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| Passez-moi le balai... Comment ça, des clefs ? [Terminé] | |
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Majordome et Gardienne des Clés Messages : 177 Inscription le : 03/12/2011 Age IRL : 26
| Sujet: Passez-moi le balai... Comment ça, des clefs ? [Terminé] Lun 16 Nov 2015 - 18:12 | | | Depuis le Bal de l'Hiver, Elizia avait beaucoup réfléchi.
Et encore, il s'agissait d'un euphémisme. En fait, on pouvait dire qu'elle n'avait pratiquement pas cessé de penser à ça, à ces paroles et à ce sourire de Jehan, qui était tellement convaincu de lui faire ce soir-là la plus belle surprise de sa modeste vie. En un sens, n'ayant jusqu'à ce jour jamais reçu de cadeau, elle ne pouvait lui donner tort. Et puis, pour une surprise, c'en était une, de surprise. Et de taille.
Longtemps, elle avait essayé de comprendre pourquoi c'était à elle qu'il s'était adressé. Après tout, il y avait de nombreux autres domestiques entre les murs de l'Académie, dont certains bien plus âgés et beaucoup plus qualifiés qu'elle-même. Alors, qu'est-ce qui l'avait donc poussé à poser son regard et porter son choix sur elle, tellement fluette et insignifiante ? Certes, depuis son arrivée, elle ne manquait ni de zèle ni de rigueur ni de bonne volonté. Elle n'avait jamais volé dans les réserves de nourriture, jamais rechigné à la tâche et s'était toujours montré souriante, discrète, conciliante et disciplinée – tout ce dont on attendait des gens comme elle, en fait. À peine s'était-elle parfois promenée dans les couloirs après l'heure du couvre-feu et avait-elle un peu rechigné à enfiler l'abominable uniforme orange remis à l'ordre du jour par Aziel Ril'Krysant. Mais, tout de même, cela lui posait question.
Et puis, lorsqu'elle avait fini par décider que cette réponse n'était pas de son ressort, elle s'était enfin concentrée sur le véritable problème – celui qui avait fait le cœur de la proposition de l'Intendant avant que ceux-ci ne soient interrompus par une farandole, raison pour laquelle il avait décidé de reporter cette conversation à plus tard avant que tous les deux ne se perdent de vue. Cette offre la tentait-elle ? Était-elle intéressée par ce poste de Gardienne des Clefs, qu'il lui avait soudain fait surgir devant les yeux d'un coup de baguette magique ? Sur le moment, elle n'avait pas su quoi répondre, trop incrédule pour réaliser ce que cela signifiait. Puis, peu à peu, cette idée avait cheminé dans son esprit engourdi, jusqu'à prendre tout son sens.
Son premier réflexe avait été la négation. En effet, elle appréciait sa vie tranquille et anonyme au sein de l'Académie. Ce n'était peut-être pas toujours facile, mais elle était logée, nourrie, disposait d'heures de repos consacrées à lire, à se promener ou à s'occuper de ses chats, parfois – plus rarement, il était vrai – de journées entières, et avait réussi à sympathiser avec un bon nombre d'employés à l'Académie, que ce soient des jardiniers, des cuisiniers ou d'autres domestiques, et même quelques élèves. En somme, elle était plutôt heureuse et n'avait absolument pas à se plaindre de son sort. Dans ce cas, pourquoi aurait-elle été chercher plus loin ?
Mais, petit à petit, elle avait commencé à s'interroger. Ce n'était pas l'argent qui l'intéressait, dans cette histoire, ni la possibilité de quitter l'Académie pour entrer au service d'une des grandes familles de l'Empire – jamais elle n'aurait imaginé quitter un jour ce lieu qui l'avait si bien accueillie. Cependant, cela faisait maintenant presque deux ans qu'elle était ici. Et, même si elle ne s'en rendait pas toujours compte, les choses changeaient en deux ans. Les gens aussi. Elle avait grandi, perdant en timidité ce qu'elle avait gagné en centimètres. Même si elle était toujours aussi réservée, elle avait l'impression d'avoir pris de l'assurance, ne perdant plus tous ses moyens lorsqu'une personne qu'elle ne connaissait pas lui adressait la parole, par exemple. En outre, il lui arrivait parfois de repenser à son ancienne vie, celle qu'elle menait à Al-Vor. Si elle n'avait absolument rien à voir avec l'existence qui était la sienne à Al-Poll, elle ne pouvait tout de même nier que le travail qu'elle devait accomplir là-bas était assez similaire à celui que l'Académie attendait d'elle. Mais avait-elle vraiment envie de faire ça – passer le balai, dépoussiérer les meubles, secouer les tapis, ranger les dortoirs, servir à table – toute sa vie ? N'avait-elle pas quitté ses parents adoptifs, non seulement pour être mieux traitée, mais aussi pour découvrir de nouvelles choses, un nouvel univers – une nouvelle vie ?
