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 Do Mi Sol Do Do Sol Mi Do le vrai <dessinateur> répète avec ardeur :cuicui: [Inachevé]

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Lev Mil'Sha
Lev Mil'Sha

Etincelle
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MessageSujet: Do Mi Sol Do Do Sol Mi Do le vrai <dessinateur> répète avec ardeur :cuicui: [Inachevé]   Do Mi Sol Do Do Sol Mi Do le vrai <dessinateur> répète avec ardeur :cuicui: [Inachevé] Icon_minitimeSam 23 Fév 2013 - 15:30

Le message était sec, concis, bien peu agréable. Et se réveiller sur une convocation aussi vive n’était pas pour plaire au dessinateur. Quoique, la curiosité commençant tout juste à lui désengluer les cils, il s’était rendu d’un pas serein dans les appartements de Myra Ril’Otrin. L’Académie n’était pas déserte, loin de là, mais il avait la désagréable impression d’être un fantôme, de peau et d’os, qui flottait entre les consciences sans les toucher. Il secoua la tête pour se reprendre. C’était perturbant. Et il ne voulait pas être perturbé pour rencontrer la maître dessinatrice.

C’était sans doute puéril, mais Lev avait toujours ressentit à son égard une pointe d’agacement, un ressentit général négatif. C’était probablement dû au fait qu’elle avait pris la place de Ciléa alors que c’était elle qu’il attendait avec tant d’impatience. Oui, puéril, mais tenace. Il souffla par le nez, comme pour expulser ses vieilles rancœurs. Après tout, Myra c’était l’autorité. Haha. Et il lui fallait se soumettre à l’autorité. Haha. Cette pensée le fit rigoler. Un peu compulsivement, avouons-le.

Et puis c’était quoi cette ambiance qui couinait dans les coins ? Partout, des regards tristes, des mines grisâtres et des cernes mauves, les prunelles un peu trop brillantes et les gestes qui se trainent. Une épidémie généralisée ? Lui n’était pas malade en tout cas. Même les microbes ne l’aimaient pas. En revanche, il se posait quelques questions, parce que personne ne toussait, ou très peu. Sa main, amicale se posa sur l’épaule d’une élève, Aequor s’il en jugeait de la couleur azurine de sa bague.  Un bon spécimen au regard des tâches violettes sous ses yeux, de son regard perdu dans un gouffre intersidéral. Elle sursauta, comme s’il venait de l’agresser. Il la rassura d’un sourire doux.


-    Bonjour. Dit, que se passe-t-il ? Je viens de me réveiller, et je ne comprends pas pourquoi tant de grises-mines.

Une flopée de larme gonfla les paupières de la jeune fille, accentuant l’éclat blafard de la peau de ses joues. Il soupira intérieurement, mais lui tapota tout de même l’épaule dans un maigre geste de réconfort. L’autre s’essuya les yeux, renifla de manière bien peu féminine, et murmura, la voix brisée, comme si le Dragon lui-même pouvait l’entendre :


-    C’est… C’est Hestia. Elle est morte la nuit dernière. Au… Pendant le cours de… Combat.


Et voila, les larmes coulaient maintenant sur les joues délavées. Lev réfléchis un instat, cherchant à se rappeler le visage de cette Hestia. Sans y parvenir. En revanche, il se souvenait parfaitement de ses longs cheveux soyeux. Bon, et c’était pour ça que tout le monde faisait la gueule ? Pour un accident ? Un cours de combat n’était pas vraiment le lieu le moins dangereux du monde, Lev comprenait parfaitement qu’un accident puisse arriver. Un instant, il pensa à Egisthe, et à la manière dont il aurait réagi devant cette information. Ca le fit sourire intérieurement. Lui, il arqua les sourcils en mode « oh merde, quelle affreuse tragédie ! », prit les mains mouillées de la jeune fille, et plongea ses yeux dans les siens.

-    Je suis désolé.

Il gagna un câlin dans l’affaire. Bon, il faudrait néanmoins qu’il demande de plus amples informations à quelqu’un d’autre. Quand il ne serait pas convoqué par un professeur. Et surtout à quelqu’un qui ne bégayerait pas autant en parlant.

Après un timide signe de la main, il s’éloigna dans le couloir, en direction des appartements Ril’Otrin. Qui apparurent bien plus vite que prévu. Il soupira, se demandant ce que la dessinatrice allait bien lui dire, ce qui expliquait la dureté de son message de convocation. Il ne toqua pas tout de suite, se composa avant un petit air curieux, qui n’était par ailleurs pas feint. Puis, de ses phalanges retournées, il cogna le bois dur, le son résonnant dans le couloir maintenant vide.



[C'est bien court, mais comme c'est un rp d'introduction angel I love you]

Myra Ril'Otrin
Myra Ril'Otrin

Primat de Kaelem et Maître dessinateur
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MessageSujet: Re: Do Mi Sol Do Do Sol Mi Do le vrai <dessinateur> répète avec ardeur :cuicui: [Inachevé]   Do Mi Sol Do Do Sol Mi Do le vrai <dessinateur> répète avec ardeur :cuicui: [Inachevé] Icon_minitimeJeu 28 Mar 2013 - 13:37

La clé tourna violemment dans la serrure de la salle de dessin, ce qui surprit les élèves par cette humeur massacrante qui habitait Myra cette matinée-ci. L'atmosphère n'aidant pas à cause de ces élèves perturbateurs qui pensaient ces temps-ci avoir tous leurs droits, revendiquant leurs droits envers cet Intendant sans pitié – selon eux – , elle fulminait depuis quelques jours. Et un détail ne venait pas embellir le tableau. Un détail datant de la veille. Une élève était morte durant le cours de combat de Locktar. Hestia. Une jeune guerrière aequor. La primat l'avait croisé à maintes fois, la petite lui souriait toujours en la saluant. Une enfant qui n'aurait pas dû trouver la mort aussi tôt. A son âge... Quelle horreur. Quelle injustice. Frustration, colère aussi un peu. Contre son impuissance.
A vrai dire, ce n'était que pour une seule et unique raison que la dessinatrice était folle de rage. L'humeur des élèves, elle n'en avait que faire, les problèmes de l'Intendant étaient les siens. Non, sa rage n'avait qu'un seul point. Une raison inconnue de tous, sauf peut-être d'un des deux concernés. Sa rage était tournée vers un élève qu'elle croyait pourtant au dessus de ce genre de bassesses.

Lev Mil'Sha. Elle aurait cru qu'il était bien plus malin pour éviter d'utiliser les spires comme il le faisait. Malgré ces pensées, elle lui avait toujours trouvé une aura mystérieuse et indéchiffrable. Elle n'avait jamais réellement été douée pour lire le visage des autres. Un jour elle trouvait untel fort sympathique et doux, le jour suivant il lui paraissait froid et violent. Elle ne lisait pas dans le coeur des gens, elle ne saurait sans doute jamais le faire.
Les seules intuitions qu'elle avait venaient de l'Imagination. Son domaine, sa spécialité. Elle connaissait tout de ces spires. Rien ne lui échappait. Myra s'était bien trop donné aux études, elle s'était bien trop abandonné dans les spires pour qu'un seul détail ne lui fasse défaut. Des années de contemplation, des années de manipulation, des années d'expérience. Rien ne lui échappait.
Lev ne faisait pas exception. Personne. Depuis qu'elle enseignait, elle observait les progrès de ses élèves dans les spires. Le kaelem avait été fiché depuis son arrivée. Son don était sans pareil, il possédait un potentiel hors du commun. Il existait cependant cette ombre au tableau, ce petit quelque chose qu'elle ne savait toujours pas décrypter qui ne voulait pas s'effacer. Quelque chose clochait en lui, elle sentait qu'il n'était que le paraître. Peut-être se trompait-elle, peut-être pas. Il était cependant rare que les spires lui mentent.

Un choc la fit sortir de ses pensées ; un élève pressé venait de la percuter en plein milieu du couloir. Sans même s'excuser, il prit la fuite dans la direction de la salle des légendes. Beaucoup regrettaient Jehan, elle la première, mais peut-être était-ce finalement une bénédiction que Aziel Ril'Krysant vienne mettre son grain de sel dans l'enceinte de l'Académie. Ces enfants étaient de plus en plus malpolis, désintéressés et se croyaient tout permis. Peut-être aurait-elle la paix avec sa maison, les kaelems. Chaque semaine elle pouvait être sûre d'en convoquer un. Et cette semaine-ci ne faisait pas exception.
Elle se souvenait très bien avoir écrit cette convocation deux jours plus tôt. Sa main avait bâclé la lettre, son écriture faisait ressentir cette frustration dans laquelle elle se trouvait, peut-être même cette colère. De toute façon, une convocation ne promettait que très rarement des félicitations. Surtout venant de la primat de cette maison à problèmes. Elle pouvait ne pas être tendre lorsqu'elle le décidait même si en apparence elle était la plus douce des trois. Et c'était le cas ce jour-ci.

