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 Vous serez ce que je suis, et vous ne passerez pour belle qu'autant que je le dis [Terminé]

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Marlyn Til' Asnil
Marlyn Til' Asnil

La Borgne
Messages : 2181
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Age IRL : 31


MessageSujet: Vous serez ce que je suis, et vous ne passerez pour belle qu'autant que je le dis [Terminé]   Vous serez ce que je suis, et vous ne passerez pour belle qu'autant que je le dis [Terminé] Icon_minitimeDim 7 Avr 2013 - 23:56

Tant que la Mentaï restait concentrée sur les activités de Sareyn, le feu rageur de ses veines restait dormant. Mais dès que les minutes ralentissaient, dans les ténèbres ou dans la jaunisse du petit jour, une sorte de torpeur lui enserrait le cœur, cette sensation anesthésiante de vide, de frustration, quelque chose de profondément indescriptible. Déracinée, elle avait l’impression d’être déracinée d’une existence qu’elle chérissait plus que tout. La sensation de déséquilibre et d’instabilité lui donnait la nausée : c’était le retour à l’existence de fuite et d’incertitudes, de dangers latents, terribles.
La nouveauté tenait à ce qu’elle avait des responsabilités.
Le petit bâtiment dont elle se servait comme base avait été transformé, retourné intégralement par l’arrivée et l’installation de la vieille nourrice et du fils de Dolohov. Tout était rangé, restauré, nettoyé, Marlyn avait du ôter les planches qui condamnaient la plupart des fenêtres pour faire entrer la lumière, décrocher les plantes qui séchaient sur les crochets, ranger les fioles dans des placards qui fermaient à clef, réaménager le rez-de-chaussée pour y mettre ses affaires à elle, qui n’avaient apparemment rien à faire dans le champ de vision d’un enfant, surtout quand elles étaient aiguisées ou vénéneuses. Nounou était partie en guerre contre ce qui avait dû être une cuisine en bas, où Marlyn n’avait jamais mis les pieds.

- La Dame me protège, vous devez bien manger quelque part quand vous êtes ici ?

Effectivement, oui, mais toujours froid, de viande séchée ou de fruits, Marlyn était trop souvent en mission et Sareyn à des réceptions pour se consacrer à une tambouille quelconque. Deux-trois prières à la Dame plus tard, la vieille femme retourna au champ de bataille, sous le regard perplexe de la borgne.

Dans la pièce qui servait de chambre, on avait installé l’enfant, ses affaires, et le petit lit où dormait la nourrice pour en rester proche. Marlyn avait du se faire violence pour ne pas installer une barrière de coffres et tracer une grande griffure dans le parquet du salon avec la pointe d’une dague pour y délimiter son territoire. Maintenir une attitude civilisée et neutre envers les évènements permettrait de mieux les supporter. De toute manière, elle serait souvent absente.

Les doyens de l’Académie d’Al-Jeit se montraient de plus en plus impatients avec Sareyn, ses fréquentes disparitions et ses frasques diverses, quand bien même elle pouvait se servir de la santé fragile d’Arbogaste.
Elle devait faire profil bas pendant quelques temps, et quel meilleur moment que maintenant, alors qu’elle n’avait nulle part ailleurs ou être qu’Al-Jeit ? Les affaires de l’ombre lui prenaient beaucoup moins de temps, tout était calme, Elio n’avait pas besoin d’elle pour ses affaires et s’ils se voyaient encore pour les missions les plus difficiles ou les plus intéressantes, chacun d’eux était trop occupé pour parcourir l’Empire en tous sens dix fois par lune.


*

- Vous devez bien comprendre, demoiselle, que cette Académie a pour but de procurer le meilleur enseignement de l’Empire aux jeunes femmes et aux jeunes hommes destinés aux positions les plus dignes. Il n’est pas rare que certains de nos jeunes gens partent, car leur destin les appelle ailleurs, dans leurs familles ; néanmoins nous savons toutes les deux que ce n’est pas votre cas. Si vous ne voulez pas retourner dans votre campagne, vous devez absolument vous conformer à vos devoirs.  

La doyenne des Dessinatrices fronça les sourcils, devant le visage passablement neutre – difficilement maintenu- de Marlyn. Personne n’était dupe de l’agacement et du mépris de l’autre, néanmoins, on attendait d’elles qu’elles soient respectueuses l’une envers l’autre. S’il ne tenait qu’à elles, Sareyn traiterait cette doyenne de vieille poule qui n’a plus mis le pied en dehors des murs de cette Académie depuis des décennies, et la Doyenne Jocasta Dil’ Glass insulterait Sareyn de gourgandine indigne des privilèges qu’on lui accordait.

- Vous êtes au courant pourtant de l’état fragile de Père, Dame. Voudriez-vous me retenir loin de lui alors que le Dragon pourrait l’emmener sur ses ailes du jour au lendemain ?

- Toute responsabilité exige sacrifice, et c’est ce que vous semblez oublier. Vous vous êtes monté à la tête que tout vous est acquis maintenant que certains s’intéressent à votre petit parcours.
Ses yeux brillaient de mépris.

Marlyn restait debout, devant son bureau, les mains jointes dans son dos pour masquer l’énervement qui tendait ses jointures. La Doyenne semblait attendre d’être une réponse, une protestation quelconque. La jeune femme était facile à énerver, et n’attendait qu’une occasion de passer ses nerfs sur n’importe qui mais elle tint bon. Seul son menton se leva un peu, par défi.

- Rappelez-moi votre nom, Demoiselle ?

- Sareyn Til’ Lisan, fille d’Arbogaste Til’Lisan, Dame.

- Exactement. Til’ Lisan. Vous n’êtes, excusez-moi du peu, personne. Et fille de personne, on ne  me convaincra du contraire.

Sareyn eut la bonne grâce de tiquer, comme à chaque fois qu’on évoquait les rumeurs de sa supposée bâtardise.  Mais puisque Arbogaste Til’ Lisan l’avait déclarée sienne par le sang et fait d’elle l’héritière de son nom, les accusations ne pourraient jamais être plus directes que celle de Jocasta. Le silence qui s’installa en attestait, et puis, Sareyn était trop certaine de sa place à Al-Jeit pour craindre cette Doyenne. L’autre souffla entre ses dents et reporta son attention sur les feuilles de parchemin qu’elle épluchait de ses doigts torses.

- Vos progrès sont disparates. Cependant, vos Maîtres sont persuadés qu’avec suffisamment de temps et de concentration, vous pourriez développer de grands talents. Je n’ai malheureusement pas à interférer dans les avis des Maîtres, néanmoins je suis en mesure de juger que le talent ne fait pas l’excellence. Nous cherchons à apprendre à nos élèves à représenter l’Empire de la manière la plus digne et la plus glorieuse afin qu’ils assoient la majesté de l’Empire dans toutes les seigneuries.

- Je regrette, Dame, mais je ne vois pas où vous voulez en venir.

- Ce que je veux dire, c’est que si vous ne cessez pas de vous comporter comme la dernière des ingrates, vous n’irez nulle part, je m’en porte garante.

- Est-ce tout ?
Malgré l’agacement de la situation, Marlyn tentait d’imprimer un ton, sinon humble, au moins calme, à sa question.

- Encore une chose. Comme vous êtes au courant, nous recevrons bientôt la délégation des aspirants Sentinelles pour leurs épreuves finales et la cérémonie d’intronisation. Votre comportement durant les prochains jours sera décisif pour votre avenir. Je ne vous laisserai pas couvrir de honte notre institution.

Le silence s’installa à nouveau, combat de regard, que la jeune femme était destinée à perdre. Sareyn donna sa parole, courba la tête, puis sortit.


*

D’un œil critique, Marlyn relut la lettre qu’elle venait de rédiger, péniblement, à la lueur de sa chandelle. Dans un monde idéal, ses signes auraient le galbe et l’élégance qui seyait à la calligraphie des nobles. Dans un monde idéal seulement ; tenir une plume était gênant, malaisé, même si elle était complètement lettrée à présent, et depuis quelques années.
Ca ferait l’affaire. De toute manière, elle n’aurait pas le courage de la réécrire encore une fois, après avoir changé cinquante fois les formules. Quand elle avait entendu que Ciléa Ril’ Morienval faisait partie des cinq personnes à se rendre à Al-Jeit pour le poste de Sentinelle, Marlyn y avait vu une occasion, peut-être un moyen pour se faire de cette connaissance une alliée. Elle ne l’avait plus revue depuis la réception du Seigneur Hil’ Muran et la partie d’Eljod, mais ses lettres lui tiraient toujours un demi-sourire.
Sareyn appliqua le sceau en cuivre, presqu’effacé, du vieux Til’ Lisan dans la cire chaude et tendit l’oreille. La vieille venait de rentrer, ce qui signifiait la fin de sa veille à elle. Quand elle pouvait, Nounou lui demandait de rester dans le bâtiment pour veiller sur le fils quand elle devait sortir, par crainte de le laisser tout seul dans un endroit aussi dangereux.
D’ailleurs, il avait été remarquablement silencieux, songea Marlyn. Elle n’avait pas vraiment fait attention jusqu’à présent, mais il n’avait presque jamais hurlé depuis qu’il était là. En revanche, il babillait comme une vieille dame, quand il rampait à travers toutes les pièces ou qu’il jouait avec des bouts de tapisserie qu’il pouvait atteindre. De le voir bouger l’avait laissé profondément perplexe aussi, elle n’aurait jamais cru un être avec de si petits membres capable de se hisser à quatre pattes et de se déplacer comme ça, cahin-caha.

Les Spires vibrèrent d’un seul coup par plusieurs côtés, alors que Nounou se mettait à parler. Dans les chemins, Marlyn tenta d’en discerner l’origine, une fois passé le premier battement de cœur – mais non, ce n’était pas la signature du maitre.

* Néphélye ? *

Le dessin était erratique, et le message incompréhensible, c’était comme si l’élève de l’Académie d’Al-Jeit ne parvenait pas à clarifier ses pensées. Elle n’était pas seule dans l’Imagination, d’autres étincelles de leur groupe s’approchèrent, cherchant à capter le message.
Puis elle disparut d’un seul coup comme si elle s’était rendue compte qu’elle s’était égarée dans les Spires en pleine détresse.

* Explication ? *
dessina Marlyn.
* Elle avait espéré être choisie pour être Aspirante Sentinelle,
commença Pyotr d’un ton perplexe, trois Maîtres avaient soutenu son initiative.*
* Sa famille s’y est opposé fermement, elle est promise à Dante Xil’ Bomon et le mariage a été avancé au printemps, donc sa candidature a été annulée. Je crois qu’elle espérait échapper à Dante, si par hasard elle avait été nommée Sentinelle. *
rajouta Aliénor sombrement.

Marlyn sortit de l’Imagination plus amère que jamais. L’échec de Néphélye lui importait peu en soi, mais elle faisait écho à l’inquiétude de nombreuses jeunes femmes de l’Académie d’Al-Jeit  le mariage. Aliénor en souffrait particulièrement, même si elle n’en parlait pas souvent. Promise depuis la naissance au fils cadet d’une autre famille par l’arrangement de ses parents, elle avait été élevée dans la perspective grisâtre de ce mariage, jusqu’à ce que son Don du dessin éclose et que le mariage soit repoussé de plusieurs années le temps qu’elle soit formée. L’ultimatum l’attendait à la sortie, à moins de devenir Sentinelle, sa seule manière de refuser le mariage sans créer de crise diplomatique.

Pauvres petits, songea la Mentaï ironiquement.

- Mangez avant que ça ne refroidisse !
l’enjoignit la vieille nourrice depuis l’autre pièce, occupée à elle-ne-savait-quoi.

Un bol de ragoût brûlant était posé à côté, sur le bureau, apparu comme par magie pendant qu’elle était dans les Spires. Nounou, à cause des habitudes qui avaient régi toute sa vie, continuait de se comporter comme si elle était au Manoir, et servait Marlyn discrètement, sans doute dans l’espoir qu’un meilleur environnement favoriserait une meilleure ambiance pour Astre.  Quelque part, ça touchait un peu Marlyn. Astre et la vieille étaient les seules choses qui la liaient à Dolohov, et elle ne voulait pas les détruire.


*

Le petit rongeur renifla et commença à ronger le rebord du parchemin, ses petites joues gonflées. Marlyn lui gratta l’arrière d’une oreille, à la recherche de la meilleure formulation pour le message qu’elle voulait transmettre. Le chuchoteur n’avait rien de particulier, à ceci près qu’il semblait particulièrement friand du papier utilisé par Ciléa pour sa réponse. Ses petits yeux globuleux renvoyaient des reflets bleus et il avait un pelage un peu fauve, en petites stries grises de plein de nuances. Docile, il attendait, guettait, petite cellule vivante incorporée dans les Spires de Marlyn.
Un geste un peu agacé desserra le laçage de sa robe, puis celui du corset en dessous ; elle préférait porter ce genre de guindage quand Sareyn devait apparaître, pour s’obliger à se tenir droite, à ne pas s’avachir, à paraître. Mais maintenant qu’elle était rentrée, rien ne l’empêchait plus d’aller s’affaler sur la méridienne, la tête sur l’accoudoir.
Et c’est ce qu’elle fit.
Le chuchoteur quitta le bureau et grimpa à ses côtés, le long de ses bras qu’elle étirait vers le plafond, ses petites griffes plantées dans la peau. Il avait le regard très très fixe, un peu nébuleux par moments.

- C’est très important de lui transmettre le message uniquement quand il est seul. Quand tu es sûr qu’il est seul, qu’il n’y a personne avec lui et qu’il n’a pas l’air… trop, préoccupé. C’est compris petite bête ? Message à donner quand il est seul, répéta-t-elle en lui imprimant un peu l’ordre dans les Spires.  

La bestiole attendait toujours. Quel message transmettre ? Et si le chuchoteur était intercepté ? Et si le contacter le mettait en danger ? … Et si le chuchoteur revenait, sans message, qu’interpréter ?

- Dis-lui…

Soupir. Quoi, donner des nouvelles, dire que tout le monde allait bien ? C’était impossible à dire, la vieille était partie le dragon savait où et le gosse était en train de jouer à baver sur son doudou par terre, aux dernières nouvelles. Son Don devenait de plus en plus erratique malgré ses exercices de concentration, et elle voudrait pouvoir le recentrer grâce à ses Spires à lui. Et juste..
Une traction soudaine sur le tissu de ses robes la tira de ses réflexions, et dans la surprise, le Chuchoteur se hérissa, assailli par les Spires déconcentrées de la Mentaï.
L’œil de Marlyn rencontra deux grands yeux un peu mouillés, dans des nuances de bleu encore indescriptibles, et en dessous, un sourire plein de gencives. Les deux poings agrippés fermement dans le satin, Astre se dressait fièrement, la tête dépassant à peine du rebord de la méridienne, sous l’air interloqué de sa mère.
La seconde d’après, il était retombé assis, car la Mentaï avait bougé pour se déplacer, mais peu importait : le petit rongeur se porta à sa hauteur et renifla d’un air curieux le nez de l’enfant, ravi de découvrir le petit animal. Délicatement, Marlyn descendit au niveau du sol, un peu à côté pour ne pas éveiller la moindre crainte, ou les pleurs ou quoi que ce soit dont le petit était capable en sa présence, et l’observa pendant quelques secondes. On aurait dit qu’un espèce de lien un peu primal se créait entre l’animal et lui, même si l’enfant n’avait aucune présence dans les Spires. Pour le coup, elle aurait été curieuse de pouvoir entrer dans leur monde microscopique et de comprendre, ce que deux êtres pareils pouvaient bien avoir à se dire.
En essayant d’ôter sa brutalité naturelle du mouvement, Marlyn prit le chuchoteur des mains d’Astre et la bête remonta le long de son cou pour s’y nicher, comme son espèce en avait l’habitude. Ses petites pattes griffues étaient froides. Chaleur, de spires, de flammes, transmets juste ça, et gonfle-toi donc un peu de chaleur brûlante, petit rat, avant de partir, quitte à ne rien dire avec des mots. Et reste avec lui quand tu auras fini ton message, mais sans te faire voir, s’il veut répondre, imprima-t-elle dans l’esprit de l’animal, qui disparut aussitôt.
Le pas sur le côté du chuchoteur la laissa seule avec son.. fils. Un silence assez pesant s’installa, unilatéralement, à se détailler l’un l’autre. Astre avait changé. Grandi en fait, c’était ça le terme exact. Ses cheveux tombaient en petites boucles sur son front, et il semblait plus grand. Un peu plus humain, c’était ça le terme exact. La borgne voulut tendre la main à nouveau, mais quelque chose dans l’attitude du gamin se tendit ou se hérissa. Très bien. Je suis encore trop grande, c’est ça ?
Descendre encore, sur les coudes, se poser sur le flanc, la tête à hauteur de celle du petit, et elle n’eut pas plus tôt fait ça qu’il se dressa à nouveau sur les genoux et entreprit de tirer sur la robe, se hissa de nouveau. Retomba un peu plus près, tendit  ses mains vers la broche de pierre qui tendait les replis des bretelles. Parce que les rebords des pierres étaient pointus et qu’il risquait de se faire mal, Marlyn matérialisa depuis les Spires une petite boule iridescente pour détourner son attention. C’était sans doute les reflets de la lumière qui illuminaient le regard d’Astre à ce moment-là. En tout cas, Sareyn ne voyait pas d’autre raison pour. Quand la petite balle roula sur le sol en renvoyant des éclats de lumière partout, son fils se mit à rire.
Ca l’atteignit profondément.


*

La cérémonie d’accueil était particulièrement rasante. Assise dans l’assemblée avec tous les autres élèves de l’Académie d’Al-Jeit, Sareyn regardait d’un œil fatigué les cinq dos qu’elle distinguait au premier rang, à part, et qui se levaient parfois quand leur nom était appelé. Les cinq personnes qui aspiraient à devenir Sentinelle. Néphélye n’en faisait pas partie, non, Néphélye était à côté d’elle, l’air abattu et les yeux rougis. Le Magister, flanqué de part et d’autres par les Maîtres, répétait inlassablement à quel point l’Académie d’al-Jeit mettait un point d’honneur à mettre à l’épreuve et à former  les joyaux de l’Empire, à quel point il était fier de régir des conneries, à quel point tout ça, tout ça.
Les Spires en brise, aplaties pour passer sous les différentes détections, plus lentes que d’ordinaire, Marlyn détourna le dessin qui était sur le point de la prendre pour cible, et transforma le vent coulis glacial sensé lui donner la chair de poule en un filet d’eau tout aussi glacial qui glissa le long de la nuque de Pyotr. A l’autre bout de la salle, dans l’assemblée des Dessinateurs, séparés des Dessinatrices, le jeune homme frissonna.
C’était un moyen comme un autre de s’entrainer, dans le groupe, de s’envoyer sans prévenir des dessins nuisibles dans les moments où il fallait rester de marbre, tenait alors à chacun de lutter pour prendre le contrôle du dessin, et de le retourner. Marlyn perdit la lutte contre Aliénor, beaucoup plus concentrée, et une petite aiguille délicatement ornée vint jouer de picotis sur son poignet. Forcément ; la blonde ne faisait jamais dans le rustre, tout s’ornait toujours de fioritures avec une facilité déconcertante dans ses dessins.
L’œil bleu pendant ce temps-là, décryptait les futures Sentinelles. Pas besoin d’introduire Ciléa Ril’ Morienval, qu’elle aurait reconnue dans la foule sans difficultés. Toute la cérémonie, elle avait cherché à croiser son regard ou ses Spires, mais sans succès pour l’instant. Les autres ressemblaient à la description que la dessinatrice de l’Académie de Merwyn en avait faites. Le dernier était beaucoup plus vouté. Plus vieux aussi que tous les autres. On disait que ce n’était pas la première fois qu’il postulait pour devenir Sentinelle mais qu’il était refusé à chaque fois, et qu’il en nourrissait une amertume progressive. Pourquoi, pourquoi, devait-il se dire, refuser ses talents alors après trente ans de bons et loyaux services à servir de relai pour les courriers impériaux entre la capitale et les différentes villes ? Il s’était tué à la tâche, les cheveux blancs avant l’âge d’avoir fait trop de pas sur le côté avec un don qui n’était pas adapté. Mais toujours il avait servi, et loyalement, dans l’attente d’une distinction, n’était-il pas important après tout ! Sentinelle serait sa récompense, et Sentinelle il deviendrait, lui qui connaissait les réseaux de transfert de messages, et par conséquent les réseaux de dessinateurs, mieux que tout le monde. Oui, il était certain, lui, Amyen Qil’ Ranelagh, cette fois, on le reconnaitrait pour ce qu’il valait vraiment.
Mais ça, Marlyn l’avait décrit, au final, dans sa réponse à Ciléa. Ce qu’elle avait gardé de dire, par contre, était l’addiction nouvelle du Amyen pour les substances des charlatans qui prétendaient que l’on pouvait maximiser ses Spires. En découvrant cet homme, la Mentaï l’avait observé en périphérie, et déduit qu’avec un échec supplémentaire, il pourrait peut-être embrasser des pratiques plus déviantes. Qui sait. Autant faire d’une pierre une dizaine de coups dans plusieurs directions, dans une période aussi troublée. Quitte à devoir y passer un peu plus de temps que prévu.