Dans sa tête, tout se compliquait. Alors elle s'était un peu renseignée sur les fonctions du Gardien des Clefs, avait posé quelques questions sans en avoir l'air. Jusqu'à ce qu'arrive ce fameux jour, et cette fameuse heure à laquelle Jehan l'avait convoquée dans son bureau afin de reprendre leur discussion inachevée. Ce qui expliquait le fait qu'Elizia se pressait à présent dans les couloirs, un peu nerveuse. Elle venait de quitter les cuisines, où elle avait aidé à ranger des commissions de nourriture en provenance d'Al-Poll, et n'avait pas eu le temps de revêtir une tenue un peu plus appropriée à un rendez-vous avec l'Intendant de l'Académie de Merwyn. Mais au moins ne portait-elle plus cet horrible uniforme orange.
Une fois arrivée à la porte du bureau, elle s'autorisa à marquer une courte pause – le temps d'inspirer profondément. Puis elle tendit la main, afin de toquer légèrement contre le battant de bois. Elle eut beau tendre l'oreille, elle ne perçut aucun bruit. Alors la jeune fille frappa de nouveau, un peu plus fort et, comme elle ne recevait toujours aucune réponse, se saisit de la poignée qu'elle abaissa doucement. Passant la tête par l’entrebâillement de la porte, elle jeta un coup d'œil à l'intérieur de la pièce.- Monsieur l'Intendant Hil'Jildwin ?[Pas vraiment un post fast... Mais c'est le premier, après ça ira mieux Oh et sinon, BON ANNIVERSAIIIRE ] |
| | Messages : 548 Inscription le : 13/07/2008 Age IRL : 84
| Sujet: Re: Passez-moi le balai... Comment ça, des clefs ? [Terminé] Dim 6 Déc 2015 - 14:35 | | |
But de cette trop longue journée : éviter au possible ce bureau encore ordonné d'une main ferme, presque militaire. Ce bureau hanté par l'odeur de la duperie, des tromperies et du complot qui l'avait détruit en partie. Eviter tout souvenir de cette histoire, éviter ce bureau. L'Académie était redevenue ce qu'elle avait été avant l'intrusion de Ril'Krysant entre ces murs. Toute l'Académie hormis une pièce précise. La seule qui aurait pu l'aider à se reconstruire. Son bureau. Trouver un refuge, une autre tanière. Jehan faisait face, comme toujours, mais cette fois-ci, l'Intendant peinait davantage. Et cette main... Ou plutôt cette absence de main. Toujours sous son nez. Regardes-moi, semble-t-elle lui hurler. Regardes ce que tu as perdu à force de te laisser faire. Regardes ce qu'ils ont fait. Regardes l'Académie. Debout, toujours. Et toi, tu es six pieds sous terre. Recroquevillé. Pathétique. Cette journée n'était pas bonne pour notre Jehan.
Jehan chassa ses noires pensées du revers de la main, cacha sa main dans un repli de sa veste. Il n'était pas l'heure de se plaindre, il n'était pas l'heure de ruminer cette histoire. Cette nuit l'avait bien assez fait pour que la journée s'y mette à son tour. Par ailleurs, l'Intendant avait rendez-vous. Ce fut avec un sourire voilant un certain malaise, qu'il se dirigea des jardins qu'il occupait depuis le début de la journée vers son bureau aujourd'hui si froid. Lentement, il gravit les escaliers menant à cette grotte pour laquelle il avait eu tant d'affection. Ce fut après plusieurs minutes qu'il y parvint enfin. Pour soulever un sourcil étonné vers le plafond haut de l'Académie.
La porte était entrebâillée.
S'était-il trompé de bureau ? Vraisemblablement, non. Son nom était inscrit sur la porte en grandes lettres graphiques. Il s'agissait bien du sien. Il s'approcha alors, curieux de voir le visage de cet intrus qui parcourait le désordre volontaire de Jehan. Et presque certain de deviner à qui il appartenait. L'homme poussa délicatement la porte de sa main valide, celle-ci ne grinça pas une fois. Muette ainsi que la réponse de Duncan à son baiser. Un autre sujet de tourments... Ou plutôt de frustration ?
Là, il découvrit la jeune silhouette d'Elizia rangeant les papiers de l'Intendant à leur place attitrée. Un sourire se fraya un chemin jusqu'aux portes de ses lèvres. Cette jeune fille était épatante. Même alors qu'on lui donnait un rendez-vous simple pour parler et boire un thé raffiné, elle trouvait le moyen de se rendre utile. De faire son travail. Elle était sérieuse, elle aimait bien faire les choses. C'était pour cette raison que Jehan lui avait fait une proposition au bal de l'hiver. Et pas des moindres. Une augmentation ! Elle était ici pour cela, mais rangeait ce bureau dérangeant de brillance. Et pourtant, elle savait toujours laisser le minimum de désordre pour que l'homme puisse s'y retrouver. Ou peut-être était-ce Jehan qui étalait son capharnaüm bien trop vite. La jeune fille se retourna alors, entendant les pas de l'Intendant dans son dos. Il lui sourit.
- Mademoiselle Elizia, je suis infiniment heureux de vous voir aujourd'hui. Une tasse de thé ?
Il l'invita à prendre place sur un des canapés posés élégamment dans le coin de la pièce alors qu'elle s'apprêtait à servir elle-même ce thé sans doute porté une dizaine de minutes plus tôt par un jeune garçon de cuisine. Une attention de l'Intendant afin de célébrer une potentielle bonne nouvelle.
