lui-même, et constata qu'il l'influençait encore bien plus qu'il ne le croyait...
Ensuite... Une femme, et des émotions totalement différente de Marlyn à son égard. Un amour de fille pour mère, rendu à l'infini. Une douleur sans nom devant lo mort. Une tristesse terrible, effroyable, même... Il en aurait presque eu la larme à l'oeil s'il avait été sensible...
Il ressortit de son esprit, satisfait de sa petite investigation...
Le temps pour ell de se reconcentrer. De redevenir celle qu'il voualit qu'elle devienne...

Etrangement, elle y parvint beaucoup plus facilement qu'il ne le pensait. Comme quoi, dans la vie, tout était une question de volonté... Elle sembla à nouveau prendre conscience d'elle même, de ce qu'elle était capable de faire croire. Elle s'effleura la joue, comme pour s'assurer qu'elle ne rêvait- ou cauchemardait- pas.

Elle se tourna ensuite vers lui, toujours l'air légèrement rêveur. Sa voix, elle contrastait totalement avec les apparences et prouvait à quel point son exercice était réussi. La question qui retentit dans l'air resta quelques instants sans réponses.

-Assieds-toi, lâcha t'il.

Elle prit place face à lui, et Dolohov chercha un instant comment formuler sa pensée. Il ne servait à rien de continuer les exercices si elle doutait de leur utilité.

- Au contraire, comme tu l'as dit, tu as parfaitement réussi ce que je te demandais. Le fait que tu estimes "avoir échoué" vient des autres... A force d'avoir fréquenté des "Bien pensants" comme la Dame Ar' Kriss ou son mentor aux oreilles pointues tu... as appris à voir certaines choses come eux. Tu ne sens as ce... pouvoir formidable qui se dégage de toi, maintenant que tu arrives à te contrôler? De marionette tu deviens marionnetiste... Ne trouves-tu pas ça grisant? A partir de maintenant, tu es comme le vent, tu mènes les gens où tu l'entends. Et tu es en sécurité.
La seule chose que tu perds, dans cette histoire, c'est tes faiblesses. Tu n'a pas senti ce changement, ce... cet abscence totale de besoin d'aimer?

Aimer quelqu'un c'est le laisser voir qui on est... Mais c'est surtout reconnaître ouvertement que l'on est trop faible pour accepter la solitude. C'est accepter de t'agenouiller devant lui, d'avoir mal à cause de lui, de lui offrir ta vie. Alors que si tu donnes l'illusion d'aimer.. Tu ne risques rien. Tu ne soufres pas. Plus jamais. Tu deviens celui qui tire les ficelles...
L'inaccessible.

Il s'interrompit, doutant qu'elle le comprenne aussi bien qu'elle le devait.

-C'est difficile de te répondre plus clairement, acheva t'il. Tout ce que je peux te dire de plus c'est que moi, je n'ai jamais regretté ma capacité à faire naître les illusions. C'est essentiel pour arriver au pouvoir, et c'est idéal pour se venger...

Il lui sourit, toujours neutre et froid. L'appat du gain était probablement la chose qui la motiverait le plus... Quoique... Pour quelqu'un comme Marlyn, qui avait souffert et vu souffrir, la perspective de l'amour à sens unique pouvait être un argument de poids.

-Est-ce que j'ai répondu à ta question? Si oui, nous allons passer à la suite...

Il hocha la tête, conscient qu'elle ne laisserait plus rien transparaître... Néanmoins, pour un illusionniste aussi doué (et pratiquant) que lui, deviner qu'elle était troublée n'était pas trop compliqué... Qui ne l'aurait été à la place de la jeune fille?
Il retint un sourire sarcastique, et cilla. Bien, premier test.

-Parfait. Je sais que tu es capable de résister aux interrogatoires de la dame Ar Kris, et du maître d'arme. Je voudrais maintenant voir comment tu réagirais si...

Il s'élança mentalement dans les spires. Créa une illusion un manequin mouvant... Une copie de personne qui comptait pour Marlyn:
Sa soeur.

Il préférait garder pour plus tard la confrontation avec sa mère d'adoption; cela serait le test le plus... mesquin? Difficile? Dur? Terrible? Il ne pouvait le deviner à l'avance. Peut-être que tout se passerait bien... Nul ne pouvait prédire quoique ce soit par rapport à Marlyn Til' Asnil, pas même lui.

-... Cette situation se produisait.

Marlyn faisait maintenant face à l'aparence de sa soeur dont les yeux étaient brouillés de larme.

-Pourquoi tu ne me parles pas de ce qui s'est vraiment passé?! Je sens qu'il y a quelque chose de différent... Marlyn, à moi tu peux faire confiance... Ne me laisse pas comme ça, pas toi! Tu es ma seule vraie famille... Tu comptes trop pour moi! Je t'en prie... Dis-moi. Nous sommes du même sang, je peux tout comprendre.

