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 Cours de combat | La beauté de la nuit, la douceur des rêves... et le doux bruits des casseroles :face: [Terminé]

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Einar Soham
Einar Soham

Apprenti Chantelame
Messages : 312
Inscription le : 22/12/2008
Age IRL : 31


MessageSujet: Re: Cours de combat | La beauté de la nuit, la douceur des rêves... et le doux bruits des casseroles :face: [Terminé]   Cours de combat | La beauté de la nuit, la douceur des rêves... et le doux bruits des casseroles :face: [Terminé] - Page 2 Icon_minitimeDim 27 Jan 2013 - 19:18

Il avait qu’une envie : c’était de retourner se coucher.
Mais pour ça, il aurait fallu qu’il aie le courage de se lever. Et le courage, Grand Siffleur lui avait ôté en lui faisant bouffer les pavés. Même s’il était parti depuis cinq minutes, même si Halina lui demandait comment il allait, même si elle lui parlait sans qu’il écoute vraiment.
Il resterait là, et tant pis.
C’était pas si inconfortable que ça. Il s’y accomoderait. Peut-être que s’il restait là suffisamment longtemps, il finirait par être absorbé par les pavés, et alors il pourrait ne plus avoir à penser à rien. Juste être là, et laisser tous les élèves lui marcher dessus sans que ça lui fasse mal. Ca serait son boulot, et il aurait plus aucune autre responsabilité. Plus rien d’autre à faire.
Il avait envie de parler à Halina mais envie qu’elle soit plus là non plus. Il voudrait être écouté un bon coup, mais il avait pas envie de lui parler. Il savait pas trop. C’était un moment trop tendu, trop plein d’émotions et de bleus pour qu’il ose faire quoi que ce soit.
Jusqu’à ce que finalement, on le relève de force, il ne savait trop qui. Il savait juste que les gens leur tournaient autour en leur disant de se dépêcher, qu’il y avait un problème et qu’il fallait voir où était passé Grand Siffleur parce que c’était suspect. Halina était là, à côté, on aurait dit qu’elle le babysittait. Si elle ne lui avait pas attrapé le bras pour le forcer à avancer, il serait sans doute resté sans bouger, les bras ballants.
Il la perdit dans l’escalier principal, qu’elle montait quatre à quatre en lui disant de se dépêcher. Mais lui, il s’en foutait de voir où était parti Grand Siffleur. Il redescendit les escaliers quatre à quatre, dans l’espoir que si personne ne le voyait, il pourrait retourner discrètement dans le dortoir et se planquer sous les couvertures jusqu’à la fin de ses jours.
Sauf que voilà.
Il fut alpagué par Aziel.
Il crut mourir sur place. Aziel allait le renvoyer, il était déjà probablement au courant de tout. Il ne put que bredouiller quelques mots à l’Intendant avant que celui-ci ne l’empoigne par le bras à son tour et ne lui donne l’ordre de le suivre.

La marche dans les couloirs était un brouillard flou, où Einar se demandait quelles tortures il allait subir une fois que l’affaire serait tirée au clair. Locktar était-il parti le trouver pour lui expliquer son insubordination ? Il allait être fouetté, enfermé, dégragé, renvoyé chez Maman, pas forcément dans cet ordre là.
Y’avait attroupement. Avec Locktar accroupi. Einar échappa à la vigilance de l’Intendant qui, de toute manière, s’était dirigé en trombe vers le Maître d’armes. Il hésita un instant à retourner se coucher directement, mais la curiosité le retenait. Il comprenait pas ce qu’il se passait, aussi il retrouva Halina dans la cohue.
Et vu sa tête… c’était pas cool.


- Dis.. il s’passe un truc grave ?


Aziel Ril' Krysant
Aziel Ril' Krysant

Intendant de l'Académie
Messages : 62
Inscription le : 14/09/2012
Age IRL : 53


MessageSujet: Re: Cours de combat | La beauté de la nuit, la douceur des rêves... et le doux bruits des casseroles :face: [Terminé]   Cours de combat | La beauté de la nuit, la douceur des rêves... et le doux bruits des casseroles :face: [Terminé] - Page 2 Icon_minitimeDim 27 Jan 2013 - 21:24

Morte.
La lèvre supérieure d’Aziel trembla, juste l’espace d’un instant.

Il pensa à tout ce qu’il avait bâti.
Tout ce qu’il avait préparé, pour être assigné à cette Académie.
Et quoi, tous ces plans, toutes ces prévisions, tout cela, annihilé par l’idiotié d’un des professeurs incapable de suivre le moindre règlement ? Il serait renvoyé du poste, et retournerait probablement à Al-Jeit.
Non. Ce n’était pas ce qu’il avait en tête. Il refusait catégoriquement de devoir renoncer à ce à quoi il livrait son âme depuis des mois.

Mais sa réputation… Qu’on apprenne seulement qu’un élève était mort alors qu’il venait à peine de prendre ses marques, et cela attirerait instantanément l’œil des autorités sur lui. Et ça, c’était extrêmement mauvais pour son image. Il ne demandait qu’à être oublié, loin dans le Nord, dans un poste où il brillerait, où on attendrait qu’il brille sans qu’il se passe quoi que ce soit d’autre.
Et maintenant…
Il n’était pas paré à des situations pareilles.
Il n’avait jamais eu à s’occuper de morts. Encore moins d’élèves sous sa responsabilité. Jamais aucun élève de l’Académie d’Al-Jeit n’avait eu l’outrecuidance de mourir sous sa législation. C’était briser l’ordre le plus parfait de la nature que de mourir avant le temps auquel on est supposé mourir.
Cette fille, même dans la mort, était un affront. Et tous les repères organisationels d’Aziel avaient disparu.

- Comment… ?
fit-il d’une voix soudain devenue blanche.

Locktar lui indiqua les escaliers, et Aziel compléta les pièces du puzzle. Un accident… Mais ce n’était pas entièrement un accident. Non. C’était la faute de ce maître d’armes et de son assistante qui se tenait à ses côtés, tout était leur faute. Leur faute uniquement. On ne pourrait pas l’en blâmer. Il faudrait qu’il s’occupe d’eux. Mais pas maintenant. Ce n’était pas approprié. Que devait-il faire d’approprié dans des circonstances pareilles… ?
Ses sourcils se froncèrent. Appeler les rêveurs ne servirait à rien, il n’y avait plus rien à faire. Non, le principal, était de …

- Sire Hil’ Guidjek, dispersez vos élèves. Miss Nil’ Lewan, assistez-le. Je veux tous les élèves dans leur lit dans cinq minutes.