La cérémonie s’acheva dans l’ennui le plus profond, où ses pensées dérivèrent d’un sujet à l’autre, du chuchoteur qui pouvait très bien être crevé, bouffé par un carnivore quelconque ou écrasé sous les rues d’une charrette, ou bien en sécurité, ou que la sécurité soit, pourvu que Dolohov y soit aussi. La sécurité de sa propre cachette était à réviser aussi, mais elle manquait terriblement de temps.

Les cinq aspirants Sentinelles suivirent les représentants elle ne savait où, et elle put enfin sortir de la pièce, en même temps que le reste des gens.
Ciléa Ril’ Morienval… vous et moi devrons avoir une discussion. Le Dragon savait quand.


*

Marlyn était de cette race de gens sanguins qui préféraient provoquer les occasions plutôt que d’attendre qu’elles se présentent.  La jeune femme bifurqua et prit une mine réflexive en regardant les codex et les rouleaux de la bibliothèque, feuilletant parfois l’un d’entre eux sans en apprécier rien de plus que l’excuse. Attendre patiemment, ensuite, assise à une alcove, que les aspirants Sentinelles brisent le groupe et partent chacun à leurs occupations dans les moments libres. Ciléa restait. Marlyn lut jusqu’au bout le traité qu’elle tenait en main, tandis que son esprit, accroché dans les Spires, s’acharnait à centrer les chemins. Fermez-la, juste deux minutes. Arrêtez. Diminuer sa présence, parce qu’elle était entourée d’ennemis et de gens qui pouvaient traquer ses dessins. Mais c’était impossible. Chaque effort qu’elle faisait pour ça, était détruit à la moindre inquiétude. A la moindre pensée que peut-être, en se rendant complètement silencieuse ou inactive, elle raterait un signe.
Un putain de signe hypothétique, le genre de signes qui n’était encore jamais apparu malgré les semaines d’attente. Ca n’ôtait en rien les inquiétudes, au contraire.

Lorsque Ciléa se leva enfin, Sareyn fit mine de se rendre compte de sa présence, et se porta à sa rencontre, un sourire pantinesque aux lèvres.  


- Le Dragon veuille enfin exaucer mes prières, j’ai attendu le début des cérémonies avec la plus grande impatience depuis que nous correspondons. Permettrez-vous que je me joigne à vous pour quelques instants ?

Ne pas attendre de réponse. Laisser à l’autre la possibilité de répondre, c’est lui donner la possibilité de dire non. Mais l’obliger à vous couper, c’est le retrancher dans l’impolitesse, et peu s’y risquaient. Le monde des nobles et ses conventions la fascinaient, à mesure qu’elle les assimilait.

- J’ose croire que les Doyens vous ont réservé le meilleur des accueils, vous êtes ici plus que bienvenue par nous tous, et sans doute plus dans votre élément qu’à l’école du Libérateur.

Pourquoi, en fantôme, le rire d’Astre éclata dans son esprit au moment où elle laissait échapper son propre sourire ? Allons, Marlyn, concentration. Le sentimentalisme n’a sa place nulle part en ce moment, et certainement pas quand tout est à un fil de funambule. La funambule en face d’elle. avait dix longueurs d’avance sur elle, et dansait, pirouettait.
Sareyn emboîta le pas de l’héritière des Ril’ Morienval quand celle-ci se dirigea au dehors des grandes étagères silencieuses.

- Sachez néanmoins qu'à votre disposition, je suis toute entière pour les jours à venir, même même à voir ma Dessinatrice Noire toùber à nouveau sous vos coups, sitôt que vous trouverez un moment à m’accorder. C’est une partie que nous nous devons l’une l’autre maintenant que les circonstances sont un peu moins précipitées, vous rappelez-vous ?

Bien sûr qu’elle se rappelait l’Eljod, évoqué à de multiples reprises dans les lettres. Quant au reste… Aux multiples demandes de Sareyn, aux flatteries, au rappel que, Sareyn s’intéressait à Ciléa, Marlyn à la reine blanche, profondément, d’alliances en alliances et de faveurs en confrontation.
S’il fallait aller jusque-là.
Sentinelle.


Ciléa Ril'Morienval
Ciléa Ril'Morienval

Sentinelle
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MessageSujet: Re: Vous serez ce que je suis, et vous ne passerez pour belle qu'autant que je le dis [Terminé]   Vous serez ce que je suis, et vous ne passerez pour belle qu'autant que je le dis [Terminé] Icon_minitimeMar 7 Mai 2013 - 15:45

Elle était arrivée grace à un pas sur le coté, franchit les kilometres de peurs et de drame enfantins en quelques secondes, le temps d‘un dessin qui ne lui coutait même plus. Risible et ridicule , la façon dont elle s‘érigeait des barbelés, là ou les murs étaient de coton. Un frolement , et un pan s’était éffondré. De sa petite chambre, au fin fond des sous sols de l’académie elle s’était retrouvée devant la porte d’Emeraude, qui fourmillait de tirraillement à la poitrine. Elle l’avait franchi, simplement, sans escorte. Les gardes n’avaient pas détournée la tête lorqu’elle était passée, personne ne l’avait même regardé, sinon la ville elle-meme, du haut de ses hautes citadelles pleines de souvenirs, et les pierres vertes qui étincelaient, comme de grands yeux lisses.

Les retrouvailles avaient été d’une simplicité déroutante, son arrivée ne sembla pas un évenement. Son oncle était absent et sa tante l’invita à prendre une tasse de thé qui fut servie dans le grand salon.

Les immenses baies vitrées faisaient pénétrer la lumière, le jour montait et le soleil de l’ après midi faisait rayonner les dorures des tasses de thé, révélant plus que jamais le pique sous l’éclat de l’astre. Chaque tasse, chaque assiette , chaque cuillere, chaque coupe qui ornait la grande cheminée, chaque petite attache des rideaux légers, encadrant les vitres était marquait. Le symbole était partout et lui rendait les lieux familiers. Pourtant, elle ne connaissait pas la pièce, son père et son oncle ne se regardaient que de loin, lors des cérémonies officielles, ou s’adressaient quelques mots convenus lorsqu’il fallait les croire complice. Ce temps semblait révolu; on l’avait accueilli ici, on l’avait pressé de venir, comme si le froid entre les deux frères Ril’Morienval s’était évanoui lors de la mort de Cameron. L’extinction hantait la lignée, comme une plaie qui s’était répendu et menaçait de frappait les derniers descendant. Il fallait être, il fallait se croire soudé.
Sa tante ne lui ressemblait pas et ce n'était pas qu'une question de lien du sang. La machoire plus carré, elle avait le langage d’une femme rompue à conclure les alliances ou à négocier. Ciléa se sentait étrangement faible, inexpérimentée et Silene lui inspirait une indéfinnissable antipathie sans qu’elle eut pu définir pourquoi. Peut être était-ce ses yeux vifs, sa prompt logique qu’elle devinait derrière ses conversations pourtant peu engagées. De ces personnes qui auraient toujours un coup d’avance sur elle, quoiqu’elle fasse.

Leur conversation se tourna comme naturellement vers les nouvelles d’Al-Jeit . Dès les premiers mots sa tante évinça les sujets de conversations épineux.


« Je ne vous ennuierait pas avec nos histoires de famille, ce qui nous préocupe aujourd’hui est votre réussite..et croyez moi, je sollicite toute mes relations pour vous venir en aide. lorsque vous serez sentinelle, nous aurons tout loisir de parler affaires».

Parler affaires oui, peut être était-ce la raison de toute cette courtoisie. Etant le plus proche parent de son père, son oncle avait hérité de tout le patrimoine de la famille défunte. Patrimoine qui devait lui revenir, aujourd’hui - qui devrait revenir à Ewall corrigea -t-elle-. Mais au fond, sa tante avait raison; rien ne pressait, elle gererait ses finances plus tard. Pour l’instant, elle avait une place à conquérir, les avarices et les négociations viendraient ensuite.

Le visage d’un autre fantôme, l’observait, sur le tableau qui ornait la cheminée. Le portrait de sa défunte cousine était encadré par de sinueux rayons et de piques, qu’on devinait dans les sculptures du bois doré . De la hauteur et la fierté dans les yeux, peut être plus d’ambition qu’elle n’en portait elle-même sur ses épaules, mais les même plis au lèvres, qu’elle trouvait au fond de sa glace. Effet miroir glaçant, sa mains se crispa et le thé lécha les bords de la porcelaine, menaçant de déborder. "Lorsque vous serez sentinelle.".. des paroles, comme un destin et les mots d’Ewall lui revenaient en tête, comme une évidence. Lui suis-je si semblable. Jusqu’à ambitionner les mêmes routes..


« Je logerai à l’académie d’Al-Jeit, je ne vous dérangerai pas et cela me permettra de découvrir les lieux. »

« Le s chambres de l’académie sont petites et inconfortables, … Mais si telle est votre décision, vous êtes majeure après tout..Votre malle est-elle déjà arrivée ? l’attelage est parti il y a quelques jour - Si il vous manque quelque chose ma nièce, ma maison est à votre disposition et j’ai une garde robe qui ne sert plus ici.. Des robes d’Iléa, des robes d’Iléa, les parures de la Sentinelles, les bijoux de la felonne.

Elle sourit, un peu froidement, un peu pale devant cette image d’elle, sans savoir s’il fallait qu’elle relève.

«  Je vous remercie de votre sollicitude , ma tante mais je suis déjà installée.


On lui proposa de monter à l’étage pour prendre l’air un moment et admirer la ville. Le balcon donnait sur une place , des petits jardins, où quelques femmes se promenaient sous des ombrelles. Quelques rues plus loin, Ciléa reconnu leurs appartements d’Al-Jeit, pas ceux ou le meurtre s’étaient déroulé, mais là ou regnait son adolescence, les préparations de bals, les défis d’épée entre leur frère et leurs amis, les cours de piano et de violoncelle.

Plus loin encore, sa tante lui désigna l’académie d’Al-Jeit qui s’érigeait comme un avenir, et elle songea un moment à Sareyn. Se remémora lentement sa silhouette constitué entre leur rencontres nocturne et son imagination: nulle corps distinct, Saréyn n’était que’un halo d’indécente libérté.


« On vous dit talentueuse ma nièce... Mais prenez garde, la ville à changer depuis la dernière fois que vous y avez mis les pieds, et à Al-Jeit, le talent…même le nom ne fait pas tout…
Silene l’observa un moement, silencieuse, elle sentit les yeux d’acier lui transpercer les membres puis, elle s'appliqua à ne pas la fusiller en regards verts. Il s'agissait de sa tante après tout, non d'une roturière insolente qui l'interpeller dans les couloirs de l'académie .

"J'en ai conscience" répondit elle simplement. Elle se mordit les lèves pour s'empecher d'en dire plus,.

« Ne prenez pas mes paroles à la légère, vous avez certes une tête bien faire et du talent dans les spires, mais comme toutes les jeunes filles, vous êtes naïve, Ciléa, et plus encore, peut être que la plupart de celles qui vivent ici: votre exil dans le nord ne vous a pas appris grand-chose des hommes….


-Je ne prends jamais rien à la légère, ma tante et je vous remercie de vos louables attentions mais vous n’avez pas à vous inquiéter. Je saurai faire ce qu’il faut pour réussir.. »
Silene sembla circonspecte puis il y eut un silence et elle repris.
"Vous n’avez pas d’amis, ici, que votre famille, ne vous en défiez pas...."

Au moment de prendre congé sa tante l’accompagna jusque dans la calèche qui devait l’amener à l’académie. Jusqu'au dernier moment elle flatta l’encolure d’un des chevaux qui semblait peu serein.


"Lorsque vous reviendrez nous aurons d’autres choses à nous dire Ciléa..Et nous chercherons pour vous un bon parti..Ce sera une joie pour moi de préparer votre mariage.."

Ciléa sentit comme une énorme griffe lui arracher la nuque mais elle sourit tout de même.

« C’est mon désir le plus cher, ma tante…que la Dame vous garde »

Et Silène s’étant écartée, la voiture s’ébranla.

---


La céremonie fut longue mais elle eut le temps d’observer. Observer les doyens et leurs tenues, toute de symboles, la magnificence de l’amphi théatre ou l’on avait séparé les dessinateur des dessinatrices, ou les maitre se tenait, non pas en uniforme d’un violet atroce mais habillé des tenues les plus fines de tout Gwendalavir . Elle souriait, un peu absorbée à la comparaison avec Al-Poll un peu lointaine, mais assurée. Seule femme parmi les cinq, comme si le choix était déjà fait, la place semblait déjà taillée pour elle sans qu’elle dut esquisser un seul geste.A ses cotés, l’anobli Jil’Sauvon avait adopter une tenue un peu trop tape à l’œil et il qui triturait ses manchettes de dentelles, visiblement mal à l’aise

Tout était si nouveau et si ancien, les sourires, les lumieres et éclat. Tout était troublant et si connu, rendant une plasticité qu’elle avait à peine sentie dans la ville mais qui resonnait, implacable, ici.
---
Elle la sentait, qui rodait non loin d’elle, et leur regard se croisaient, infinement. si ce n‘était pas les yeux , il y avait , comme une présence qu‘elle imaginait, le coin de ce sourire qui lui frollait la nuque, la surprenant dans ces moindres mouvements. D’autre choses lui rodaient dans le crane, pourtant, plus préoccupantes, qui auraient du prendre le dessus, en toute rationnalité. Mais les impressions figés, les regards, lui léchaient les épaules avec plus de force qu’elle ne l’avait cru . L’idée de l’Autre devenait perpetuelle,calfeutré sous une pensée, perçant incessamment sans qu’elle y prenne garde, en demi sourire narquoi. S’en devenait agaçant.


Et sa silhouette, aujourd’hui, venait se calquer, en défi, sur ces impressions fugitives.

Ciléa assembla les affaires qu’elle deposa dans sac , un sourire froid aux lèvres, observant en biais ses épaules dénudées et le tissu qui couvrait son ventre.

« Oui, il est vrai que , les roturiers de Merwyn peuvent se montrer facilement grossier ou provoquant alors qu’ici tout respire le respect de la tradition… Je me sens reelement chez moi. »


Vous changez. Vous différez de ce que l’on est ici, je vous sens sur un fil, funambule de métier. Même vos manières paraissent fausses, empruntes de dédain,tant vous vous contraignez au perpetuel défi, pour ce qui représente l’ordre. Un jeu, un jeu plaisant, et vous êtes un maitre trop séduisant pour être honnete. Vos yeux, vos marques tatoués, vos habits et votre langage font peu de dupe -vous ne prétendez d‘ailleurs pas en faire- . Et qui connait votre don, ne peut plus douter de votre maitrise forcenée.

Enfin..

Elle se dirigea vers le rayon pour remettre le codex à sa place

« Je vous devais quelque chose ? Ah, bien sûr cette partie d’El-Jod de la dernière fois … C’est que comme vous le supposez avec beaucoup de justesse... j’ai beaucoup à faire ces jours… »
Elle croisa son regard bleue ou se lisait cette soumission trop abusive pour être sincere, mais qui la flattait -et après tout, le monde fonctionnait sur ce jeu de dupe depuis trop longtemps pour qu’elle le releve-.


[color=orange]« Nous trouverons un moment pour cela, vous avez ma parole, damoiselle..Et maintenant... Si vous voulez bien » [color/]

"Demoiselle Til’Lisan… j’ai un message du grand maistre de bibliothèque pour vous .. »

Un jeune magazinier malaisé tenant un livre devant lui s’arreta devant Marlyn, bloquant le passage à Ciléa. Il avait le teint cireux de celui qui ne voit jamais le soleil et semblait enserrait dans un habit visiblement trop petit pour lui. Ponctuant sa prise de parole par un toussotement il se redressa et se mis à faire une lecture du document qu’il avait dans les mains.


« Le grand maistre de la bibliothèque vous fait dire que vous avez empruntez  un précieux document, « le hiatus a travers les âges », qui n’a pas été rendu et qui devra l’étre sous trois jours. Si ce délai n‘est pas respecter , il precise qu’il informera la doyenne de l’établissement »Mes hommages mademoiselle Til’Lisan. »


On entendit fuser un chuuut venant des tables et le regard agacé ou amusé des élèves, convergea vers eux.
L’homme ne sembla pas s’en formailiser et fit une petite révérence avant de reparti sous les yeux d’une Ciléa un peu interloquée.

«  [/i] Etrange pratique… murmura-t-elle Après réflexion j’accepte votre proposition de visite mademoiselle Til’Lisan. Je dois me rendre dans de nombreuses et diverses salle cette semaine, cela me fera gagner un temps précieux et nous donnera peut être l’occasion de disputer cette partie d’El-Jod … »

« Vous vous intéressez donc aux hiatus ?
Hasarda Ciléa en sortant de la bibliothèque , c’est..étrange..Comme un phénomène de plus en plus courant, un de mes élèves par exemple..oh, mais vous le connaissez…vous vous rappeler sans doute de Lev Mil’Sha ? Et bien cet étudiant perds les Spires de temps en temps…pour un cours laps de temps…Est-ce aussi votre cas ? 

Elles bifurquèrent à un angle et au bout du couloir, deux jeune filles apparurent qu’elle sembla reconnaitre. La première lisait, absorbée, adossée au mur , alors que l’autre, plus blonde qui rappelait quelque chose à Ciléa semblait essayer de lui parler en petits mouvement de bras sacadés. Alertée par les voix, la lectrice leva des yeux fatigués sur Saréyn, puis son regard passa de Sareyn à Ciléa, revint sur la borgne qu’elle fixa brièvement, quelque chose d’intense dans le regard. Enfin, doucement, elle referma le livre et délaissant la blonde, elle sortit . Le mouvement n’avait pas été assez violent pour être offensant mais il n’y avait aucun doute permis: Leur entrée avait provoqué le départ de la lectrice. Combien avait vous d’ennemi, ici Sareyn ? Quels rumeurs ont entourés votre réputation et forge votre image ? La jeune fille blonde, restée seule, se retourna au moment ou les deux dessinatrice passaient auprès d’elle.

« Ah vous voila enfin Réyn, et ce n‘est pas faute de vous avoir chercher, ou diable étais vous donc passez ?  Ne me dites pas que c’est la vieille Dil’Glass qui vous a encore retenue ... »
Elle avait baissé le ton en fin de fin de phrase, et rougit un peu quand elle sembla reconnaitre Ciléa, fronça le nez et fit un petite révérence
« Oh, mes excuses, ma demoiselle , je vous prenais pour une nouvelle aspirante, Alienor Sil‘Dokart, c‘est un honneur de vous rencontrer … Quoique nos chemin se soient déjà croisés dans le passé… -un brusque souvenir passa dans ses yeux-J‘espère que vous ne me tiendrez pas rigueur pour la manière un peu abrupte dont je vous ai adressé la parole, la dernièe fois…Mais ce Sire Mil’Sha… »
-Vous voulez parler de la reception des Hil’Muran? …La façon dont vous avez porter secours à Sareyn.. À la demoiselle Til’Lisan m’a touché, je dois dire…Les vrais amitié sont des présents de plus en plus rare.. »
Elle sentit le regard de Sareyn, tout pres, évita soigneusement de le croiser.
Comment ne pas se souvenir de la jeune hystérique qui avait défendu l’Autre , griffe et dents pendant la réception ? Vous avez de drole d’amis, Sareyn, sont-ils à votre goût?


