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 Trouve-moi une maison, je te forgerai un rêve [Inachevé]

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Eileen Nil'Lewan
Eileen Nil'Lewan

Assistante du Maître d'armes
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MessageSujet: Trouve-moi une maison, je te forgerai un rêve [Inachevé]   Trouve-moi une maison, je te forgerai un rêve [Inachevé] Icon_minitimeMar 16 Oct 2012 - 14:41

Eileen jeta un coup d’œil à droite et à gauche. À cette heure-ci, les couloirs étaient déserts. Bon, tant mieux.
Elle avait revêtu sa capuche, prétextant qu’elle avait encore un peu froid en ce début de printemps. C’était un piètre mensonge. Quand on avait dormi dans les fossé pendant une petite dizaine d’année, on avait plus froid.
Non, Eileen espérait simplement que personne n’irait vérifier en-dessous de ses vêtements. Parce qu’au lieu de porter la tenue réglementaire des professeurs de l’Académie, la jeune femme avait enfilé une tenue plus... adaptée à ses projets. Non, elle ne portait pas sa tenue complète d’assassin en cuir. Vu qu’elle allait se promener à Al-Poll en plein jour, cela aurait été carrément idiot. En revanche, elle avait choisi des affaires, quoique tout à fait adaptées à un combat, relativement discrète. À ses ceintures pendaient deux dagues longues, qui devaient suffire à faire comprendre aux idiots et autres ivrognes de la taverne d’à côté qu’elle avait autre chose à faire que de respirer leur haleine fétide. Et puis s’ils ne comprenaient pas avec ça, Eileen se ferait un plaisir de leur remettre les idées en place.
À coups de pied si nécessaire.

Eileen quitta l’enceinte de l’Académie, soulagée de ne croiser personne. Elle contrevenait à deux des nouvelles règles de l’Académie rien qu’avec sa tenue, autant rester discrète. Non pas qu’elle tente de se faire bien voir d’Aziel, mais... Si, en fait, c’était exactement ça. Eileen était ce qu’on appelait communément... une opportuniste.

Aziel était un représentant de l’empereur. Elle pouvait parier qu’à Al-Jeit, il était quelque peu connu. Si il l’aimait bien, elle pourrait toujours en tirer parti.
Si parallèlement, les professeurs et les élèves montaient une coalition contre lui, elle en serait sans doute un des piliers les plus important. Elle jouerait double jeu, prétendant à chaque camp qu’elle faisait semblant d’être avec les autres pour mieux les espionner. Et si cela se retournait contre elle, et bien tant pis, elle aurait essayé.

Eileen parcourut rapidement le chemin qui la séparait d’Al-Poll, maudissant une fois de plus l'orgueil qui l'avait empêchée d'apprendre à monter à cheval. Il allait vraiment falloir qu'elle s'empresse de régler ce problème-là. Mais comme Maena était l'assistante du maître des écuries, cela allait sans doute lui simplifier la tâche.
Une fois dans la ville, Eileen retira sa cape et la plia soigneusement, la dissimulant sous un buisson. Elle la récupérerait à son retour. Puis elle se fondit rapidement dans la foule.
Elle cherchait quelqu'un. Mais pas n'importe qui.

Le capitaine de son réseau d'espionnage...

Elle finit par le trouver, dans une petite ruelle adjacente.
À genoux sur les pavés
Un cheval en bois entre les mains

- Salut Edji, la salua-t-elle.

Le capitaine releva ses cheveux blonds cendré, révélant le visage innocent d'un enfant d'une dizaine d'années.
On ne se méfie pas des enfants. Ou en tout cas, rarement. Eileen en avait fait sa force. Dès son arrivée à Al-Poll, elle était allé traîner dans les rues, un paquet de bonbons à la main. Comme quoi il ne faut pas faire confiance aux gens qui vous apportent des bonbons.
Eileen leurs avait offerts quelques cadeaux, elle avait joué avec eux. Elle les avait observé. De tous les enfants de la ville, elle n'avait pas tardé à en remarquer certains, plus dégourdis, plus hardis. De ceux là, Edji était le meilleur.
Elle avait recours à eux de temps à autre, principalement quand elle avait besoin d'une information. Bien évidemment, aucun de tous ses mini-espions ne savaient qui elle était. Elle leur présentait la situation sous la forme d'un jeu, et ils revenaient la voir quand ils avaient « gagné ».
Et si Edji continuait de bien se débrouiller, peut-être en ferait-elle son élève, d'ici quelques années...

- Bonjour ! lança le gamin joyeusement. Tu viens jouer avec moi, aujourd'hui ?
- Non, pas aujourd'hui, poussin. Tu m'a apporté ce que je t'avais demandé ?
- Oui, tiens !

Le garçon sortit de son sac en toile un petit morceau de bois recourbé. Un boomerang. Eileen l'avait vu jouer avec pour la première fois quelques semaines auparavant. C'était l'analyste du coin qui avait ramené un jouet de ce genre de son dernier voyage.
Le jouet en question avait attiré l'attention d'Eileen trois semaines plus tôt.
Les enfants lancent toujours beaucoup de choses Des cailloux, des bouts de bois, des chats, leurs petit frère
Mais là, ils lançaient un jouet bien plus étrange.
Parce que le jouet revenait.
Eileen en était restée bouche bée. En bonne fainéante, elle s'était demandée comment résoudre le problème des couteaux qui ne revenaient pas tous seules dans sa main. À chaque fois, elle devait se déplacer pour les récupérer, ce qui lui faisait perdre du temps.
Elle avait donc été jouer avec les enfants. Des boomerang, elle en avait lancé des centaines, peut-être des milliers. Sans grand résultat, hélas. La trajectoire restait assez aléatoire, et le moindre obstacle paralysait complètement le petit engin. Pas de quoi couper des gorges.
Eileen rangea dans son propre sac le petit boomerang en bois. Puis elle demanda :

- Tu m'as bien dit que Phillys avait trouvé un couteau, hier matin ?

