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 Patience, une nouvelle Voie s'offre à toi.

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Clarysse Vornang
Clarysse Vornang

Maître des écuries
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MessageSujet: Patience, une nouvelle Voie s'offre à toi.   Patience, une nouvelle Voie s'offre à toi. Icon_minitimeJeu 18 Mai 2017 - 23:52

Clarysse était encore détendue et insouciante quelques semaines précédentes. En ce temps, elle occupait son temps entre son travail auprès des chevaux, sa passion à former les élèves à l’art équestre et sa volonté à avancer sur la Voie. Quand elle ne montait pas à cheval, ne nettoyait pas des box ou n’enseignait pas, elle s’isolait un peu seule en différents endroits autour de l’Académie. Une forêt dense, une grotte, une montagne, une cascade peu visitée. Elle se retrouvait alors dans des endroits qui lui permettaient de se recentrer. Et elle s’entraînait. La gestuelle marchombre lui faisait un bien fou et lui apportait une paix nouvelle. Mais elle explorait aussi de nouvelles limites de la Voie. Elle dansait avec le vent. Jouait avec l’eau. Chantait avec le faucon. Apprivoisait la nature toute entière. Elle ne faisait qu’un avec son environnement. Oh, elle échouait souvent. Se décourageait parfois. Mais elle n’abandonnait pas. C’était ce qui l’avait toujours caractérisée, depuis son enfance jusqu’à aujourd’hui où elle arpentait des sentiers encore plus inconnus.

Et celui qui se présentait à elle maintenant n’avait rien avoir avec tout ce qu’elle avait connu par le passé. Elle ne réalisait pas encore vraiment. Jehan était venu la voir dans ses écuries une après-midi pour lui faire parvenir une demande assez inhabituelle.  Devenir la maître marchombre d’une nouvelle élève de l’Académie. Clarysse savait parfaitement que l’école était à part des enseignements marchombres classiques. Elle mettait en relation des élèves potentiels qui avaient reçus la connaissance de ce monde caché par un marchombre et des maîtres disponibles qui parfois prenaient deux élèves en même temps. La petite femme n’avait jamais vraiment adhéré à ce système même si elle en comprenait l’utilité. Merwyn avait vraiment pensé à tout le monde lorsqu’il avait créé ce lieu. Une Académie ouverte à tous pour diffuser l’enseignement et le savoir dans l’Empire. Cependant, ce système déplaisait à bon nombre de marchombres étroits d’esprits qui pensaient que les marchombres issus de ce système n’en étaient pas des vrais parce qu’ils n’avaient pas vraiment été choisis par leur maître. Clarysse n’en faisait pas partie. Elle ne se voyait pas devenir un maître tout de suite mais elle respectait ceux qui faisaient ce choix.

Passée la surprise de la demande, elle s’était souvenue que Jehan savait toujours tout sur tous les membres de son Académie et qu’elle avait sûrement dû lui en parler à son arrivée ou qu’il l’avait deviné en la voyant se battre lors de la Reprise de l’Académie ou lorsqu’elle disparaissait de manière inattendue. Il n’avait plus de maître marchombre disponible et lui proposait simplement d’en devenir une avec cette élève. Il ne lui avait mis aucune pression, il n’y avait aucune urgence pour qu’elle prenne une décision. Il arrivait souvent que les élèves attendent avant de se voir attribuer un maître. Parfois même les maîtres de l’Académie refusaient de prendre un élève qu’ils avaient évalué comme inapte à recevoir l’enseignement. On ne devenait pas marchombre simplement en le demandant à l’Intendant de l’Académie. Ces informations rassuraient Clarysse qui avait demandé à Jehan un temps de réflexion.

Elle avait commencé par partir méditer loin du brouhaha ambiant, elle avait besoin de se retrouver seule avec elle-même pour prendre une décision. Elle ne pensait pas être confrontée aussi tôt à la question de prendre ou non un élève. Vingt-neuf ans lui paraissait à la fois bien trop tôt pour enseigner mais elle ressentait depuis quelques temps l’envie de transmettre. La petite marchombre ne savait pas ce qu’elle voulait, taraudée entre l’envie de montrer la Voie à quelqu’un et la peur de ne pas réussir à guider. C’était une décision qui allait déterminer son avenir et celui de cette élève qu’elle ne connaissait pas encore. Elle ne pouvait pas devenir ce maître qui enseigne par dépit ou uniquement pour son propre égo. Si elle acceptait cette élève, elle s’engageait auprès d’elle pendant ces trois années. Le lien entre elles ne pourrait plus être rompu facilement.  Puis, au milieu du calme et le la majesté des montagnes, dans le froid et le vent elle s’oublia. Ainsi que toute notion du temps. Il y eut un long moment où ses battements de cœur furent la seule chose qu’elle écouta en elle-même, plongée intégralement dans la méditation. Enfin, sans qu’elle sache quand ou comment, Clarysse l’entendit. Un chant, cette voix lui indiqua une nouvelle fois la Voie devant elle et elle sut. Tout était limpide. La Voie scintillait vers cette courbe. Elle souriait paisiblement, se releva et, engourdie par son immobilité prolongé, elle dansa avec le vent une gestuelle marchombre passionnée.

A son retour à l’Académie elle avait pris sa décision. Elle allait laisser une chance à cette jeune fille de recevoir son enseignement. Et surtout Clarysse allait se laisser la chance de transmettre ce qu’elle savait de la Voie. Sans l’accompagnement de son maître à elle, Jiwan, elle n’en aurait jamais vu une seule parcelle. Alors elle passa les semaines suivantes à observer la nouvelle Teylus, une certaine Leyän, dans sa vie à l’Académie. Invisible, elle l’évaluait lors des cours de combat ou ceux de Civilisation qu’elle était tenue de suivre. Elle gardait un œil sur elle dans la Grande Salle lorsqu’elle discutait avec ses nouveaux amis. La patience est un élément important dans la route sur la Voie. Clarysse savait que la fille s’impatientait mais elle comprendrait un jour. Le manège dura quelques semaines, la marchombre ne tint pas de compte. Elle ne sut pas exactement à quel moment elle fut certaine de son choix mais un matin, alors que, cachée dans les arbres du parc, elle observait l’étudiante qui assistait à un cours de Duncan, elle comprit.

Le lendemain, durant la matinée, elle frôla Leyän dans un couloir de l’Académie, qui ne se retourna même pas. Inconsciente de ce qu’elle venait de glisser dans sa poche d’uniforme à son insu. Elle trouverait une note manuscrite lorsqu’elle aurait besoin de quelque chose en cours. Clarysse ne la suivit plus du reste de la journée. Les dés étaient jetés et il n’y avait plus aucun moyen de revenir en arrière maintenant. La Teylus serait là ce soir car elle allait ouvrir le mot. Ce dernier était bref et succinct mais ça suffirait à attiser la curiosité de la jeune fille.


« La patience n’est qu’un début. Trouve moi au crépuscule, à la tour Marchombre. »

Le premier exercice de cet enseignement sera donc pour Leyän de prendre au sens littéral cette note. Oh, elle ne serait pas vraiment cachée sinon son apprentie ne la trouvera jamais, ce qui serait bien évidemment un problème pour la suite. Mais elle ne va pas l’attendre en bas de la tour avec un paquet de cookies et une banderole de bienvenue. Le toit de la tour est un endroit bien plus fascinant la nuit pour observer les étoiles et pour apprendre. Rien de bien compliqué que de comprendre le mot, de grimper des escaliers, de fouiller les pièces puis de lever les yeux. Patience et observation, les deux premières leçons. Clarysse s’assit sur les tuiles légèrement glissantes et sortit de sa besace un système vieillissant d’harnachement pour les chevaux et un pot de graisse avec un chiffon doux. Comme elle connaissant parfaitement son matériel, elle n’avait pas besoin de lumière. De plus, cette activité ne faisait que très peu de bruit. Elle s’attela donc à la tâche pour s’occuper les mains et l’esprit tout en guettant les bruits de la nuit.