« J’espère que les doyens vous ont resérvé bon accueil et que vous avez pu admirer nos magnifiques locaux,. Il va sans dire que nos salles de classe n'ont rien à voir avec le palais des glaces de l’empereur mais cela doit vous changer de la grise forteresse d’Al-Poll…"

Après quelques politesses, elle se tourna enfin vers son amie.

« Sareyn et moi-même allons en ville, je dois trouver de nouveaux rubans pour mes robes d’été…ceux là commencent à être…elle soupira en contemplant les rubans completement défraichis et un étal vient d’ouvrir dans les boutique Ril’Enflazio…Ne faites pas cette tête là Réyn, fit elle indigné, je vous en ai parlé il y a au moins, une semaine…"

« A vrai dire Sareyn Til’ Lisan vient de me promettre une visite de l’académie, mais s le temps vous presse, je peux aussi bien poursuivre mon exploration seule..Elle lui dédia un froid sourire…je suis sure que je n’aurais aucun mal à trouver une autre guide »

[I love you,]


Marlyn Til' Asnil
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La Borgne
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MessageSujet: Re: Vous serez ce que je suis, et vous ne passerez pour belle qu'autant que je le dis [Terminé]   Vous serez ce que je suis, et vous ne passerez pour belle qu'autant que je le dis [Terminé] Icon_minitimeMar 28 Mai 2013 - 2:38

S’il y avait une chose qui pouvait aggraver l’humeur de Marlyn déjà mise à mal en moins de trois minutes, c’était la vision d’Aliénor et Nephélÿe à un tournant de couloir, comme si elles avaient préparé un guet-apens.
En trois minutes, les hiatus –donc, Ciléa ne le savait pas, de Dolohov-, la doyenne et de Lev Mil’Sha avait été abordés. Et maintenant, voilà qu’elle devait gérer Aliénor en plus.

L’intervention du magasinier avait beaucoup atteint Sareyn dans son masque. Pas forcément les reproches, mais le fait que cela soit évoqué devant cette future Sentinelle dont elle essayait de s’attirer les faveurs. Parler de hiatus devant elle, qu’allait-t-elle interpréter ? Qu’elle avait un don instable ? Qu’elle s’intéressait à la science des gommeurs ? Pourrait-elle faire le lien avec les conséquences du diner des Hil’ Muran ? Non, elle ne pouvait qu’être seule à l’avoir perçu, pourtant. D’abord, elle avait emprunté cet ouvrage dans l’espoir qu’il y ait un moyen de détourner l’effet des gommeurs ou de l’anéantir à force de pratique. Les gommeurs étaient une telle abberration et leur effet si monstrueux à subir… La dernière fois qu’elle avait sous l’influence de Gommeurs..
Non, c’était le pire moment pour s’en remémorer. Le masque tenait très mal quand elle pensait à des massacres.
De manière plus inavouée, elle avait aussi espéré trouver une solution pour ses Spires et celles de Dolohov. Rien de moins sûr que cette maudite situation. Comment l’atteindre ? S’il se refusait à tout contact, y avait-il un moyen de l’atteindre quand même ? Etait-ce un problème avec lui ? Ou avec elle ? C’est cette dernière qu’elle jugeait le plus possible. Il était fortement possible que l’incident d’Al-Vor ait causé quelque chose qui empêchait ses Spires de reconnaître celles de Dolohov. Mais aucun des vieux pontes poussiéreux dans leurs bibliothèques n’avait eu de réponse ni même conscience qu’il pouvait exister un problème à ce niveau-là, et de dépit, elle avait foutu le codex au feu. Avant de se souvenir de l’existence de ces maudites règles de bibliothèque.
Et maintenant, Dil’ Glass aurait une nouvelle excuse pour lui faire passer du temps dans son bureau. « On finirait presque par se demander ce dont vous parlez, pour que la doyenne souhaite te voir autant… » avait plaisanté Pyotr, un jour, ce qui les avait tous fait beaucoup rire, et Marlyn par-dessus tout.
Lev Mil’ Sha. Pourquoi n’y avait-elle pas pensé ? S’il subissait vraiment des hiatus aussi, à croire Ciléa, peut-être avait-il quelque chose à voir ? Avait-il affecté son propre Don, ou celui de son maître et amant ? Marlyn en était à songer à ces considérations compliquées de dessin lorsque la voix familière avait perçé derrière la statue.

Si un regard pouvait tuer, chacune des participantes à la scène serait tombée transpercée à la seconde. En particulier Aliénor. Surtout Aliénor.
Nephelÿe les abandonna trop vite pour que Sareyn ait besoin d’émettre une quelconque justification quant à sa présence aux côtés de Ciléa, et c’était tant mieux. Il y aurait tellement de pots cassés à rattraper pour plus tard, tellement d’accusations à soutenir… Etrangement, c’était plus dur de tenir tête à ce genre de jeune fille noble qu’à un mercenaire en plein interrogatoire. La manière dont ces jeunes filles utilisaient les émotions comme des fils de marionnettiste pour obtenir ce qu’elles voulaient… tenait du tour de magie. Même Marlyn finissait par s’y laisser prendre, elle qui ne maitrisait que les émotions violentes et passait outre les subtilités de la plupart des minauderies.
Un léger décalage des épaules, pour éviter la main que la descendante Sil’ Dokhart voulait poser sur elle pour la désigner. Le regard qui remonte, qui se croise, qui sous-entend, qui juge, qui défie, met au défi de contredire, de nier, de refuser. Le regard bleu si percutant qu’Aliénor savait avoir pour obtenir ce qu’elle voulait, au délà des formulations polies et de son apparente frivolité.
Ciléa représentait l’ennemi, mais tout autant la réussite et la fuite vers le haut. Et quoi, très chère Reyn, vous nous abandonnez déjà au profit d’une proie plus grosse, semblait lui dire Aliénor.

Marlyn s’humecta les lèvres. Ses doigts vinrent jouer, tripoter le nœud du foulard qu’elle portait autour du cou, par habitude. Un foulard, souvent une écharpe, toujours quelque chose autour du cou, pour masquer la brulure qui s’étalait le long de ses carotides et qui cachait elle-même une morsure immonde. Petite flaque livide de cicatrices qui attirait bien trop de questions, ou pire, de mains. Même la petite main d’Astre s’y était tendue, un jour qu’elle avait dû le tenir.
Les regards se tournèrent vers elle. Elle était restée silencieuse pendant trop longtemps, un peu en arrière, à tenter de discerner un moyen de se sortir diplomatiquement de cette situation. Il faudrait choisir, le moment venu entre les ascensions et les ennemis possibles. Mais pas maintenant, il était trop tôt, rien n’était réussi avec Ciléa, rien n’était permanent avec Aliénor, rien n’était sûr avec la doyenne.
Oh Dame, même survivre aux assassins divers du Chaos était moins compliquée que cette simple situation là.

Ses lèvres s’entr’ouvrirent, un soupir de fatigue, de culpabilité s’en échappa. D’un ton, un peu plus feutré, celui qu’elle réservait à Aliénor et qui lui avait valu sa confiance – l’air un peu dépassé, un peu cassé :

- Oh, les feux du Dragon me dévorent, Lièn, cela m’était complètement sorti de l’esprit.. Vous savez à quel points les fréquentes convocations de notre Doyenne me prennent l’esprit en ce moment. Néanmoins--

- Néanmoins, Mademoiselle Ril’ Morienval ici présente ne vient-elle pas de dire qu’elle vous libérait de tout devoir que vous vous être astreint envers elle pour cet après-midi ?
Le ton d’Aliénor laissait de côté tout échappatoire.

La seconde d’après fit hésiter Marlyn. Lui éclater la tête contre le mur, lui enfoncer la bannière la plus proche dans le bide, l’empaler sur le lustre ou la jeter par la fenêtre ? Même avec toute la retenue du monde, ses Spires ne restèrent pas calmes, et le frémissement des chemins fut perçu de toutes avant qu’elle ait pu les retenir. Déconstruire rapidement ce qui avait commencé à se créer, raplatir, silence.

- Néanmoins.
La borgne tenta d’adoucir les accents de sa voix. Vous savez à quel point je suis de piètre compagnie lorsqu’il s’agit de vous conseiller dans vos escapades vestimentaires, alors qu’au contraire, n’êtes vous pas la première à dire que vous jalousez la beauté des parures de Néphélÿe ?

Le regard de Ciléa la mettait mal à l’aise. Elle se sentait jugée dans sa capacité à naviguer dans ce milieu de bonnes femmes, de petites sournoiseries et de mesquineries dérobées. Jugée, et dénudée, comme si Ciléa avait la capacité de discerner Marlyn derrière Sareyn plus facilement que tout le monde.


- Ce serait justement l’occasion, que nous nous y rendions toutes les trois, afin que vous puissiez profiter aussi des ses conseils
, hasarda Aliénor, sur la défense.
- Enfin, vous voyez bien que ce serait le pire des moments.

- En quoi donc ?

Marlyn pesa ses mots.
« Et bien, vous savez comme les évènements récents l’ont retournée, et je crois… qu’elle ne souhaite pas me voir particulièrement en cet instant. Alors que vous, vous pourriez profiter de cette journée ensoleillée pour lui remonter le moral et la distraire avec de beaux rubans ? ». Le visage d’Aliénor changea du tout au tout, si bien huilé pour les humeurs, pour son dernier atout :

- Mais Reyn, vous aviez promis..

- Et je tiendrais ma promesse, Lièn.
Marlyn fatiguait de la conversation. Peut-être, pour m’excuser, accepterez-vous que je vous accompagne au récital de votre tante ? Ou bien que nous faisions.. demain soir, cette fameuse visite du bas Jeit, vous et moi ?

Aliénor ne tenta même pas de déguiser son regard noir en acceptant la défaite, et après avoir marchandé comme une poissonnière le plus de sorties et de rencontres possibles pour ôter le plus de temps possible à Marlyn en compagnie de Ciléa, elle tourna les talons, faisant voler ses rubans défraichis, alla rejoindre Nephelÿe et les deux disparurent dans un pas sur le côté aussi indigné qu’il pouvait sonner.

Marlyn se passa une main sur le visage, histoire d’effacer les restes d’irritation et d’impatience. Se faire une alliée de Ciléa Ril’ Morienval risquait d’être beaucoup plus compliqué que prévu.

- Veuillez m’excusez pour le trouble que la situation a causé, j’espère que vous ne tiendrez pas rigueur, nous sommes toutes un peu tendues, vous comprenez, la célébration d’une nouvelle Sentinelle, nous voulons toutes et tous briller devant elle.

Sourire entendu. Je n’ai pas la subtilité pour moi, mais j’ai l’impétuosité et l’audace. Et ça suffira peut-être à me démarquer des autres intrigantes.

- Mes amies vous envient beaucoup, vous savez. Vous représentez une sorte d’idéal. Beaucoup souhaiteraient pouvoir être sentinelles à leur tour, mais les histoires de famille viennent toujours compliquer les affaires. C’est au moins un des soucis que cela nous évite à nous, aux noms de famille insignifiants.

Mais venez, nous sommes proches de l’auditorium, nous pourrons accéder aux jardins par un petit escalier connu de peu de personnes…

Entre deux descriptions de salles ou de merveilles que recelaient l’Académie d’Al-Jeit, Sareyn surveillait les alentours, pour éviter toutes ses connaissances ou les contourner. Pas besoin de subir une scène à chaque fois qu’on la voyait avec Ciléa. Et narrer l’évènement qui avait mené à l’érection de telle ou telle statue ou au nom de telle ou telle salle lui permettait d’éviter le sujet des hiatus. Ou de Lev Mil’ Sha. Ou même d’Aliénor, que Ciléa tenta de questionner discrètement.
Ca n’avait, évidemment, pas marché longtemps, et au final, Marlyn dut plisser les traits, prendre l’air soucieux, essayer, vaille que vaille, de paraître crédible, dans une allée des roseraies magnifiquement entretenues du parc.

- Je n’osais me tourner vers quiconque, vous savez… Depuis l’incident, l’Imagination m’est parfois innaccessible, et je craignais qu’en exprimant mes craintes à mes professeurs, cela ne leur donne une énième raison de s’acharner sur la nouvelle venue d’Al-Vor, dans une période où il est si difficile de dessiner. J’espérais trouver des réponses dans le Hiatus à travers les âges, en vain. Et maintenant, vous êtes au courant, vous, de qui l’estime m’est si chère…

L’odeur qu’avait émis le codex en brûlant dans l’âtre du repaire d’Al-Jeit lui revint dans les narines à ce moment-là, et la protestation de Nounou, qu’on ne brûlait pas ce qui n’était pas soi, et qui avait essayé de sauver le papier des flammes, mais pas assez tôt pour qu’il soit intact.

- N’est-ce pas révoltant, que l’on puisse être discriminé en fonction de sa naissance ? Notre doyenne, Dame Dil’ Glass, pourrait trouver enfin la bonne excuse pour détruire tous mes rêves. Vous pourriez me détruire, avec ce que vous savez, Ciléa –permettez que je vous appelle Ciléa ?


La voix de Marlyn baissa, pour éviter d’être entendue par le groupe de jeunes dessinateurs qui discutait sur un banc proche.

- Si vous le vouliez, vous n’auriez qu’à dire trois mots à Dame Dil’ Glass pour que Sareyn Til’ Lisan ne soit plus. Vous ne le feriez pas, n’est-ce pas ? Je n’attends que de vous faire confiance, de pouvoir vous confier ce secret si lourd, et si-

- Demoiselle Ril’ Morienval, il faut que vous veniez, convocation urgente de la part du Magister !


Un instant, Marlyn le prit pour un page, mais le soleil dévoila ses traits, et ils étaient beaucoup plus vieux. C’était un des professeurs doyens, le maître théoricien dont elle avait oublié le nom, et qui délivrait l’histoire de l’empire et sa complexité. Il semblait essouflé, mais surtout effaré. Le visage livide et les yeux écarquillés, comme si on venait de lui annoncer que l’Empereur venait de mourir, ou une connerie du même style.

- Cela ne peut-il attendre ?
s’offusqua Marlyn. Nous sommes en train de—

- Pensez-vous que quoi que ce soit de votre compagnie soit plus important qu’une nouvelle urgente qui ne vous regarde pas ? Apprenez votre place, Mademoiselle Til’ Lisan ! Vous êtes sommée dans le bureau du Magister directement ainsi que tous les autres Aspirants, demoiselle Ril’ Morienval, je vous suggère de me suivre urgemment.

Il tourna les talons, pour entrainer Ciléa avec lui dans sa démarche pressante. Mais avant que celle-ci ne lui échappe, Marlyn la retint par l’épaule, en va-tout, et investit les Spires. Le contact physique amplifiait si bien les liens entre les personnes que malgré leur retenue respective, Marlyn réussit à entrer en contact avec l’Imagination de la future Sentinelle, presque trop rapidement.

* Ai-je votre confiance ? *

Il lui fallait une réponse, un moyen de s’arroger la possibilité de futures rencontres et d’ascensions possibles, il lui fallait savoir que Ciléa s’intéressait à elle, ou sinon, y remédier, manœuvrer autrement. Mais au lieu de la moindre réponse, même par les Spires, Marlyn se heurta à un mur. Non, c’est le mur qui la heurta, plutôt.
Elle fut repoussée du contact si nettement et si proprement qu’elle en resta coîte pendant quelques secondes, à essayer de comprendre comment l’autre avait réussi à la faire sortir de ses Spires aussi rapidement, à fermer son esprit et à partir.
Une seule impression flottait, amère et diffuse, c’était l’impression de déjà-vu, qu’aussi étrange que cela puisse paraître, les Spires de Ciléa lui étaient connues.
C’était tout. Elle avait suivie le professeur, sans la moindre indication, sans le moindre indice, sans la moindre ouverture pour Sareyn. La manière dont leur visite avait été abrégée laissa Marlyn si dépitée qu’elle en disparut instantanément pour retourner dans son antre pour la fin de l’après-midi, à deviser la manière de paraître au bal d’ouverture des cérémonies d’Aspiration Sentinelle pour y revoir Ciléa.

*
Dans les escaliers, le professeur souffla comme une forge et fit une pause dans sa marche effrenée, Ciléa dans les talons, et elle lui demanda dans l’intervalle le pourquoi d’une convocation aussi précipitée et aussi brouillonne.

- Pfeuh, Pfeuh… N’en crois pas mes oreilles.. pfeuh. Moi-même. Pfeuh, il paraîtrait…
Le professeur se tut pour laisser des élèves passer, comme si personne ne devait entendre la nouvelle pour l’instant. Ne le dites à personne pour l’instant… Mais nous venons d’apprendre qu’on aurait assassiné Sil’ Afian.




Ciléa Ril'Morienval
Ciléa Ril'Morienval

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MessageSujet: Re: Vous serez ce que je suis, et vous ne passerez pour belle qu'autant que je le dis [Terminé]   Vous serez ce que je suis, et vous ne passerez pour belle qu'autant que je le dis [Terminé] Icon_minitimeVen 26 Juil 2013 - 11:48

 
Une brulure sur son épaule, et la main hasardeuse s’attaqua à sa peau comme une décharge- ses clavicules réagirent imperceptiblement, sa nuque se raidit. Corps et esprit, rodés par une méfiance soigneusement constante, repoussèrent mécaniquement l‘intrusion. Protéger ses spires, maintenir une distance, même fragile entre l’Autre et la vérité de sa signature. Maintenir, observer,à un pas sans doute, mais derrière des remparts, au moins. Elle ne connaissait rien des desseins de Sareyn, rien  de ses moindres intentions et une reconnaissance la  fragiliserait nécessairement. La distance, comme un élan lui permettait d’observer, de s’assurer qu’on ne pourrait pas l’atteindre.

Elle eut peine à suivre le vieil homme dans les escaliers qui malgré son âge avancé, persistait à  avaler les marches. Elle fut soulagé lorsqu’enfin, essoufflé , il s’imposa un arrêt à la hauteur d’une meurtrière, jetant pourtant un regard douloureux vers le haut de la tour.


« Qu‘y a-t-il donc ? »
demanda-t-elle, le souffle court, la main sur le cœur qu‘elle sentait battre, pour tenter de maitriser sa respiration.

« C’est une catastrophe..fit le vieillard en réponse, s'agrippant à la rampe pour retrouver son souffle. Il semblerait que…nous ayons perdu notre bien aimé empereur….Tous les doyens et professeurs se sont réunis dans la salle du conseil…Nous n’avons encore aucune déclaration officielle mais  Johan Sil‘Afian, cousin de l’empereur compte  parmi nos rangs, et nous a annoncé cette terrible nouvelle»

Les hauts sourcils  de la dessinatrice esquissèrent le froncement qu’elle déclinait sur toute émotions  -l ‘agacement, cette fois- Se jouait-on d’elle ? Les levres droites et minces qui se défiaient  de la plaisanterie s’arretèrent sur ’homme intensément. Il hésita une seconde à reprendre sa course dans les escaliers mais réalisant que son interlocutrice ne pouvait se contenter d’une réponse incomplète, il choisit de ralentir le rythme tout en intercalant quelques explications entre deux halètements.

« Je n’en sais encore que peu avoua-t-il..On dit que le seigneur Sil’ Afian, notre empereur bien aimé a été retrouvé étranglé dans ses appartements…. Quand à  l’homme qui a exécuté ce crime odieux…on parle du le félon Hil’Jildwyn »

Ciléa  s’arreta une seconde fois interdite
« Jehan Hil’Jildwyn ? »

Elle eut un petit sourire froid, quoique légèrement crispé. «  Vous devez faire erreur, c’est impossible..Enfin, c’est inconcevable, avez-vous verifié vos sources  avant de me convoquer si impunément ? J ’étais en pleine discussion et je vous promets que.. »
« Je suis sure de ce que j‘avance Mademoiselle, permettez moi de vous rappeler que je tiens mes informations de la doyenne elle-même. »
 « Loin de moi l’idée de mettre votre parole en doute, mais je connais cet homme, je l’ai côtoyé  de longue date, sa personnalité n’était..n’est pas celle d’un..d’un régicide. »

Son interlocuteur se renfrogna mais attendit le dernier pallier avant de prendre la parole.


« Combien de régicides avait vous rencontré pour avancer de telles affirmation, jeune Damoiselle ? Vous verrez vous même..mais à votre place, j’éviterai de mentionner un quelconque rapport avec ce nuisible individu…Il ouvrit la grande porte qui donnait sur al salle du conseil.si vous voulez donnez la peine de me précéder.