Sa voix était aussi sèche que blanche. Il se faisait violence pour la maintenir stable, et ne pas la faire trembler.

- Puis vous me retrouverez à l’infirmerie immédiatement, pour… discuter des évènements. C’est un ordre.


Donner des ordres. Rétablir l’Ordre, lui-même. Il s’approcha de la silhouette inanimée, ayant enfin accès à son visage. Il connaissait parfaitement les dossiers de ses élèves. Hestia Kieran. Aequor. Pas de dossier disciplinaire, élève combattante sans problèmes. Il lui ferma les yeux de sa main pleine de veines et de nerfs, une parole religieuse égrénée du bout des lèvres. Puis, presque délicatement, il passa les bras sous le petit corps déjà froid, et le souleva.
Aziel Ril’ Krysant était un homme sec, nerveux, pas plus musclé que la moyenne, mais entretenu. Un esprit sain dans un corps sain. Et dans ses pyjamas, la jeune fille ne pesait pas bien lourd.

Le trajet jusqu’à l’infirmerie fut long et silencieux. Mille questions, mille scénarios, mille projets passaient au travers de sa tête ; il ne répondit à aucune des questions que lui posa l’infirmière de garde lorsqu’il posa Hestia sur le premier lit, les joues rosies sous l’effort. Non, le silence l’avait pris. Il tentait de contenir sa rage. Une rage dangereuse qu’il devait dominer.
Aziel Ril’ Krysant avait toujours le contrôle de ses émotions.
Et de la situation.

Puis Locktar entra enfin, avec sa fidèle Eileen à ses côtés. Des dizaines d’injures
plus profanes les unes que les autres butèrent contre les dents d’Aziel. Mais les questions triviales viendraient après. Pour l’heure, la veillée funèbre commençait.

- Avait-elle de la famille que nous devons contacter pour les prévenir de la… situation ?


Halina Nilsan
Halina Nilsan

Apprentie Légionnaire
Messages : 571
Inscription le : 03/07/2009
Age IRL : 31


MessageSujet: Re: Cours de combat | La beauté de la nuit, la douceur des rêves... et le doux bruits des casseroles :face: [Terminé]   Cours de combat | La beauté de la nuit, la douceur des rêves... et le doux bruits des casseroles :face: [Terminé] - Page 2 Icon_minitimeSam 2 Fév 2013 - 23:12

Alors Halina resta là. Debout contre le rebord de la fontaine. Les mains serrées sur sa cape en une vaine tentative de se protéger du froid. L’adrénaline se diluait lentement dans ses veines et elle commençait à grelotter sur place. Elle résista à la tentation de claquer des dents mais ce serait accordé une victoire à la fraicheur de la nuit. Et ça non, elle ne se rendrait pas sans combattre. Elle abandonna sa position immobile après un certain temps d’attente et commença à faire les cent pas. En se frottant les mains méticuleusement. Heureusement que sa cape de voyage était bien épaisse parce que sinon, elle serait devenu toute bleu. Elle se retenait de parler aussi. De s’énerver contre l’inactivité d’Einar. Dans sa tête, elle formulait des dizaines de répliques, des dizaines de remarques acerbes, des dizaines de beaux discours remotivants. Mais elle ne disait rien. Il ne voulait pas parler ? Et bien tant pis. Elle attendrait là un moment. Et puis peut-être que, lassée de son comportement puéril, elle s’en irait sans se retourner pour frapper de l’élève pour se calmer.


Puis elle lui ferait un peu la gueule, juste pour le principe. Et le lendemain, elle l’attaquerait en traître à coups de polochon avant de lui offrir une brioche. Parce qu’elle était comme ça. Il comptait pour elle. Il faisait partie de sa vie maintenant. Leur amitié s’était forgée petit à petit, à force de sourires en cours, de ragots en groupe dans la salle commune et d’entraide en cours de combat. Jusqu’à devenir ce trio Teylus. Et elle devait aussi avouer une chose, elle se sentait coupable de ne pas avoir su le protéger cette nuit-là dans les montagnes. De ne pas avoir été à la hauteur pour l’empêcher de tomber dans ce trou. De ne pas avoir été la protectrice qu’elle veut toujours être. Et, vu son comportement, elle avait peur qu’il lui en veuille aussi et que ce soit pour ça qu’il ne lui parlait pas. Peut-être qu’il se mettait à lui reprocher tout ça. Peut-être qu’elle n’était vraiment pas une bonne amie. Comme d’habitude, elle doutait. Mais elle ne voulait rien laisser paraître alors elle ne disait rien.


Les quelques minutes de silence lui parurent être une éternité jusqu’au moment où un groupe d’élèves de différentes maisons arrivèrent essoufflés et paniqués. Ils parlaient tous en même temps qu’un truc super grave était arrivé. Qu’il fallait trouver le Grand Siffleur. Que c’était gente méga horrible. Qu’ils savaient pas quoi faire. Que personne savait ce qui s’était passé. Qu’Aziel allait pas être content. Qu’il fallait que le Maître d’Armes vienne. Halina ne comprenait rien mais lorsqu’elle leur dit que Grand Siffleur étaient retourné dans l’Aca’ quelques instant auparavant, ça sembla les calmer un peu. Mais ils lui demandèrent de venir vérifier avec eux que Locktar s’était pas perdu en cours de route. Alors elle tenta de motiver Einar à se lever tout seul mais il ne bougeait pas. Fatiguée, elle le releva de force puis le tira par le bras vers l’intérieur de l’Académie. Vers l’origine de l’agitation. Elle lâcha le Teylus dans les escaliers, qu’il s’empressa de dévaler dans le sens inverse. Déçue et dépitée, elle se redonna une contenance en haussant les épaules d’un air désinvolte. Ils se dépêchèrent de rejoindre l’attroupement en bas d’un escalier.


Au début, elle ne vit rien. Ne comprit rien des chuchotements autour d’elle. Il régnait là un silence étrange bien différent du brouhaha qu’ils entendaient tout à l’heure. Puis, quelqu’un bougea devant elle et lui dévoila la scène. Eileen se trouvait debout là. Locktar était accroupit à côté d’une silhouette étendue au sol. Une silhouette un peu trop familière. Auréolée d’une chevelure blonde. Le teint trop pâle pour que ce soit naturel. Une robe bleue. Les pièces du puzzle ne voulaient pas s’emboîter dans son cerveau. Comme s’il voulait nier l’évidence. Comme s’il refusait cette réalité trop dure accepter. L’air lui manqua et elle ne put retenir un sanglot quand les premières larmes se frayèrent un chemin sous ses paupières. Elle les ferma vivement, tentant d’enrayer le flot. Elle y parvint, préférant garder sa douleur et sa frustration pour plus tard. Elle ne voulait pas se résigner. La Teylus connaissait l’Aequor. Elles avaient été en cours ensemble. S’étaient entraînée ensemble. Avaient parlées ragots et potins au sein d’un même groupe. Hestia. Morte.