Leyän Bàthory
Leyän Bàthory

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MessageSujet: Re: Patience, une nouvelle Voie s'offre à toi.   Patience, une nouvelle Voie s'offre à toi. Icon_minitimeLun 22 Mai 2017 - 0:00

Leyän n'avait eu aucune difficulté à s'intégrer à l'Académie. Elle était douée d'une grande capacité d'adaptation, qui lui permettait de se faire accepter où qu'elle aille. La jeune femme avait l'habitude de le faire, et elle était très à l'aise avec les autres, en règle général. De plus, elle se trouvait de nombreux points communs avec les autres étudiants. L'Académie était un lieu plein à craquer d'élèves désireux d'apprendre, tout comme elle. Chacun avait son rêve, son ambition, son projet, et chacun semblait incroyable aux yeux de la future marchombre. Elle aimait l'ambiance fraternelle et chaleureuse qui régnait dans cet endroit qu'elle ne connaissait que depuis peu de temps. Elle avait eu peur de s'ennuyer, au départ, mais les professeurs avaient su se montrer à la hauteur de ses exigences.

Il n'y avait que deux points noirs dans le parfait tableau de l'Académie. Premièrement, Leyän redoutait de s'ennuyer et de rapidement tourner en rond. Elle n'était jamais restée plus de deux ou trois semaines dans un même endroit, et ce depuis qu'elle était née. Elle était une fille du vent et du voyage, une fille de la mer et des nuages. Elle savait s'adapter au changement, mais beaucoup moins à la stabilité. Elle ne regrettait pas d'être venue ici pour étudier et atteindre ce qu'elle pensait être sa voie, mais l'immobilité risquait de très rapidement la lasser, et il y avait déjà des moments durant lesquels elle regrettait de s'être enfermée toute seule pour au moins quelques années. C'était sans nul doute le plus gros sacrifice qu'elle avait jamais eu à faire, et elle n'était pas certaine de pouvoir s'y tenir jusqu'au bout.

Le second point noir, qui n'était pas le moindre, était que Leyän n'avait toujours pas réellement débuté son apprentissage marchombre. Depuis des semaines, elle s'entraînait au maniement des armes, elle s'entraînait à chevaucher, elle avait des cours sur l'histoire, et sur tout un tas de domaines passionnants, mais qui ne lui permettait pas encore de pénétrer dans le vif du sujet. Leyän savait se montrer patiente, mais ce mode de vie était trop contraignant pour qu'elle accepte bien longtemps de faire comme si elle n'était pas venue ici avec un projet bien défini. Elle avait presque l'impression d'être en cage, et rien ne lui permettait de s'en échapper. Depuis qu'elle en avait connaissance, le mot marchombre raisonnait en son coeur comme un appel, doux et délicat. C'était comme si une petite musique était née dans son coeur. Sa petite musique.

Et puis, une fin d'après-midi, en milieu de semaine, les choses s'accélérèrent brusquement. Elle avait passé une bonne journée, riche en connaissances et en rires avec ses camarades, mais elle avait ressenti le brusque besoin de s'isoler. Leyän était une solitaire. Elle n'était pas faite pour être sans cesse entourée par du bruit, des gens, du mouvement. Ca la fatiguait trop et trop vite. Elle n'avait pas encore réussit à trouver le juste milieu, entre ses nouvelles relations et ses besoins fondamentaux. La jeune fille se laissa tomber sur son lit, et elle glissa la main dans la poche de son uniforme, pour y trouver le contact réconfortant du pendentif que lui avait léguer son père. C'était la dernière chose qu'il restait de sa mère, et elle savait à quel point il avait été difficile pour son père de le lui donner.

Ce fut avec une immense surprise qu'elle sentit un contact étranger dans sa poche. Un morceau de papier. Leyän fronça les sourcils. Jamais elle n'avait mis de papier dans son uniforme. En tous les cas, elle n'en avait absolument aucun souvenir. Elle se redressa pour s'asseoir au bord de son lit, et elle sortit le papier étranger de sa poche. La jeune fille le déplia, et elle vit avec surprise que quelque chose y avait été inscrit, avec une écriture qui lui était totalement étrangère. La patience n’est qu’un début. Trouve moi au crépuscule, à la tour Marchombre. La tour marchombre ? Etait-ce... Un maître ? Cette possibilité fit battre son coeur plus vite. Allait-elle enfin pouvoir débuter son entraînement ?

Leyän écarquilla les yeux, et regarda par la fenêtre. Le soleil était en train de se coucher ! Sans chercher davantage à comprendre, elle se releva d'un bond. La surprise serait rapidement levée lorsqu'elle aurait la personne devant elle. Leyän était tellement excitée, qu'elle courut presque dans les couloirs de l'Académie. Elle n'était jamais allée jusqu'à la tour marchombre, mais plus d'une fois elle l'avait observée de loin. Elle avait estimé qu'elle ne devait pas s'y rendre avant d'avoir une bonne raison de le faire. Et la bonne raison venait de se présenter à elle. Lorsqu'elle la vit se dresser devant elle, alors que le soleil avait pratiquement disparu, le coeur de la jeune fille manqua un battement. Cette tour était magnifique, et pleine de promesses.

Leyän ralentit lorsqu'elle arriva devant la tour. Il y avait des marches qui permettaient d'accéder aux différents niveaux. Beaucoup d'étages et de salles, et elle ignorait tout de l'endroit dans lequel la personne l'attendait. Peut-être y aurait-il plusieurs personnes dans la tour. Comment allait-elle reconnaître celle qui lui avait écrit le mot ? Leyän réfléchit un instant, et elle se demanda un instant ce que ferait une marchombre, si elle donnait rendez-vous à quelqu'un. Où l'attendrait-elle ? Dans une des salles ? Leyän leva les yeux, et son regard capta le sommet de la tour. Oui, c'était par là qu'elle commencerait ! La jeune fille commença à escalader les marches deux à deux, alors que la nuit s'abattait sur ses épaules.

Lorsqu'elle atteint le sommet de la tour, elle était essoufflée. Elle resta un instant muette devant le paysage qui s'offrait à elle. L'académie commençait à s'éclairer avec la nuit, et vue d'en haut, elle était encore plus magnifique que vue du sol. Pendant un instant, elle ne put décoller son regard de cette vision, et ce n'est qu'au bout d'une bonne minute qu'elle parvint à se reprendre. Elle sursauta en voyant la silhouette d'une jeune femme qui la fixait, et ses joues prirent une brusque teinte rosée. Elle posa ses yeux bleus dans ceux de la femme, et elle ne douta pas une seule seconde que c'était la bonne personne. Il y avait une aura incroyable qui se dégageait d'elle, et Leyän se sentit minuscule à ses côtés.

- Heu, je... J'ai reçu un mot, et... C'est vous qui...

La jeune fille était tout sauf timide. C'était la première fois qu'elle bégayait ainsi devant quelqu'un. Elle se reprit cependant rapidement et alors que son coeur battait encore à tout allure, elle se détendit légèrement. La femme qui se tenait devant elle était une marchombre, cela ne faisait aucun doute. Elle était très différente de ceux qu'elle avait déjà rencontré, mais ils avaient tous quelque chose qui les rapprochait. Leyän brûlait d'impatience à l'idée de devenir une marchombre, elle aussi. Il ne fallait pas qu'elle lui fasse mauvaise impression, c'était, au contraire, le moment ou jamais de saisir sa chance !