Un chaos régnait dans la salle ou grinçait habituellement le chuchotement et les solennités des doyens érudits.  Des gens sortaient régulièrement de la grande salle, d’autres y rentrer précipitamment, brandissant à bout de bras des messages de la volière et se dirigeaient vers la grande table des doyens qui s’entretenaient  assez bruyamment. Ciléa n’eut aucun mal à identifier celle qu’Alienor avait prénommait la vieille Dil’Glass, une des doyenne qui l’avait accueillie lors de la cérémonie d’entrée à l’académie.  Postée  près de son homologue masculin, elle semblait dans une discussion annimé avec des gardes aux couleurs impériales. Ciléa trouva place auprès des aspirants sentinelle qui semblaient pour l’heure avoir oublié leurs rivalités pour commenter l’évenement.

« A-t-on recu  des nouvelles plus précises ? demanda-t-elle au vieillard
« Pas encore… soupira-t-il  nous espérons tous bien sure que la rumeur est infondée… mais malheureusement une rumeur infondée ne mobilise pas tous les grands de l’Académie. »
« Si la nouvelle se vérifie »  fit l’aspirant d’Al-Chen c’est la fille ainée  de l’empereur qui deviendra Sil’Afian septième…les prétendants vont se bousculer à la porte de Saphyr. »

«Si j’avais trente ans de moins.. ajouta le vieillard sûr que j’irais tenté ma chance, la princesse est une véritable fleur des iles"
Le Cheniïte esquissa un sourire
« Vous pensez bien que la jeune Sil’Afian est fiancée depuis le berceau » trancha l’anoblie d’Al-Jeit , et  il n’y a rien d’officiel , personne  n‘a encore déclarer le décès de notre bien aimé souverain  … ne faisons pas l’affront de spéculer sur le futur alors que l’empereur peut encore être sauver. »

« Dans quelques seconde nous en serons plus…Fit Ephram Cil’Modo derniers des arrivant. Que de tensions dans cette salle, de toutes mes années à Al-Jeit je n‘ai jamais vu tant d‘effervescence… Les aspirants d’Al-Jeit ne purent qu’aquiescer.  Que dites vous de l’académie d’Al-Jeit damoiselle Ril’ Morienval ? N’avez-vous pas quelques regrets de n’avoir suivit l’enseignement prestigieux de l’académie….
Il n’y eut pas une seconde mais bien une demi heure avant que la doyenne ne se lève. Elle obtint le silence sans même prononce un mot

« Nous avons reçu un message officiel du palais Impérial et au nom de l’académie  je dois vous annoncer la nouvelle qui accable l’empire. Le Seigneur , le feu Seigneur Sil’Afian sixième , devrait-je dire a été assassiné et sa fille ainée, Sil’ Afian Septieme a été proclamée Héritière deu royaume. Longue vie à la Régente, vive  le roi, qu’il repose en paix , puisse ses successeurs veiller sur l’empire comme il l’a fait.


Les murmures articulés répeterent  la phrase  rituelle  puis le silence fut rétablit.

« Le regne de l’empereur Sil’ Afian fut un regne juste et l’académie se souviendra     éternellement des bienfait dont il l‘a comblé. Au nom de l’institution j’adresse à tout ceux, proches et amis de l’éminente famille nos regrets sincères et  assure à chacun que le nom de Sil’Afian sixième ne sera pas oublié «

Elle se tut  un moment et s’entretint à voix basse avec son homologue masuculin, provoquant des murmures dans la salle puis  elle releva les yeux,  calma  l’assistance d’un regard impérieux, pétrie de l’histoire des lieux.  

« Nous n’avons aucune certitude et selon la loi de notre empire , nous n’avons rien le droit d’avancer avant le verdict  des juges mais tout porte à croire que l’auteur de cet acte odieux et le félon Jehan Jil’Jildwyn, connu pour avoir occupé les fonctions d’intendant à l’académie de Merwyn, son procès sera conduit dans les plus brefs délais.

Ciléa fit mine de ne pas remarquer les quelques regards qui convergeaient vers elle  « crétin » songa-t-elle. Elle n’avait aucune affinité avec Jehan et il n’y avait entre eux  aucune animosité particulière sinon le regard dédaigneux qu’elle portait sur son administration chaotique.  Avait-il besoin de l’entrainer dans sa disgrâce au moment ou elle en avait le moins besoin ?

« Aujourd’hui, nous porterons le noir et les fetes doivent être interrompus jusqu’à nouvelle ordre, poursuivit jocasta, Nous ne pouvons poursuivre la cérémonie d’intronisation des aspirantes sentinelles :les douze resteront donc  onze jusqu’à la fin du grand deuil. »

La doyenne  en personne l’avait retenu au moment de sortir et ce que lui avait dit Sareyn lui avait froller l’esprit. Que savait elle qui pouvait jouer en la défaveur de l’insolente dessinatrice ? Saréyn voulait-elle parler de la prouesse qui avait ému toute la société d’Al-Vor -et qui était sans doute remonté aux oreilles de la directrice ou l’étudiante faisait elle reelement llusion à leurs entretiens  mentaux ? Saréyn savait-elle ? Jouait-elle avec elle depuis le début ?


«Damoiselle, loin de moi l’idée de vous meller à ce terrible complot mais peu de gens actuellement à Al-Jeit ont travaillés avec Jehan Jil’Jildwyn..Votre témoignage serait précieux. »

Ce n’était évident pas de Saréyn dont on était venu lui parler. Qui s’interesserait au destin de cette jeune et insolente élève alors que des évenements dramatiques accablaient l’empire ?

« Je ne connaissais que très peu Jehan Jil’Jildwyn, mais je  me tiens bien sûr à la disposition des juges. »

Connaissait-on si peu les gens que l’on côtoyait au quotidien ? Les visages des académiciens défilère devant ses yeux. Lequel de ses élèves avait déjà songé à la mort de l’empereur ? Lesquels d’entre les professeurs, sous ses mielleux sourires  occupait son temps libre à tuer, à torturer -elle songea brièvement à Varsgorn. Des loups, songea-t-elle, je ne suis entourée que par des loups, et je suis pourtant une des seule à montrer les crocs -Crocs de cire-. L’image vague de Saréyn lui vint en tête une nouvelle foi.
--
Dépenser ses journées sans but au gré des étudiants dilletants lui peusait. Elle était allée à leur rencontre , avait échangé longuement avec ceux de son rang et en avait conçu une amère déception . Certes ils avaient un langage plaisant,  bien tourné, raffiné, élégant comme le décorum de l’amphithéatre. Mais  peut être à cause du deuil qui hantait  toutes les bouches, ce n’étaient qu platitudes, paroles désolées à  l’évocation du futur de l’empire et c’était à celui qui rivaliserait d’invention autour de ce même sujet-. A quoi s’attendait-elle au fond, ? N’était il pas tels qu’elle se l’était imaginer, ses semblable, sans ambitions réelles, que celle qu’on leur avait tracé. On lui avait montré de jolies et nouvelles choses -nouvellement ancienne, comme un ressacement de son regard de petite fille-, mais elle   s’était vite ennuyait de ces propos trop semblables, comme vides de sens, stérile, ennuyée de ces cercles sociales forcée qu’elle avait cesser trop longtemps de s’imposer, entre les glaces du poles. Il fallait patience, cordialité et méthode pour les construire, et elle n’était pas sûr ni d‘avoir ses qualités, ni d‘en avoir . Le devoir, encore.

Ciléa avait croisé Sareyn de nombreuses fois dans les grands jardins ou au détour des couloirs. Elles n’avaient pu échanger que quelques phrases: leurs conditions, leur rangs différaient trop pour que Ciléa ai le loisir d’afficher trop d’interet pour la femme tatoué et l’hostilé affiché de ses amies ne la rendait pas d’abord facile. Ciléa s’était résigné à l’observer, de loin, discrètement et  plaçait  ses attitudes farouches, sous le signe  de ce que ses Spires lui avait laissé entrevoir . Sareyn était l’Autre et c’était  cela qui avait poussé Ciléa à la considérer digne d‘interet , mais au-delà de ça elle différait des filles des  groupes de naissances trop basses -fardées comme des poules de luxes, et qui ne savait que glousser ou se pamer devant d’élégants  vêtements -. Sareyn gardait une certaine élégance sous ses cils bruns et portait son insolence trop parfaitement pour qu’on la taxe de vulgaire. Ellle différait également  jeunes gens de haut rangs, qui ne savait  redire qu‘un monde qu‘on lui racontait depuis son enfance. Eux, chacun de leur gestes, de leur paroles  étaient attendus, dans la pièce mécanique qu‘ils jouait .Elle, malgré le ton mielleux  de soumission arrivait à la surprendre dans ses propos. Peut être était-ce aussi le décallage perpetuelle  entre la jeune fille fidèle à ses amis, mielleuse et ce monstre fin qu’elle avait découvert au fond  de la Spirale qui la fascinait   Peut être encore, le ton, osé dans   sa conversation ou le style de ses lettres  et qui s’accordait à sa démarche ou à son allure. Quelque chose de plus libre qui démarquait de cette univers guindé,  comme un parfum de nouveauté. Qui l’attirait, irresistable -elle qui  s’était promis que la nouveauté qui ne plaisaient ni aux instutitions, ni à ce qu’elle était sensé représenter la rebuterait, désirait connaitre cette femme.

Ciléa n’avait  emporté qu’une unique  robe entièrement noire et sa tante avait réouvert la penderie de sa défunte cousine afin de trouver quelques tenues  à réajuster pour l’occasion. Ciléa avait essayé une longue robe de soie qui lui ceintrait la taille et lui rendait une austérité élégante ajouté à une cape, assez peu utile, au vu des chaleur du Jeit mais qui permettrait de se fondre dans la foule si le besoin s‘en faisait ressentir . -Il n’y a presque rien a changer, avait observé Suzanne, la dame de compagnie de sa tante, c’est merveilleux de voir ces vêtements revivrent-. Elle s’était tu sous le regard désaprobateur de sa jeune maitresse et était sortie respectueusement de la salle lorsque Ciléa lui en avait donnait l’ordre. Suzanne n’avait pas tort cependant, les tenues, quoique légèrement défraichie  semblaient parfaitement adaptés à sa silhouette:  longueur, corsage, taille.  Ses robes, comme ses ambitions me vont mieux qu’un gant songea Ciléa en jetant un coup d’œil à son reflet dans le miroir pour remettre une meche de cheveux derrière son oreille gauche.  Même sourcil, même peau, même iris. Elle sentit le  regard écrasant d Ewall derrière sa nuque, elle en frissonna, en fronça légèrement les sourcils -même mouvement des paupières-. Lorsqu’elle  rabattit  le capuchon noir de la cape  sur l’or de sa chevelure, il ne resta plus rien pour différencier son propre regard de celui du portrait qui trônait dans le salon de sa tante . Le teint pale se détachait de sa tunique noir et elle cru  pendant une seconde, saisir une ombre fantomatique se superposer à son propre visage. Par la dame, que sa peau était devenue blanche, et ses joues presques vaporeuses, et son image trouble, prenait la forme du portrait, un bout de mesquinerie naissante au coin gauche de ses lèvres. Elle donna un coup sec à la capeline pour la faire retomber sur son dos -et l’illusion se brisa-. Ce mirroir devait être  mal poli, et l’image n’était pas tout à fait nette, voilà tout. Elle enfila un gant noir - même doigts- avant de se détourner de son reflet.

« Il n’en saura rien », fit elle d’une voix à demi audible.

L’idée de croiser Ewall à Al-Jeit, vétue comme celle qui avait ruinait leurs enfances lui sembla presque risible, un instant.

L’attitude du tailleur personnel de la famille avait exaspéré sa tante : L’artisan avait refusé de se mettre à l’ouvrage en période de grand deuil ce qui avait mis en émoi la maisonnée  , il avait fallu se déplacer dans une boutique pour effectuer les retouches nécessaires aux robes des dames.

« C’est insensé, insensé, me déplacer en ville pour me faire habiller..Ces provinciaux et leurs superstitions…
»

Mais l’homme était resté inflexible, et étant donné les circonstances, Silene n’aurait pu  l’y forcé sans parraitre inconvenante. Il fallu reconnaitre que cette décision était tout à son honneur  et Ciléa, sa tante, accompagnés de leur femmes de chambres trouvèrent place pour les essayages dans une arrière-boutique d’une filiale des Ril’Enflazio

« Qu’en pensez vous Suzanne ? Trop court n’est-ce pas ?  Rallongez, il faut que cela reste distingué, et enlever un peu de dentelles, il s’agit de vêtements de deuil pas d’un costume de bal masqué….Voilà qui est mieux. «

Cela faisait presque plus d’une heure que Ciléa avait finit ses ajustement et ceux-ci n’avait durés que quelque  minutes:  elle avait  su dire précisément et [i]fermement à l’artisan ce qu’elle voulait sans laisser à sa tante l’occasion de se méler de  ses choix vestimentaires. Silene se vengeait maintenant sur le tailleur en lui demandant de défaire et refaire les ajustements quand ils ne lui plaisait pas et son sourire contenu laissait deviner son énervement . Ciléa commençait à regretter d’avoir accompagner sa tante et  sa main gantée  pianotait son impatience sur son genou, en toute discretion.  La situation l’agaçait profondément   S’émouvoir pour tant de friperies, comme si ce deuil était l’occasion d’un concours d’élégance lui semblait viscéralement vain.[/i]


La dame de compagnie,  habituée aux caprices de sa tante arborait un sourire pantinesque tendait de temps en temps une étoffe puis une autre, s’exclamant par intervalle régulier « cette robe est parfaitement ajustée…Votre bon gout est démontré plus que jamais…vous avez toujours beaucoup de talents pour des formes originales et esthétiques… »
Le pauvre tailleur qu’on avait solliciter pour l’occasion suait à grosse gouttes.

Ciléa restait un peut en retrait, se forçant à fixer son regard absent sur la tenue de sa tante, elle avait tenter au début de rester concentrer, d’approuver . Mais maintenant elle ne pouvait plus empecher son esprit de vagabonder. Elle  pensait à Ewall, qui était resté là bas et qui avait tant changer en si peu de temps. Son frère, la tempète, et elle figée comme une vieille statue de marbre. Obstacle génant qu’elle avait tenter de mettre dans une case et qui s‘en détaché. Discrètement ,elle se mit à visualiser les Spires, arpenté l’univers connu et appaisant, plus apaisant -et paradoxalement plus palpitant- que ne l ‘était  ce début de vie à al-Jeit.

La vibration d’une cloche la tira de ses pensées , elle  entendit des clientes entrer dans le magasin principal et perçu petit à petit des timbres de voix qu’elle connaissait. ..Elle mis un temps avant de saisir le contenu de l
a discussion.

« Ce foulard vous irez à merveille…vous m’aviez dit que vous adoriez porter des foulards Nephelye "

« Malheureusement il n’est pas tout à fait noir , pour un jour de deuil c‘est regrett
able … »
« Il suffit de cacher cette fleur bleu, et voyez comme cela vous va bien…Oh et ce chapeau, n’est il pas élégant Réyn ? Réyn, faites moi l’honneur  de  vos conseils avisés, nous serons bientôt sorties, je vous le promets, mais pour l‘instant ses emplettes sont plus que nécessaires ..Oh, ce chapeau vraiment,  Il vous irait mieux qu‘à moi , c‘est tout à fait votre style …Il s’accorderait merveilleusement bien avec votre petit foulard de soie noir … Quel est son prix ?


Une voix plus rauque, moins perceptible passa lentement en fond. Sans hésiter, celle de Saréyn.


« Comment trouvez vous ces ajustements  ..Voyez vous encore quelque chose qui ne va pas Ciléa ? »
fit Silene
La dessinatrice accentua son regard sur la tante qu’elle ne voyait plus et fit mine de la contemplait longuement


« C’est merveilleux comme cela, ne changez rien....« 
Sa tante émis un petit de hochement de satisfaction, un peu suspicieux-elle n‘était pas dupe… Et donna l’ordre à Suzanne d‘emballer les affaires, un soupir de soulagement passa dans les yeux du tailleur.

« Puis je vous laisser un instant ma tante  ? J ’ai observé des rubans dans le magasin principal,  je vais les voir de plus près… »


Lorsque Ciléa  sortit de l’arrieère boutique  pour déboucher dans le magasin, Alienor, le, petit chapeau dans les mains s’étranglait face au vendeur


« Troiscent ..Je ne peux y mettre autant,  personne ne mettrais autant dans un chapeau , pas même Dacea Sil‘Afian … »

« Il s’agit  pourtant bien de la valeur de cette coiffure, tous nos produits sont de qualités assura le vendeur, et achetés par les plus grandes familles d’Al-Jeit depuis de dizanes d‘années. »


« Et vous n’avez aucune honte à voler vos plus fidèles clients, surtout en cette période ou le dénuement est le maitre mot de l’empire entier…

« Laisse cela, je ne suis pas sure que Saréyn désire acheter de cette coiffure de toute façon..
Lui souffla Nephelyë à l’oreille. »

Ciléa faussement désintéressée  fit mine  d’abord  d’observer les quelques fanfreluche qui s’étalaient dans les vitrine, puis s’approcha de Saréyn pour la saluer. Elles échangèrent d’abord les quelques mots contrit sur la mort de l’empereur alors qu’Alienor était toujours très préocupée par l’achat de ce chapeau


« Cette période de tristesse me laisse un regret amer, je voulais redécouvrir Al-Jeit de mon enfance, comme une ville en fête, et je retrouve une ville en deuil, morne et triste d’avoir été décapité… Je vais devoir séjourner   chez ma tante plus longtemps que prévu, je le crains… »


« Je me promene le long du Pollimage chaque matin,  au niveau de la sculpture du coureur. j’aime observer la ville, à l’aube  ..Aucune de mes amies n’es très matinale mais si un jour, vous désiriez m’y rejoindre, vous seriez la bienvenue… »


Alienor sembla haussa la voix ce qui attira l’attention de Ciléa


« La coiffure vous ferait elle plaisir ?  »



Elle  sentit l’acquescement  dans les yeux de Sareyn- A vrai dire, vous ne pouvez rien me refuser, nous le savons toutes les deux n’est-ce pas ?

« Vous  avez bon gout damoiselle Sil'Dokart cette coiffure est ravissante..Si vous le permettez, laissez moi l’offrir à Saryn. Non, ne me faites pas l’affront de refuser
-on ne refuse rien à une Ril’Morienval - c’est pour moi un plaisir  et  prenez cela comme..un gage de ma confiance. »

Alienor lui offrit un sourire carnassier et finit par lui tendre  le chapeau de mauvais gres.

« Si vous insistez...» sifflota-t-elle

 Ciléa se dirigea vers le vendeur , ouvrit sa bourse de velours et déposa deux pièces en triangle , le vendeur voulu lui rendre la monnaie , elle le stoppa d’un geste discret de la main et après s’épetre saisit de la coirffure, elle décryptéa. le tissus en le faisant tourner entre ses doigts.


« Toile, dentelle noire, tulle
répondit prestement le vendeur. Et qu‘est -ce que cela ? Des perles d’onyx mademoiselle on les  trouve sur les rochets des iles alines, vendus souvent à Al-Vor
« Quel bel ouvrage »..elle croisa le regard  de Sareyn et fit un petit mouvement du menton et des doigts  .  « Me permettez vous ? »
Quand elle eut reçut son assentiment, elle se débarrassa de ses gants précautionneusement  qu’elle déposa sur le comptoir et s’attela à fixer le petit chapeau à la coiffure de  Saréyn. Les doigts blanc frollèrent le foulard de soie noire noué autour des épaules de la nuque  puis le contact soyeux des cheveux lisses fit frissonner la Spirale  chuchoter ses spires,  à fleur de peau. Elle résista à  l’envie de maintenir la proximitié trop longuement, sentir les Spires se ramasser, s’étirer, échouer sur les barrière qu’elle avait ériger au gré des nuit, Les frontières lui murmurait de se dévoiler et sa spirale bruissait d’impatience, fébrile comme chaque fois qu’elle pressentait la signature de l’Autre, au détour d’un chemin chimérique, s‘attendant à un affrontement. Ciléa contint pourtant l’élan de l’Imagination qui s’ouvrait comme naturellement à la contiguïté  familiere de leur don. Elle fixa délicatement le petit chapeau , socle de plume, de perle et de voile à la coiffure de  jeune fille à l’aide de quelques pinces que le vendeur  avait mit à sa disposition

Elle releva la tête, s’écarta un peu pour admirer Sareyn dans le miroir par-dessus son épaule .


