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 [Bal de Noël] Parfois une main tendue est le plus beau des présents [Terminé]

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Jehan Hil' Jildwin
Jehan Hil' Jildwin

Intendant de l'Académie
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MessageSujet: [Bal de Noël] Parfois une main tendue est le plus beau des présents [Terminé]   [Bal de Noël] Parfois une main tendue est le plus beau des présents [Terminé] Icon_minitimeJeu 18 Déc 2014 - 2:06

Jehan Hil' Jildwin était nerveux.

Le décret de son innocence et de la culpabilité de l’Ordre de la Rose du Sud dans l’assassinat de l’Empereur avait été publié le matin-même à Al-Poll, quelques jours après les décrets d’Al-Jeit.
Il avait réussi à convaincre tous les élèves et membres de l’Académie qui l’avaient insisté dans cette épreuve de garder la bouche close sur tous ces évènements et de taire son retour à l’Académie de Merwyn. Il avait même du se terrer dans ce que les élèves appelaient « l’Ile », et qui étaient en fait la Salle des Secrets et les geôles secrètes, restaurées pour en faire un vrai paradis d’élèves. Il avait promis de garder leur secret sur cet endroit, ce qu’il avait fait avec le sourire. Le temps que tout se calme.

Et parce que ses élèves avaient eu l’idée d’un complot de leur cru. Dans une semaine se tiendrait la fête de l’Hiver, et les préparatifs à l’Académie tenaient tout le monde occupés. Même sans Intendant, les élèves avaient tenu à organiser un Bal avec l’aide du personnel, de grandes festivités pour contrecarrer le deuil de la mort de l’Empereur, et célébrer l’approche d’un nouveau printemps qui les délivrerait bientôt de toutes ces horreurs.
Et ces têtes brûlées souhaitaient faire de lui la grande surprise à l’annonce de leur Bal pour ceux qui ne savaient pas qu’il se trouvait ici. L’idée en soi était très bonne.

Même si pour ça, il devait passer une semaine terré.

Heureusement, il avait suffisamment de compagnie quand certains se glissaient dans l’ïle pour lui apporter nourriture et distraction. Par claustrophobie, il demandait parfois aux dessinatrices de le transporter par pas sur le côté quelque part dans Al-Poll, dans la forêt ou dans les montagnes.
Jehan Hil’ Jildwin avait soif d’air frais et de liberté.

Le soir fatidique était arrivé. Et comme un présage, la neige tombait drue, blanche et magnifique, par les fenêtres de l’Académie. Les couloirs et les halls avaient été décorés avec une telle énergie et une telle passion qu’elle fit monter les larmes aux yeux de Jehan, obligé de les contempler depuis certains passages secrets.
Son… « bras » le lançait toujours et cette sensation fantôme ne le quittait jamais. Silind lui avait dit travailler sur une alternative, mais il n’avait pas eu mot de cela pour le moment et il était obligé de porter le bras en écharpe ou caché dans les poches de son manteau pour dissimuler son inutilité.
Il devrait peut-être mettre un crochet, pour terroriser ses têtes brûlées adorées. Ou un petit marteau, pour leur taper sur la tête quand ils faisaient des bêtises.

Le plan, pour l’ouverture du Bal, était ingénieux. Quelqu’un tiendrait la tribune comme pour faire le discours introductif, avant d’annoncer l’Intendant de l’Académie de Merwyn [HRP :à qui veut /o/], auquel cas il apparaitrait de derrière par une porte dérobée pour se rendre à la tribune pour faire son discours comme si rien n’avait changé depuis cette journée fatidique où son destin avait basculé, emmené par les volants rouges sang des robes d’Aziel Ril’ Krysant.

Jehan Hil’ Jildwin était nerveux, derrière son pan de mur secret. Un élève, dont il ne distinguait pas l’identité depuis sa planque, venait de monter sur l’estrade, devant tous les autres élèves qui se tenaient au taquet au diner de la grande fête de Noël l’Hiver.

- … L’Intendant de l’Académie de Merwyn !

Jehan monta ces trois marches – trois – LA MORT LA MORT LA MORT qui le séparait – du bourreau – de l’estrade, et apparut aux yeux de tous, bras droit nonchalament dans la poche, bras gauche dressé pour filtrer toute cette lumière qui l’éblouissait.
Toutes ces têtes connues, et parfois inconnues, qui le fixaient. Toutes. LA MORT LA MORT LA MORT – Tous ces yeux sur lui, et ces têtes de siffleurs éberlués.

Il voulut commencer son discours, qu’il avait minutieusement préparé, pendant des jours, cherchant les mots qu’il voulait dire à tous ces élèves qui avait vus en lui non pas un assassin, mais une victime.
Mais une salve d’applaudissements l’interrompit.
Ronflante, rugissante, claire comme l’eau d’une source et chaude comme le soleil d’été.

Clairement préméditée – et c’est là qu’il comprit que le traquenard que les élèves préparaient, c’était pour le piéger lui et pas les autres élèves. D’aucuns se dressait sur les tables, certains tapaient dans les pichets, ça scandait – oui, c’était clairement prémédité, son retour avait été savamment transmis par bouche à oreille pour lui préparer la plus belle surprise qu’il ait pu recevoir.

La main crispée sur le pupitre de bois claire, les yeux frangés à nouveau des larmes qu’il avait refusé de verser pour le peuple d’Al-Jeit, Jehan Hil’ Jildwin ne put que sourire, incapable de prononcer le moindre mot.

Sourire.
Sourire, à nouveau, sourire sous cette chaleur humaine, ces rires et ces sifflets, ces âmes qui faisaient de lui non pas Jehan Hil’ Jildwin, non pas le régicide.

Mais l’Intendant de l’Académie de Merwyn.


Arctèr Wil' Oroan
Arctèr Wil' Oroan

Etincelle
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MessageSujet: Re: [Bal de Noël] Parfois une main tendue est le plus beau des présents [Terminé]   [Bal de Noël] Parfois une main tendue est le plus beau des présents [Terminé] Icon_minitimeJeu 18 Déc 2014 - 5:40

Ce matin était pas comme les autres, vraiment pas! D'habitude dans la grande salle au déjeuner, tout le monde étaient calme et parlais a voix basse. Sauf bien sur les quelques groupes d'académiciens qui se croyaient les maîtres du monde et couraient et criaient pour leurs propres plaisirs. Non... Ce matin c'est tout le monde qui se couraient dans la grande salle et les couloirs pour se passer un secret de personnes en personnes.

Mais quel était donc ce secret si étrange que le monde se passaient dans la plus grande joie? Une jeune fille, tout joyeuse comme les autres, arriva vers lui. Pour lui dire le secret? Non surement pas jamais personne ne lui dit jamais rien alors pourquoi le dire a lui? La jeune fille arriva près de lui pour dire qu'un grand événement allais se passer ce soir. Ce soir? C'est le bal qui se passe ce soir, tout le monde sais sa! Alors pourquoi le tout le monde en question étaient si heureux quand il apprenaient le secret en question? La jeune fille se pencha vers lui et lui dit dans l'oreille que l'intendant Jehan, le ''vrai'' comme elle disait, étais de retour et ferait une entrée sur scène et qu'ont devaient tous l'applaudir pour son grand retour. Arctèr en revenait pas, l'intendant Jehan était revenu? Presque tout le monde pensaient qu'il était... enfin vous connaissez l'histoire... Mais pourquoi était-t-il ici alors? 

Toute la journée fut préparatif pour la grande fête de ce soir et ''le grand événement'' que tout le monde attendaient. Arctèr aida bien sur les autres élèves a préparer la grande salle pour la soirée et réussis à son plus grand plaisir à rencontrer quelque personne avec qui il s'entendait bien. Il prépara toute la journée et écouta comment allait se passez l'arrivé de Jehan. D'après eux, l'intendant allait être appelé comme à l'habituel et Jehan devrait monter sur l'estrade pour faire un discours comme si tout serait normal. Et a ce moment la, on devaient tout le mondes l'applaudir pour lui souhaiter bon retour et que tout le monde étaient avec lui pour ce qui c'étais passé.

La grande soirée arriva avec grande joie dans l'Académie. Touts étaient parfait! Les guirlandes au mur jusqu'au faux flocon de neige pendu au plafond. Mais le plus important était bien sur tout le monde dans la salle. Professeurs, élèves, autres personnels et même d'anciens élèves qui en avaient finis de l'académie étaient présents pour cette soirée. Quelqu'un monta sur l'estrade en avant et demanda le silence. Il commença a parler de des problèmes que l'école avait eu ces derniers temps et les moments heureux que certaines personnes avaient aussi eux. Il parla de pleins de trucs que presque personne écoutaient jusqu'au moment que le monde attendaient.

-Et veuillez accueillir... L'Intendant de l'Académie de Merwyn !

Il arriva enfin, de nul part, comme un fantôme il apparut sur la scène a la lumière éblouissante qui pointaient la scène. Il arriva devant le petit pupitre où l'autre garçon c'était tenu un instant plus tôt. Il nous regarda tous, une main cacher dans sa poche (on se sais pourquoi) et l'autre devant ces yeux pour mieux voir les élèves. Il nous regarda tous avec une expression de crainte et de joie en même temps. Il ne parlait pas... Il ne bougeais pas et rien se passait. Un son se fit: quelqu'un applaudissait, une autre personne et encore d'autres. Tout le monde fini par applaudir comme des fous et comme si chaque applaudissement étaient de vie ou de mort. Tout le monde regardaient la personne sur l'estrade droit devant et scandaient son nom haut et fort. Jehan en avant, en avait les larmes au yeux. Ses mains sur le pupitre étaient blanche comme neige a force de forcer pour ne pas craquer et surement verser toutes les larmes de son corps tellement il devait être heureux d'être ici se soir. Un grand sourire apparut enfin sur son visage, juste a voir ce sourire les personnes dans la salle applaudirent encore plus... Il n'y avait aucun de doute que cette soirée était la meilleur depuis longtemps et que dans plusieurs années les élèves et professeurs allaient encore se la raconter.

(Bon retour à Jehan s'il reste pour encore quelque année!)


Silind Frandrich
Silind Frandrich

Maître forgeron
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MessageSujet: Re: [Bal de Noël] Parfois une main tendue est le plus beau des présents [Terminé]   [Bal de Noël] Parfois une main tendue est le plus beau des présents [Terminé] Icon_minitimeVen 19 Déc 2014 - 5:35

Silind attendait dans la Grande Salle comme tout le monde, mais lui trépignait d'impatience, parce que Jehan revenait bien sûr, mais aussi parce qu'il avait un paquet pour lui. Oui, la tradition était qu'on s'offre des cadeaux durant la fête de l'hiver et bien sûr, tout le monde avait été d'accord de laisser l'Intendant ouvrir les siens en premier. Le forgeron était remonté à bloc, près à charger l'estrade pour que son présent soit ouvert en premier. C'était un peu égoïste, mais il avait vraiment travaillé dur dessus. Il y avait pensé dès que les missions d'Al-Jeit avait commencé. Le colosse avait dit à Jehan en le raccompagnant qu'il avait des idées pour palier à son problème de main.

Et d'un coup, le signal de départ retentit. L'Intendant sortit d'un passage secret, s'offrant à la foule qui l'attendait. Il était là, devant tout le monde, ému et ébloui. Puis un claquement de main retenti, suivit par une véritable vague, un tonnerre monstrueux emplie la salle. Le géant aurait bien fait de même s'il n'avait pas les mains pleines et s'il n'était pas déjà en train d'avancer, fier, vers l'estrade. Ses pas s'approchaient de sa cible et déjà les applaudissements commençait à s'étioler. Il arriva face à Jehan qui ne le surplombait même pas du haut du piédestal. D'un mouvement rigidifié par la solennité du moment, mais aussi l'angoisse, il posa un genou au sol, se pliant devant l'Intendant de retour et tendit son paquet. L'homme l'attrapa de sa main valide remerciant le forgeron. Puis, délicatement, il l'ouvrit. Ses yeux s'illuminèrent d'un coup, un sourire s'afficha sur ses lèvres. Il sortit l'objet du cadeau. C'était une main de métal, avec toutes les articulations. Une magnifique main ciseler sur mesure pour lui.

Là où de simple homme aurait mis un crochet, lui avait créé un véritable chef-d'oeuvre de rouage. Copiant le système qui empêchait au catapultes de tirer une fois amorcée, il l'avait rétréci et l'avait placé dans chaque articulation. Ainsi, l'Intendant pourrait bouger les doigts avec sa main valide et positionner sa prothèse dans toutes les positions qu'il souhaitait. Des crochets bloquaient les engrenages, permettant ainsi une solide prise.

Pour remettre les doigts en position initiale, c'est-à-dire droit, le forgeron avait inventé un ingénieux système de corde reliant les crochets de chaque doigt à un petit levier qui, tiré en arrière, libérait les rouages, laissant les articulations libres. Ainsi, il y avait six petites manivelles, une pour chaque doigt et une dernière les reliant toutes, permettant ainsi de remettre la main en première position d'un coup. Bien sûr, juste libérer les roues ne permettaient pas de remettre les doigts tendus. Alors, Silind avait ajouté à chaque articulation deux petites plaques de métal assez souple pour ne pas briser sous la pliure et assez rigide pour servir de ressors.

Les doigts pouvaient non seulement être plier, mais pouvaient aussi être bougé de gauche à droite à la base, ou de haut en bas pour le pouce. Le colosse avait ajouté une quatrième phalange à engrenage, perpendiculaire aux autres. Cette fois-ci, pas d'histoire de ressort ni de fils pour déplacer, il suffisait de décaler légèrement en arrière le revers de la main qui était garnis de bloqueur à l'intérieur au niveau de chaque doigt. Pour éviter que ce clapet ne s'ouvre à tout bout de chant, le forgeron avait ajouté une petite sécurité qui sortait du morceau de métal qui formait la paume. Un trou en forme de L renversé, duquel sortait un petit bitoniau obligeait l'utilisateur à soulever un peu puis glisser vers l'arrière pour débloquer le tout.

Tout cela était imbriqué les uns dans les autres, puis ferré sur une pièce en cuir qui reprenait la forme du moignon à l'intérieur et s'étendait sur le poignet puis se terminait en lanière qui permettait de bien fixer la lourde main au bras.. Jehan contemplait la pièce qu'il tenait. Silind appréciait le regard qu'il portait à ce véritable bijou. Il y avait mis tout son coeur, cela lui avait pris une éternité, rien que pour concevoir le plan. Le géant se releva et demanda poliment l'autorisation de la passer sur le bras de l'Intendant. Il accepta. Doucement, le forgeron pris sa création et la positionna tout en prodiguant ses derniers conseils.


-Cela va vous sembler lourd au début, mais vous vous y habituerez au bout d'un moment. Je vous expliquerais tout ce qu'elle peut faire plus tard, car cela risque de prendre un peu de temps.

Il finit de fixer les lanières, vérifia que rien ne bougeait et se retira, laissant la place à Jehan.

[HRP : Voili voilou xD Jehan a sa nouvelle main, tellement compliqué que j'ai du en faire des plans pour mettre de l'ordre dans mes idées /PAN bref voilàààà ]


Enelyë Ril'Enflazio
Enelyë Ril'Enflazio

Dessinatrice
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MessageSujet: Re: [Bal de Noël] Parfois une main tendue est le plus beau des présents [Terminé]   [Bal de Noël] Parfois une main tendue est le plus beau des présents [Terminé] Icon_minitimeSam 20 Déc 2014 - 23:20

Elle s'était préparée à la hâte, pressée par le temps. Elle avait passé trop de temps sur le mur d'enceinte, à observer l'Académie qu'elle quitterait bientôt. Lorsqu'elle s'était rendue compte de l'heure, elle avait couru vers son dortoir. Elle avait quitté son uniforme, et avait revêtu une lourde robe d'un vert sombre, décorée de broderies dorées. Elle avait passé une main distraite dans ses cheveux, mais les avaient laissé lâches. Puis elle s'était dépêchée de rejoindre la Grande Salle. La Fête de l'Hiver ... Elle espérait arriver à temps. Elle voulait voir l'accomplissement de leur travail acharné : prévenir toute l'Académie que Jehan serait là et les convaincre de l'accueillir comme il le méritait s'était révélé plus dur qu'elle ne l'avait cru, entre les élèves un peu isolés, les marchombres et ceux qui avaient plutôt apprécié Aziel ...

Elle poussa la porte et entra, tandis que tout les regards étaient tournés vers l'estrade. Le discours allait terminer. Elle alla prendre place entre ses amis, et se mit à applaudir à tout rompre lorsque Jehan arriva. Voir Silind à côté lui fit comme un pincement au coeur ; elle avait plutôt bien réussi à l'éviter pendant les opérations à Al-Jeit, mais ... Elle ne voyait pas très bien, d'où elle était, mais la main qu'il avait forgé semblait merveilleuse. Elle espérait qu'elle plairait à Jehan. Mais à voir son sourire, ses yeux presque embués de larmes, elle savait qu'il était déjà heureux.

Shana vint s'asseoir à côté d'elle, toute essoufflée.

- T'as raté l'arrivée de Jehan, lui dit Enelyë d'un air contrarié.
- On avait caché les habits que je voulais mettre ce soir. C'est le bal de l'Hiver, Ene. Je veux être jolie pour mon cavalier.

Son amie sourit, et elle se demanda qui était le cavalier en question pour qu'elle soit si radieuse. Enfin, elle le verrait bien assez tôt. Avant toute chose, il y avait le repas de l'Hiver. Et pour une fois, Enelyë  avait décidé de ne pas se priver. C'était sa dernière fête de l'Hiver ici. Même si elle n'avait pas de cavalier avec qui danser, même si elle allait sûrement s'asseoir dans un coin, et aller faire une bataille de boules de neige dans la cour après, comme tout les ans, elle voulait se souvenir de cette fête pour toujours.


[On avait dit des rps fast Naif]

Attalys Til'Ewin
Attalys Til'Ewin

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MessageSujet: Re: [Bal de Noël] Parfois une main tendue est le plus beau des présents [Terminé]   [Bal de Noël] Parfois une main tendue est le plus beau des présents [Terminé] Icon_minitimeSam 3 Jan 2015 - 21:18

Elle avait eu l'impression de passer la semaine à courir de droite à gauche, discutant avec les uns de l'organisation de la soirée, mettant les autres dans la confidence et rendant parfois visite à Jehan qui, bien qu'en sécurité pour la première fois depuis un certain temps, tournait en rond dans sa cachette avec la même ferveur qu'un fauve enfermé. Plus d'une fois, elle avait craint qu'ils n'aient jamais le temps de tout préparer tant les jours semblaient s'écouler rapidement. Mais, finalement, la date tant attendue était arrivée – et ils avaient tout terminé.