Assise dans un grand fauteuil au centre de son bureau, elle attendait. Les coups à la porte ne furent pas long à venir. Myra se leva, ajusta sa robe de primat et s'avança jusqu'à la porte. Elle l'ouvrit lentement et découvrit Lev. Elle l'invita à entrer et referma la porte derrière lui. Se retournant, elle se retrouva face à lui.


- Bonjour, Lev.

Aucune formalité, un simple prénom. Le sien. Elle ne voulait pas aller par quatre chemins, droit au but, comme elle savait si bien le faire. Après tout, c'étaient eux qui lui en donnaient l'habitude à force de la provoquer lorsqu'ils enfreignaient les règles. Elle le faisait cependant toujours avec un demi-sourire. Le regard froid.

- J'ai entendu récemment parler de certains de tes... exploits. A vrai dire, je suis déçue. Je n'attendais pas une telle chose venant d'un élève aussi brillant. Tu me déçois, Lev. Beaucoup.

Aucun nom ne ressortirait même si elle ne doutait pas qu'il sache immédiatement de qui il s'agissait. Elle savait que Einar jouait souvent le rôle de cible. Pour Elio, puis pour Lev maintenant - précisons que ce sont deux kaelems... - . Peut-être en oubliait-elle quelques-uns. Dans tous les cas, il était réputé pour ne pas se faire traiter gentiment par les rouges. Elle avait reçu déjà plusieurs plaintes concernant ses élèves. Ces plaintes concernant toujours les mêmes. Et elle avait beau les convoquer, leurs expliquer certaines choses avec son calme légendaire, rien n'y faisait. Elle n'arrivait pas à calmer leurs ardeurs.
Sauf qu'aujourd'hui, elle était dans un tout autre état d'esprit. Le demi-sourire n'y était plus et son regard était bien plus dur que la vargelite.


- On m'a rapporté ce que...

Elle ne put finir sa phrase, une voix en elle lui intimant que ce n'était plus la solution à adopter face à ses élèves. Elle devait changer de méthode si elle voulait que ses sermons fonctionnent un temps soit peu.

- Comment oses-tu utiliser les spires contre tes camarades, comment oses-tu souiller l'Imagination par de tels actes ? Moi entre ces murs, jamais personne ne pourra entrer dans l'esprit d'une personne sans en subir les conséquences !

Le kaelem s’apprêtait à répondre, elle ne lui en laissa pas le temps.

- Tu parleras quand je t'en donnerais la permission.

Elle ne pouvait laisser passer un tel comportement, elle devait passer outre toutes ses habitudes. La colère n'était pas un habit qu'elle revêtait avec plaisir, mais lorsqu'il le fallait, elle n'y allait pas de main morte. Il ne l'avait pas encore totalement énervée, mais cela ne saurait tarder. Sans doute avec ses paroles.
Le ton de sa voix n'était pas haussé, seule sa dureté avait augmenté. Calme.


- Petit imbécile, que crois-tu faire lorsque tu entre dans l'esprit de quelqu'un ? Surtout d'un camarade ? Tu te crois puissant, est-ce cela ? C'est bien tout le contraire. Ceux qui utilisent les spires pour ce genre de manoeuvre ne sont que des lâches. Ils n'osent pas affronter le danger de face. Et du danger, il n'y en a pas avec un camarade de l'Académie. Que voulais-tu faire ? Qu'espérais-tu ? Donnes-moi une bonne raison à ton comportement inacceptable.

Réponds-moi bien, choisis tes mots. Selon eux, je ne serai pas tendre. Je t'avais en estime, tu ne l'es plus. Rattrape-toi.




[ Editable bien sûr I love you Et... j'aime le titre *.* ]

Lev Mil'Sha
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MessageSujet: Re: Do Mi Sol Do Do Sol Mi Do le vrai <dessinateur> répète avec ardeur :cuicui: [Inachevé]   Do Mi Sol Do Do Sol Mi Do le vrai <dessinateur> répète avec ardeur :cuicui: [Inachevé] Icon_minitimeJeu 28 Mar 2013 - 20:37

Bon, à priori, ce n’était pas pour le féliciter qu’elle l’avait convoqué, bien qu’il n’ait eu aucun doute à ce sujet face au ton de la lettre. Simplement, il ne s’attendait probablement pas à tant d’animosité d’entrée de jeu. Son prénom sonna comme une véritable accusation dans la bouche du professeur. Il haussa un sourcil et son maigre sourire disparut. Attentif, il attendit qu’elle s’explique, ce qu’elle fit rapidement. Sans que pour autant sa lanterne ne s’éclaire. Il allait falloir qu’elle soit un peu plus précise si elle voulait qu’il comprenne sa faute. Il apprécia le « brillant » néanmoins, bien que ça le fasse doucement rigoler.

Il réfléchit un instant, se demandant dans quel domaine il aurait pu s’attirer les foudres de sa primat. Il prenait régulièrement la parole en cours sans y avoir été invité, mais ça ne justifiait pas autant de déception. La soirée que Shaokys avait organisée ? C’était probable, si quelqu’un avait moufté, mais personne ne l’avait vu, il en était sûr. Ses galipettes avec Loïca ? Personne n’était au courant et il n’imaginait pas l’analyste s’étendre sur le sujet. Le fricotage n’était pas interdit… Il ne restait qu’Einar. La soirée de Shaokys ou Einar et ses terreurs de lâche. Mais Einar prendrait-il le risque de s’attirer ses foudres alors qu’il savait pertinemment que Lev serait capable de se venger sur sa petite famille ? Il en doutait, il n’était pas stupide.

Quoique.

Ce fut clairement drôle de la voir chercher un moyen de le sermonner. Comme si on pouvait sermonner Lev Thanaveys. Lev était intouchable, mais il pouvait le paraître, ce qui était très important pour parvenir à se couler dans les normes sociétales. Mais lorsque la raison de sa présence se dévoila au grand jour, sa bouche s’ouvrit en béant d’ahurissement. Ah ben si, finalement il devait être stupide. Plusieurs idées s’échappèrent spontanément de la situation qu’engendraient les aveux d’Einar. Quelque chose avec du sang, des petites mains aux doigts tranchés, et un univers de flammes autour d’une belle ferme en lambeaux. Il cligna des paupières et referma la bouche. Il voulut intervenir mais le professeur ne lui en laissa pas l’occasion. Ses dents crissèrent face au soufflet oral.

Lev acceptait ses fautes, lorsqu’il les considérait comme telles. Il savait qu’il agissait mal, mais ça lui convenait parce que le « mal » n’était finalement qu’une dénomination de ces autres desquels il se jouait. Il considérait les notions de bien et de mal comme importantes mais simplement parce que leur incompréhension le mènerait rapidement en marge de la société, ce qu’il ne souhaitait pas. Cette compréhension lui permettait de s’excuser quand besoin était, de se couler un masque de remords solide et des émotions feintes mais parfaites. Il avait l’habitude de s’excuser pour ses bêtises. Hors, ce dont il n’avait pas l’habitude, c’était bien de faire face à l’accusions d’un acte qu’il n’avait pas commis. Contre toute attente, son flegme vola en éclat. Une colère franche et justifiée fit étinceler ses yeux. Il se pinça l’arête du nez en inclinant le visage, attendant avec impatience que le professeur ait terminé ses récrimination débiles sur une situation dont elle ne connaissait aucun tenant ni aboutissement.

Oui, il s’était joué d’Einar. Oui, il avait cherché à l’effrayé, il avait profité de son apparente faiblesse. Il lui avait fait peur consciemment, et y avait pris du plaisir, avant de s’excuser pour sa conduite, après avoir ressenti de véritables remords pour peut-être la première fois de sa vie. Mais jamais, jamais il n’avait cherché à utiliser les spires contre lui. Jamais il n’avait utilisé son pouvoir pour lui faire du mal. Au contraire. Sa colère face à cette injustice était pure : elle éclaircit ses idées et dota sa voix d’une franchise indéniable, appuyée par son regard étincelant. Il ne devait pas faire d’erreur, cependant. Parce qu’Einar avait l’appui des professeurs en général de par son statut de punchingball reconnu. Il serait difficile de faire croire qu’il était victime d’Einar, en considérant leurs conditions respectives. Mais il avait l’avantage d’avoir la vérité pour lui.

Il se composa un visage relativement serein, avec cependant ce qu’il fallait d’indignation et de respect.


- Ecoutez, je comprends parfaitement votre indignation. Mais je vous assure qu’il s’agit d’une effroyable méprise.

Il vit clairement sur son regard la fameuse expression « mais bien sûr ». Il s’assit doucement face à elle, et la regarda droit dans les yeux, qu’elle avait fort jolis d’ailleurs. Ses mains se lièrent devant ses genoux.