« Vous excuserez mes piètres talents de dame d’autour..
Fit elle  plus doucement Mais cela ne gâche en rien  votre élégance…»

 La coiffure, mise à gauche, orientait le regard vers l’œil unique de Sareyn dont le maquillage rehausait encore le bleu. La glace offrait  le  spectacle du visage de la jeune femme, concentré autour de ce bleu mobile, provoquant, et ce tatoyage qui débordait comme un défi, tortueux à l’image de ses Spires, qui bouillonnait jusqu’au bout de son acromion. Légerement en retrait, son propre visage de poupée blonde, la nuque haute,  les  épaules décemment couvertes de tulles, les cheveux serrés et le ragard franc et glacial débordait derrière comme réponse.

Alienor oublia un moment toute l’animosité à l’égard  de Ciléa pour contempler le tableau. t


« Oh, il vous va à ravir Saréyn, on n’eut pu imaginer plus belle endeuillée.. »


« Vous portez mieux le noir que la majorité d’entre nous »
remarqua Nephelyë
"Cela ne me surprends pas" renchérit Ciléa
Dessinatrice noire


Sa tante choisit se moment  pour quitter l’arriere boutique accompagné du tailleur.


« Suzanne pouvez vous dire aux valets qu’ils remportent  la malle dans notre voiture…Ciléa nous partons..Avez-vous trouver ce que vous cherchiez ?

« Non, malheureusement ma tante, j’y retournerais peut être, si de nouveaux rubans arrivent dans la semaine »


"Mesdemoiselles"
  Silene  salua courtoisement les trois jeunes filles, un soupçon de hauteur de la voix…Et un éclair de méfiance dans les yeux.


Il y avait encore du feu dans ses doigts lorsqu’elle quitta l’arrière boutique pour rejoindre sa tante.


[Enfin j'y arrive. Le codage de ce système est vraiment une catastrophe --. Dis moi si ça te convient]


Marlyn Til' Asnil
Marlyn Til' Asnil

La Borgne
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MessageSujet: Re: Vous serez ce que je suis, et vous ne passerez pour belle qu'autant que je le dis [Terminé]   Vous serez ce que je suis, et vous ne passerez pour belle qu'autant que je le dis [Terminé] Icon_minitimeMer 31 Juil 2013 - 1:59

- Marso, veuillez descendre et faire cesser le raffut à la porte. Donnez-leur l’aumône s’il le faut, mais faites que nous ne soyons plus dérangés.

Marlyn s’était crispée quand les coups avaient résonné contre le bois. Makel n’était pas censé recevoir de visiteurs ce soir-là, à en juger par le froncement de sourcils qu’il avait eu.
Ce n’était pas la première fois que Marlyn recroisait le noble jeitien depuis que Dolohov était revenu à Al-Vor. Ce soir, elle avait gracieusement accepté son invitation à diner, car cela lui permettait de refuser celle d’un des élèves d’Al-Jeit, piètre séducteur et piètre dessinateur. Et puis, ça lui permettait de se changer les idées de cette journée tumultueuse où beaucoup de choses s’étaient jouées trop vite et sans elle. L’apparition de Ciléa à l’Académie d’Al-Jeit, l’hostilité croissante de ses connaissances envers la future sentinelle, l’agacement chronique qu’elle éprouvait à l’égard d’Aliénor, les débuts d’alliance morts-nés, les demi-mots…

Makel la divertissait.

Ses avances ne cessaient jamais, pourtant, la Mentaï affectionnait ses jeux, ses sourires de brume, sa conversation. Elle devait reconnaître que sa mainmise sur tous les réseaux de drogue de la capitale le rendait bien plus intéressant que tous les autres polichinelles de son envergure. Et s’il n’était pas dupe des agissements de Sareyn, du moins les payait-il largement.
Ils étaient dans son fumoir. Poliment, elle avait refusé de sentir une nouvelle saveur d’encens qu’il avait fait venir dans le plus grand secret des pays faëls, préférant le questionner sur les effets néfastes qu’entrainait, à long terme, la sensation de manque.
Makel rivalisait d’images affreuses et de superlatifs, sa main s’était posée délicatement dans son dos, et plus ses descriptions étaient osées, plus il se rapprochait, plus il jouait les protecteurs.

D’autres coups, plus violents, résonnèrent au rez-de-chaussée. De surprise, les doigts de l’opiomane au regard trouble avaient quitté sa cuisse.

- Et bien enfin, que se passe-t-il donc ?
tempéta-t-il à l’adresse de son majordome qui était revenu, essoufflé. J’avais pourtant spécifié que je ne souhaitais pas être dérangé !

- Ils ne partiront pas, Sire, ils..
L’homme au crâne dégarni se tenait les côtes.Ils ont un mandat. Vous devriez descendre.

Du hall, une voix sèche claqua :

- Légion Noire ! Vous êtes sommés de ne pas entraver le travail des agents du palais impérial !

Makel était descendu, et la borgne l’avait observé, du haut des étages. Il se tenait devant une dizaine d’hommes de la Légion Noire armés jusqu’aux dents. Leur officier supérieur brandissait un avis marqué d’un sceau officiel. Leur discussion était étouffée.
Elle ne parvint qu’à entendre le mot « criminel ».

Ou « criminelle ».

Son cœur rata un battement. Pendant une seconde, elle fut pétrifiée par la terreur. Ils l’avaient retrouvée.
Une main gantée de métal se posa sur le bras de Makel. D’un accord tacite, les légionnaires noirs se dispersèrent dans tout le manoir. Deux d’entre eux empruntèrent l’escalier principal.
Les Spires en ouragan, la jeune femme disparut. Le plus loin possible, le plus vite possible.

Les volets claquèrent, la barre de chêne grinça quand Marlyn la cala en travers de la porte d’entrée du bâtiment qu’elle occupait avec Nounou et Astre. Elle était apparue en trombe, avait dérapé sur le parquet, et avait jeté en catastrophe ses bijoux, ses volants et ses perles pour enfiler à la hâte son ancienne tenue de Mentaï.
Elle ne parvint à se calmer que lorsque ses doigts frôlèrent toutes les armes, poudres et crochets qu’elle s’était harnachés un peu partout sur le corps.
Comment avaient-ils fait pour la retrouver… ?
Son cœur battait si fort qu’il était prêt à exploser. Pourtant, ses gestes se firent plus contrôlés, plus méthodiques. Si elle cédait à la panique, elle était sûre d’y rester. La borgne avait quelques minutes de préparation devant elle pour planifier la suite des évènements.

Un coup d’œil à travers les persiennes l’informa de la situation. Des moyens gigantesques avaient été déployés et la population d’Al-Jeit, qui ne connaissait jamais le trouble, bruissait comme une fourmilière écrasée. Les rues étaient éclairées par de très nombreuses torches et lanternes. On entendait de tous côtés les ordres criés par les dizaines de gardes qui allaient et venaient, entraient dans les demeures, en ressortaient à grand vacarme, sabre au clair.
Qu’un tel dispositif ait été déployé pour elle lui semblait à la limite de la folie.
Tôt ou tard, cette cachette serait compromise.

- Nounou !

La vieille femme émergea de la chambre, les yeux bouffis de sommeil.

- Il faut partir. Vite ! La Légion Noire va venir.
Le regard de Marlyn ne laissait pas de doute sur l’urgence et le danger de la situation. Malgré l’énorme contrôle qu’elle s’imposait, elle était à quelques spires de la panique, et le vacarme militaire dans les rues n’arrangeait pas ses nerfs.

- Pour aller où, à cette heure de la nuit ?

- Au manoir. Temporairement. … Non, je m’en fous des ordres du Maître. Le manoir est plus sûr qu’ici, tout est plus sûr qu’ici maintenant.

Astre était endormi. Marlyn le souleva délicatement de son berceau pour le prendre dans ses bras. Elle avait transporté Nounou en premier au manoir, avec quelques affaires jetées en hâte dans un coffre.
Une cohorte de la Légion Noire passa dans la venelle en contrebas au moment où son esprit était entier concentré à reconstituer les murs du manoirs, les décorations, les dallages du hall...
L’Imagination s’effondra.
La jeune femme tituba, coupée en plein pas sur le côté.

Putain.

Un gommeur. La Légion Noire avait dépêché des gommeurs. C’était de la folie furieuse.

Cachée par les rideaux, la jeune femme risqua un œil à l’extérieur. Un groupe s’était détaché et frappait à toutes les portes de la rue où elle se trouvait.
Astre papillonna des yeux, émergeant lentement du sommeil. Des coups bruts résonnèrent soudain à la porte, et les yeux de l’enfant s’emplirent de larmes.  La Mentaï, plaqua aussi doucement qu’elle put la main sur la bouche de son fils pour l’empêcher de faire le moindre bruit, pour l’empêcher de pleurer, de hurler malgré la panique qui l’avait gagné aussi. Tapie dans l’ombre, le dos glacé de sueur, elle resta immobile.

Longtemps.

Après ce qui lui sembla une éternité, les pas à l’extérieur s’éloignèrent, et les torches que les gardes portaient diffusaient de moins en moins de lumière à travers les volets. Ils avaient du considérer le batiment vide, et après avoir tenté de forcer la porte sans succès, déterminé que cela ne valait pas la peine de le fouiller.
Des petites dents s’étaient plantées dans la paume de sa main. La Mentaï baissa les yeux ; Astre avait les joues mouillées de pleurs silencieux. Sitôt qu’elle eut ôté les doigts de son visage, le petit eut plusieurs hoquets, qui menaçaient à tout moment d’exploser en sanglots. L’incompréhension luisait dans le regard bleu quand il chercha l’œil de sa mère, l’incompréhension, la terreur, la panique.
La peur qui crispait tous les muscles de la Mentaï l’avait gagné aussi, et il semblait comprendre que s’il criait, quelque chose d’horrible allait se passer.

Lentement, elle glissa au sol. Les Spires étaient de nouveau libres, mais elle ne se sentait pas la force de dessiner maintenant. Pas tant qu’il n’y aurait pas le silence complet dans la rue.

Respirant le plus lentement qu’elle pouvait pour ne pas affoler plus l’enfant agrippé de toutes ses forces à son cou, Marlyn posa maladroitement la main sur sa tête, caressa les petits cheveux châtains, murmura :

- Shhhh. Ils sont partis. N’aie plus peur. Je suis là. Je ne laisserai personne te faire du mal. Personne. Je les tuerai tous avant. Ca va aller, Astre, shhhh. Je tuerai jusqu’à l’Empereur s’ils posent la main sur toi.

Sa voix se brisa.

- Par la Dame, j’ai eu si peur...


*


Le reste de la nuit, en comparaison, se passa dans le calme et l’immobilisme absolu. Al-Vor était aussi quiet qu’à l’ordinaire. Marlyn n’avait pourtant pas fermé l’œil, tant le danger lui semblait proche, multiple. Dix fois, elle avait fait le tour du parc, dix fois elle avait vérifié la solidité des portes et des fenêtres. Dix fois, elle était montée sur le toit pour inspecter les environs, dix fois elle était entrée dans la chambre de son fils pour s’assurer que tout allait bien.
Dix fois, elle avait tenté de trouver Dolohov dans les Spires. Plus profond que jamais dans les chemins, plus longtemps, avec plus de désespoir, aussi. Si elle était vraiment pourchassée par la Légion Noire, et qu’Al-Jeit lui était interdit… elle ne parvenait pas à voir d’issue. Elle avait terriblement besoin de ses lumières, de sa protection.

De lui.

Le chuchoteur n’était pas revenu, et elle n’en avait pas d’autre.
Quand elle avait interrogé Mélany, elle n’en savait pas plus. Tout ce qu’elle pouvait lui dire, c’est qu’il était parti presque aussitôt après elle sans indiquer où il comptait se rendre.

Le soleil était déjà haut à l’horizon quand la borgne trouva finalement le calme nécessaire pour arrêter de tourner en rond. Il fallait qu’elle s’asseye, qu’elle réfléchisse, qu’elle se calme. Qu’elle analyse la situation. Qu’elle calcule ses chances de s’en sortir.

*Reyn, Reyn, c’est absolument terrible ! Mais où es-tu donc ?*

La voix d’Aliénor avait résonné avec une telle violence dans les Spires que pendant un instant, Marlyn eut peine à croire qu’il s’agissait de la dessinatrice d’Al-Jeit. Elle qui d’ordinaire dessinait avec tant de pusillanimité et de raffinement…

* Sareyn, je t’en prie, dis-moi que tu vas bien !  Pourquoi n’es-tu pas là ? Dil’Glass a convoqué tous les élèves de manière exceptionnelle ce matin, elle est en train de faire son discours, il paraitrait que… *

Marlyn perdit un instant le pied dans ses propres Spires, écartelée entre le maintien du contact psychique, le contrôle sur ses émotions et l’incroyable difficulté de ne rien laisser transparaitre.
Un instant, la tentation de glisser hors des Spires et d’éviter tout contact pour disparaitre dans la nature fut grande. Mais vaincue par la fatigue, la lassitude de devoir, toujours, encore fuir, Marlyn retourna dans l’Imagination.

* Que-t-a-t-on dit, Aliénor ? *
Elle avait besoin de savoir si la traque avait été secrète, si elle devait se méfier désormais des dessinateurs de l’Académie d’Al-Jeit aussi. Besoin de savoir à quel point elle était trahie.

* C’est l’Empereur ! On vient de nous apprendre… C’est tellement épouvantable, Sareyn, il a été assassiné. Et ils ont attrapé le coupable cette nuit, c’est pour ça que la Légion Noire était partout, j’ai eu si peur en les voyant. *

Le front de Marlyn tomba d’épuisement et de soulagement contre le manteau de la cheminée. Par le dragon, par le dragon et tout l’incendie qui lui sortait de la gueule…

* Personne n’a répondu quand l’émissaire a apporté la convocation chez toi, Sareyn. *

Dragon céleste, je bâtirai dix mille bûchers à ta gloire, qui s’élèveront plus haut que le soleil…

* J’ai entendu que ton mécène avait été incarcéré aussi… où es-tu ? *
Les Spires d’Aliénor suintaient d’inquiétude, mais aussi de quelque chose qui prit Marlyn complètement au dépourvu. De la suspicion.

Makel avait été arrêté.
Il fallait qu’elle se concentre. Elle aurait très peu de temps pour redresser la situation. Ne pas rire. Ne pas éclater en rire et en sanglots.

* Lièn, je… je vais venir. Je te raconterai tout à voix haute. Vous êtes dans le grand amphithéâtre ? *

* Je t’ai gardé une place. La mezzanine, le carré sur la droite, le siège près de la sortie. Comme toujours. *

* J’arrive.*


L’Empereur.
L’Empereur, assassiné.
Marlyn éclata d’un rire nerveux si violent que Nounou entra en trombe dans la pièce, alarmée.

- L’Empereur, Nounou ! Le Dragon soit loué de tous ses incendies, ce n’est que l’Empereur !

Elle prit la vieille femme par les bras et la serra contre elle. Ses épaules tremblaient de soulagement, de fatigue, de rire, de pleurs.



*


Le visage d’Aliénor était une mine d’informations.

Sareyn était apparue sur le siège, comme si elle avait été là depuis le début de la cérémonie. Le regard que lui lança la jeune blonde la renseigna sur son propre état. Les stigmates de cette nuit de crise avaient creusé des cernes noirs sous les yeux de Marlyn, et elle n’avait pas eu le temps de les masquer.
Paraître, à ce moment précis, lui semblait à la fois impossible et terriblement dérisoire. Avec l’œil attentif de la Mentaï, Sareyn scruta les visages, les envoyés de l’Empereur chargés de délivrer la nouvelle.
Quand le nom du suspect fut prononcé, Marlyn retint à grand peine une exclamation de surprise. Jehan Hil’ Jildwin ? L’Intendant de l’Académie de Merwyn ? Cet espèce d’incapable doublé d’un excentrique ? Beaucoup de personnes avaient du sang sur les mains dans cette académie de dégénérés, mais pour l’avoir fréquenté de près lorsque le Chaos avait eu l’ambition de tenir l’Académie de Merwyn, Jehan Hil’ Jildwin ne pouvait avoir commis un tel crime.
La vérité était ailleurs.

La nouvelle de la mort de l’Empereur s’était répandue dans toute la capitale et par conséquent, dans tous les réseaux souterrains.
Les Spires bruissaient de tous côtés. Obligée de garder profil bas dans un amphithéâtre où se trouvaient des dizaines de dessinateurs, Marlyn ne percevait que l’agitation dans les clans. Ca s’entr’accusait, ça se battait, ça se soupçonnait… Du sang allait couler par baquets avant la fin de la journée.
Et toutes ces voix dans l’Imagination lui tournaient autour comme des mouches, elle essayait le plus possible de diminuer le bruit de ses Spires.

Sortie, dans les jardins, son premier réflexe fut de tenter de contacter Elio. Si la nouvelle avait atteint Al-Poll, il pourrait plus facilement qu’elle prendre la température des assassins et des mercenaires que la mort de l’Empereur agitaient.
A sa plus grande surprise, l’esprit de l’apprenti la rejeta en bloc.

Avant d’avoir eu le temps de comprendre pourquoi, Aliénor, Néphélye et les autres filles l’avaient rejointe. Des questions fusèrent de toutes parts.

- Oui
, renchérit Marlyn par lassitude, sans avoir écouté la question qui lui était adressée. Le rejet subit d’Elio, dans un moment pareil, la troublait énormément.

- Très bien, nous irons après le déjeuner alors !

Le message qu’elle était en train de dessiner au receleur de drogues du quartier pour avoir des nouvelles de Makel Vil’ Ryval se perdit dans le néant de sa déconcentration.

- … Pardon ?


*


Elle aurait pu démonter la boutique planche par planche, et faire manger tous les clous un par un à la couturière.
Faire les magasins de vêtements pour trouver des accessoires de deuil était sans doute l’activité la plus dérisoire et la plus pénible de tout l’univers, fond des océan compris. Après s’être rendu compte du bourbier dans lequel elle s’était fourré en acceptant n’importe quoi sans écouter, Marlyn n’avait réussi qu’à grand peine à obtenir quelques heures pour elle avant de les rejoindre.

Ces heures-là, elle les avait d’abord passées à dormir.
Et à réajuster le masque de Sareyn à sa peau tirée par la fatigue. Masquer les cernes sous le maquillage, les ongles rongés derrière des gants, rajuster le foulard qui servait à dissimuler la cicatrice de son cou.  

A la réflexion, elle aurait aussi du prendre des herbes aux effets calmants.

- A merveille. Oui… Magnifique, Aliénor… Tout à fait. Oui. Certes…Ce que vous voulez, Néphélye.
Marlyn posa l’œil sur l’objet qu’on lui montrait sans le voir. Il vous ira très bien.

Le temps semblait s’échapper par cascades entières, alors qu’elle était coincée dans ces emplettes. Leur Empereur était mort, n’étaient-elles pas censées pleurer et se lamenter sur le sort de l’Empire plutôt que de chercher la perle rare des foulards de deuil… ?
En automate, elle les suivait de vitrine en vitrine, l’esprit divagant dans les Spires, envoyant des messages dès que les filles avaient le dos tourné. En quelques heures, elle avait reçu plus de menaces de mort qu’en deux mois d’activité. La moitié de son réseau la croyait responsable de l’assassinat de l’Empereur, l’autre moitié la croyait complice de Sa Majesté dans l’histoire
Et pendant ce temps-là…

- Ne vous embarassez pas, Aliénor, c’est très probablement hors de prix.

* Dis-lui que je viendrai en personne dans une semaine. Si ses molosses pointent le bout de leur nez d’ici-là, je lui amènerai leurs truffes dans un sac. Et si jamais Warren oublie encore de… --*

Marlyn ne vit pas Ciléa arriver – ne put retenir un léger sursaut quand elle l’interpella, à travers les rayonnages, quand sa main se posa sur son épaule, quand la conversation s’engagea avant même qu’elle ait pu extirper complètement son esprit des Spires et recentrer le regard sur le moment présent.
Ciléa.
Il ne manquait plus que ça pour rendre la situation ingérable.