- Je veux dire, je crois que vous vouliez me voir.

Assurance et calme. Le coeur de Leyän ralentit, pour venir se calquer sur le rythme lent de sa respiration.

Clarysse Vornang
Clarysse Vornang

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MessageSujet: Re: Patience, une nouvelle Voie s'offre à toi.   Patience, une nouvelle Voie s'offre à toi. Icon_minitimeMar 6 Juin 2017 - 1:27

Il lui fallut attendre peu de temps pour finalement entendre des pas qui s’arrêtèrent en bas de la tour. Clarysse sourit, se souvenant de la première fois qu’elle avait compris que son maître l’avait choisie pour la guider sur la Voie. Un mélange d’excitation, de peur et de sérénité. Exactement comme l’état actuel de la petite marchombre. Heureusement, la tâche sur laquelle elle s’occupait lui évitait de trop réfléchir et elle appréciait le contact rassurant du cuir et le frottement répétitif du chiffon sur la bride. Il suffisait juste d’attendre, de faire preuve de la même patience qu’elle demandait à son élève. Elle avait envie de sautiller de joie ou de crier son enthousiasme au vent qui l’avait aidé à choisir. Mais elle n’en fit rien. Elle avait toujours préféré la retenue  à la démonstration. Elle n’aimait pas montrer aux autres ce qu’elle ressentait. Les pas de la jeune femme reprirent ensuite et elle les entendit monter les marches de la tour. Elle sembla s’arrêter dans la salle de méditation puis elle reprit son ascension vers les toits où elle s’arrêta à nouveau dans le dos de Clarysse.

Ça y est, on y était. L’aube d’une nouvelle aventure pour les deux femmes. Trois années d’engagement l’une envers l’autre. Un élan commun qui les ferait avancer, chacune à son rythme et à son niveau. Clarysse ne voyait pas la Voie comme un chemin que l’on arpente toujours seul. Pour elle, leur deux Voies venaient de se rejoindre et de s’imbriquer et il était du rôle de la maître marchombre d’accompagner son élève durant le temps nécessaire. Lui tenir la main un moment le temps que la jeune femme soit capable de la suivre seule puis se contenter de la soutenir et enfin la laisser partir. Trois ans. Si éphémère dans une vie et pourtant ça lui semblait déjà une éternité. Il ne fallait en rater aucun moment. Etre à la hauteur des attentes de cette apprentie. Lui enseigner l’Harmonie des marchombres. La beauté et la cruauté de la Voie. Ses lignes droites et ses courbes. L'équilibre toujours.

Mais la petite femme allait devoir apprendre à ne pas se mettre trop la pression non plus. Elle ne devait pas retomber dans ses travers d’avant sa rencontre avec le Rentaï. Elle ne devait plus passer d'avantage de temps à se questionner qu’à avancer. Elle allait avoir beaucoup plus de raisons de s’interroger mais elle ne devait pas oublier ses objectifs. Elle ne devait pas non plus stagner comme elle l’avait fait il y a quelques années de cela. Le risque était trop élevé, il s’agissait de ne pas reculer et de ne pas perdre de vue la Voie. Tant de pression avant même d’avoir dit un mot à son élève. Elle se tourna vers Leyän et ses yeux bruns rencontrèrent deux océans. Il y avait définitivement quelque chose chez elle d’inhabituel, d'intense. Elle sentit la détermination dans son regard. Cette fierté aussi qui pouvait être une force ou une faille sur la Voie. Ses paroles timides tranchaient avec la volonté qui transpirait d’elle mais Clarysse la laissa se reprendre en restant silencieuse un moment. Il lui fallut peu de temps pour se calmer et elle lui répondit.


-Exactement. Je suis Clarysse Vornang et je suis ravie de te rencontrer Leyän Bàthory.

Clarysse baissa de nouveau son regard, concentré, vers sa tâche après avoir déclaré ces quelques mots. Non pas par impolitesse mais bien parce qu’elle était à une étape importante. Avec son couteau elle retirait les morceaux de cuir trop secs que la graisse n’avait pas réussi à restaurer. Il s’agissait souvent de couches très fines ou de la tranche de l’harnachement. Elle ne pouvait pas se permettre de garder ces zones abîmées qui pouvaient à la longue blesser un animal. C’était ceci que la Maître des écuries voulait absolument éviter, elle ne se pardonnerait pas de mal faire son travail par manque d’attention. La jeune femme aura peut-être du mal au début avec ses petites manies mais elle s’y fera au final. Elle n'avait pas vraiment le choix. Elle leva ses yeux un moment de son ouvrage pour regarder la jeune femme qui se tenait encore debout derrière elle. Elle lui fit signe de s'approcher à côté d'elle, un court sourire sur les lèvres :

- Tu peux t’avancer, viens donc t’asseoir ici. J’en ai encore pour un petit quart d’heure avec ça.

Il n’y avait aucun besoin de se précipiter alors autant laisser à Leyän la chance de profiter de la vue qui s’offrait à elle. De ce point de vue, presque le plus haut de l’Académie, on voyait toute l’école mais aussi la majesté des montagnes et surtout l’immensité du ciel. Admirer toutes les nuances de couleurs célestes pouvait prendre un moment. Elle ajouta, avant de replonger son regard dans sa tâche :

-Sois prudente les tuiles sont glissantes.

En réalité, elle ne manquait aucun des mouvements de la jeune femme. Un mauvais geste et elle pouvait déraper puis se rompre tous les os en bas de la tour. Il n’y avait aucun garde-fou pour éviter la chute. Il fallait avoir le pied sûr et la tête froide pour marcher sur ces toits après la pluie. Alors même si elle connaissait certaines capacités de sa nouvelle apprentie, elle ne voulait rien négliger. Ce serait dommage de la perdre aussi tôt. Elle retint un rire nerveux à cette pensée. Et quand Leyän finirait pas s’asseoir à ses côtés elle ne manquerait pas de finir par lui poser les questions qui lui brûlaient les lèvres. Elle n’aura pas forcément la patience d’attendre qu’elle ait fini. Clarysse était prête pour ça.

Leyän Bàthory
Leyän Bàthory

Apprentie Marchombre
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MessageSujet: Re: Patience, une nouvelle Voie s'offre à toi.   Patience, une nouvelle Voie s'offre à toi. Icon_minitimeVen 9 Juin 2017 - 18:38

Leyän était heureuse de se retrouver là, au sommet de la tour marchombre. C'était un endroit qui lui promettait un avenir assurément radieux, et la présence de la maître marchombre devant elle ne faisait qu'appuyer ce qu'elle pensait déjà. Pas une seule seconde, elle n'avait douté que cette rencontre arriverait. Il ne pouvait y avoir qu'une seule raison qui avait poussé la femme devant elle à la convoquer ici, à la tombée du jour. En tous les cas, Leyän n'en voyait qu'une seule. La jeune fille voulait devenir marchombre, et elle y parviendrait. C'était une évidence depuis la première fois qu'elle avait entendu parlé des marchombres. Leyän était déterminée à travailler très dur pour y parvenir, et elle n'avait pas peur des épreuves qui pourraient se mettre sur son chemin. Au fil du temps, elle avait compris que les solutions n'existaient que parce qu'il y avait des problèmes à résoudre. Elle résoudrait ces problèmes un à un, et petit à petit, elle se fraierait un passage sur la voie qui était la sienne.