- Laissez-moi vous servir, s'il vous plait.
Sans protestation aucune, elle prit place en silence. Jehan prit plus de temps que prévu pour servir l'eau chaude... Foutue main. Il s'était pourtant entrainé ! Il ne voulait pas paraître diminué... Et pourtant, c'était bien le cas. Une fois le thé servi, il se retourna et apporta les tasses une par une. Celle d'Elizia en première, bien entendu. Il s'assit en face de la jeune fille, lui offrit à nouveau un sourire.
- Comment se passe votre journée ? Pas trop de travail ? Je sais les élèves assez irrespectueux lorsqu'il s'agit de ranger leur dortoir. Surtout en ce qui concerne ces derniers temps, j'en suis le premier navré.
Pourquoi attaquer le vif du sujet dans la foulée ? Ils avaient tout l'après-midi pour y arriver.
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| | Majordome et Gardienne des Clés Messages : 177 Inscription le : 03/12/2011 Age IRL : 26
| Sujet: Re: Passez-moi le balai... Comment ça, des clefs ? [Terminé] Ven 18 Déc 2015 - 14:07 | | | Personne.
Le bureau était parfaitement vide, si l'on exceptait un plateau chargé de deux tasses et d'une théière encore fumante. Enfin, vide... Façon de parler, évidemment. Les appartements de Jehan n'étaient jamais vides, elle était bien placée pour le savoir. Cependant, d'une certaine manière, le désordre ambiant lui parut réconfortant, presque reposant. C'était si bon, de le savoir de nouveau ici, si loin de l'organisation froide et méthodique de celui qui, pendant quelque temps, avait usurpé sa place ! Jamais elle n'aurait cru éprouver cela un jour, mais la vue de cette simple pièce lui fit plus de bien que tous les discours qu'elle avait entendus auparavant. Jehan était bel et bien de retour. L'Académie pouvait enfin retrouver son équilibre.
Certes, il restait encore quelque chose de l'aménagement scrupuleux d'Aziel. Le lustre des meubles et du parquet, les piles de dossiers, la netteté des étagères. Et, pourtant, peu à peu, la propriétaire des lieux reprenait sa place. Des feuilles volantes traînaient sur le bureau, quelques objets jonchaient le sol... Réprimant un sourire, la jeune fille se décida à s'engouffrer à l'intérieur de la pièce. Si elle se fiait à la présence de la théière, l'Intendant ne l'avait pas oubliée – il avait simplement un peu de retard. D'ailleurs, elle-même avait peut-être une légère avance. Elle savait qu'il ne lui en tiendrait pas rigueur si elle pénétrait dans son bureau au lieu de continuer à l'attendre dans le couloir. Et, comme elle se voyait mal s'asseoir sur le canapé ou dans un fauteuil, elle prit la résolution de remettre un peu d'ordre dans ses papiers. Puisqu'elle en avait l'occasion, autant se rendre utile.
Concentrée à classer les divers documents qui se présentaient à elle, elle n'entendit pas immédiatement Jehan pénétrer dans la pièce. Lorsqu'elle se retourna, alertée par le son de ses pas, il se tenait à quelques mètres d'elle. À la vue de ce visage, aux traits encore tirés mais souriant, elle sentit une bouffée de bonheur l'envahir.
Répondant à son salut, elle s'apprêtait à se saisir de la théière quand celui-ci interrompit son geste. Elizia marqua une brève hésitation avant de s'installer dans le canapé qu'il lui désignait, un peu gênée de laisser l'Intendant remplir sa tasse de thé. Elle n'était pas habituée à se faire servir, et ressentit une légère appréhension en imaginant ce qui résulterait de sa possible augmentation. Elle espéra que, si elle l'acceptait, les gens ne se sentiraient pas obligés de lui témoigner des égards qu'elle n'avait, jusque là, pas même imaginés. Par exemple, si elle avait un bureau – cette pensée la fit tressaillir – elle comptait bien le nettoyer elle-même.
Une fois que Jehan eut servi le thé et eut pris place à ses côtés, il commença à l'interroger sur un ton badin, et elle se détendit un peu. Tandis que sa tasse refroidissait, elle prit à son tour la parole.
- Non non, tout va bien, vraiment. Je... J'étais en train d'aider aux cuisines, mais les dortoirs ne me posent pas de problème, et puis on est souvent plusieurs pour s'en occuper. C'est normal que les élèves laissent traîner leurs affaires, vous savez, ils sont là pour étudier et n'ont pas forcément beaucoup de temps à consacrer au rangement. C'est notre rôle, après tout.
Elle s'interrompit afin de porter la tasse de thé à ses lèvres. La boisson lui piqua la langue.
- Et vous ? questionna-t-elle un peu maladroitement. Est-ce que vous allez bien ? Je suppose que vous devez être très content d'être de retour à l'Académie...
La jeune fille hésita, ne sachant comment terminer sa phrase. La chaleur du thé lui brûlait la gorge.
- … en tout cas, nous sommes tous très heureux que vous soyez à nouveau là. Ce n'était pas pareil, sans vous, acheva-t-elle à voix plus basse.