L'illusion baissa la tête, les fausses larme ruisselant sur les joues. Marlyn entendait la voix de Sayuri directement dans son esprit.

Parfait. Je sais que tu es capable de résister aux interrogatoires de la dame Ar Kris, et du maître d'arme. Je voudrais maintenant voir comment tu réagirais si...

Marlyn attendit la fin de la phrase, anxieuse.

...Cette situation se produisait.

Une personne apparut devant elle. Marlyn faillit lacher un cri. Se retint de justesse. Conserva son masque. Mais à l'intérieur, c'était autre chose.
Sa soeur.
Sayuri.
Non...Cela ne pouvait...
Si. Cétait bien elle.
En voyant les larmes qui coulaient sur son visage, elle eut du mal à se retenir. Voir sa soeur pleurer lui faisait mal. Mais pas assez pour laisser tomber le masque. Elle resta distante, même si l'envie de changer la démangeait. Son coeur, sans être de pierre, était glacial. Sa soeur n'avait jamais compté beaucoup, pour elle. Elle ne comptait désormais plus du tout. Mais pourtant, un dernier lien affectif, celui de protcetcion, demeurait....
Son masque resta intact.

-Pourquoi tu ne me parles pas de ce qui s'est vraiment passé?! Je sens qu'il y a quelque chose de différent... Marlyn, à moi tu peux faire confiance... Ne me laisse pas comme ça, pas toi! Tu es ma seule vraie famille... Tu comptes trop pour moi! Je t'en prie... Dis-moi. Nous sommes du même sang, je peux tout comprendre.

Ces mots restèrent gravés dans sa tête, et résonnaient. Mais elle n'en tint pas compte. Le plus important, c'était de ne rien faire voir. Elle sentait le regard de son Maître, attendant sa réaction, dans son dos.
Réussir.
Ne pas faire attention aux larmes qui coulaient.
Aux mots qui blessaient.
Marlyn réfléchit. Elle devait réussir.
Son expression changea. Passant de neutre, à une expression faussement inquiète, ses yeux fixés sur sa soeur, comme pour lui faire comprendre les mots qu'elle prononça, d'une voix qu'elle voulut douce et apaisante :

Ne t'inquiète pas, Sayuri. Je suis toujours là. Il n'y a rien. Il ne s'est rien passé. Je te protége.

Espérant que cela marcherait, elle posa la main sur ce qu'elle croyait être l'épaule de sa soeur, la serrant dans ses bras et murmura :

Je suis ta grande soeur. Je ne t'abandonnerai pas.

Etonnée par sa propre voix, qui était compatissante, elle recula, et se tourna vers son Maître.
Cet exercice l'avait éprouvé, mais il n'avait pas été irréalisable.
Après tout, elle ne connaissait pas sa soeur. Juste depuis quelques mois. Elle n'avait pas de place dans son coeur, tout entier rempli par le souvenir de Arwen...

Dolohov hocha la tête, laissant son illusion bien en place. Marlyn avait passé le test, de façon prometteuse. Tout à fait satisfaisante, d'ailleurs. Il s'agissait maintenant de passer à l'étape suivante. Une autre illusion fut créée. Tout aussi réaliste que la première, tout aussi temporaire... Mais avec une autre expression, cette fois-ci. De la colère à l'état pur. Des traits tirés par la rage et la douleur physique et mental.

-Retourne-toi.

Le pantin "Arwen" puisque tel était son nom, figea ses yeux dans ceux de l'apprentie Mentaï. Elle avança d'un pas. D'un second.

-Mais comment peux-tu? Regarde ce que tu es devenue! Regarde-toi, Ange de brumes! Tu me fais honte. Je ne te reconnais plus, et la nausée me prend lorsque je pose mes yeux sur toi. Tu me déçois tellement... Je pensais avoir élevé une jeune femme fière, dont l'honneur serait un jour légendaire... Et regarde toi!

Les derniers mots avaient été hurlés. Des larmes aparurent sur les joues du pantin, et le mentaï serra les dents. L'exercice était rude à réaliser pour lui aussi. Son pouvoir en dessin bien que puisant, n'était quand même pas infaillible...

-Débauchée! Traitresse! Ingrate! Meurtrière! Tu es inomable! A ta place, j'aurais honte! Baisse les yeux! J'aurais préféré te voir tuée plutôt qu'ainsi!

Il la fit cracher par terre, serrant les dents dans le dos de son élève. Mieux valait qu'elle ne voie pas à quel point c'était dur pour lui... Il espéra qu'elle échouerait. Juste pour pouvoir la rabaisser par après, et oublier ce moment de faiblesse qu'elle lui faisait vivre. C'est pourquoi chaque parole d'Arwen avait été crachée, tout en dégout, haine et mépris. A quoi ressemblait donc le regard de sa "chère" disciple en cet instant?

