Description générale
Nom : Wil’Hasard
Prénom : Archibald
Race : Humain
Age : 29 ans
Classe : Dessinateur (Profession : Chercheur/Inventeur/Chômeur quoi)
Description physique et mentale
Description physique :
Fatigué, Archibald poussa d’un coup d’épaule la lourde porte de chêne de son laboratoire. Un terrifiant et encombrant mélange de parchemins, de plumes, d’encre et de livres éparpillés côtoyait là une multitude d’objets étranges. Une théière vide, une grande horloge dont les aiguilles tournaient trop vites. Ici une carte à moitié déchirée laissait entrevoir Gwendalavir sous une tâche de vin séchée. Sur une table, encombrée elle aussi, s’entassaient des instruments de mesure, des outils en tout genre, alambics de verre, baromètre, imagino-mètre. Des tassesà café vides s’entassaient sur le bureau, sur l’évier. Une pile de vaisselle qu’une colonie d’araignée avait fait sienne y trônait aussi. A travers les déchirures qui zébraient les rideaux pourpres pendant aux fenêtres, filtrait une faible lumière qui illuminait ce spectacle comme une scène de théâtre de rue bon marché. D’un mouvement las de ses épaules fines, Archibald laissa glisser son long manteau marron sur le sol. Il le laissa choir là et s’avança jusqu’à un grand miroir crasseux qui s’appuyait contre un mur, face à la porte. Au passage, il attrapa une lanterne qu’il alluma avec une allumette tirée d’une poche intérieure de son veston. Il s’arrêta quelques instants devant la lame réfléchissante et argentée qui lui renvoyait impitoyablement son reflet, avant de s’affaler sur le canapé qui lui faisait face et duquel s’envola une quantité magistrale de poussière. Les toiles d’araignées se déchiraient sous la tension du tissu pendant qu’Archibald s’enfonçait dans les coussins rendus mous par le temps. Le menton calé dans les paumes de ses mains jointes, Archibald faisait face à son double, là, dans le miroir.
Des cheveux d’un brun chocolat tombaient en quelques boucles détendues sur son front plissé. Décoiffé comme à son habitude, il gardait, encadrant son visage fin, des favoris parfaitement taillés. Des sourcils broussailleux accentuaient la profondeur de ses yeux d’un marron foncé. La fatigue et la lassitude qui s’y lisait étaient insoutenables. Passant une main sur sa joue, Archibald sentit le grattement caractéristique des poils de sa barbe qui repoussaient. Ce front. Ce front ridé, bien trop tôt. La fatigue, la peur. Il avait vieillit trop vite. Ses traits étaient tirés, creusés de sillons profonds. Lèvres pâles, gercées, figées dans cette expression grave, guindée. Elancé, mince. Il était grand. Ses vêtements, toujours une chemise, une cravate et une veste de costume trois pièces. Une veste qui lui donnait un air carré, droit et strict. De longs motifs rayés renvoyaient une image filiforme. La chemise, il la laissait ouverte de quelques boutons. Essayer d’avoir l’air décontracté. Donner le change. Archibald se leva. Il s’approcha du miroir pour constater les quelques fils argentés qui naissaient à la base de son crâne. Il était plutôt grand, tendant vers le mettre quatre-vingt. Peu musclé, Archibald se laissait depuis longtemps aller. Enjambant de ses longues et fines jambes le canapé, il passa dans la cuisine, attrapant au passage la théière qui trainait là. Calmement, avec des gestes rapides et précis, forgés par l’habitude, il se prépara un thé. Ses longs doigts fins se refermèrent sur l’anse d’une tasse qu’il emplit généreusement. Fumante. Il aimait la sensation de cette boisson brûlante qui lui coulait dans la gorge. D’un pas lent, il se dirigea vers le salon. Devant son sofa, il ferma les yeux, se laissa aller à penser, oublier. A nouveau, il s’effondra sur le divan.
Présentation du caractère
Archibald restait étendu là, sa tasse de thé brulant reposant sur son estomac. Il réfléchissait. Après tout, réfléchir était son métier. Comme bien souvent, il était seul. Le silence était de plomb. Quelque part, il le savait, cette absence de bruit cachait quelque chose. Il ne savait quoi, mais quelque chose était là, quelque part. Ne pas penser à cela. Thé. Ce thé était délicieux. Délicieux. Il était sûr que quelque chose trainait là. Archibald se leva d’un geste rapide, sec, renversant du thé un peu partout. Se retournant avec un air paniqué, il fit face à… son salon entièrement vide. Personne. Ou personne de visible. Visible. L’invisible, pourquoi n’y avait-il pas pensé avant ? Travailler sur l’invisibilité, peut-être que l’on prendra enfin l’une de ses inventions au sérieux. Sortant une fois de plus une boite d’allumette de sa poche intérieure, il alluma un feu dans la cheminée encastrée qui trônait dans un coin du salon. Se laissant baigner par cette douce lueur, par le crépitement du bois et la chaleur réconfortante d’un bon feu, Archibald se laissa à nouveau glisser dans la douceur de son sofa. Bercé par la fatigue, il se laissa glisser dans un sommeil agité de rêves surréalistes.