Puis, il y eut le moment de se poser des questions, de vouloir comprendre l’enchaînement des évènements. Elle laissa passer Aziel. Regarda le mouvement du Grand Siffleur en direction des escaliers. Observa l’air paniqué et abattu des élèves présents là. S’étonna du calme apparent de l’Intendant de l’absence de réactions de Locktar. Chercha Astragal ou Einar du regard. Voulu serrer Kirfdéin dans ses bras pour qu’il lui caresse les cheveux en lui disant que tout irait bien. Se contenta de resserrer les pans de la cape contre elle. Tenta de chasser le froid qui l’envahissait. Elle n’était encore une fois pas là. Elle n’était jamais là pour aider les gens qui comptaient. C’était un accident. Un accident idiot et tragique. Elle entendit Einar lui poser une question. Ne put pas lui répondre. Aziel leur ordonna d’aller se recoucher. Et pour la première fois de sa vie depuis la mort de sa mère, elle pria la Dame et le Dragon de bien prendre soin de son âme. Puis elle se tourna partiellement vers le Teylus pour lui répondre, les yeux gonflés et l’air éteint :


-Hestia… est tombée dans les escaliers. Elle… elle est m… morte…


Elle ne dit rien de plus. N’avait rien à dire. Ne voulait rien faire. N’avait qu’une envie. Se recroqueviller sous une couverture et pleurer. Pleurer les morts. Pleurer les vivants qui ne sont pas vraiment là. Ses doutes. Ses peurs. Sa colère et sa frustration. Halina soupira et retourna vers la salle commune des Teylus. Sans faire attention à quiconque. Réconforter les autres, elle le ferait demain.



Lohan Gayana
Lohan Gayana

Fer
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MessageSujet: Re: Cours de combat | La beauté de la nuit, la douceur des rêves... et le doux bruits des casseroles :face: [Terminé]   Cours de combat | La beauté de la nuit, la douceur des rêves... et le doux bruits des casseroles :face: [Terminé] - Page 2 Icon_minitimeMar 5 Fév 2013 - 12:32


Lorsqu'elle apperçu Astragal, l'esprit de Lohan enchaina les tours à vide , pour comprendre ce qui avait pu la mettre dans cet état, s'accrocha aux fragments de souffle pour reconstituer la trame. Mais à vrai dire le tissage était désordonné, déchirés sous le poids des couleurs, de la matière, des informations qui lui parvenait sans qu'elle y prenne garde.


"Pas de ta faute ? mais .."

Elle sentit des pleurs qui coulaient sur ce visage habituellement enjoué et toute cette eau pesante lui prit les épaules, sans qu'elle sache vraiment comment y faire face . Astra, tout à l'heure, excitée à l'idée de ce nouvelle exercice, Astra maintenant, défaite, décomposée par un tort qu'elle n’identifiait pas. Que pouvait-elle faire de si terrible, Astra ? Rien, rien lui sussurait l'image visage insouciant de plume et de roux, et cette voix caramélisée de douceur. Il y avait quelque chose de grave, d'incroyablement angoissant à voire cette élève, son amie, dans un tel état sans comprendre, sans pouvoir lui apportait le moindre réconfort.

« Hestia..Appella t-elle doucement, sous les pleurs d'Astra .

Elle s'avança d'un pas vers l'escalier, le pieds peu sur, prudent, redoutant ce qu'il pourrait y trouver. Elle tendit l'oreille, jusqu'à tenter de comprendre les respirations, au delà des gémissements d'Astragal. Saisir, saisir l'horloge rassurante d'un cœur battant, d'un moindre souffle pour que se relâche cette immense chape qui lui étranglait les sens. Il n'y eut rien, le vide, comblé par son propre sang qui tambourinait dans sa poitrine. Pas le moindre froissement de vêtement, indiquant un geste de détresse, ni non plus de souffle, peut être l'odeur rance du corps expiré -mais était ce son imagination ?-. Le silence qu'elle avait pressenti, oppressant vint se joindre aux pleurs de la rouquine pour asséner l'énormité. Hestia était morte ? Il leur fallait agir, il fallait descendre, tenter de réanimer le cadavre avec ces gestes étranges et maladroits que les guérisseurs leur enseignaient, porter secours, espérer.. Lentement son imagination affolée et balbutiante descendit dans l'obscurité, gravit les marches une par une, trébuchant, se heurtant à l'image explosée de la mort, de cette négation de son, d'odeur du vivant et le corps froid. Eternellement. Non, elle ne pouvait se retrouver une fois encore si près, si près. Elle fuirait . Elles fuiraient, puisqu' Astra comptait aussi.

Elle se sentit tout à coup terriblement lucide et responsable, à un stade ou Astra ne pouvait plus rien. S'éloigner juste, car Hestia n'importait plus maintenant, qu'était Hestia sinon une silhouette un peu flottante de sa vie quotidienne. La rouquine comptait , l'instinct de protection lui prenait les tripes et les discours Teylusien rechauffait un peu . Astra ne pourrait se défendre toute seule contre des accusations. Non, pas Astra. Et d'ailleurs elle était innocente, c'était pas le genre d'Astra de mentir, de lui mentir à elle. Elle le savait Lohan, elle le sentait, mais elle n'était pas sur que tous lui donne raison. S'ils m'attrappent tout est fini ? Vrai, tu comptes sur moi ? Tu comptes sur moi qui n'ai jamais rien su protéger.

Et puis meme si ce n'était pas tout, même si Astra elle avait , elle avait participer au meurtre d'Hestia, elle s'en fichait Lohan, elle s'en fichait tellement en ce moment. Elle lui faisait confiance Astra, et pour ça , Lohan, elle aurait tuer. Et elle pouvait agir.

Elle donna un coup de pieds dans le poignard qui rebondit entre les rampes d'escalier, le bruit résonna amplement sur les marches, atteint les étages inférieurs, et la fit trembler, la fit trembler tout à l’intérieur ce qu'Astra pleurait. Viens viens. Fit en attrapant son poignet, la douleureuse promesse de savoir ce qu'elle faisait. A vrai dire, Lohan était tout aussi perdu, elle n'osait pas la regarder en face, de peur que perce une pointe d'hésitation dans son regard inexpressif, juste avancer, à taton loin, j'ai toujours su faire ça, je le ferai pour toi.