- Oui, oui, même qu'il me l'a montré et qu'il était très beau.
- Et tu sais où il l'avait trouvé ? Chez le marchand de bij...
- Non ! Il y a une fille qui vient d'arriver ! C'est elle qui avait le couteau !

Hum... Mais d'où la fille tenait-elle cette arme ? L'avait-elle achetée ? Volée ? Ou fabriquée elle-même ? Eileen aurait tout à fait pu passer par son réseau de forgerons habituel, ou même s'adresser au forgeron de l'Académie. Mais comme elle allait passer une commande un peu... spéciale, elle préférait autant rester discrète.
Et puis, si ladite fille ne savait pas tenir sa langue, cela serait toujours plus facile de la faire taire elle  plutôt que n'importe quel montagne de muscle d'une forge standard.

- Tu peux m'emmener chez elle ?
- Je sais pas où elle habite... Mais je sais qu'elle est souvent à l'auberge du siffleur ! Elle est facile à voir, elle a les yeux verts !

Eileen se releva, remerciant le petit garçon. Elle sortit de son sac en toile le pain aux herbes qu'elle avait chipé dans la cuisine et le lui tendit. Puis elle prit le chemin de l'auberge du siffleur.
L'auberge, à cette heure-ci, était bondée. Eileen commanda un verre de jus de fruit, histoire de ne pas déteindre au milieu de tous ses ivrognes, mais en gardant les idées suffisamment claires pour conclure un éventuel marché. Tout en attendant sa boisson, elle observait.
Son regard ne tarda pas à se poser sur une fille, apparemment seule à une table. Elle avait les yeux très verts, et une arbalète dans le dos. Eileen s'assit à sa table sans la moindre gêne.

- Je cherche... Quelqu'un qui pourrait me faire une arme... un peu particulière. Tu connaitrais quelqu'un de ce genre ?

Fell Antaris
Fell Antaris

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MessageSujet: Re: Trouve-moi une maison, je te forgerai un rêve [Inachevé]   Trouve-moi une maison, je te forgerai un rêve [Inachevé] Icon_minitimeMar 16 Oct 2012 - 15:35

La journée avait bien commencé. J'amassais doucement de quoi changer de logement, trop lassé par cette minuscule mansarde. Il était vraiment tant que je change de nid, le miens était trop tapissé de papier et d'encre. Le matin même je m'étais levée, comme toujours, avant l'aube. J'avais une commande à finir, et je comptais bien flâner un peu avant. Je n'étais pas de nature paresseuse, mais je pouvais donner mon cœur pour voir l'aube se lever sur les toits d'Al-Poll.
Mon perchoir n'était jamais le même. Il changeait selon des centaines de paramètres différents. La lumière, les nuages, les étoiles encore visibles, l'avancement du cycle de la lune... Tout ça ce n'était que des prétexte Marchombres, moi je ne suivais ni le vent ni quiconque d'autre. Juste comptait mon cœur et l'endroit où mes yeux portaient. En fait, a force de chercher, je me faisais souvent surprendre et finissais par me dire que l'endroit où j'étais était le meilleur pour cette fois.
Je crois aux co-incidences, pas aux coïncidences.

Perchée en haut d'une cheminé, les jambes oscillantes dans le vide j'observais le soleil étendre son règne dans les cieux. Comme d'habitude, j'avais une tasse de thé à côté de moi où poussaient des fleurs de brumes, aussitôt soufflé par la brise. Comme d'habitude, je fredonnais une chanson qui n'avait de sens que pour moi. Comme d'habitude...
J'étais heureuse.

Ce cycle me fascinait encore aujourd'hui. Chaque aube était différente de l'autre, comme si elle signait le jour naissant. J'étais heureuse oui, d'avoir le choix de les contempler. Alors que je portais ma tasse à mes lèvres, les souvenirs de ma vie d'avant donnèrent à la boisson un gout amer... Je restais statique un instant, la porcelaine contre mes lèvres, observant les quelques nuages incandescants. Ils me rappellaient le fer. Le fer sortant de la forge, attendant qu'on le façonne. Je reposais alors la tasse sur sa soucoupe et terminais ma contemplation, mes souvenirs réduits au silence par l'instant présent.
Je n'avais pas traversé l'enfer de certain, mais je savais que j'avais connu moins de bonheur quue d'autres. On avait piétiné ma vie et mon art, mon précieux art. J'avais fuis et on m'avait rattrapé, enchainée et contrainte a continuer. On avait prostitué mon talent. Aujourd'hui, alors que mes talents étaient devenus gênant, on pretextait me rendre ma liberté pour m'exiler autre part, là où je ne gênais pas. Soit.
J'userais de mon art jusqu'à en faire saigner mes mains. Mon cœur lui, ne s'usera pas.

Le spectacle de l'aurore à son terme, je redescendais dans la rue en passant par ma mansarde, posant la tasse. Mes pas me dirigèrent vers l'auberge du Siffleur où je passais pas mal de temps lorsque je n'arpentais pas les rues où que je ne créais pas. J'aimais beaucoup ce lieu, simple, chaleureux et vivant, comme un feu de cheminée. Je m'asseyais a une table, seule, et commandais un autre thé. Mis à part ma légère accoutumance à ce brevage, je trouvais celui du Siffleur remarquable.
C'est alors que l'ombre d'un oiseau passa au dessus de moi pour venir se poser à ma table. Mes yeux croisèrent ceux, fiers et aiguisés d'une jeune femme dans mes âges. Elle alla droit au but alors que je haussais un sourcil, particulièrement surprise par sa franchise et la nature de sa requête.