- Je sais… Je sais que je ne suis pas un ange. J’ai à mon actif plusieurs remontrances de professeurs, notamment pour mes interruptions en cours. Il se peut également que j’ai légèrement chahuté Einar. Einar Soham. Mais jamais, jamais, je vous le jure par les divinités, je n’ai utilisé mon don pour l’effrayer ou lui faire du mal.

Le doute s’insinuait-il en elle ? Il la regardait franchement, le regard remplit de vérité.
Il rajouta, face à sa suspicion :


- Comment je sais que vous parlez d’Einar Soham ? C’est le seul dans l’esprit duquel je me suis « introduit ».

Là il allait vraiment devoir s’expliquer.


- Vous parlez d’intrusion, vous me traitez d’imbécile. Mais moi je vais vous raconter ma version de l’histoire. Parce que je vous assure qu’il vous manque des informations.

Elle hocha la tête, acceptant probablement de lui accorder le bénéfice du doute. De toute manière une accusation ne se vérifiait généralement que par la mise en rapport de toutes les versions de l’évènement. Il apprécia sa droiture et sa justesse, indispensable dans ce genre de situation.

- J’ai rencontré Einar à la bibliothèque. J’arrivais tout juste à l’époque. J’étais un imbécile et je lui ai cherché des noises pour m’amuser, parce c’était ainsi que j’étais à l’époque. Rapidement, j’en ai éprouvé des remords. Je me suis excusé, il pourra vous l’affirmer s’il ne ment pas à nouveau. Puis, il m’a assommé avec un livre.

La mine sceptique du professeur lui tira un sourire mental.


- Ensuite je me suis réveillé, et il semblait que nous étions plus ou moins quittes. Je lui ai demandé ce qu’il faisait à l’Académie, il m’a parlé de l’ordre des chantelames –voilà un détail qu’il n’aurait pas pu inventer – Et il m’a demandé comment était l’Imagination. J’avais perçu chez lui un don embryonnaire. Plutôt que de lui expliquer, j’ai voulu, bêtement, lui montrer.

Il maintenait un certain niveau à son récit. Laissait à Myra le bénéfice du doute mains insérant dans ses paroles assez de détails pour lui prouver qu’il n’était pas inventé ni remanié. Et son ton entretenait un certain suspens chargé de donner envie à la primat d’entendre la suite. Il espérait réussir.


- Ça s’est mal passé. Je n’ai pas réussi à canaliser le flux. Je ne me suis pas introduit dans sa tête, j’ai été happé. Je n’ai rien pu faire et lui non plus. Lorsqu’il a pu reprendre ses esprits, il s’est enfui. Moi j’étais trop affaibli pour le poursuivre et m’expliquer : je suis resté dans le couloir, incapable même de me lever.

Il n’avait pas encore son crédit entier, il le savait bien.

- Vous pouvez me punir pour avoir ennuyé Einar peu après ma rentrée. Mais en aucun cas pour avoir utiliser mon don à mauvais escient sur lui. Je ne le permettrai pas, car ce n'est pas vrai.

Il devait sortir son atout, son meilleur atout. Il prit un air dur, et pour la première fois, accusateur envers Myra.

- Et je ne permettrais pas que vous me traitiez de lâche. Je ne suis pas un lâche.

Par pour cette fois, en tout cas. Mais ça elle ne devais pas le savoir.

- Parce que c’est grâce à moi qu’Einar n’est pas mort, lors de l’épreuve d’avant passage. C’est parce que je savais que je pouvais entrer dans son esprit que j’ai pu le retrouver dans les montagnes, que j’ai pu guider les autres pour essayer de le retrouver. J’ai failli y laisser la vie. Et ce, pour sauver celle d’Einar.

C’était la stricte vérité. Il laissa planer un certain silence, histoire d’appuyer ses dires, d’englober dans toute son attitude les faits pour les faire siens, et ceux de Myra. Puis, il reprit d’une voix plus douce :

- J’ai fait des erreurs, je le sais. Mais j’ai changé, depuis, l’Académie m’a changé. Je ne suis plus le noble à l’arrogance majorée par la dévastation de la perte de sa famille complète. Je comprends qu’Einar ai mal interprété mes actes, parce que je me suis mal comporté avec lui. J’en ai payé le prix, croyez-moi. Je n’ai jamais vraiment eu l’occasion de me justifier sur ce qui avait pu se passer, mais dans un sens, et même si cela me mortifie, je comprends par quel cheminement il a pu dériver pour parvenir à la conclusion que je lui voulais du mal. Je crois que je l’avais vraiment effrayé la première fois. Et je crois également qu’il n’a d’ailleurs jamais su que j’étais prêt à mourir pour le retrouver dans les montagnes Mais je vous assure que je ne me suis pas servi de mon don pour l’ennuyer, de quelques manières que ce soit. Il se trouve juste que l’enchainement des situations fut fort mal à propos. Vous-même, n’avez-vous jamais fait d’erreur avec votre don ?

Il se renversa en arrière, appuyant son dos dans le dossier de la chaise. Il résista à l’envie de faire craquer ses jointures, et posa ses mains à plat sur ses cuisses. La tête penchée de côté, il échangeait un regard avec son professeur, et se demandait si ses paroles avaient portées. Après tout, tout était rigoureusement vrai. C’était grâce à lui si Einar était encore vivant aujourd’hui. Et ce petit ingrat semblait clairement l’avoir oublié.

Myra Ril'Otrin
Myra Ril'Otrin

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MessageSujet: Re: Do Mi Sol Do Do Sol Mi Do le vrai <dessinateur> répète avec ardeur :cuicui: [Inachevé]   Do Mi Sol Do Do Sol Mi Do le vrai <dessinateur> répète avec ardeur :cuicui: [Inachevé] Icon_minitimeLun 1 Juil 2013 - 19:03

Le visage du kaelem changea du tout au tout. D'assuré et convaincu, il devint serein teinté d'indignation et de respect. Digne d'un kaelem. Myra avait l'habitude de ces petits rusés, elle savait comment les prendre. Lorsqu'elle était arrivée à l'Académie le premier jour, quelle ne fut pas sa surprise devant ces têtes toutes plus sages les unes que les autres alors qu'on lui dressait que de mauvais profils de plusieurs d'entre eux. Au début, elle se faisait sans cesse manipuler, marcher sur les pieds. Elle ne savait comment s'y prendre. Aujourd'hui c'était différent, sur tous les points. On apprend toujours de ses erreurs et c'était exactement ce qu'elle avait fait. Elle savait comment les prendre à présent, et les instants où elle se faisait avoir par leurs fourberies étaient rares.
Lev avait beau aborder la professeur avec le regard le plus sincère au monde, elle reconnaissait bien là la conduite d'un kaelem découvert. Et même si elle se trompait, elle devait en être convaincue. Hors, une voix dans sa tête lui disait que ses paroles ne suffisaient pas à proclamer son innocence.

Une méprise... Le contraire l'aurait étonnée. Il joua la carte du « je sais que je ne suis pas parfait, mais ce n'est pas moi je le jure », puis jura sur les divinités qu'il n'avait fait aucun mal au jeune Soham. Son regard... Comment pouvait-on ne pas le croire, la sincérité se lisait dans ces galaxies bleues. Mais elle ne se faisait plus avoir aussi facilement. Dans ses débuts, oui. Mais plus maintenant.
Mais... le nom qu'il venait d'utiliser résonnait dans ses oreilles. Comment savait-il qu'elle parlait du jeune Soham ? Comment avait-il fait pour savoir ? S'il était innocent comme il se plaisait à le répéter, il n'aurait pas su. La question serait sortie de ses lèvres, aucun nom n'aurait franchi ses lèvres.
Ah, il avouait. Il s'était introduit dans son esprit. Les sourcils du professeur se froncèrent instantanément. Il osait arborer un tel visage serein devant elle en avouant une pareille chose. Son explication avait intérêt à être des plus convaincante s'il voulait s'en sortir indemne. Même si elle avouait très franchement ne pas le croire quoi qu'il dise. Elle avait appris à les connaître, elle avait appris à déchiffrer leurs gestes. Tous les mêmes, toutes des habitudes. Ils la manipulaient jadis, dans ses débuts, elle n'était plus dupe.

Sa version de l'histoire, elle ne demandait que cela. Hochant la tête, elle attendait toujours sa version, avec ces fameuses informations manquantes. Elle avait toujours été à l'écoute de chacun, elle haïssait les jugements donnés sans preuves. Mais dans ce cas-là, elle était encore plus minutieuse qu'à l'habituel. Il s'agissait de ses élèves, il s'agissait de l'art du Dessin. Les deux jeunes hommes allaient se souvenir de cette affaire.
Le jeune homme commença alors son histoire. Einar, assommer quelqu'un ? Se moquerait-il d'elle ? Elle n'y croyait pas une seconde. Elle les connaissait tous deux, et cette version ne leur ressemblait pas. Il continua, elle l'écoutait. Une question, une démonstration. Démonstration suivie d'un échec. Il s'était fait happé dans l'esprit du teylus.
Pourquoi cette version résonnait de deux manières différentes dans son esprit ? Elle commençait à peiner à faire la différence entre le vrai et le faux. Tout dans les gestes qu'il décrivait ressemblait au jeune Soham.