Le regard bleu se vrilla dans celui de l’aspirante Sentinelle. Elle aurait du trouver quelque chose à dire. Regretter la mise en pause des cérémonies sentinelles, louer son séjour prolongé à la capitale…

* La Borgne ! C’est quoi ce bordel ?!*


Marlyn cilla. Les secondes précieuses qu’elle perdit à s’extraire le plus possible de l’Imagination l’empêchèrent de répondre à la jeune femme.
Mais le message était passé. Les paroles de la Sentinelle ne pouvaient être fortuites, et ses intentions étaient bien autres que le simple fait de lui offrir un chapeau, si elle lui donnait rendez-vous à un endroit aussi discret…

- Faites, je vous en prie
, dit-elle du ton le plus aimable qu’elle pouvait à Ciléa, qui, d’un geste de la main et de quelques pièces échangées, venait de voler à Aliénor l’honneur d’être le centre de son attention.

Que cherchait-elle ?

Le visage de Ciléa était une façade incroyablement lisse, son regard dans le miroir ne croisait le sien que brièvement, quelques poussières d’éclat avant de retourner à la parure. Les Spires menaçaient d’éclater dans son crâne à tout moment, elle était incapable de les fermer plus de quelques minutes, et le contact de la dessinatrice du Nord…

L’image que lui renvoyait le miroir quand elle prit la peine de regarder la parure surprit profondément Sareyn. Jusqu’ici, elle n’avait pas fait attention à cet accessoire ridicule qu’on essayait de lui mettre sur la tête depuis dix minutes.
Pourtant, plus elle le détaillait de son œil unique, plus elle le trouvait beau.

La manière dont il était agencé faisait retomber la gaze sur le côté gauche de son visage, les perles qui le faufilaient soulignaient la complexité de son tressage…
Pendant une seconde, Marlyn se perdit dans la contemplation de la silhouette de Sareyn dans ces atours de deuils, accrochée fermement à cette distraction, cette étincelle positive, ce sentiment d’affection soudain, qui lui rappelait à quel point le masque était agréable, malgré tout. Elle aimait être Sareyn, viscéralement, et se prendre au jeu. Le jouer requérait toute sa patience et toute son énergie.
Douce distraction de l’apparat, et de cette coiffure qui, elle devait l’admettre, lui allait magnifiquement.

La jeune femme ne put retenir un sourire.

- Vous me comblez, Ciléa
, murmura-t-elle à son adresse, tandis qu’Aliénor approuvait, à l’arrière-plan.

Son regard suivit la dessinatrice, encadrée par sa dame de compagnie et une dame d’un certain âge qui semblait être sa tante, même lorsque celle-ci les eut saluées et qu’elles sortirent de la boutique. L’ombre de Ciléa planait encore dans la boutique pendant les minutes qui suivirent.

- Quel affront !

Déroque, échec.

- Quel toupet !

En quelques paroles, Ciléa avait imposé sa main dans le jeu, si subtilement, si gracieusement, que Marlyn n’avait pu suivre, rétorquer, replacer ses propres pièces.

- Elle croit pouvoir nous jeter son argent à la figure comme ça parce que Madââme s’appelle Ril’ Morienval !

* LA BORGNE ! Qu’est-ce que tu as foutu ?!  Venelle te donne jusqu’au crépuscule pour t’amener avec des explications, ou sinon, tu peux dire adieu à ta petite vie. *


- Et parce que Madââme est Aspirante Sentinelle, Il faut qu’elle nous toise comme si nous n’étions que de la rôture !

Aliénor lui était de nouveau aliénée. Une à une, les pièces noires tombaient sous le joug de la reine blanche, cette reine qui sapait ses fondations, grignotait les murs qui protégeaient Sareyn de la confrontation, retournait ses pièces contre elle, l’éclaboussait, la rendait blanche aux yeux des autres pièces.

- Vous devriez quand même garder la parure, Reyn, elle vous va si bien…
Le ton d’Aliénor oscillait entre la rêverie et la jalousie.

* Marlyn, c’est le Morse. Il parait que Venelle a envoyé des hommes pour te tuer. Il parait aussi que ces hommes ont la gorge ouverte dans un ruisseau, à l’heure qu’il est. Il paraitrait d'ailleurs qu’on a son bouge encerclé en ce moment-même.*

- Et sa tante, vous avez vu son regard ?

- Nous sommes de l’Académie d’Al-Jeit, tout de même !

- Vous devriez vraiment arrêter de lui parler, Sareyn, elle se croit au dessus de tout le monde.

*Quand tu veux, ma petite borgne préférée.*

- Sareyn ?

Elle n’avait pas oublié l’invitation à se confronter en terrain ouvert, de reine à reine, arbitrées par le fleuve millénaire et le soleil.

- Néphélye, l’ombrelle en dentelle noire vous intéresse-t-elle toujours ? Permettez que je me rattrape, Aliénor, ce que vous voulez dans ce magasin est à vous.

- Mais Reyn, vous n’avez pas les moyens de—

* Qu’il meurt.*


- N’ayez crainte, choisissez seulement. Ciléa Ril’ Morienval ne m’achètera pas si facilement
, leur souffla-t-elle en achetant elle-même l’amitié des deux dessinatrices.

La parure, dans ses cheveux noirs comme la suie, était pourtant un rappel constant qu’à Ciléa elle était, et que coiffée par la dessinatrice blanche, la reine noire ne jouait plus dans le même camp.

* Avec plaisir et célérité. Comme toujours.*



*


Le soir venu, incapable de trouver le sommeil, Marlyn avait voulu se prouver que ses sens étaient toujours aussi aiguisés qu’avant.

Elle était partie chasser dans les collines de Taj.


*


Trois nuits sans dormir.

Il fallait qu'elle se rende à l'évidence : elle était à bout de forces.

Le liquide âcre brûla toute sa gorge quand elle avala le contenu du flacon. Son maître lui avait montré l’existence de cette substance, la fleur d’Aer et jusqu’à maintenant, elle n’avait jamais eu à l’utiliser. Mais là, c’était sa seule solution.
En attendant que la drogue fasse effet sur son système nerveux, la Mentaï ôta précautionneusement les éclisses qui maintenant son bras et sa main immobiles. Les dents de la bête sauvage avaient creusé de profonds sillons dans la chair, estompés et cicatrisés par le rêve. Mais seul le temps pourrait définitivement effacer ces marques livides de sa peau.
Doucement, la borgne essaya de bouger les doigts.
Ils étaient extrêmement raides, et ne répondaient qu’avec peine. Tenir une plume se révéla être une épreuve au-delà de ses moyens. Son poignet la lança quand elle essaya de le plier et les radiations de douleur ricochèrent jusqu’à son coude.
Grognement étouffé.

Le puma avait fait un sale boulot.

Le soleil ne serait debout que dans quelques heures. Lentement, et maladroitement, Marlyn remit les éclisses en place entre ses doigts. Avoir le bras gauche totalement inutilisable lui coûtait énormément, en temps et en énergie. Toutes les tâches étaient soudain plus dures, plus longues.
Pour glisser les attelles du poignet entre les bandes avec sa main droite, elle dut s’y reprendre à plusieurs fois.

La drogue commençait à faire effet. L’épuisement était progressivement chassé de ses muscles, remplacé par une lassitude supportable.
Le flou dans les contours de sa vision se fit plus net, ses pensées, brumeuses, s’éclaircirent.
Tant qu’elle prendrait de la fleur d’Aer, elle ne sentirait pas la fatigue.
Une fois qu’elle cesserait d’en prendre… mieux valait ne pas y penser.

Lentement, Marlyn retourna dans la peau de Sareyn. Ciléa avait dit à l’aube. Elle avait prévu de s’y rendre à l’aube précédente, mais les choses avaient mal tourné dans cette chasse au métamorphe, et elle avait passé la journée dans une confrérie, dans une rage incommensurable, immobile, à  attendre qu’on lui ressoude un à un tous les os du bras gauche.

Devant la psyché, les choses se compliquèrent. La prudence pousserait à dissimuler entièrement ses blessures – ôter les éclisses, souffrir toute la journée en serrant les dents, mais qu’on ne pose pas de questions. Restaient les nombreuses zébrures sur le reste de son corps. Et cette coupure, au coin des lèvres. Et cet hématome, qui s’étendait en galaxie sur toute sa tempe, contournait l’œil mort, rivalisait de nuances de violet – quelques grains de rouge, encore, où la pierre avait percé la peau.

Elle ne se sentait pas la force de paraître complètement. Pas dopée à la fleur d’Aer, pas avec le bras en morceau. Ciléa n’était pas dupe de Sareyn, il fallait qu’elle sache jusqu’à quel point la dessinatrice de l’Académie de Merwyn la percevait.
Si elle reconnaissait Marlyn, cette Mentaï de l’occupation chaotique, elle pourrait toujours l’annihiler.

Entre les bandes de l’attelle qui lui raidissait le poignet et se prolongeait pour maintenir son coude, Marlyn glissa un stiletto, au cas où les Spires manqueraient.

Astre bougea dans son sommeil. Nounou et Astre étaient de retour dans le repaire, après la première panique. Marlyn, en essayant de ne pas réveiller le petit, posa la main sur l’épaule de Nounou.
Elle avait besoin d’aide pour s’habiller et revêtir les atours de Sareyn, avec ce bras inutile.

Ca irait.

Le bras en écharpe maintenu contre son torse par une écharpe de belle facture, Sareyn passa sur les épaules un manteau dont elle ne put enfiler qu'une seule manche. Les doigts de Nounou rabattirent la gaze de la parure sur la moitié abîmée de son visage.
De loin, personne ne verrait l’univers d’ecchymoses qui s’étalait sur sa tempe, dissimulée par la tulle, et quelques mèches.
De près, en revanche..

La fatigue était écrasante. Sa pupille était dilatée à l’extrême par la fleur d’Aer, mais cette drogue n’effaçait pas les marques de l’insomnie. Cela, associé au bras, au visage, au reste…

La réaction de Ciléa scellerait tout.
Ou elle s’en ferait une alliée, ou elle s’en ferait une ennemie.
Son besoin de stabilité commandait l’un ou l’autre. Tout le reste s'écroulait comme un chateau de sable au vent autour d’elle, elle avait besoin de savoir qu’elle pouvait encore jouer sur au moins un front. Malgré les difficultés.

Malgré l’insupportable Silence.




*



- Je n’avais jamais jamais vu le Pollimage à l’aube.
Sa voix était râpeuse d’avoir trop crié des heures plus tôt. Il ressemble aux Spires, dans le feu du soleil.

Sareyn s’était approchée de la berge, où Ciléa, au pied de la statue du Coureur, contemplait la quiétude d’Al-Jeit encore endormie. Elle en vit d’abord le dos, puis la dessinatrice disparut de son champ de vision. Immobile directement à sa droite, Sareyn ne voyait devant elle que l’eau nacrée, et les constructions diamantaires, serpentesques, qui s’étiraient à l’assaut du ciel.
Il lui suffirait de tourner la tête pour que Ciléa existe à nouveau, visuellement. Pour l’instant, la thulle la lui masquait.

- On en oublierait presque que la ville titube sans tête, tellement elle parait paisible.

Pas de gardes, pas de cris, pas de tumulte. Juste le crêpe noir, tendu entre les passerelles, les drapeaux en berne, et les nombreux avis officiels placardés sur les murs pour proclamer la période de deuil. L’enterrement aurait bientôt lieu, et même le fleuve, paresseux semblait endeuillé de la disparition du souverain.

- Al-Jeit a perdu ses allures de paradis. A vos yeux d’enfant, à mon œil d’étrangère.

Droite, calme, seul son souffle arythmique trahissait la fleur d’Aer et les cent bras raccourcis qui lui étaient tombés dessus d’un seul coup.

Les paroles de Marlyn ralentirent, se firent prudentes.

- Ils disent que l’assassin vient de votre Académie, celle du Libérateur. Le pensez-vous coupable, Ciléa ? Pensez-vous que Jehan Hil’ Jildwin, Intendant de l’Académie de Merwyn, ait pu fomenter un complot et le mener à son terme ?
 J’ai besoin de savoir. Pouvez-vous jurer de l’innocence de cet homme comme de la vôtre ?

Je dois savoir.
Je dois savoir qui a fait ça.
Si Hil’ Jildwin n’était qu’un pantin, il ne restait qu’une seule, une seule et unique alternative. Une seule autre réponse qu’elle osait à peine formuler. Une seule autre personne, à part elle-même, aurait pu le faire.
Et la perspective la terrifiait, la terrifiait tellement. Si jamais…

Marlyn  se tourna alors, et son regard investit celui de cette Sentinelle au faciès si contrôlé, si marmoréen.

- Ce ne serait pas la première fois
, insinua la jeune femme au regard à demi mort, que l’Académie de Merwyn couverait un criminel en son sein.


Ciléa Ril'Morienval
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MessageSujet: Re: Vous serez ce que je suis, et vous ne passerez pour belle qu'autant que je le dis [Terminé]   Vous serez ce que je suis, et vous ne passerez pour belle qu'autant que je le dis [Terminé] Icon_minitimeMer 4 Sep 2013 - 10:18

Dormir mais les images de la journée hantait la paroi de ses paupières fermées. C’était comme ses cheveux, qui revenait dans ses doigts soyeux, Et les mots chucotées, juste derrière -vous me comblez, elle laissa filtrer un rire nerveux à travers ses lèvres, tant la situation lui semblait absurde.Allons reprends toi, ce ne sera pas une petite  écervelée sans terre qui te mettra dans tout tes états. C‘était agaçant et terriblement angoissant, elle sentait la chose lui échappait, oh juste un peu, , mais ces quelques centimètres pourraient tout gacher.


A Al-Poll elle était n’état rien, ici elle redevenait. Elle sentait qu’elle pourrait  tout ordonner à Saréyn, obtenir d’elle ce qu’elle désirait. Il y aurait un prix, et c’était ce qui la chagrinait, au fond , le prix, la rançon qui vous rappelle à quelpoint vous n’êtes vraiment maitre que par la position ou par l’argent.

Elle marchait sur les bord du fleuve, qui conservait un semblait de nature là ou Al-Jeit se fardait de poussière et  de pierreries à s’en étouffer. Sur  la rive gauche ou elle marchait, prenait naissance l’un des plus grands parcs de la ville.  Sur la rive droite, une simple haie d’arbre séparait le fleuve des demeures calmes ou se retiraient les grands lorsqu’ ils désiraient la quiétude ou l‘intimité.

Elle suivit des yeux le cours de l’eau et remonta dans ses souvenirs.  Si elle trouvait le courage de longer  le pollimage sur plusieurs lieux, elle s’écarterait  de la ville. En continuant encore, il y aurait ces grands espaces irrigués, puis les champs gonflés d’épis dorés ou la fourmiliière de serfs devait oeuvrer, à cette heure.. Enfin la foret, et à sa lisière, la demeure ancestrale des Ril’Morienval. Ou elle n’irait pas . Pas maintenant, ni aujourd’hui et peut être jamais, à vrai dire elle n‘irait pas seule il faudrait au moins l‘impudence et l‘impétuosité de son frère pour profaner le tombeau poussiéreux.

Il n’y avait plus l’opressante présence de Suzanne qui sous pretexte de lui tenir compagnie, l’épiait , sur ordre de sa tante . Ciléa s’était murée des les premiers pas, dans le silence de ses pensées, dissuadant  la dame de compagnie de la suivre dans ses promenades matinales. C’était pour le mieux, si Saréyn devait la rejoindre prochainement, la présence de laservante l’aurait embarrassée. Plus intransigeant encore que n‘était le sien propre , le regard perçant de sa tante ne souffrirait pas ce genre de relation. -Les yeux aigus et glacial sur sa nuque -puis l’éclat vert des émeraudes.

Syra devait venir à Al-Jeit, afin de lui rapportait les nouvelles de l’Eclipse de vive voix, sans passer par l’intermédiaire peu sûr  des Spires.  A vrai dire, elle n‘était pas empressée de la rencontre, elle n‘avait aucune envie de se melait aux  conflits d‘interet qui entourerait la mort de l‘empereur.  Faudrait-il se battre corps et ongles, comme des courtisans pour récupérer les quelques miettes que laissait les bouleversements à sa guilde ? Elle en avait le dégout, de cette petite bataille mesquine, indigne d’eux, indigne d‘elle. La cours d’Al-Jeit, l’Eclipse, l’Académie  un role de Sentinelle peut être… Pourrait elle tenir dans tous ces mondes à la fois, elle qui  revait plus d’Imaginaiton que de manigances politiques ? Elle s’égarait, il n’était pas question de rêve. Il fallait tenir une position, l’Eclipse représenterait un danger si elle se laissait trop oublier. Elle le savait, elle en pleurerait de rage de voir son idéal de noblesse qui ressemblait à cette cours d’Al-Jeit ou le monde épiait le monde, ou l’esthétique et la pureté n’était l’apanage de presque personne - il lui semblait qu'elle n'y pouvait rien-.

Le  ciel était morne pour un été d’Al-Jeit, il pleuvrait peut-être. Une petite brise dessinait sa silhouette en angles de tissus noires et melee les quelques boucles qui retombaient de sa coiffure à ses pendants d’oreille.
Les dieux avaient ils eut vent de la mort de l’empereur, pour que bientôt la dame pleure ses larmes salées  ?
Mais déjà malgré l’oppacité des nuages, une lueur rougeâtre du soleil d’aube. Le sang de cette nuit qui s’en va, s’écoulant avec le pollimage, sous les arches d’Al-Jeit.

Il y avait une jeune mendiante assise à coté du pont qu’elle empruntait chaque matin.  Ciléa avait horreur des mendiants, mais celle-ci était assez propre -et unique- pour que sa présence ne l’indispose pas. Toujours à la même place lorsque Ciléa longeait le fleuve , elle s’était muée en décors, statue mobile, un peu indolente. La dessinatrice avait fini par trouver sa vague présence agréable. La tête de la fillette, habituellement découverte et ses épaules qui se dénudaient lorsqu’elle tendait une main gracile pour quémandait une pièce étaient aujourd’hui voilées d’un chale noir

« M’dame, pour le cœur de l’empereur, j’irais implorer le dragon près du jardin impérial..piecette, vplait’


Elle  ne s’arreta  queprès de la statue du courreur, ou l’on avait la meilleur vue d’Al-Jeit. Les couleurs étaient merveilleuses, Moryann aimait ces couleurs songea-t-elle. Sa sœur avait le regard un peu moins fou, lorsqu’on lui permettait de sortir à l’aube pour voir la cité s'éveiller.

Un souffle derrière son dos, et la voix  rauque, qui vint se loger dans sa nuque marqua un semblant de sourire sur son visage grave. Ainsi, elle était venue. Sans délai - songea-t-elle : Ciléa ne l’attendait pas si tôt, elle avait cru que Saréyn laisserait quelques jours s’écoulait avant de la rejoindre au bord du fleuve; elle l’aurait attendue, un peu agacée sans doute. Suivi la pensé de la soumission  interessée auquelle obéissait la dessinatrice noire, qui lui fut pour la première fois, désagréable.



« Votre spirale doit être bien tourmentée pour avoir l’intensité du fleuve en flamme »
fit elle seulement

Elle tourna la tête, à peine, juste pour distinguer la tulle de la coiffure, et la main gantée , appuyée directement sur la balustrade. Elle ne pu voir la fatigue, mais ses yeux s’attarderent sur le bras gauche, légèrement avachie . Elle en revint au décors, rapidement et à la question. Il y avait quelque chose -peut être une lenteur, peut être quelque chose de trop apaisant pour être Saréyn.


« Je ne vous apprendrez pas que les hommes -et les courtisan, plus que les autres  -  rivalisent de vices trop surprenant pour pouvoir jurer de l’innocence de quiconque… » . Elle continua cependant …« De ce que j‘en ai connu , Jehan, n’est pas homme à tuer..cependant certain l’affirmeront mieux que moi et je n‘irais pas me battre pour un homme dont je connais si  peu les aspiration  . Quand à ma propre-loyeauté..Oseriez vous la  mettrez vous en doute ?.. » elle eut un demi sourire amusé.

Criminelle,  oh cette quasi légende que j’aurais du connaitre moi qui portait la bague rouge, à peine après qu’on eut battue cette fillette pour l’exemple. Sans doute avais-je d’autres préoccupation que d’écouter aux portes.