Retourne-toi.

Ce qu'elle fit. Et qu'elle regretta instantanément. En face d'elle se tenait...
Arwen.
Mais ce n'était pas Arwen.
Tant de haine dans le visage, tant de dégout dans les yeux.
C'était impossible...
Les mots se coincèrent dans sa gorge. MArlyn était sidérée. Effrayée, par le regard de glace que lui lançait Arwen. Deux lames qui se fichèrent profondément. Deux lames de feu, qui firent des ravages. Elle ne parvint pas à parler.
Arwen avança d'un pas. Marlyn recula précipitamment, apeurée par tant de colère. Un deuxiéme pas. L'apprentie Mentaï se força à rester immobile. Arwen prit la parole, d'un ton si agressif, d'une voix si dégoutée, qu'elle frissona

Mais comment peux-tu? Regarde ce que tu es devenue! Regarde-toi, Ange de brumes! Tu me fais honte. Je ne te reconnais plus, et la nausée me prend lorsque je pose mes yeux sur toi. Tu me déçois tellement... Je pensais avoir élevé une jeune femme fière, dont l'honneur serait un jour légendaire... Et regarde toi!

Des cris. Marlyn trembla. Elle n'avait jamais vu sa mère adoptive lui parler ainsi, et se rapellait la seule fois où elle lui avait une réprimande. La seule fois où MArlyn avait désobéi. La fois où Arwen était morte...
La voir ainsi lui faisait mal. Voir des larmes de honte couler sur les joues de Arwen, étaient autant de lames qui lui transperçaient le coeur. En dépit de l'exercice, Marlyn ne put s'empêcher de palir, et de baisser la tête.

Débauchée! Traitresse! Ingrate! Meurtrière! Tu es inomable! A ta place, j'aurais honte! Baisse les yeux! J'aurais préféré te voir tuée plutôt qu'ainsi!

C'en fut trop, pour MArlyn. Arwen cracha, à ses pieds. La jeune fille était livide. Elle tremblait, comme une feuille, ne pouvant supporter de voir sa mère adoptive dans cet état. D'être ainsi déscendue dans son estime, les reproches, démolirent complétement son masque. Réduisirent ses efforts à néant.

Elle tomba à genoux, et se prit la tête dans les mains, incapable de tenir debout, incapable de parler....
Elle ne pleurait pas. Etait au dela des pleurs et des sanglots. Avait trop peur pour ça.
L'image de Arwen restait gravée dans sa tête. Elle essaya de calmer ses tremblements, sans succés.
Les mains sur le visage, elle ne bougea plus...

Dolohov cligna des yeux, entendit un bruit feutré de chute... Laissa ses illusions se désintégrer, reprit son souffle...
Furieux contre sa propre faiblesse, il secoua la tête et se releva, légèrement vacillant.

Il tourna le visage vers son élève, roulée en boule, en état de choc. Le mentaï eut un sourire de dément, laisser totalement tomber son masque de maître pour redevenir, l'espace d'un instant, ce monstre glacial et calculateur qu'il était et serait toujours au fond de lui. Avant de redevenir un Mentaï plutôt doux et calme.

-Pardonne-moi, je pense avoir été trop exigeant pour un premier exercice. Tu m'as montré que tu étais capable de tenir ton masque dans... presque toutes les circonstances. Calme-toi, ce n'était qu'un test. Les mots étaient les miens, et Arwen un mannequin, un simple dessin.

Il s'accroupit au côté de la jeune fille, replaçant une de ses longues mèches derrière son oreille. Il se pencha ensuite, et lui glissa quelques mots à l'oreille.

-Fort heureusement pour toi... Cette situation ne se produira jamais. Et là où elle est, elle a autant de chance de te juger que moi d'être un agneau. Mais tu viens d'apprendre 3 autres choses importantes:
Premièrement, tu dois perpétuellement fermer ton esprit, au risque de voir tes meilleurs souvenirs utilisés contre toi.
Ensuite, tu sais que tu n'es pas infaillible, personne ne l'est jamais. Méfie toi de tous.
Et enfin, c'est le plus important: La meilleure façon de blesser les gens durablement ne vient pas de ta façon de manier la dague ou l'arc.. Mais les mots. Je comprendrais que tu sois ftiguée... rentre à L'académie, dors. Ce n'était que des illusions. Ne l'oublie pas, des tests, rien de plus. Les fantômes n'existent pas. Pas pour les gens comme toi et moi.

Il se releva sur ses derniers mots.

-Je suis fier de toi. Très fier de toi.