Archibald vagabondait. Sautant d’idée en idée. Il avait toujours été étrangement chaotiquement organisé. Ses idées étaient parfaitement rangées, classées, mais sa façon de sauter de l’une à l’autre sans arrêt et sans un seul temps d’arrêt était déstabilisante. Incroyablement intelligent et pourtant éternellement incapable d’exprimer ses idées devant un publique, même restreint, à quelques personnes.
Solitaire par défaut, Archibald rêvait de rencontres, de personnes simples, calmes et douces à qui parler en toute franchise, sans peur. Malheureusement, de longues heures plus tard, alors que son sommeil s’estompait, il se rendait compte que la réalité ne lui offrait qu’une multitude de personnes torves, aux idées simplettes. Toutes espions voraces de son esprit inventif.
Principales qualités
Archibald est un très bon dessinateur et un homme intelligent. Il a développé avec aisance la technique du pas sur le côté et des dessins en général de protection. Son caractère légèrement paranoïaque et sa tendance à l’autoprotection abusive l’a amené à créer des dessins en tout genre pour se mettre en sûreté.
Cependant, ce n’est pas dans l’art du dessin qu’Archibald met le plus à profit son imagination, mais bien dans la création d’inventions magiques, objets en tout genre.
Principaux défauts
Tout intelligent qu’il soit et doué dans ses domaines de prédilection, Archibald est aussi à l’opposé même dans le reste. Socialement parlant, tout d’abord, il est complètement handicapé. Il faut une volonté forte et une patience inébranlable pour réussir à le supporter. En effet, incapable de comprendre qu’on n’arrive pas à suivre ses résonnements farfelus, il s’énerve facilement. Amplifiant ce caractère déjà difficile, Archibald est un brin paranoïaque, persuadé que l’on veut lui voler ses inventions et quasiment incapable de prêter une idée à quelque d’autre.
Enfin, je ne sais pas si on peut parler de défaut, mais Archibald à un rapport à l’argent particulièrement mauvais. S’il a une pièce de bronze, il la dépense et n’a ainsi, jamais un sous sur lui.
Ensuite, au niveau physique, Archibald serait incapable de faire mordre la poussière à un enfant de 10 ans.
Pour finir, je dirais qu’Archibald est absolument terrifié à l’idée de monter sur un cheval. Voir de s’approcher d’un cheval.
Capacités
Très bon dessinateur, Archibald ne se sert néanmoins de son don que très rarement. Il préfère en effet éviter de l’utiliser car un pouvoir aussi grand apporte avec lui son lot de dangers. De plus, n’ayant que peu d’acheteurs et encore moins de personnes à qui il veuille prêter ses inventions, il les tests lui-même au quotidien.
Vécu et situation familiale
Situation familiale
Archibald est absolument et définitivement célibataire. Il n’a ni frère, ni sœur, ni enfants. Son père est mort à 58 ans, tué lors d’une chasse sur ses grandes terres emplies de forêts.
Il a néanmoins encore une mère qui habite dans leur ancienne demeure avec la moitié de l’héritage que père Wil’Hasard leur a laissé. Elle ne veut plus voir Archibald depuis neuf longues années, depuis que son mari était mort.
Situation sociale
Archibald est le fils d’un noble qui vivait plutôt bien. Assez éloigné de l’empereur pour ne pas être embêté et assez proche pour bénéficier de privilèges. Albert Wil’Hasard. Néanmoins, à la mort de cet homme, Archibald a quitté le domaine familial pour voir le monde. Après seulement une année à vagabonder, Archibald se rendit compte que l’incroyable héritage dont il avait bénéficié était dilapidé. Aujourd’hui, Archibald est dans une situation plutôt précaire, ne possédant qu’une petite maison qu’il a achetée à Al-Jeit et dans laquelle il ne vit actuellement pas, préférant payer un loyer d’une petite chaumière d’Al-Poll, ville qu’il trouve plus inspirante.
