- Description physique -
Toupilipp est un Petit. Ce qui implique donc qu'il est petit. Il mesure néanmoins un mètre, pile poil, ce qui n'est pas extrêmement courant chez les Petits. Toupilipp en était très fier : un mètre c'est la taille de la sagesse. Ses yeux aussi sont inhabituels pour un Petit. Les iris de leurs yeux couvrent généralement un large spectre de couleurs allant du vert pâle des jeunes poussent au vert profond du feuillage du Vieux Chêne en plein été. Cependant les yeux de Toupilipp sont marrons, tirant vaguement sur le orange. Une caractéristique qui amuse beaucoup ses amis qui lui disent qu'il a les yeux d'Humph le trodd. Ce n'est pas un compliment d'être comparé à un trodd. Toupilipp compense cependant cette laideur oculaire par son style savamment négligé. Un chapeau de feuilles et d'écorces qu'il a lui-même confectionné, étrangement élégant de par sa difformité, couvre une tignasse de mèches brunes perpétuellement en bataille. Cette coiffure est volontairement désordonnée pour ne pas faire trop sérieux, mais constamment propre pour ne pas être disgracieuse. Les contours anarchiques de cette chevelure contrastent avec la rondeur parfaite de son visage, que même son large sourire ne parvient pas à altérer. Plutôt bien proportionné, Toupilipp cache sa fine musculature sous une petite tunique blanche un peu trop large et une veste faite des mêmes feuilles et écorces que son chapeau. Il porte un ample pantalon de tissu noir qui ne gêne pas ses mouvements, mais il ne met jamais de chaussures. Pour Toupilipp, se promener pieds nus est la preuve de sa totale liberté. Il aime sentir les caresses de l'herbe lorsqu'il marche et les morsures des écorces lorsqu'il grimpe. Mettre des chaussures est une atteinte à sa liberté fondamentale et il s'y refuse catégoriquement. Même s'il aurait moins mal avec des bottes lorsqu'il explore les ronces à la recherche de framboises.
En bref, Toupilipp est un Petit que les autres Petits trouvent exubérant et nonchalant bien que très sympathique ; mais pour n'importe quel humain, il ne serait qu'un banal gamin de huit ans avec d'étranges vêtements.
- Description du caractère -
Toupilipp est un Petit. Ce qui implique qu'il est insouciant de nature, qu'il est grincheux parfois, joyeux souvent, qu'il a un sens de l'humour particulièrement développé, et qu'il n'a qu'une chose en tête : manger des framboises. N'importe quel Petit serait prêt à faire n'importe quoi pour des framboises. Une légende raconte même qu'il y a longtemps, un grand Boulouakoulouzek aurait abdiqué pour une masse de framboises conséquente. Mais Toupilipp est intelligent pour un Petit, assez intelligent pour comprendre qu'il existe des choses plus intéressantes que les framboises.
Il est naïf. Tout est une source d'étonnement, surtout les nombreuses légendes du peuple Petit. Le Vieux Chêne était présent à la création du monde et tous les arbres de la Forêt Maison sont ses enfants. Le joyau Ilfasidrel est un morceau de ciel que le premier des Boulouakoulouzeks a cueilli au sommet de l'Arbre Talisman, c'est pour ça qu'il est magique. Humph le trodd existe vraiment. Il y a un autre monde beaucoup plus grand à l'extérieur de la Forêt Maison.
Il est curieux. Il s'organise souvent des expéditions dans la Forêt Maison, soit pour vérifier les légendes, soit pour en créer d'autres. Lorsque son maître Lanceur de Sorts lui a montré pour la première fois une carte de la Forêt Maison, il a décidé d'en faire le tour pour la vérifier. Elle était fausse. Il manquait trois bosquets à framboises. Il existe beaucoup de trodds mais aucun n'est assez affreux pour être Humph. Ilfasidrel ne vient pas du ciel, la preuve, ils ne sont pas du même bleu. Il existe peut-être bien une autre Forêt Maison beaucoup plus grande, il faudrait peut-être aller vérifier…
Il est lucide. Il sait que la réalité est souvent décevante par rapport aux légendes, mais ses excursions sont toujours très amusantes. Il sait qu'il est particulièrement sensible à la magie d'Ilfasidrel et qu'il est donc un Lanceur de Sorts puissant. Mais même si lancer des sorts est très amusant, ce n'est pas un jeu, et un sort mal lancé peut s'avérer dévastateur. Le monde de dehors a l'air étrange et dangereux, bien plus que la Forêt Maison, et cette expédition-là sera la plus périlleuse qu'il ait jamais entreprise, et il ne lui sera peut-être pas possible de rentrer...