Ce fut avec une fébrilité toute particulière qu'elle s'était préparée dans la salle commune des Aequors un peu avant l'heure fatidique. Même s'ils n'étaient à présent plus obligés de porter leur uniforme, elle avait opté pour une robe oscillant entre les tons bleus et verts, à la fois pour rappeler la couleur de sa maison et la teinte de ses yeux. Assez discrète par ailleurs, elle l'avait rehaussée d'une simple chaînée dorée à laquelle elle avait accroché son pendentif habituel. Laissant ses cheveux dénoués, elle s'était ensuite empressée de rejoindre la Grande Salle.

La jeune femme arriva un peu avant le début du discours. Elle ne s'était pas portée volontaire pour le prononcer, non parce qu'elle ne s'en sentait pas capable mais car, bien qu'ayant participé au retour de Jehan, elle jugeait qu'elle ne faisait pas partie de ceux qui s'étaient le plus impliqués. Se faufilant dans la foule, elle finit par atteindre une place essentiellement occupée d'Aequors où elle retrouva Gwëll. Toutes deux échangèrent un sourire tandis qu'Attalys se glissait sur le banc à ses côtés.

Le discours commença, et la Dessinatrice salua en silence la prestation de l'élève qui s'était désigné.  Puis Jehan entra en scène. Hésitant, anxieux, mais... Jehan. Il avança de quelques pas sur l'estrade, balayant la salle remplie d'étudiants et de professeurs du regard. Enfin, il parut prendre une décision et inspira profondément, sur le point de commencer à parler... Son public ne lui en laissa pas le temps. Le tonnerre d'applaudissements l'interrompit avant qu'il même qu'il ne prenne la parole. Attalys s'y joignit avec ferveur, ne pouvant retenir un large sourire tout en se levant avec les autres, afin de mieux le voir par-dessus les têtes agglutinées autour d'elle. Quelqu'un bouscula Gwëll qui se pressa contre elle et, sans réfléchir, elle lui saisit la main pour la serrer aussi fort qu'elle le put, heureuse au-delà des mots, au-delà de la pensée, au-delà même de l'imaginable.

Quand Silind s'avança pour offrir sa nouvelle main à l'Intendant, le calme revint progressivement et elle se rassit. Elle remarqua, installé à quelques rangées d'elle, un jeune garçon – un autre Aequor, apparemment, et également Dessinateur si ses souvenirs étaient bons – brun aux yeux gris pâle qui suivait avec intérêt la scène qui se déroulait sur l'estrade. Puis le forgeron fit demi-tour à son tour, laissant la place à une nuée de domestiques chargés de plats fumants se relayant auprès des tables. Le repas de l'Hiver pouvait commencer.


[Editable si besoin hug ]

Elizia
Elizia

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MessageSujet: Re: [Bal de Noël] Parfois une main tendue est le plus beau des présents [Terminé]   [Bal de Noël] Parfois une main tendue est le plus beau des présents [Terminé] Icon_minitimeDim 4 Jan 2015 - 17:24

Elizia ne s'était pas arrêtée de toute la journée. Elle avait commencé par aller nettoyer la Grande Salle avant le lever des élèves avec une poignée d'autres domestiques, puis la majorité d'entre eux avait été appelée aux cuisines, où elle était donc restée toute la matinée et une bonne partie de l'après-midi. Elle avait mangé sur le pouce entre deux allers-retours, bien qu'évoluer parmi un flot continuel de nourriture lui ait quelque peu coupé l'appétit. Malgré l'inquiétude des cuisiniers, le plus gros du travail avait été achevé en fin d'après-midi et on les avait envoyés se reposer dans leur appartement. Ils disposaient encore de quelques heures avant le début de la fête de l'Hiver, et la jeune fille s'était empressée de rejoindre sa chambre. Malgré sa fatigue, elle avait commencé par se rendre à la salle des eaux, puis avait enfilé une tenue un peu plus neuve que les autres et avaient attaché ses cheveux afin qu'ils ne la gênent pas pendant le service. Enfin, elle s'était allongée sur son lit pour lire un peu.

Ce n'était certes pas la première fois qu'elle participait à une Fête de l'Hiver, mais celle-ci était vraiment particulière. Jamais encore elle n'avait ressenti une telle excitation à l'occasion de cet événement, une impatience mêlée d'espoir et d'anxiété. Et cette fébrilité se retrouvait même chez les domestiques, qui n'avaient cessé d'échanger des chuchotements ponctués de rires et d'exclamations étouffées, recouverts parfois par les vociférations d'un chef-cuisinier plus irascible que les autres. Elizia ne s'était pas mêlée à ces conversations murmurées, mais elle n'en savait pas moins. À force de trottiner dans les couloirs de l'Académie, elle avait fini par devenir aussi discrète que ces vieilles tapisseries aux couleurs fanées et aux douceâtres odeurs de rose ou de lavande. Personne ne faisait attention aux petites mains, mais celles-ci n'en étaient pas sourdes pour autant – et les rumeurs se propageaient vite, parmi les élèves. Évidemment, elle ignorait quelle foi exactement elle pouvait leur donner, mais si Jehan était revenu... pour de vrai... et que l'autre avait disparu pour de bon...

Enfin, l'heure attendue arriva. La rouquine reposa son livre, sauta sur ses pieds, s'inspecta une dernière fois dans le miroir et quitta la chambre en refermant soigneusement la porte derrière elle. Elle savait que les domestiques n'étaient pas censés arriver dans la Grande Salle avant le début du repas, mais elle ne put s'empêcher de faire un détour par le couloir qui passait juste devant afin de jeter un vif coup d'œil à l'intérieur. Un élève parlait, debout sur une estrade. Pas trace d'Intendant pour l'instant – ni de l'un ni de l'autre. Puis elle rejoignit les cuisines, où se faisaient les derniers préparatifs. Finalement, on donna le signal et une volée de domestiques s'engouffra hors de la pièce. Elizia se joignit à eux en prenant soin de ne pas renverser sur ses chaussures le contenu de la marmite bouillante qu'elle transportait avec soin. Quand elle pénétra dans la Grande Salle, elle ne put retenir un regard en direction de l'estrade anciennement occupée par l'élève, et sur laquelle se dressait à présent... Elle faillit en lâcher sa soupière. Jehan ! Voilà qui expliquait les visages épanouis et les sourires radieux qui l'entouraient. Soulagée de cette réjouissante nouvelle, elle se rapprocha des tables où elle déposa son fardeau. Avisant une pile d'assiettes, elle entreprit de les remplir. Plusieurs mains se tendirent, jusqu'au moment où elle avisa un visage connu. Perplexe, elle fronça les sourcils. Et puis, un nom lui échappa, presque malgré elle :

- Enelyë ?

L'intéressa tourna la tête et leurs regards se croisèrent. La jeune femme portait une robe verte qui lui allait à la perfection – et elle se souvint qu'il y avait un bal, juste après le repas. Un peu honteuse, tout à coup, la domestique se sentit rougir mais se força à ne pas baisser les yeux.

- Je... Est-ce que tu... vous... vous souvenez de moi ?

Elle n'avait pu se résoudre à la tutoyer, comme avant. Trop de monde, autour, qui les dévisageait – en particulier une autre fille assise juste à côté de la Kaelem. Pour reprendre contenance, Elizia remplit une nouvelle assiette qu'elle tendit à un propriétaire inconnu. Mais l'image d'un chaton tigré lui traversa l'esprit et elle reprit d'une voix légèrement tremblante :

- Tout va bien depuis... ?

Elle ne termina pas sa phrase mais le sous-entendu était clair : « Comment va Princesse ? » Elle n'avait pas revu les quatre chatons depuis qu'ils avaient quitté leur mère et leur dernier frère, il y avait à présent plusieurs mois de cela. Mouss, de son côté, avait bien grandi et faisait pratiquement la taille de Kim. Tant que les beaux jours étaient là, ils avaient pris l'habitude de sortir par la fenêtre, ne revenant que pour la nuit, et elle ne les voyait souvent pas de la journée. À l'arrivée des premiers frimas, ils s'étaient faits plus présents, mais il leur arrivait encore de s'absenter durant de longues heures. Elle aimait à penser qu'ils rencontraient parfois les autres, dehors, à l'extérieur, loin de toute menace, et qu'ils ne s'étaient pas complètement oubliés.

Et elle se demanda si Enelyë était en train de songer à la même chose.


[Comme promis, je viens apporter mon grain de sel, mais dites si je dérange Naif ]

Jehan Hil' Jildwin
Jehan Hil' Jildwin

Intendant de l'Académie
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MessageSujet: Re: [Bal de Noël] Parfois une main tendue est le plus beau des présents [Terminé]   [Bal de Noël] Parfois une main tendue est le plus beau des présents [Terminé] Icon_minitimeVen 16 Jan 2015 - 0:35

Lorsque Silind s’approcha de l’estrade en sa direction, Jehan ne put s’empêcher de sourire, si seulement c’était possible de sourire encore plus largement, sous le tonnerre d’applaudissements qui l’épouvait aux larmes. Le géant au pas tranquille, qui l’avait porté en dehors de l’échafaud, qui avait fait partie de l’opération pour sauver un criminel public, qui s’était toujours mis en quatre pour assurer leur protection à tous et qu’il n’avait jamais vu se plaindre…
Jehan eut du mal à en croire ses yeux lorsque le forgeron, qu’il pensait était venu juste pour lui présenter ses hommages, s’agenouilla comme un vassal et lui tendit un paquet.

Hésitant, la gorge nouée par l’émotion de voir des gens l’applaudir –puis ployer le genou comme s’il était une sorte de divinité, l’Intendant de l’Académie de Merwyn (qu’il est bon de pouvoir à nouveau écrire ça sous Jehan) dénoua les fils du paquet.
Des larmes illuminèrent véritablement ses yeux, qu’il eut toutes les peines du monde à refouler. Allons allons, Jehan Hil’ Jildwin, pleurer devant des élèves ? Ce n’est pas parce que tu es passé par une petite exécution de rien du tout qu’il faut te mettre à être sentimental à tout bout de champ !

Ce qu’il tenait dans la main était une véritable œuvre d’art. Tout le talent et la passion de Silind étaient passés dans la création de cet objet, et ça se sentait dans chaque mince articulation, chaque mécanisme caché que Jehan explorait les uns après les autres. Une main en métal, quasi squelettale, avait quelque chose de morbide tant son amputation était encore vivace, mais il ne pouvait pas refuser pareil cadeau.
Silind venait de lui redonner la liberté de mouvement, et le pouvoir sur son propre corps par une maitrise du métal inégalé, et Jehan ne pourrait jamais, jamais lui repayer une telle dette.
Il lui avait sauvé la vie et maintenant, il lui rendait sa vie passée.

Incapable de trouver les moindres mots, ouvrant la bouche comme un poisson hors de l’eau, Jehan retroussa sa manche malgré l’inconfort. Montrer ce… morceau de chair inutile au grand jour, sous les yeux avides de nombreux élèves qui observaient la scène, le mettait extrêmement mal à l’aise. Heureusement pour lui, le forgeron faisait écran de son corps pour la plupart des élèves, qui ne purent qu’apercevoir le moignon blafard. Les sangles lui mordirent la chair, et malgré comme l’avait averti Silind, l’appareil se révéla être très lourd.

Il lui faudrait beaucoup de temps pour s’y habituer, ayant à peine eu le temps de faire le deuil de sa véritable main. Néanmoins.. Jouant avec les mécanismes avec sa main gauche, l’Intendant plaça ses doigts de fer de manière à tendre une main amicale à Silind, qui la serra avec entrain. Malgré la taille du géant, Jehan l’entrain dans une étreinte brève mais chaleureuse.

- Rien ne pourra repayer tout ce que vous avez fait pour moi, Silind Frandrich. Elle est magnifique. Merci, du fond du cœur.

Les festivités purent reprendre à un rythme normal, tous se rassirent, les élèves se calmèrent et se mirent à discuter entre eux ou savourer les plats qui venaient des cuisines. Dame Gertrude et son armée de cuistots s’étaient véritablement surpassés pour la soirée

Et pourtant, malgré l’allégresse ambiante, il manquait quelque chose au tableau pour parfaire cette soirée. Une chaise était manquante à la table des professeurs, celle de Duncan Cil’ Eternit. D’après ce dont ses collègues l’informèrent, Duncan partageait rarement les repas de la Grande Salle ces dernières semaines, préférant se retirer dans ses appartements tôt dans la soirée.
Duncan faisait partie de ceux qui n’avaient pas été informés du retour de Jehan, ce que l’intendant avait demandé spécifiquement.
Il aurait voulu pouvoir lui faire la surprise. On l’avait prévenu, que le professeur de lettres et civilisation avait très mal accusé le coup de l’arrestation et de l’exécution de Jehan, mais il avait espéré. Espéré pouvoir voir son collègue sur l’estrade, lui sourire innocemment comme si c’était n’importe quel diner, pouvoir voir son regard s’illuminer et s’assombrir tour à tour – avoir, sur cette estrade trop haute et devant une foule si vibrante, un allié à ses côtés.

Manger avec le poids de sa nouvelle main était un véritable challenge, et Jehan avait le ventre noué de trop d’émotions différentes pour réellement apprécier le repas. Pourtant, il profitait, discutait de bon cœur avec ses collègues, parfois même certains élèves qui montaient effrontément sur l’estrade pour venir lui parler.
A chaque fois qu’une nouvelle silhouette passait les portes entrebaillées de la Grande Salle, pourtant, une ombre lui passait sur le cœur à chaque fois que n’apparaissait pas Duncan Cil’ Eternit.

Et puis, alors qu’il commençait à se faire une raison et profiter de la soirée, la silhouette tant attendue apparut.
Jehan s’était levé, avant même de s’en rendre vraiment compte. Le visage interdit, blême, de Duncan qui le dévisageait lui tordit les entrailles. L’Intendant descendit de l’estrade, en tentant par réflexe de masquer son amputation dans les plis de son habit. Comme une honte à dissimuler. Duncan n’avait pas bougé, et c’est Jehan qui avança vers lui, tous les yeux posés sur eux dans un silence tout ce qu’il y a de plus pesant et de plus commère. Tous les élèves avaient les yeux fixés sur eux, certains se poussaient des coudes en pouffant.

Le cœur lui battait aussi fort qu’à l’échafaud.
Les souvenirs teintés de sang déclenchèrent quelque chose dans son cerveau que l’homme croyait enfoui depuis longtemps, une impulsion comme l’appel du vide qui tenait les veines de tous les hommes.
Il avait vu la mort de trop près pour qu’on le bride à nouveau.
Pour ne pas vivre sa vie pleinement. Au diable ! Au diable.

Jehan Hil’ Jildwin se pencha et embrassa Duncan, sa main de chair et de sang dans son cou pour le faire sien.

Il n’aurait pas su dire si les rugissements qui lui sonnèrent aux oreilles venaient de ces idiots d’élèves qui, à nouveau, les ensevelirent sous un tonnerre d’applaudissements, ou si c’était son cœur qui lui disait à nouveau qu’il était vivant.


Loeva Kaïga
Loeva Kaïga

Brasier
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MessageSujet: Re: [Bal de Noël] Parfois une main tendue est le plus beau des présents [Terminé]   [Bal de Noël] Parfois une main tendue est le plus beau des présents [Terminé] Icon_minitimeMer 11 Fév 2015 - 16:27

Loeva ne savait pas très bien ce qu'elle faisait là. Oh, c'était un événement plus ou moins officiel et une excuse pour bien s'habiller. Mais en dehors de ces raisons basiques... Elle ne s'était jamais vraiment inquiétée de ce qui arrivait dans l'Académie, des rumeurs, tout ça. De ce qui avait bien pu arriver à Jehan. Oh, elle l'appréciait, bien plus que l'autre Aziel là. Jehan au moins ne lui faisait pas de réflexion sur son style vestimentaire. Quoique à bien y réfléchir il serait capable de la complimenter sur ses robes, au contraire. Avec l'autre elle était obligée de porter l'uniforme h24. Elle avait réussi à modifier discrètement la coupe pour qu'il tombe mieux. Et donc qu'il lui aille relativement bien. Mais tout de même, rien ne la seyait aussi bien qu'une de ses robes. C'était bien pour cela qu'elle en avait tant d'ailleurs.

Et ce soir, elle ne se privait pas d'en porter une. Pour une fois, ce qui était rare dernièrement, elle avait troqué le noir contre une couleur plus joyeuse. Un bleu suffisamment clair pour qu'il ne s'apparente pas aux Aequors. Même si c'était aussi la couleur de son ancienne maison, Lotra.
Elle avait remonté ses cheveux, y glissant quelques tresses, de façon à ce que ses boucles s'y mélangent et tombent délicatement, chatouillant sa nuque lorsqu'elle tournait la tête. Du fond de teint pour masquer les cernes, un peu de noir pour souligner ses yeux verts, une touche de rose aux lèvres, et elle était fin prête. Oh, elle avait mis souvent plus d'effort dans une tenue. Mais ce soir, elle n'était pas la reine du spectacle. Elle resterait discrète. Elle restait discrète.

Elle n'avait pas envie de se faire remarquer. Ou tout du moins pas par les personnes qui la remarquaient habituellement. Elle ne voulait pas s'avouer pourquoi, mais ce soir elle souhaitait juste passer du bon temps avec des amis, avec sa famille, les Teylus. Elle n'arrivait pas à s'avouer pourquoi, mais pour une fois elle n'avait pas envie de s'oublier dans la boisson et de se réveiller le lendemain matin dans des draps inconnus. Non, pas ce soir.
Alors elle n'avait pas forcé. Elle s'était faite discrète, se rendant joli et non irrésistiblement belle comme elle en avait l'habitude. Ça faisait parti de son charme de pouvoir ainsi passer de l'un à l'autre, même si elle ne le faisait que trop rarement. Sans doute parce que, inconsciemment, elle ne s'en était jamais rendu compte.

Et pour une fois, elle suivit la soirée presque avec attention. Se joignant à ses compagnons pour scander le nom de l'intendant, s'enivrant, non pas d'alcool et autres substances, mais de chaleur humaine et d'amitié, de joie et de fierté. Oh, qu'ils étaient fiers de l'avoir aidé, sauvé, ramené. Et même si elle n'y avait pas participé, elle se sentait un peu fière elle aussi, de faire partie de cette communauté.

C'était un sentiment étrange, que de faire partie d'une communauté, même aussi disparate et hétérogène que celle-ci. C'était un sentiment étrangement agréable, auquel elle avait rarement goûté. Auquel elle n'avait que trop rarement goûté.

Elle fut émue et se surprit à sentir les larmes monter lorsque Silind, le forgeron, offrit son cadeau à Jehan. Elle-même avait d'ailleurs participé au tas de cadeau qui attendait Jehan, elle avait réussi à dénicher une petite broche qui, elle l'espérait, lui plairait. Elle ne le verrait probablement pas l'ouvrir, mais peu importait. Pour une fois, elle se plaisait à le dire, l'intention suffirait.