- Exactement. Je suis Clarysse Vornang et je suis ravie de te rencontrer Leyän Bàthory.

La jeune fille hocha légèrement la tête. C'était son moyen à elle de dire qu'elle était tout aussi ravie de la rencontrer. Elle attendit quelques secondes que la marchombre poursuive. Elle voulait sûrement lui expliquer pourquoi elle était là, ce qu'elle devait faire, lui expliquer les tenants et les aboutissants de cette rencontre. Mais rien ne vint. Clarysse se concentra à nouveau sur ce qu'elle était en train de faire, et Leyän se sentit perturbée. Pourquoi l'avait-elle faite venir jusque là, si c'était pour l'ignorer complètement ? Leyän ne savait pas ce qu'elle devait faire. S'avancer vers la marchombre ? Rester immobile ? S'asseoir ? Avant, elle n'avait jamais été dans une telle situation. Lorsqu'elle rencontrait des gens, ils montraient toujours beaucoup d'intérêt pour elle, souvent parce qu'elle était étrangère ou nouvelle. Mais la marchombre ne montrait aucun attrait particulier pour la jeune rousse, ce qui était amplement suffisant pour la perturber.

Elle décida de ne rien faire pour le moment, et d'observer avec plus de soin les gestes de Clarysse. Elle tenait entre ses mains ce qui ressemblait à un harnais, et elle en découpait quelques parties visiblement abîmées avec un couteau. Elle ne montrait pas la moindre hésitation. Chacun de ses gestes semblait empli d'une précision à toute épreuve et d'autre chose qu'elle était encore incapable de définir. C'était comme si tout était facile, comme si tout était... Fluide. Comme une sorte d'harmonie étrange qui habitait tout ce qu'elle faisait, tout ce qu'elle était. C'était impressionnant et perturbant à la fois. Leyän était sûre que même en allant assouvir ses besoins naturelles Clarysse restait harmonieuse. Après un instant qui sembla durer une éternité pour la plus jeune, la marchombre releva les yeux vers elle, et elle lui fit signe d'avancer.

- Tu peux t’avancer, viens donc t’asseoir ici. J’en ai encore pour un petit quart d’heure avec ça. Sois prudente les tuiles sont glissantes.

Leyän se détendit imperceptiblement. Bien sûr que non, la marchombre ne l'ignorait pas. Il fallait juste qu'elle se montre patiente et qu'elle n'en attende pas trop. Mais c'était difficile. Elle attendait un moment similaire depuis son arrivée, et elle avait déjà fait preuve de beaucoup de patience et de beaucoup de maîtrise d'elle-même pour rester jusque là. Ca ne faisait pas bien longtemps qu'elle était là, mais plusieurs fois elle avait eu envie de s'en aller. A chaque fois, elle avait chassé cette idée à l'ultime moment, en se raccrochant à l'idée qu'un jour, un maître marchombre finirait par la remarquer et par la prendre sous son aile. Alors il était hors de question qu'elle gâche tout maintenant. Ce serait idiot, et Leyän n'était pas quelqu'un d'idiot.

La jeune fille acquiesça d'un air déterminé. Ca n'était pas la première fois qu'elle montait sur des toits. C'était le meilleur endroit où aller lorsque l'on voulait se retrouver seul, et il n'était pas rare que Leyän veule se retrouver seule. Cependant, elle savait à quel point il pouvait être facile de tomber. Une erreur bête pouvait vite arriver. La langue légèrement sortie sous le coup de la concentration, la jeune fille s'accroupit pour progresser jusqu'à Clarysse. Elle était très loin d'avoir la fluidité de la marchombre, et elle devait reconnaître qu'elle n'était pas vraiment à l'aise dans les espaces en hauteur, même si elle adorait ça. Son truc à elle, jusqu'à présent, ç'avait été le maniement des armes. Mais le maniement des armes sur la terre ferme, ou à la limite, sur un cheval. Pas sur une plateforme glissante comme un toit.

Lorsqu'elle atteint enfin la hauteur de Clarysse, elle se cala pour être sûre de ne pas glisser, et elle remonta ses genoux contre sa poitrine. Leyän observa le travail de la marchombre pendant quelques minutes, en silence. Elle n'avait jamais été bavarde. Curieuse, oui, mais pas bavarde. Elle tenait ça de son père, qui avait l'incroyable capacité de rester mutique pendant plusieurs jours, sans que ça ne lui pose le moindre problème. Il avait rapidement appris à Leyän l'importance des mots et de leurs significations, et depuis, il était hors de question pour elle de parler pour ne rien dire. Elle avait appris à s'exprimer autrement, parfois. Avec les gestes de temps en temps, avec le regard, souvent. Mais à ce moment précis, c'était le problème inverse. Il y avait tellement de choses qu'elle voulait savoir, qu'elle voulait demander à Clarysse, qu'elle ne savait plus distinguer l'important du futile. Elle prit une grande inspiration et finit par se lancer.

- Vous allez devenir mon maître, n'est-ce pas ?

Leyän ne s'était pas embarrassée de futilité, elle était allée droit au but. Elle n'était pas assez arrogante pour que sa question ne soit une affirmation, même si elle ne doutait que très peu de la réponse que pouvait lui apporter Clarysse. Il y avait en elle une sorte d'ambivalence permanente qui pouvait la rendre difficile à cerner, mais sans vraiment savoir pourquoi, elle avait la sensation que Clarysse savait déjà qui elle était. Au moins en grande partie. Leyän ne détachait pas ses yeux de ce que faisait la marchombre. Elle suivait avec attention chacun de ses gestes, pour ne rien en perdre. Mais après quelques instants, c'est sur ce qui les entourait qu'elle reporta son attention.

La vue était merveilleuse. Être aussi haut dans le ciel lui donnait la sensation d'être un oiseau, prêt à s'envoler. Leyän aimait cette idée. Les oiseaux étaient des êtres libres, qui pouvaient voyager autant qu'ils le voulaient, et bien au-delà des frontières imposées par les hommes. En voyant les étoiles apparaître une à une, Leyän se sentit nostalgique. Lorsqu'elle voyageait avec son père, il passait le plus de nuits possibles à dormir à la belle étoile, observant ensemble les constellations, cherchant les étoiles filantes pour leurs offrir un voeux ou une pensée. Ceux de son père étaient toujours pour la mère de Leyän. Toujours. Ceux de Leyän l'avaient été, au départ. Et en grandissant, elle s'était mise à espérer trouver sa voie, plus que cette mère qui avait disparu à jamais.

A ce moment-là, une étoile filante passa dans le ciel nocturne. Le regard de la jeune fille s'éclaira une seconde, avant qu'elle ne ferme les yeux pour laisser sa pensée glisser auprès d'elle. C'était un moment silencieux mais ses lèvres remuaient au rythme des mots qu'elle ne prononçait pas. "J'ai beaucoup voyagé sur la terre et les mers. Un jour, j'aimerais pouvoir voyager là-haut, avec les étoiles". Elle eut une pensée fugace pour son père, et pour sa mère, avant de rouvrir les yeux. Ils restèrent figés sur les étoiles un instant, avant de se poser sur un point devant elle. Leyän se redressa légèrement, pour essayer de voir le sol. Elle n'était jamais montée aussi haut, auparavant. Le sol lui paraissait beaucoup plus loin, mais le ciel pas vraiment plus proche. Elle hésita un instant, avant de laisser les mots sortir de ses lèvres.

- Je n'étais jamais montée si haut dans le ciel, et pourtant, il parait toujours infiniment loin de nous. Est-ce qu'il y a un endroit où l'on s'en approche suffisamment pour espérer pouvoir le toucher ?