Elle craignait de réveiller en lui de mauvais souvenirs, et ne voulait absolument pas le mettre mal à l'aise. Mais elle tenait à lui faire comprendre que les autres domestiques et tout le reste du personnel – puisqu'elle ne pouvait parler au nom des étudiants – se réjouissaient de son retour.
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| | Messages : 548 Inscription le : 13/07/2008 Age IRL : 84
| Sujet: Re: Passez-moi le balai... Comment ça, des clefs ? [Terminé] Mar 5 Jan 2016 - 14:36 | | |
La fumée s'échappait lentement de la tasse, laissant quelques traces sur le bord de l'objet si fragile. A l'instar d'un souffle, d'une vie. On la laisse échapper de nos doigts, la tasse se brise. En mille morceaux. Irréparable. Obligé alors de finir sa vie oublié, prêt à rejoindre les objets brisés. Jehan avait cassé plusieurs tasses depuis qu'il était rentré. Oh, il en rachetait à chaque fois. Sa collection de tasses anciennes devait être au complet ! C'était bien la seule chose pour laquelle il devait être maniaque. Ses tasses. Et sa drôle de main lui avait donné du fil à retordre pour boire son thé ou tout autre liquide qu'il avait versé au coeur de ces objets de porcelaine. Autant préciser qu'il était en train de faire mille efforts pour garder celle qu'il tenait dans les mains en vie. Calme, il la prenait pour l'amener à ses lèvres, boire une goutte du liquide encore brûlant, avant de la reposer sur sa coupelle, elle-même déposée sur le bord de la table.
La jeune Elizia prit alors la parole. Elle pardonnait le désordre des élèves et aidait aux cuisines. Comment pouvait-on prendre son travail tant au sérieux ? Jehan s'étonnait toujours de la volonté de cette fille encore aux débuts de sa vie. Et de sa carrière. Elle s'était présentée à lui depuis un moment déjà et la voilà ici, devant lui. Pour la simple et bonne raison qu'elle faisait son travail à merveille et qu'elle méritait une récompense. Ou ce que l'on appellerait dans le langage courant : une augmentation. Et pas des moindres !
Elle le questionna à son tour. Comment allait-il ? Il sourit et se prépara à sortir les mêmes mondanités qu'à tous les autres lorsqu'elle le devança pour rajouter quelques mots à sa phrase. Si une chose était plus que certaine et qui avait le don de réchauffer le coeur meurtri de l'Intendant, c'était bien l'amour de ses élèves. Cet attachement étonnant que l'Académie entière portait à sa simple personne. Qui aurait cru que de simples élèves tenteraient le tout pour le tout afin d'innocenter un homme... Qui pourtant n'a rien de plus qu'un autre. Il n'avait rien de plus. Cette manière de l'accueillir, de lui souhaiter bon retour... Le bal de l'hiver. Tout avait été si étrange, comme s'ils cherchaient tous à créer l'atmosphère qui lui ferait oublier les événements. Naïfs. Comment pouvaient-ils croire que ses pensées ne se tourneraient pas instinctivement vers cette histoire ? Comment pouvaient-ils penser que tout serait oublié d'un simple geste. Jehan y pensait. Souvent. Pour ne pas dire presque tout le temps.
Et pourtant, il sourit à Elizia assise face à lui. Il faisait face, gardant enfui en lui les ruines de ces mois de souffrance, d'humiliation. Le pire restait cette dernière. Son honneur avait été souillé, piétiné, détruit. Jusqu'à ce qu'il ne reste qu'un tas de cendre. Malgré cela, il souriait et faisait face. Comme l'Intendant qu'ils avaient toujours connu.- Ma fois, je suis bien heureux d'être de retour, c'est évident. Moins de retrouver mon bureau dans un tel état tout comme ma belle Académie. Mais nous sommes en bonne voie de rétablir les choses, n'est-ce pas !Gorgée de théine, Jehan observa la jeune fille pendant quelques minutes. Ses yeux sourirent à l'instant même où ses lèvres formèrent ce demi-cercle caractéristique de la joie. Ou de l'impatience, qui sait.- J'imagine que vous ne pensez qu'à l'objet de votre venue, Miss Lÿr. Je m'en voudrais de tourner encore longtemps autour du pot.Nouvelle gorgée, il reposa la tasse sur la table.- Ma proposition reste la même. Je vous offre le poste de majordome de l'Académie grâce auquel vous obtenez la tâche de Gardienne des clés. Vous obtiendriez également des appartements plus grands et bien évidemment une hausse de salaire ainsi que pour votre équipe.C'était son cadeau de l'hiver pour la jeune fille, mais elle avait voulu y réfléchir davantage. Allait-elle accepter ?- Avez-vous des questions ? Y avez-vous réfléchi ?[ ]
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| | Majordome et Gardienne des Clés Messages : 177 Inscription le : 03/12/2011 Age IRL : 26
| Sujet: Re: Passez-moi le balai... Comment ça, des clefs ? [Terminé] Ven 15 Jan 2016 - 20:49 | | | Malgré les propos enthousiastes de Jehan, Elizia sentit qu'il ne lui confiait pas tout alors qu'il reposait sa tasse face à lui pour répondre à ses questions. Son sourire semblait sincère, mais quelque chose à l'intérieur de son regard, comme s'il tentait de lui dissimuler, de dérober à son attention une partie de la vérité, ne lui échappa pas. Les yeux ne mentent jamais. Et au fond, tout au fond de ceux de l'Intendant, une faille était perceptible, infime, certes, mais qui la bouleversa. C'était comme une ombre qui se glissait derrière la pupille afin de ne pas être découverte, un amas d'émotions fondu dans le vert de l'iris. À sa manière, la jeune fille avait elle-aussi connu la souffrance et l'humiliation, la douleur de l'injustice et la rage de l'impuissance. Et, en une compréhension muette, elle reposa aussi sa tasse de thé, un peu écœurée tout à coup. Elle respectait le silence de Jehan, tout comme elle admirait son courage et sa ténacité. Mais elle en avait mal pour lui.