Et tranquillement, lentement, l'assemblée se calma. Les plats arrivaient, et tout le monde commençait à avoir faim. Ils s'installèrent tous, et les discussions reprirent, comme à chaque repas. Rien d'étrange, de particulier, de nouveau. Juste des personnes mangeant et échangeant des banalités, quelques commentaires par ci par là, sur le retour de l'intendant, sur l'émotion qui les avait pris, tous.

La jeune femme faisait elle-même la conversation, prenant part aux commentaires sur ce Bal de l'hiver pour le moins inhabituel. Oh, ils en avaient un chaque année, mais cette fois-ci ils battaient des records de présence, presque aucune chaise n'était vide. Rien qu'à la table des enseignants, ils étaient tous, ou presque, présents. Elle discutait pour oublier qu'elle n'avait pas faim, que, récemment, elle avait comme une boule au ventre qui lui coupait l'appétit. Si elle parlait suffisamment, personne ne s'étonnerait qu'elle mange peu. Et ça venait presque naturellement.

Quelques retardataires passaient de temps à autre les portes de la Grande Salle, la jeune femme n'y prenait pas réellement attention jusqu'à ce que, soudainement, le silence revienne. Les murmures et discussions enjouaient se turent, et dans le même geste que des dizaines et dizaines d'élèves, elle tourna la tête, pour voir ce qui provoquait cet événement inhabituel. Le Maître de Légendes venait de franchir les portes de la salle, Jehan s'était levé et avançait vers lui, seul le bruit de ses pas brisant le silence ambiant.

Le yeux de la jeune Teylus s’écarquillèrent de surprise en regardant la scène. Elle aurait bien été incapable de dire si le silence était toujours présent, ou si elle était soudainement devenue sourde, enfermée dans sa bulle. Sa boule au ventre se fit plus présente, des larmes lui montaient aux yeux sans qu'elle ne prenne la peine de tenter de les masquer. Pourquoi réagissait-elle donc ainsi ? Pourquoi s'inquiétait-elle tant de ce qui allait se dérouler suite à cela ? Pourquoi tentait-elle de tendre l'oreille, malgré le bruit sourd qui bourdonnait dans ses oreilles ?

Peut-être qu'enfin, elle allait pouvoir savoir si elle pouvait réellement faire partie de cette communauté, ou si ce n'était qu'une illusion qui la berçait naïvement...

Pourquoi avait-elle l'impression que le temps s'était soudainement arrêtée autour d'elle ?


Halina Nilsan
Halina Nilsan

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MessageSujet: Re: [Bal de Noël] Parfois une main tendue est le plus beau des présents [Terminé]   [Bal de Noël] Parfois une main tendue est le plus beau des présents [Terminé] Icon_minitimeDim 15 Fév 2015 - 0:16

Halina n’en revenait pas d’être rentrée en vie de ce voyage. Elle était en vivante et ses compagnons aussi. Ils avaient sauvé Jehan, empêché un coup d’Etat et rétabli la vérité. Ils avaient réussi. Et la guerrière était très fière de ça. Elle ne pouvait s’empêcher de marcher avec la tête un peu plus haute. Les autres ne comprenaient pas forcément comment les élèves partis en voyage quelques semaines pouvaient avoir autant changés. Mais personne n’avait craqué. Le secret de Jehan était bien gardé. Ceux qui savaient complotaient en douce dans la salle secrètement rénovée et surnommée « l’Ile » dont la Teylus ignorait auparavant l’existence, et tous se faisaient des clins d’œil dans les couloirs. Halina s’était rapprochée d’Attalys, de Joyce, de Kloa et des autres, elles n’avaient pas besoin de se parler pour se comprendre parfois. Cette aventure avait changé quelque chose en elles. Halina avait moins de certitudes. Elle ne voyait plus l’Empire comme un roc inébranlable et inattaquable, mais comme celui qui tenait face aux marées en s’érodant parfois. Mais elle avait confiance.

Mais bon, actuellement, elle n’avait plus du tout ça en tête. Elle était en train d’essayer de démêler sa crinière qu’on pouvait aussi appeler cheveux. Elle avait été courir et le vent était fort, du coup maintenant elle galérait. Elle regrettait un peu de ne pas avoir une Loeva ou une Astra sous la main pour l’aider avec l’aide d’un produit miracle. Et puis les filles avaient des doigts de fées pour les nœuds. Elle finit par venir à bout de ce combat acharné. Puis elle laissa cascader ses cheveux sur ses épaules, chose qu’elle faisait rarement et qui serait certainement remarqué. Elle passa un peu de crayon sous ses yeux, mis un peu de fard et se poudra les joues comme Loeva lui avait appris. Mais ça ne rendait pas aussi bien que quand c’était elle qui le lui avait fait. Puis la jeune femme se leva, ajusta sa robe bustier dans le miroir et regretta déjà d’avoir choisi de mettre des talons ce soir. La salle commune était en pleine effervescence et la salle de bain encore plus, toutes les filles étaient sur le pied d’œuvre. Le Bal n’était pas rien, c’était l’occasion de quitter l’uniforme. Et tout le monde était un peu étonné qu’il n’ait pas été annulé au vu des circonstances. Mais il avait été préparé avec beaucoup d’entrain et l’Académie était magnifique surtout recouverte de son manteau de neige blanche.
 
Lorsqu’elle descendit les escaliers vers la Grande Salle, elle était super nerveuse, elle croisa quelques regards complices et encourageants mais la majorité des élèves ne savaient pas ce qui se tramait ce soir. Ça allait être une  vraie surprise  pour eux. Et pour Halina c’était une grosse pression. Pourquoi me direz-vous ? Parce qu’on l’avait chargée de parler devant tout le monde, elle n’avait pas bien compris pourquoi ils avaient voulu que ça soit elle mais bon, elle serait chargée de préparée l’entrée de Jehan. Heureusement, elle n’avait pas du écrire seule le discours parce qu’elle n’était pas très douée avec les mots. Mais les élèves complices l’avaient aidée et ils étaient assez fiers du résultat. Maintenant Halina allait devoir faire l’effort d’articuler et de bien parler.
 
Elle monta donc sur l’estrade et posa son texte sur la tribune, les mains un peu tremblantes.
 
-Bonsoir à tous, pour ceux qui ne me connaissent pas, je suis Halina Nilsan de la Maison Teylus.
 
Les élèves la regardaient étrangement se demandant pourquoi c’était elle qui parlait ce soir et pas un professeur. Mais ils avaient anticipés ces réactions en écrivant le discours :
 
-Vous vous demandez sûrement pourquoi je viens vous parler ce soir, pour ce jour si magique qu’est la fête de l’Hiver et je vais vous le dire ! …
 
Pause oratoire.
 
-La fête de l’Hiver correspond, comme vous le savez tous à la nuit la plus longue de l’année et après cette nuit les journées vont commencer à se rallonger. Cette fête marque donc un changement; un changement dont nous avons tous besoin. Cette année n’a pas été simple  pour beaucoup d’entre nous avec le départ de notre Intendant Jehan Hil’Jildwin et l’arrivée de celui que nous avons rapidement surnommé Le Fiel. Et nous savons qu’il mérite ce surnom. Il voulait nous changer, nous les barbares du Nord, étudiants indisciplinés selon lui. Plusieurs élèves sont partis ou se sont fait renvoyés. Mais comme à chaque fois l’Académie en ressortira plus forte !
 
Elle laissa le temps à chacun de digérer l’information et il y eut une brève salve d’applaudissements.
 
-Nous avons aussi eu notre lot de bonnes nouvelles la naissance des jumeaux de Dame et Sieur Hil'Guidjek, l’annonce de l’heureux événement attendu par Dame Ril'Otrin et Sieur Ril'Enflazio et le mariage d’Enelyë Ril’Enflazio et d’Elio Tharön !
 
Il y eu une nouvelle série d’applaudissement tandis qu’Halina arrivait bientôt au clou de son discours :
 
-La force de cette Académie réside dans la volonté de ceux qui y sont attachés, que ce soient le personnel ou les élèves. Et une fois encore nous pouvons être fiers de notre courage et de notre force… Nous vous avons ramené un cadeau de notre voyage à Al-Jeit ! Un cadeau inattendu en cette fête de l’Hiver. Un cadeau à la mesure de cette Académie. Une personne qui nous avait manqués… Jehan Hil’Jildwin !!
 
Il entra, hésitant et Halina souriait, heureuse. Elle n’avait pas bafouillée, elle ne s’était pas trompée et même si c’était pompeux, la surprise était là, dans les yeux de chacun. Alors que Jehan s’avançait pour monter l’estrade, elle en descendit et lui laissa la place pour rejoindre les élèves devant. Comme prévu, avant qu’il ne puisse parler, elle se mit à applaudir à la suite d’un élève, normalement Ichel il lui semblait, puis de plus en plus d’élèves les rejoignis et la salle résonna. La guerrière était fière et elle se sentit très émue lorsque Silind vint donner la main à Jehan. C’était un cadeau magnifique surtout après l’avoir vu dans l’état où il était au début. Et quand on se rendait compte qu’il touchait beaucoup son moignon, comme pour se rappeler que sa main n’était plus là. Halina mangea ensuite avec tout le monde, elle était heureuse. Elle ne remit les pieds sur terre qu’au moment où le silence se fit dans la pièce et que Jehan avança vers Duncan pour l’embrasser.
 
Lorsque le baiser eut lieu, Halina avait les larmes aux yeux et riait en même temps. Elle fut une des premières à applaudir. Jehan et Duncan c’était une évidence pour beaucoup d’élèves depuis des années mais eux deux étaient les seuls à ne pas s’en rendre compte…

Enelyë Ril'Enflazio
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MessageSujet: Re: [Bal de Noël] Parfois une main tendue est le plus beau des présents [Terminé]   [Bal de Noël] Parfois une main tendue est le plus beau des présents [Terminé] Icon_minitimeDim 15 Fév 2015 - 23:19

Shana souriait, ne cessant de jeter des regards vers un groupe d'Aequors. Enelyë se demandait si elle regardait plus le blond, le rouquin ou le brun, mais le bruit de vaisselle lui fit tourner la tête, un bref instant. A son tour, elle tendit son assiette, tout en continuant à discuter avec Shana, essayant de déterminer lequel des garçons elle regardait. Puis une voix, presque enfantine, l'interpella, et elle se tourna pour voir qui était la personne qui la demandait.

- Oh, Elizia !

Elle reposa son assiette aussitôt, mais sentit Shana se tourner, comme pour dévisager la jeune femme, et Enelyë ne put s'empêcher de taper doucement contre sa jambe, pour qu'elle cesse tout de suite. Le fait que la domestique ne la tutoie pas la surprit quelque peu. Peut-être que le monde autour l'intimidait. Enelyë agita la tête doucement, pour acquiescer. Comment aurait-elle pu oublier la propriétaire de la maman de Princesse ? En plus de ça, elle était très gentille, et si elle avait pu, elle aurait aimer passer plus de temps avec elle. Dommage, finalement, qu'elle ait décidé de quitter l'Académie si tôt.

- Tout va bien. J'espère que de ton côté aussi.

Elle se demanda rapidement si ils se retrouvaient, comme une famille. Eux au moins en avait une ... Elle soupira, puis se tourna à nouveau vers Elizia.

- On pourra peut-être se retrouver après, au moment du Bal ? Je ne pense pas y danser, alors ...

Son sourire se fana un peu, se teintant d'une certaine tristesse. Shana comprenait que cela était dû à Silind, les autres devaient se dire que c'était parce qu'Elio n'était pas là. Elle attendit simplement la réponse d'Elizia, puis une domestique vint bousculer légèrement Elizia. Et Enelyë tendit vite son assiette, pour qu'elle ne se fasse pas plus bousculer. C'était aussi sa faute, au final, et elle tenta un regard d'excuse.

Les discussions battaient leur plein, et elle se retrouva dans un grand débat portant sur les relations potentielles des gens. Elle en profita d'ailleurs pour tirer les vers du nez de Shana, qui s'était contenté d'un énigmatique « tu verras bien ! » avec un sourire tout aussi mystérieux. Puis, le silence s'abattit soudainement. Enelyë se redressa, puis se leva, pour voir au-delà de la barrière des autres élèves. Jehan s'avançait vers Duncan, comme un automate. Le coeur de la jeune femme battait comme si elle lisait la consécration d'une relation dans un roman à l'eau de rose.

Lorsque l'intendant embrassa le professeur, elle ne put s'empêcher de sourire. Un très grand sourire. Tout les élèves parlaient de ça, depuis des années, sans qu'ils n'aient jamais eu l'occasion de le prouver. Après ça, personne ne pourrait dire qu'ils ne s'aimaient pas ! Elle se rendit compte qu'elle avait applaudi en choeur avec les autres quand ses mains commencèrent à lui faire mal.

Le temps semblait s'être arrêté un instant, mais soudain les desserts commencèrent à arriver. Pourtant, beaucoup ne parvenaient pas à détacher les yeux du couple. Un des domestiques les regarda même en souriant, tandis qu'une autre semblait vouloir les foudroyer sur place. Enelyë ne se rendit compte que cela pouvait gêner que maintenant. Mais à cet instant, cela lui avait semblé si naturel qu'elle n'avait pas vu tout de suite l'étrange qu'avait cet amour. Et puis, au diable les conventions. Du moment qu'ils étaient heureux ...

Finalement, les desserts appétissants eurent raison des élèves, qui finirent par se désintéresser de la scène. Les gâteaux étaient très beaux, parsemés de sucre glace qui ressemblait beaucoup à la neige qui tombait sûrement dehors. Sa soirée se déroulait bien mieux qu'elle ne l'aurait cru, finalement ...


Kloa Rwanda
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MessageSujet: Re: [Bal de Noël] Parfois une main tendue est le plus beau des présents [Terminé]   [Bal de Noël] Parfois une main tendue est le plus beau des présents [Terminé] Icon_minitimeDim 22 Fév 2015 - 20:14

Kloa n'était pas spécialement impatiente, non. Elle avait simplement hâte que tout ça soit enfin rentré dans l'ordre – Aziel expulsé au vu et au su de tous, Jehan recouvrant officiellement sa fonction d'Intendant de l'Académie de Merwyn, bref, tout cela terminé en bonne et due forme. Ce fut donc avec un mélange de lassitude et d'enthousiasme qu'elle se prépara pour la Fête de l'Hiver. Lassitude parce qu'elle n'appréciait pas spécialement ce genre de rassemblements, qui avaient la mauvaise habitude de s'achever immanquablement par un bal et qu'elle avait plutôt pour habitude d' éviter ou, au moins, de n'assister qu'à leur début, pour le discours rituel et le repas qui allait avec. Enthousiasme parce qu'elle comprenait tout de même le besoin des élèves de marquer ainsi l'événement, qu'elle passerait sans doute un bon moment avec les autres Teylus et, surtout, car la soirée annonçait le retour tant attendu de leur Intendant préféré ainsi que leur victoire sur Aziel. Après tout, cela pourrait être assez agréable, et elle trouverait peut-être le moyen de ne pas trop s'ennuyer.

L'ambiance était festive lorsqu'elle pénétra dans la Grande Salle. La jeune fille s'installa à sa place habituelle, parmi les étudiants de sa maison, et sourit à l'instant où Halina s'avança sur l'estrade. Le discours qu'elle allait prononcer avait été écrit par plusieurs des élèves qui avait participé à l'expédition, mais elle avait été la seule à se porter volontaire pour le présenter à l'ensemble de l'Académie. Attitude assurée, même si une légère appréhension se lisait sur son visage pour ceux qui la connaissait bien. Puis ce fut Son tour. Applaudissant avec les autres étudiants, une fois revenus de leur stupeur, Kloa fut l'une des premières à sauter sur ses pieds, et elle ne sut pas exactement comment elle se retrouva à scander son nom en tapant sur un pichet d'eau, presque debout sur la table, au milieu de la foule heureuse et éberluée qui l'entourait.

Une fois le calme retrouvé, ce fut au tour de Silind d'entrer sur scène, avec la nouvelle main qu'il avait préparé en secret pour Jehan, ému jusqu'aux larmes, puis des domestiques, chargés de plats fumants qu'ils se mirent à disposer devant eux. Le repas se déroula dans un léger brouhaha, et Kloa se fit un plaisir de goûter à tout tout en discutant avec ses amis. Parfois, elle jetait un coup d'œil à l'Intendant retrouvé, qui s'efforçait de réussir à manger avec sa nouvelle main. Et puis elle le vit tout à coup se lever, livide, le regard fixé devant lui, et elle fronça les sourcils, sans comprendre. Ce ne fut que quand il se mit en marche qu'elle remarqua Duncan, parfaitement immobile, masque vivant de l'incrédulité. Et enfin. Le baiser. Cette fois-ci, les applaudissements furent plus discrets, moins tapageurs, mais tout aussi nourris. L'espace d'une seconde, elle se sentit légèrement perplexe, avant de les acclamer à son tour. Certains élèves chuchotaient entre eux, étonnés, indécis, parfois même dégoûtés, mais elle les ignora. Ce soir-là appartenait à Jehan, et elle avait bien l'intention qu'il en profite jusqu'au bout.

Finalement, la ronde des plats et des domestiques reprit, et elle constata avec surprise qu'ils en étaient déjà aux desserts. La jeune femme considéra avec suspicion les gâteaux saupoudrés de sucre glace, les crèmes alliant chocolat et chantilly et les tartes accompagnées de boules de glace ou de crème anglaise avant de se servir à son tour. Des exclamations et des éclats de rire fusaient d'un peu partout, et elle eut soudain l'étrange impression de se trouver ici à sa place. Certes, elle n'était ni sur un champ de bataille, ni dans une cour d'exercice, mais elle se sentait bien, ainsi, entourée de couleurs, de paroles et de chaleur humaine.

Ce fut à peu près à ce moment-là que la musique interrompit le cours de ses pensées. De nombreux élèves avaient à présent terminé de manger, où étaient sur le point d'achever leur repas, et elle remarqua qu'un large espace avait été laissé libre au centre de la pièce, juste au milieu des tables disposées tout le long des murs. Un frisson parcourut la Grande Salle, mélange de murmures excités et d'expectative, et elle recula sa chaise sans pouvoir s'empêcher de froncer le nez. L'instant tant redouté avait fini par arriver. Cependant, une fraction de seconde, elle se demanda avec amusement si Jehan et Duncan danseraient ensemble, et un sourire irrépressible monta sur ses lèvres.