HistoireArchibald ouvrit la porte de sa petite maisonnette. La lumière du soleil le fit cligner. Pendant un instant, il fut aveugle. Avançant dans la lumière, il vit le ciel qui s’étendait jusqu’à l’horizon, bleu et dépourvu de nuages. Il n’aimait pas le ciel ainsi, au milieu de l’été. Il n’avait aucune nuance, aucun gout. Archibald aimait les nuages, ces dessins blancs qui zébraient le ciel, lui donnant du volume, des formes. Le temps était lourd. Chaud et sec. Archibald marcha le long des rues pavées. Partout, on parlait, courrait, marchait. Pas une seule bulle de calme dans cette grande fourmilière d’Al-Poll. Après avoir à peine parcouru une dizaine de mètres, il fut stoppé net par une voix grave, grasse et autoritaire. Cet interlocuteur soudain dut trouver la vitesse de réaction d’Archibald trop lente à son goût car une épaisse main flasque s’écrasa sans ménagement sur son épaule droite.
Retourné par la force de ce colosse qui soudain se tenait devant lui, Archibald ne dit pas un mot. Baissant les yeux sur l’autre main de l’homme, il le vit faire un mouvement des doigts dont il ne pouvait ignorer la signification. Archibald lui devait de l’argent. Comme si souvent. Cette fois, c’était pour son loyer. Cet affreux loyer qu’il devait payer chaque mois. Fouillant dans sa poche, il en sortit une bourse. Archibald comptait les pièces. L’homme s’énervait, il le sentait. Une barbe rousse et un visage rouge, épais et dégoulinant de sueur. Incapable de se contenter de donner un doublon pour recevoir la monnaie, Archibald réunissait chacune des petites ferrailles qui trainaient dans ses poches et sa bourse. Payer un loyer. Quelle idée. Pourquoi avait-il refusé sa botte à course, ce propriétaire imbécile ? Parce que l’une d’elles était manquante ? Détail insignifiant !
Tiens, voilà, une piécette d’argent qui alla rejoindre ses semblables dans la grosse paume poisseuse de l’homme. Archibald lui sourit pour ne recevoir en retour qu’un mouvement d’épaule résigné et un soupir gras et fatigué. Archibald pouvait comprendre son agacement, mais pas cette haleine suffocante de vin frelaté qu’il lui soufflait au visage. Jetant un œil à sa bourse vide, il soupira, se demandant comment il en était arrivé là. En marchant, il se souvint de cette époque joyeuse, il y a neuf longues années.
Archibald venait de passer l’Arche. Sa bouche toujours entrouverte attestait de son ébahissement devant la puissance et la présence imposante, magistrale de cette construction de l’esprit. Taillant le ciel et flirtant avec les nuages, les hautes tours de cristal d’Al-Jeit se chargeaient d’achever de le subjuguer. Confortablement installé dans son carrosse, Archibald sourit. La vie était incroyable de beauté et de facilité. Persuadé de tout savoir, d’être à l’apogée de tout.
Le soir même, il achetait une petite maison en ville, payait une livraison de matériel et se rendait aux points clés de la ville, visitant ce monument de prestance qu’est le palais impérial.
Les journées se succédèrent alors, laissant le jour aux études en tout genre, physique, art du dessin. Les soirées, les nuits, il les passait à s’amuser, à rire, à manger. Les restaurants succédaient aux restaurants, les fêtes aux fêtes. Les mois passèrent à une vitesse incroyable. Aussi incroyable que la vitesse à laquelle disparaissait son héritage. Ce vieux fou avait fini par mourir. Quelle idée aussi, de vouloir attaquer un tigre des prairies armé seulement d’une lance à chasser le sanglier. En soi, Archibald n’était pas particulièrement touché par la disparition de son père. Ce qui l’embêtait réellement, c’était la réaction inattendue de sa mère, la femme d’Arthur Wil’Hasard, Candie qui quelques jours seulement après avoir commencé son deuil, avait mis Archibald à la porte.
Après une année, Archibald se rendit affreusement compte qu’il avait dilapidé la totalité de son héritage en voulant payer un repas pris dans une auberge. Ainsi commença sa lente descente en enfer. Contractant des dettes auprès de gens peu recommandables, il vécut une autre année entière dans un luxe indécent, rendant en échange quelques menus services. Son don lui permettait en effet d’entrer ou de sortir de certains lieux privilégiés, de créer quelques copies dignes des plus grands artistes. Ce n’était pour lui que quelques petites choses sans danger, jusqu’au jour où on lui demanda de passer le cap, de dépasser les frontières de la loi absolue : Arracher une vie.
Archibald se souvenait parfaitement de cette soirée.
Il faisait chaud. Lourd. Un soir d’été à Al-Jeit, cité des lumières la journée, ville de ténèbres une fois enveloppée par la nuit froide. Archibald n’appréciait déjà pas cette nuit à peine le soleil s’était-il couché. La lune, baignant la ville de sa lueur argentée crevait les nuages de sa présence imposante. Les tours d’Al-Jeit semblaient chercher dans le ciel, la lumière pâle des étoiles.
« Alors, t’avances oui !? L’invectiva une voix dans l’ombre.