Il la considéra légèrement surpris. Lui aurait bien aimé aller faire un somme et se détendre... Mais Marlyn le suppliait. Et pour la chasser clairement, il lui aurait fallu des arguments, arguments qu'il n'avait pas. Admettre que les dessins l'avaient épuisé était impossible, l'orgueil du mentaï n'avait d'égal que la haine de Lindörm... Aussi hocha t'il la tête avec calme.

Ils se rassirent face à face, elle reprenant peu à peu son calme, oubliant l'expérience, lui tachant de contrôler sa respiration, et de ne pas laisser transparaître sa faiblesse. A sa question suivante, il resta impassible.

-Non.

Il devina qu'elle prendrait ça pour un affront, aussi continua-t'il.

-Marlyn, l'identité des Mercenaires sont leur plus grand secret. Nous sommes liés parce que tu connais mon visage, et moi ton nom. En temps que Mentaï, et si nous sommes en public, tu ne me verras jamais sans cagoule. De même, tu porteras la tienne. Te donner mon nom serait te faire courir un risque inutile, ainsi qu'à moi même.Dans notre clan, les guerres intestines ne sont pas rares. Tu es ma disciple, et je suis puissant, prend donc garde à na pas te faire reconnaître. Les trahisons ne sont pas rares. Rapelle-t'en.

Il tourna la tête ailleurs.

-Dans cette armoire tu trouveras une bouteille de vin. Serre-nous un verre, nous le méritons bien. Au masque neuf que tu portes... Ensuite, y a t'il des sujets que tu souhaiterais aborder?

Non.

Concis, mais précis. Un refus net. Le Mentaï s'expliqua, pour éviter de la froisser :

Marlyn, l'identité des Mercenaires sont leur plus grand secret. Nous sommes liés parce que tu connais mon visage, et moi ton nom. En temps que Mentaï, et si nous sommes en public, tu ne me verras jamais sans cagoule. De même, tu porteras la tienne. Te donner mon nom serait te faire courir un risque inutile, ainsi qu'à moi même.Dans notre clan, les guerres intestines ne sont pas rares. Tu es ma disciple, et je suis puissant, prend donc garde à na pas te faire reconnaître. Les trahisons ne sont pas rares. Rapelle-t'en.

MArlyn tique légèrement, comprenant qu'elle devrait porter une cagoule, en public. Bien que gênant, cela serait nécessaire; Peut-être pourrait-elle négocier pour ne porter qu'une capuche...
La prepective d'être en danger pérpetuel ne la réjouissait pas non plus. Être surveillée et traquée par les autres mercenaires lui faisaent froid dans le dos.
Peut-être...peut-être devrait-elle lui dire...
Non...
Elle avait promis de ne pas divulguer ce secret à quiquonque.
Sauf que...Elle se devait de lui dire, maintenant.
Grâce à son masque, rien ne transparraissait pas par son visage, et son indécision était invisible.

Le mentaï tourna la tête, et lui désigna un meuble, au fond de la caverne :

Dans cette armoire tu trouveras une bouteille de vin. Serre-nous un verre, nous le méritons bien. Au masque neuf que tu portes... Ensuite, y a t'il des sujets que tu souhaiterais aborder?

Marlyn se dressa sur ses pieds, et alla chercher une bouteille, comme demandé. Pendant tout le trajet, elle essayait de se convaincre que lui dire était la bonne solution.
Alors qu'elle prenait les verres, elle se murmura pour elle-même :

Pardonne-moi, ma soeur...

Elle revint vers son Maître, portant le vin et les verres, et le servit. POur sa part, elle ne prit rien, n'appréciant pas spécialement le vin. Préférant les boissons plus fortes; Mais de toute façon, elle ne buvait que très rarement, et n'avait pas bu depuis bien longtemps. Elle doutait de sa capacité à supporter à nouveau l'alcool. Aussi ne se servit-elle pas, et posa la bouteille non loin, à portée.
Quand le Mentaï eut pris le verre, Marlyn regarda ailleurs, un moment.
C'était une décision difficile à prendre. Que de lui révéler.
Que de lui révéler son nom...
Sa véritable identité...
Et ainsi ne plus avoir aucune chance de se retirer, si un jour cela devenait insoutenable.
En le lui offrant, elle lui donnerait son âme.
Pour toujours.
Sans retour...

Elle n'avait plus le choix. Elle avait déjà trop versé dans la voie du chaos pour en revenir. Autant lui donner son obéissance entière...Autant qu'il ai confiance en elle...
Finalement, elle planta son regard dans les yeux de son Maître, faisant attention à ne pas paraître supérieure, et demanda, d'une voix dominée :

J'ai quelque chose d'important à vous dire...
Elle hésita encore un peu, et se lança :

Voilà..
Lorsque je..je vous ai offert mon allégeance...Je ne vous ai pas révélé mon nom...