« Certes fit elle Vous voulez sans doute  parler  de cette élève entichée de Chaos, traitresse à l’Académie en des temps troublés...d‘autres temps . On a beaucoup, trop, parlé de son histoire et les chroniqueurs ou les élèves de ont été unanime pour l’enjoliver-.vous connaissez la puissance des rumeurs-. Mais  ..De mon avis, ce ne sont pas ces légendes qui devraient  retenir notre attention. Oh, il y a des personnes dangereuses à l’Académie de Merwyn comme il y en a beaucoup à Al-Jeit  mais ce sont rarement les enfants qu’on traine en place publique ou les bouc émissaires qui hantent nos geôles depuis trop longtemps.
Il y eut un silence puis
Non. Les criminels les plus habiles ne se laissent pas désigner par de tels qualificatifs.

Son regard inquisiteur passa du bras au visage, cet œil equarquillé témoin d’une nuit sans lune,  fixa un instant intensément . Elle n’eut rien à relever, la bise souleva légèrement le gaze, dévoilant les blessures.


« Vos activités nocturnes sont bien dangereuse Sareyn. Vous devriez prendre garde. Un bras cassé déjà… »


Ciléa plongea son regard dans l’eau  et les hypothèses de la nuit flottèrent dans ses pensées. La pauvrauté de ses connaissance slui déplut et elle regretta de n’avoir dépécher un serviteur de la famille, ou un éclispstique pour suivre la dessinatrice dans ses allées et venues.  Elle devait continuer  pourtant, il était trop tard, beaucoup trop tard pour faire demi tour, ce jeu empli de sous entendu  lui donnait une témérité étrange, une énérgie entre  l‘interdit et le convenu, nouvelle, . Elle baissa d’un ton et lui rejeta un regard qui ne soufrait plus d’équivoque

« Je doute maintenant que vous puissiez me jurez une innocence totale dans les affaires de l’ombre  comme je jure de la mienne «


Elle la sentit se tendre et posa sa main sur  le poignet valide -trop promptement- peut être pour l’empecher d’agir. La peur de l’incontrolé surgit, enfin, bien après ce qu’elle aurait attendu. Et les conséquences se multiplièrent dans son crane. C’était risqué, Il n’y avait personne en vue, sinon la fillette  -et les mendiants n’ont que leur silence à vendre-, combien  pouvez être folle cette impulsive qui pénétrait pour le plaisir de la destruction dans le cerveau des élèves de l’académie. Une femme qui se détruisait l’avant bras la nuit -que diable pouvait elle faire ?-. Il y avait peut être un poignard caché dans ses jupes, et l’idée qu’elle pouvait avoir participer au meurtre impérial, émergea  à la vue des blessures.

Le contact, et leur Spires qui se heurtent  une fois encore. Elle détruisit un pan mur, avec au fond de la gorge la conscience de sa vulnérabilité. Tombe les pierres,les remparts de la tour que j’avais battis. Il n’y a même plus de fossés.



« voilà, c’est peut être… beaucoup mieux ainsi

Elle garda le bras sur son poignet, tout circulait si librement juste leur deux esprits leurs deux signatures intenses se déchirait sur les chemins de l’une et de l’autre. Puis elle lacha son bras comme, à regret.


« Ce que vous faites de vos nuits, à vrai dire et je n’en ai que faire
fit elle un peu sèchement..condamner est une chose qui n‘est utile qu‘en public Et elle caressa la tête du diamant lui tournant presque insolement le dos
Non…
Ce que je veux..
Et choisir les mots, il était plus que l’heure.  Le vieil handicap lui heurtait les dents, de cette période ou elle s’était tue.


Je n’avais jamais compris tant de choses sur les Spires avant de me retrouver face à vous et à votre foutu pouvoir. Cette énergie qui a submergé l’étau de mon don, ma carapace si régulière, tissée jusqu’à la moelle, imprenable.

« Il y a tant de choses que je voudrais tenter avec vous…Il serait idiot de mettre fin à notre..association au moment ou nous pourrions aller plus loin dans l’exploration de nos dons... Vous ne croyez pas ?

Elle brulait, intérieurement, elle sentit douloureusement que cette question pouvait être la fin comme le début d’autre chose, d’autant qu’elle n’avait aucun moyen moyen de la contraindre à adorer les spires comme elle les idolâtrait et à s‘associer dans des expérimentations hasardeuses. J’ai exploré les confins de la dimension au point d’en oublier qu’il me fallait vivre en Gwendalavir, je suis marquée instinctivement des routes, des codes des Spires, plus encore que celle du monde ou je suis née.  Quand aux conséquences  à vrai dire, la beauté de la connaissance à toujours dominée la morale   -qui sue vous soyez, malfaisante, débauchée, vous avez un don trop merveilleux pour que je refuse l’éventualité de me compromettre. 


[Bon voyage !]

Marlyn Til' Asnil
Marlyn Til' Asnil

La Borgne
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MessageSujet: Re: Vous serez ce que je suis, et vous ne passerez pour belle qu'autant que je le dis [Terminé]   Vous serez ce que je suis, et vous ne passerez pour belle qu'autant que je le dis [Terminé] Icon_minitimeMer 11 Sep 2013 - 22:12

La respiration –cyclonique suivait le rythme du Pollimage, les rides qui creusaient  les flots, se fracassaient contre les rochers et les contournaient, les englobaient, les dépassaient. Il arrivait qu’elle rattrape son cœur, qui serrait et desserrait tout le réseau veineux de son corps par à-coups, puis l’apnée reprenait le dessus et le cœur s’emballait, compensait comme il le pouvait, si saturé de tout qu’il en oubliait le sang. Un tout qui caractérisait la silhouette à l’écoute de sa propre respiration, un tout qui oubliait le sommeil si souvent, négligeait les nourritures terrestres, compensait toujours par le truchement de substances, survivait inconsidérément, hors de contrôle.
La respiration faisait jongler ses pensées entre elles et quand l’oxygène faisait barrage – elle ne pouvait qu’écouter la carcasse, écouter le manque –Le Manque- pour n’avoir pas écouté les besoins.

Recherche du contrôle, la main qui se crispait légèrement sur la balustrade, la gorge qui bloquait l’air pour le retenir plus longtemps l’empêcher de s’échapper, elle pouvait entendre celle de Ciléa, sereine, narquoise sans le vouloir.
Influx-reflux qui réglait toute temporalité – elle avait été confrontée à sa propre apnée en attendant, immobile, la disparition de la Légion Noire, avait égrené les secondes à grands coups de poumons. La chasse nocturne avait aussi appelé à l’écoute des respirations, celle sifflante de la Bête, la sienne à la recherche du point de rupture, les grognements de douleur quand le rêveur déplaçait un os étaient compensés par de grandes bolées d’air soigneusement mesurées.
Et les heures perdue au fond d’un océan de Spires à la recherche du phare, avec en arrière-plan le soulèvement de sa poitrine comme seul témoin de son existence en tant que corps.
Elle s’était si souvent rythmée à l’écouter, à croire l’air qui sortait de ses poumons, à lui faire confiance.

Et même cela, à présent, s’étiolait arythmiquement, au même titre que le cœur, le dernier rempart rationnel du cerveau de Marlyn avait battu en retraite – elle  avait, cette fois, tout perdu, tout laissé de dissoudre absurdement, et cet état de déliquescence improbable lui sautait aux yeux maintenant.

Ciléa, sans le vouloir, grappillait les derniers fragments rationnels. La panique menaçait de la submerger à tout instant, et avec elle, le seul sentiment de contrôle qui lui restait : celui de ne laisser aucun témoin derrière elle. Elle avait beau ne jurer de rien, comme seuls les nobles savaient le faire, si elle ne percevait pas Jehan comme un meurtrier – quel pourcentage de chance pour qu’il le soit ?

L’alternative l’étourdissait.

Tourner l’œil vers Al-Jeit et les hautes flèches, leur verticalité inhumaine – si pointues qu’un humain pourrait finir empalé.

Nouvel assaut verbal, vers le passé. Le mot traitresse semblait tellement dissonant, maintenant, glissait sur elle sans s’accrocher, elle eut envie de demander quelle trahison elle avait jamais commise, officiellement, au regard de textes qui n’existaient sans doute même plus. Pute, oui, sorcière, violente, chienne, criminelle –qu’elle aimait le son de ce mot-là- meurtrière, voleuse, monstre.
Pas traitresse.
Jamais traitresse. Jamais. J’ai besoin que tu me fasses confiance. Confiance, elle faisait, à lui seul, même s’il n’allait revenir que pour terminer ce que la mort du souverain avait commencé, même s’il allait l’immoler, la perdre, ça semblait tellement absurde que Ciléa fasse référence à une enfant, elle n’avait jamais été enfant, l’univers n’avait commencé à avoir de sens qu’avec Lui – il ne pouvait pas y avoir eu trahison, pas plus qu’il n’y avait eu d’enfance.

Marlyn était incapable d’accrocher les bribes de son passé au récit de Ciléa, quand bien même elle savait, au fond d’elle-même, que c’était la vérité.
Et la vérité, c’est que Ciléa n’était dupe de rien. Et qu’elle la sous-estimait. Etait-elle complètement folle, à la menacer, la faire chanter, alors qu’elle pourrait la réduire à… rien, d’un battement de Spires ?
Le regard borgne parcourut les alentours mécaniquement, jaugea les risques, il n’y avait alentour que la petite mendiante – était-elle de son côté ? Tous les réseaux utilisaient des enfants pour les tâches ingrates et sales. Le visage, de loin, ne lui disait rien, pas plus que l’emplacement, ou la voix. Elle ne s’occupait jamais des enfants, c’était épidermique. Plutôt déléguer leur gestion plutôt que d’être mise en face de toutes les alternatives qui auraient pu lui arriver si elle avait eu une enfance.

Dans le doute, la tuer.
Dans le doute, tuer Ciléa.
Marlyn en avait tellement envie, tellement impulsivement et irrationnellement envie, c’était sombrer dans la facilité, peut-être, c’était se fermer des possibles, peut-être, mais tuer, réduire à néant, détruire l’apaisait. Illusion temporaire que la situation était résolue, ou moins compliquée.
Illusion de survie – je t’ai survécue, et toi aussi, et tous les autres autour. L’attaque, ce qu’elle perçut comme une attaque ne lui laissa pas le bénéfice du doute. Son premier réflexe était de ramener son bras gauche pour se défendre, mais il était bloqué par l’attelle, et le quart de seconde de retard suffit à Ciléa pour enrouler ses doigts de porcelaine autour du poignet droit. Tous ses muscles se crispèrent, prêts à la détente, au bond, à la fuite ou à la contr’attaque, déjà les Spires prenaient le dessus et percutèrent, de toutes leurs forces, pour repousser.

Apnée.

Les murs s’effondraient contre la force brute, chaque couche laissait place à une autre, transitait par les nerfs de son poignet à ceux de la paume de Ciléa comme un vecteur, Marlyn percuta plus fort, informe, imprécise, insatiable. Puis tous les chemins furent libres d’un seul coup et le vide découvrit l’étincelle à nu.

Palpitant, le nœud de Spires qui faisait l’identité mentale d’une personne, le maelstrom stoppa.
Sidéré.

L’Autre. L’autre, dont les Spires se déployaient presque par réflexe vers elle, et sa propre énergie répondait, demandait la joute, l’ennemi connu. Comment avait-elle pu ne pas le percevoir, ne pas le voir, rater quelque chose qui maintenant…. Etait l’évidence même. Cette Autre qu’elle avait relégué au fond de son esprit sans plus vraiment y penser, et qui réapparaissait comme par magie au point de rupture.
Les Spires cherchaient toujours à percuter, déchirer, mais la concentration se délitait, et elles frappaient sans but, s’étalaient en infinités de possibles en morceaux inutiles, incapables de se définir comme une étincelle fixe.

Marlyn se sentait cernée à trois cent soixante degrés, assaillie jusque dans les moindres retranchements de son identité. Son attitude, devant l’Autre, changea. Sareyn fondit en un quart de seconde de son visage, l’océan dans son iris se fit plus perçant, ses lèvres se figèrent. Les épaules, légèrement affaissées, se tendirent, les os saillant sous la toile dentelée comme des crêtes.
La silhouette s’allongea, et d’un coup sec, retira son poignet de l’emprise Autre. La respiration rugissait dans ses oreilles comme pour lui rappeler qu’elle ne contrôlait rien, et elle se haïssait, à ce moment-là, d’être incapable de réfléchir correctement.


- Je ne crois personne
– La paranoïa parlait d’elle-même, et les syllabes n’avaient l’accent que de Marlyn.

Un pas entre elles, pour se donner le temps de réfléchir –elle avait pourtant prévu l’éventualité, mais pas qu’elle soit l’Autre, pas qu’elle sache TOUT. Pas qu’elle ait observé son Don des nuits durant, dans des joutes d’un bout à l’autre de l’Empire, pas qu’elle ait observé la manière dont elle faisait pression sur les synapses, dont elle ployait les rêves et les attentes.

L’Autre avait été présente à Vor.
Et la Garde n’avait pas été prévenue de son identité, alors qu’elle aurait très bien pu glisser quelques mots au Seigneur d’Al-Vor, la détruire alors.

Souffle. L’instinct commandait à ses doigts de passer furtivement sur les bandages, d’effleurer la poignée du stiletto pour s’assurer qu’il était là. Il y aurait quelque chose de doux à le faire glisser entre les côtes de l’autre, vaincre cette entité si bien construire, si contrôlée, si formée, si puissante par son contrôle sur elle-même, si…

Avoir l’Autre en face, à portée de doigts, à portée d’acier, lui conférait un intérêt unique. Le Don l’attirait, quelque chose qu’elle n’avait jamais vraiment remarqué, le Don, le contrôle, la stabilité, elle le recherchait si fort, tournoyant à l’infini dans une abîme dont elle ne maitrisait pas les moindres fibres.
La borgne lui jalousait son souffle régulier, la perfection nervurée de sa peau blanche, par-dessus tous les murailles, si nettes, si hautes, si construites, et qu’elle pouvait élever d’un clignement d’œil pour faire face à ses attaques, et sa manière de révolutionner autour de ses propres spires, la stabilité, cette stabilité qu’Il avait, qu’il consolidait avec elle, qu’il élevait autour d’elle, quand elle l’emmenait dans les hautes Spires, cette stabilité qui pouvait tout leur faire faire, à eux deux –

Absente, elle s’effondrait comme une tour sans mortier.

La main libre darda comme un aspic, claqua contre le bras si blanc qui se leva pour l’empêcher d’attaquer, les doigts se refermèrent sur la tempe, les ongles s’enfoncèrent dans la chair, mordirent avidement les petites veines qui battaient pour s’échapper- le flot de Spires s’y déversa en torrent, organique, aiguillonné par les battements de cœur.
Instantanément, mille murs, mille carapaces lisses apparurent sans aucune perturbation autour de l’étincelle de l’Autre, s’ajustèrent sans faille.

Vor était un accident.

Là, Les Spires se concentrèrent en un seul point, en grandes volutes internes gorgées de pouvoir, palpitantes comme un nœud de nerfs, s’effilèrent, toute la Volonté de Marlyn s’aiguisa, toute la conscience s’arrima autour des battements de veines qu’elle sentait sous ses doigts, s’appuya sur la main de Ciléa qui s’était crispée autour de son poignet et essayait de l’éloigner, cogna.

Une fois.

Prends-le


Les Spires se resserrèrent, Marlyn ne cherchait pas la fusion, non, ce qu’elle voulait, c’était renverser, pénetrer, ravager s’il le fallait, avec le fol espoir de trouver en face d’elle cette Stabilité qui redirigerait le flot, le surmonterait peut-être, l’envahirait. La borgne avait besoin d’un pouvoir extérieur pour la maintenir sur des chemins définis, pour tracer le contour des dessins et les obliger à devenir réalité, ils constituaient un barrage, un cataplasme mental.

Oh, qu’on prenne possession de ses Spires, qu’on les lui aplatisse, qu’on leur permette de créer au lieu de la rendre folle ! Que Ciléa soit assez forte pour le faire ! Qu’elle remplace, qu’elle compense, qu’elle dirige !

Je donnerai n’importe quoi pour cette sensation, pour qu'on me stabilise, pour qu'on me crée, pour qu'on me définisse, pour qu'on me dise

Prends-le


Plutôt qu’une attaque, les Spires de Marlyn se firent pression. Pression systématique, englobante, autour de toutes les murailles, il n’était pas question de dessiner quoi que ce soit, ni même d’arpenter les moindres Chemins.

Pouvoir.
Pur.
Partout.

Pouvoir détruire les murs, voir Ciléa les reconstuire mille fois, friables et cassants comme autant de sucres d’orge, s’abreuver de leur constance, elle sentait la Spirale de cette Sentinelle crisser sous la pression et tourner autour d’elle-même de plus en plus vite pour s’affirmer face à l’englobement.

La petite mendiante s’était saisie la tête à deux mains, gémissait sous sa manche, le jardinier qui se trouvait à l’autre bout du parc fit tomber son arrosoir dans un glapissement, la pression des réalités était si concentrée autour de leurs deux silhouettes que l’air vibrait d’aberrations chromatiques ; et pourtant, Ciléa et Marlyn étaient aussi immobiles que deux statues de marbre.
Figées, en arrêt physique, dans cette posture presqu’intime, presque tendre, qui ne représentait rien, en dehors de la peau qui commençait à céder sous ses ongles, du véritable pouvoir de Ciléa qu’elle voyait entre les défenses et qu’elle cherchait à s’approprier.  

Prends


Le regard de Marlyn ne voyait plus rien, fixé dans le vide, tant son propre cerveau était happé dans la pression qu’il avait engendré et qu’il était incapable d’arrêter – la pression stopperait à contre-pression équivalente, ou quand tout aurait éclaté.

Le corps-vaisseau de Spires- lâcha, mais elle était trop loin, trop saturée de ce Pouvoir qu’elle avait à l’infini et qui transitait le long de son épiderme, par grandes coulures dans les tatouages noirs et qui n’était ni Marlyn, ni la Borgne, ni Sareyn, ni l’Ange mais sa quintessence pure et hurlante, affamée, effrayée, délitée, si pleine de rage primaire, d’instinct, de vie, à la recherche d’une enveloppe.
Crée-moi, crée, tu as la Stabilité, stabilise-moi, Autre ! Autre, définis-moi qui n’ai pas de limites et d’horizons

Prends

Des fuseaux de pouvoir perforèrent les défenses, les arrachèrent comme on écarte les côtes une par une de la cage thoracique pour révéler les organes – arrête de te réfugier et viens me confronter. Explore mon Don. Explore-le et recrée-le, comprends à quel point il n’a rien d’un Don.

Ou meurs


Enfin, enfin la sensation d’être perforée de part en part, par les mains de la Sentinelle –elle n’était plus sentinelle, elle n’observait plus, elle n’avait plus aucune défense derrière laquelle s’abriter, depuis quand Marlyn était celle dont la tête était emprisonnée dans le carcan des phalanges ?

Ou tue

Phare physique : respiration. Son cœur cognait contre sa peau à toutes les terminaisons nerveuses, mais c’était le souffle Autre qu’elle entendait.
Ce souffle si contrôlé, dans lequel dissonaient les premières irrégularités.

Ou comble


Ciléa Ril'Morienval
Ciléa Ril'Morienval

Sentinelle
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MessageSujet: Re: Vous serez ce que je suis, et vous ne passerez pour belle qu'autant que je le dis [Terminé]   Vous serez ce que je suis, et vous ne passerez pour belle qu'autant que je le dis [Terminé] Icon_minitimeDim 3 Nov 2013 - 18:20


Tout s’affola, se désynchronisa. Elle n’avait rien présagé, rien anticipé de ce qui allait briser l‘équilibre de leur rencontre. Elle n’était pas dans un banquet ou le monde félicitait son destin de sentinelle, ni  dans l’académie qui l’instituait au rang de maitre ;  elle sentit le monde policé qu’elles avaient entretenu jusqu’ici fondre avec  le masque de Sareyn.  On voulu lui agriper le bras et instinctivement, elle eut un moment de recul . Une chape de peur, dans son ventre .La dernière fois c’était une serre fauve, et putride de plaies, qui  s’en était pris à sa gorge, menaçant de la faire disparaitre en un coup de couteau malhabile.  Ce n’était plus la meme  maladresse cadencée et gauche ni la même paume rude, moite d’alcool et de sueur; les phalanges étaient nettes et blanches, les gestes précis, rodés. C’était pourtant la meme peur qui se condensait et comprimait sa cage thoracique. Pas de gomeurs cette fois, il lui restait la maitrise du dessin , mais elle douta - ultime sentiment d’impuissance- que les spires suffisent à la préserver .