Duncan Cil' Eternit
Duncan Cil' Eternit

Maître des légendes et d'animisme et primat d'Aequor
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MessageSujet: Re: [Bal de Noël] Parfois une main tendue est le plus beau des présents [Terminé]   [Bal de Noël] Parfois une main tendue est le plus beau des présents [Terminé] Icon_minitimeJeu 26 Fév 2015 - 0:18

Il aurait pu passer toute la soirée dans ses appartements. Il était bien parti pour. Myra Ril’ Otrin était venue plus tôt dans l’après-midi pour essayer de le convaincre de passer au moins pour le diner au Bal de l’Hiver, et Duncan avait promis qu’il « verrait ». La réalité, c’est qu’il ne se sentait vraiment pas de faire autre chose que rester dans son fauteuil près du feu, et de lire jusqu’à s’endormir seul dans ses appartements, une couverture sur les genoux.
Finalement, alors qu’il lisait un acte d’une très mauvaise pièce de théâtre, il s’était levé. Il ferait au moins l’effort pour Myra. Et pour certains des élèves, maintenant que tout le monde était revenu et que les cours pouvaient reprendre à plein temps. Mais surtout pour Myra, qui s’était mise en quatre pour le motiver à descendre. Il assisterait au moins au repas. Peut-être qu’il resterait jusqu’au dessert. Il ne fallait surtout pas lui demander de danser, ou de rester tard dans la nuit. Il ratait déjà le début du repas, mais les élèves étaient habitués à le voir moins souvent, le voir arriver plus tard que d’autres, partir plus tôt, ça n’avait rien que d’ordinaire.

Rien n’aurait pu le préparer à ce qui suivit.
Enfin, si. Il aurait pu s’en douter, vu l’état d’énervement et d’insolence des élèves depuis quelques jours, vu le sourire permanent qu’affichaient ceux qui s’étaient rendus à Al-Jeit. Il aurait pu s’en douter avec les nouvelles, récentes de ce matin, que les coupables du complot contre l’Empereur avaient été arrêtés par la Légion Noire. Il aurait pu s’en douter, en voyant les lumières allumées dans le bureau de l’Intendant quand il passa devant pour se rendre dans la Grande Salle alors qu’Aziel Ril’ Krysant n’était pas revenu depuis des semaines.
Il aurait pu s’en douter, mais un cœur qui a fait son deuil et cristallisé sa peine n’accepte pas facilement de rouvrir les plaies.

Il lui fallut plusieurs secondes en entrant dans la Grande Salle pour comprendre pourquoi tout le monde s’était tu à son arrivée. Et ses yeux se posèrent sur le coupable.
Le coupable.
Quelle ironie.

Le vieil homme était comme foudroyé, incapable de bouger, d’accepter la situation. Un rêve, c’était, il s’était endormi dans son fauteuil, les lunettes glissant de son nez, et il rêvait. Même lorsque Jehan s’avança, Duncan était toujours en déni. Il était coupable, il avait été pendu, s’était échappé mais les autorités l’avaient rattrapé, il avait été pendu pour son crime, pourquoi-

pourquoi son cœur lui disait qu’il était encore vivant
et puis

.

Duncan ne réalisa ce qui s’était produit que lorsque le visage de Jehan s’écarta du sien, mais pas suffisamment pour qu’il ne sente pas sa respiration cogner contre la sienne. Le cou de Duncan était crispé, tendu au maximum sous la main de Jehan qui restait contre, et les yeux du professeur tombèrent sur l’autre, celle qu’il cachait, cette main en métal qui lui donnait l’impression d’une serre de rapace, de charognard.
Que venait-il de-
Comment osait-il.

Devant tous les élèves. C’était ce qui le choquait le plus. Jehan l’avait embrassé avec l’assemblée en témoin.
Et par là-même, le coinçait dans une position extrêmement inconfortable. L’esprit de Duncan se focalisa sur cette hypocrisie pour éviter de penser à … à ce qu’il ressentait vraiment. Ce qui était indescriptible, un nœud qui lui perçait les tripes, le dévorait de l’intérieur et se mettait à lui faire trembler la colonne vertébrale. Sans qu’il sache vraiment d’où ça venait, si c’était… quoi que ce soit. Juste le nœud.
Et.
Devant tous les élèves. Il ne pouvait pas- Duncan aurait voulu serrer le poing – comment avait-il osé prendre avantage de lui sans son accord ? Aurait voulu le gifler pour les mois de désarroi qu’il lui avait fait subir, lui crier dessus, le traiter de – traitre, criminel, assassin, menteur, tu m’as laissé seul menti tu es parti j’étais mort d’inquiétude j’étais mort de trouille je t’ai detesté je t’ai hai j’ai voulu ta mort

Mais il ne pouvait pas. Tous les regards étaient sur eux, et de si proche, Duncan pouvait voir le visage de Jehan se décomposer petit à petit devant son absence de réaction- Jehan voyait seul le regard, et les émotions troubles qui passaient dans les yeux verts du professeur de légendes.
Tout le monde se taisait, comme des commères. Devant eux tous. Il avait osé l’embrasser devant eux tous. Le geste, ce geste si intime, si personnel, si… il l’avait exhibé, jeté aux loups ! Et lui, ne pouvait pas réagir négativement. C’était la soirée de Jehan, son retour en héros, en martyr, en sauveur, en symbole, tous les élèves seraient de son côté, et il en avait profité, ce…
Que pourraient bien penser les Dieux de lui, bon sang ?
Plus que le geste en lui-même, la publicité le rongeait. Qu’on discute d’eux, qu’on en parle… ça le dévorait de l’intérieur, l’empêchait de vraiment se pencher sur ce que ce baiser représentait.
Il fallut à Duncan toute sa retenue, toute son étiquette, pour recomposer un visage chaleureusement neutre et indifférent.

Comme si rien ne venait de se produire.

- Sire Intendant. Soyez de nouveau le bienvenu à l’Académie de Merwyn.

Et de marcher, ce couloir de la honte, jusqu’à la table des professeurs sans se retourner, sous le regard… déçu, effaré, dégouté, heureux, commère ? de tous les élèves, celui profondément étonné de Myra. S’asseoir à sa place, qui était bien trop proche de celle de Jehan à son gout, et se servir de la soupe comme s’il était là depuis le début des festivités.
Les deux hommes firent mine de s’ignorer et d’ignorer ce qui venait de se passer pendant tout le repas. Duncan fit de son mieux pour ignorer les regards que lui lançait Jehan, la fausse bonne humeur que ce dernier affichait, les sourires qu’il lançait et les rires à chaque nouveau cadeau d’élève, chaque félicitation, chaque hourra qui ponctuait régulièrement les festivités. Duncan, lui, avait beaucoup de mal à subir les regards qui se posaient parfois sur lui, qu’ils soient curieux ou dégoutés.
Il aurait voulu pouvoir en discuter en privé. Entre adultes. Il avait passé des semaines à chercher quoi lui dire. Pouvoir partir d’ici… ils avaient besoin de parler, mais s’il connaissait Jehan, ça ne serait probablement pas le cas.

Le repas s’étira comme une mauvaise crème caramel, et lorsque le vide se fit pour faire place à la danse, Duncan dut à nouveau subir la foule de regards qui se posaient sur lui et l’Intendant, en pleine conversation avec un autre professeur.
Le nœud dans ses tripes lui faisait toujours aussi mal, l’empêchait de tenir ses couverts sans trembler. Il était… furieux, vexé, soulagé, incrédule, jaloux, heureux que les Dieux lui aient rendu Jehan, abimé par le fait de l’avoir detesté pendant tant de mois, trahi ?

Ignorant superbement le regard implorant de l’Intendant qui attendait toujours une réaction de lui, Duncan se leva, et se dirigea vers sa collègue, Myra Ril’ Otrin, devant laquelle il s’inclina et souffla d’une voix aussi maitrisée qu’il put :

- Myra, me ferez-vous l’honneur de m’accorder la première danse ? Il est probable que je ne pourrai qu’en faire qu’une avant de me retirer pour la soirée.

De son mieux, il ignorait les regards dans son dos, et celui de Myra, perçant, interrogateur, les sourcils légèrement froncés, et déjà, Duncan regrettait de l’avoir invitée à danser, car elle essaierait forcément de lui parler de ce qui s’était produit.
Au fond, il se sentait trahi. Jehan était revenu à l’Académie, et n’avait pas cherché à le voir, à s’expliquer, à s’excuser, à… si c’était son idée d’une surprise, elle était de très mauvais gout. Et manifestement, il ne le connaissait pas tant que ça.


Loeva Kaïga
Loeva Kaïga

Brasier
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MessageSujet: Re: [Bal de Noël] Parfois une main tendue est le plus beau des présents [Terminé]   [Bal de Noël] Parfois une main tendue est le plus beau des présents [Terminé] Icon_minitimeMer 11 Mar 2015 - 23:29


Elle était presque contente d'être restée assise. De ne pas s'être levée comme plusieurs curieux pour assister à la scène de plus près. Elle ignorait si elle aurait eu la force de rester debout. Là, elle n'avait qu'à s'affaler sur son siège et ça passait presque inapperçu. L'attention de tout le monde n'était, de toute façon, pas portée sur elle, mais sur le couple – pouvait-on seulement utiliser ce mot ? - sur la scène qui se déroulait. Elle n'entendit pas tout de suite les applaudissements qui résonnaient en écho au baiser échangé. Elle ne vit ni les regards réjouis, ni les sourires, ni le dégout qui s'affichait parfois si clairement.

Un torrent de sentiment plus différents les uns des autres s'abatit sur elle. Par réflexe peut-être, elle chercha un regard amical du regard. Elle ne trouva personne. Tout le monde avait le regard tourné vers les deux hommes, si Ichel était là, elle ne la trouva pas. Qu'aurait-elle fait de toute façon ? Ce n'était même pas une amie à laquelle elle confiait ses peurs. C'était juste... Ichel. Au pire elle aurait pu apprécier ses talents pour piquer un peu d'alcool et tenter de penser à autre chose, pour faire taire ses pensées, ou au moins les étouffer temporairement.

Elle avait voulu passer une soirée agréable, avec les Teylus, à fêter l'hiver, à fêter le retour de l'intendant. A ne pas finir dans la débauche excessive qu'elle ne connaissait que trop bien... Elle n'avait qu'une envie désormais, s'y replonger. Oublier. Penser à autre chose.

Les desserts arrivèrent alors, le temps reprit son cours, et elle pu tenter de se concentrer sur autre chose, de s'accrocher à une conversation anodine. Malgré son estomac toujours réticent, elle s'empara d'un dessert. Si ça ne la nourrissait pas, au moins ça l'occuperait le temps d'un instant. Elle se forçait presque à rester à table, à rester présente. Au moins jusqu'au début des danses, au moins jusqu'à ce qu'elle puisse s'en aller discrètement, se faufiler quelque part, tenter l'une des nouvelles drogues qu'elle avait mis de côté pour plus tard. Finir encore une soirée dans l'excès, et se lever le lendemain en ayant tout oublié...

Non ! Non, elle était venue ici pour apprécier la soirée, pas pour l'oublier. Peu importait ce qu'il venait de se passer, peu importait l'état inqualifiable dans lequel elle était. C'était peut-être mieux, que ce soit inqualifiable, plutôt que les adjectifs habituels que l'on aurait pu lui attribuer lors de ses habituelles soirées. Elle était là pour en profiter, pour se rapprocher de ceux qui formaient sa seconde famille – même si elle avait du mal à s'en rendre compte jusqu'alors – pas pour s'enfuir. Elle se força à afficher un sourire – aussi faux puisse-t-il paraître – sur ses lèvres, à avaler un peu du dessert qu'elle avait choisi au hasard, et à intervenir dans la conversation qui se tenait autour d'elle.

Ce soir était un jour de célébration. Rien ne pouvait gâcher cela.

Le repas se termina, le temps des danses était déjà là. Peut-être que danser – sobre pour une fois – lui permettrait au moins de s'occuper l'esprit. Elle chercha du regard un partenaire possible, ignorant superbement les fanguys qui se précipitèrent vers elle avant même que la musique de la première danse ne débute. Elle ne voyait pas Einar, était-il seulement déjà rentré ? Elle appercevait Kloa, mais ignorait bien ce qu'elle pourrait lui dire, et se voyait mal lui proposer une danse. Elle avait perdu Halina de vue suite à son discours, et n'avait pas vraiment cherché à la retrouver après cela. Les quelques personnes qu'elle connaissait vaguement assises à ses côtés lors du repas s'étaient déjà eclipsées, probablement sur la piste de dance.

Retenant un soupir, elle se résigna. Cessant de se mette sur la pointe de pieds pour appercevoir une tête amicale, elle accepta l'une des propositions qui s'offrait à elle. Elle se décida pour un jeune Teylus – dont elle ignorait tout, sauf peut-être le nom Ely... Elidyr ou quelque chose du genre – mais qui n'avait jamais été collant. Elle avait presque été étonnée qu'il vienne lui proposer une danse au lieu de simplement l'observer de loin comme à son habitude. Elle avait vaguement entendu son nom une fois, et ignorait pourquoi elle s'en souvenait. Prenant la main qu'il lui offrait, ignorant superbement ses autres admirateurs, ils se dirigèrent vers la piste de danse.

Elle ne put s'empêcher de profiter d'être au milieu de la salle pour tenter de trouver ses alliés, ses amis, mais se força malgré tout à prendre attention à la conversation de son cavalier. Ainsi il s'appelait bien Elidyr, il était combattant, bien qu'étant ici principalement pour parfaire ses connaissances générales plus que pour débuter une carrière à l'armé à la fin de ses études.

Elle cru appercevoir vaguement Ichel au loin, mais n'aurait su dire si ce n'était que quelqu'un qui lui ressemblait ou non. Cela dit, qui donc pouvait bien lui ressembler ? Elle vit également Enelyë, mais ne fit pas attention à ce qu'elle pouvait bien faire, elle nota juste qu'Elio n'était pas à ses côtés. Sa réflexion lui tira un sourire bien malgré elle. Quelques professeurs dansaient également, notamment Duncan – avec Myra, et non Jehan. La piste restait relativement peu pleine, mais après tout, ce n'était que la première danse. La musique prit finalement fin, et, son cavalier lui proposant gentillement un rafraichissement, elle accepta avec joie.

Profitant de la pause inespérée, elle se dirigea vers les deux personnes qu'elle venait d'appercevoir et qui faisaient, étrangement, probablement parti des personnes les plus proches qu'elle pouvait bien se targuer d'avoir. Halina et Kloa. Elle leur adressa un sourire sincère en avançant vers elles :


- Vous ne dansez pas ?

Je peux rester un peu avec vous, dites ? Et ils sont où les autres ?

Ne sachant pas vraiment de quoi parler – elle s'était, trop rarement, retrouvée seule en la compagnie de l'une et l'autre – elle décida de commencer avec des banalités.

- Ils se sont dépassés sur la préparation du repas les cuistots ce soir !

Ne me laissez pas toute seule, je ne me fais pas confiance. Restez avec moi pour que je reste sobre. Pour une fois. Pour ce soir.


Kloa Rwanda
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Acier
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MessageSujet: Re: [Bal de Noël] Parfois une main tendue est le plus beau des présents [Terminé]   [Bal de Noël] Parfois une main tendue est le plus beau des présents [Terminé] Icon_minitimeDim 15 Mar 2015 - 18:13

La piste de danse se remplissait peu à peu et Kloa, comme elle pouvait s'y attendre, commença à s'ennuyer. Lorsqu'elle se fut lassée d'observer les couples qui évoluaient plus ou moins gracieusement au milieu de la salle, notant au passage que la cavalière de Duncan n'était autre que Myra et que Jehan, à l'autre bout de la pièce, était occupé à faire semblant de ne pas les épier, elle finit par se lever à son tour. Après être restée si longtemps assise, la jeune fille éprouvait en effet l'envie et le besoin de se dégourdir un peu les jambes. Elle fit donc quelques pas à travers la pièce, scrutant la foule dans l'espoir d'apercevoir des visages connus, des silhouettes amies. Étrangement, la plupart des élèves de sa maison, auprès desquels elle venait pourtant de dîner, avaient disparu et, parmi le tourbillon des robes colorées et des tenues de soirée, elle avait un peu de mal à s'y retrouver. Il fallait au moins reconnaître ce mérite au système d'uniformes remis en place par Aziel : identifier les différents élèves était tout de suite beaucoup plus facile.

La jeune femme ne sut pas exactement qui, d'elle ou de Halina, trouva l'autre en premier. Tout ce dont elle fut capable de se souvenir fut que, à l'instant où la possibilité de quitter les lieux commençait à titiller son esprit, son regard rencontra celui de la guerrière – et qu'un soulagement similaire à celui qu'elle éprouva étincela au fond des yeux gris de cette dernière. D'un commun accord, toutes deux se dirigèrent vers un coin un peu plus calme et, après l'avoir félicitée pour son discours qui avait débuté la soirée, Kloa et elle discutèrent pendant quelques minutes, évoquant leur mission, la transition entre les deux Intendants et le déroulement de la fête, tout au fond d'elles-mêmes rassurées de voir celle-ci se passer aussi bien. Malgré les craintes qu'elles avaient pu avoir sur le sujet, le retour de Jehan avait à la fois eu lieu en fanfare et en douceur, tel que leur groupe en avait décidé. Pour le moment, tout était parfait, si l'on exceptait la tension qui semblait grésiller entre leur Intendant et le professeur de légendes – et cette conviction, alimentée par l'atmosphère d'allégresse qui régnait dans la Grande Salle, la rendait beaucoup plus ouverte et détendue que de coutume.

Kloa ne distingua la crinière blonde qui avançait vers elles qu'à l'instant où sa propriétaire leur adressa la parole. Répondant à la fois au sourire et à la question rhétorique de Loeva, la Teylus haussa un sourcil amusé :


- De toute évidence, non. Et toi ? Tu as fini d'épuiser tes admirateurs ?

Elle ne l'avait pas vue sur la piste de danse mais aurait parié qu'elle en revenait. La Dessinatrice entama la conversation par une banalité, à laquelle ses deux amies acquiescèrent en cœur.

- D'ailleurs, ajouta l'apprentie combattante sur un ton malicieux, tu remarqueras que Hal et moi, on s'est mises à un endroit purement stratégique, à mi-chemin entre le buffet et les rafraîchissements !

À ce propos, elle se demandait qui aurait encore assez faim pour se servir parmi les légers amuse-gueules que quelques domestiques avaient disposé sur une petite table, à l'écart des danseurs. Il fallait croire que les valses ouvraient l'appétit. La discussion dévia sur les toilettes de chacun, Loeva ayant complimenté Halina sur sa robe – ou peut-être l'inverse, Kloa ayant momentanément cessé d'écouter – et ce ne fut qu'alors qu'elle réalisa qu'elle était sans doute l'une des seules filles de l'Académie à s'être présentée à la fête de l'Hiver en pantalon, à peine agrémenté d'une tunique un peu plus soignée que de coutume. Cette réflexion lui tira un sourire et, comme ses compagnes lui lançaient un regard interrogateur, interrompant leur conversation, elle expliqua d'une voix d'où pointait un éclat de rire :

- En fait, je pourrais presque me faire passer pour un de vos cavaliers... Ses yeux se posèrent sur sa poitrine et elle grimaça. Bon, d'accord, peut-être pas comme ça. Mais de dos, à la limite... avec mes cheveux courts...