Clarysse Vornang
Clarysse Vornang

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MessageSujet: Re: Patience, une nouvelle Voie s'offre à toi.   Patience, une nouvelle Voie s'offre à toi. Icon_minitimeSam 24 Juin 2017 - 15:56

Clarysse observa Leyän marcher sur les tuiles puis s’installer à côté d’elle. Il semblait qu’elle avait déjà marché sur un toit mais ça ne l’étonna pas. C’est une coutume assez répandue parmi les élèves de l’Académie. Il n’était pas rare d’en voir perché en hauteur en train de boire des coups en cachette, de s’enlacer ou simplement de réfléchir. Mais seuls les marchombres et leurs apprentis montaient en haut de la Tour Marchombre en pleine nuit. Celle-ci était bien trop haute pour des non-initiés et ses tuiles étaient glissantes de mousse par endroit ou fissurées et instables. Mais l’apprenti ne glissa pas. Et elle ne tomberait pas non plus, la petite marchombre serait là pour s’en assurer. Assises côte à côte sur ce qui pouvait sembler le toit du monde à qui n’avait jamais voyagé, le temps passa. Clarysse sentit le regard de son apprentie posé sur elle et sur sa tâche pendant un moment. Comme tout à l’heure elle semblait attendre quelque chose, comme si c’était au maître de commencer à parler. Comme si elle devait tout lui dire maintenant. Mais ce n’était pas du tout le genre de Clarysse. Elle n’avait jamais aimé bavasser ou parler pour ne rien dire. Le silence avait toujours été un refuge et un moyen de communication fiable. Les mots en dévoilent trop et étaient souvent superflus.

Bon, la femme prenait petit à petit conscience qu’elle allait devoir répondre aux questions de son apprentie et notamment cette première question très importante. Elles avaient énormément de choses à se dire toutes les deux. Clarysse devait lui présenter la Voie et elles allaient devoir passer un contrat. Impossible d’y échapper. Mais rien ne l’obligeait à tout lui dire d’un coup. Elles avaient beaucoup à apprendre l’une de l’autre. Il fallait se connaître avant de se faire confiance pour trois ans. La marchombre avait déjà découvert une grande partie de la personnalité de la jeune femme en l’observant mais cette dernière n’avait aucune idée de qui elle avait affaire. Et même si dans l’euphorie de découvrir la Voie, on pouvait être prêt à tout accepter, cet apprentissage nécessitait un réel engagement et pas une décision prise de manière hâtive. La réponse de la petite marchombre n’allait vraiment pas plaire à sa possible apprentie :


-La réponse à cette question dépend surtout de toi maintenant.

Aucun mensonge ici, juste une vérité énoncée. Clarysse avait déjà fait son choix en contactant l’élève. Elle souhaitait former la jeune femme. Elle n’avait aucune idée si cette dernière allait accepter lorsqu’elle aurait toutes les cartes en main. Cette décision ne lui appartenait plus à présent. Elle s’en remettrait à elle un peu plus tard. Mais ce n’était pas encore le moment, il arriverait vite le moment où elle devrait choisir entre sa petite vie tranquille et la voie de l’Harmonie. Bien plus vite qu’elle semblait le penser. Leyän finit par détourner les yeux de la tâche qui occupait les mains de la marchombre et cette dernière put ainsi l’observer alors que son regard se perdait dans les étoiles. La brunette sourit à cette vision puis attaqua la dernière phase de sa tâche. Lustrer le cuir de la bride qu’elle tenait dans les mains. Elle attrapa un nouveau chiffon en lainage et un pot dans sa besace. Elle s’appliqua donc à cirer le cuir pour lui rendre sa brillance passée. Elle répondit par la suite à la question de la jeune femme :

-On en rêve toujours, mais parfois, on a vraiment l’impression que l’on va y arriver. Les hautes tours d’Al-Jeit donnent cette sensation la première fois. Mais si tu veux mon avis, rien ne vaut les sommets de la Chaîne du Poll, comme si la terre et le ciel se réunissaient au même endroit…

Pas de faux semblants cette fois, pas de demi réponse. Sincèrement, ces deux endroits étaient ceux où elle avait eu le plus la sensation de pouvoir toucher les étoiles du bout des doigts. Le sommet d’une montagne n’est pas un endroit plaisant à aller et il ne fallait pas y rester longtemps car on y ressent le manque d’air mais cette sensation de majesté était incroyable. Et encore, Clarysse savait qu’elle n’avait pas escaladé le plus haut sommet de la Chaîne. Et le ciel y était si présent, si intense. Mais il demeurait toujours inaccessible. On rêvait de s’en approcher toujours plus, de goûter à cette liberté mais cette limite semblait impossible à dépasser pour le commun des mortels.  Qui savait, le Dragon devait certainement être le seul à pouvoir la franchir sans hésiter. Même l’aigle semble en être incapable. Mais rien ne leur empêchait de continuer de tenter de l’explorer.

Clarysse laissa de nouveau le silence les envahir seulement rompu par leurs respirations, le vent et le frottement du tissu sur le cuir. Puis, elle rompit cet instant en rangeant le matériel dans sa besace, en prenant soin de protéger la bride dans un grand chiffon. Puis elle la passa à son épaule. Elle se releva et s’étira de tout son long, inspirant profondément l’air frais du soir. Ferma les yeux une seconde puis les rouvrit, alerte. Elle se tourna vers Leyân qui la regardait, étonnée ou non, il était temps qu’elles discutent. Elle lui sourit sereinement :


-Nous avons beaucoup de chose à nous dire. Allons ailleurs.

Hors de question d’emprunter les escaliers. Clarysse se dirigea vers le flanc sud de la Tour. Le nord était bien trop humide et couvert de mousse. Et sur celui à l’est il y avait trop de vent pour une débutante. Ce côté était bien plus simple pour commencer à évaluer la jeune femme et lui montrer une première facette de la Voie. La marchombre lui indiqua le chemin :

-Nous allons descendre ici.

Elle s’assit au bord du vide, détendue. Leyän la rejoignit peu de temps après.

-Ôte tes chaussures.

Constatant l’air surpris de la jeune femme, elle s’expliqua :

-Tu auras plus de prise avec tes pieds nus, tes bottes vont te gêner. Je t’offrirai des chaussures adaptées à l’escalade, comme les miennes.

Clarysse noua les lacets des bottes de son apprentie ensemble et se les passa autour du cou. Pas très élégant mais bien pratique pour avoir ses deux mains libres. Elle s’échauffa les poignets et les chevilles avant de commencer. Impossible d’éviter cette partie sans risquer de se blesser puis elle lui expliqua les bases en escalade : comment placer ses mains et ses pieds. Où trouver des prises et s’assurer. Comment est réalisée la Tour à cet endroit. Les blocs ne sont joins que de manière grossière, elle devait donc utiliser ces zones comme prises pour les pieds et les mains. La voie pour descendre était simple pour commencer. Rien à voir avec une roche montagneuse ou les tours de la capitale. Ici à l’Académie on trouvait aussi de quoi mettre sous la dent des débutants. Mais c’était déjà un défi. Classiquement, il est plus simple de monter que de descendre mais rien de tel pour braver sa peur du vide que de ne pas avoir le choix. De plus, l’apprentissage marchombre n’avait rien de classique. Heureusement pour l’apprentie, la Lune était bien présente et éclairait parfaitement les pierres sinon, ça aurait été beaucoup moins une partie de plaisir.

-Pour finir, sache que si tu grimpes seule, il faut toujours t’encorder. Mais aujourd’hui, je serai tout le long à tes côtés. Tu ne tomberas pas.