- Oui, oui, calmez-vous ! On fait ça chaque soir depuis une semaine, je vais m’en sortir ! Lui répondit Archibald, fatigué de toutes ces simagrées. »
Un casse de plus, voler un petit bourgeois. Aussi simple que cela. Arrivé devant la porte du manoir Dil’Karna, Archibald s’approcha de la porte et jeta un coup d’œil à travers la serrure. Une serrure imposante, sûrement très difficile à crocheter. Ou pas du tout ? Après tout il n’en savait absolument rien. Lui, tout ce qu’il faisait, c’était appréhender l’intérieur, le visualiser. Ensuite, la concentration et ses dons lui permettaient de passer la porte comme un pas sur le côté. Restait à chercher une clef et à ouvrir la porte de l’intérieur. Archibald se concentra, ferma les yeux et les rouvrit pour se trouver devant un incroyable escalier en colimaçon. Majestueux et imposant, il s’élevait, entouré de bustes aux allures graves, vers les ténèbres d’un étage cachant ses mystères dans un voile d’ombre opaque.
Archibald frissonna avant de se mettre à la recherche d’une clef, peu difficile à trouver. Comme dans la plupart des cas, elle était simplement accrochée au mur, sur un porte clé. Après tout, des dessinateurs passés voleurs n’étaient pas chose habituelles.
« Qu’est ce qui t’as pris aussi longtemps, marmonna Kowel, un voleur à la carrure imposante qui dirigeait le petit groupe.
- Pardon ? Tu trouves que c’est long ça, si tu n’es pas content, ouvre tes portes toi-même !
- Ca va, tais-toi maintenant. »
Sans un bruit, le petit groupe se dirigea vers l’escalier, grimpant en silence les marches jusqu’à l’étage. Eclairés par une lanterne sourde, ils se dirigèrent vers les portes des chambres. Ils étaient cinq, en comptant Archibald. Deux d’entre eux se séparèrent du groupe, se dirigeant vers les portes closes qui occupaient les côtés du corridor.
Archibald, comme à son habitude, suivait Kowel. La porte au bout du couloir laissait s’échapper une raie de lumière, des sons incongrus. On ne dormait pas. Au contraire. Archibald ferma les paupières, essayant d’oublier ce qui se passait. Pourquoi s’approcher ainsi des chambres ? Toute la fortune se trouvait certainement au rez-de-chaussée. La porte s’ouvrit sur un spectacle écœurant de chair et de jambes entrelacées, de corps dénudés et de honte, de peur, de désir. Tout alors se passa très vite, la violence pris le pas sur l’amour. Corps séparés, jetés au sol. Kowel se tenait debout devant le corps tremblotant, nu et vulnérable d’un homme à la dignité piétinée. En position fœtale, celui-ci priait, pleurait en se protégeant le visage de ses bras grassouillets. Un coup de pied magistral l’envoya rouler, le nez ensanglanté, jusqu’au bout de la pièce. Les gémissements plaintifs laissèrent place aux suffocations étouffées. Soulevée de terre par les cheveux, la femme légèrement enveloppée cria de rage et de douleur au visage du colosse qui l’empoignait. Comme si elle ne pesait rien, il la lança sur le lit qui grinça sous le choc. Archibald ne réagit pas. Il regardait, pétrifié, comme dans un rêve, une scène à laquelle il ne prenait pas part. Les hurlements plus aigus de deux enfants se mêlèrent à ceux de plus en plus paniqués de leur mère. Archibald se tourna pour voir se découper dans la sombre lumière, la silhouette de deux monstres, soulevant par la peau du coup les corps malingres et frêles d’un petit garçon et d’une fillette. Le petit bout d’homme hurlait à la mort, terrifié. Il avait été réveillé et malmené en pleine nuit. Pour la première fois, il connaissait une réelle peur. Archibald estima son âge à cinq ou six ans. Sa sœur, plus âgée, ne se débattait pas, elle. Elle ne criait pas, retenait ses larmes dans un visage de marbre dur.
« Alors, Mickelson, comme ça on a décidé de plus payer ? Susurra Kowel à l’oreille de l’homme dont il tenait la tête en arrière par les cheveux. Tu ne souris plus ? Regarde ton petit, regarde comme il veut son papa…
- Laissez-nous ! Laissez-le ! Hurla la femme, avant de retomber durement sur le tenant du lit après avoir reçu une terrible gifle. Sa lèvre inférieure s’était fissurée et sa joue rouge de douleur et de honte irradiait son visage furieux.