Son "vrai" nom? Un sourire étira les lèvres du mentaï... Il était peut-être temps qu'il lui parle un peu de ce pouvoir du nom.

- Qu'importe la vérité? Nous sommes des menteurs... Comprends-moi... Je suis flatté que tu me fasses confiance au point de vouloir révéler mon vrai nom... L'entendre serait pour moi un honneur et une preuve de confiance qui me toucherait beaucoup.

Il s'interrompit, réalisant que malgré tout son pouvoir et la dextérité dont elle faisait preuve lors des exercices, elle n'avait pas encore comprit le pourquoi du comment... D'ailleurs, cela n'avait rien d'étonnant, elle n'était son élève que depuis quelques temps seulement...

-Mais... si tu caches ton véritable nom... A quoi bon me l'offrir? Le préfères-tu à celui que ta mère adoptive t'a donné? J'en doute... Je vais t'expliquer en quoi consiste le pouvoir du nom.
Dans notre guilde, chacun suit ses ambitions et ses croyances, pour arriver à son but suprême. les intérêts communs sont peu nombreux... Quoique ça risquerait de changer prochainement, mais ce n'est pas la question.
Un maître enseigne au mieux ce qu'il sait à son apprenti.

Dolohov évita de dire que la plupart gardaient leurs plus grandes connaissances pour eux, afin d'être toujours capable, en cas de rébellion de résister... Sans savoir pourquoi, il était persuadé que connaître ce détail ne plairait pas à sa petite élève...

-Qui lui même, s'il survit, apprendra ce qu'il sait à d'autres apprentis. Mais comme tu le sais, la voie d chaos est longue et tortueuse... Il arrive que certains élèves oublient le respect dû au maître. Ils deviennent parjure, sans l'être vraiment...

Parce qu'après tout, trahir en partie la voie du mal n'était-ce as l'appliquer davantage que les autres? Le mal avait-il vraiment besoin de règles? Ou ne suffisait-il que d'ête immonde jusqu'au bout des ongles?

-Le pouvoir du nom est plus... important que le pouvoir du visage. Si un mentaï-maître, se sentant en danger divulgue le nom de son apprenti, celui-ci aura 75% de chances de mourir avant d'avoir pu assassiner son maître. Alors que si celui-ci faisait une description de son visage... Il aurait beaucoup moins de chances de toucher au but.
De même... Si un de mes rivals apprenait mon nom... ma vie ne tiendrait plus à grand chose. Une couverture même impeccablement tissée reste fragile. Alors comprends-moi, le nom qui me serait util, en cas de trahison est celui que tu portes officiellement, Marlyn Til'Asnil.

Il but une autre gorgée de son verre, calme...
Son regard se durcit légèrement en retombant sur la jeune fille.

-J'ose espérer que tu ne feras jamais partie de ces traîtres mécréants qui renient tout le savoir et la patience offerte par leurs maîtres. Je ne suis pas très inquiet, tu vaux bien mieux qu'eux, et tu le sais.

( j'ai rien compris, alors je réponds, mais ce sera pas bien long, hein^^)

Marlyn opina, car ce que lui disait le Mentaï était juste, mais elle ne put s'empécher de répondre :

Maître, si je vous offre mon nom, c'est pour que le serment que jje vous ai fait ne puisse être bafoué. Quand je vous ai prêté allégeance, je n'ai pas dit mon nom. Il ne compte donc pas. Je suis un risque pour vous, qui pouvez être trahis à tout moment, sans que j'en éprouve le moindre remords.
Je veux vous montrez que je ne vous trahirez pas. J'ai peur, qu'en ayant une possibilité de retrait, je sois tentée un jour de vouloir retourner de l'autre côté. Et ce n'est pas ce que je veux, Maître.
Ils m'ont fait trop de mal, pour que je veuille à nouveau les servir.
Les voir, les croiser tous les jours m'insupporte, et j'ai peur de me trahir, de me mentir et de me faire des illusions.

Si je vous offre mon nom, je ne pourrai plus jamais me rétracter...Je veux être sure des allégeances que je fais...Et des personnes que je perds en faisant ça..

En disant celà, elle avait baissé les yeux, et tripotait nerveusement le coin du coussin sur lequel elle était assise. Lui faire face, relever les yeux, n'était pas très sage, quand il s'agissait de montrer une attitude de soumission, et de respect.
Elle pensa subitement à ce que son Maître pourrait dire.
Refuser...
Accepter....
Ou alors la laisser choisir elle-même....
De toute façon, elle lui en avait trop dit pour reculer maintenant. Il lui fallait abattre son argument final...
Mais peut-être pas tout de suite...attendre qu'il comprenne l'importance de ce geste...
Non..
Mieux valait lui dire tout de suite...
Elle releva la tête, les yeux brillant d'un éclat étrange...