Empoignant Loeva par la taille, elle tourna le dos à Halina sans attendre leur réponse.


- Alors, qu'est-ce que tu en penses ? Ça passe ?
Puis, tournant la tête vers la Teylus blonde afin de la fixer dans les yeux, elle reprit en contrefaisant sa voix, la rendant la plus masculine possible : Mademoiselle, m'accorderez-vous cette danse ?

Bon, elle n'irait peut-être pas jusqu'au baisemain, mais... À cet instant, un bruit attira son attention et elle se détourna de sa camarade. Un jeune homme les avait rejointes et les observait à présent d'un air désemparé, un verre dans chaque main. Malgré sa surprise, Kloa ne mit pas longtemps à le reconnaître : Elidyr, un garçon sympathique mais un peu timide qui suivait également les cours de combat. Interprétant rapidement son attitude déconfite, elle ne put s'empêcher d'éclater de rire, pour de vrai, cette fois.

- Oups, excuse-moi, je te la rends ! Je m'en voudrais de te voler ta cavalière, surtout si tu te montres si prévenant,
conclut-elle sur un ton légèrement moqueur, sans toutefois retirer son bras du creux de la taille de Loeva.

Myra Ril'Otrin
Myra Ril'Otrin

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MessageSujet: Re: [Bal de Noël] Parfois une main tendue est le plus beau des présents [Terminé]   [Bal de Noël] Parfois une main tendue est le plus beau des présents [Terminé] Icon_minitimeLun 16 Mar 2015 - 14:56

La robe s'envola plus loin, allant s'écraser contre un vase qui chuta bruyamment sur le sol. Crac. Cassé. Quelques jurons, des grognements, des pieds qui claquent contre le sol des appartements. Myra avait beau faire le tour de sa chambre, rien n'allait. C'était une catastrophe.
Elle ne trouvait rien à se mettre pour le bal de l'hiver.
Cri rauque, mains qui frappent contre une table. Les hormones... Quelle plaie ! Sixième mois de grossesse. Disons qu'à ce stade, les émotions de la dessinatrice étaient pour le moins aléatoires. Sa colère s'élevait en moins de deux tout comme sa tristesse éclatait en un claquement de doigt.


- Foutue garde-robe... Rien ne va, je ressemble à une Dame qui aurait avalé trop de plancton !

La primat se tourna, le regard en flammes vers Varsgorn qui tentait de la raisonner avec quelques compliments.

- Arrête !

Si l'on se concentrait assez bien, on pouvait presque apercevoir de la fumée sortir de ses oreilles. Si si, plissez bien les yeux, vous la verrez, je vous l'assure.

- Regardes-moi, je ressemble à une citrouille avec ce ventre !

Myra arrêta alors de tourner en rond, s'affala sur le lit, le regard fixé au plafond. Elle pourrait sûrement plus se relever... Mais peu importe ! Elle ne trouvait pas de robe adéquate pour le bal. Et si elle ne trouvait pas, elle n'irait pas. C'était aussi simple que cela. Malgré les encouragements de son amant, elle était formelle. La robe ou rien.
Sa main alla se poser sur son ventre. Pourquoi s'était-elle traité de citrouille ? De Dame, de baleine ? Elle aimait ce ventre, mais plus encore ce qu'il protégeait. Elle n'aurait échangé sa place pour rien au monde. Foutues hormones...
Et puis, elle devait y aller. Elle n'avait pas le choix. Depuis des jours, elle ennuyait Duncan pour qu'il y assiste. Ce dernier refusait d'y participer et elle en ignorait la raison. Grande frustration qui avait causé la destruction du vase qui précédait celui qu'elle venait de briser quelques minutes plus tôt.
Elle devait y aller. Ne serait-ce que pour lui. Instantanément, sa colère se dissipa. Essayant de se relever, elle y arriva avec quelques peines. Se dirigeant vers le tas de tissu, elle farfouilla quelques instants sous le regard perdu de son compagnon. Perdu et bouche bée.
La colère s'était dissipée pour faire place à une détermination infaillible. Et puis, elle sortit enfin quelque chose du tas coloré. Une belle robe d'un orange foncé satiné. Léger décolleté, épaules dénudées, dentelle claires et boutons d'or. Avec une cape d'un noir profond pour le froid, c'était parfait. Elle se tourna alors vers son amant, un sourire aux lèvres. Elle s'approcha de lui, l'embrassa.


- On y va ?

- * - * - * -

Applaudissements. Apparition. Jehan. Celui que l'on n'attendait plus. Celui qu'on ne croyait plus revoir. Et il était là, devant eux, une lueur presque timide dans son regard. Eteint. Myra en eut le coeur serré. Mais les applaudissements continuaient. Salve d'élèves fières du retour de leur Intendant. Certains regards étaient bien moins surpris que d'autres. Le sourcil droit de la primat se souleva. Ces élèves... toujours à cacher des choses. Mais elle ne pouvait leur en vouloir, ils ne faisaient pas toujours que des bêtises. Qu'avaient-ils fait au juste ? Elle l'ignorait et préférait ne pas savoir. L'instant était beaucoup trop beau pour réfléchir.
La main sur son ventre, elle s'avança pour s'assoir à la table des professeurs lorsque Jehan se mit à marcher vers un point précis de la salle. Le regard orangé se retourna vers ce point. Duncan.
Duncan ? Mais pourqu...
La dessinatrice sentit son coeur s'arrêter. Quoi ? Avait-elle bien vu ? Son regard n'était-il pas altéré par de quelconques hormones ? Non... Son ami ne bougea pas, il ne parla pas non plus. Plusieurs minutes s'écoulèrent dans un long silence jusqu'à ce que le primat ouvre enfin la bouche pour prononcer quelques mots. Et il s'avança, marchant dans le couloir que formait les élèves jusqu'à la table des professeurs. Myra croisa son regard, elle ne comprenait pas. Elle était si étonnée.

Myra observa son ami durant le repas, écoutant à moitié ce qu'on lui racontait à sa droite et sa gauche. Elle se trouvait bien trop éloignée de son ami. Elle sentait qu'il avait besoin de parler, même s'il reniait sans aucun doute cette évidence. Et elle le sentait bien trop perturbé... Il fallait qu'elle se fraye un passage jusqu'à lui.


- * - * - * -

Myra sourit lorsqu'elle perçut la musique. Le repas prenait fin et les danseurs n'allaient pas tarder à investir la piste. Dommage, elle ne pourrait danser. Sa main posée sur son ventre, trop peur de tomber. Maladroite comme elle était...
Soudain, elle vit une silhouette apparaître à côté d'elle. Elle tourna le regard et découvrit son ami, Duncan, incliné. Il lui proposait une danse. Sa voix tremblait...
Il voulait se retirer au plus vite. La dessinatrice jeta un rapide coup d'oeil vers Jehan. Ce qu'elle y vit la troubla bien plus encore. Que devait-elle faire ? Refuser ? Jehan voulait danser avec Duncan. Duncan ne voulait sous aucun prétexte danser avec lui. Tout était tellement évident.
Elle fronça les sourcils.
Se levant de sa chaise, elle s'inclina comme elle put avec son ventre de six mois.


- Avec grand plaisir, Duncan.

Elle lui tendit la main, il la prit et l'emmena sur la piste de danse. La musique démarra après la révérence des danseurs et tous se rapprochèrent. Elle plaça sa main gauche sur l'épaule de son partenaire et sentit celle de ce dernier se placer dans son dos. Leurs deux autres mains se rejoignirent.
Let's dance.
Et trois deux un, c'est presque une évidence. Les pas se succédaient, ils tournoyaient entre les autres danseurs, mais elle voyait que son ami était préoccupé. Et il savait qu'elle n'allait pas tarder à lui demander ce qui n'allait pas. Il la connaissait trop pour ignorer cette évidence.
Et un, deux, trois.
Si elle attendait la fin de la danse, le professeur des légendes pourrait bien lui échapper entre deux élèves. Il était plus rapide qu'il n'en avait l'air. Elle devrait lui courir après et l'obliger à l'écouter.
Et un, deux, trois.
Elle devait lui demander maintenant, alors qu'ils dansaient. Duncan ne fuirait pas pendant une danse, il ne ferait pas cet affront aux musiciens qui jouaient pour eux. La primat en était certaine. Et on ne les entendrait pas, la musique était bien trop forte.
Et un, deux, trois.
Les jupons de Myra tournoyaient, flammes orangées au milieu de la piste. Son regard était plongé dans celui de son ami. Toujours aussi perdu. Elle ne l'avait jamais vu si perdu.


- Dis-moi ce qui ne va pas ?

Son regard n'eut qu'un réflexe. Fuir celui de Myra. Cette dernière fronça les sourcils.
Et un, deux, trois.


- Réponds-moi. Tu sais que je ne te lâcherai pas. Je vois bien que quelque chose cloche.

Et un, deux, trois.

Enelyë Ril'Enflazio
Enelyë Ril'Enflazio

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MessageSujet: Re: [Bal de Noël] Parfois une main tendue est le plus beau des présents [Terminé]   [Bal de Noël] Parfois une main tendue est le plus beau des présents [Terminé] Icon_minitimeLun 16 Mar 2015 - 18:32

Les danses commençaient et elle s'ennuyait. Trois Kaelem et Teylus lui avaient demandé une danse. Elle s'en était étonnée – mais elle avait apprécié. Elle ne savait pas que l'on pouvait s'intéresser encore à elle, tellement elle prenait soin de se fondre dans le décor. Et il y avait aussi le fait qu'elle était fiancée. Elle aurait pensé que ça aurait découragé n'importe qui de l'approcher. Elle soupira, les mains posées sur ses genoux. Elle regardait Shana évoluer sur la piste de danse avec un garçon de Teylus ; plutôt mignon, elle devait l'admettre. Elle se demanda un instant pourquoi elle avait fait tant de mystère, puis se désintéressa de son amie lorsque Silind passa dans son champ de vision. Elle se mordit la lèvre, puis détourna aussitôt le regard.

Enelyë avait préparé un cadeau pour lui. Elle s'y prenait toujours à l'avance, pour les cadeaux, pour être sûre de trouver le présent parfait. Et si elle en avait pour la plupart des autres, elle ne pensait qu'à ce fichu cadeau. Qu'est-ce qu'elle allait bien pouvoir en faire ? L'option la plus probable était qu'elle allait le rendre. Après tout, à quoi bon le conserver … Et elle ne pouvait pas lui donner comme si ça ne signifiait rien. Elle se leva, interpellant un de ceux qui lui avait proposé une danse.

- Finalement, je veux bien danser. J'ai changé d'avis.
- Ah, désolée, j'ai réussi à – j'ai demandé à Loeva, finalement … dit-il en haussant les épaules, regardant les verres qu'il tenait en main.
- Oh, très bien, tant pis, se contenta-t-elle de dire, en hochant la tête.

Elle partit donc à la recherche d'un des autres. L'un des garçons discutait avec un autre élève, et elle alla le chercher, gentiment, en souriant sans rien dire. Il coupa court à la discussion et vint attraper sa main, l'entraînant sur la piste de danse. Elle savait qu'il s'appelait Finn, et qu'il était gentil. Ça lui suffisait pour lui accorder une danse, ou même sa soirée. Elle voulait être joyeuse et danser serait le meilleur moyen pour cela.

- Alors tu vas te marier ?
- Et bien, oui …

Elle avait espéré ne pas aborder le sujet.

- C'est dommage … enfin, c'est vrai que tu t'entendais bien avec Elio, mais je n'avais pas imaginé, enfin … bref.
- Et oui … répéta-t-elle, un peu gênée.
- Enfin, je ne veux pas penser à ça ce soir ! Je peux danser avec toi, c'est déjà ça.

Elle lui sourit, se laissant entraîner dans la valse. Elle voulait oublier que son mariage n'était pas voulu ; oublier que Silind ne serait pas son cavalier ; oublier qu'elle était triste, et qu'elle voulait partir. Ils parlèrent beaucoup, tout en dansant, plaisantant, riant. Il aurait pu être un bon ami, si elle avait pris plus de temps pour connaître ; si elle avait voulu connaître les autres. Au moins avait-elle l'excuse de la matière : il n'était pas Dessinateur.

Puis elle songea soudainement qu'elle n'avait pas de cadeau pour lui … Oh, elle trouverait bien quelque chose lorsque le moment viendrait.

- Qu'est-ce que tu penses que les gens vont recevoir cette année ? Disons … Duncan ?
- Des livres. Des viiiieux livres. Ou des contes par les plus jeunes, rit-elle. Hum … Loeva ?
- Des bijoux ? Du parfum ou du maquillage ? Des trucs de ses admirateurs, je ne veux pas savoir, dit-il en levant les yeux au ciel. Halina ?
- Ah, moi je sais ce que je vais lui offrir ! Mais aucune idée pour les autres. Enfin, pour ce que les autres vont lui offrir, je veux dire.
- J'avais compris, lança-t-il, taquin.

Elle sourit, puis allait lancer un nouveau nom, lorsque la musique changea. Il n'était plus temps de danser entre amis ; Enelyë se retint de rire. Il était hors de question qu'elle danse à présent. Pas avec Finn. Elle s'excusa, et ils allèrent donc s'installer tout les deux sur un banc libre.

- Dis … jusqu'à quel âge tu as cru au Père Hiver ? Ce serait drôle si on pouvait l'attraper ce soir !

Elle se demanda qui pourrait bien se joindre à l'activité « Attrapage de Père Hiver », une main retenant son mention dans une pose réfléchie.


Elizia
Elizia

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MessageSujet: Re: [Bal de Noël] Parfois une main tendue est le plus beau des présents [Terminé]   [Bal de Noël] Parfois une main tendue est le plus beau des présents [Terminé] Icon_minitimeLun 16 Mar 2015 - 21:41

La valse des plats et le ballet des domestiques avaient continué et Elizia, occupée à enchaîner les allers-retours entre les cuisines et la Grande Salle sans trébucher ou renverser un récipient, se désintéressa quelque peu du déroulement de la soirée. Mais l'ambiance demeurait festive, ce qui prouvait que tout se passait bien. Légèrement rassérénée par cette idée et secrètement heureuse à la perspective de discuter plus tard avec Enelyë, la jeune fille prit donc son mal en patience, s'efforçant d'oublier que les assiettes pesaient de plus en plus lourd sur ses bras et que ses jambes devenaient de moins en moins habiles à éviter les pieds des bancs, des tables et des élèves.

Lorsque la musique commença enfin, elle ressentit un mélange de soulagement et d'impatience. La plupart des étudiants avaient terminé leur repas et, si les domestiques s'affairaient encore pour débarrasser les longues tablées, elle pouvait ralentir un peu la cadence afin de reprendre son souffle. Cependant, tout en œuvrant avec son zèle habituel, elle ne pouvait s'empêcher de jeter de fréquents coups d'œil sur la piste de danse qui se remplissait peu à peu, laissant son regard s'attarder sur les couples virevoltant au centre de la pièce. Les filles avaient de si jolies robes, et les garçons étaient si bien peignés... Comme à chaque Fête de l'Hiver, elle fut étonnée de sentir une pointe de déception se mêler à son admiration. Si elle-même était née sous une bonne étoile, elle aussi aurait pu danser au son des instruments auprès d'un cavalier qui lui aurait souri en lui tenant la main. Sa vie aurait été remplie de lumières, de musique et de couleurs, comme dans les châteaux des princesses des contes de fées. Si elle avait été quelqu'un d'autre... La domestique secoua la tête, chassant sa frustration d'un froncement de sourcils. Elle était loin d'être malheureuse, à l'Académie, et était bien placée pour savoir qu'aucune existence n'était complètement rose, même dans les légendes et les histoires pour enfants. De toute manière, hormis dans ses rêves, elle ne serait jamais une princesse.

Ce fut sur cette pensée qu'elle regagna pour la dernière fois la Grande Salle. Les tables étaient à présent propres et, à l'exception d'un petit buffet ainsi que d'un coin dédié aux rafraîchissements, vierges de toute nourriture. La plupart des domestiques avaient quitté la pièce, même si certains s'assuraient de loin que tout se déroulait bien, prêts à accourir au moindre incident ménager. C'était le moment. Profitant de sa taille svelte et de sa petite stature, la rouquine se mêla discrètement à la foule, scrutant les visages, détaillant les silhouettes dans l'espoir d'apercevoir la jeune femme qu'elle cherchait. Son cœur s'était mis à battre un peu plus vite à cette idée et ses pensées s'embrouillaient dans l'expectative de leur conversation prochaine. Il y avait les chats, d'abord, bien sûr – oh, elle avait tant de questions à poser à leur sujet, et tellement de craintes à appaiser ! Bien sûr, elle aurait aussi pu demander à Gwëll, qui s'occupait du chaton bleu, ou à Loeva, qui s'était décidé pour le petit noir et dont elle avait cru entrapercevoir la crinière dorée parmi les danseurs. Mais, étrangement, la présence d'Enelyë la mettait davantage à l'aise, avec elle, elle avait l'impression de sourire et de parler plus facilement. Elle était ce qui se rapprochait le plus d'une amie, pour elle – et elle ignorait si cela aurait dû la rendre triste ou fière, honteuse ou satisfaite. Et puis, les langues fourchaient, les rumeurs couraient, et la nouvelle de son mariage proche s'était répandue même parmi les domestiques, officialisée par l'élève qui avait pris la parole un peu plus tôt dans la soirée. Sur cela aussi, elle aurait aimé en apprendre davantage.

Malheureusement, quand elle la trouva enfin, elle n'était pas seule. Assise sur un banc aux côtés d'un jeune homme avec lequel elle riait, elle ne paraissait absolument pas l'attendre et, à vrai dire, ne donnait même pas l'impression de se souvenir de leur rendez-vous. Elizia ne put s'empêcher de se raidir. Et si elle l'avait oubliée ? Et si elle n'avait plus envie de la voir ? Inconsciemment, elle ralentit. Non, elle ne se retournait toujours pas, trop absorbée par sa discussion. La jeune fille se mordit la langue. Elle avait été stupide. Sa place n'était pas ici, elle aurait dû le savoir, pourtant. Elle ne portait ni belle robe ni coiffure soignée, et jamais personne ne l'inviterait à danser. Une boule dans la gorge, la rouquine s'apprêtait à tourner les talons lorsque le regard du compagnon d'Enelyë rencontra le sien. Elle lut de la perplexité dans ses yeux et se sentit soudain rougir jusqu'aux oreilles. Alors la Kaelem tourna la tête à son tour, sans doute curieuse de voir ce qui retenait l'attention de son camarade. Leurs regards se croisèrent et Elizia ouvrit la bouche, trébuchant sur les mots comme sur les graviers d'une route mal entretenue :


- Dé-désolée, je ne voulais pas vous interrompre... J'avais juste cru que... peut-être... mais, je... je peux y aller, ce n'est pas un problème et...