Archibald était gelé jusqu’au cœur. Il aurait voulu fuir, ne plus voir cela. Mais ses yeux ne pouvaient se dégager du spectacle de cette petite fille, forte, dure et inébranlable. Elle était courageuse, réellement. Archibald pouvait sentir l’odeur de la peur en elle, voyait ses mains, ses jambes frêles trembler. Mais son visage… Ce visage qui restait de marbre l’impressionnait. Peu d’adultes avaient cette force de caractère. La contemplation muette d’Archibald s’arrêta subitement, cessant à l’instant où, jaillissant de l’ombre, des mains fines mais fortes se saisirent de la jeune fille. Archibald voulut crier, mais la peur et le stress bloquèrent sa voix au fond de sa gorge. La petite fût portée jusqu’à son père. Devant lui, le voleur aux doigts de fées les fit glisser sur le visage juvénile et doux.
« Et ta petite, Mickelson, tu ne voudrais pas qu’une petite Dil’Karna disparaisse ce soir ? Ton petit joyau…
- Laissez la tranquille, dit l’homme une lueur froide dans les yeux, d’une voix grave qu’Archibald entendait pour la première fois.
- Sinon quoi, Dil’Karna ? Tu vas faire quoi ? » Kowel s’était relevé et avait tiré de sa ceinture un couteau aiguisé dont la lame recourbée flamboyait de la lumière des flammes. Il glissait comme un ange diabolique, sourire aux lèvres et œil pétillant. Tendant l’arme, poignée en avant à Archibald, il fit un signe de la tête.
« Occupe-toi de la petite, Arch. Fais la crier un peu avant de l’achever. Il partit alors d’un rire gras. Retiens bien ça, c’est le cas pour toutes les pucelles ! »
Archibald regardait le poignard que Kowel lui tendait. Son rire s’était répandu à ses acolytes qui regardaient la scène en s’esclaffant. Le dessinateur, médusé, ne put que secouer la tête devant un Kowel qui cessa subitement de rire.
« Tu vas prendre ce couteau et trancher dans le lard de cette petite pute avant que je ne t’arraches ces couilles qui ne te servent à rien, hurla-t-il en appuyant le plat de la lame contre l’entre-jambe d’Archibald.
Ce dernier déglutit difficilement, incapable de faire un geste, suant à grosses gouttes et écarquillant les yeux au point d’en avoir mal. Machinalement, il attrapa l’arme et s’approcha de la jeune fille. Elle le toisait d’un œil mauvais et froid. Archibald était écœuré. Il sentait dans sa main moite le lourd manche de la dague. La fillette était terriblement blonde. Sa peau blanche faisait ressortir ses yeux bleus sombres. Le dessinateur s’arrêta et regarda Kowel qui s’était placé derrière la fille et lui annonça d’une petite voix : « Je ne peux pas ». Il vit le visage du voleur se tordre de fureur et celui de la petite fondre de reconnaissance. Dans ce sourire faiblard qui éclairait le sourire de la petite rebelle, Archibald puisa des forces. C’est seulement quand Kowel lui arracha le poignard des mains, que le dessinateur la vit bouger. Un cri. La lame ensanglantée ressurgissait dans le dos de la petite fille qui, la bouche entrouverte, glissait lentement. Ses jambes ne la retenaient plus. Elle tentait vainement de se tenir debout, chancelante, les yeux écarquillés de terreur, elle se retenait pitoyablement aux bras de son monstrueux meurtrier. Archibald vit alors ses yeux bleu profond s’éteindre lentement, s’abandonnant finalement aux larmes. Le sang s’écoulait de la plaie, baignant le sol d’une ombre rougeâtre. S’étendant jusqu’aux genoux du père dont le visage figé en un masque d’horreur dénonçait le dégout. La flaque de sang donnait à la scène l’aspect d’un défilé morbide sur tapis rouge. Archibald ne pouvait plus rien entendre. La scène était pour lui silencieuse, muette comme la mort.
Quelque part dans l’esprit du dessinateur, quelque chose se brisa. Ou se créa ? Qui peut dire ce qui nait dans l’esprit dérangé d’un dessinateur de talent ?
Une seconde. Les bras d’Archibald se dressèrent, tendus en avant, mâts de mitaine dans une soudaine tempête miniature. Alors que les hoquets de stupeur laissaient place à des cris de terreur, se matérialisèrent autour du sorcier de nombreux éclats de verre tranchants, lévitant silencieusement. Pendant quelques secondes, rien ne se produisit, un calme plat. Avant la tempête. Ecartant les bras dans un geste théâtral, Archibald, les yeux révulsés, libéra l’énergie de son dessin et les morceaux de verre allèrent à une vitesse terrifiante s’écraser contre le lit, les murs et la chair. Ouvrant les yeux, le dessinateur médusé assista au spectacle répugnant d’une famille morte. Tous. Là, un homme respirait encore. Kowell, une lame de verre en travers de la gorge. Il ne put parler, mais ses yeux foudroyèrent Archibald avant de s’éteindre, laissant s’échapper l’étincelle de vie qui les animaient. Huit cadavres allongés dans le sang, transpercés d’éclats de verre qui finalement se dissipèrent. Archibald n’y tint plus, tombant à genoux, déversa un flot de vomi. Après de longues minutes, quand son estomac fut finalement vide, Archibald s’éloigna et, titubant, quitta la maison.