- Je cherche... Quelqu'un qui pourrait me faire une arme... un peu particulière. Tu connaitrais quelqu'un de ce genre ?

Je comprenais immédiatement ce qu'elle sous-entendait. Je liais mes doigts et déclarais d'un ton calme, regardant attentivement le motifs du cuir de mes mitaines. Je la tutoyais immédiatement, comme elle l'avait fait avant. En vérité, je tutoyais presque tout le monde, elle m'otais ainsi une épine du pied.

- C'est possible oui... Mais je te préviens, cette personne est... Originale. N'espère pas choisir ton arme: c'est elle qui la fera à ta mesure. Tu as de quoi payer ?

Je levais vers elle mes yeux vert. La folie, l'espoir, la liberté, la jalousie... Tant de choses transparaissaient dans cette couleur sans pour autant que mes sentiments en face partie. Mes mots étaient à peine calculés. Je n'avais aucun talent pour le baratinage, je me contentais de dire ce qui étais. En fait, je détestais parler aux autres parce que je me retrouvais toujours soit blessée, soit à blesser quelqu'un. Hors à quoi bon la violence le sang et la mort si ce n'est pour servir mon arme et finaliser mes œuvres ?

Eileen Nil'Lewan
Eileen Nil'Lewan

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MessageSujet: Re: Trouve-moi une maison, je te forgerai un rêve [Inachevé]   Trouve-moi une maison, je te forgerai un rêve [Inachevé] Icon_minitimeSam 20 Oct 2012 - 18:10

Eileen laissa échapper un petit rire nerveux. Non mais pour qui elle se prenait, celle-là ? La plupart des forgerons étaient sérieusement imbus d’eux-même. Celle-là avait tout de même l’air sérieusement égocentrée.
Le jeune assassin retint de justesse le commentaire acerbe qui lui brûlait les lèvres, pour se rabattre sur une remarque qui était loin d’être aimable :

- Il m’est égal de la manière dont tu t’y prends, tant qu’à la fin, je peux égorger des gens avec. Et qu’elle ne rouille pas à la première pluie ou ne se brise pas en touchant le sol.

Elle sourit en sortant de son sac le petit morceau de bois.

- Mais si c’est toi que je viens voir, et pas n’importe quel forgeron lambda, c’est que j’ai une commande... assez spéciale. Je suppose que la plupart des gens qui viennent te voir veulent des couteaux. Ou des épées. Ou ce que tu veux, mais pas ça. Ne t'inquiète pas, j'ai toujours de quoi payer... nous nous entendrons sur le prix... après....

Eileen fit courir son doit sur la rainure de l’objet.

- Ce truc-là, c’est un jouet pour enfant. La seule chose que j’ai réussi à faire avec, c’est casser une vitre.

Et pas la bonne, en plus. Cela faisait deux heures qu’Eileen s’entraînait sur un arbre, quand, manque de chance, ce satané jouet avait percuté la fenêtre du commerçant d’en face. Bon, c’était un mal pour un bien, puisqu’elle en avait profité, la nuit venur, pour le délester d’une bonne partie des bijoux qu’il fabriquait. Elle en avait d’ailleurs offert la plupart aux petites filles des bas-quartiers, ravies de pouvoir habiller leurs poupées avec autre chose que des chiffons.

- Mais son avantage, c’est que je le lance, et qu’il me revient dans la main.

Enfin, quand il n’y a ni vent, ni obstacle sur la trajectoire, et même comme cela, il faut avoir une sacré chance pour ne pas se le prendre dans la figure.

- Je voudrais la même arme. Mais qui coupe. Mon problème, c’est que si elle coupe... euh... un peu trop, et que je rate mon tir, je vais y laisse mon bras. Je voudrais donc que tu arrives à l’équilibrer. À transformer ce jouet en arme.

Eileen sourit de nouveau.

- Alors ? Tu acceptes ? Ou c’est trop dur pour toi ?

Fell Antaris
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MessageSujet: Re: Trouve-moi une maison, je te forgerai un rêve [Inachevé]   Trouve-moi une maison, je te forgerai un rêve [Inachevé] Icon_minitimeLun 22 Oct 2012 - 12:12

J'écoutais la jeune femme en posant mon visage sur la paume de ma main. Les doigts de l'autre battaient une cadence imaginaire tendis qu'elle parlait. Elle était bien sure d'elle, la jeune femme aux yeux bruns. Néanmoins on ne pouvait omettre qu'elle, à l'instar que tout mes commanditaire et de moi même étions des gens de combat.
Hors les guerriers ne sont pas le plus souvent connu pour leur délicatesse. Alors qu'elle s'employa à me décrire ce qu'elle voulait, mon attention se détourna. Qu'importe ses souhaits, si elle voulait une arme de moi, elle devrait se plier à la volonté de son cœur, pas à celui de ses envies. Je fus néanmoins intriguée par l'objet qu'elle sortit de son sac. Un jouet bien étrange que celui qu'elle me présentait là. En bois, d'un seul tenant, il était recourbé dans un arc que je devinais parfaitement calculé. La description qu'elle m'en fit éveilla encore plus ma curiosités.
Ce jouet... Revenait. Oui je pouvais en tirer quelque chose de relativement intéressant. Je gardais l'idée dans un coin de ma tête en écoutant le reste de sa requête. J'avais tout d'abord penser l'interrompre dans son palabre mais cette trouvaille m'intriguait au plus haut point. Je n'étais pas douée pour la négociation ou pour les belles paroles. Je n'étais pas douée pour parler tout court en fait. Je tendis la main pour prendre l'objet alors qu'elle parlait encore.
C'était bel et bien du bois verni, orné par un filigrane aussi simple que beau. Pourtant imposante, la pièce était très légère. Posant un doigt à chaque extrémités, je relevais les yeux vers la jeune femme. Elle venait de finir de parler et me dit avec un sourire provocateur.