Puis, sans lui laisser plus de temps pour réfléchir, Clarysse bascula vers le vide. Elle ne chuta pourtant pas. Parfaitement fixe sur ses prises. Un pied entre deux pierres et la main opposée appuyée sur une tuile, elle sourit à la jeune femme pour l’inciter à la rejoindre.

Leyän Bàthory
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MessageSujet: Re: Patience, une nouvelle Voie s'offre à toi.   Patience, une nouvelle Voie s'offre à toi. Icon_minitimeSam 30 Sep 2017 - 21:10

Leyän réfléchissait à toute allure. Il se passait un nombre incalculable de choses dans sa tête, et son coeur battait plus vite, comme si elle pouvait enfin toucher son but du bout des doigts. C'était pour devenir marchombre qu'elle avait fait tout ce chemin, pour devenir marchombre qu'elle avait quitté son père, pour devenir marchombre qu'elle avait abandonné ses ambitions pour devenir maître d'armes - même s'il était hors de question qu'elle abandonne le combat. Toute sa vie avait été dédié à ça, et son père lui avait mis une lame entre les mains dès qu'il avait pu. Si la jeune fille rousse avait vite trouvé cet art incomplet, il avait quand même longuement accompagné sa vie, et elle ne se voyait pas vivre sans. Elle espérait que, si Clarysse voulait bien d'elle comme élève, elle lui permettrait enfin de se sentir entière et épanouie, de se perfectionner dans ce qu'elle savait déjà et de découvrir ce qu'elle n'osait pas même imaginer.

La jeune fille accueillit la réponse de Clarysse avec un frisson. Tout dépendait d'elle désormais. Elle ne devait pas décevoir la jeune femme, et elle ne devait pas prendre les mauvaises décisions. Elle n'était pas inquiète d'avoir un tel poids sur les épaules, au contraire. Cette responsabilité était comme un nouveau défi à relever, et les défis étaient depuis longtemps un moteur pour elle. Elle avait besoin de se fixer des objectifs, elle avait besoin d'avoir la sensation de progresser pour pouvoir être efficace dans ce qu'elle faisait. Elle détestait avoir la sensation de piétiner ou de ne pas avancer, et c'était bien ce qui l'avait poussée à quitter son père. Depuis trop longtemps, elle avait l'impression que sa vie n'avançait plus. Elle découvrait tous les jours des choses nouvelles, se créaient de nouveaux liens avec de nouvelles personnes, entendaient des histoires qu'elle n'avait jamais pu entendre auparavant, découvrait des légendes et des arts qui lui étaient inconnus, et pourtant, elle n'avançait pas.

Et là, au sommet de cette tour, tout était très différent. Le temps n'avait pas la même ampleur qu'à l'habitude, comme si le monde flottait - et Leyän avec lui. Peut-être était-il plus lent, lorsque l'on s'approchait du ciel. La rousse était profondément émue par la beauté de ce qui l'entourait, et elle n'aurait échangé sa place pour rien au monde. Il y avait une infinité de questions qui lui traversaient l'esprit, mais aucune d'elle ne parvenait à franchir la barrière de ses lèvres. La réponse de Clarysse provoqua de nouveaux frissons. Les sommets de la chaîne du Poll... Elle les avait vus de nombreuses fois, n'avait jamais pu qu'espérer s'en approcher. L'ascension n'avait jamais été envisageable pour son père, mais Leyän avait toujours rêvé de s'y trouver. Là-haut, derrière les nuages épais qui caressaient les pics avec une douceur onirique, comme une invitation à s'y rendre.

- Nous avons beaucoup de chose à nous dire. Allons ailleurs. Nous allons descendre ici.


La voix de Clarysse la sortit à nouveau de sa torpeur, et elle regarda la femme se lever avec admiration. Comment pouvait-il y avoir autant de grâce, d'élégance, de souplesse, de précision, dans un seul geste ? Comment pouvait-elle se mouvoir en donnant l'impression de flotter ? Elle avait l'air à la fois délicate et dangereuse. Au cours de ses entraînements avec son père et de ses nombreux combats, Leyän avait appris à repérer les adversaires qui étaient dangereux. Clarysse n'était pas son adversaire, et heureusement pour elle. Elle comprit immédiatement que, malgré les années d'entraînement intensif qu'elle avait derrière elle, et même si elle saurait sans doute se débrouiller, elle n'avait simplement pas la moindre chance face à la femme. Cette sensation l'agaça autant qu'elle la poussa à connaître davantage la marchombre. Elle aussi voulait dégager cette impression de dangerosité, elle aussi voulait pouvoir...

- Ôte tes chaussures. Tu auras plus de prise avec tes pieds nus, tes bottes vont te gêner. Je t’offrirai des chaussures adaptées à l’escalade, comme les miennes.

Leyän fut réellement surprise, et ne chercha pas à s'en cacher. Cependant, elle ne protesta pas, et s'exécuta presque instantanément. Elle sentit tout de même son coeur se tordre lorsqu'elle remit les chaussures à la femme. Ces bottes représentaient beaucoup de choses pour elle. C'était son père qui les lui avaient faites, et elle n'avait jamais trouvé quoi que ce soit de plus confortable pour voyager et pour marcher de longues heures durant. Mais il était vrai qu'elles n'étaient sûrement pas adaptées à l'exercice auquel elle allait se prêter. Elle aurait sans doute glissé avant même d'avoir eu le temps de montrer à Clarysse qu'elle était prête à se donner à fond dans ce qu'elle lui demandait, et également qu'elle apprenait vite. Elle ne doutait pas un seul instant qu'elle allait réussir. Si elle n'en était pas capable, Clarysse ne lui jamais proposé de faire ce genre de choses. Pas vrai ?

- Pour finir, sache que si tu grimpes seule, il faut toujours t’encorder. Mais aujourd’hui, je serai tout le long à tes côtés. Tu ne tomberas pas.

Cette phrase acheva de rassurer Leyän. Sans savoir pourquoi, sans comprendre comment, elle avait déjà une confiance indéfectible en la jeune femme. C'était un comportement qui ne lui ressemblait pas, et elle se surprenait elle-même à n'avoir aucune méfiance, mais Clarysse avait quelque chose qui faisait déjà vibrer l'âme de Leyän. La jeune fille écarquilla les yeux lorsque la marchombre se laissa basculer et elle retint difficilement un cri. Mais Clarysse ne tomba pas. Clarysse s'envola. C'était comme si elle contrôlait tout : ses gestes et le monde qui l'entourait. Comme si elle avait une connaissance parfaite de la force infernale qui l'attirait vers le bas, et qu'elle se jouait d'elle, avec une facilité déconcertante. En faisant attention de ne pas glisser, elle s'approcha du vide, pour découvrir le sourire rassurant et avenant de la jeune femme. Leyän était impressionnée.

La rousse prit une grande inspiration et elle se tourna pour prendre appuie sur le bord des tuiles. Précautionneusement, elle bascula un de ses pieds nus dans le vide, puis lorsqu'elle eut trouvé le contact rassurant d'un appuie sous ses orteils, l'autre jambe vint rejoindre la première. Elle dut mobiliser toute la force qu'elle avait dans les bras pour ne pas tomber en arrière - et heureusement, elle avait de la force. Elle avait été habituée à porter des charges lourdes et à faire des exercices physiques demandants. Elle remercia silencieusement son père de lui avoir appris ce qu'il lui avait appris, et la langue légèrement sortie sous le coup de la concentration, elle commença à descendre. Lorsqu'elle se trouva au niveau de Clarysse, les bras tendus toujours agrippés aux tuiles, elle jeta un coup d'oeil à la marchombre, et regarda un instant vers le bas. Grossière erreur.