Elle s'interrompit, ne sachant qu'ajouter, mal à l'aise sous les deux paires d'yeux qui la fixaient. Alors seulement elle réalisa qu'elle venait de se montrer affreusement mal polie et reprit, en essayant de contrôler sa voix :


- Et, euh... Bonsoir. Je m'appelle Elizia, et...

Elle tenta d'observer en face le jeune homme bien habillé auquel elle venait de se présenter, qui n'avait toujours rien dit. Avec la sensation de n'avoir jamais été aussi minuscule et ridicule de toute sa vie, elle termina, en cachant ses mains, qui portaient encore les traces des mets de la soirée, dans les plis de l'uniforme légèrement plus seyant qu'on leur avait fait mettre pour l'occasion :

- Je suis domestique.


Comment un simple mot pouvait-il être à la fois si banal et si avilissant ? C'était la première fois qu'elle prenait conscience avec autant de force de l'état dégradant de sa condition, seule, au milieu de toutes ces personnes élégamment vêtues et parfumées. Peut-être la présence du garçon y était-elle également pour quelque chose. Ne pouvant se résoudre à baisser la tête, elle serra les dents, priant de toutes ses forces pour qu'Enelyë ne tarde pas trop à lui venir en aide.

Halina Nilsan
Halina Nilsan

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MessageSujet: Re: [Bal de Noël] Parfois une main tendue est le plus beau des présents [Terminé]   [Bal de Noël] Parfois une main tendue est le plus beau des présents [Terminé] Icon_minitimeDim 22 Mar 2015 - 17:30

Il y eu comme un blanc après le baiser de Jehan et Halina ne vient pas ce qui se passait entre les deux lorsque le dessert arriva mais elle remarqua plus tard le froid glacial qui régnait entre ceux qui jadis avait été très bons amis. La guerrière ne comprenait pas trop comment les deux hommes faisaient pour ne jamais réussir à se trouver alors qu’ils avaient tellement l’air fait l’un pour l’autre. Mais bon, de l’eau avait coulé sous les ponts et peut-être que leur amour aussi… Mais ce serait une grande déception pour la Teylus, grande amoureuse d’histoires qui finissent bien. Les desserts étaient comme d’habitude délicieux, les cuisiniers s’étaient encore une fois dépassés. Halina se dit à un moment qu’elle devait arrêter de manger sinon elle allait faire exploser sa robe bustier. Ce qui nuirait évidemment  à son image de marque.
 

Du coup, elle était très motivée pour danser et donc pour tenter d’évacuer toute cette nourriture. Jusqu’au moment où elle réalisa que son cavalier n’était pas là. Et que comme tout le monde savait qu’elle était en couple avec Kirfdéin, personne n’allait lui proposer de danser. Elle pesta un bon coup et vida son verre d’un trait. Elle avait bien envie d’alcool d’un coup ou d’aller courir ou de frapper sur quelqu’un. Elle se sentait un peu trahie, elle s’était pomponnée et était super séduisante pour un mec qui n’était pas là. Oui c’est vrai il n’était pas très fan des fêtes et des regroupements de personnes mais bon, il aurait pu faire un effort. La Teylus se retint au dernier moment de chercher du regard Dylan, sa jalousie était bien trop vaine. Mais bon, si ça se trouve ils étaient tous les deux sur un toit quelque part à faire la Dame-sait-quoi. Mince, elle qui pensait avoir laissé cette jalousie puérile au placard durant son voyage… C’était raté.
 

Elle réalisa d’un coup, que si elle jalousait autant cette fille, ce n’était pas vraiment parce qu’elle avait peur qu’il la trompe mais surtout parce qu’il lui manquait. Elle ne jalousait pas Dylan mais elle jalousait le temps que Dylan passait avec Kirfdéin. Temps qu’Halina n’avait pas avec lui… La crise puis son voyage les avaient séparés, et là depuis son retour, ils ne s’étaient vus qu’en coup de vent. Il lui manquait…
Le fait de croiser le regard un peu désespéré de Kloa la sauva de sa morosité. Elles se retrouvèrent et ça ne l’étonnait pas du tout que la guerrière n’aime pas trop ce genre d’évènement. Et Halina n’était plus hyper à l’aise non plus. Elles discutèrent d ‘un peu de tout et de rien dans un coin où la musique ne les dérangeait pas trop et où elle avait un œil sur toute la fête pour pouvoir se moquer un peu des robes ou des couples improbables. Les deux filles eurent un fou rire en voyant passer une élève avec une robe rose bonbon de toute beauté. Elles parlèrent aussi de Jehan et de Duncan et de l’ambiance générale de la soirée. Puis Loeva vint les rejoindre en souriant. Ahlala, cette fille était vraiment magnifique. En plus d’être canon, elle était sympa, intelligente et forte, ça aurait dû être interdit d’avoir autant de qualités. Mais Halina n’était qu’un peu envieuse, pour le reste elle estimait que la Teyls était une belle personne et une bonne amie sur qui on pouvait compter.
 

Kloa la taquina au sujet des garçons qui lui tournaient autour sans arrêt ce qui arracha un sourire aux filles. Puis elles complimentèrent la cuisine et Loeva les félicita sur la place de choix qu’elles avaient trouvé. C’était l’idéal même si aucune d’elles ne semblaient avoir faim pour les petit fours et elles n’étaient pas en train de boire.
 

-Comme d’habitude tu as la classe Lov’, je sais toujours pas comment tu fais ça avec tes cheveux, faudra que tu me montres. Mais, t’as vu j’ai suivi tes conseils pour les chaussures, je les adore mais je pense que je vais les détester à la fin de la soirée !

 
C’est Loeva qui lui avait conseillé de mettre des talons avec sa robe du coup, elle avait dû s’en faire prêter une paire par des copines du dortoir. Les chaussures étaient superbes mais Halina sentait qu’elle allait avoir très vite mal aux pieds. La remarque de Kloa la fit rire. C’est vrai qu’elle devait être le seule fille en pantalons mais comme elle le disait, personne ne pouvait s’y tromper de face ou de profil. Sa poitrine la trahissait. Mais elle n’avait pas tort, de dos elle pourrait en tromper certains. Surtout, qu’elle n’avait pas une démarche très féminine avec ses habitudes de combattante Itinérante. Halina rit en la regardant inviter Loeva à danser. Un des prétendants de la Teylus arriva sur ces entrefaites avec un verre dans chaque main.
 

-Oh, mais c’est une super attention ça ! Tu en as de la chance Lov’ ! Bon jeune homme, vu que ta cavalière est déjà occupée et prête à danser avec notre Kloa, et que mon cavalier doit être perdu quelque part avec son apprenti, voudrais-tu m’accorder cette danse ?
 

Il n’avait pas vraiment le choix en fait, Halina lui prit les verres des mains et les posa sur la table à côté d’eux pour leur retour, puis elle proposa sa main au garçon qui la lui pris et la conduisit sur la piste de danse un peu à contrecœur. Il ne le regrettera pas, Halina était une bonne danseuse et elle aimait danser. Comme la course, la danse vidait la tête. La jeune femme taquina Kloa qui  semblait hésiter sur le bord de la piste :
 

-Eh Kloa, te défile pas et danse ! Je suis sûre que tu peux faire ça !

 
La musique changea et s’anima un peu plus, le rythme était plus rapide, plus intense et les élèves tournoyaient sur la piste. La jeune femme était bien et elle souriait avec son cavalier qui ne semblait plus du tout déçu de ne pas danser avec Loeva. Elle ne voyait plus ses amies et ne faisait plus attention au reste. Lorsque la danse se termina, elle était sur un petit nuage et prête à recommencer mais elle se dirigea vers l’endroit où ils étaient tout à l’heure et abandonna le bras de son cavalier pour aller leur chercher à boire. Elle revint avec deux verres et en donna un à Kloa. Loeva  avait pris le second verre du jeune homme. Elle leur sourit et déclara :
 

-Alors, on a enflammé la piste de danse !

Duncan Cil' Eternit
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MessageSujet: Re: [Bal de Noël] Parfois une main tendue est le plus beau des présents [Terminé]   [Bal de Noël] Parfois une main tendue est le plus beau des présents [Terminé] Icon_minitimeLun 30 Mar 2015 - 22:53

La danse n’avait pas l’effet prévu. Duncan avait espéré que la musique, les pas qui se succédaient, le silence confiant d’une amie et les silhouettes floues autour d’eux lui permettraient de penser à autre chose, mais c’était tout le contraire.
Maintenant qu’aucun élève ne les regardait, et qu’il ne restait encore eux que le souffle court de la danse, propres pensées qui tournoyaient – et un deux trois, un deux trois- sans issue dans son crâne. Myra le savait, et son regard lui pesait plus qu’il n’aurait voulu l’admettre. Il la connaissait, il savait qu’il ne pourrait pas y échapper, mais il avait espéré qu’elle comprendrait, qu’elle le laisserait fuir ses propres pensées, au moins pour ce soir.

Son regard se fit fuyant quand elle le confronta, leurs paroles masquées par la musique. Il refusa de parler, même lorsqu’elle le relança, espérant que la politesse l’obligerait à attendre la fin de la danse, mais elle ne le lâchait pas. Il aurait du s’y attendre – les femmes.

- De quel droit-


Sa voix se bloqua et il dut se racler la gorge à plusieurs reprises. La valse était une danse qui l’obligeait à tenir le regard haut et au-delà de l’épaule de sa partenaire en permanence, et Duncan en était ravi. Il se raidit dans les pas de danse et elle le sentit probablement.

- L’action irréfléchie d’un enfant de treize ans, pas d’un adulte responsable. Quel bel exemple à afficher devant les élèves. Devant toute. Toute l’Académie.

A aucun moment il n’accusait le geste en lui-même, en continuant à grommeler des remarques sur l’étiquette, la bienséance et la politesse pendant quelques tours de danse. A vrai dire, il ne savait qu’en penser vraiment – et il préférait ne pas s’y attarder pour le moment. Il avait déjà fait un infarctus devant des élèves, un deuxième serait malvenu.

- Pourquoi n’est-il pas venu me voir ?
On arrivait au cœur de ce qui le bouleversait vraiment, ce qui le tuait à petit feu. Il avait fini par accepter que Jehan était un criminel, ça lui avait pris de nombreux efforts et maintenant, il devait apprendre que tout était faux, en plein milieu d’un Bal ? S’il tenait tant que ça à.. Non, il serait venu, en privé, il serait venu s’excuser, en parler, n’ai-je pas été son confident pendant toutes ces années ?


Lui qui pleurait rarement, les larmes lui piquaient le nez et menaçaient de rougir ses orbites.

- Ce genre d’attitude puérile… c’est forcément une sorte de plaisanterie, une des moqueries dont il a le secret.
Il laissa passer un long moment de silence, en ruminant. Myra écoutait, laissait la bile se déverser lentement, visqueuse, goutte à goutte. Pourquoi ne m’a-t-il rien dit ? Pourquoi ne m’as-tu rien dit, si tu savais qu’il était revenu ? Tu sais à quel point –

Il s’arrêta, incapable de parler sans se trahir, et fixa résolument leur prochain pas de danse. Pourquoi l’avait-elle piégé en public ainsi, à l’instar de l’Intendant ? Personne n’avait donc la moindre considération pour sa réputation, ou ses sentiments ?



Einar Soham
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MessageSujet: Re: [Bal de Noël] Parfois une main tendue est le plus beau des présents [Terminé]   [Bal de Noël] Parfois une main tendue est le plus beau des présents [Terminé] Icon_minitimeLun 30 Mar 2015 - 23:43

- J’te parie que j’danserai avec Loeva ce soir.

- Trop pas, t’as vu le nombre de gens qui veulent danser avec elle ? Et tous ceux qui veulent danser avec Enelyë depuis qu’elle est fiancée, pour le fun ? T’as aucune chance.

- Ouais mais elle est si gentille… et puis j’suis pas si moche que ça, quand même ?
demanda Elidyr d’un ton soudain fébrile.

- Nah. T’es qu’à demi-Raï, ça va.

- Aha, très drôle. Et puis d’ailleurs, t’étais pas amoureux aussi de Loeva toi un temps ? Vous trainiez toujours ensemble à cueillir des fleurs, à un moment.

- Ouais mais nan. Pis fin y’a pas que Loeva dans la vie, pis j’y vais déjà avec quelqu’un au Bal…

- Keeeeeuwa ?! Qui ça ? Halina ? Gwëll ? Shana ? Pas Ichel quand même, elle sortirait avec tout le monde avant de sortir avec toi…

- Héé !

- Non mais sérieux, qui, genre ?

Einar murmura le plus bas et le plus rapidement possible.

- Geeeeeeeeenre. Et ta mère, c’est une Sentinelle, c’est ça ?


*


Et fallait croire que sa mère, c’était pas une Sentinelle.
Il avait raté quasi tout le repas parce qu’il avait attendu Lyuuna à l’endroit où elle lui avait donné rendez-vous pendant mille ans. Sauf qu’elle était pas venue. Et il avait pas osé monter au dortoir des Kaelem pour voir si elle arriverait bientôt, ou si elle était malade, ou … si elle l’avait oublié, si elle allait au Bal avec quelqu’un d’autre, si elle y était déjà en train de d’amuser et de rire avec ses amis de la bonne blague qu’elle lui avait fait.
En plus il avait fait vachement d’efforts pour l’occasion. Ses cheveux étaient peignés sur le côté, il avait emprunté une cravate un peu délavée à Yahem et il avait demandé à Halina de lui apprendre comment on dansait la valse.

Et voilà qu’il entrait dans la Grande Salle en plein dessert, avec tous les élèves en effervescence. Et ses yeux se firent globuleux.
Genre ils avaient un Intendant. Genre c’était Jehan. Genre tout le monde trouvait ça genre super normal ? …. On lui avait caché quoi, encore ? Einar fila jusqu’à la table où se trouvaient ses amis et demanda rapidement le quoi du pourquoi du comment de qu’est-ce qu’il avait raté et c’est quoi ce bordel de pourquoi Jehan il mangeait un gâteau avec une main en fer ?

On dégagea rapidement la piste pour la danse, et Einar se trouvait vraiment, mais alors vraiment con. Il avait tout prévu dans sa tête, il offrirait la fleur qu’il avait à la boutonnière à Lyuuna pour la première danse, ils danseraient ensemble, il se moquerait de Elidyr qui se serait fait repousser par Loeva, et il passerait une super soirée.
Sauf que voilà, c’était Elidyr qui lui envoyait un sourire triomphant en emmenant Loeva sur la piste de danse, et lui qui se trouvait comme un con sans sa partenaire.
Un peu défait, mais décidé à prouver qu’il était pas du tout amoureux de Lyuuna et que ça l’affectait pas mais alors PAS du tout, Einar se dirigea vers un groupe de filles autour d’Enelyë, un peu incertain.

Son regard se posa sur une des jeunes filles qui semblait un peu timide. Elizia, c’était ? Ils se connaissaient pas trop mal, vu le temps qu’il passait à récurer la volière et à nettoyer les cuisines en punition à cause d’Aziel, mais c’était surtout parce qu’elle lui donnait le seau et lui disait ou racler. Ca lui faisait bizarre de se trouver en face d’elle comme ça, tout pomponné pour le Bal, et un peu bêtement, il entra dans la conversation, en regardant Ene comme si elle allait le consumer sur place.
C’était leur dessinatrice la plus avancée, paraissait qu’elle serait Sentinelle, et ben.. ouais, logique, elle lui faisait un peu peur.
Zut, y’avait déjà un homme avec elles. Qui le toisait.

- Hey –euh, j’me disais.
Gloups. Désolé, j’crois que j’vous ai interrompus en pleine conversation.

Il tendit brusquement sa fleur à Elizia, comme pour s’en débarasser, il aurait voulu faire ça gentiment et galamment comme on lui avait appris mais le stress le rendait super nerveux.

- J’ai personne avec qui danser –
bordel ça sonnait pathétique- enfin j’veux dire, on peut danser si tu veux, enfin, pas tout de suite tout de suite vu que ça a déjà commencé mais genre, la prochaine ? ‘Fin si tu veux.

Il commençait à rougir, et le rival souriait d’un air mauvais.

- Einar, au fait. ‘Fin toi Ene tu sais déjà, mais j’me disais, Zia, Elizia ! –fin au cas où. Hé Ene, j’avais pas eu l’occasion mais… tiens.
Il lui tendit une petite sculpture en bois de la Dame qu’il avait trouvée au marché d’Al-Poll, avec un ruban qui se terminait par une tige de laurier. C’une tradition chez moi, ‘fin dans ma famille, si y’a des gens qui se marient, pour que la Dame veuille sur eux, ‘fin faut l’accrocher au dessus de la cheminée. C’est pour la chance. Le bonheur. Enfin félicitations quoi.

Tombeur, Einar, tombeur. Ses cheveux le grattaient derrière ses oreilles, il avait pas l’habitude de les avoir avec une raie sur le côté, et la cravate lui serrait le cou. Pourvu qu’elle dise oui, pourvu qu’elle dise oui…

[J’espère que ça vous dérange pas qu’une petite crevette s’incruste  ]


Myra Ril'Otrin
Myra Ril'Otrin

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MessageSujet: Re: [Bal de Noël] Parfois une main tendue est le plus beau des présents [Terminé]   [Bal de Noël] Parfois une main tendue est le plus beau des présents [Terminé] Icon_minitimeMar 31 Mar 2015 - 14:09

Un, deux, trois. Un, deux, trois.

La valse continuait, les pensées de Duncan s'arrêtaient. La primat le sentait bien. Il lui en voulait pour cette question. Mais il la connaissait et elle le connaissait, aucun d'entre eux ne lâchait le morceau. Ils étaient tenaces. Et Myra ne lâcherait rien.
Elle sentit les muscles de son ami se tendre. Puis se détendre. Il conservait l'étiquette, il gardait la tête haute comme le voulait les moeurs. Duncan tout craché. Il ne montrerait rien jusqu'au moment d'être seul. Et elle ne le laisserait pas seul, même si elle devait laisser Varsgorn dans la grande salle avec les autres. Il ne comprendrait sûrement pas, il était... plutôt jaloux. Mais elle le lui ferait comprendre par des cris et un joli rouge aux joues. Rouge colère, bien entendu. Il comprendrait à force que Duncan était un de ses plus précieux amis.

Un, deux, trois. Un, deux, trois.

Et Duncan se mit à parler. Il en voulait à Jehan. Vraiment. Encore l'étiquette. Etait-ce la véritable raison ? Son comportement vis-à-vis des élèves ? Son manque de tenue ? Myra en doutait... Elle connaissait bien trop le professeur des légendes pour s'arrêter à cette explication. Quelque chose clochait. Il n'agissait pas comme d'habitude, il était bien plus troublé que pour un simple manque des moeurs.
Et il lâcha le morceau.

Un, deux, trois. Un, deux, trois.