Le jour suivant, Archibald quittait la ville quelques affaires et ses dernières petites économies sur le dos. Forcé de fuir la ville pour éviter les retombées dues à la guilde des voleurs et leur lieutenant en chef, l’Osseux. Archibald quittait cependant Al-Jeit avec une idée en tête. Non seulement il devait se purifier, se racheter de cette affreuse boucherie dont il était le responsable, mais en plus, il avait absolument besoin d’apprendre à maitriser ses pouvoirs. Il ne pouvait plus les laisser prendre ainsi le dessus sur lui.
La route fut longue, harassante et pénible jusqu’à Al-Chen.
Les deux années les plus calmes de la vie d’Archibald se profilaient devant lui. Deux années passées dans l’Université d’Al-Chen où, bien qu’absolument personne, ni professeur, ni élèves ne furent à terme à son niveau, il apprit à maitriser petit à petit ses émotions dans le domaine du dessin.
Malheureusement, d’un autre côté, la pression constante d’être retrouvé et la peur panique de l’osseux finirent par changer Archibald. La terreur devint son quotidien. Lentement, pendant deux ans, il glissa dans une paranoïa maladive. Dans chaque ombre, il voyait un poignard. Dans chaque verre, le poison. Dans chaque œil, le vice. Terrifié à l’idée de n’être prêt le jour où viendrait cet inévitable affrontement, Archibald s’organisa. Il passa des nuits entières à la conception de nouveaux dessins et de recherches sur les différentes façon d'intégrer les spires. Une passion naissait et poussait de ses peurs. Celle d’inventer, d’innover, de trouver. Archibald avait ainsi planifié chaque instants de sa confrontation avec l’osseux. Mais comme pour tous les plans, rien ne fonctionna.
« Bonsoir, Archibald. »
Le soir venait de tomber et dans les rues d’Al-Chen, les veilleurs de nuit illuminèrent les rues de flammes vacillantes. Dans le ciel, la lune brillait, côtoyant les étoiles immortelles dans le firmament. Un nuage la découvrit, laissant sa lumière inonder la pièce, révélant à Archibald cet être décharné, maigre et fragile que l’on appelait l’osseux. Ses yeux étaient comme deux cavités, vides, insondables. Le rictus qu’il arborait lui octroyait un air sinistre. Ses joues creuses n’étaient ponctuées d’aucun poil. Les cheveux blancs qui glissaient sur son front contrastaient avec la veste de cuir noir qui le seyait. Des bras épais comme un poignet glissaient comme abandonnés le long de son corps. Il était étendu, le visage vers le plafond, sur une chaise en bois. Ses jambes étaient étendues devant lui, longues et filiformes. Presque raides. De ses lèvres pâles et fines s’échappait un panache blanchâtre quand il soufflait calmement dans le froid.
Comment vas-tu depuis le temps ? Demanda l’Osseux, de sa voix doucereuse et sifflante.
Archibald fit volte-face pour passer la porte. Devant lui, se tenait un colosse qui posa sa main sur son épaule, un sourire mauvais aux lèvres.
« Je te conseille de bien réfléchir aux bêtises que tu risques de faire, Arch. J’ai pris toutes les précautions, en deux longues années. Un geste, mes archers te percent de dix flèches. La moindre erreur et Ulgor te broie la nuque. Pour finir, si tu tentes de dessiner, notre cher ami Ethan Melter s’occupera de te régler ton petit compte. Tu n’es pas le seul dessinateur, ici.
Sur le visage d’Archibald se lut alors un dégout et une haine sans nom.
« Vous m’avez trahi, articula-t-il à l’adresse du mage vêtu de blanc, dont les cheveux blonds dorés juraient avec le teint blafard de l’osseux. Il était terriblement élégant, un port droit et un maintien royal lui assuraient la présence d’un prince. Son visage ciselé comme celui d’une statue de marbre blanc était fin et tendre. A l’inverse, ses yeux verts foncés luisaient d’un regard froid et dur.
- Vous aviez ma confiance, continua Archibald, vous étiez mon professeur.
- Chacun de nous a des supérieurs, mon petit… Et des dettes. A ces mots, le regard mauvais d’Ethan Melter se posa sur l’Osseux.
- Pas moi, non ! Je ne dois rien à personne, cracha Archibald.