Puis ce dernier reprit la parole sur un ton léger, qui lui rappela soudain les raisons de sa venue. Elizia se redressa légèrement dans le canapé tandis qu'il terminait d'exposer sa proposition qui, bien évidemment, restait la même. Une fois qu'il se fut interrompu, celle-ci s'autorisa quelques secondes de réflexion, afin d'essayer de remettre un peu d'ordre dans ses idées.- Eh bien... J'y ai réfléchi, oui. Et, avant de pouvoir vous donner ma décision, j'aurais en effet quelques questions à vous poser.Bon. C'était le moment de ne rien oublier. - Tout d'abord, en quoi consisterait ma journée ? Je veux dire, je sais que j'observerais les allées et venues des élèves, mais... Est-ce que ça signifierait que je resterais toute la journée au même endroit, sans jamais rien faire d'autre ?Cette question pouvait paraître incongrue, mais l'une des principales craintes d'Elizia était en effet de s'ennuyer. Après avoir passé deux ans à courir dans les couloirs de l'Académie armée d'un balai, d'un plat à réchauffer ou d'un tissu à livrer, ne risquait-elle pas de se morfondre un peu si elle passait ses journées à se tourner les pouces sur une chaise en attendant les visiteurs ? - Et ensuite, est-ce que... est-ce que je devrais donner des ordres à d'autres gens, par exemple ? Et en ce qui concerne le salaire, la nouvelle chambre... Ce ne serait tout de même pas trop... Enfin... Elle se sentait rougir sous le regard inquisiteur de Jehan, perdant ses mots et le fil de sa pensée. Enfin, vous voyez ce que je veux dire, non ? Trop grand pour moi. Je n'ai pas besoin de beaucoup de choses.La jeune fille ne savait pas exactement pourquoi cette idée la terrorisait à ce point. Mais devenir tout à coup le centre de l'attention, commander à des personnes avec lesquelles elle avait peut-être déjà essuyé la vaisselle ou plié du linge, quitter cette chambre petite mais confortable à l'intérieur de laquelle elle avait appris à se sentir chez elle, gagner de l'argent qu'elle ne saurait comment dépenser... Tout cela ne serait-il pas trop disproportionné, trop soudain pour elle, trop tout ?
À cette pensée, elle s'empara de nouveau de sa tasse, puisant un peu de courage dans la chaleur du breuvage. Elle ne savait plus très bien si elle avait prévu de demander autre chose, ni même si ce qu'elle venait de dire était cohérent. Mais, si elle avait envie de rajouter quelque chose, elle pourrait toujours le faire une fois que Jehan aurait répondu à ces premières questions.[ ] |
| | Messages : 548 Inscription le : 13/07/2008 Age IRL : 84
| Sujet: Re: Passez-moi le balai... Comment ça, des clefs ? [Terminé] Mer 27 Jan 2016 - 23:44 | | |
L'incertitude... Cette sensation d'aller-retour d'un esprit hésitant, passer du noir au blanc en l'espace de quelques secondes. Ne plus savoir à quoi se fier, faire tourner ses pensées à en perdre le fil. Notre homme l'avait si souvent côtoyé au courant de ces dernières semaines. Ce n'était pas le moment de penser à lui. Cet entretiens - qu'il qualifiait davantage d'après-midi théine - était consacré à Elizia, à son avenir et ses doutes. Ceux qu'elle partageait sans le vouloir, c'était certain. Cet après-midi n'appartenait pas aux fantômes hantant les pensées de Jehan. L'Intendant écouta alors la jeune fille, notant chacune de ses hésitations dans son esprit, ajustant ses réponses au fur et à mesure. Il ne touchait plus à sa tasse. Une fois qu'elle eut terminé d'exposer ses questionnements, il ne la fit pas attendre un instant, enchaînant rapidement. Il était sûr de lui, certain de sa décision et des capacités nécessaires qu'elle possédait pour ce post. Pour lui, tout était déjà conclu. Il ne manquait que quelques formalités, car la jeune fille représentait tout ce qui était nécessaire pour ce post.
- Votre journée ne sera pas radicalement différente de celles que vous aviez jusqu'à aujourd'hui. Mais à la place d'exécuter les ordres d'un supérieur, ce sera à vous de les donner. En tant que majordome de l'Académie, vous aurez pour tâche de veiller à ce que notre belle demeure soit toujours irréprochable. Vous serez en quelque sorte l'organisatrice de toute cette belle mécanique qui rend notre Académie comme elle est. Vous imaginez donc que vous aurez une équipe de domestiques à votre charge et que par alliance, vous devrez leur donner les directives de la journée.