Des protestations, bien. Elle se demandait quand elles allaient arriver. Soudain, il accusa la professeur de dessin. Le jeune Mil'Sha sortait ses arguments comme un marchombre dégainerait ses armes d'on ne sait où. Malin, il savait où frapper. Il avait sauver Einar durant l'avant-passage. Lorsqu'elle-même était dans un piteux état... Chassant ces pensées sombres fugaces, elle se concentra à nouveau sur la discussion. Mais ses espoirs d'échapper à ces pensées s'envolèrent bien vite.


- ...N'avez-vous jamais fait d'erreur avec votre don ?

De tous les mots sortis d'entre les lèvres du jeune dessinateur, ceux-ci continuèrent à raisonner dans les méandres de souvenirs refoulés. Souvenirs proches, bien trop proches. Souvenirs tout de même. Une erreur... Oui, elle en avait commise. Une. Sauf qu'une différence séparait leurs erreurs respectives. Lui, un camarade en était la victime. Peut-être. Elle, la seule et unique victime était elle-même.
Sa plus grosse erreur... Vouloir toujours monter plus haut, explorer toujours plus loin, tout connaître des Spires. Sa plus grosse erreur, sa seule erreur. Ne pas s'être arrêtée avant, ne pas avoir vu ces ombres qui planaient au-dessus de sa tête, s'être butée à vouloir monter encore et encore. Le résultat, elle s'était retrouvée avec une moitié d'âme. Vouloir toujours monter. Une erreur beaucoup trop cher à supporter. Plusieurs fois, elle aurait voulu en finir. En vain. Les forces lui avaient manquée. Trop faible. Sans son Don, elle n'était rien. Une pauvre silhouette au dos courbé par le poids des remords. Une ombre disparaissant dans les tréfonds d'un passé lointain. Plus rien. Comme morte.

Les poings de la dessinatrice se fermèrent, à en faire blanchir ses phalanges. C'était terminé à présent, son âme était entière à nouveau. Elle était de retour et cela se ressentait en elle. Autour également. Ses élèves étaient moins tendus, ses proches moins inquiets. Elle était là, entière. Avec une légère différence. De la prudence à profusion. Jamais plus elle ne tenterai une chose pareille sans être convaincue du résultat. Jamais.
Myra planta son regard dans celui de son élève, silencieux devant elle. Il attendait. La décision de sa Primat ne venait pas, il ne parlait pas. Et son regard... La femme ne savait plus quoi penser après tout cela, elle était perdue. Lev avait marqué un point, et pas des moindre. Comment juger alors qu'elle même avait commis des erreurs ? Comment être impartiale ? Elle n'en avait aucune idée, perdue. Ses pensées se battaient dans son crâne, se faisant violence, créant un mal de tête indomptable.

Je ne peux le juger en me connaissant... Des fautes, même moi en ai fait... Je ne suis pas sans failles et... La Dame et le Dragon m'ont pardonnée. Ils ont pardonné cette intrusion dans leur domaine. Leur monde. La Dame me laisse plonger à nouveau dans les vagues de l'Imagination, le Dragon me permet à son tour d'enflammer les Spires de mon âme. Ils m'ont pardonnée... Alors comment pourrai-je juger autrui ?

La dessinatrice tenait le regard de Lev sans faillir. Il fallait tout de même qu'elle réagisse, qu'elle fasse quelque chose. Mais quoi donc... Son assurance jusque là inébranlable s'était évaporée en quelques secondes, le temps d'une phrase. Le temps d'un rappel douloureux. Mais elle ne pouvait se laisser aller, elle ne pouvait montrer sa faiblesse devant son élève. Reprenant peu à peu ses esprits et son calme, elle reprit la discussion qui s'était effacée après les dernières paroles du kaelem.

- Comprend-moi, j'ai deux versions devant moi. Que dois-je faire ? Punir, laisser courir, ignorer ? Vous êtes tous deux mes élèves et je ne sais comment me prononcer. Je ne demande qu'à faire surgir la vérité, mais cette tache risque d'être difficile avec tant de preuves contradictoires entre les mains.

Son calme légendaire était de retour, mais la solution s'éloignait de plus en plus d'elle. Il semblait que chacun avait raison, qu'aucun n'avait tord. Le teylus semblait convaincu de sa version, le kaelem également. Elle n'avait jamais été douée pour ce genre de choses, pour faire de l'ordre entre le mensonge et la vérité. Elle se demandait d'ailleurs encore pourquoi l'avoir choisi elle comme Primat de la maison Kaelem. Et cela resterait un mystère comme chaque décision de l'Intendant Hil'Jildwin.

- Je ne peux pas prendre une décision sur le tas comme cela. L'un de vous deux se méprend sur les faits, peut-être ment-il, peut-être se trompe-t-il. Dans tous les cas, je ne peux prendre de décision et je ne peux laisser cette histoire dans un placard surtout pas celui de Cérys /PAN.

Son rôle de Primat et sa nature de dessinatrice ne pouvait laisser cette affaire dans un coin sans réagir. L'usage du dessin était un sujet sur lequel elle ne plaisantait pas.
Se plongeant dans les Spires, elle contorsionna quelques bribes d'Imagination et créa un message qui fila droit dans l'esprit de Loeva.

Bonjour Loeva, c'est Myra. J'aimerai que tu donne un message à Einar Soham, de la maison Teylus : il est convoqué immédiatement dans mon bureau.

Myra ressortit des Spires, toujours droite devant son élève. Les mains l'une dans l'autre, elle reprit la parole.

- J'aimerai tirer cette affaire au clair aujourd'hui, je viens donc de convoquer Soham dans mon bureau à l'instant même.

Elle ne lui laissait pas l'occasion de dire quoi que ce soit, son regard aussi convaincant que l'acier d'un mercenaire au travers de la gorge.


 


[ Désolée, désolée, désolée T.T ]

Einar Soham
Einar Soham

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MessageSujet: Re: Do Mi Sol Do Do Sol Mi Do le vrai <dessinateur> répète avec ardeur :cuicui: [Inachevé]   Do Mi Sol Do Do Sol Mi Do le vrai <dessinateur> répète avec ardeur :cuicui: [Inachevé] Icon_minitimeDim 14 Juil 2013 - 19:21

Ce matin, ce n’était pas les pantalons, ni même Bomon.
Ce matin, c’était les livres qu’il avait empruntés à la bibliothèque qui manquaient sur sa table de chevet. Il empruntait rarement des livres, vu qu’il ne lisait généralement que dans son temps libre de la journée et que dans le cas de figure, il allait directement à la bibliothèque. Mais pour une fois, il avait du emprunter des livres pour faire un devoir supplémentaire pour M’sieur Eternit, parce que Nanar n’avait pas pu rendre le dernier. Vu qu’on lui avait dérobé.
Enfin, il avait cru qu’on les lui avait dérobés, jusqu’à les retrouver dans ses pantalons un jour, après avoir eu un devoir supplémentaire à rédiger. Mais comme on avait volé ses pantalons entre temps, c’était ça le hic.
Enfin bref, il devait faire un devoir supplémentaire avec des livres empruntés à la bibliothèque, mais on lui avait volé les livres. Heureusement, il avait prévu le coup ; il avait terminé son devoir avant de s’endormir. Mais le problème, c’est qu’il allait se faire engueuler quand il faudrait les rendre.
Et la dame de la bibliothèque, elle l’aimait déjà pas trop, parce que c’était pas la première fois qu’il perdait, abîmait ou rendait des livres en retard. C’était pas sa faute si quand on les lui volait pas, il les perdait, non mais.
Pt’être qu’il devrait demander à Ewall s’il avait rien entendu dans le dortoir la nuit dernière. Il commençait à en avoir vraiment assez, mais il avait tellement aucune idée de qui lui piquait et lui planquait ses affaires qu’il ne savait même pas où et comment commencer à mener l’enquête.

M’sieur Eternit avait eu une moue surprise au petit déjeuner quand le petit chantelame alla lui porter ses deux rouleaux laborieusement rédigés à la lueur d’une chandelle en pleine nuit. Faut croire qu’il avait oublié la punition d’Einar, ou bien qu’il ne s’attendait pas à ce qu’il la fasse si vite.
C’était un des pépins de la journée réglée. Le reste rendait Nanar un peu anxieux. Un jour, on allait lui voler son sabre, et jamais lui rendre. C’était ça, sa vraie angoisse.