Et plus penser, juste avancer , au son de la pierre qui explose, et des odeurs autres qui se rapproche, ennemies, toutes.

Elle se heurta à Cerys comme à une pierre immuable, froide et tranchante.

L'enfant la laissa bouche bée, incapable de réagir, muette d'horreur devant tant de brutalité et de cruauté chez une de leur compagne de dortoir. L'aveugle devait réagir, parce qu'Astra elle pouvait pas. elle ressentit tout le relâchement du corps paralysée qu'elle secouait. Et savoir Astra, muette et abbutue dans les mains de cette immonde gamine, lui donna à défaut de courage, une poussée d'adrénaline. Lohan, la douce Lohan de toute ses forces, enfonça ses doigts dans le clavicules de la fillette chétive et d'une secousse la détacha de sa prise pour la faire pivoter face à elle.


"Y a personne qu'à rien fait ici, personne...
cracha-t-elle, la voix faible, pourtant. Ou toi peut être , si tu ne la ferme pas."

Elle la relacha, trop en colère pour s'étonner de sa propre réaction, affrontant Cerys, comme jamais elle ne l' aurait l'aborder malgré leurs longues années de différence. Rho merde, Astra , que je t'en veux, au fond . J'avais presque réussi à disparaître.

« T'as jamais fait que du mal ici, tout le monde le sait que t'es une menteuse. Alors fait gaffe... A moi, à tous les autres. Astra a rien fait et si tu prétends le contraire j'te promets que t'auras affaire à moi...et que ma parole vaudra mieux que la tienne..."

Débrouille toi seule, puisque c'est comme ça que tu as commencé, Cerys, mais vient pas t'attaquer aux miens, aux notres, aux Teylus -que tu ne seras jamais."

Il fallait y aller, comme les élèves mi-curieux et mi effrayé, et affronter le cadavre de près revenir vers le grand escalier. Pleurer un peu, de desespoir et sans le poids de la culpabilité.
La main d'Astra, encore. Elle résista.

"viens, fais moi confiance... "
Et elle articula difficilement quelques mots, une voix un peu blanche

"J'te protegerai."

Quelques pas à peine, et le cadavre vint à elles, en grande pompe, accompagné de petites personnes qui trépignaient .Légéreté de la pale blondeur dans les bras gris du maitre intendant, drapé de pourpre. Les élèves s'arretèrent, sans se concerter, Lohan la dernière.

"Aziel ?" demanda Lohan après que le maitre fut passé, sans meme leur jeter un regard

Le silence lui répondit, elle ne put que déduire.
[i]
Son esprit pourtant, ne s'y arreta pas, il fallait maintenant se débarasser de Cerys, se confondre dans la masse, suivre les ordres de Siffleur premier, et s'engouffrer dans leurs dortoir, revenir dans cet endroit familier pour croire que rien n'aurait changer, loin de l'agitation, du lieu du crime et du terrible corps.



Eileen Nil'Lewan
Eileen Nil'Lewan

Assistante du Maître d'armes
Messages : 45
Inscription le : 11/06/2012

MessageSujet: Re: Cours de combat | La beauté de la nuit, la douceur des rêves... et le doux bruits des casseroles :face: [Terminé]   Cours de combat | La beauté de la nuit, la douceur des rêves... et le doux bruits des casseroles :face: [Terminé] - Page 2 Icon_minitimeMer 6 Fév 2013 - 14:28

Même dans ses pires cauchemars, Eileen
n'aurait pu imaginer un tel dénouement. C'était atroce ! Atroce !
Des jambes cassées, des poignets foulés, Eileen s'était bien
préparée à en voir, oui... C'était même logique. Un
entraînement, de jour, suscitait forcément quelques blessures. Là,
on était de nuit, et dans un contexte un peu plus... sauvage.

Eileen n'était pas, au moment de
l'accident, sur les lieux. Un Kaelem avait attaqué un Aequor, et ce
dernier lui avait prit plus de perles que nécessaire. Eileen était
occupée à régler ce léger différend quand les cris l'avaient
attirés. Si la plupart ds élèves s'étaient rués dans les
escaliers, Eileen avait cet avantage de savoir grimper aux murs. En
un instant, elle ouvrit une fenêtre, se glissa à l'extérieur, et,
au risque de se broyer une jambe où deux, descendit le mur un peu
plus vite qu'elle ne l'aurait dû.

La scène qui s'offrit à ses yeux la
figea. Au pied des escaliers était allongé le corps inerte, -et au
vu des réactions des autres, sans vie- d'Hestia.

Le rang de professeur d'Eileen lui
permit d'écarter quelques élèves pour avancer jusqu'au premier
rang. Au dessus du corps de la jeune fille, Locktar était penché,
et les élèves se bousculaient presque pour avancer eux aussi.
C'était comme si tous refusaient de croire l'impossible tant qu'eux
aussi n'auraient pas touché le cadavre, tant qu'ils n'auraient pas
senti que son souffle s'était éteint et que son cœur s'était tu.

Des morts, Eileen en avait vu des
centaines. Amies et ennemies. Mais elle avait toujours protégé les
enfants. En entrant à l'Académie, tous ces élèves, même si la
plupart étaient déjà grand, avaient quelque peu comblé le vide
béant de son cœur, celui que sa petite sœur avait creusé il y a
une dizaine d'année déjà. Et voilà que la mort la frappait de
nouveau. C'était une course sans fin, et une course qu'elle ne
pouvait gagner. Eileen avait choisi la voie de la mort il y a trop
longtemps déjà. Et cette dernière venait de lui rappeler que
jamais elle ne pourrait lui échapper.

Eileen entendit soudain les murmures
autour d'elle se métamorphoser. Il se passait quelque chose. Elle
releva la tête, alerte, et eut le réflexe de reculer d'un pas, en
position de combat, dissimulée parmi les élèves.

Elle vit alors apparaître une personne
qu'elle avait à peu près autant envie de voir qu'un crapaud
lépreux.

Aziel.

Cet espèce d'immonde porc, qui avait
réduit la belle liberté de cette Académie à l'état de cendre.
Cette pustule vivante qui avait provoqué la fuite d'élio. Cet
artichaut moisi qui risquait d'anéantir toute trace du chaos au sein
du...




-Monsieur l'intendant, je pense que
nous ne pouvons que tous nous attrister de ce déplorable accident...