- Alors ? Tu acceptes ? Ou c’est trop dur pour toi ?

Un sourire rêveur passa sur mes lèvres. Trop dur ? Peut-être que je mettrais plus de temps mais j'obtiendrais toujours un résultat. J'avais déjà œuvré pour des gens dont l'âme et le cœur souhaitaient la même chose. Elle pouvait avoir de la chance en effet. Je reposais l'objet en gardant néanmoins mes doigts dessus.
Mon index se remit à battre un cadence imaginaire durant quelques secondes puis, après un coup légèrement plus fort, je relevais les yeux vers elle.

- J'accepte. Mais comme je te l'ai dis, je fais les armes à la mesure des gens, pas selon ce qu'ils veulent. C'est une partie des choses qu'il faut accepter pour s'offrir mes services...

Voyant que je ne lui ferais sans doute pas ce qu'elle voulait, une expression parfaitement compréhensible passa sur son visage. Je me redressais et tentais de rattraper le coup. Je n'avais pas forcement besoin d'une commande actuellement, mais une occasion d'exercer mon art, ce n'était pas de refus. Ma voix était peut-être un peu trop gênée mais j'avais l'habitude des erreurs que je commettais en discourant avec les autres.

- Je suis désolée... Tu tenterais le coup quand même ? Ce n'est pas compliqué, je n'ai qu'une poignée de question à te poser. Rien de bien personnel ne t'en fais pas.

Je soutins son regard alors qu'elle réfléchissait. Au fond de moi, j'espérais qu'elle ai vraiment besoin de ce genre d'arme. Je mourrais d'envie de tester cette chose. Mais je n'avais pas le droit de mêler mes propres désirs à mon travail.
Ce serais trahir tout ce que j'avais fais auparavant.
Un jouet... Elle voulait faire une arme d'un jouet. Oxymore intéressante à première vue, si ce on oubli la cruauté dont un enfant peut faire preuve. L'intervention de Phillys dans ma vie quelques jours plus tôt m'avait fait me souvenir de cette vérité. Il ne faut jamais sous estimer un enfant.
D'un autre côté, je voyais dans sa requête une certaine poésie. L'envie de faire de l'acte de mort un jeu d'enfant. Un début d'empathie se créa sur cette pensée. L'enfance... Je devinais un lien entre elle et ça, sans pouvoir à l'approfondir. C'était usuel, je ne pouvais pas savoir qui les gens était. On ne pouvait pas savoir qui les gens étaient, jamais, même eux-même ne le savait pas toujours. Non tout cela n'était que chimère intuitive.

Eileen Nil'Lewan
Eileen Nil'Lewan

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MessageSujet: Re: Trouve-moi une maison, je te forgerai un rêve [Inachevé]   Trouve-moi une maison, je te forgerai un rêve [Inachevé] Icon_minitimeDim 28 Oct 2012 - 8:37

Eileen eut un léger mouvement de recul. Comment ça, pas ce qu'elle voulait ? Qu'est-ce que c'était que cette fille qui ne faisait pas aux gens ce qu'elle leur demandait ? Et puis quoi, encore ? Elle serra discrètement un poing, s'enfonçant les ongles dans la paume pour retenir la réplique acerbe qui lui brûlait les lèvres. La jeune femme se contenta d'un :

-Je me fiche de ce que tu me fais. La seule chose que je veux, c'est que tu parvienne à me faire une arme équilibrée, pas trop compliquée à manier, dont je puisse à peu près choisir la trajectoire, et qui revienne dans ma main quand je le lance.

Le nombre d'applications que l'on pouvait donner à cette arme était infini. Même si elle avait un peu de mal à se l'avouer, Eileen était... très mauvaise en combat en corps à corps. Sans même parler de ses éxécrables talents à l'épée lourde, si elle affrontait un véritable guerrier, au poignard ou à la dague, il fallait un miracle pour qu'elle reste en vie.
Du coup, Eileen compensait par une extraordinaire habileté au lancer de couteau. Elle se débrouillait avec un arc, pour peu que la cible ne bouge pas trop et ne soit pas trop petite. Mais sa spécialité, cela restait l'infiltration. Rentrer dans des bâtisses réputées imprenables, voilà qui la motivait. Avec une arme comme celle-ci, elle serait imbatable. Elle n'aurait plus besoin de risquer sa vie pour récupérer des couteaux qui risquaient de la trahir. Elle pourrait faire passer des cordes derrières des appuis de fenêtres au lieu de s'en remettre à une simple flèche fichée dans le bois.

-Écoute, oui, je vais tenter le coup. Parce que je préférerais rester... discrète, tu vois ? Donc si tu vas parler de cette histoire de fille qui te commande un boomerang dans tous les cafés du coin, attends-toi à me revoir un peu plus tôt que prévu. Ah, et si ce n'est pas trop te demander, j'aimerais que tu graves dessus, même en tout petit dans un coin, un corbeau. Si tu tiens absolument à faire autre chose que ce que je te demande, tu peux aussi me faire un choucas ou une corneille, si tu veux...