Leyän dut fermer les yeux un instant et respirer pour ne pas se laisser envahir par la peur du vide qui l'aspirait. Elle n'était jamais montée aussi haut, et la descente était toujours bien plus compliquée que l'ascension. Elle n'avait pas le droit à l'erreur. Elle n'avait pas le droit de décevoir Clarysse, et de lui faire penser qu'elle n'était pas une élève à sa hauteur. C'était tout bonnement inenvisageable et impossible, et Leyän ne se le pardonnerait pas. Elle rouvrit les yeux, et après s'être donné le courage nécessaire grâce au regard attentif - et pourtant impossible à déchiffrer - de la marchombre, elle commença sa lente descente vers le sol. Elle était concentrée sur sa tâche, et progressait par étape. A chaque fois, elle s'assurait que son pied était solidement ancré dans la prise qu'elle avait choisi, puis elle crochetait la pierre humide avec des doigts.

Mais très vite, malgré sa force et son habitude de porter des charges lourdes, ou de se battre pendant des heures, elle ressentit une première fatigue dans ses muscles. Ca n'était pas forcément les muscles qu'elle avait l'habitude de solliciter et ses membres étaient en train de la lâcher. Elle était loin d'avoir fini la descente, et pourtant, elle se sentait déjà fatiguée. Leyän serra les dents, et jeta un coup d'oeil vers le sol. Bon sang ce que c'était loin... Elle crispa davantage les doigts et se colla à la paroi dans la position la plus confortable qu'elle put trouver. Mais elle ne voulait pas se reposer trop longtemps. Elle ne voulait pas que Clarysse puisse changer d'avis, ou penser qu'elle n'était pas capable de le faire. Elle en était capable. Alors, Leyän se remit en route, ignorant les cris de ses muscles et sa force qui s'évanouissait au fil des minutes.

Et puis, brusquement, elle manqua de déraper, et se retint de justesse. La jeune fille devint livide, et elle remercia la nuit de masquer en partie la frayeur qu'elle venait de se faire. Mais elle devait se rendre à l'évidence. Peut-être qu'elle n'était pas capable de le faire, finalement. Et ça lui faisait mal à l'ego. Elle avait beaucoup de difficultés à envisager que ça puisse être vrai, que ça puisse lui arriver à elle, mais ses muscles lui hurlaient d'arrêter. Chacun de ses membres tremblait, elle serrait les dents tellement fort que sa mâchoire était douloureuse, et il n'y avait pas un endroit de son corps où elle n'avait pas mal. Ca commençait bien, tiens... Clarysse s'en était sûrement déjà rendue compte, et ça ne faisait aucun doute qu'elle ne voudrait plus d'elle comme apprentie après ça... Mais sous le coup de la fatigue, elle commençait à multiplier les erreurs, et à nouveau, elle glissa.

Cette fois, elle ne parvint pas à se retenir, et elle écarquilla les yeux sous le coups de la surprise. Elles n'étaient plus très loin du sol, aussi, elle n'allait peut-être pas mourir. Mais elle allait se faire mal. Très mal. Elle n'avait jamais appris à tomber correctement, et ses entraînements sportifs ne pouvaient pas lui être d'une grande aide. Elle contracta ses muscles dans une tentative vaine de ralentir sa chute, et se prépara au choc. Mais le choc ne vint pas. Si rapide qu'elle ne l'avait même pas vue bouger, Clarysse était intervenue, et la marchombre la plaqua à nouveau contre la paroi. Leyän se maudit comme si elle venait de faire une erreur éliminatoire, certaine qu'elle ne pourrait pas revenir en arrière désormais. Elle serra davantage les dents, mais n'abandonna pas pour autant sa descente.

- Je... Je suis désolée.

Il y avait beaucoup de rage dans sa voix, mais elle essaya malgré tout de contrôler ses émotions. Elle allait au moins faire les derniers mètres. Il lui restait peut-être une chance de prouver à Clarysse que la prendre comme apprentie n'était pas une idée si terrible, malgré ses erreurs, malgré sa faiblesse. Elle était prête à travailler dur pour rattraper ses lacunes et combler le vide qu'elle avait en elle. Elle y arriverait. Elle devait y arriver.

Clarysse Vornang
Clarysse Vornang

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MessageSujet: Re: Patience, une nouvelle Voie s'offre à toi.   Patience, une nouvelle Voie s'offre à toi. Icon_minitimeVen 20 Oct 2017 - 22:44

Leyän eut besoin de peu de temps pour prendre sa décision et elle se mit rapidement en position face au mur. Puis elle commença à descendre, à son rythme. On aurait pu croire qu’elle avait fait ça toute sa vie, sauf que Clarysse voyait parfaitement la tension dans ses muscles et les prises hésitantes qu’elle choisissait durant cette descente. La petite marchombre était parfaitement concentrée sur son élève et sur ses mouvements. Prête à chaque instant à intervenir. Elle vit tous moments de doutes, toutes les faiblesses et tous les tremblements de la jeune femme. Mais ça ne comptait pas vraiment. Parce que ce qu’elle vit vraiment durant cet exercice c’était la volonté et la détermination qui l’animait. Oui elle avait peur, oui elle avait mal et oui elle ne sentait plus ses muscles mais elle n’abandonnait pas. Elle repoussait ses limites. Voilà ce qu’elle attendait de son élève. Voilà ce que demandait la Voie.

Durant toute la descente, Clarysse se tenait aux côtés de Leyän sans non plus l’envahir, elle lui laissait la place de choisir où se positionner. Mais elle était toujours à portée de bras, attentive. Elle pouvait tomber à tout moment mais la marchombre s’assurerait que ça n’arrive pas. Quand l’élève manqua de tomber la première fois, la brunette était prête, campée, sur ses prises, sa main droite se décolla une seconde, juste le temps de voir qu’elle n’avait pas besoin d’aide. La seconde fois, elle n’hésita pas et bondit sur le côté pour plaquer Leyän contre la paroi. Celle-ci s’y cramponna à nouveau et la marchombre s’écarta à nouveau pour se remettre en position sur le côté. Toujours là pour elle.


-On continue de descendre. A ton rythme.

Elle ne répondit pas à l’excuse de la jeune femme. Du moins pas immédiatement. Il n’y avait aucun besoin de ça entre un maître et son élève mais il allait falloir qu’elles apprennent à trouver un équilibre. Personne ne lui avait appris les règles de cette relation pour le moment, il était normal qu’elle pense devoir prouver quelque chose à Clarysse mais celle-ci avait déjà pris sa décision. C’était Leyän qui devrait choir de faire partie ou non de cette vie. Mais ça elle ne le comprenait pas encore. La descente continua alors plus lentement, puisque l’élève était un peu plus crispée qu’au début et que la fatigue se faisait sentir. Elle manqua de lâcher une nouvelle fois mais se rattrapa au dernier moment sans que la petite marchombre ne doive intervenir. Toujours cette volonté malgré l’épuisement, la femme saluait ça.

Une fois parvenues au niveau du sol, Clarysse laissa le temps à la jeune femme de récupérer son souffle. Elle retira les bottes de son cou, défit la boucle qui les maintenait ensemble puis elle les posa à côté de son élève qui s’était assise sur un muret de la cour de la Fontaine juste au pied de la Tour. Elle s’installa à ses côtés afin de patienter qu’elle se repose à son rythme. Une fois que la respiration de Leyän se normalisa elle se releva et fit signe à son élève de la suivre. Elles empruntèrent la direction des écuries, avec la nuit pour seule compagnie. Heureusement la lune continuait de les guider sur le chemin. La petite marchombre en profita alors pour discuter avec la jeune femme :


-Parlons un peu si tu veux bien…

Elle lui sourit en la regardant et lui demanda donc :

-Dis-moi, qu’est-ce que Marchombre signifie pour toi ?