La voix d'Eileen était un peu trop
sèche pour être crédible, et sans doute trop basse pour être
audible. Si jamais ce type apprenait qui elle était -en priant pour
qu'il n'ait pas trop fouillé les registres-, il pouvait tout aussi
bien la livrer à la garde, qui se ferait un plaisir de la pendre
haut et cour en plein marché du dimanche.

Elle avait donc prit parti de se faire
oublier, de lui cirer les bottes s'il le fallait, et de lui faire
toutes les politesses possibles et imaginables. Mais dans l'ombre,
elle était prête à assassiner la moitié d'Al-Poll pour trouver un
moyen de le discréditer aux yeux de l'Empereur, et d'aider l'ancien
intendant, Jehan, à retrouver son poste.




Eileen évita donc de s'approcher de
trop près de lui. Puis, quand il lui demanda de reconduire les
élèves aux dortoirs, elle se contenta d'obéir en silence, glissant
au passage à Locktar :




-Je m'occupe de Kaelem, je te laisse
Teylus ?





Elle rassembla en quelques minutes les
apprentis vêtus de rouge, puis les guida le long des couloirs. Aucun
n'émis de protestations. Dans leurs regard, on ne lisait qu'horreur
et hébétude. Eileen les comprenait tout à fait. Elle-même devait
lutter pour ne pas se laisser aller.

Heureusement pour elle, elle n'eût pas
besoin de partir dans le reste de l'Académie à la recherche
d'élèves égarés. Les cris les avaient eux aussi tous attirés, et
Eileen vit même que le groupe comprenait deux dessinateurs,
descendus voir ce qu'il se passaient. Dans le dortoir même,
quasiment personne ne dormait. Les moins hardis s'étaient contentés
de rester assis sur leurs lits, et leurs regards inquisiteurs ne
demandaient qu'à être mis au courant de la situation.

Eileen déclara d'une voix qui se
voulait calme :




-De tragiques évènements ont eu lieu
dans l'Académie cette nuit. Je vous demanderait de ne pas harceler
vos camarades combattants, et de les laisser se reposer, ils en ont
besoins. Je demanderais à Aziel de leur accorder une matinée de
repos, s'ils le souhaitent.





La mort dans l'âme, Eileen referma la
porte, et regagna l'infirmerie.

Elle avait vécu la mort des centaines
de fois, et pourtant jamais elle n'avait été si dure...

Locktar Hil'Guidjek
Locktar Hil'Guidjek

Primat de Teylus et Maître d'Armes
Messages : 634
Inscription le : 26/11/2008
Age IRL : 35


MessageSujet: Re: Cours de combat | La beauté de la nuit, la douceur des rêves... et le doux bruits des casseroles :face: [Terminé]   Cours de combat | La beauté de la nuit, la douceur des rêves... et le doux bruits des casseroles :face: [Terminé] - Page 2 Icon_minitimeSam 9 Fév 2013 - 21:17

L'agitation du cours avait laissé place à la torpeur. Le seul bruit qui se faisait entendre, c'était les murmures des élèves entre eux. De nombreux murmures. Tellement nombreux que le bruit résultant était plus bruyant qu'un combat à l'épée et en armure. Pour une fois, Aziel avait raison. Il fallait que les élèves retournent dans leur dortoir. Pour y dormir? Surement que non. Mais au moins pour être éloigné du corps sans vie d'Hestia.

Eileen se chargea des Kaelems pendant que Locktar s'occupait des Teylus et des Aequors, que l'assistante avait oublié de mentionner mais qui étaient certainement les plus choqués car ils étaient ceux qui connaissaient l'élève mieux que les autres. Certains élèves que Locktar croisa ne semblaient au courant de rien et ils se demandaient bien pourquoi le cours prenait fin. Le maître d'armes ne répondit pas à leurs questions silencieuses. Il avait l'impression de n'être plus responsable de ses faits et gestes. C'était comme s'il regardait son corps avancer.

Une fois les élèves reconduit dans leur dortoir, il gagna l'infirmerie pour y trouver l'intendant.


- Avait-elle de la famille que nous devons contacter pour les prévenir de la… situation ?

Locktar n'en savait rien. Il se rendait compte qu'il ne connaissait pas suffisamment ses élèves. Hestia avait-elle des frères et soeurs? Ses parents étaient-ils encore vivants? Le maître d'armes ne le savait pas. Il y avait bien une personne qui devait le savoir. Duncan. Lui, il le savait sûrement. Mais comment lui annoncer une chose aussi tragique?

Locktar se rendit alors véritablement compte de la tragédie. Avant, c'était presque comme si Hestia avait tenu un rôle et qu'elle se relèverait sans souci. Mais là, il se rendit compte qu'elle n'était plus. Et surtout que c'était lui qui était en partie responsable. Pourquoi avait-il accepté de diriger une telle folie?

- Je... Je ne sais pas.... Il faudrait demander à Duncan Cil'Eternit. Lui, il doit savoir, il était son primat.

Aziel semblait vouloir donner l'ordre à Eileen d'aller quérir le maitre des légendes mais Locktar l'arrêta d'un geste.

- Il n'est pas nécessaire de le réveiller. Laissons le dormir. La situation ne s'aggravera pas si on patiente quelques heures.

Duncan était fragile du coeur depuis quelques temps. Locktar ne voulait pas voir son ami rejoindre l'élève. Il allait falloir le ménager.

Locktar se leva et se dirigea vers la fenêtre et il se perdit dans la contemplation du paysage, oubliant ce qui se passait autour de lui jusqu'à voir le soleil éclairer l'académie.

Au petit matin, le maitre des légendes fut introduit dans l'infirmerie et Locktar se retourna. C'est alors qu'il remarqua que le corps d'Hestia n'avait pas été dissimulé des regards et les yeux de Duncan se posèrent évidemment dessus. Il vacilla et le maître d'armes le rattrapa.

- Désolé Duncan..... Je n'ai rien pu faire.... Elle est tombée dans l'escalier cette nuit pendant..... pendant un de mes cours.....

Voilà, sa faute était révélé. Il était responsable. L'unique responsable. Eileen avait certes proposé l'idée mais c'était lui qui avait donné son accord final. Il était responsable. C'était comme s'il avait poussé Hestia lui-même.