Maître...Ce nom...si je vous le donne...Je ne l'ai jamais révélé à personne..Si je vous le donne...Cela signifierait..que jamais je ne pourrai vous trahir...Il...Il est gravé dans ma chair...

Elle passa la main sur cette cicatrice parmis tant d'autre, cette brulure au milieu des autres, et pourtant si différente...Ce "S" qui à jamais viendrait lui rapeller son serment...
Cette marque, appilquée au fer rouge dans sa peau...faite par les Mercenaires...et que pourtant elle voulait garder...

Il était rare qu'une personne aussi puissante et ambitieuse que la jeune fille fasse preuve d'autant de sincérité... Ce qu'elle disait était on ne peut plus vrai. Décidément... Il faudrait vraiment qu'il se remette en question et fasse plus attention. Tous ne seraient pas aussi honnête que son aprentie au tempérament de feu. il l'écouta, tâchant de ne rien laisser transparaître. Ses mots sonnaient... francs.

Il se retint de lui demander pourquoi, en toute connaissance de cause elle désirait lui appartenir réellement, alors que par son nom elle avait une corde de sortie? Elle qui haïssait le monde entier... Elle qui portait sur tout son corps les marques de souffrances -physique et morale- et de torture... Pourquoi désirait-elle enchaîner on destin au sien de la sorte?

Elle chipotait le coussin, nerveuse. Elle continua, toujours hésitante. Ses mots, hors du contexte, auraient pu être pris comme des mots d'amour. gravé dans sa chaire? Un S, qu'elle éfleura, comme pour être sure de sa présence. "S" qui ressemblait à un serpent. "S" comme Sayuri, l'Aline qui était sa soeur...

-Tu es... quelqu'un de surprenant, ma disciple... Que tu m'offres ton nom m'honnorerait. Et m'ôterait une sacrée épine du pied, il faut bien l'admettre... Je pense que tu en as envie, d'ailleurs, non?

Il s'interrompit, et lui lança un regard plein de tendresse et de fierté. Mieux valait ne pas montrer l'anxiété ou l'étonnement. Juste la douceur... C'était ça qui manquait à un personnage comme Marlyn. Ou du moins, il le pensait et n'avait jusqu'à aujourd'hui jamais été détrompé.

-Puis nous parlerons de toi... De ton histoire, de tes craintes. De ce que tu veux partager... Le fait de tout dissimuler peut s'avérer être épuisant. Je veux bien être une sorte de bulle d'oxygène pour toi. Nous pourrions combattre ou reprendre les exercices... Ou rentrer et dormir. Je veux bien te laisser le choix, pour une fois.

Et peut-être, si les circonstances le permettaient lui parlerait-il de Lindörm...
Moment qu'il cherchait à retarder le plus possible. Marlyn lui faisait aveuglément confiance, elle venait encore de le prouver. Et le fait de savoir qu'il travaillait (oui, on pouvait dire ça comme ça) pour Lindörm risquait de briser quelque peu ce lien qu'il y avait entre eux...
Malgré son don relativement puissant, le mentaï savait qu'il ne pourrait pas grand chose contre la jeune fille en colère... Seuls les mots pourraient la contenir, et il n'était pas encore sur de trouver les bons.
Elle le fixa dans les yeux, ses grands yeux où brillaient un éclat inhabituel.
La suite ne dépendait que d'elle...

[ça doit être le mal de ventre, j'arrive pas à faire plus long... T_T]

Tu es... quelqu'un de surprenant, ma disciple... Que tu m'offres ton nom m'honnorerait. Et m'ôterait une sacrée épine du pied, il faut bien l'admettre... Je pense que tu en as envie, d'ailleurs, non?

Il reprit d'une voix douce, tendre...Une voix que jamais elle n'avait entendue, quand quelqu'un lui parlait..Elle ne savait pas y réagir...Ni quoi faire...Etait-ce bien. ?Etait-ce mal ? Une drôle de sentation..Que jamais elle n'avait ressenti pour personne...Pas même Arwen...C'était autre chose...Qu'elle ne connaissait pas et ne pouvait pas controler...de l'affection...peut-être...Elle ne savait pas....

Puis nous parlerons de toi... De ton histoire, de tes craintes. De ce que tu veux partager... Le fait de tout dissimuler peut s'avérer être épuisant. Je veux bien être une sorte de bulle d'oxygène pour toi. Nous pourrions combattre ou reprendre les exercices... Ou rentrer et dormir. Je veux bien te laisser le choix, pour une fois.

Merci...