Il avait fini par craquer sur l’épaule de Kloa, Astragal et Halina au petit déjeuner, tellement cette blague devenait pas drôle. Et le premier conseil qu’on lui avait donné, c’était d’en parler à l’intendant. Comme si c’était facile.

- « L’histoire des crabes cannibales des îles alines à la première ère » par Sire Sil’ Petruchet ? Mais vous me l’avez déjà rendu, Monsieur Soham, des amis à vous sont venus le reporter pour vous. Par contre, si vous avez également « Combattre les rats géants du Septentrion par le feu » et « Siffleurs, je vous ai compris » …

- Non M’dame, j’en ai encore b’soin en fait, j’vous les rends à la fin de la journée j’vous le promets.

- C’est la dernière fois que je vous permets de déborder sur votre temps de prêt, Monsieur Soham. N’abusez pas de ma gentillesse.

- Non M’dame, promis, j’les retrouverai… ‘fin j’vous les raménerai avant ce soir.

Le reste de la journée, il le perdit à ne pas se rendre au cours de combat, et à partir à la recherche des deux livres qui lui manquaient. D’ordinaire, on lui cachait ses affaires dans des endroits innaccessibles à des gens qui n’étaient pas marchombres ou dessinateurs, ce qui lui posait bien des problèmes. Là, par exemple, il retrouva ‘Siffleurs, je vous ai compris » tout en haut du Sablier des Teylus –qui était d’ailleurs toujours cassé, mais il ne savait pas qui les avait cassés.  
Avant d’avoir pu mettre la main sur « Combattre les rats géants du Septentrion par le feu », il tomba sur Loeva qui le cherchait.

Et la raison pour laquelle elle le cherchait suffit à lui ruiner le reste de sa journée. Être convoqué dans le bureau des professeurs, ce n’était jamais bon signe. Mais surtout quand c’était un professeur que l’on n’avait pas en cours. Et c’était pas pour l’aider à se protéger que Dame Myra l’avait fait convoquée, ça non. Elle l’avait plus jamais fait, ça, et il lui en avait un peu voulu d’avoir promis et de n’avoir rien fait.
Après, elle devait être une dame très occupée.

Devant la porte de Dame Myra, Einar tenta de soigner un peu son air. Lisser un peu ses cheveux sales, remettre sa chemise dans son pantalon, essayer de trouver une manière presque intelligente de tenir le très très gros livre qu’il tenait dans ses bras. Faut dire qu’il avait besoin de ses deux bras pour le porter, et qu’on ne pouvait pas trouver une position digne pour porter un bouquin avec deux bras.
Au moment où il allait frapper à la porte, einar se rendit compte que la porte était déjà ouverte. Et quand il vit qui se trouvait à l’intérieur des appartements, il manqua de s’évanouir.
Pour rester digne, il se contenta de pâlir. Beaucoup. Très beaucoup. Et le regard de M’dame Myra le rassura pas du tout. Einar resta sur le pas de la porte, même après avoir été invité à entrer. Entrer dans la pièce, ce serait se rapprocher de Lev Mil’Sha.  Et ça, c’était la chose qu’il avait le moins envie de faire au monde.

- J’sais pas c’qu’il vous a dit sur moi, M’dame
, commença-t-il d’une voix très mal assurée, mais j’ai jamais rien fait. J’vous ai déjà dit tout ce que j’savais sur lui et sur les autres. Vous allez quand même pas le croire, dites ?

Il était au bord des larmes à cause du stress constant de la journée et de l’injustice criante qu’il sentait poindre en lui. Myra l’avait convoquée parce qu’elle croyait Lev, il voyait que ça comme explication. Sinon elle l’aurait juste puni. Ou réduit en petits morceaux.


- Il va encore s’infiltrer dans ma tête pour m’faire vous dire des mensonges et vous faire croire que j’ai tout inventé
, couina le jeune Teylus.Il évitait délibérément de regarder ou de s’adresser à Lev. Si ça s’trouve, avec son Don, c’est lui aussi qui arrête pas de tout me voler et de tout me planquer mes affaires. J’sais que Shawna Djee l’faisait, et ils étaient super potes, M’dame.


Lev Mil'Sha
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MessageSujet: Re: Do Mi Sol Do Do Sol Mi Do le vrai <dessinateur> répète avec ardeur :cuicui: [Inachevé]   Do Mi Sol Do Do Sol Mi Do le vrai <dessinateur> répète avec ardeur :cuicui: [Inachevé] Icon_minitimeDim 21 Juil 2013 - 16:07

 Il n’y avait rien d’autre à ajouter. Lev se cala dans sa chaise un peu rude, un air patient peint sur le visage. Mais intérieurement, il trépignait. Une espèce d’impatience insidieuse, et un étrange sentiment de machiavélisme qu’il sentait poindre. D’une certaine manière, il avait obtenu ce qu’il voulait. Il n’était pas stupide au point de croire que le professeur accorderait tout crédit à son histoire. Après tout, cette altercation n’était pas des plus banales, et il devait convenir que s’il s’était trouvé lui-même face à ce genre de situation, c’est bien évidemment à un Einar microscopique qu’irait le rôle de victime.

Et c’était, finalement, ce qu’il y avait de plus drôle. Son côté démoniaque frétillait à l’idée d’apposer une vérité assurément étonnante à ce genre de situation. Faire passer Einar pour une victime qu’il avait sauvée alors même  que son premier réflexe avait été de le chahuter. Il imaginait par avance la panique peinte sur ce petit visage ingrat. Mais pas de précipitation. C’était là de douces rêveries, puisque rien ne lui laissait penser qu’au final, le professeur jugerait sa version véridique.

En silence, il scrutait le visage de la primat, par en dessous les cils. Il avait tapé juste avec son histoire d’erreur. Mais ce n’était pas, à dire vrai, un total hasard. Outre le fait que pratiquement tous les dessinateurs ont à un moment ou un autre fait des erreurs en voulant pousser leur don un peu trop profondément, il s’était découvert une affinité particulière pour ressentir le pouvoir des autres.

Une trace qui ondule dans l’Imagination, et les cercles, masses organiques et pulsatiles, plus que ronds de couleurs, qu’empruntent les âmes à la recherche  d’inspiration. L’Imagination était vivante, tout le monde en convenait, lui le premier. Une entité vaste comme une galaxie, plus infinie encore que tout ce qui pourrait être un jour. Un être vivant, des anneaux enroulés les uns contre les autres, frottant leurs écailles flamboyantes pour en faire émerger le feu des esprits les plus vivaces. Et cet être vivait des âmes, des fluides spirituels qui jaillissaient par la barrière en un flux d’énergie pure. Il était intimement persuadé que l’Imagination se développait, outre par elle-même, également par les chemins qu’empruntaient les esprits, les créant plus que les suivant. Et le don de chacun, véritable entité à part entière, vivante, n’existait qu’au-delà de l’harmonie des trois concepts que l’humain leur avait donnés : la créativité, le pouvoir et la volonté. Comme la plus primitive des cellules, ces trois créatures conditionnaient l’environnement qui l’entourait, le construisant à travers les circonvolutions flammèches. L’Imagination servait, à ce point, peut-être, de catalyseur à la vie que les dons lui apportaient. C’était un cercle infini, autonourris, qui ne faisait que s’étendre, s’étendre au-delà des limites conceptuelles.

Et avec cette perception des choses, Lev avait développé un talent pour ressentir, comprendre, au moins en partie, les mécanismes agitant le don d’une personne à un instant donné. Si ce don était comme une entité vivante à part entière, il était normal que des traumatismes en altèrent l’intégrité, plus ou moins profondément. Et s’il avait développé au fil des années la capacité de ressentir le pouvoir des autres, d’une certaine manière, l’âme du don, il en était venu à trouver les accrocs, à ressentir les trous, les cicatrices, pour les plus importantes, du pouvoir d’une personne.

Oh, tout cela était très superficiel, bien évidemment. Il ne pouvait caractériser ces « cicatrices », ne pouvaient même pas les dissocier du don primaire. Mais, lorsqu’elles étaient suffisamment importante, il ressentait l’accroc, l’écharde qui dés harmonisait la structure, sans en altérer les capacités. Et la faille, en Myra, était assez importante pour qu’il lui pose la question avec pour objectif de la déstabiliser.

Les secondes s’égrenaient, alors qu’il conjoncturait sur la nature de « l’erreur » de Myra. Aucune réponse, bien évidemment, juste la facilité de laisser son esprit vagabonder, tirant d’étranges conclusions qui n’auraient probablement jamais d’impact sur sa vie « réelle ».

Soudain, Myra regarda derrière son épaule. Lev ne bougea pas tout de suite, comprenant qu’Einar devait arriver. Ce ne fut que lorsqu’il fut invité à entrer, et que Lev n’entendis aucun pas s’approcher qu’il daigna poser son regard sur le visage –livide – d’Einar. Immobile.