Deuxième particularité d'Eileen. Elle ne masquait jamais ses méfaits. Au contraire, même. Elle les signait. C'était... une sorte de provocation, un jeu entre elle et la Garde. Cela faisait un bon moment que les soldats d'Al-Poll avaient fait le lien entre la meurtrière en rédemption à l'Académie de Merwyn et les corbeaux qui fleurissaient sur leur mur à chaque assassinat. Mais sans aucune preuve, ils ne pouvaient l'accuser. Eileen savait qu'on avait fouillé sa chambre à plusieurs reprise. Cela tombait bien, ses affaires vraiment personnelles étaient à l'abris dans leur cachette, à la cascade. Il s'agissait de tous les objets qui auraient pu permettre de faire le lien entre Eileen Lewan, misérable assassin, et Eileen Nil'Lewan, grande noble d'Al-Jeit. Le reste de ses armes, et sa tenue, elles les avaient dissimulées sous une latte de parquet.
Dans la chambre de son voisin.
Pour l'instant, elle ne risquait donc pas grand chose. D'autant plus qu'elle ne masquait pas son visage, mais que généralement, les personnes l'ayant vue ni vivaient pas assez longtemps pour avoir l'opportunité d'aller le raconter à droite à gauche...

-Pour ce qui est du prix... Mon prix sera le tiens, tant que tu ne me demande pas l'équivalent du revenu annuel de Gwendalavir...

Il ne fallait pas se mentir, Eileen était riche. D'abord, parce qu'à force de cambrioler les nobles de l'empire, elle avait fini par s'amasser un joli petit pactole. Et ensuite, parce que si elle avait besoin d'argent, il lui suffisait d'écrire une lettre à sa sœur, qui pour le coup, était vraiment riche.

- J'ai de l'or, si c'est ça que tu veux... Mais si cela ne te gêne pas, je préfère payer en... matière. Je peux te trouver à peu près tout ce que tu veux, ou te rendre un service.


Comme éliminer une personne gênante, si tu veux. Mais Eileen retint cette précision.

-Bon, alors allons-y, pose-moi tes questions...

Fell Antaris
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MessageSujet: Re: Trouve-moi une maison, je te forgerai un rêve [Inachevé]   Trouve-moi une maison, je te forgerai un rêve [Inachevé] Icon_minitimeSam 3 Nov 2012 - 14:04

Je hochais doucement la tête en entendant sa réponse. Le désintérêt semblait être sa meilleure arme, comme si elle cherchait à mettre de la distance, du recul, pour mieux frapper ensuite. Un véritable serpent au venin affuté. Elle savait ce qu'elle voulait et étrangement, ce que je sentais d'elle ma semblait correspondre. Je devais faire attention à ne pas me bloquer sur sa demande, c'était là un de mes problèmes. Lorsqu'un client me disait ce dont il avait envie, j'avais le plus grands mal à m'en défaire.
Mais ce qu'elle m'avait présenté était un jouet, pas une arme, c'était donc bien plus simple de prendre du recul. Je la fixais sans répondre jusqu’à ce qu'elle complète, la voix bien plus hésitante qu'avant.

-Écoute, oui, je vais tenter le coup. Parce que je préférerais rester... discrète, tu vois ? Donc si tu vas parler de cette histoire de fille qui te commande un boomerang dans tous les cafés du coin, attends-toi à me revoir un peu plus tôt que prévu. Ah, et si ce n'est pas trop te demander, j'aimerais que tu graves dessus, même en tout petit dans un coin, un corbeau. Si tu tiens absolument à faire autre chose que ce que je te demande, tu peux aussi me faire un choucas ou une corneille, si tu veux...

Je hochais la tête, la décoration n'étais pas l'arme en elle même, c'était l'une des seules choses que je laissais au bon vouloir de mes clients. Il fallait bien qu'il ai l'impression de jouer un rôle. Il est bien étrange de voir comme les gens se déstabilisent lorsqu'on leurs retire leurs repaire. C'est cette remarque interne qui me rappela un histoire arrivée à mon père, joaillier et artiste devant l'éternel.
Il avait refusé la commande d'une noble et lui avait imposé ses conditions comme il l'avait toujours fait. Avec autorité. C'est l'un des traits que je n'avais absolument pas hérité de lui, mon père semblait capable de convaincre n'importe qui et son honnêteté l'avait servie dans ce sens. Jamais mon père n'avait abusé de personne, personne ne se méfiait donc de lui.
Cette noble donc, secouée par le refus et l'autorité, s'était offusqué dans toute la puissance que peut avoir une tête couronnée en colère. Il avait ensuite suffit que mon père lui demande quelle pierre elle souhaitait avoir en priorité pour qu'elle se calme. Étrange chose oui, bien étrange... Je haussais les épaules.

- Ce n'est pas mon genre, je n'aime pas vraiment raconter ma vie au gens. Si tu venais à refuser tu retournerais dans le néant pour moi, je n'aurais aucune raison de parler d'une commande ratée.

Je me retenais de justesse d'ajouter "à cause d'une cliente bornée". Elle me demandait une arme faite pour le meurtre et l'affichait sans aucune gêne. Pas que je sois une cible facile ou dénuée de prudence, au contraire même, mais je n'avais pas envie d'avoir un problème pareil sur le dos.
Il fut ensuite question du prix, savoir que mon prix serait le siens me soulagea un peu, une personne disant ce genre de chose n'avait pas de limites stricts. Elle dit alors quelque chose qui m'intrigua. Un service...?
Je me souvins alors de Elio qui m'avait fait la même proposition et à ce moment, il y avait bien eu une chose qu'il avait put faire pour moi à l'endroit de Philys. Mais aujourd'hui, je n'avais pas vraiment besoin de tuer un enfant m'ayant dérobé une œuvre. Je levais légèrement les yeux et mon esprit vola directement à ma mansarde. Si elle pouvait m'obtenir quelque chose de mieux, je pouvait même lui faire trois armes différentes... Je plongeais donc à nouveau mes yeux dans les siens.