Elle caressait toujours le S sur son épaule, comme pour se donner de la force...
Ce nom...
Pas une seule fois il n'avait traversé ses lèvres...
Pas une seule fois elle ne l'avait prononcé...
Pas une seule fois elle ne l'avait révélé...
Se faire à l'idée du lien qui désormais se tisserait entre elle et lui..
Elle baissa à nouveau les yeux...
En voyant que son Maître attendait, elle prononça :

Mon nom...est..est...

Elle passa le doigt sur les courbes que formaient sa marque..

Sareyn...

Son visage changea. Elle leva la tête, et pointa son regard, brillant d'un éclat flamboyant, vers les yeux de son Maître.
Le fait que...elle l'ai prononcé..la liait désormais à jamais à ce serment..
Elle était..
Fière ?
Non...
Rassurée ?
Encore moins...
Elle était...
Elle ne trouva aucun mot pour cette sentation, qui l'envahissait à l'entente de son nom...
Sareyn...Elle était désormais liée...de son âme...
Son visage changea. Ses traits prirent de la force. De la fierté.
Elle avait été ainsi nommée...par ceux que jamais elle ne reverrait...par ceux qui sont partis, de la main d'un être démoniaque.
Ses " parents"...
Elle les haïssait...tous comme les autres...tout comme ceux qui lui ont fait du mal..
Mais le moment n'était pas venu de penser à ces êtres faibles...
Elle reprit, d'une voix plus ferme qu'avant, mais encore soumise :

Ce nom est gravé par le feu dans mon être....Mais...je ne sais pas...il m'envahit...et me donne de la force...Je ne sais pas ce qui se passe...

Elle lança un regard équivoque à son Maître, et reprit :

J'aimerai continuer...parce que rester à ne rien faire alors que je pourrais m'entrainer... pour...pour devenir meilleure qu'eux...

Elle baissa à nouveau les yeux..cette sensation bizzare l'occupait toujours...

Les longs doigts fins de la jeune fille glissaient toujours sur le "S" tatoué sur son épaule... Ils étaient la seule preuve de son hésitation à le prononcer. Les yeux détournés, la jeune fille avait gardé un semblant de masque, qui ne laissait apparaître aucune rougeurs...
Tant mieux. Les dindes rougissantes n'avaient pas leur place dans le clan des plus forts.

Les premiers mots franchirent ses lèvres. Toujours avec cette... pudeur déterminée, et qui semblait longuement réfléchie.
Quelle folie elle accomplissait en se livrant à lui corps et âme, en tout conscience, qui plus est...
La confiance des gens les entraînait vraiment à faire n'importe quoi, et leur naïveté leur faisait voir la confiance partout...
Ensuite venait l'attachement, et pour finir, la reconnaissance et l'amour.
L'être humain était tout bonnement stupide.
Et lui, qui maniait les sentiments sans les éprouver vraiment, se demandait parfois s'il était vraiment humain...

Elle prononça son véritable nom, d'une voix rauque qu'il ne lui avait jamais entendue.
Il sembla alors que son aura changea, devenant encore bien plus assurée, encore bien plus puissante... Bien plus proche de ce qu'elle devenait et était au fond d'elle. Elle n'en paraissait que plus... Magnétique.
Le mentaï se mordit les lèvres.

Etait-ce le vin? L'effet du nom ou la part de démon qui était en lui? Ses pensées dérivaient malgré lui...
Sareyen, l'ange des brumes, était belle, évidence qu'il était parvenu à nier, jusqu'ici..
Et qui le ratrappait ce soir là. Il avala sa salive et rendit son regard à son élève.
Il ne fallait pas tomber dans le piège. Les femmes pouvaient toutes êtres belles, ça aussi c'était des illusions... Elle était son élève, point.

-Ce nom te sied mieux encore que l'autre... Il... Représente plus ce que tu es au fond de toi... A ce que tu es lorsque tu es avec moi...

Un sourire étira ses lèvres fines.

-Tu vaux déjà un bon millier de plus qu'eux. Tu devrais le savoir, je t'ai choisi pour cela...

Un clignement de paupière.
Il fallait impérativement chasser ces pensées. Tout de suite.

-Parle-moi. Je veux connaître ta vie dans les moindres détails, combler tes failles, comprendre chacun de tes gestes. Savoir ce que je suis en droit d'espérer de toi...

Il s'agissait de gagner du temps... Il n'était pas prêt à redessiner. Quant à se battre... Non, pas ce soir. Mieux valait éviter tout contact physique, et retrouver le lendemain une de ses conquêtes nobles...
Oui, mieu valait rester raisonnable, pour cette nuit au moins.

Les mots coulaient lentement des lèvres poupres de la jeunes femmes, francs, nets... A l'image de cette confiance sans limites qu'elle éprouvait à son égard. Et plus l'histoire avançait, plus le rythme des paroles, plus les hésitations la ponctuaient... Tout en pudeur.