Il réfréna à grande peine un sourire carnassier en constatant le trouble du chantelame. Cet ingrat de chantelame. Qu’il avait sauvé des griffes de la mort, qu’il avait tenté d’aider sans prendre en compte sa propre vie. Il avait des témoins, Elio, Halina et Gwëll l’avaient vu faire, l’avaient vu chercher Einar, et leur montrer l’endroit où il était. Einar n’aurait pas raison sur ce coup-là, et il y avait fort à parier que ce serait une leçon cuisante pour ce petit lâche que de savoir qu’un de ses ennemis avait tenté de le sauver et qu’en retour, il l’accusait d’utiliser son sacro-saint pouvoir pour entrer dans sa tête de crevette. Il se demanda ce que pourrait en penser une personne ayant un minimum d’honneur. Une grande honte, spécula-t-il.

Il se leva à demi, un air d’indignation outrée peint sur le visage, à juste titre. L’important était de s’emporter juste assez pour titiller l’esprit de leur professeur, la pousser à la curiosité d’en savoir d’avantage tout en gardant un calme d’adulte, une certaine maturité qui devrait servir d’exemple.

Il se rassit doucement, en gardant les yeux fixés sur le visage enfiévré de son acolyte et siffla, d’une voix tracée de peine et de colère :


-    Et le bénéfice du doute, ce n’est pas une notion enseignée chez les chantelames ? Non plus  que le courage de venir discuter avec une personne pour obtenir des explications qui, présentement, auraient évité un tel dérangement ?

Myra leva une main apaisante, et Lev se tut instantanément, les joues rouges et le menton dressé. Il ne s’était pas trompé sur Einar. Venir se plaindre auprès d’un professeur directement, au lieu de chercher des explications et possiblement des preuves… Sa petite sœur d’adoption avait ce type de comportement. Et elle avait 8 ans. Il renifla de mépris, et tourna son regard vers leur professeur qui garda le silence, peut-être pour lui laisser le temps de s’expliquer.
Il admira secrètement sa volonté de confronter les deux versions, même si d’évidence il était le fautif et Einar la victime.


-    Pour commencer, je crains que le terme « super pote » n’ai pas lieu d’être. Au-delà du fait que Shawna Djee n’ai rien à faire dans cette discussion, je ne l’ai rencontrée qu’en cours. De plus…

Il se tourna à présent vers Einar :

-    Si j’avais voulu te faire dire des mensonges, je ne serais pas ici en train d’essayer de me justifier devant tes inculpations puériles et irréfléchies. Maintenant, mettons les choses au clair : Je n’ai, tu en seras étonné, nullement dit à Madame Ril’Otrin, que tu avais tout inventé, je n’ai aucunement déclaré de mensonges à ton propos, et il s’avère que tout ça est d’une horrible méprise. Si tu étais venu m’en parler directement, peut-être que j’aurais pu t’expliquer. Mais ça aurait demandé un peu de courage de ta part, ce qu’assurément…

-    Suffit, Mr Mil’Sha.

Il se rendit compte qu’il s’échauffait, et inspira une grande bolée d’oxygène pour se calmer. Peut-être que cette situation avait des racines un peu plus profonde, finalement. Il n’aurait pas dû s’emporter. Il se fustigea et se promis de faire plus attention. Sa voix devint plus calme, et plus grave. Il jeta un coup d’œil à leur primat. Il prit l’expression de son visage comme une invitation à continuer dans le calme.


-    Excusez-moi, Madame. Je disais… Si tu étais venu me voir directement, je t’aurais expliqué que je n’ai jamais essayé de rentrer dans ta tête pour te faire du mal. La première fois était une erreur. Je voulais te montrer l’Imagination, à ta demande. Il s’est avéré que je n’étais pas capable de drainer le flot de mon don. La deuxième et dernière fois…

Il planta son regard dans celui d’Einar.

-    Je t’ai sauvé la vie.

L’air incrédule, sceptique et horrifié d’Einar, autant qu’il puisse en juger, était comique. Bien plus que la situation. Il continua se tournant à nouveau vers Myra, avant que le Teylus ne l’interrompe :

-    Elio, Halina et Gwëll en sont témoins. Ils m’ont protégé pendant que je cherchais l’esprit d’Einar après qu’il ait disparu. Je ne l’ai pas localisé à temps pour lui éviter de se prendre un marcheur sur la tête, mais j’ai permis ensuite aux autres d’aller le chercher avant qu’il ne meure de froid et de ses blessures. C’est la stricte vérité. Et j’ai failli y laisser la vie.

Sa voix se fit un peu plus douce, plus maitrisée, comme s’il cherchait soigneusement ses mots. Ses mains se posèrent à plat sur le bois du bureau, alors qu’il déclarait, lentement :

-    Einar, je suis désolé.

Il y avait toute la vérité du monde dans ces mots.


-    C’est vrai que mon comportement fut inacceptable avec toi, dès les premiers instants. Mais par la suite, j’en ai éprouvé de véritables remords. Je ne voulais pas te faire de mal en tentant de te montrer l’Imagination, mais je comprends que tu aies pu le vivre comme une agression, au regard de ce qui avait précédé. Je te demande pardon pour ça. Depuis, j’ai muris, et je ne suis plus le bête type qui ennuie les personnes qu’il juge plus faibles.

Ce que tu es, assurément. Mais aucune intonation de malveillance ne para ses mots. Simplement la douceur, le remord, et encore une pointe de colère, à juste titre.

-    Tu pourras demander à Halina, et à Gwëll. Je vous ai vu ensemble, parfois. Elles te diront que j’ai véritablement essayé de te sauver dans les montagnes, et l’état dans lequel j’étais lorsque j’ai finalement réussit. Peut-être qu’on pourrait être quitte, alors, si tu considères que ma dette a été payée à ce moment-là.

Finalement, c’est à Myra que s’adressèrent ses derniers mots :


-    Je comprendrais ma punition si elle fait suite au comportement que j’ai eu face à Einar à la bibliothèque, puisque la situation d’aujourd’hui en découle directement. C’est à cause de ma bêtise primaire que nous sommes ici. Mais je n’accepterai pas d’être puni pour avoir soi-disant utilisé mon pouvoir pour apeurer – par le dragon que ce terme était dégradant – Einar.

La tension crépitait dans la pièce. Myra le jaugeait profondément, fixement, et il se soumettait tranquillement au scanner de ses beaux yeux, tandis qu’il sentant dans son dos le poids des récriminations du Teylus. Il ne pouvait faire mieux, en termes d’excuse, mais Einar avait prouvé qu’il n’avait aucune fierté. Et en cela, peut-être qu’il lui ressemblait : il serait prêt à se dégrader lui-même s’il continuait de croire à sa stupide version.

Sous l’impulsion d’une idée, il se leva, et fit face à Einar qui n’avait pas bougé. Il lui tendit doucement la main en signe de drapeau blanc.



[Bon, alors, bien évidemment j'édite à volonté si quelque chose ne va pas, notamment pour la réplique de Myra que je me suis permis d'utiliser, et pour le comportement d'Einar, s'il bouge, veut s’assoir, tout ça ! Si quoi que ce soit, MP et j'édite sur le champs ^^]

Einar Soham
Einar Soham

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MessageSujet: Re: Do Mi Sol Do Do Sol Mi Do le vrai <dessinateur> répète avec ardeur :cuicui: [Inachevé]   Do Mi Sol Do Do Sol Mi Do le vrai <dessinateur> répète avec ardeur :cuicui: [Inachevé] Icon_minitimeDim 11 Aoû 2013 - 19:57

Einar cherchait désespérément des yeux le regard de Myra.
Sans succès.
La dessinatrice passait de l’un à l’autre sans jamais s’attarder, sans jamais croiser leur regard plus d’une seconde, alors que les deux jeunes gens exposaient tour à tour leurs arguments.
Croiser le regard de Lev à ce moment précis, ce serait perdre le peu d’aplomb qu’il parvenait à rassembler en se rapprochant en crabe de la Primat des Kaelem. Se trouver plus près d’elle que de l’élève de sa maison lui donnait une impression de sécurité non négligeable. Lev n’allait pas tenter de le frapper ou de le tuer devant une professeur, n’est-ce pas ?
Et puis quand bien même il essaierait, M’dame Otrin elle était beaucoup plus puissante que lui, vu qu’elle était professeure de dessin. Elle le réduirait aussitôt en pâté de termites, et il craindrait plus rien.

Il aurait voulu que la professeur intervienne, qu’elle appuie sa version des faits, mais c’est Lev qui reprit la parole.
Comme si aller lui parler pour éclaircir le malentendu entre eux était une solution viable. Il n’approcherait jamais de Lev plus que la distance de sécurité, à savoir toute la largeur de l’Empire.