- Principale(s) qualité(s) -
Il est très agile et endurant, ce qui est plutôt utile lorsqu'on entreprend un long voyage en Gwendalavir. Sa jovialité et son sens de l'humour l'ont énormément aidé à s'intégrer à la vie alavirienne. Il est naïf et curieux, tout est un petit festival, il lui est impossible de s'ennuyer. Mais sa lucidité, bien que plus lente, contrebalance son insouciance instinctive.
- Principal(s) défaut(s) -
Il est insouciant et crédule. N'importe qui pourrait lui faire faire n'importe quoi pour peux qu'il soit convaincant et charismatique. De plus, Toupilipp a un grand cœur et accorde sa confiance très facilement. Mais il est surtout têtu. Très têtu. Quand sa conviction est faite, elle est pratiquement inébranlable.
- Particularité(s) -
Il est petit. Mais c'est normal pour un Petit. Il se nourrit presque exclusivement de framboises. Mais ça aussi c'est normal pour un Petit. Il a un odorat extrêmement développé, il peut reconnaître tous les ingrédients d'une soupe ou chaque arôme d'un vin inconnu juste en le reniflant. Là encore, rien d'inhabituel pour un Petit. En revanche, il a une grande cicatrice en forme d'éclair sur le ventre à cause d'un ours élastique, et il est presque certain qu'aucun Petit ni aucun humain n'en a une semblable.
- Capacité(s) -
Toupilipp sait compter deux par deux et réciter l'alphabet à l'envers, un avantage non négligeable en société. Il est d'ailleurs le seul Petit à savoir parler et écrire l'alavirien, et le seul alavirien à savoir parler et écrire le Petit, puisqu'il est le seul représentant de sa race qui se soit fait connaître dans l'Empire. Sinon c'est un très bon grimpeur, un excellent Lanceur de Sort et il se débrouille plutôt bien avec un poignard. Par contre il est tout à fait incapable de tirer à l'arc. Ses bras sont bien trop courts.
(Suite à de longues discussions avec Lisha et Ichel : on a développé une théorie comme quoi la magie des Petits pourrait s'apparenter à l'art des Rêveur ou celui des Navigateurs. Les Petits arpenteraient des spires qui seraient inaccessibles aux Dessinateurs, et Ilfasidrel serait une sorte de sphère graphe qui permettrait aux Petits d'accéder à cette partie de l'Imagination. Toupilipp étant particulièrement réceptif au joyau, il serait capable de faire le pont entre la magie des Petits et le don du Dessin, il serait capable d'arpenter les spires "normales" les plus basses sans forcément l'aide d'Ilfasidrel. Voilà, c'était la petite parenthèse théorique.)
- Situation familiale -
Toupilipp est le fils unique d'Oupilion et d'Itiouninelle. Ce sont des Petits normaux, qui lui ont appris à aimer les framboises et à craindre Humph le trodd, comme tous les Petits normaux.
- Situation sociale -
Chez les Petits, il n'y a pas de couches sociales aussi distinctes qu'en Gwendalavir. Il y a les Petits qui mangent des framboises, des Lanceurs de Sorts qui sont respectés, des conseillers qui sont ennuyeux, et le grand Boulouakoulouzek qui a la plus longue barbe. Selon des critères purement alavirien, Toupilipp ferait partie de la haute-société en tant que Lanceur de Sorts.
En Gwendalavir, son statut est assez particulier puisqu'il est le seul Petit à être sorti de la Forêt Maison. Il est donc une source intarissable de curiosité. Lors de son voyage, il a su tisser des liens forts avec des personnes plus ou moins importantes, notamment avec une marchombre du nom d'Ambre Ewil.
- Histoire -
« Tu sais, j'aime beaucoup le ciel en Gwendalavir. On le voit jamais dans la Forêt Maison. Y a tout le temps trop de feuillages partout qui cache tout.
- Tu n'avais jamais vu le ciel avant de sortir de chez toi ?