- Je vis actuellement dans une mansarde et tu t'en doutes surement, je n'aime pas vraiment être dans une pièce si misérable. Si tu me trouves un logement...disons confortable, je ferais ton arme. Je n'ai qu'une seule exigence, je voudrais être en hauteur. Pouvoir accéder au toits.

En vérité, j'avais une bonne centaine d'exigence, comme simplement l'eau courante, mais j'avais déjà eu assez de mal à lui faire accepter mes conditions. Tout ce qui comptais c'était un accès aux toits. Je croisais alors mes doigts et inspirais profondément avant d'expirer de la même façon, en fermant les yeux. Lorsque je les rouvrais, je les plongeais dans les siens, la regardant tout en regardant dans le vide.

- Noir ou blanc ?

Elle répondit assez rapidement. Je n'attendais pas une réponse immédiate, juste une réponse sincère.

- Acier ou sang ?

Un réponse sincère pour mieux tracer.

- Le chevalier ou le héron ?

Tracer des lignes clairs, précises.

- Le sucre ou le sable ?

Les lignes d'une âmes, les lignes d'une arme.

- Le loin ou le près ?

Puis enfin le dernier coup. Le coup final, le point final.

- L'enfant ou la mort ?

Elle me répondit sans quitter mes yeux et je ne sus vraiment comment décrire son émotion mais je savais quoi lui faire. J'avais même deux option. Je sortais un carnet et fi un rapide croquis et le refermais sèchement. C'était la première personne que je croisais comme ça, qui voulait une chose aussi intéressante mais surtout la chose qui lui fallait. Je lui tendis alors la main, dans une semaine, son arme serait prête.

- Dans une semaine, nous nous retrouvons ici avec ce que nous devons à l'autre. Ça te vas ?

Eileen Nil'Lewan
Eileen Nil'Lewan

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MessageSujet: Re: Trouve-moi une maison, je te forgerai un rêve [Inachevé]   Trouve-moi une maison, je te forgerai un rêve [Inachevé] Icon_minitimeSam 3 Nov 2012 - 16:24

Tiens donc... qu'Eileen lui trouve une maison... c'était vraiment peu demander pour l'arme que la jeune femme allait récupérer. Quand on connaît la ville comme sa poche, ce n'est vraiment pas compliqué. Al-Poll regorgeait de maisons inhabités plus ou moins hospitalières. Eileen n'avait qu'à en faire le tour pour vérifier les locataires, et tout irait pour le mieux.
Parce que bon, tant qu'à faire, il valait mieux éviter d'installer les gens dans un hangar bourré de mercenaires du chaos. C'était très moyen pour vivre paisiblement...

Eileen ourvit l'oreille prête à affronter les questions. Elle s'attendait à des détails propres au forgeron, tels que « fer ou acier » ou bien la taille de sa main pour que celle-ci s'adapte à la poignée.
Mais en voyant le regard de Fell, perdu dans le vague, la jeune fille comprit que cela serait... beaucoup plus profond que cela.

- Blanc ou Noir ?

On entendait parfaitement les majuscule dans sa voix. Eileen n'hésita pas une seconde :

- Noir.

La réponse était venue d'elle-même. Les mots avaient coulé de sa bouche naturellement, sans qu'elle les retienne.
Je suis le Noir
Mon ombre est Noire, le Corbeau est Noir
Noir.


- Acier ou sang ?
- Acier

L'acier ouvre bien plus de voie que le sang. L'acier peut faire couler le sang alors que le sang ne fera jamais couler l'acier. Il faut tout d'abord être acier si l'on veut être sang..

- Chevalier ou Héron ?
- Héron

Je suis l'immobile, celle que l'on attend pas. Je suis celle qui frappe d'un coup sans jamais manquer sa cible. Je suis celle qui s'échappe, invisible, d'un simple coup d'aile..

- Le sucre ou le sable ?
- Euh...

Première hésitation. C'était un peu étrange. Eileen dut réfléchir une petite minute avant de répondre

- Le sable

Je suis celle qui voyage avec le vent et les flots. Je ne suis qu'un grain parmis une multitude, et pourtant je suis là..

- Le loin où le près ?
- Le loin

Il faut toujours, toujours regarder au loin pour avancer. Mon regard est fixé sur l'horizon et n'en bougera pas.

- L'enfant ou la mort ?

Eileen se figea, glacée. L'enfant, la mort. Les deux piliers, les deux extrêmes de sa vie. À la fois la mort qu'elle donnait en tant que meutrière. Et l'enfant, hymne à la vie, qu'elle chérissait de tout son cœur. La jeune femme marqua un long silence.

- Les deux.

Fell dessina quelque chose dans son carnet, qu'Eileen, malgré sa curiosité, ne demanda pas à voir. Elle savait déjà que Fell aurait refusé.

- Ça me va. À la semaine prochaine !


- Alors, Edji, tu as trouvé ?
- Oui, Eileen. J'ai bien cherché comme tu m'avais dit, et j'ai demandé aux autres enfants de chercher aussi. Mais c'est Luna qui y a pensé !
- C'est super, tu es génial, Edji. C'est où ?
- C'est l'ancienne maison des Vil'Hayan. Ils sont partis à Al-Jeit, et leur maison elle est vide. Et même qu'avec Luna on va souvent jouer dans le jardin ! Mais on ne peut pas rentrer dans la maison parce qu'elle est fermée !

Eileen se pencha pour déposer un baiser sur le front du petit garçon.