Qu’on le traite de lâche, à nouveau, fit tiquer Einar.
Il y était habitué, il essayait pas de s’en défendre. A quoi bon ? Il ne savait pas forcément quoi faire pour que les gens arrêtent d’avoir raison à ce niveau-là, et puis, il le savait, au fond de lui. Il le savait, qu’il était lâche, et que jamais il ne serait allé voir Lev directement, parce que Lev le terrifiait, et la terreur est le pire des freins.
N’empêche.
On pouvait être habitué à être traité de lâche, ça rendait pas ça forcément plus facile de le recevoir en pleine face quatre fois par jour.
Surtout devant des adultes. Devant des adultes dont il essayait de gagner la confiance et la protection.

Que Myra le rabroue à ce moment-là tira un sourire à Einar, qui contribua à dénouer un peu l’énorme nœud qu’il avait dans l’estomac. Il détestait être là. Il n’avait qu’une envie : s’en aller, fuir le plus loin possible. Confronter les problèmes en face, c’était difficile, il fallait pouvoir soutenir des regards, ne pas avoir la voix qui hésite, le menton haut. Et ça, il avait toujours eu du mal.

Le Teylus voulut parler, pourtant, couper Lev pour nier tout ce qu’il était en train de dire, qu’il mentait, qu’il était rentré dans sa tête volontairement pour lui montrer des trucs immondes.

Le regard bleu le brûla. Le glaça. Se planta dans le sien alors qu’il le fuyait depuis le début de l’entrevue, ravagea tout ce qui restait debout dans sa tête.
Sauvé la vie.
Lev.

Non.
Il refusait catégoriquement de le croire.
Il n’avait jamais cru à cette version des faits, pendant le Passage. Il avait pu faire croire ça à tous les gens présents, quand il avait profité du fait qu’il avait disparu pour lui envahir la tête à nouveau et lui causer une terreur monstre alors qu’il était en pleine situation de détresse.
Il n’arrivait pas à ne pas accrocher à son ton, pourtant.
Et surtout, à Myra à l’arrière-plan qui ne réagissait pas.

Les yeux tourbes du Teylus cherchaient à nouveau à croiser son regard à elle. Elle était Primat, elle avait organisé les épreuves et elle avait surveillé les Spires, elle devait FORCEMENT savoir la vérité, elle était forcément au courant de l’évènement et elle savait forcément ce qui s’était passé dans les Spires.
Dites-moi, dites-moi qu’il ment, qu’il n’a jamais essayé de me sauver la vie, qu’il n’est-

Les yeux mordorés de Myra Ril’ Otrin croisèrent enfin les siens, son air était grave, mais pas alarmé. Comment pouvait-il ne pas l’être, pourtant ? Elle n’interrompit pas Lev, se contenta seulement d’hocher d’une voix la tête de haut en bas.
Ca ne pouvait pas.
Ca ne pouvait pas être vrai.

Il ne pouvait pas conceptualiser que Lev Mil’ Sha ait pu… vouloir lui sauver la vie. Lui entrer dans la tête pour des raisons qui n’étaient pas maléfiques.
Avoir tort était toujours extrêmement difficile à avaler. Surtout quand on a passé des heures d’angoisse à éviter une personne qu’on croyait responsable de maux que… que Myra venait de confirmer qu’il n’avait pas commis. Il pouvait se dire que Lev avait aussi réussi à manipuler Myra, mais son respect profond pour les adultes et sa confiance illimitée dans le pouvoir des grandes personnes contredisait cette théorie.
Elle était Primat de l’Académie. Elle ne pouvait pas avoir été manipulée par un élève.

Einar déglutit. Evita le regard iceberg, le regard doré, bref, baissa la tête et contempla ses pieds, incapable de trouver une parade à ça.

Les excuses le firent tiquer. C’était enfoncer le fait qu’il avait tort, et que l’autre n’était qu’un espèce de saint vertueux. Les excuses enfonçaient sa supériorité, et Einar détestait ça.

La main tendue.
C’était sans doute le pire.
Einar la considéra, mal à l’aise. Regarder cette main pour ne pas avoir à lever le regard et à croiser celui de Lev, qui serait sans doute gorgé d’innocence.
Il pourrait refuser, mais c’était de l’obstination débile, et même lui qui était de la plus grande mauvaise foi devait reconnaître qu’il ne pouvait pas porter ses accusations plus longtemps. S’il refusait, c’est lui qui passerait pour le fauteur de troubles et l’empêcheur de tourner en rond. Lev avait vraiment manœuvré sur toute la ligne.
Mâchonnant ses ongles entre ses dents, Einar hésitait.

Il savait que Lev n’était pas innocent.
Il le savait. Pas forcément de ce qu’il l’avait accusé, mais ce Kaelem-là n’était pas ce jeune Parfait qu’il voulait faire croire, et c’était injuste qu’il parvienne à s’en sortir comme ça. C’était profondément injuste.
Einar ouvrit la bouche et prit une inspiration. La retint. Ravala ses mots.
Et si Myra ne le croyait pas ? Lev venait de le placer dans la position du menteur.
Et si Myra n’était pas capable de contenir Lev ? Le jeune homme était à distance de bras du Teylus, et sa main qui se tendait dans un geste d’amitié pouvait tout aussi bien lui prendre la gorge et lui dévisser le cou.
S’imaginer en train de mourir comme ça tira un frisson monstrueux à Einar.
S’imaginer en train de mourir comme… les visions. Comme ce qu’il avait vu. Comme ce qu’il avait vu dans les souvenirs de Lev quand il était entré dans sa tête. Le sang partout.
Partout, sauf dans ses joues, qui se mirent à pâlir subitement. Le regard de Lev à ce moment-là le crucifia littéralement.

Il n’y arrivait pas. Il avait trop peur. Il avait trop peur de ne pas être cru, ou de mourir, ou de tout un tas d’autres trucs. Pourtant, si Myra le croyait, si elle arrivait à voir la vérité dans ce type complètement tordu…
Il était chantelame. Il était censé faire respecter l’harmonie, et des gens comme… des meurtriers comme lui, il fallait qu’on les arrête, qu’ils arrêtent de faire du mal aux gens.
Mais Einar était un lâche.
Viscéralment, profondément, un lâche.

Et Lev le savait. Lev le savait, quand Einar tendit la main à son tour, sa main moite qui aurait pu le montrer du doigt et le désigner comme un psycopathe. Quand Einar prit la main qui lui faisait face, et la serra, le moins longtemps possible, le moins fort possible. Quand il retint la main du chantelame dans la sienne alors qu’il voulait le lâcher, sans serrer trop fort, juste signifier qu’il était le plus fort.
Cette main pleine de veines et de bosses qu’il avait vue s’abattre dans des songes, tuer des gens. Tuer une petite fille. Tuer sa maman.

L’apprenti de Tifen la serra alors aussi fort qu’il put, comme s’il avait pouvait effacer ce qu’il avait vu d’une simple contraction des doigts. Il aurait pu tirer Bomon de son fourreau, garder la main de Lev coincée dans la sienne pour l’empêcher de s’échapper et le tuer, là. Il aurait pu, s’il avait été un—

- … meurtrier.
Sa voix tremblait. Son cœur battait si fort qu’il aurait pu exploser, et sa main dans celle de Lev était plus moite que jamais. C’était tes parents. Des larmes coulèrent le long de ses joues. Comment t’as pu faire ça ? Comment t’as pu les t-tuer ? C’était ta p’tite sœur et tu… les mots lui manquaient pour décrire l’horreur qu’il avait vue. T’es juste un timbré, t’es juste complètement timbré, et tu devrais être arrêté.

Il fallait que Myra réagisse. Il fallait qu’elle réagisse maintenant, ou il allait mourir aussi.
Le regard de Lev, fixé dans le sien, était exactement le même que dans les visions.
Il était sur le point de le tuer.


Myra Ril'Otrin
Myra Ril'Otrin

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MessageSujet: Re: Do Mi Sol Do Do Sol Mi Do le vrai <dessinateur> répète avec ardeur :cuicui: [Inachevé]   Do Mi Sol Do Do Sol Mi Do le vrai <dessinateur> répète avec ardeur :cuicui: [Inachevé] Icon_minitimeDim 1 Sep 2013 - 21:53

Einar apparut sur le pas de la porte. Semblant troublé par la présence qu'il venait de contempler avant de la fuir du regard. La dessinatrice se doutait bien que la rencontre serait loin d'être calme des deux côtés, pas après les révélations qu'il lui avait faites dans son bureau une semaine plus tôt. Il avait peur de se retrouver à nouveau face à Lev Mil'Sha et elle, elle le convoquait dans son bureau. Tous les deux. Elle ne devait pas grimper dans l'estime du jeune Soham, mais c'était loin d'être sa principale préoccupation. Elle voulait simplement les aider, tous les deux. Y voir plus clair pour trouver une solution qui irait aux deux parties.
Ce n'était cependant pas gagné lorsque l'on voyait le regard apeuré d'Einar et sa voix mal assurée. Il semblait désespéré et sans doute doutait-il des intentions de la primat. Pourtant, elle ne voulait que son bien. En le convoquant, elle n'avait jamais eu ne serait-ce que l'envie de le troubler mentalement.
Elle réagit aux peurs de son élève.

