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| Si tu veux tenter ta chance, alors entre dans la danse [Terminé] | |
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Messages : 359 Inscription le : 08/05/2007 Age IRL : 33
| Sujet: Si tu veux tenter ta chance, alors entre dans la danse [Terminé] Sam 11 Sep 2010 - 16:19 | | | Il y avait dans l'air des mélopées douces, d'été qui s'étire avant de darder sur vous ses yeux solaires, de feutres frôlés- autant de bras qui se lèvent pour cueillir les fruits mûrs, coeurs qui chahutent dans les poitrines. Bruissements de routes, de pieds sur les routes, et le Maître Frandrich dans sa forge assujettissait les divergences rythmiques sous ses coups de marteau. L'ambiance était lourde, alors.
Ambre contemplait la route comme d'autre le vide avant d'y sauter. Comme de vieux portraits qu'on aurait jamais peint, comme une quantité incroyable de visages déformés par le temps. Chaque pavé était poli inégalement, crade ou très propre, gris, terre de sienne ou striés d'étranges nuances cinabres. Le portique est était plus fréquenté qu'Ambre l'aurait cru, et pour tout dire, le fait était tellement dérisoire qu'elle ne parvenait pas à s'y attacher. Ses yeux caressaient chaque pavé mal alignés- elle imagina que ses yeux seraient ses pieds, et qu'elle danseraient en s'éloignant, en s'en allant par la pensée- et ricana comme lorsqu'elle avait seize ans, de sa propre frivolité.
Elle repensait à Elera, leur discussion sans aboutissement, sans rien. A l'idée qu'elle avait fait naître; que l'ermite serait en fait une autre Ena Nel' Atan. Que son silence était le même que celui qui régnait dans la tour marchombre, un désintérêt profond et véritable. A la nausée qu'avait provoqué la perspective de cet échec. Elle était pourtant sûre d'être, à présent, aussi douée sinon plus que tout ceux avec qui elle avait partagé des leçons. Elle s'était repoussée, et elle pouvait encore le faire, pour peu qu'on l'aiguille, qu'on croie encore en elle. Oh, juste un tout petit peu, ce serait suffisant. Vraiment. Et d'avantage, à l'horizon que la mer léchait, loin. Loin au sud. Aux voiles qui claquaient, aux cordes rongées de sel, aux parfums qu'enfant, elle avait respiré. A ce que ça devait être, un univers sans toit, sans sol, sans route, seulement une coque, des fils et des voiles qui s'arc-boutaient devant les yeux. Avec un gouvernail, et les relents incessants, amers, de l'eau qu'on ne pouvait même pas boire. Aux hommes qu'il fallait pour manoeuvrer les bateaux, ces mêmes hommes qui guidaient les convoi, et la rejetaient, enfant, lorsqu'elle voulait s'entrainer au combat à leur côté. Ces hommes qui les premiers avaient suscité la violence de son être, la volonté pure, inflexible, de prouver.
Et Tifen. Petite soeur valeureuse qui n'était jamais revenue dans les murs, que, peut-être, une armée de porcs avait assassinée quelque part. Que la montagne n'avait pas recraché? Petite soeur dont elle refusait l'idée du deuil, de par les circonstances- sans plus s'autoriser à la croire en vie. Elle était partie par le parc. Elles s'étaient dit « à bientôt ». Ambre, sachant que ce ne serait pas le cas tout de suite, parce que la bataille était prévue et que l'ermite avait eu des projets pour elle. L'autre, avec conviction, promesse, et absolu.
Partir semblait tellement simple. Devenir paria, en faire un art de vivre d'effrontée. Retrouver son clan, peut-être, et mentir. Se dire marchombre. Leur raconter quelques exploits, beaucoup d'anecdotes, et puis se taire. Suivre les chemins, finalement, épouser quelqu'un. Lui faire quelques fils valeureux. Fonder un autre clan, peut-être, s'ils ont assez d'amis et de force pour y survivre. Finir dans le cul de sac. Les visages de la famille dansèrent devant ses yeux mauves assombris- farandole bruyante et joyeuse de claques et d'effroi, de confiance-connivence autour du feu. L'odeur du papier, des premiers recueils qu'elle avait pu lire. L'innocence, quelque part, qui fondait à toute allure. Le petit voleur manchot qui lui avait volé sa fierté, à qui elle avait coupé une main. Quelque chose savait qu'elle ne pourrait jamais revenir. C'était un autre temps, celui de l'enfance, elle n'était plus leur fille, plus assez pour pouvoir espérer de retrouver en eux quoique ce soit.