Trop lestes, les doigts  s‘affaissèrent sur sa tempe, vinrent trouver l‘amarrage escompté.  Ciléa eut seulement le temps de saisir le poignet,  une seconde, et pousser, griffer, enfoncer ses ongles lisses pour que la main s’écarte, qu’elle gagne une distance salutaire. Les Spires s’ouvrirent une nouvelle fois comme un gouffre et  elle se sentit entrainée dans le sillage de l’Autre trop profondément pour pouvoir opposer une véritable résistance physique.  Ancrer ses  mains sur les poignets noueux- sentir que Sareyn ne bougerait plus, se persuader que les serres n’atteindraient pas le poignard qui pendait à la ceinture ni l’artere de son propre cou, ni sa nuque , ni son cœur, ni rien. Puis plonger avec elle, avec l’Autre , ressentir la pression sur ses tempes, entre les spires et le monde et  toute la puissance qu’elle-même avait provoqué sans être sure de pouvoir la contrôler . Frémir - d’excitation plus que de peur cette fois en sentant la dimension l’accueillir avec l’instinct qu’elle se dirigeait vers ce qu’elle cherchait, comme un aboutissement de son don, le but aussi consacré qu’incertain qui l’avait ammené à se tordre le crane entre les courbes de la Spirale.

Les premiers assauts furent étrangement rassurants , connus. Les reflexes habituels de Ciléa se restauraient   et sa citadelle  se consolidait comme une invulnérable armure.  Paix, la douceur chaude de cet interieur entretenu, travaillé, des années durant. Son havre s’étendait en calme serein, vide du pouvoir de  l’étrangère, de la trancheuse de Spires. Alors que le tout s’élabore en tension, là dehors.

L’effort, la laborieuse fatigue de devoir tout unir, d’un bloc, la calma, et elle retrouva ses moyens dans la lourde mécanique de l’habitude .   La présence de l’autre ne l’écrasait plus, bien qu’elle sente toute la puissance des Spires s’abbatre sur l’armure délicate. Délicate et solide; la coquille tiendrait bon. L’Autre claquait ses verrous, envahissait les serrures pour faire craquer les gonds, plus destructrice que jamais.
Violence que seul l’équilibre pourrait parer; elle sentit la confiance grandir.

Une secousse plus forte que  les autres vint mettre fin à ses certitudes: elle sentit une  lame de couteau aigue fouiller  dans la membranes des carapaces, pointe inattendue. Un flot d’encre s’infiltra entre les écailles, crisse la spirale -cri de surprise et de douleur-, la lumière orangée de la citadelle s’obscurcit, elle sentit l’angoisse de nouveau l’envahir alors que la présence de l’autre se faisait plus oppressante, a quelques souffle d’elle, menaçant de tout briser.
 Recule .
Recule,
Jamais me toucher, jamais.

L’autre force  ne se mouvait  plus en bloc, en nué inefficace ; elle avait réussi à réunir, rassembler ses forces dispersées, en une pique. La lame,  à la pointe concentrée de suie fendillait  la structure et recommençait avec le  plaisir maniaque de l’instrument à fouiller, dépecer, désincrustée les écailles en place depuis les balbutiements des Spires Ciléennes .

La citadelle crissait et comme si l‘espace faisait corps avec son dessin, L‘imagination entière s’était mise à vibrer. Elle se souvint, les dents serrés, de l’épisode du Vor, mais leur affrontement était loin du face à face entre les deux puissances déchainés. Les Spires aujourd’hui, vibraent toute en tension, entre elle implacablement emmurée dans ses défense et  se déréglement immense qui avait réussi à se concentrer contre ses muralles. Contre sa porte. Sa citadelle, inviolable.Blessée  Ebrechée.

Recule. La contenance je ne la perdrais point, m‘a-t-on déjà vu céder ? Rictus devant ta  pathétiques dispersion  -et grimace de douleur quand le fil de la lame vint trancher un nerfs de la construction -. Contente toi d’abreuver mon regard,  Laisse moi observez tes  vaines tentatives de composition, ta déliquescence, tes ruines, vives, certes, mais des ruines, des monceaux de Spires incontrolées. Comment pourrait-ce m’entailler, ce pouvoir négligé, à peine orienté ? Matière grossière, brute. Brute.

Elle ne sut meme pas prévenir la troisieme attaque, elle sentit, impuissante son système infaillible criser en lambeau …lentement sa carapace ploya -une seconde écaille céda… -reste emmurée dans ta folie et garde là près de toi, cette chienne. Je ne me laisserai pas subir. Continue, abreuve la solidité de mon regard.  Qu’ai-je avoir avec toi, pauvre animal  souffreteux,  abbatu par l’autre dimension, brinquebalee et emportée au grès de cette double vie.  J’ai dompté les spires et j’en suis maitre.  Observe  comme elles fusionnent sous mon don, comme elle  se plient  au velours de mes poings. Je suis déjà sentinelle alors que tu n’es rien. Je suis maitre, maitre des spires. -

Une dernière attaque, et une vague arracha la dernière attache, la submergea completement

Ce fut physique. On lui dépesssait lentement le cœur, un brin de sourire aux lèvres. , il y eut un hurlement qui lui vint dans la gorge elle s’arracha la  bouche à retenir la douleur - parfum sucré dans ses gencives . Retenir, contenir, construire son être contre cette violence, cette endémique hystérie qu’elle sentait montait dans ses membres. Frapper, détruire un autre corps, qui aurait plus mal, chienne de douleur, tomber, tressaillir, réagir, se laisait malmener par le flux  qui tanguait dans ses membres, emporté son pantin de corps.
Jamais subir.

Affolement. L’incontrôlé, partout.

La douleur martelait  son crâne, perçait son épiderme, revenait, avec plus de force , descendait sous sa peau, au plus profond d’elle, lacérait ses membres, gagnait sa nuque.  Puis avec une énergie qui la plia en deux elle sentit les limites de son corps se détachait du monde   -mains , cœur, poitrine, sexe, epaule, tout se rappelait à elle sous la pointe acérée de multiples aiguilles.  

Quelque chose dans sa tête qui prenait son corps, objet rompu, bloc de glace sous la chaleur de l‘exterieur . Son corps, entre l’ailleurs et ici, sans limite, déroulait son existence et se melait au reste. . Se ressentir dans toutes les cellules de l’univers mais ne rester qu’une coupure nette . Il  n’y avait plus d’issue, ni d’entraves, la douleur circulait avec tout et partout. Partout c’était le moi. Qu’Est-ce que c’était de ne pas avoir mal,  de prendre plaisir à exister, ouvrir la bouche, fermer les yeux ou rire sans douleur ?  Et l’autre monde, celui qui avait été,  se désagrégeait comme une statue de sable. A mesure, l’agréable se muait en gout amer et la mémoire de la douceur s’éclipsait. Au stade ou le confort n’exista  plus elle se sentit plus entière que jamais, plus vive. Les pointes étaient toujours là. Incessament insupportables. Mais Les aiguilles ne la terrassait plus  elle remuait seulement tout ce qu’elle était. La quadrillait frénétiquement.

Son squelette ne pourrait vivres sans  cette ardeur. Je vis, je vis non je n’ai pas mal, c’est la vie, comme elle existait vraiment, sous les épingles, comme elle se dessinait, intense, sous la douleur. Elle se sentit partir -existait-il d’autre dimension  ? Elle s’échappait. Elle aurait voulu hurler  quelque chose comme son amour de vivre.
La douleur partout, et son corps alerte

.Havre sanglant.
Le temps d’une infime seconde elle se sentit expulsée des Spires par une douleur épidermique , sa tête, sa tête ployé . Elle sentit le sang dégoulinait lentement sur sa tempe; la blessure benine l’avait sauvé de l’enorme aspiration des Spires.

Un battement de cils, et l’œil intense plaquée en face d’elle de colère dans l’œil unique, la sayance, la rigidité des traits, elle ne reconnu plus Sareyn. Il n’y avait plus que l’Autre qui transpirait son don dans chaque parcelle de geste, dans le battement d’un cil. Le don chaotique, le don explosion. Il n’y avait plus ue la violence. Et ce mot qui se profilait comme un  ordre qui faisait vibrer sa nuque, remontait sa colonne vertébrale en un frisson. Mot déflagration auquel elle ne put répondre

Meurs ..

Secousse et un soubressaut de conscience.
Ciléa   s’arracha violement  de l’étreinte et elle qui plaqua ses deux mains sur les tempes de l’autre. Certitude qu’on ne ferait jamais d’elle une proie. Et que peut être, elle aurait put mourir, juste là, sous les serres. Tempetes qui t’arrache la tête.

Douleur encore lorsqu'elle elle regagna les Spires; les aiguilles étaient toujours là et s’amusait au dépends du corps perdu.
Déposséedée de ses défenses les plus élémentaires, elle était nue, pas nue, dépecée, privée du moindre maintient.Ne restait plus que l’essence contre l’essence  . Elle ressentait ,sa  terrible vulnnérabilité et l’ ecoeurement lui montai en ecume lorsque livide, elle s‘arrachait la peau contre la violence des coups que rendait l‘Autre. Il fallait tout confronter, tout dévoiler, et cet absolu vertigineux venait prendre sa source dans ses peurs le plus intimes .  Elle sentit  ses souvenirs et ses pensées  errantes à leur tour  menacer  de lui échapper, de se disloquer sous la terrible aspiration du vide noir. Rapport brute. sans concession, elle tenta vainement de se rapiecer, -la nausées la pris.
Meurs, avait dit l‘autre-
Elle crut ne plus vivre. Tout tournoyait avec trop de démence pour qu’il s’agisse d’elle. Détachement brutale, elle était partie. Le maelstrom était à ses pieds et elle était au dessus, autre part, plus elle vraiment. Autre chose. Y avait-il d’autres mondes après les Spires ? Peut être était ce là le grand pas ? Peut être était cela le but. Après tout.

Un éclair bienfaisant dans l’orage. Il y avait une petite luciole orange, un bout de don, il restait un bout d’elle-même dans l’épaisseur du nuage.  La membrane flottait dans l‘immense gris, en cellule unie .  Son souffle éparpillée revint, aimantée par la luciole. Boire absorber, prendre , répendre, habiter la luciole, rétablir. Etre.
La luciole redevint l’aiguille qu’elle batissait en ultime présence , elle se rassembla, son souffle se calma , stabilisant. Et la douleur disparu plus subitement qu‘un mauvais rêce. . Elle sentait encore la peur battre quelque part, puis le désir vital de percer, d’entailler, fragiliser comme le faisait l’imense couteau à la lame noir,. Elle eut envie un moment de faire souffrir, vengeance entre les doigt, entre mes phalanges, te percer le crane, à défaut de pouvoir le faire exploser - ce serait si doux, au fond-.  

« Tue »


Elle réprima. Répugnant de se voir ordonnée peut être , mais surtout guidée par un ailleurs qu’elle présageait plus loin , plus intense . Avec ses moyens elle avait retrouvait son ambitionet la construction qui se complexifiait en arabesque en brannchage de possible . Alors, au lieu de percer, l’aiguille se contenta de diriger -de tenter de diriger. L’aiguille se mit à tourner, à tenter d’encadrer le maelstrom, en un filament jaune qui s’épaissit. L’enceinte maladroite n’était pas encore parfaite, il restait des fillet d’encre suie. Peut à peut elle s’ammincie tornade brune, à la muraille lumineuse
Puis vint  certitude qu‘elle ne pouvait faire mieux, qu’il fallait qu’elle coexiste si elles voulaient  stabilisait   l‘énergie gigantesque . Elles n’achèverait rien si  elles ne coexistaient pas, si Ciléa ne sentait pas chaque battement de Spires dans le cœur  de l’autre afin de couvrir ses débordements, de boucher ses entailles, de limer ses imperfections.  L’autre sembla le comprendre, et la tourment s'accentua.  Comprendre tous les contre courants qui l’agitait -au moins senti, pour INsPIrer, avec une syncronique etonnante. Tatonnante, elle cherchait, l’équilibre. Juste parfait équilibre

Les sens se décuplèrent dans un affolant entre deux, elle se sentit  instablement encrée. Était ce la bise qui remontait le fleuve ou le vent noir dans sa nuque? La fraicheur de l’aube lechait ses clavicules, et la douceur des meches sur sa joues s’imprimait dans les spires. Il y avait ce parfum dans les nuées, brusque senteur de réalité.

Et le parfum de l’autre enivrait , lui  montait en image distordu, s’étirant en lignes aux charmantes distorsion pour former des bribes d‘entre les mondes .Juste fermer les yeux sur le dimensions, ignorer l’espace et les spires car je sens que seuls les souffles comme guides assureront ma voie.
La respiration si proche , le souffle chaud, et la senteur qui s’était c‘était imposé dans les spires ..la gorge et l‘explosion.  Je ne t’offrirait rien mais  te donnerait ce que tu veux . Je te fonderais contre quoi toi tu m’hanteras de ta force splendide  Se rapprocher de l’autre, s’unir, la texture, la chaleur humide d’une bouche qu’elle devinait déjà, te froller, encore.

Ses lèvre, ses lèvres si proches - comble -. Et la forme de sa bouche qu’elle discernait, levres minces s’extirpant involontairement du carcan mental, souffle brulant des spires.

Pouvoir, je réussirais, je vous donnerais plus que jamais tu ne me demandras. Comble

PEUR
avide, le long de ses cotes,  sa CAGE thoracique comprimée.

L’unité manqua sa perfection.
Instinctivement, des barrières qu’elle n’avait pas prévu entravèrent tout  Les image se lovèrent entre sa bouche et le visage de  cette cette semi morte gardé en étau entre ses doigt. Ecran assené et tout lui revint; tout, le cadre la le bruit assourdissant de leur affrontement, le pietre témoin sur le pont, et le vert, les yeux verts.
Elle entendait la respiration de l’autre, la respiration
La hanta.
Stoppa net son élan
Refuser de se compromettre.
Et la derrière barrière qu’elle avait érigé agit a retardement, implacable, séparer du maelstrom qui s’étendit
Fuite pour la réalité.

La luciole, prete à  illuminer la masse orageuse, se rétracta. , Elle  vit son œil retrouver la réalité - son visage, si proche, les lèvres. Lentement ..Elle détacha ses mains l’une après l’autre, -donner à cette lenteur une impression de contrôle

Revenir à la réalité et former..Retrouver les mots pour construire - juste de quoi masquer la formidable emotion qui lui avait transpercer le corps et l’infinie frustration de ne pas parvenir jusqu’au bout-jamais-..

Mais la colère, celle liait à l’ostention -les spire, colère de retrouver cette femme,  les traits défaits  juste en face d’elle et l’infernal bruit  qu’elle avaient fait dans les Spires, puis la posture, la sayance de ses traits bus, tirés par les l‘imagination, ces blessures si, ses épaules. Elle reculant instinctivement d’un pas, encore -Par la dame, que sa tete était lourde.
La mendiante sanglotait dans son coin, juste derrière, elle, la tête dans les mains..Ne pas se préoccuper de Saréyn, juste de la fillette , juste de la mendiante
Elle fit quelques pas qu’elle aurait voulu assurée,  mais  elle tanguait encore, légèrement.


« Allons petite c’est fin n’ai plus peur…Viens, viens, avec moi.. Elle répugna à la prendre dans ses bras -aurait elle pu soutenir un autre corps ?-…Elle montra ses mains blanche, je n’ai rien, tu vois ..C’est fini… »

L’être sorti sa bouille propre et ronde de son tissu noir en reniflant« J’ai mal..ma tete..boom..il faisait noir, avec de l’or dans tout ce noir  ..Et toi , elle agita son index brun vert  Ciléa..Et toi l’autre…Ma tete…boom »

Elle rentrait quelquefois la tete dans ses mains, la redressait, pleurait à moitié, gémissait en serrant convulsivement un morceau du chale noir.

« Ne t'en fais plus  murmura Ciléa , d’une voix encore enfievrée. Ce n‘est qu‘un mal de crâne passager. .., tu es sans doute malade. Tu as besoin d’argent pour acheter les potions necessaire ? Elle sortit distraitement sa bourse - on n’avait pas profité de sa faiblesse pour lui dérober sa bourse-.. Je vais te donner de la monnaie , tu vas tout oublier..tiens.. Elle posa délicatement les pièces triangulaire  sur la rembarde  je laisse  quelque couraone  sur la rampe du pont..tu pourra les prendre. Il y a en à 5. »

La mendiante  ébahi par la somme leva la tête  prestement  stopa immédiatement se renifflement  puis  se leva, un peu attérer pour s‘emparer de son butin. Elle tourna une à une les pièces d‘or entre ses doigts, les contempla elle allait se retourné vers Ciléa, incrédule ,

quand une lame vint lui faucher la nuque.

Une lame ou une main

‘ache moi !
 Ciléa  sentait ses phalanges se détruirent par les os mais  elle sera fort  trop fort, elle sera avec toute la rage contenue qu‘elle avait sentie monter, dans les spires. Se concentrer sur l’étreinte juste pour ne pas réaliser ce qu’elle faisait, juste pour ne pas entendre les nerfs  qui craquaient, la chaire  qui hurlaient et les halètements de la chose, ses reniflements . Ne pas sentir la fomidable énergie lui glisser entre les doigts, et cette peur-explosion qui gangrenait l’infantile silhouette en tressautements fou.- être lointaine juste lointaine avec toute la colère qui permettait encore de serrer . Les griffes de la fillettes lui écorchait les articulation -mais ce n’était pas la douleur, juste la constattion tranquille et factuelle de l’entaille.  Il y avait un liquide . La salive ou les larmes, elle ne tournerait pas la tete pour observer;.
S-lop’!

L’arc fragile de la nuque  se courba sèchement pour mordre, attrape les liens du cou à la force de sa machoire,  avec la folie du dernier espoir.  Derniers mouvements de pure violence -les phalanges ne cédèrent pas - derniers  avant de regarder la mort en face, de déclarer l’impuissnce. Et la victime s’affaiblit, ses gestes devinrent vagues . Son bras droit fini par retomber en frollant le genou de Ciléas, la main gauche  est encore crispé sur son point. Serrer, serrer ne plus rien penser sinon serrer.

Les cinq couronne s’échapperent enfin de la main bleme
Ciléa dessera lentement son étreinte du cou rougi. Elle sentit le corps innerte s’affaisser  et l’accompagna doucement contre la rembarde.- que c’était lourd, un enfant de cet age-. Le visage de la mendiante  est tourné vers le fleuve, tant mieux, ça n’a pas de vrai regard, ce genre de cadavre. Elle n’hésita plus  -c’est trop tard maintenant,- puis sa main tremblante et peu précise enroulea en hate le voile qui avait glissé , pour couvrir la tete brune.  Rassemblant ses forces, elle tenta de soulever la masse -et l’on disait la plèbe affamée, par la dame-, pour faire chavirer le le cadavre au dessus de la rembarde.

 Moment iréel ou le poids balance entre le pont et le fleuve , presque également répartie. Puis le vide  l’emporte, l‘enfant s‘envole, et le corps bascule.

La dessinatre   recula  prestament pour ne pas entendre l’enfant claquer  contre la surface du fleuve. Elle ne s’approcha plus de la rampes mais jetta un regard entre les lattes de la barrières . Puis « allons, ce n’est qu’une mendiante ».

Le silence, puis Sareyn . Sareyn le temoin, Saréyn qui l‘épiait , elle sentait les lignes se tordre, elle revoyait les lèvres si pres, elle revoyait le souffle qu’elle avait entrainer, elle sentait la raillerie lui dévorait le visage avant meme qu’elle n‘esquisse une phrase.  Alors elle la fixa sans meme la regarder, avec plus dedédain qu’elle n’en avait  mit pour nul autre. Ancrer ses yeux dans les siens pour menacer, comme elle le faisait avec le monde. Couper à jamais leur alliance naissante.

« Un mot et… »


L'oeil avait  repris un éclat plus tranquille, l’éclat de Sareyn. Mais il  y avait au fond quelque chose encore de cette intense déferlement . Quelque chose qu’elle ne pouvait renier, tant il l’aimantait  tant…elle ne pouvait pas.
Alors elle se tu
Puis elle disparut.

Le pas .Enfin , comme une délivrance.

[Editable, bien sûr ]


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Vous serez ce que je suis, et vous ne passerez pour belle qu'autant que je le dis [Terminé]
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