Duncan Cil' Eternit
Duncan Cil' Eternit

Maître des légendes et d'animisme et primat d'Aequor
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MessageSujet: Re: Cours de combat | La beauté de la nuit, la douceur des rêves... et le doux bruits des casseroles :face: [Terminé]   Cours de combat | La beauté de la nuit, la douceur des rêves... et le doux bruits des casseroles :face: [Terminé] - Page 2 Icon_minitimeMar 12 Fév 2013 - 11:28

Le sommeil de Duncan avait été troublé.
Mais son réveil l’avait été d’autant plus.

Il avait reçu l’autorisation de quitter l’infirmerie depuis plusieurs jours et de retourner se reposer dans ses appartements. Il pouvait s’occuper de son courrier, continuer des recherches avec un assistant qui lui apportait des livres de la bibliothèque quand il les demandait, mais il était encore trop fatigué pour pouvoir dispenser des cours. Parfois, il recevait un élève ou deux dans ses appartements. Parfois, il en recevait un peu plus, quand le temps le permettait et qu’il s’estimait de suffisamment bonne humeur pour raconter des histoires ou aider les élèves en difficulté, surtout les Aequor qui avaient besoin de parler. Ca arrivait parfois pour tout un tas de sujets, et généralement sur l’avenir de ces jeunes gens au passé incertain et au présent chaotique. Auquel cas il ne refusait jamais d’ouvrir sa porte.

La dernière chose à laquelle il se serait attendu, c’était qu’on le réveille aux aurores, directement dans sa chambre. Et que ça soit l’assistante du Maître d’armes elle-même. Et à sa tête, ce n’était pas une bonne nouvelle.
Elle insista pour qu’il vienne dès qu’il pourrait à l’infirmerie, d’un ton grave, mais elle ne voulait pas donner de détails, qu’elle n’était pas la personne la mieux placée pour lui annoncer la nouvelle.
Il craignait le pire.
Appuyé sur le bras de l’assistante, il gagna l’infirmerie, toute proche, après seulement avoir passé de l’eau sur son visage et une robe de chambre matelassée autour de ses vieux membres.

C’est en arrivant à l’infirmerie qu’il comprit, le regard embrassant la pièce. Aziel, près d’un lit d’infirmerie, Locktar près d’une fenêtre, un silence lourd, très pesant.
Quand il vit qui était allongée, inanimée, il comprit son rôle dans l’affaire ; il manqua faiblir, mais Locktar s’approcha et l’aida à tenir debout. La main de Duncan tremblait, sur sa canne.

Un accident. Un cours en pleine nuit ? Cela ressemblait tellement au Maître d’Armes et pourtant, cela semblait tellement improbable qu’il laisse une chose pareille arriver pendant un de ses cours… Duncan n’eut pas le temps de parler qu’Aziel lui reposa la question qu’il avait posé au Maître d’armes pendant la nuit.

- Oui, elle avait de la famille.. Dans la seigneurie de Vor, une mère et deux sœurs. Voudrez-vous… de l’aide, pour les contacter, sire Ril’ Krysant ? Nous devons les faire venir au plus vite, vous savez que l’Académie a le devoir de s’occuper de toutes charges et de toutes responsabilités pour ce genre de choses quand… la famille en a besoin.


Aziel Ril' Krysant
Aziel Ril' Krysant

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MessageSujet: Re: Cours de combat | La beauté de la nuit, la douceur des rêves... et le doux bruits des casseroles :face: [Terminé]   Cours de combat | La beauté de la nuit, la douceur des rêves... et le doux bruits des casseroles :face: [Terminé] - Page 2 Icon_minitimeMar 19 Fév 2013 - 20:01

Aziel s’était rendu à l’infirmerie, en portant la jeune Hestia. Des pensées rageuses tournaient dans sa tête, qu’il s’efforçait de calmer. Cet exercice pourtant simple d’habitude lui semblait aujourd’hui plus difficile. Sans doute le réveil en plein milieu de la nuit cumulé à cet accident en étaient-ils la cause. Il avait posé le corps sur un lit de l’infirmerie, sans répondre aux interrogations de l’infirmière. Il était las, si las. Il savait bien sûr que cette Académie lui demanderait beaucoup de travail et requerrait une implication sans faille. Mais tout de même. Il se releva en entendant des pas dans le couloir. Il se devait de paraître imperturbable, et bien au-dessus des autres. Car, après tout, il était sans doute bien plus acceptable que toutes les personnes de cette école.

Lorsque Locktar Hil’Guidjek et Eileen Lewan entrèrent dans la salle, Aziel leur adressa un regard méprisant. Puis il se reprit, son visage devenant de nouveau impassible et particulièrement froid, avant de demander si Hestia avait de la famille. Il vit le visage de Locktar changer, perceptiblement. Il ne savait pas. Cela lui fut confirmé lorsqu’il dit que Duncan Cil’Eternit le savait sûrement. Il se tourna vers Eileen, ouvrit la bouche pour lui demander d’aller le chercher, mais le maître d’Armes le coupa. Enfin, le futur ex-maître d’armes, par ailleurs. Car cela, il ne le laisserait pas passer. Il était vrai que le professeur était encore faible, néanmoins, il n’admettait pas qu’on l’interrompe ainsi. Il se contenta de soupirer. Le soleil n’allait de toute façon plus tarder à se lever. Autant l’attendre confortablement, se dit-il en s’installant majestueusement dans un fauteuil aux côtés du lit.

Aux aurores, Aziel demanda à Eileen d’aller réveiller le Sieur Cil’Eternit. Le maître d’armes était resté en face de la fenêtre durant tout le temps où ils avaient attendu le soleil. L’Intendant se leva et se redressa. Il aurait voulu accueillir le professeur dignement, mais il vacilla en voyant le cadavre de la jeune femme. Locktar Hil’Guidjek eut la rapidité nécessaire pour le rattraper, bien qu’il soit déjà aidé par Eileen et appuyé sur sa canne. Aziel n’eut pas besoin d’expliquer quoi que ce soit, puisque le maître d’armes avoua lui-même sa faute. L’intendant resta droit et fier devant le lit.


- Sieur Cil’Eternit, savez-vous si cette jeune femme avait de la famille ?

Lui, au moins, fut capable de répondre à cette question. Al-Vor, donc. Il nota cela dans un coin de sa tête. Puis, il se demanda si cela n’était pas consigné dans le dossier de la jeune élève. Bah, tant pis. Duncan proposa son aide, mais au vu de son état, l’Intendant préféra refuser. De plus, les communications administratives n’étaient pas de son ressort, quand bien même il était Primat de la maison dont faisait partie Hestia Kieran.