Il en voulait à Jehan de ne pas être venu le voir plus tôt. De ne pas s'être excusé. Il était réellement touché, plus qu'elle ne l'aurait pensé. Elle le sentait tremblant. La danse se poursuivait, les cavaliers tournoyaient. Duncan peinait à se confier, elle sentait les mots moins sûrs. Jamais il n'avait manqué de mots... La dessinatrice le connaissait bien trop. Certains mots restaient bloqués dans sa gorge.

Et il l'accusa. Quoi ? Il l'accusait ? Ses sourcils se froncèrent, son regard se fit plus dur. Comment osait-il l'accuser ? Comment osait-il penser cela d'elle ? Qu'il en veuille à Jehan, d'accord. Mais qu'il lui reproche de ne rien lui avoir dit sur le retour de Jehan alors qu'elle l'ignorait totalement !

Un, deux, trois. Les robes finirent de tournoyer, les pas ralentirent, les danseurs se stoppèrent. Le contact fut rompu, Myra regardait toujours Duncan dans le blanc des yeux. Les autres danseurs se saluèrent, se séparèrent. Ils n'en firent rien. Ils étaient toujours l'un en face de l'autre, ils ne bougeaient plus.
La primat brisa le lien. Se retournant dans un drapé orangé, elle lui tourna le dos. La tête haute, les mains sur son ventre, elle marchait jusqu'à la sortie. Qu'on la remarque ? Quelle importance. Tant que son ami la suivait. Elle savait qu'il ne pourrait la laisser seule. Devant la grande porte, elle se retourna. Pour voir Duncan encore planté au milieu de la piste de danse.
Elle l'observa quelques secondes, tenant son regard.
Une nouvelle danse résonna dans la salle, les talons claquaient sur le sol, les voix s'élevaient fort dans la salle. On les avait oublié, la fête reprenait. Et Duncan sortit de ses pensées pour quitter la piste. Vers la sortie. Elle tourna les talons pour se diriger dans le couloir adjacent.
Et elle se stoppa net. Le nez relevé vers le plafond, elle guettait d'une oreille les pas de son ami. Qui ne furent pas longs. Elle savait qu'il allait passer par là, qu'il veuille la suivre ou non. Il était obligé de passer par ce couloir. Et elle l'y attendait. Elle se retourna lorsqu'il apparut dans l'angle.


- Tu crois réellement que je t'aurais caché une telle chose ? Tu crois que ça m'aurait amusé de te cacher le retour de Jehan alors que je sais combien vous êtes proches ?

Son regard était dur. Elle était blessée qu'il y ait pensé ne serait-ce qu'une seconde.

- Je n'en savais rien, je suis aussi surprise que toi. J'ignorais tout de toutes ces manigances, tu connais les élèves pourtant ! Ils aiment ce genre de surprises, ou farces, appelle-les comme bon te semble. Mais j'ignorais tout. Et tu peux être certain que si je l'avais su, je me serais précipitée dans tes appartements pour t'annoncer la nouvelle.

Elle le regardait toujours dans les yeux.

- Que tu lui en veuilles à lui, d'accord. Même si tu ne m'expliques pas l'entière vérité, soit. Je comprend tout à fait que tu ne veuilles pas crier sur tous les toits ce que tu caches dans ta tête et ton coeur, mais je ne conçois pas que tu me mêle à ses manigances.


[ HRP : la suite entre Myra et Duncan, c'est par ici les amis ! ]

Enelyë Ril'Enflazio
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MessageSujet: Re: [Bal de Noël] Parfois une main tendue est le plus beau des présents [Terminé]   [Bal de Noël] Parfois une main tendue est le plus beau des présents [Terminé] Icon_minitimeMar 31 Mar 2015 - 16:39

Elle n'avait pas vraiment oublié Elizia. En fait, pendant toute la première danse, elle l'avait cherché du regard, et avait été tellement distraite qu'elle avait plusieurs fois marché sur les pieds de Finn, qui n'avait pourtant rien dit. Mais effectivement, après avoir tourné au bras du jeune homme pendant plusieurs danses, elle s'était peu à peu plus intéressé qu'à lui et à sa soirée qu'à la jeune fille à qui elle avait dit de venir après le repas pour discuter. Puis ils s'étaient installés, et Finn avait vu Elizia. Il fallut quelques secondes à Enelyë pour la voir à son tour. Elle lui sourit et lui fit signe de s'approcher, mais la domestique semblait mal à l'aise. La dessinatrice haussa un sourcil interrogateur, puis se rendit compte de la situation. La jeune fille devait penser qu'elle allait la déranger, ou qu'elle l'avait effectivement oubliée. Et pendant qu'elle s'en voulait, Elizia se présentait tant bien que mal à Finn, butant sur les mots.

Et alors qu'Enelyë allait l'inviter à venir s'asseoir auprès d'elle, pour discuter, Einar arriva à son tour, et elle lui envoya un sourire. Elle aimait bien Einar ; il était mignon dans sa façon d'être, et quelque part il lui faisait un peu penser à Gwëll ou à Lyuuna. Lyuuna qui d'ailleurs parlait assez souvent de lui, maintenant qu'elle y pensait. En revanche, lui semblait avoir un peu peur d'elle, et elle ne savait pas trop pourquoi. Puis il tendit la fleur qu'il portait à Elizia, l'invitant à danser. Et elle sentit Finn bouger, pour se rapprocher d'elle. Il semblait … moqueur, et elle n'aimait pas ça. Est-ce qu'il faisait partie de ces Kaelem combattant qui embêtaient les autres ? Elle détourna le regard, tandis qu'Einar invitait Elizia à danser, donc. C'était mignon comme tout.

Puis Einar se tourna vers elle, pour lui tendre une sculpture en bois, représentant la Dame, portant une fleur enrubannée. Il lui expliqua rapidement que c'était une tradition de sa famille, pour des mariages heureux. Elle n'eut pas vraiment à se forcer pour sourire ; ça lui faisait plaisir. Il ne pouvait pas savoir. Elle espérait simplement qu'il ne serait pas trop triste, son sourire.

- Merci beaucoup Einar ! Je vais aller la mettre directement au dortoir, pour que rien ne s'abîme. Je reviens ! Elizia, je … ne t'oublie pas, ajouta-t-elle avec un sourire.

Elle allait surtout en profiter pour prendre un bol d'air. Pas question d'utiliser un Pas. Elle avait envie de prendre du temps. Les couloirs étaient vraiment très vides. Elle entendit des pas derrière elle, et elle se retourna vivement, faisant attention à ne pas laisser tomber le cadeau d'Einar. C'était Finn.

- Dis donc Ene, je savais pas que tu traînais avec les roturiers. Je te vois toujours avec Shana, alors …

Elle se figea presque instantanément. Ce n'était pas un Kaelem combattant qui embêtait les autres, c'était un Kaelem combattant noble qui méprisait les autres. Ca donnait une toute autre couleur à la chose.

- Tu sais que je suis une roturière, Finn ? Hein, tu le sais ?
- Tu « étais ». Tu ne l'es plus.

Ça l'avait atteint plus qu'elle n'avait pu le penser. Elle n'avait jamais vraiment vu les choses sous cet angle. Entre ceux qui disaient qu'elle n'était pas une vraie noble et ceux qui s'en fichaient, voilà à présent ceux qui lui disaient qu'elle n'était plus du tout roturière et qu'elle ne devait plus être amie avec eux.

- Vas-t-en. Vas-t-en et ne m'adresse plus la parole.

Elle s'était trompée. Il n'était pas gentil. Pas avec tout le monde. Elle se dépêcha d'aller au dortoir, laissant sur place un Finn qui ne s'attendait visiblement pas à ce que les choses tournent ainsi.

*

Elle se retrouva devant la porte de la Grande Salle, luttant avec son envie de retourner passer sa soirée au dortoir. Mais elle la poussa finalement, retrouvant rapidement le banc qu'elle avait quitté un peu plus tôt, pour ne retrouver ni Einar ni Elizia. Alors elle alla chercher quelque chose à boire, admirant les robes qui tournaient et les sourires qui fleurissaient. Sur le trajet qui séparait la Grande Salle des dortoirs, elle avait pensé à Elizia. Elle allait peut-être l'emprunter à Einar quelques minutes pour lui permettre de se faire belle. Après tout, ce n'était pas parce qu'elle était domestique qu'elle n'avait pas le droit de participer pleinement à la fête elle aussi.

Lorsqu'elle la retrouva finalement, elle s'élança vers elle.

- Elizia, nous devons discuter, et je dois te proposer quelque chose. Einar, je te la ramène tout de suite !

Elle l'attrapa par la main et fit un Pas sur le côté, l'emmenant directement avec elle au dortoir. Elles faisaient à peu près la même taille, ce qui rendait plus facile le prêt de vêtements. Elle en avait posé trois sur son lit.

- Tu en choisis une parmi celles-là. Je ne t'accorde pas le droit de refuser. Je veux que tu t'amuses aussi, et que tu sois pomponné comme toutes les autres. Pas question qu'une d'entre nous y échappe ! lâcha-t-elle, souriant toujours.

Et pendant qu'elle l'aidait à coiffer ses cheveux, elles discutèrent. Des chats, de leurs petites vies … Puis elles retournèrent à la Grande Salle. Il restait encore un peu de temps pour danser avant que les gens commencent à se distribuer leurs petits ou gros cadeaux. Elle se rappela vaguement que petite, elle les ouvrait seulement au matin, après avoir guetté le Père Hiver jusqu'à s'endormir … Elle sourit dans le vide, perdue dans ses souvenirs pendant quelques secondes. Puis elle se tourna vers Elizia.

- Si tu cherches Einar, il est là-bas, dit-elle en le pointant du doigt.

Elle sourit. De toute façon, si elle n'y allait pas, il allait sûrement revenir. Elle lui avait juste emprunté Elizia, de toute façon.


[Edition possible o/]

Elizia
Elizia

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MessageSujet: Re: [Bal de Noël] Parfois une main tendue est le plus beau des présents [Terminé]   [Bal de Noël] Parfois une main tendue est le plus beau des présents [Terminé] Icon_minitimeLun 6 Avr 2015 - 12:42

C'est vraiment bizarre, la vie. Il y a des fois où tu as tellement honte que tu as l'impression d'être encore plus rouge qu'après avoir attrapé un coup de soleil, où tu es tellement gêné que tu aimerais avoir le pouvoir de devenir aussi petit que la plus petite des petites souris et te glisser dans un trou pendant très très très très longtemps – au moins jusqu'à ce que la pièce ait arrêté de tourner autour de toi et tes joues de te brûler presque aussi fort que la fois où tu avais plongé par inadvertance la main dans une bassine d'eau encore bouillante. Et puis, juste au moment où tu as envie de te donner des claques ou de te sauver en courant le plus loin et le plus vite possible, où tu te dis que tu es vraiment le dernier des derniers et que tu n'as jamais été aussi pitoyable et ridicule de toute ta vie, paf, il y a quelque chose de nouveau qui arrive, quelque chose de tellement incroyable, inattendu et stupéfiant que tu te sens toujours aussi stupide qu'auparavant – mais plus pour les mêmes raisons.

C'est à peu près ce qui se produisit pour Elizia à l'instant où Einar lui tendit sa fleur, alors même qu'elle venait à peine de s'apercevoir de sa présence et tentait – sans beaucoup de succès, il fallait bien l'avouer – d'occulter désespérément de sa vue et de sa mémoire le sourire insidieusement moqueur qu'elle devinait apparaître sur les lèvres du cavalier d'Enelyë.


- Que... Euh, je...

Par chance – ou malheureusement, cela dépendait comment on voyait les choses –, le garçon semblait à peu près aussi mal à l'aise et désemparé qu'elle. Elle le reconnaissait, bien sûr – c'était l'élève malchanceux qui passait sa vie à nettoyer diverses salles de l'Académie du temps d'Aziel. Elle l'aimait bien, du reste, parce qu'elle le trouvait sympathique, peu sûr de lui et qu'il lui faisait un peu penser à elle, par moments. Cependant, le voir là, dans cette tenue, à cette soirée, avec ce beau costume et ses cheveux soigneusement peignés, cela lui parut légèrement incongru, comme si, tout à coup, deux éléments de sa vie positionnés dans deux endroits opposés de son cerveau – le Bal et ses tâches domestiques, les petits chats et les oiseaux de la volière – venaient de se percuter de plein fouet. Un instant, la pelle, le balai, le seau et le chiffon se superposèrent dans son esprit aux petits fours, à la crème chantilly, aux verres de cristal et aux archers des violonistes battant la cadence – et, quand elle reprit pied dans la réalité, elle tenait à la main une jolie fleur, Einar donnait quelque chose à Enelyë et l'autre garçon souriait toujours d'un petit air narquois. Finalement, le Teylus se tourna vers elle de nouveau et, comme il l'observait en silence avec un regard mi-suppliant mi-interrogateur, elle se rappela soudain qu'il venait de l'inviter. À danser. Elle. Avec lui. Elle serra sa fleur entre ses doigts afin d'empêcher la panique de la saisir. Elle n'avais jamais appris à danser. Et, même si ça ne semblait pas très compliqué, vu de loin, elle se doutait qu'il existait sans doute une multitude pièges sournoisement dissimulés, et que les sourires des danseurs cachaient certainement bien des traîtrises et des embuscades. Mais, d'un autre côté, n'aurait-il pas été malpoli de refuser ? Et puis, si elle pouvait danser, elle aussi, une fois, rien qu'une fois, se laisser porter par les instruments, tournoyer sur la piste de danse...

Enfin Enelyë parla, disant qu'elle revenait bientôt, et la jeune fille comprit que si elle ne voulait pas rester toute seule, il lui fallait accepter la proposition d'Einar. Elle savait bien qu'il la lui avait faite plus par défaut qu'autre chose, mais cela ne changeait rien à la situation. Alors elle se mordit la lèvre, rabattit ses cheveux sur son front et ses oreilles écarlates avant de hocher la tête d'un petit signe timide, qui aurait aussi bien pu passer pour un acquiescement que pour un haussement d'épaule. Mais le jeune homme dut comprendre car comme, justement, la musique s'éteignait et que les couples regagnaient leur place, se préparant à changer de partenaire pour la prochaine danse, il l'entraîna en direction du centre de la pièce. Au comble de la nervosité, Elizia essuya une ultime fois ses paumes moites sur son uniforme où elle avait accroché la fleur puis, comme une nouvelle mélodie s'élevait, elle leva courageusement les yeux pour accrocher le regard de son cavalier – se décidant enfin à prononcer tout bas les mots qu'elle n'avait cessés de se répéter silencieusement.


- Par contre, je... je ne sais pas danser...

Einar fit un geste qu'elle ne parvint pas à interpréter, puis la danse commença. Par bonheur, le rythme était assez lent, ce qui lui permit de ne pas trébucher tout en évitant de marcher sur les pieds de son partenaire ou de faire des croche-pattes aux autres danseurs. Elle se rendit rapidement compte que le Teylus n'était pas beaucoup plus expérimenté qu'elle mais, après quelques minutes et plusieurs œillades aux couples qui évoluaient gracieusement à côté d'eux, ils finirent par s'en sortirent à peu près. Certes, leurs pas n'étaient pas toujours très académiques, mais leur logique commençait à s'assembler maladroitement dans l'esprit de la rouquine – si bien que, lorsque la musique s'arrêta, elle en éprouva un bref regret, elle-même ayant enfin réussi à assimiler les mouvements de la danse.

Einar et elle se séparèrent donc, et Elizia lui décocha un sourire indécis, sans savoir s'il avait apprécié ou non. Et puis les instruments repartirent et, comme ils se trouvaient encore au milieu de la piste, bousculés par les danseurs qui étaient déjà revenus, ils furent obligés de reprendre. Cette seconde danse se déroula mieux que la première et la domestique, s'autorisant à diminuer légèrement sa concentration, échangea quelques paroles avec le garçon, sortant du silence qui s'était installé entre eux depuis le début de leur prestation. Elle eut même la surprise d'éclater de rire à une remarque de celui-ci, qui en sembla aussi étonné qu'elle. Là aussi, la musique s'interrompit un peu trop tôt à son goût mais, cette fois-ci, ils se retirèrent prudemment de la piste, décidés à faire une petite pause. Et puis, songeait Elizia en son for intérieur, Einar en avait peut-être assez de danser avec elle et souhaiterait sans doute chercher une autre cavalière, plus douée et plus présentable. D'ailleurs, il venait de se tourner vers elle en ouvrant la bouche, et la jeune fille se préparait à lui proposer à contre-cœur de reprendre sa fleur, au cas où il désirerait la donner à quelqu'un d'autre. Sauf qu'elle ne sut jamais ce qu'il s'apprêtait à lui dire parce que, à cet instant, Enelyë surgit devant eux, lui attrapa la main et, tout à coup, tout se brouilla autour d'elle. Lorsque la Dessinatrice la lâcha, elle reconnut avec stupeur les dortoirs des Kaelems et comprit, avec une fraction de seconde de retard, que son amie venait de les y propulser d'un Pas sur le côté. Mais la pensée qu'elle venait de se déplacer à l'aide du Dessin ne fut bientôt plus qu'une broutille à peine digne d'attention quand elle aperçut les trois robes posées sur le lit de l'étudiante. Des robes qu'elle jugea aussitôt dignes d'une princesse de conte de fées, avec leurs couleurs lumineuses et leur tissus délicat. Et puis Enelyë prit la parole, et...


- Pour moi ?

Elizia en aurait eu les larmes aux yeux, si elle n'avait pas été si sonnée. D'abord Einar qui l'invitait à danser et lui offrait une fleur, à présent Enelyë qui lui permettait – non, qui lui proposait – d'enfiler une de ses robes... Elle avait la curieuse impression d'évoluer dans un rêve – un rêve dont elle n'aurait voulu pour rien au monde se réveiller.