L'Intendant fit une légère pause afin que la jeune fille puisse au mieux traiter les informations dans son esprit. Puis reprit la suite de ses réponses.
- En ce qui concerne votre rôle de Gardienne des Clés. Ce statut est unique et primordial. Si vous acceptez ce post, je vous remettrais toutes les clés, ou presque, des pièces de l'Académie. Il vous incombera de veiller sur elles. Ouvrir et fermer chacune des entrées matin et soir, et bien évidemment, surveiller les allées et venues de chacun. Vous serez en quelques sorte mes yeux et mes oreilles !
Le sourire de Jehan se transforma en rire l'espace de quelques minutes.
- En résumé, vous n'aurez pas un instant à accorder à l'ennui.
L'homme tenta à nouveau de boire une gorgée du thé encore trop chaud. Chose plus compliquée que dans le passé. S'il pouvait... Stop.
- Pour le salaire, je l'offre à une jeune fille qui le mérite amplement par son travail et sa ténacité. Vous méritez cette augmentation plus que quiconque, demoiselle, et je vous interdis de le nier. Vous trouverez bien comment dépenser ces quelques sous supplémentaires, ma fois !
Il lui sourit, ses yeux fêtant cette victoire invisible qu'il venait de remporter face à la tasse de porcelaine. Enfin sa bouche goûtait à ce thé sans en renverser une seule goutte.
- Si cela vous gène tant de prendre d'autres appartements plus spacieux, je n'y vois pas d'inconvénients. Sachez seulement que nous pourrons vous chercher une nouvelle chambre tout aussi confortable, si vous le désiriez. Vous pouvez cependant garder ceux que vous possédez déjà, s'ils vous plaisent toujours tant et que votre coeur y vit encore.
Il était convaincu qu'elle méritait tout ceci. Mais comprenait à quel point une pièce pouvait devenir précieuse aux yeux de quelqu'un, à quel point une chambre que l'on a habité depuis si longtemps pouvait s'être transformé en précieux château à ses yeux.
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| | Majordome et Gardienne des Clés Messages : 177 Inscription le : 03/12/2011 Age IRL : 26
| Sujet: Re: Passez-moi le balai... Comment ça, des clefs ? [Terminé] Mer 17 Fév 2016 - 19:05 | | | Majordome de l'Académie, Gardienne des Clés... Ces nouveaux noms tintaient aux oreilles de la jeune fille comme les pièces en bois d'un jeu qu'elle ne connaissait pas encore, un jeu avec beaucoup de cartes, beaucoup de règles et beaucoup de participants. Jehan venait de lui présenter le plateau et elle hésitait toujours, penchée au-dessus de la table avec circonspection, ne sachant s'il lui fallait l'ouvrir tout de suite ou attendre encore un peu. Les dés étaient dans sa main gauche, la droite étant toujours refermée sur la tasse de thé, reposant au creux de sa paume, tandis que ses doigts hésitaient à se déplier. C'était comme être au-dessus du vide, en sachant pertinemment qu'on pouvait sauter, mais qu'il était encore temps de rebrousser chemin. À cet instant, tout était encore possible – et c'est sans doute pourquoi le vertige était infini. Tout le monde sait que la liberté fait peur.
Au fur et à mesure des paroles fluides de Jehan, Elizia tentait d'imaginer ses journées. Des images défilaient dans son esprit, qui se peuplaient de profils à peine esquissés. Les dédales de son cerveau devenaient des couloirs, que les battements de son cœur peuplaient d'échos – voix diffuses, bruits de pas, effleurement des étoffes. Parfois, un rayon de lumière jaillissait d'une porte entrebâillée et aussitôt refermée, quelques couleurs teintaient une pièce, des ombres se mêlaient au frémissement d'un rideau. À travers les fenêtres, elle pouvait distinguer une silhouette qui arpentait les corridors d'une démarche pressée, s'arrêtant parfois lorsqu'elle croisait quelqu'un, inspectant les salles de cours encore vides à cette heure de la journée. En se rapprochant, elle parvint à percevoir quelques unes de ses paroles – elle l'entendit distribuer des ordres à quelques domestiques, interroger un élève qui descendait d'un escalier, saluer un professeur. Une femme d'âge mûr, de toute évidence extérieure à l'Académie, venait de pénétrer dans le hall, et elle s'approcha pour la renseigner. Toutes deux discutèrent un instant, le sourire aux lèvres, puis elle se détourna tandis que la femme continuait son chemin. Un jeune homme en tablier en profita pour l'accoster, et elle les regarda s'éloigner côte à côte, sans doute en direction des cuisines – ne les quittant des yeux qu'au moment où les boucles rousses eurent disparu au détour d'un couloir.