- Je m’en occuperai. Merci de vous proposer, mais cela ne sera pas nécessaire. Et bien … je vais aller m’en charger dès à présent. Sieur Hil’Guidjek, Demoiselle Lewan, je vous ferai convoquer à mon bureau.

Il leur lança un dernier regard, les salua, et sortit de l’infirmerie sans plus de cérémonie, en direction de son bureau. Cherchant déjà les mots qu'il écrirait.


Astragal Clegane
Astragal Clegane

Bois
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MessageSujet: Re: Cours de combat | La beauté de la nuit, la douceur des rêves... et le doux bruits des casseroles :face: [Terminé]   Cours de combat | La beauté de la nuit, la douceur des rêves... et le doux bruits des casseroles :face: [Terminé] - Page 2 Icon_minitimeVen 22 Fév 2013 - 22:06

Ca aurait dû être Kloa.
Ca aurait dû être un combat, une mise au point. Pas ça. Pas comme ça. Pas cette fille… Elle ne pouvait pas avoir tout gâché, simplement par mégarde, simplement par peur ! Astragal n’aurait pas dû être effrayée par l’exercice. C’était une femme, une guerrière, quelqu’un capable de protéger le clan et les enfants en l’absence d’hommes, quelqu’un… de bien. Elle aurait dû réagir en guerrière, comme Halina, comme la prof de combat, comme Locktar. Faire face.

Mais elle pleurait tout ce qu’elle savait, parce qu’elle était faible à crever, et incapable de ne pas crever de trouille, même armée de mensonge, de jolies perles et de pyjamas larges. Parce que par terre, il y avait un corps, de fille, crevé, et que c’était de sa faute, entièrement, et que ça aurait pu être elle, et qu’ils auraient tous su quand même, et que c’était atroce, et qu’elle entendait le bruit de leur chute, dans sa tête, encore, quand Lohan lui prenait la main, et que son propre corps ne désirait rien, que s’effondrer dans ses bras, s’affaisser pour toujours. Sentir son parfum d’herbes de bain, de mousse tendre recouverte du givre du matin, et sentir ses cheveux, et parler de boutiques, d’Al-Poll, par si loin, de leurs projets, comme si de rien, comme si ça n’existait pas.
Comme si ça pouvait se cacher, derrière des longs cheveux, derrière un joli sourire de fille, et des expressions de petite ou grande sœur. Elle hoqueta encore, s’effondrant au sol, quand Lohan heurta quelqu’un : c’était Cérys, dans le rideau de larmes et de cils roux coagulés, Cérys dans un décor de flou, de désespoir et de terreur, qui la plaquait presque au mur, qui s’accrochait à elle, part intégrante du chaos.
La secousse lui lança le dos, redoublant ses sanglots.
Pourtant, elle ne la détestait pas, Cérys. Elle était peut-être la seule des Teylus à l’aimer, comme on aime un chien encore trop sauvage pour cesser de mordre, ou une petite sœur qui brise le travail de tout un hiver par inadvertance. Elle l’avait jamais laissé enfermer, quand elle était là. Et pourtant, elle était encore timide, Astragal, même si on la savait joviale, elle était pliante, résignée à suivre les autres, pas ambitieuse, pas justicière pour un sou.
Teylus, c’était sa première famille, la famille qui l’aimait. Et elle l’avait perdu, et Cérys lui faisait mal, et Hestia était morte, et Lohan l’avait menée à Cérys, Kloa était en vie, et armée, et on allait…
Elle n’aurait pas pu dire quoique ce soit. Cérys avait ce regard mauvais.
Lohan eut cette réaction qui coupa les sanglots, fit que les genoux lâchèrent, et que le thüll se retrouve à se racrocher au marbre. Ses yeux allaient d’une brune à l’autre. Elle n’avait jamais vu Lohan attaquer. Lohan se défendait toujours, mais elle ne frappait pas en premier.
Ca aussi, ça fit quelque chose dans ses tripes. Un peu peur, parce qu’elle réalisait que, oui, Lohan était une guerrière. Une meilleure guerrière qu’elle ne pouvait espérer l’être. Une meilleure fille.
Un mélange de beau, et de maternel, et ça rassurait l’enfant blessé et affolé. Quelqu’un capable de mentir, d’attaquer pour la protéger. Qu’est-ce qu’elle était en train de lui faire, à Lohan, qui était quelqu’un de bien ? Qui se mettait en danger pour que le Grand Rouge ne la trucide pas, ne la déshonore pas.
Pourtant, son regard retomba sur Cérys, comme en ricochant. Et elle le vit mauvais. Mauvais comme c’était improbable de l’être. Mauvais comme elle ne parvenait plus à l’être face à Astragal- même en ayant vu la scène de meurtre ridicule.
Quelque chose dans sa tête comprit que Cérys ne pouvait pas être quelqu’un de bien ou de gentil, jamais. Que son regard ne pourrait jamais être vraiment doux –pas encore. C’était un loup qu’on prenait pour un chien, d’ordinaire, qui ne voulait que mordre, toujours, plus fort.
Mais un loup a besoin d’une meute, comme la plupart des chiens. Et Astragal comprit que ses mots, ses regards, ça voulait dire qu’elles étaient du même groupe.
Elle cilla. Hocha la tête en silence, en regardant Cérys, positivement. Ca ne voulait pas dire qu’elle approuvait les propos de Lohan, qu’elle avait envie que Cérys la dénonce, et de faire de Lohan un témoin menteur, et de créer une guerre entre les deux louves.
Elle voulait les suivre, simplement suivre, et s’endormir en boule, dans son dortoir de fille, qui sentait les shampoings de Loeva, le cuir des vêtements d’Halina, les promesses d’une vie autre.
Ca voulait dire « Oui, je te dirai tout. Et avec toi, je pourrai être moi. Tu me détesteras de la même manière ».
Et l’apatie revint, comme une chape de plomb dans son crane, en idées décousues, toutes suturées de trouilles absurdes, en comprenant que le brouhaha s’amplifiait, que le temps manquait, qu’ils allaient l’attraper, sans doute, avec Cérys, ou pas, si…
Lohan lui reprit la main, reprit la parole, et toutes les parts d’Astragal s’ y soumirent, resoudées par la peur, par l’envie débordante de croire. Que quelqu’un pouvait prendre autant de risques pour elle. Volontairement. Que quelqu’un l’aimait, et lui tenait la main.
Une vraie guerrière.
Ses yeux mirent quelques secondes de trop à se détacher de Cérys.
L’espoir se consolida, lui redressa la colonne, compressa son souffle. Elle balaya rageusement une larme de sa joue, renifla fort. Elle avait l’angoisse, en boule dans la gorge, là, derrière la pomme d’Adam, et ses genoux tremblaient, et dès qu’elle vit Hestia, les larmes reprirent de plus belle.