Un jour. Quand elle sortirait des murs, elle irait dans une fête. Un de ces bals populaires, religieux, pas ces conneries de bal d'Aca' en longue robe, chandeliers et nobliards -elle avait oublié le seul auquel elle avait participé; pas que ça avait mis sa soeur d'arme en danger. Un bal où les filles secouent leurs jupes très haut, se font traiter de garces si elles n'en portent pas, et chantent, fort. Il y aurait un feu, il craquerait à même le sol, il cracherait ses étincelles jusque dans les yeux des enfants. Et il y aurait des jongleurs, des joueurs, des chants paillards et puis languides. Elle serait sur un toit, et elle taperait des mains comme les autres. Peut-être pas seule, ça dépendrait. Elle boirait du mauvais alcool, puis éclaterait en rire lambeaux, et se jetterait dans le feu de l'action. Danser. Parmi les siens, les gens du peuple, les tenanciers, les marchands, les voleurs, les marchombres, les gardes, peut-être, quelques bourgeois plus savants. Dans un festival de couleurs vives, d'insouciance. Peut-être jouerait-elle au garçon, pour voir, enfin, ce que ça ferait.
Appuyée à une colonne, la jeune femme laissait ses doigts pianoter le marbre sur l'air de chansons ancestrales – d'avant la libération, oui, Monsieur, des chants d'esclaves et de broyés- en murmurait certain passage sans s'en rendre compte.
- « Je vois aux tréfonds de mon verre que c'est la mort qui m'attend, Mais si la vie est passagère, elle dure quand même un bon bout d'temps Alors, allons, allons, mes frères, marcher toujours, et droit devant Je laisse aux matous la gouttière, et aux perruches les nues d'antant
Parc' qu'aux tréfonds de mon verre, y a que la mort qui m'attend Allons, allons, alors, mes frères, chercher misère aux murs branlants Lézardons-les avec nos airs , ils gâchent la vue ils crèvent le vent Créons le monde en bris de verre, que l'on soit tous des chats- errants ... »
Ses yeux tombèrent naturellement sur la tour marchombre, et elle s'autorisa un sourire quasi victorieux. Jusqu'à sursauter en entendant une voix venir de l'autre côté de la colonne. Comme prise en faute.
[Comme tu sais, j'suis pas spécialement douée pour commencer les rps. Donc, si tu veux que je change quoique ce soit.. o/ ]
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| Sujet: Re: Si tu veux tenter ta chance, alors entre dans la danse [Terminé] Sam 25 Sep 2010 - 11:50 | | | Avant de trouver le bureau de l’intendant, Ewall avait pris la soudaine envie de flaner dans l’enceinte de l’Académie, s’autorisant une sorte de visite. Anaïel lui avait laissé une journée complète, libre, pour qu’il s’intègre à l’école. Il la rejoindrait le soir venu, lui contant sa journée riche en nouveautés. Le jeune garçon appréciait cette liberté de mouvement qu’elle lui offrait, gommant presque de ce fait la lourde décision qu’était de lui donner trois ans de sa vie. Trois ans. Ça faisait un parquet de jours, trois ans. Trois ans. A un an près, c’était le temps passé en compagnie de sa famille adoptive. Ce qui lui semblait toute une vie. Et à la fois des secondes passées trop vite. Bien trop vite. Alors il arpentait les corridors de pierres noires, pensant à cette nouvelle vie qui se profilait au devant de ses pas tranquilles, attendant qu’il la prenne à pleine main. L’Académie de Merwyn était gigantesque, et bâtie comme les grandes forteresses qui font rêver les gosses. L’apprenti marchombre avait même entendu dire qu’elle avait été attaquée plusieurs fois, par des raïs et mercenaires du Chaos ! De quoi forcer l’admiration de ces lieux et résidants ! Petit bémol, on lui avait brièvement expliqué que lors de la dernière attaque l’école avait été prise par le Chaos et contrôlée sans que la plupart des alaviriens ne le sache. Quelques résistants avaient heureusement repris l’avantage il y a peu, et tout rentrait dans l’ordre. Mais quelques personnes et lieux avaient subi de sacrés dommages ! Ainsi il ne peut descendre dans les anciens cachots, écroulés. Un incendie avait également ravagé toute une partie des bâtiments. Mais cela n’inquiétait pas le garçon. Au contraire cet aspect de ruine renforçait l’attrait héroïque de l’Académie. Il espérait juste qu’il n’y aurait pas de nouveau combat d’ici peu. Il n’avait aucun entrainement pour se battre aux côtés des autres élèves et professeurs. De toute façon Anaïel lui avait bien certifié qu’il ne passerait pas ses trois ans enfermé ici. Ce qui l’avait grandement rassuré. Il avait appris à associer le mot marchombre à liberté en rencontrant sa tutrice. Et se faire prisonnier de la masse étudiante ne l’enchantait en rien.