Nouvelle gorgée de thé, qu'elle avala presque sans y penser. Les compliments de Jehan la gênaient un peu, mais elle réussit à ne pas baisser le regard tandis qu'il terminait son explication, répondant avec chaleur à son sourire. Devenir ses yeux et ses oreilles. En était-elle capable ? Si elle ne se faisait que relativement confiance, en revanche, elle avait une foi absolu dans le jugement de l'Intendant. S'il le croyait, elle le croyait aussi. Mais le désirait-elle ? La jeune fille examina un instant le visage ouvert et rieur de son interlocuteur, son regard franc, sympathique, sincère. Puis elle repensa à l'impuissance qu'elle avait ressentie lorsqu'Aziel avait usurpé sa place, à ses questions et à ses doutes le concernant, à sa rage de ne rien pouvoir faire contre son autorité chaque jour plus implacable et assurée. Si elle avait été plus puissante, peut-être aurait-elle pu tenter d'adoucir un peu les choses, en demandant d'allumer des feux dans les cheminées pour dissiper un peu toute cette froideur.
Le désirait-elle ? Le sourire de Jehan remuait quelque chose en elle – une affection profonde, teintée de respect et de gratitude. Elle ne s'en était peut-être pas rendue compte, mais tous deux avaient fini par apprendre à se connaître mutuellement, elle à force de ranger son bureau, lui d'observer son travail. Elle savait certains de ses goûts, certaines de ses occupations. La première pensée qui lui vint à l'esprit fut qu'elle ne voulait pas le décevoir. Puis, elle réalisa que cela lui faisait plaisir. Vraiment plaisir. Alors, elle sourit à son tour.
- Très bien.
Il n'était plus temps, à présent, d'interroger et d'atermoyer.
- Je... J'accepte.
Elle avait reposé sa tasse, comme si ses mains la brûlaient soudain. Puis, se rendant compte de l'éventuel double sens de ses paroles, elle rajouta :
- Je veux dire, j'accepte de garder ma chambre – enfin, j'aimerais bien... je préférerais... – enfin, vous comprenez. Mais j'accepte aussi pour... pour le nouveau poste. Puisque vous m'en jugez dig– capable.
Les mots se marchaient les uns sur les autres, tantôt trop lents ou trop rapides, ainsi que des petits soldats indisciplinés qui refusaient de rester en rang trop longtemps.
- A partir de quand commencerai-je ?
Et puis, aussitôt cette question posée, elle réalisa soudain quelque chose – et de très chaud, elle eut tout à coup très froid, au point qu'elle dut reprendre sa tasse. Jehan, de toute évidence ravi de cette nouvelle, n'avait apparemment pas remarqué son trouble, car il commença à se lancer dans une longue tirade enthousiaste. Elizia attendit que son débit se ralentisse un peu avant d'ouvrir timidement, honteusement la bouche.
- En revanche... J'ai oublié de vous le dire, parce que sur le moment je n'y ai pas pensé, mais... Inspiration. Je ne sais pas écrire. Expiration.
Elle avait dit cela à la fois le plus vite possible et en butant un peu sur les syllabes. Elle ignorait si cela posait un problème ou non, si après cela l'Intendant allait la juger très mal ou éclater de rire en affirmant que ça n'avait aucune importance.
- Mais je sais lire, par contre. Et si c'est grave, je peux apprendre bien sûr. Ça ne devrait pas être trop compliqué, je m'appliquerai, je ferai tout ce que je peux pour que ça aille le plus vite possible.
Je vous le promets.
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| | Messages : 548 Inscription le : 13/07/2008 Age IRL : 84
| Sujet: Re: Passez-moi le balai... Comment ça, des clefs ? [Terminé] Lun 14 Mar 2016 - 17:46 | | |
Elizia sourit enfin. Depuis tout ce temps, depuis que la porte s'était ouverte sur son visage, enfin un sourire. Un vrai. De ceux qui annonçaient une merveilleuse nouvelle, un avenir prometteur. De ceux que Jehan aimait voir sur les visages de ses académiciens. Et elle accepta. Enfin. Elle prit la décision d'accepter la proposition de l'Intendant. Elizia venait de devenir la gardienne des clés et majordome de l'Académie. Sa tasse reposée, la jeune fille s'empourpra et s'expliqua. Jehan en eut presque un rire, tant le quiproquo venait de l'étonner. La jeune Elizia acceptait de garder sa chambre. Elle parlait principalement de sa chambre, mais finit par annoncer qu'elle acceptait le post qu'on lui proposait. Et Jehan s'emporta à la suite des paroles de la jeune fille.- Bien évidemment que je t'en crois capable ! Penserais-tu que le grand Hil' Jildwin puisse avoir tord ?Il rit et lui offrit un clin d'oeil. Elle semblait de plus en plus à l'aise, même s'il sentait qu'elle hésitait encore sur la bonne décision à prendre. Elle ne répondit pas à la boutade, peut-être une petite rougeur, mais aucune paroles. A la place, elle demanda quand est-ce qu'elle commencerait.