- C'est parfait, mon bonhomme. Tiens, tu partageras ça avec Luna !

Elle lui tendit un sachet de bonbons, et l'enfant partit avec en riant. Il n'en fallait pas beaucoup pour le ravir, lui ! Mais il était vraiment débrouillard, et Eileen l'adorait. Où irait ce monde, sans les enfants, franchement...
Eileen marchait sans se presser. Il était encore tôt, et son rendez-vous avec Fell n'était que plus tard dans la matinée. Elle avait donc tout le temps qu'elle voulait pour visiter cette nouvelle maison.
Soyons honnête, c'était une ruine. À l'origine, il devait s'agir d'une grande villa, pourvue d'un jardin d'une taille tout à fait agréable dans la cour de derrière. Toute la partie droite de la bâtisse était effondrée, mais la seconde moitié, et les deux étages qui allaient avec tenaient encore debout. Eileen mit deux minutes à forcer la serrure, puis fit quelques pas. La grande majorité des meubles était encore en place, et recouverts de poussière. Les carreaux avaient été brisés par des gamins curieux, et les tapis étaient rongés aux mites. C'était loin d'être un palace.
Mais bon, ce serait Fell qui choisirait, après tout...

Eileen se rendit tranquillement à l'auberge du siffleur. Elle était un peu avance.
La jeune femme se laisse tomber sur une chaise et attendit.

Fell Antaris
Fell Antaris

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MessageSujet: Re: Trouve-moi une maison, je te forgerai un rêve [Inachevé]   Trouve-moi une maison, je te forgerai un rêve [Inachevé] Icon_minitimeMar 13 Nov 2012 - 15:34

J'avais versé sur la lame de ma cliente bien des nuits blanches et bien des effort. Elle avait accepté de me céder le jouet de bois et il m'avait fallut de nombreuses études pour la transformer en arme. Le poids, la force pour la lancer... Je n'avais qu'une estimation oiseuse de sa puissance, ne pouvant me baser que sur le souvenir de sa silhouette, que j'estimais plus dans la souplesse que dans la force brute.
C'est cette supposition qui m'avait prit tant de temps, mais l'arme était prête et reposait sur mon établi, attendant qu'on la finalise. Je me laissais tomber sur une chaise passant par là. C'est lorsque je créais ce genre d'arme complexe que je me disais que l'usage des spires était bien utile. J'aurais pus, en un battement de cil ou approchant, créer l'arme qui m'avait volé une semaine de ma vie.
Le résultat était une copie de l'objet en métal, de la même forme mais de la taille d'un bras légèrement ployé. Faite dans un acier noir aux reflets bleutés, et on devinait aisément, au tranchant couleur de lune, que se dernier pouvait traverser n'importe quoi si on le lançait avec la bonne technique. Un filin long de quelques mètres était enroulé à côté, fini par une boucle permettant de l'accrocher à la lame principale, la transformant en une sorte de grappin.
Mais, surtout, dans une boite, se trouvait un extra, une autre esquisse de son âme que j'avais faite le jour même. Un jeu de couteaux de lancé, six au total, dont la forme rappelait fortement celle d'une plume de corbeau, du même acier noir. Je les avais tous traité pour qu'ils soit mat et qu'aucune lumière, qu'elle soit de soleil, de torche ou de lune ne puisse les faire briller. Je soupirais un bon coup avant de me lever et d'aller me faire couler un bain, j'avais encore beaucoup de temps avant l'heure de rendez-vous, huit heures exactement.

Alors que je me plongeais dans l'eau chaude que ma mansarde avait la grâce de m'offrir, je pensais à quel genre de demeure l'assassin anonyme avait peu me trouver. Je n'attendais pas un palais et je doutais en avoir un un jour. J'eus néanmoins la vision fugitive de ma personne, dans une autre baignoire, dans une autre pièce. Je me laissais glisser dans mon baquet de bois jusqu'à ce que l'eau vienne chatouiller le bout de mon nez. Une grande salle, avec des fenêtres digne d'une abbaye dans leur hauteur sans avoir la moindre trace de motif. Juste de grande fenêtre laissant passer une lumière rosée du crépuscule. La même que me renvoyait mon jour dans le toit de ma pauvre tanière. Oui, une grande pièce avec un parquet sombre et des murs blancs, une baignoire en émail rosé, comme le nacre d'une perle, entourée de paravents ouvragés, du même bois que le sol. Ah... Par la Dame... Je le vais une jambe hors de l'eau fumante avant de me redresser et de poser mes bras sur le bord du récipient.
Oui, ce n'était qu'une utopie, mais ça faisait du bien de rêver...
Je me demandais alors si mon pacte avec Elio pourrait m'apporter quelque chose. Je ne demandais pas la richesse et cette tête de mule de me le permettrait pas. Non pas par désaccord, mais par manque de commande. Je n'étais pas le forgeron de sa boutique, juste l'artiste qui le fournissais. Évidement, je continuais mon activité de base, mais, en bonne artiste que j'étais, mon exigence n'était pas des plus attractive... Je soupirais.
La baignoire en émail rose dans une pièce digne d'une maison de maître d'Al-Jeit, ce n'était pas pour tout de suite. Au moins, j'avais de l'eau chaude, c'était déjà ça...

Je dormais quelques heures, drapée dans ma serviette et mes draps, les inondant sans vergogne. Après m'être levée et habillée, je partais, l'arme dans un sac, laissant le tout à la bienveillance du vent entrant par mon jour ouvert. Je ne comptais pas rentrer avant tard le soir, espérant qu'il le sèche entre temps.
L'auberge du siffleur apparue rapidement alors que je passais par les toits, je redescendais comme une ombre et marchais tranquillement jusqu'à l'entrée. L'artiste de mort était déjà là. Je m'asseyais face à elle, pile à l'heure.