C’était le monstre rouge qui la portait, il savait tout, forcément, il allait dépecer sa peau, arracher ses os, il allait..
Mais c’était presque des larmes de reconnaissances, en réalité, qu’elles coulèrent encore longtemps, et de plus belle, après qu’il les ait dépassé, toutes les trois.
Cérys s’était tue. Pour le moment.
Lohan ne l’avait pas lâchée.
Elles se noyèrent dans la masse noire, pour retourner se coucher, en automate, comme les autres. Astra n’aurait absolument rien su dire de ces moments, de la manière dont elle se retrouva au lit, bordée, les yeux grands ouverts sur le plafond tout noir, dans un silence complètement artificiel à leur dortoir, et elle était épuisée d’avoir autant pleuré et vécu.
Tout était allé trop vite. Elle était complètement larguée. Avec des sentiments tellement mélangés qu’ils lui filaient la nausée. Elle se réveilla en sursaut, persuadée que la porte venait de s’ouvrir à la volée, pour encadrer un Aziel échevelé, aux traits paternels, qui condamnerait.
Mais Ril’Krysant ne se montra pas de la nuit.
Ni du jour suivant, d’ailleurs.


[Lohan, Kloa, Cérys... /o/ RP ou édition quand vous voulez! ]

Kloa Rwanda
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Acier
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MessageSujet: Re: Cours de combat | La beauté de la nuit, la douceur des rêves... et le doux bruits des casseroles :face: [Terminé]   Cours de combat | La beauté de la nuit, la douceur des rêves... et le doux bruits des casseroles :face: [Terminé] - Page 2 Icon_minitimeJeu 28 Fév 2013 - 8:12

Il y avait ceux qui pleuraient, en silence, avec des larmes qui dévalaient leurs joues comme l'eau d'un torrent. Il y en avait d'autres qui ne voulaient pas y croire, s'accrochant au corps d'Hestia à la manière dont on s'accroche à un souvenir, sans vouloir le lâcher mais qui, insensiblement, file sous les doigts. Et puis il y avait les autres. Les muets, les immobiles. Kloa en faisait partie. Elle n'était plus qu'une statue, à présent, mais pas une statue de sel ou de marbre ; juste une statue, une stupide statue, une statue d'un sang qui s'était soudainement refroidi. Rien qu'une stupide statue.

Les cris, avec l'arrivée d'Aziel, s'étaient tus. À présent, seuls les cœurs hurlaient. La jeune femme avait renoncé à chercher les autres Teylus dans la cohue : Einar, Lohan, Halina, Astragal, Cérys. Après tout, quelle importance ? Ils se retrouveraient, ils se retrouveraient tous à la Salle Commune, et le lendemain, et tous les jours qui suivraient aussi. Ils ne se parleraient pas, ils ne se souriraient pas, ils ne se regarderaient même pas. Les autres, sans doute, se réveilleraient en grognant et, devant les yeux rouges de certains, ne manqueraient pas de les questionner. Personne ne répondrait bien sûr, peut-être même que quelqu'un leur balancerait un oreiller à la figure, pour avoir la paix - même si aucun d'entre eux ne serait d'humeur à faire une bataille de polochons. Et puis, ensuite, chacun se roulerait en boule sous son édredon qui lui paraîtrait pourtant glacé, serrant les paupières, et cherchant en vain un sommeil qui ne viendrait pas. Et l'image de la blonde Aequor, même morte, même emportée par l'Intendant, même prise en charge par les enseignants, continuerait de les hanter jusqu'au lever du jour.

Elle ne sut pas combien de temps s'écoula exactement avant que Locktar ne les rassemble, Teylus et Aequors, tandis que son assistante raccompagnait les Kaelems jusqu'à leurs dortoirs. Ils le suivirent en silence, tête basse, et seuls les hoquets ou sanglots des élèves bleus troublèrent le silence qui s'était emparé d'eux. Jamais Kloa n'avait vu leur professeur d'armes si abattu. Pour elle, pour eux, il avait toujours été Grand Siffleur, un peu sévère, parfois bourru, souvent exigeant, mais qu'ils aimaient bien, au fond. Et, tout à coup, elle se demanda ce qui lui arriverait. Aziel le laisserait-il exercer à présent qu'une apprentie guerrière avait trouvé la mort durant un de ses cours ? Et, si ce n'était pas le cas, que deviendrait-il ? Et que deviendraient-ils, eux ? Eileen le remplacerait sans doute, si elle n'était pas inquiétée. Mais qui serait nommé à la tête de leur Maison ? Qui serait Primat de Teylus à sa place ? Et elle se rendit compte qu'elle n'en voulait pas, d'un autre. Elle voulait Grand Siffleur. Leur Grand Siffleur.

Ils passèrent d'abord par la Salle Commune des Aequors, s'arrêtant dans le couloir pendant que les élèves en franchissaient un à un les portes. Puis ils reprirent leur route dans les corridors déserts et, à chaque fois qu'ils croisaient un escalier, Kloa ne pouvait s'empêcher de se figurer la jeune fille chutant dans les marches. Elle se mordit les lèvres, de toutes ses forces, et ne fut satisfaite que quand le goût âcre du sang emplit sa bouche. Et puis, ils y furent, eux aussi, et les armes qu'ils déposèrent à leurs pieds résonnèrent lugubrement dans le couloir sombre. Locktar les observa un long instant, comme hébété, avant de tourner vivement les talons, sans prononcer la moindre parole qui eût pu soulager très légèrement le poids qui reposait sur leurs épaules. Alors, ils pénètrent à la queue leu leu dans les dortoirs, sourds et aveugles à ceux qui, tirés de leurs rêves, les interrogeaient avec angoisse. Mais, devant les regards lourds de sens qu'ils leur lançaient, ils s'interrompirent finalement, les laissant se coucher avec la ferme intention, sans doute, d'en savoir un peu plus à leur lever. Kloa, en s'asseyant au bord de son lit, se rendit compte qu'elle n'avait pas rendu la ceinture. Elle la contempla un long moment avant de la jeter avec humeur à l'autre bout du dortoir. Chaque perle, arrachée ou maintenue au prix des efforts et de la sueur, semblait la narguer.


Longtemps, très longtemps plus tard, alors que l'aube, déjà, commençait à éclaircir les montagnes, la jeune femme, tournée face au mur, avait les yeux grand ouverts dans la nuit.


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