- Suffit, coupa le maitre voleur, d’un simple sifflement. Au contraire Archibald, tu me dois beaucoup. Quatre hommes de valeur et une famille qui était endetté auprès de moi. Tu me dois vraiment beaucoup.
- Je ne te dois rien, vieux fou. Les joues d’Archibald s’empourprèrent du rouge de la honte. »
Un cliquetis se fit entendre et à l’extérieur, deux chevaux hennirent dans la nuit, avant de partir au gallot dans un grand fracas. L’osseux se tourna vers la fenêtre, soupçonneux. Il avait l’air terriblement stressé, soudain, comme si chaque petit son, chaque défaut potentiel dans son plan le tendait à l’extrême. Un sourire étira les lèvres d’Archibald, fugace mais suffisamment présent pour attirer l’œil du maitre voleur.
- Tu crois que je vais te laisser te tirer, Arch ? Pas après ce que tu as fait. Je t’emmène à Al-Jeit et dès ce soir. Puis, se tournant vers ses hommes postés derrière la porte qu’Ulgor avait ouverte : Envoyez tout de suite des hommes poursuivre ces bêtes. Je veux savoir où elles vont. »
Il passa alors la porte avec un geste à l’adresse d’Ulgor et des autres voleurs en postes. Archibald fut invité par l’énorme main dans son dos, à le suivre docilement. Descendant les marches, Archibald vit l’Osseux se frotter les mains, fier du résultat de sa descente.
Arrivés dans la cours, le groupe se trouva à plier sous les vents puissants d’un hiver précoce et rigoureux. Enfilant, un manteau brodé de fourrure, l’Osseux fit un geste à Ulgor, un rictus mauvais aux lèvres. Son géant, obéissant au doigt et à l’œil, attrapa les poignets d’Archibald et les tira en arrière, les immobilisant de lourds fer. Cela fait, il retourna le dessinateur et lui arracha l’avant de sa tunique, livrant Archibald au froid mordant qui frappa sa poitrine de plein fouet. Grelottant, il réussit néanmoins à s’obliger à sourire, ce qui eut pour effet de pousser l’Osseux à bout. S’approchant, il fit claquer ses doigts filiformes sur la joue qui vira au rouge du dessinateur. Son sourire resta figé. Insolant. Insolant ? Non, heureux. Moqueur.
Moqueur.
Jusqu’à ce que soudain, dans un petit rire satisfait, le corps d’Archibald explosa soudain en une myriade de cendres qui se dispersèrent au gré des rafales qui secouaient les capes et frigorifiaient les voleurs, médusés par ce spectacle percutant.
Devant les yeux de l’osseux, voletant au gré du vent flottait un petit bout de papier qu’il attrapa au vol.
« Cher monsieur l’Osseux, je vous prie de bien vouloir excuser mon départ précipité. Je ne peux me permettre de me faire attraper aujourd’hui. J’ai encore bien des choses à apprendre, mais pas la façon de fuir. »
La voix de l’osseux raisonna jusqu’aux montagnes du nord, faisant trembler le ciel, frissonner les arbres.
« Trouvez le moi ! Tous aux chevaux ! Rattrapez moi cette caravane, nous avons déjà des hommes à sa poursuite ! »
Assis sur les créneaux de la tour, Archibald, les cheveux battus par les vents et couverts d’une pellicule de neige blanche. Les pieds pendants dans le vide, il regardait la cours qui grouillait d’excitation plusieurs dizaines de mètres plus bas. Son regard était posé sur l’une des personnes en particulier. Quand toutes courraient récupérer leurs infernales montures, lui restait comme un roc au centre de cette marée agitée. Il regardait autour de lui, calmement, à la recherche de quelque chose. Quelqu’un ? Archibald ne pouvait se mentir, Ethan Melter le cherchait. Il était extrêmement doué, terriblement vorace et fondamentalement déterminé.
Archibald avait un ennemi intelligent et doué maintenant. Un de plus. Il ne pouvait se permettre de rester là et de jubiler sur sa victoire. La fausse piste de la caravane partie vers le sud lui laisserait un certain temps. Maintenant, il devait fuir.
Pendant les longues années qui suivirent, Archibald ne s’arrêta jamais plus de quelques mois en certains lieux. Sans arrêt, il continuait d’avancer, de visiter tout Gwendalavir, pour en connaitre un maximum. Il accumulait les connaissances et les inventions farfelues. Au lendemain de son vingt-neuvième anniversaire, il finit par se sentir fatigué de cette marche sans fin, de cette vie de nomade. Ayant visité Al-Poll et son Académie durant ses pérégrinations, Archibald se dirigea vers la ville du nord. Devant les grandes et majestueuses chaines de montagnes du Poll, blanches de leurs neiges éternelles, All-Poll était comme un joyau taillé par les humains dans un univers de beauté primitive. Archibald était tombé amoureux de cette ville, bien plus impressionnante à ses yeux qu’Al-Jeit, car ici se ressentait la force des hommes et des femmes, bâtisseurs, qui avaient souffert en silence pour assembler chaque pierres.
