Courir après les oiseaux de feu (fast)

L’aube était le meilleur moment pour s’entraîner ; c’était ce que répétait les combattants et marchombres d’Aequor, en tout cas. Ce devait donc être vrai. Juliet avait quitté la Confrérie au petit matin, laissant un message sous la porte d’Amarylis. Il s’était levé alors que le soleil n’était pas encore sorti de ses couvertures étoilées. Il s’était habillé en hâte, une chemise à manche courtes, un pantalon ample et ses bottes, ses bottes inusables qu’il utilisait depuis longtemps maintenant. Elles commençaient d’ailleurs à devenir petites, il allait devoir en changer. Il avait pris son épée de bois, pour pouvoir s’entraîner correctement après s’être échauffé.

Arrivé au parc de l’Académie, essoufflé parce qu’il avait couru sur une partie du chemin, le soleil commençait enfin à pointer le bout de son nez. Si le vent soufflait, un peu frais, les rayons oranges le réchauffaient déjà. Le ciel se teintait de couleurs merveilleuses, mais cela prendrait un moment avant que le soleil ne soit totalement levé. Il entendait des pas venir vers lui ; et il commença à courir. Il ne savait pas ce qu’il pouvait y avoir ; il ne savait pas qui était derrière lui. Il était jeune, mais avait déjà de grandes jambes pour son âge et courait très vite. Il avait tellement eu l’habitude de le faire, et son énergie l’y poussait tellement souvent, qu’il avait appris à allonger ses foulées assez vite.

Il se demandait s’il pouvait arriver au pied du soleil, le voir se lever. Le monde était-il fini ou revenait-on toujours à son point de départ ? Il avait déjà vu des globes terrestres mais était-ce une preuve suffisante ? Puis, le soleil devait bien être atteignable. Pas pendant la journée, évidemment, mais lorsqu’il se levait et se couchait. Il ne lui restait plus qu’à courir après. A voler derrière comme un oiseau. Il rêva à cet instant d’avoir des ailes. Il aurait sûrement pu s’approcher du soleil si il en avait été pourvu. Ou des étoiles, pendant la nuit.

Le ciel se teintait de rouge, d’orange et de violet. Il adorait ces nuances. Vivement ce soir, le coucher du soleil. Voir ces étranges filaments de feu traverser la nuit qui combattait le ravissait. Il courait toujours, ne regardant pas vraiment devant lui, tant le spectacle du ciel le captivait. Son épée battait sa jambe, mais il n’y faisait déjà plus attention. Puis on le dépassa. Il voulut parler mais son souffle était coupé, et il s’arrêta un instant, les mains sur les genoux, reprenant sa respiration, doucement.