- Voilà, ton arme est prête.

Ni bonjour ni salutation, je me giflais mentalement pour cet oubli. C'était le genre de chose à me jouer des tours. Il me revint alors en mémoire son entrée dans ma vie; elle ne s'occupait pas vraiment de se genre de détail. Je gardais donc le silence et croisais mes doigts sur la table, la fixant dans les yeux. Il fallait maintenant qu'elle honore sa part.

Eileen Nil'Lewan
Eileen Nil'Lewan

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MessageSujet: Re: Trouve-moi une maison, je te forgerai un rêve [Inachevé]   Trouve-moi une maison, je te forgerai un rêve [Inachevé] Icon_minitimeDim 18 Nov 2012 - 8:43

Règle n°1 de la mise en confiance de n'importe quelle personne : se comporter avec elle comme si vous étiez des amis d'enfance heureux de se retrouver.
Eileen vit Fell entrer dans le restaurant et s'assoir à sa table. Et si cette dernière sembla oublier de lui dire bonjour, Eileen réagit au quart de tour :

- Bien le bonjour, très chère ! As-tu bien dormi ? Tu boiras bien quelques chose, pendant que l'on discute ? C'est moi qui offre...

Elle leva la main pour interpeller le serveur. À cette heure-ci, l'auberge était pour ainsi dire déserte. Elles étaient pratiquement les seules clientes. Eileen commanda les deux boissons, en glissant deux petites pièces pour payer leur consommation.
Elles seraient bien plus à l'aise ainsi.

- Je me suis rendue compte que je ne connaissais même pas ton nom... Mais j'ai omis de me présenter...

La jeune femme effectua un léger mouvement du bras en inclinant la tête.

- Eileen, Eileen Lewan. Je suis l'assistante du maître d'arme de la prestigieuse Académie de Merwyn...

Le mot « prestigieuse » était presque ironique. Eileen savait parfaitement que les heures de l'Académie étaient comptées. Rongée de l'intérieur par les membres du chaos qui la parsemaient, l'Académie ne tarderait pas à s'écrouler, comme toutes les autres avant elles...
Eileen, son verre à la main, jeta un regard vers l'arme. Elle était superbe. Non, magnifique. Rien à voir avec les dagues que la plupart des forgerons pratiquaient à la chaîne. Elle ressemblait beaucoup au jouet de départ, en un peu plus longue, peut-être... Joliment arquée, et munie d'une poignée qui permettait de le lancer, et accessoirement de s'en servir comme arme de corps à corps si besoin.
Elle était parfaite.
Eileen lui aurait sauté au cou pour moins que ça.

-Je ne peux que te féliciter pour ce travail... parfait... À moi maintenant de remplir ma part du contrat.


Eileen tira de son sac un carnet de dessin.

- Je connais un enfant, que tu as peut-être déjà croisé... D'une famille noble un peu pompeuse, il s'appelle Phyllis, et il est très gentil... Il se trouve qu'il dessine particulièrement bien...

Ce n'avait pas été un jeu d'enfant de le faire sortir de chez lui, mais Phyllis et Eileen s'entendaient bien, et avaient mis au point une technique d'évasion. Phyllis n'aimait rien de plus qu'aller jouer avec ses amis dans la rue. Eileen l'avait aidé, en échange de quelques croquis qu'elle l'avait emmené faire dans les maisones qu'elle avait trouvées.

-Voici la première. Ce doit être la plus grande, et la plus facile a habiter... Il s'agit d'une cave, en fait. La cave d'un immeuble. L'avantage, c'est qu'on est tout près de la source d'eau courante, et qu'on aura pas de mal à te fournir en eau chaude. C'est immense, et tu as un petit soupirail qui te donne la lumière. Tu peux aussi allumer un feu, tu as une cheminée absolument immense. Pour accéder aux toits, il te suffira te monter les étages de l'immeuble. En fait, le seul problème, c'est que tous les premiers samedis de chaque mois, tu devras dormir ailleurs, parce qu'un groupe de mercenaire fait son assemblée générale dans la cave d'à-côté, et qu'il y une porte communicante...

Eileen avait bien essayé d'aller négocier avec les mercenaires, mais ces brutes n'avaient rien voulu savoir. Ils étaient même content d'apprendre qu'une jolie et délicieuse jeune fille allait dormir dans la pièce à-côté.

- Deuxième option, un petit nid, tout en haut d'un immeuble. Je ne sais pas qui a fait cela, mais tu seras directement sur les toits, pas de problème pour cela. Le toit est en métal, por te protéger de la pluie, et ensuite tu as deux pièces entièrement faites en coussins. Bon, il n'y a pas d'eau courante, et je pense qu'en hiver, tu dois avoir un peu froid... Ça dépend si tu es frileuse ou pas...

Au fut et à mesure qu'elle parlait, Eileen déposait les croquis sur la table. Phyllis se débrouillait vraiment bien.

-La dernière maison, je l'ai trouvée ce matin. Je n'ai pas eu le temps d'y amener Phyllis. Elle doit avoir la taille d'un petit palais : trois étages, et une trentaine de pièces. Tu as toute la place que tu veux. Pour accéder aux toîts, tu as une série de planches qui ont été clouées par les enfants qui ont trouvé le moyen d'aller se promener sur les toits. Il te suffit de monter sur le balcon et de jouer les équilibristes. Cette maison n'a qu'un seul défaut, mais pas des moindres : c'est une ruine. Inhabitée depuis très longtemps...

Le jeune femme se leva, finissant son verre.

- Tu veux visiter ? On commence par où ?

[I love you]


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