- Quand ? J'imagine tout de suite ! Enfin, pas là maintenant à partir de cette seconde, demain à la première heure, le temps que tu puisses te formaliser de toutes ces nouvelles charges. Et puis également le temps que tes collègues soient au courant, que le changement se fasse tranquillement. Je dirais donc que demain est une bonne idée. Nous sommes à présents à la mi-journée, nous avons tout l'après-midi pour faire ensemble le tour de l'Académie et annoncer la nouvelle à tout le personnel. L'actuel majordome sera bien heureux d'avoir une aide, il se fait vieux le pauvre. Il voulait rejoindre son fils vers Al-Chen, après t'avoir tout enseigné, il pourra enfin le retrouver ! Ah, tout ça est si excitant !L'Intendant remarqua soudain qu'il s'emportait et que la jeune fille était plutôt préoccupée. Il se tut et n'attendit pas bien longtemps avant qu'elle ne lui fasse part de ses pensées. Et l'homme ne put s'empêcher de sourire, puis d'éclater de rire. Il se força cependant à se calmer pour ne pas lui donner l'impression qu'il se moquait.- Oh mais ce n'est pas un problème ! Il nous suffit de nous mettre au travail et de t'apprendre ce merveilleux art qu'est l'écriture ! Je peux m'en charger, mais Cil'Eternit est tout de même le mieux placé pour t'apprendre à écrire.Jehan posa soudain sa tasse, se leva, pour s'assoir à côté d'Elizia. Il prit la main de la jeune fille de sa main valide, lui sourit gentiment. Elle avait besoin qu'on lui donne confiance en elle. Elle avait besoin que quelqu'un lui dise qu'elle était digne de grandir et de recevoir de telles opportunités.- Ne te sens pas pressée d'être parfaite dans ton nouveau rôle, tu le seras un jour. Et c'est bien normal si tu n'y arrives pas parfaitement dès les premières minutes. Après tout, ne sommes-nous pas dans une école ? Ne sommes-nous pas ici tous pour l'éducation et le savoir ?Grand sourire sincère.- Je suis certain que tu sauras bien te débrouiller et que tu apprendras vite à écrire ! Après tout, je ne me trompe jamais, n'est-ce pas ?[ Je sais pas si tu veux continuer un peu ou si on termine le rp ? ]
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| | Majordome et Gardienne des Clés Messages : 177 Inscription le : 03/12/2011 Age IRL : 26
| Sujet: Re: Passez-moi le balai... Comment ça, des clefs ? [Terminé] Lun 11 Avr 2016 - 18:22 | | | Cela lui plaisait, cette manière qu'avait Jehan de toujours veiller à ne pas froisser ou mettre mal à l'aise ses interlocuteurs, sa façon de plaisanter et de sourire et de rire sans avoir jamais l'air de se moquer, en se mettant presque à leur niveau, pour leur donner l'impression qu'ils étaient loin d'être insignifiants ou stupides ou que, s'ils l'étaient, dans ce cas, lui-même, Intendant de la prestigieuse Académie de Merwyn, ne valait guère mieux.Son enthousiasme la réchauffait, lui faisait du bien – l'air qu'il avait de vraiment croire en elle, de lui faire confiance, même si elle était jeune, pauvre et illettrée. Un grand calme descendit soudain dans l'esprit d'Elizia, ce genre de calme qu'on ressent en regardant une vaste étendue d'herbe ou un large ciel bleu. La voix de Jehan lui faisait un peu l'effet du clapotis d'un ruisseau ou d'un souffle de vent, à la fois surprenant et rafraîchissant. Alors, lorsqu'il se leva pour aller s'asseoir à côté d'elle et lui prendre doucement la main, elle résista à l'envie qu'elle ressentit brusquement, celle d'éclater en sanglots, ou bien de le serrer dans ses bras, ou encore de faire les deux à la fois. Tant de gentillesse l'étonnait et l'émouvait profondément. À cet instant, elle se promit au fond d'elle-même de ne jamais le décevoir.Aux dernières paroles et à l'immense sourire de l'Intendant, Elizia ne réussit pas à le regarder tout à fait dans les yeux, un peu gênée de cette soudaine proximité. C'était la première fois qu'il lui venait à l'esprit qu'elle pouvait être considérée comme une élève au même titre que les autres, une des étudiantes de l'Académie, venue elle aussi à la recherche d'un nouveau savoir. Elle aimait cette idée qu'elle n'était pas uniquement domestique – ou, à présent, Gardienne des Clés – mais une Académicienne à part entière. Jouissant des mêmes droits que les autres élèves, s'occupant de l'entretien et de la bonne marche de l'établissement, certes, mais pouvant aussi suivre des cours ou l'enseignement d'un professeur si elle le désirait. Pour la première fois de sa vie, apprendre vraiment, sans se cacher, recevoir les connaissances de quelqu'un et non pas les arracher tant bien que mal à ce qui l'entourait. À cette pensée, son regard s'illumina, et elle songea soudain que beaucoup de choses allaient désormais changer dans sa vie.- En tout cas, je vous promets de faire tout mon possible pour ne pas vous faire mentir, monsieur.Leurs yeux se rencontrèrent, elle sourit à son tour. À présent, elle se sentait forte et heureuse, presque comme si une nouvelle assurance coulait dans ses veines. Sans parvenir à faire disparaître son large sourire, la jeune fille se leva. - Et si nous allions prévenir les autres membres du personnel de l'Académie, maintenant ?Il fallait croire que, venant de Jehan, même l'enthousiasme était communicatif.[Finiiii Tu auras d'ailleurs remarqué que ce dernier post est le seul vraiment fast de ce RP (x] |
| | | Sujet: Re: Passez-moi le balai... Comment ça, des clefs ? [Terminé] | | | |
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