- Bah si quand même, il y a quelques clairières. Mais la plupart sont des étangs avec plein de trodds dedans. Sinon on grimpe au-dessus des feuilles le plus vite possible, c'est un jeu assez amusant. Mais c'est dangereux aussi, on peut tomber sur des nids de gros oiseaux assez agressifs, ou pire, déranger un ours élastique. Et puis il n'y a pas de framboises au sommet des arbres de toute façon. »
Deux silhouettes perchées sur le toit de chaume d'une taverne à Al-Far discutaient et admiraient le ciel étoilé. Les passants et les ivrognes qui sortaient de l'établissement pour dessoûler les défiguraient avec étonnement. Certes, il était inhabituel de voir des gens se balader sur les toits, mais après tout ils étaient libres de faire ce qu'ils voulaient, tant qu'ils n'abîmaient rien. Non, c'était la différence flagrante entre ces deux ombres qui se découpaient dans le ciel qui les intriguaient. L'une était une silhouette fine et élancée, évoquant immanquablement une jeune femme que tous devinaient très belle, tandis que l'autre était petite, beaucoup plus petite. En réalité, elle correspondait à un enfant de huit ans. Quelle mère est assez inconsciente pour emmener son fils sur un toit à plus de six mètres du sol ? Mais personne ne se permettait la moindre remarque. Les passants détournaient simplement le regard et reprenait leur marche, et les ivrognes plongeaient la tête dans une fontaine en se disant que, décidément, il fallait qu'ils arrêtent la boisson.
Toupilipp ôta son chapeau de feuilles et s'allongea pour mieux contempler les constellations de ses grands yeux marrons. À côté de lui, Ambre Ewil s'étira et s'installa plus confortablement sur le toit de chaume. Ses longues boucles brunes et ses fins vêtements de cuir noir se confondaient avec la nuit. Seule sa peau blanche se détachait nettement, lui conférant un aura presque irréel. Ambre était son amie, la meilleure qu'il se soit faite ici, en Gwendalavir. Et il en était extrêmement fier. Il savourait chaque seconde qu'il passait là, à côté d'elle sur ce toit, et il se dit qu'à cet instant précis, il était le plus heureux des Petits. Un large sourire fendit son visage.
« Au fait Toupie, tu ne m'as jamais vraiment dit pourquoi tu es parti de chez toi.
- Ben je suis parti parce que j'ai découvert qu'on pouvait partir ! En fait il suffisait de marcher jusqu'à ce que les arbres deviennent petits et jusqu'à ce qu'il n'y ait plus d'arbres du tout, et après il faut juste continuer de marcher !
- Non mais je veux dire, pour quelle raison tu es parti ? Vous les Petits, vous avez l'air d'avoir tout ce qu'il faut dans votre Forêt, et votre société est loin de comporter tous les vices de l'Empire. Qu'est-ce qui t'a forcé à partir ? »
Une ombre passa sur le visage du Petit.
« Je n'en sais vraiment rien, dit-il après un silence. La curiosité, sans doute. Le jeu. J'avais fait au moins mille fois tout ce qui était amusant à faire dans la Forêt Maison. Et puis, la plupart des Petits sont au courant de l'existence des humains, mais la plupart de cette plupart n'y crois pas. Je me suis dit que quelqu'un devait vérifier.
- Et tu ne regrettes pas ta décision ? »
Toupilipp resta pensif un long moment. Il n'avait pas l'habitude d'une telle introspection. Bien sûr, il pensait parfois à la Forêt Maison et à sa vie d'avant, mais évoquer tout ça directement avec Ambre, c'était complètement différent. Cela allait presque faire un an qu'il voyageait en Gwendalavir. Toupilipp découvrait la nostalgie.
Une larme roula sur sa joue.
Il raconta.
Il raconta à son amie son enfance dans le village du Vieux Chêne. Il lui raconta combien il aimait les framboises, combien les trodds étaient laids et stupides, et combien les vieux schnocks du Conseil l'étaient encore plus. Il lui raconta ses randonnées dans la Forêt et ses courses à travers les branchages. Il lui expliqua comment fonctionnait la magie des Petits et comment sa réceptivité exceptionnelle aux ondes d'Ilfasidrel lui permit de devenir un puissant Lanceur de Sort. Il avait suivi une éducation particulière auprès de son Maître. Il avait appris par cœur toutes les légendes de son peuple, et il faisait partie de cette plupart de la plupart des Petits qui connaissaient l'existence d'un monde au-delà de la Forêt Maison sans y croire pour autant. C'était une belle légende, mais pas grand-chose de plus.
Et puis un jour, le Conseil et le grand Boulouakoulouzek les appelèrent à l'aide. Une horde de Raïs s'était égarée dans la Forêt. Ils risquaient à chaque instant de découvrir un village Petit et de le détruire, aussi il était vital que les Lanceurs de Sort les chassent le plus vite possible. Cette rencontre avec les guerriers cochons donna une dimension nouvelle à cette légende. Ils ne pouvaient pas sortir de nulle part et aucune créature semblable ne vivait dans la Forêt Maison. Toupilipp prit alors conscience qu'il existait peut-être bel et bien un autre monde derrière ces arbres. Il serait parti immédiatement s'il n'avait pas été un Lanceur de Sort. Il se rappela le conflit qui l'avait alors opposé à un grand Boulouakoulouzek complètement désarmé, à des vieux schnocks du Conseil plus véhéments que jamais, et à des Lanceurs de Sort qui se sentaient trahis. Aucun d'entre eux ne voyait l'intérêt d'un tel périple, et si Toupilipp s'obstinait à partir, il serait banni. Toupilipp se serait volontiers banni tout seul, s'il n'y avait eu elle.