Elle parlait de son mal-être sans chercher à se faire plaindre, sans en rajouter, lui offrant l'histoire de sa vie comme elle lui avait offert son nom, parce qu'il l'avait demandé... Parce qu'il avait désiré la connaître d'avantage...

Et ce qu'il apprenanit accentuaient encore cet étrange sentiment en lui, l'envie... Non plus de la rabaisser comme seulement un quart d'heure auparavent, mais... de la venger. De comprendre pourquoi Arwen haïssait les hommes, et surtout pourquoi LUI n'était pas haï par le puissant ange des brumes...
Le fait qu'elle ait été attrapée par des mercenaires, il l'avait appris précédément. Qu'elle les ait tué, en revanche... Il l'ignorait. Il fallait bien souligner qu'un mercenaire vivait rarement vieux, surtout lorsqu'il s'attaquait à une proie comme Marlyn. Mais pourquoi, si son don ne s'était pas manifesté auparavent, l'avaient-ils attaqués à plusieurs...?
Qu'avait-elle pu faire, sans en avoir conscience, qui avait poussé les mercenaires dans les retranchements de leur courroux?
Ce genre de... cas se produisait rarement. Les dangers, les survivants d'un précédent raids, les prises d'otages, oui, ces cas exceptionnels pouvaient justifier une attaque massive de mercenaires...
Mais c'était aux traîtres qu'on infligeait les tortures et autres souillures.
Et Marlyn n'en était pas une. Il l'aurait su. Il ne se serait pas laissé abuser... N'est-ce-pas?

Quoique, ça faisait deux détails ignorés... Son nom, sa soeur.. Peut-être y avait-il autre chose. Peut-être devrait-il faire davantage attention à elle...
Il secoua la tête, ce qui pouvait passer pour un mouvement compatissant ou en tous cas compréhensif... Et qui restait surtout un dénit de ses propres pensées.
Il n'y croyait pas lui même. Elle était trop franche, trop vraie... Même lui ne pourrait tenir un masque pareil, et il s'estimait plus que toute autre personne au monde.
Il s'approcha d'elle, parce que c'était l'attitude la plus normale à avoir dans ces moments là, et que même les meilleurs mensonges pouvaient être percés, vu de près.
Elle releva les yeux vers lui...

Et ce qu'il y lisait n'avait rien à voir avec des illusions. Simplement, une sorte de boule de sentiments qui éclairaient ses grands yeux sombres d'une mirade d'étoile...
Elle cilla, dissimulant son trouble une fraction de seconde...
Le mentaï ne bougea pas. Ses pensées devenaient de moins en moins contrôlables, mêlant son idéal de pouvoir à ses pulsions d'homme...
Ca devait venir du démon et de la puissance maléable qui se dégageait de la jeune fille... Pas d'autre chose, non, autre chose n'était qu'une illusion, et il se méfiait de celles-ci plus que tout autre.
Leurs regards se recroisèrent, le sien inexpressif, celui de la jeune femme encore plus étincellant qu'auparavent... plus déterminé. Moins rationnel...
La suite aurait dû être prévue, et évitée. Après tout, ils étaient maître et apprentis, ils étaient mentaï, des machines, des coeurs de pierres!
Il lui suffisait d'attendre l'aube, et de rejoindre une de ces conquêtes, d'éviter la suite à tout prix, de garder un plein pouvoir sur la jeune fille...

Et pourtant, il ne bougea pas, et ce qui devait arriver arriva. Les lèvres de la jeune fille frôlèrent les siennes, juste le temps pour lui d'imaginer quel goût elles devaient avoir. Elle se recula ensuite, un peu trop lentement...

Et le mentaï réagit d'instant, en glissant sa main le long de sa joue pour approcher à nouveau son visage du sien. Quitte à briser les interdits imposés par les convenences, autant agir sans rien avoir à regretter... Et cueillir l'instant.
Il posa ses lèvres sur les siennes, avant de mordiller légèrement celle du bas... avant d'accentuer le baiser...
Ses doigts se perdèrent dans la cascade couleur nuit qui descendait le long des joues de Sareyn, ses yeux se clorent...
Il était fou.

Voilà la seconde évidence qui lui tombait dessus. Il rompit le baiser avec naturel. Lui lança un sourire en constatant son expression troublée. Recula définitivement. Il n'était pas prêt à jouer réellement ce jeu là avec elle.

-Mieux vaudrait qu'on en reste là pour ce soir, Sareyn. Rentre à l'Académie. Dans une semaine aura lieu notre prochaine rencontre, à l'auberge du Siffleur. Je t'attendrai au bar, 2 heures après le crépuscule.

Il n'y avait rien à ajouter. Rien qui en vaille la peine, du moins.