- Bien sûr que non, personne n'entrera dans ta tête. C'est une promesse.

Mais elle ne put aller plus loin. Lev prit la parole sans se préoccuper du reste, interpelant le teylus. Beaucoup trop violemment au goût de la professeur. Tout autre réaction de sa part l'aurait, à vrai dire, bien plus troublée que celle-ci. Son tempérament de feu avait toujours été indéniable. Il allait franchir les limites, Myra leva sa main, imparable. Il se tut instantanément, sans protestations de tout ordre.
Sauf qu'elle avait besoin d'entendre les deux versions, son intégrité le désirait. Gardant le silence, elle invitait donc le kaelem à partager son point de vue. Pour autant qu'il calmerait ses ardeurs et surveillerait son langage.
Recevant le message muet de la primat, il prit la parole pour s'expliquer. Même si son ton restait dans le fond menaçant envers son camarade, elle le laissait parler. Sa réponse devint bien vite un monologue. Sauf qu'il commençait à aller trop loin et s'écartait du sujet pour lequel elle l'avait convoqué. Son ton commençait à hausser, il s'échauffait bien trop. Son tempérament le rattrapait.

- Suffit, Monsieur Mil'Sha.

Cette simple phrase suffit à stopper son emportement. Le silence recouvrit la pièce, le regard menaçant de la primat envers le kaelem. Il savait ce qui l'attendait s'il recommençait. Calme, la dessinatrice enjoignit à l'élève de continuer son monologue, dans une atmosphère sereine. Il s'excusa, elle lui offrit un sourire.

Les deux versions se retrouvaient totalement à l'opposé, comme elle le redoutait. Quelqu'un se trompait, quelqu'un possédait la bonne version. Et toutes les deux étaient possibles. C'était dans des moments comme celui-ci qu'elle regrettait de ne pas posséder le caractère de sa mère. Elle, elle savait comment départager deux camps, elle avait toujours su trouver la vérité dans un problème, elle possédait ce don de voyance qui désignait la réalité. Mais Myra n'avait pas pris cette qualité-la chez sa mère. Elle avait sa bonté, sa gentillesse, sa grandeur d'âme. Mais pas cette petite chose qui faisait qu'elle aurait pu démêler ce noeud en un rien de temps. Être impartiale, elle savait le faire. Mais comment départager deux élèves lorsqu'aucune preuve venait appuyer leurs propos ? Si elle décidait de croire l'un d'entre eux, elle pourrait tout aussi bien se tromper. Une chance sur deux. Tout ou rien.

L'on disait qu'enseigner était le plus beau métier, mais on n'en partageait pas les inconvénients. Les décisions difficiles. Ce genre de situations. Lorsqu'elle avait pris la décision d'enseigner son savoir aux jeunes dessinateurs de l'Empire, elle n'avait jamais pensé à devoir jouer le rôle de juge pour des jeunes en quête de leur identité. On le savait, ce genre de jeunes-là étaient les plus ardus à manier. Une seule secousse pouvait bouleverser à jamais leur vie, faire s'écrouler leurs convictions, briser tout ce en quoi ils croyaient. Ces jeunes-ci, il fallait les manipuler avec précaution. Douceur. Et Myra était sans doute la douceur incarnée dans cette Académie - dans tous les cas dans le groupe des primats - , elle ne savait pas comment départager deux jeunes gens comme eux sans en blesser un seul.
La Dame seule connaissait le dénouement de tout ceci.

Il lui avait sauvé la vie... Quand cela ? En quelle occasion ? Lev se tourna alors soudain vers elle. Comment ces trois-là pouvaient-ils être témoins ? Que s'était-il passé et surtout, qu'avaient-ils fait pour que la vie d'Einar soit mise en danger ? Elle faillit demander des explications, il la devança.
Ah... Oui. Elle se souvenait maintenant. Le test de survie, l'avant-passage. Son esprit ne gardait que des bribes de cet instant, esprit alors bien trop imbibé d'alcool. Elle le regrettait... Elle haïssait cette partie d'elle, elle ne pouvait cependant rien n'y faire. Il était déjà trop tard. Ses veines avaient besoin de lui, l'alcool. Besoin... Et non réellement envie. Enfin, si. Elle en avait envie, mais cachait cette vérité à son esprit. Nier était souvent bien plus simple.

Elle tourna alors son regard vers le teylus. Il n'y croyait pas et semblait chercher une réponses dans les prunelles de son professeur. Elle avait parlé de cet incident avec les autres primats, elle s'en souvenait à présent. Il l'avait bien sauvé. Elle acquiesça donc, confirmant les dires du kaelem. Einar était mal, cela, elle le voyait bien. Son regard fuyait la réalité, il n'y croyait pas.

Mais le jeune dessinateur reprit la parole avant qu'elle ne rassure son élève. Des excuses. On avançait un peu, bien. Lev surprit sa professeur, positivement. Elle ne s'attendait pas à de pareilles excuses aussi rapidement. Peut-être sortiraient-ils de cette galère plus tôt qu'elle ne le pensait.
Il s'adressa soudain à elle. Etait-il sincère ? Elle en avait l'impression. Seulement, qu'il mente ou non, cela n'avait pas d'importance. Elle ne savait pas faire la différence, elle n'avait jamais su. Elle ne pouvait que douter, et s'il était bon menteur, le croire. Et elle le croyait sincère. Il existait cependant un facteur qu'elle ne pouvait oublier. Einar.
Le kaelem se releva et tendit la main à son camarade. Mais rien ne se passa. Les esprits tournaient en rond, personne ne bougeait. La primat pouvait presque entendre les rouages des pensées du teylus. Le temps s'écoulait lentement, presque cinq minutes à présent lorsqu'il tendit la main à son tour.
Enfin. C'était terminé. Myra avait de la peine à croire ce qu'il venait de se passer. Un noeud, elle avait démêlé un noeud. C'était enfin terminé et après une petite mise en garde, elle les renverrait dans leurs dortoirs. Et tout...
Et non.
Le seul mot qui daigna enfin sortir d'entre les lèvres d'Einar fut tout sauf celui auquel la dessinatrice pouvait s'attendre. Ses sourcils remontèrent instantanément, elle stoppa sa respiration durant quelques secondes. Venait-il de dire ce mot-ci ? Avait-elle bien entendu ou devenait-elle sourde avec l'âge ?
Non, du haut de ses trente-six ans, son ouïe était encore parfaite. Il l'avait dit. Tremblant, pâle, quelques mots continuèrent d'émerger. Si le front de Myra était encore plus grand, ses sourcils auraient pu toucher le plafond tant la surprise était de taille.

Et si tout cela était vrai... Elle doutait qu'Einar puisse mentir à un de ses professeurs, qui plus est un primat. Elle en doutait fort. Alors... Elle jeta un coup d'oeil en direction du kaelem et elle ne vit que l'incompréhension. Il s'était assis, sans doute sous le coup de l'accusation. Non. Enlevons le « sans doute », c'était à cause de l'accusation. Il fuyait tout regard, tout contact avec les deux autres présences, il semblait déconnecté. Et Myra ne savait comment réagir à un tel retournement. Son regard allait du teylus au kaelem, tous deux muets. Et aucun d'entre eux n'allait prendre la parole, il était évident. Se retournant vers Einar, elle le rassura d'un regard tendre et parla.

- C'est une accusation très grave, en es-tu conscient ? On ne prend pas ce genre de propos à la légère.

Parlant à présent pour les deux élèves, elle continua. Elle ne pouvait pas les laisser régler leurs problèmes seuls. Ils s'étaient expliqués, à elle de régler tout ceci.

- Je ne demande qu'à éclaircir tout ceci, mais comprenez que vous ne me facilitez pas la tache. Vos deux versions sont opposées l'une à l'autre et voici qu'à présent on me parle de meurtre. Un meurtre qui plus est commis par un de mes élèves, soit disant. Je ne demande qu'à vous croire, autant l'un que l'autre, mais je suis neutre dans cette affaire. Et cette accusation me pousse dans une position bien plus délicate qu'au début de cet entretiens.

Pourquoi tout ceci s'envenimait-il ainsi ? Débutant d'une accusation d'intrusion dans un esprit, il était à présent question de meurtre. Elle n'avait jamais vu cas pareil.

- C'est osé de ta part de l'accuser d'une telle chose, Einar. Je fais confiance à chacun de mes élèves, et j'espère que tu ne me mens pas pour qu'il paye.

Elle se tourna vers Lev, toujours perdu dans ses pensées.

- Lev ?






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Do Mi Sol Do Do Sol Mi Do le vrai <dessinateur> répète avec ardeur :cuicui: [Inachevé]
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