Il se souvint de Pililia, il se rappela comment il avait essayé de la convaincre de partir avec lui, et comment tous ses beaux arguments s'étaient brisés contre un mur de totale incompréhension. Si Toupilipp devait partir, ce serait sans elle.
Il partit immédiatement, mais son départ était loin d'être aussi joyeux qu'il ne se l'était imaginé. Même la liqueur de framboise qu'il buvait alors qu'il marchait ne parvenait pas à le rendre aussi joyeux que d'habitude. Cette morosité qui accompagne immanquablement un tel changement s'effaça dès sa première rencontre avec des humains. Des vrais. Des géants qui faisait deux fois sa taille. Il apprit que la première forteresse dans laquelle il fit escale était en fait une petite ferme, et que le grandes villes alaviriennes en contenant plusieurs centaines. Toupilipp se rendit compte pour la première fois à quel point il était petit et que le vrai monde était grand. Passé le vertige d'une telle prise de conscience, il se dit que, quand même, il allait bien s'amuser.
« ...Et puis après j'ai marché longtemps et puis on s'est rencontré et puis paf ! On est sur le toit d'une auberge à discuter de tout ça, alors je regrette pas du tout d'être parti de la Forêt ! »
Toupilipp était loin d'être aussi serein qu'il ne semblait l'être. Les Petits font rarement l'expérience de la mélancolie et de la nostalgie, aussi il n'aurait pas craché sur quelques gorgées de liqueur de framboise. Il décida de changer de sujet :
« Et toi, pourquoi tu es partie de chez toi ? »
Le visage d'Ambre se ferma complètement. Elle finit par répondre simplement :
« Quelqu'un m'a enlevé tout ce que j'avais alors je suis partie. C'est tout. »
Toupilipp n'insista pas. Après un long moment, un homme sortit de l'auberge dans la rue, six mètres sous leurs pieds. Il s'arrêta un instant. Une boule de lumière blanche apparut devant lui pour lui éclairer le chemin.
« Ambre ! T'as vu ça ? Qu'est-ce que c'est ? Comment il a fait ?
- C'est un dessin, lui répondit la marchombre en souriant. Il a imaginé la boule de lumière alors elle est devenue réelle. Tu n'avais jamais vu de dessinateur avant ?
- Non jamais ! En tout cas pas dans les fermes où je me suis arrêté ! Un dessinateur c'est comme un Lanceur de Sorts ? Tu sais le faire, toi ?
- Non j'en suis incapable Tous les alaviriens ne sont pas d'excellents dessinateurs. Vous ne pouvez pas faire apparaître des choses avec votre magie ?
- Normalement non. Il existe une liste précise des sorts qu'un Lanceur de Sort peut lancer, mais celui qui l'a écrite est un trodd ! Je suis sûr qu'il en existe plus que ça, s'exclama Toupilipp. Normalement on jette nos sorts grâce à une sarbacane mais peut-être qu'on en a pas besoin finalement, je crois que personne a essayé sans.»
Toupilipp se concentra intensément. Il effleura la bourse à sa ceinture qui contenait de la poussière d'Ilfasidrel qu'il avait récupéré avant son départ. Cette poudre ne lui permettait de lancer que de petits sorts mais ils s'étaient souvent avérés utiles. Le Petit ressentait pleinement les faibles pulsations qui émanaient de cette bourse. Son front se plissa sous l'effort et il murmura :
« Boulebrillantequiéclaire, boulebrillantequiéclaire, boule brillantequiéclaire... »
Il ouvrit les yeux, mais à sa grande déception, aucune boule brillante qui éclaire ne s'était matérialisée devant lui. Il frappa le toit de sa main. Sa main. Il lui avait semblé tout à coup qu'elle brillait d'une très faible lumière blanche. Il la brandit devant le visage d'Ambre.
« Regarde, ma main ! T'as vu, elle brille ! Bon, un tout petit peu, ça se voit presque pas, mais elle brille !
- Si tu le dis, lui concéda la marchombre, guère convaincue. »
Toupilipp regarda l'homme et sa boule argentée s'éloigner dans les rues d'Al-Far, les yeux brillants d'admiration.
« Plus tard, je serai dessinateur ! »