Cette question pourrait être la plus importante de ce début de formation puisqu’elle  établissait une base de leur relation. Qu’est-ce que la Teylus attendait de son maître ? Et avait-elle une vision erronée de la Voie ? Fallait-il que Clarysse réadapte cette image fausse ou trop idéalisée des marchombres ? Tout ce que dirait la jeune femme lui permettrait de savoir dans quelle direction se dirigerait son enseignement. Elle avait analysé son comportement avec les autres élèves mais n’avait pas vraiment entendu son avis sur l’Harmonie et le Chaos. Savait-elle seulement ce que signifiaient ces mots ? Elles avaient vraiment beaucoup de choses à apprendre l’une de l’autre. Le chemin vers les écuries leur permettrait de discuter plus longuement.

Leyän Bàthory
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MessageSujet: Re: Patience, une nouvelle Voie s'offre à toi.   Patience, une nouvelle Voie s'offre à toi. Icon_minitimeDim 5 Nov 2017 - 23:16

Leyän était toujours aussi tendue, effrayée à l'idée de ne pas répondre aux attentes de celle qui pourrait lui offrir ce qu'elle attendait depuis déjà longtemps. Elle n'était pas à l'académie depuis beaucoup de temps, mais elle était désireuse de commencer à suivre sa Voie depuis déjà des années. Elle avait été heureuse et épanouie de vivre ce qu'elle avait vécu aux côtés de son père, et elle avait appris des choses incroyables au cours de ces moments passés. Mais ce qu'elle découvrait chaque jour à l'académie, et ce qu'elle pourrait découvrir si elle devenait marchombre, ça n'avait pas de prix. C'était très différent de ce qu'elle avait imaginé. Beaucoup plus calme, beaucoup plus reposant. Et en même temps, ça la confrontait à des faiblesses qu'elle n'avait jamais cru avoir jusqu'à lors. Ca la dérangeait beaucoup, mais en même temps, elle s'évertuait à voir le bon côté des choses : maintenant qu'elle était consciente de ses failles, elle avait les outils en main pour y remédier et en faire de nouvelles forces.

Lorsqu'elles touchèrent enfin le sol, Leyän était persuadée qu'elle avait échoué. Elle avait été pathétique et terriblement mauvaise. Elle avait failli tomber à de nombreuses reprises, elle avait mis un temps fou à parcourir ses quelques mètres et son corps tout entier n'était que tremblements diffus et douleur. Elle dut s'asseoir sur un muret pour que ses jambes ne cèdent pas sous elle. Mais à sa grande surprise, la marchombre ne partit pas. Elle ne fit aucun commentaire sur ce qui venait de se passer, mais elle ne montra pas la moindre trace de déception ou de consternation. Leyän avait beau essayé de savoir ce qu'elle pensait, elle avait la sensation de se heurter à un mur. Une expression tranquille sur le visage, ce qu'elle avait en tête était totalement indéchiffrable, aussi, la rousse attendait avidement le moindre indice que la marchombre pourrait lui laisser. Mais rien ne venait.

Enfin, lorsque Leyän eut retrouvé un rythme cardiaque normal et une respiration calme, la marchombre se leva et fit signe à la rousse de la suivre. Sans poser de question, comme hypnotisée par la grâce et l'énergie qui se dégageait de la femme, Leyän se leva et lui emboîta le pas. C'était la première fois qu'elle rencontrait quelqu'un comme ça. Il y avait quelque chose de spécial chez elle, qu'elle n'aurait pas été capable de décrire, mais qui l'envoûtait. Et pour la première fois de sa vie, elle se laissait volontiers aller à ce sentiment d'abandon de la maîtrise de soi. Elle n'avait pas le contrôle, mais ça n'avait pas d'importance. Elle ne connaissait pas Clarysse, pourtant, elle l'aurait suivie jusqu'au bout du monde les yeux bandés. C'était un sentiment étrange et agréable, qui lui donnait l'impression d'être incroyablement légère.

- Parlons un peu si tu veux bien… Dis-moi, qu’est-ce que Marchombre signifie pour toi ?

Leyän s'arrêta presque de respirer lorsque Clarysse recommença à parler, comme si elle avait peur de rater une de ses paroles. Finalement, elle laissa le silence s'installer pour réfléchir à sa réponse. Marchombre était un mot qui signifiait beaucoup pour elle, mais elle n'avait pas la prétention de croire qu'elle en avait saisi toutes les nuances. Elle ne connaissait d'eux que ce qu'elle avait pu apprendre de ses expériences et de ce qu'on en disait, c'est-à-dire pas grand chose. Et pourtant, le mot marchombre avait provoqué un tournant décisif dans sa vie. Elle n'avait pas encore commencé son apprentissage, et pourtant, il était impossible d'ignorer les changements qu'elle avait subi en si peu de temps. Déjà, la séparation avec son père, son immobilisation depuis déjà trop longtemps, l'ouverture progressive vers sa voie, et un certain équilibre qu'elle n'avait jamais su trouver auparavant.

- Je n'ai pas vraiment de réponse à cette question. Je crois que marchombre est un mot aussi magnifique et vaste que le concept qu'il désigne. Il y a quatre mots qui me viennent particulièrement à l'esprit, et qui, je crois, sont liés au premier : équilibre, poésie, liberté et harmonie. Ils résument à eux quatre la façon dont j'envisage ma vie. Oui, c'est ça... Être marchombre, je crois que c'est un mode de vie.

Elle ignorait totalement si c'était la réponse que Clarysse attendait. Elle ignorait encore davantage s'il y avait une bonne réponse à offrir pour une telle question. Elle songeait qu'il lui faudrait des dizaines d'années et peut-être davantage pour découvrir tous les secrets que la voie du marchombre recelait. C'était un océan de mystère et de magie qui lui donnait une envie folle d'y plonger la tête la première et de s'en abreuver malgré le sel qui lui brûlerait la gorge. Un océan aux mille couleurs qui cachait monts et merveilles, et qui l'aiderait à avancer comme elle le souhaitait. Leyän savait ce qu'elle voulait. Elle était sûre d'elle. Malgré son jeune âge, elle avait déjà essayé bien des choses, vu et découvert beaucoup plus que certains vieillards qui ne quittaient jamais leur contrée, et pourtant, elle se sentait encore vide. Vide, mais appelée par ce mot, jour et nuit, depuis trop longtemps pour que ça ne soit qu'une simple lubie passagère. Elle en était persuadée.

- Pour être honnête avec vous, j'ignore presque tout de ce qu'est un marchombre. Vous êtes tellement mystérieux, tellement débordants de secrets insolubles pour ceux qui ne font pas partie de cette Voie... Et pourtant, je ne saurais pas vous dire pourquoi ni comment, mais je me sens attirée par cette Voie, comme si... Elle m'appelait.

Un peu honteuse elle se passa une main dans les cheveux.

- Vous devez me prendre pour une folle. Tout ce que je voulais dire, c'est que j'aimerais énormément en savoir davantage.

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MessageSujet: Re: Patience, une nouvelle Voie s'offre à toi.   Patience, une nouvelle Voie s'offre à toi. Icon_minitime



 
Patience, une nouvelle Voie s'offre à toi.
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