Après quelques jours d’errance dans les rues et les auberges de la ville, Archibald trouva une petite bicoque à louer à un homme terriblement imposant dont la forte odeur d’ail empestait à des mètres à la ronde. Cinq longues années s’étaient écoulées depuis sa confrontation avec l’osseux. Aujourd’hui, tout cela était fini, il allait vivre ici une nouvelle vie, pleine de calme et d’études. S’il avait de quoi payer son loyer…
L’Académie de Merwyn. Voilà pourquoi Archibald était là. Ayant beaucoup appris sur le monde, il n’en demeurait pas moins ignorant dans de nombreux domaines. Persuadé qu’il pourrait y trouver des livres qui l’aideraient à combler ses lacunes, Archibald se dirigeait d’un pas souple et assuré vers les grandes portes de l’Académie.
Le silence l’accompagnait et, après tant d’années, un incroyable calme. Sensation de liberté que celle de ne plus avoir peur, de ne plus se sentir sans arrêt observé. L’habitude, peut-être ?
Mais tandis qu’il traversait la grande place, assis à la table d’un petit restaurant, un homme l’observait. Il secoua ses cheveux blonds quand la serveuse lui proposa un autre verre, sans pour autant lâcher Archibald de ses yeux verts foncés.
RPTrébuchant sur les marches de la porte d’entrée, Archibald n’eut pas l’occasion de voir les magnifiques sculptures qui l’ornaient. Agacé de sa maladresse, il pesta contre lui-même avant de lever la tête vers le hall d’entrée, majestueux et impressionnant. Tout d’or et de gravures, il s’étendait sur des hauteurs étonnantes. Le lustre qui éclairait, au plafond, cette incroyable salle était d’une taille colossale et sertit de pierreries ostentatoires. Les dalles au sol raisonnaient des chocs de ses bottes sur le marbre. Il était tard, le soleil s’était depuis bien longtemps couché sous la ligne de l’horizon, mais Archibald n’en avait cure. Il désirait rencontrer dès ce soir le maître des lieux. Un certain Aziel Rl'Krysant. Archibald voulait lui demander l’autorisation de se servir, dans le but de ses travaux sur des objets imprégnés de magie, de la bibliothèque considérable de l’Académie.
Vérifiant les plis de sa veste, jetant un œil en arrière, toujours légèrement suspicieux, Archibald rajusta sa cravate avant de monter quatre à quatre les marches. Persuadé que personne ne l’observait, il se mit à courir puis à sauter de marches en marches, comme un grand enfant. Après tout, pourquoi ne la rattraperait-il pas aujourd’hui, l’enfance que sa folle de mère lui avait confisquée ?
Arrivé à l’étage, il se posa finalement la question de savoir où et comment trouver l’Intendant de l’Académie. Son bureau devait être quelque part dans les environs. Certainement l’un des plus imposants. Archibald réfléchit à la constitution du bâtiment vu de l’extérieur. Certainement l’étage du dessus, ou encore celui d’au-dessus. C’était là que les espaces vers l’extérieur avec suffisamment de fenêtres pouvaient abriter un bureau assez spacieux. Enfonçant les mains dans les poches, les épaules légèrement relevées, Archibald termina son escalade avant de sortir de la doublure intérieure de son veston une petite sphère grisâtre qu’il lança trois fois en l’air. Se mettant à tournoyer, elle retomba comme une simple balle dans la main du dessinateur. Cependant, très sûr de lui à présent, il tourna sur lui-même et se dirigea droit vers le fond d’un couloir. Dans la presque totale obscurité de ce corridor mal éclairé, Archibald gratta une allumette. Hum. Ce devait être là. Sur la porte, était simplement gravé : « Intendant. »
Respirant un grand coup et ne réfléchissant pas trop à ce qui allait se dire, Archibald frappa trois coups secs contre la porte massive.
Comment avez-vous connus ce site ?
Le plus grand des hasards. Je déambulais sur internet et paf, vous voilà. Enfin, me voilà. Chez vous. Donc vous voilà. =)
Autre chose à nous dire ?
La fin de l’histoire d’Archibald a été quelque peu vite bâclée, je la reprendrai peut être pour faire ça en mieux. Je voulais absolument finir par poster. =P
Aaaaah et je me suis absolument pas relu. Faut que j'aille dormir là, vraiment *-* Donc Ene, tu peux me taper à coup de pelle sur ce que j'ai mal fait et sur les fautes que j'ai pas corrigé =D
Bonne nuit !
Ah ouais, le code : 439275