Même si elle-même était légèrement plus frêle, les deux jeunes femmes faisaient pratiquement la même taille, ce qui simplifiait considérablement les choses. Après de nombreuses hésitations, la domestique se décida pour une robe à manches très courtes mais qui lui tombait jusqu'aux pieds, dissimulant donc ses chaussures peu adaptées à ce genre de tenues. D'un rose très pâle sur le buste, elle s'élargissait et s'allongeait ensuite en s'assombrissant progressivement jusqu'à devenir d'un rouge profond – ce qui faisait que, lorsqu'elle pivotait sur elle-même en levant les bras, sa jupe tournait autour d'elle, comme gonflée d'air, et ressemblait ainsi aux pétales d'un coquelicot dont elle aurait été le cœur. La fleur d'Einar retrouva sa place sur sa poitrine et, tandis que la Kaelem relevait ses cheveux en un chignon savamment torsadé, toutes deux purent enfin discuter. Tout en goûtant l'étrange sensation de se faire elle-même pomponner, elle qui s'était toujours occupée des autres, la jeune rousse demanda des nouvelles des chats et de leur propriétaire, s'enquit de l'existence de son amie... Toutefois, aucune n'aborda le sujet du mariage qu'Elizia, malgré l'état d'ivresse incrédule dans lequel elle flottait, devina épineux. Finalement, les doigts de magicienne d'Enelyë ensorcelèrent une dernière mèche récalcitrante et cette dernière l'emmena jusqu'à un miroir, dans lequel elle faillit ne pas se reconnaître. Son regard croisa celui de la Dessinatrice et, comme celle-ci lui souriait d'un air encourageant, elle eut soudain envie de la serrer dans ses bras. Comment pouvait-elle lui faire prendre conscience de toute la mesure de sa reconnaissance et de sa gratitude ? Aurait-elle simplement pu la comprendre ? Réalisait-elle à quel point sa gentillesse et sa générosité l'avaient touchée, elle que tout le monde méprisait ou, au mieux, ignorait ? Mais, déjà, il fallait repartir, et Elizia ne put que souffler un simple merci, bien faible en comparaison de la force de l'attachement qu'elle ressentait à présent à son égard. Elle se sentait à la fois plus liée à elle que jamais, mais également redevable pour l'éternité. Jamais personne ne s'était comporté de cette manière avec elle – et cela lui paraissait d'autant plus extraordinaire que c'était d'Enelyë qu'il s'agissait, noble, fiancée, et connue pour être l'une des Dessinatrices les plus douées et prometteuses de l'Académie. Elle n'aurait jamais cru cela possible, ni même pensable – même dans ses livres.

De retour dans la Grande Salle, la présence de la foule l'impressionna un peu de nouveau, la ramenant brutalement à la réalité. Se rapprochant insensiblement de sa compagne, elle balaya des yeux les élèves, ne prenant conscience de celui qu'elle cherchait qu'au moment où Enelyë le lui montra, de loin. Reprise d'un brusque assaut de timidité, la jeune fille hésita. Après tout, sans doute son départ avait-il en fait arrangé le Teylus, qui ne comptait certainement pas passer toute sa soirée avec elle. Et puis, peut-être avait-il retrouvé la fille à laquelle il destinait au départ la fleur qu'il lui avait finalement tendue, et n'avait-il pas du tout envie d'être à nouveau dérangé. Ou encore... Une musique éclatante résonna soudain dans la pièce et Elizia comprit tout à coup que le temps de la danse serait bientôt terminé et qu'il ne tarderait pas à céder la place à celui de la remise des cadeaux. Enelyë ne serait-elle pas déçue si elle apprenait qu'elle n'avait pas pleinement profité de sa robe ? L'image du visage de la jeune femme balaya ses derniers doutes et, comme elle allait se tourner pour lui annoncer qu'elle retournait voir Einar, elle se rendit compte que cette dernière était à présent plongée en pleine conversation avec une autre personne. La quittant sur un léger signe de la main et un dernier sourire, la jeune fille se décida donc à avancer à travers les élèves. Sa petite taille ne l'aidait pas à se repérer mais, heureusement, l'apprenti chantelame ne se trouvait pas très éloigné. Quand elle parvint enfin à sa hauteur, elle lui offrit un sourire, ne sachant pas si les gens qui l'entouraient étaient de ses amis ou s'il s'était simplement positionné là en attendant leur retour.


- Je suis revenue !

Il la dévisagea sans répondre et, tout à coup, elle se rappela la robe et la coiffure. Rosissante, elle se souvint également qu'ils ne se connaissaient peut-être pas assez pour qu'elle puisse se permettre de telles familiarités et s'efforça alors de faire marche arrière, tentant vainement d'effacer l'écho de son ton un peu trop enthousiaste et le reflet de son sourire un peu trop étincelant.

- Enfin, je veux dire... on a fini, et... si tu en as envie... ou si tu n'es pas déjà occupé... enfin, si tu veux, quoi... on peut... je sais pas... je veux dire, faire quelque chose... ce que tu préfères... mais c'est pas du tout obligé, hein... et...

Et rien du tout. À ce rythme-là, Einar allait plutôt essayer de la perdre au milieu des danseurs ou de la renvoyer aux cuisines. Il faudrait qu'elle fasse attention à ne pas salir la robe.

Attalys Til'Ewin
Attalys Til'Ewin

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MessageSujet: Re: [Bal de Noël] Parfois une main tendue est le plus beau des présents [Terminé]   [Bal de Noël] Parfois une main tendue est le plus beau des présents [Terminé] Icon_minitimeJeu 9 Avr 2015 - 16:43

Le repas de l'Hiver s'était déroulé comme dans un rêve et Attalys, attablée au milieu des autres élèves de sa Maison, n'avait pas vu le temps passer. Certes, il y avait bien eu quelques renversements, tels que ce jeune domestique maladroit et intimidé qui avait failli renverser une louche de velouté de légumes dans le décolleté d'une étudiante scandalisée, quelques tables plus loin, ou encore la fois où l'un de ses camarades s'était étouffé avec un biscuit et que ses amis avaient dû lui desserrer sa cravate en toute hâte... Et, évidemment, le baiser entre Jehan et Duncan, qui n'avait échappé à personne.

Lorsque les premières notes de musique retentirent, la jeune fille venait à peine de terminer son dessert – un fromage blanc crémeux au coulis de fruit rouge. Après avoir bu une dernière gorgée d'eau, elle se leva à son tour, un peu en retard par rapport à ses compagnons. Des couples de danseurs commençaient déjà à se former et, tout à coup, pour la première fois de la soirée, elle se sentit légèrement hésitante. Elle n'avait aucun cavalier officiel et si, sur le moment, cela ne lui avait pas paru problématique, elle se demandait à présent si elle n'aurait pas mieux fait de prendre ses précautions. Des petits groupes se constituaient déjà autour des jeunes femmes les plus admirées de l'Académie – elle repéra notamment Loeva à ses cheveux d'or, au milieu d'un cercle qu'elle finit par rompre en entraînant l'un de ses admirateurs sur la piste de danse. Avec une pointe d'envie, Attalys s'apprêtait à s'avancer en direction de la foule lorsqu'une voix résonna, juste à côté de son oreille :


- Euh... Attalys ? Ça te dirait de danser avec moi ?

La Dessinatrice se retourna pour sourire au jeune homme qui venait de l'accoster. Elle aimait bien Elouan, un Aequor dont elle trouvait la compagnie agréable et avec lequel elle passait parfois de bons moments. Ils se retrouvaient souvent ensemble lors des cours de Légendes, où il se montrait l'un des étudiants les plus sérieux et assidus, et elle appréciait son calme, son intelligence, sa douceur et sa gentillesse – ainsi qu'une certaine timidité qu'il faisait de son mieux pour dissimuler mais qui transparaissait quelquefois dans son attitude indécise ou dans sa manière de parler, comme s'il craignait constamment de déranger ou de se faire rejeter.

- Bien sûr, Elouan, ce sera avec plaisir.

Tous deux rejoignirent le centre de la pièce en bavardant et, après avoir observé un instant du coin de l'œil le garçon qui tentait désespérément de lisser une mèche rebelle en train de s'échapper de sa chevelure châtain aux reflets roux sagement ordonnée, Attalys se décida finalement à le tirer de son embarras en l'entraînant au milieu des danseurs. Une fois sa nervosité dissipée, Elouan se révéla un excellent cavalier  et, au terme d'une danse très plaisante, ils se retirèrent afin de se reposer un peu. En effet, si la jeune femme appréciait danser, elle aimait également discuter et, plongée dans leur conversation, elle sursauta tellement violemment quand quelqu'un lui effleura l'épaule qu'elle faillit en lâcher la pâte de fruit que son partenaire s'était galamment proposé de lui rapporter.

- Oh, désolé Attalys, je croyais que tu m'avais entendu, s'excusa aussitôt une voix qu'elle ne tarda pas à identifier.

Il s'agissait de Viktor, un Teylus qu'elle connaissait des cours de Dessin et qui, habituellement aussi froid et distant que ne le laissait présager sa fière stature d'enfant du Nord auréolé de blondeur, lui offrait à présent un sourire hésitant.

- Je me demandais si tu étais occupée. Parce que je pensais – enfin, si tu en as envie, bien sûr – qu'on pourrait peut-être danser tous les deux. Juste une fois – après, je peux te rendre à ton cavalier, si tu préfères.

Cela l'étonna un peu. Viktor s'était toujours montré aimable mais plutôt réservé avec elle, la plupart du temps impassible et avare de paroles. Il fallait croire que tout pouvait arriver. Ou qu'il s'était rabattu sur elle par défaut – même si, avec sa prestance naturelle, cela l'aurait encore plus surprise qu'il ait du mal à se trouver une cavalière. Interrogeant Elouan du regard, celui-ci haussa les épaules en un mouvement un peu désabusé, avant de lui faire signe qu'il ne la retenait pas. Après l'avoir remercié d'un sourire, elle suivit donc son nouveau partenaire. Si le Dessinateur se montra assez silencieux pendant la première partie de la danse, il finit par se dérider et lui posa même quelques questions sur l'expédition à laquelle elle s'était jointe pour ramener Jehan. Ah. C'était donc ça. Son invitation ne tenait-elle qu'à la curiosité ? Elle lui répondit néanmoins de bonne grâce et, à la fin du morceau, ils quittèrent le centre de la pièce d'un accord tacite. Elouan ayant disparu, ils se dirigèrent ensemble vers le buffet où Viktor lui servit à boire, puis ce dernier repéra un groupe d'élèves de sa Maison auxquels il lui offrit de se joindre. Mais, comme Attalys déclinait l'offre poliment, ils se séparèrent et l'Aequor se retrouva de nouveau seule. Son verre à la main, elle fit quelques pas sans but, cherchant des yeux une silhouette connue ou un visage amical.


- Mademoiselle serait-elle perdue ?

La Dessinatrice tressaillit, sans comprendre tout de suite que c'était à elle que s'adressait le garçon brun au regard malicieux qui venait de surgir sur sa route.


- Pas spécialement, non. Pourquoi cette question ?

De taille moyenne, l'étudiant était légèrement plus grand qu'elle et possédait un sourire espiègle qui s'élargit encore davantage lorsqu'elle lui répondit – laissant entrevoir des dents dont la blancheur contrastait curieusement avec sa peau bronzée.


- Je ne sais pas. Peut-être parce qu'il est un peu étrange de voir une si jolie fille rester toute seule pendant un bal... Son sourire amusé s'accentua, comme pour démentir les propos charmeurs qu'il venait de lui offrir. Ou parce qu'elle a effectivement perdu quelque chose.

Le jeune homme ouvrit la main, et Attalys fronça les sourcils en reconnaissant l'objet qu'elle contenait. La bague de sa Maison, qu'elle était pourtant certaine d'avoir rangée au fond de sa poche en se préparant, quelques heures plus tôt.


- Marchombre ? interrogea-t-elle tout en tendant le bras pour récupérer son bien.

Son interlocuteur ébaucha une moue faussement vexée.


- Guerrier. Mais je t'assure que cela ne m'empêche de remarquer les bagues qui tombent des poches des danseuses étourdies.

La jeune femme accepta la pique avec un sourire. Après tout, un peu plus tôt, elle l'avait elle-même traité de voleur à mots couverts – il s'agissait d'un juste retour des choses.


- Et maintenant, puisque nous y sommes, accepterais-tu de m'accorder cette danse ? Je pense que tu me dois bien ça, non ? ajouta-il après avoir effectué une révérence volontairement grotesque et exagérée.

Cette fois-ci, l'apprentie ne put s'empêcher d'éclater de rire et accepta le bras qu'il lui présentait, toujours dans ce même mélange de jeu et d'auto-dérision. La musique qui venait de commencer était beaucoup plus vive et entraînante que les précédentes et, lorsqu'elle prit fin, Attalys n'aurait su dire si elle était essoufflée à cause de la danse ou de son hilarité. Wunjo, puisque tel était son nom, lui décocha un clin d'œil alors qu'ils quittaient la piste.

- Et, c'est pas encore la fin de la soirée, hein ! Ce serait quand même bête qu'il ne te reste plus assez d'énergie pour découvrir tes cadeaux, tu crois pas ?

La jeune fille allait riposter quand son regard s'arrêta sur un profil qu'elle reconnut instantanément. Les yeux de son partenaire suivirent les siens et il esquissa un sourire.

- Oh, Enelyë ? Tu la connais ? On est dans la même Maison, tous les deux.

Un Kaelem. Elle aurait dû s'en douter. Pour toute réponse, Attalys s'avança dans sa direction, Wunjo lui emboîtant le pas avec une fraction de seconde de retard. Si elle avait rencontré la Kaelem grâce aux cours de Dessin, elles ne se fréquentaient d'ordinaire pas spécialement mais avaient pu lier plus ample connaissance pendant l'expédition de sauvetage de Jehan. Elle aurait été heureuse de pouvoir parler un peu avec elle.

- Jolie robe, la complimenta-t-elle en l'accostant.

Ignorant la grimace de l'apprenti combattant – c'était bien un truc de filles, ça – elle lui sourit tandis que Wunjo la saluait également, sans se départir de son humour tour à tour taquin et mordant.

- Alors, tu profites bien de la soirée ?

Et, si c'est le cas, pourquoi cette étincelle de tristesse qui ne quitte jamais vraiment le fond de ton regard ?

Lyuuna Sil'Celim
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MessageSujet: Re: [Bal de Noël] Parfois une main tendue est le plus beau des présents [Terminé]   [Bal de Noël] Parfois une main tendue est le plus beau des présents [Terminé] Icon_minitimeLun 27 Avr 2015 - 3:10


Par la Dame, par la Dame, PAR LA DAME ! Elle était très, non TROP, en retard. Elle avait passé la nuit dernière à travailler sur un papier qui traitait des points communs entre les cercles d'Analyse et les personnalités des gens ainsi que la façon dont ces cercles pouvaient changer au fur et à mesures de la vie. Du coup, elle n'avait pas beaucoup dormis et était très fatigué le lendemain. Du coup, dès qu'elle put, elle courut au dortoir (enfin, marcha comme un zombie) et s'allongea, en prenant soin de se créer une alarme avec les spires comme les Kaelem plus âgée lui avait appris. Mais malheureusement, elle était trop d'équerre pour bien Dessiné. Son réveil spirien ne sonna pas. Lorsqu'elle se réveilla comme une fleur, il lui fallut bien une seconde pour se rendre compte que plus personne n'était dans la salle, que tout le monde étaient partis. Ce fut avec une vitesse hallucinante qu'elle s'élança hors de son lit. Une peur lui broyait l'estomac, faisant bouillonné Na.

Elle avait donné un rendez-vous et n'y était pas allée, son coeur se serrait à l'idée d'Einar l'attendant toujours et se broya quand elle se dit qu'il aurait pu demander à quelqu'un d'autre d'être sa cavalière. Cette peur lui donna des ailes, même si ce fut compliqué d'enfiler rapidement des dessous, un corset et sa robe. Lorsqu'elle en eut fini avec les fils et les lacets, elle attrapa ses ballerines et s'élança vers la salle de bain. Se plaçant devant un miroir, respirant avec difficulté, elle se força à se calmer et commença sa coiffure. Cela lui sembla une éternité, pourtant Lyuuna utilisait les astuces que lui avait appris Loeva. Mais l'anxiété n'aidant pas, elle dut bien recommencer trois fois sa coiffure.

Lorsqu'elle eut enfin fini, elle prit une longue et lente respiration, il n'était pas question de rater le maquillage et de le recommencer. Et cela fonctionna plutôt bien, la Kaelem s'impressionna même avec sa propre dextérité lorsqu'elle souligna ses yeux. Contente de son travail, elle enfila ses chaussure et se contempla dans un grand miroir pour voir ce que ça donnait. C'était une longue robe en quatre couches. La première couvrait son torse et sa poitrine, montant jusqu'à la moitié du sternum. Laissant découverte ses épaules -Suggestive sans être trop démonstrative disait Loeva, même si Lyuuna n'avait pas encore véritablement compris le sens de cette phrase- . Les manches qui lui descendaient jusqu'aux mains était reliée à cette première partie. La deuxième sortait dessous, recouvrant ses hanchse et descendait dans son dos jusqu'au niveau des genoux. La troisième avait globalement la même forme, mais descendait plus loin. La dernière couvrait le reste, cachant ainsi ses jambes et fermant la robe. Elle avait tressé une partie de ses cheveux pour former une sorte de couronne d'où descendait une cascade dorée bouclée lui entourant le visage puis descendant dans son cou et légèrement sur ses épaules. Ses yeux étaient soulignés d'une ligne noire, lui affinant le regard, elle y avait ajoutée quelque petite touche, cachant ses rares imperfections.

Soulagé d'avoir enfin terminé, elle s'élança en soulevant sa robe pour courir plus rapidement.

Combien de minutes... D'heure ? L'avait-elle fait attendre longtemps ? Plus elle s'approchait du point de rendez-vous, plus elle avançait, plus elle se pressait. Lyuuna fini par sauter des marches. La peur grandissait, aussi fort que l'emprise de Na s'étendait. Mais la Kaelem fut ferme, elle hurlait dans sa tête « NON ». Elle repoussait de toute sa force son alter-ego. C'était une des premières fois qu'elle le faisait avec autant de violence, l'angoisse et la peur devait aider. Elle arrivait enfin, les derniers escaliers. Le soulagement se ressentait, enfin, enfin. Elle préparait déjà sa tirade d'excuse et... Personne.

Tu t'attendais à quoi en même temps ? Il n'allait pas t'attendre indéfiniment ! C'est bien de se faire désirer, mais là, là c'était carrément de l'abus. Même une héroïne d'un mauvais livre le saurait ! Bon, allez respire, rentre, trouve le et excuse toi... Et juste espère, espère qu'il ne danse pas avec quelqu'un d'autre.

Elle franchit la porte, gardant le maximum son calme. Bien, le repas était terminé depuis longtemps. Le bal en tant que tel avait déjà commencé. Les couples virevoltaient sans jamais s'entrechoquer. Lyuuna remarqua quelque professeur tournoyant ensemble et sourit. Puis elle chercha Einar du regard.

Elle le trouva et son coeur se compressa. Il était actuellement entrain de discuter avec quelqu'un d'autre. La Kaelem ne la connaissait pas, mais expérimenta un sentiment nouveau. C'était comme si elle avait envie d'être à la place de cette jeune fille, d'avoir été là, a l'heure, dans cette jolie robe, sûrement mieux que la sienne. Oui, la Dessinatrice l'enviait un peu. Un instant, elle voulut aller dire bonjour au Teylus, mais, alors qu'elle fit un pas en avant, elle se rendit compte que c'était plus pour qu'il la remarque plus que pour être poli. Rougissant de se sentir aussi égoïste et idiote, elle tourna doucement les talons et alla s'installer sur les chaises qui étaient poussée contre les murs, restant le plus calme possible, se répétant sans cesse cette comptine que sa mère lui chantait. Et elle attendit.


[HRP : Désolé pour cette arrivée en mode fleur >< la vie toussa bref, sinon la robe de Lyuuna]


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