Il lui faudrait apprendre à vivre avec les autres, toutefois. Il lui faudrait se lier avec de nouvelles personnes, mentir, cacher son passé à nouveau ? En venant il avait pris la résolution de reprendre son nom, puisqu’il l’avait offert à la marchombre aux yeux promesses. Ril’ Morienval. Ce nom noble avait l’image d’un bain de sang qui remontait le long de sa gorge et venait se bloquer, prêt à être craché. Quelqu’un ici connaissait peut-être sa défunte famille. Ou les assassins de sa famille. Quelqu’un ici, le connaissait peut-être. Le reconnaitrait-il dans ce cas ? Il avait changé, grandi. Il n’était plus noble héritier, mais saltimbanque, acrobate. Il n’était plus noble. Ce n’était pas tout à fait exact. Il avait gardé nombre de manières, notamment dans son parler, appartenant à son rang social. Ainsi dans la troupe il s’était toujours démarqué des autres, sans réelle volonté, plutôt instinctivement, par « habitude ». Il ne se croyait en rien supérieur, et s’appliquait à être comme eux, un simple roturier du nom de Gaerson. Mais sa mouvance, sa façon de se tenir, bien droit, son beau visage de gosse charmeur, ses mots jamais mâchés, son éducation en somme, clamait la haute classe sociale et lui avait valu de nombreuses remarques peu agréables. Dofenn rigolait de temps en temps, se moquant gentiment de ces traits particuliers, disant qu’il rehaussait le niveau affligeant de certain. Galoudryelle n’en avait que faire, pour elle, les princes charmants ressemblaient trait pour trait à Ewall, alors… Serait-il noble ici ? S’il reprenait son nom, il restait avant tout un acrobate de la troupe Fillibulle. Et cela personne n’aurait le droit de s’en moquer. Personne. Raison pour laquelle il entrait à l’Académie avec ses vêtements colorés de gens du voyage. Sans aucune honte. Il s’engagea dans une sorte de portique, ne sachant où il allait. Peut-être était-il perdu ? Mais il ne s’en préoccupait pas. Il saurait bien retrouver son chemin, avec ou sans aide. Sans de préférence. Et puis, il était venu ici pour se trouver, par pour se perdre, alors aucun risque. Il était là pour tenter sa chance. Entrer dans la danse d’un nouvel avenir. Devenir quelqu’un. Devenir lui. Ne sachant vraiment quoi faire, il s’appliqua à son activité favorite : l’acrobatie. Il s’échauffa rapidement, soucieux de ne pas se blesser inutilement, puis s’élança. Il s’amusa à gravir et descendre des escaliers sur les mains, revenant vers le portique par la suite en sautillant, roulant, volant. Il entendit alors une voix s’élever, non loin de sa position, qui le surprit tant qu’il oublia toute concentration et tomba lourdement. -Aiïe-euuuuh !C’était une voix féminine, mais curieuse, un peu cassée et crachant les syllabes, comme blasée de la vie et vomissant son dégoût. Mais harmonieuse malgré tout, venant de loin et trouvant dans son timbre des échos passés d’itinérance. Mais elle se brisa en entendant sa présence opportune. Vautré par terre, il découvrit la détentrice de la voix. Une fille, pas de doute. Elle avait de jolies formes, ce qui le fit sourire. Par contre elle portait des cheveux coupés très courts, au niveau de la nuque. Pas très élégant chez une demoiselle, les chevelures longues étaient tellement plus princières, plus empreintes au rêve et au désir de plonger entre les mèches pour s’y perdre toute une nuit. La tignasse courte était plus appropriée aux hommes, où aux femmes au travail de labeur, qui n’avaient pas le temps de prendre soin d’elle et à qui le trop de mèches gênait dans leurs métiers. Intrigué, il chercha un moyen de l’aborder, sans paraitre trop abruti, là, bouffant le sol. -C’est une curieuse voix pour une triste mélodie, damoiselle.
Il se releva dans un saut soigné, avec une élégance qui contrastait sa chute. Puis il lui sourit de ses lèvres pulpeuses, dévoilant sa rangée de dents blanches, et s’inclina légèrement dans une révérence typiquement noble qu’il pensait avoir oublié depuis le temps. -Je vous prie de m’excuser, je ne voulais pas vous déranger. Seulement… Des yeux indigos le dévisageaient, et il crut même un instant être nu face à cette fille. Elle possédait également une jolie bouche, pourvue de lèvres inaccessibles. Il se reprit. -Seulement, votre voix m’a désarçonné, il me faut vous l’avouer. Je ne vous avais pas vu. Il déglutit, pourquoi le regardait-elle comme ça ? Ses vêtements, peut-être ?
-Vous êtes une élève de cette Académie ? Je suis moi-même nouveau, et je dois me rendre au bureau de Sir Hil’ Jildwin pour me faire répartir. Elle n’en avait rien à foutre. Lui aussi après tout. En fait, une seule question lui venait en tête. -Quel est ton nom ?Le tutoiement n’était pas voulu, mais il était sorti tout seul. Le reste n’avait aucune importante. [J'ai pu poster Edition à volonté ] |
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| Sujet: Re: Si tu veux tenter ta chance, alors entre dans la danse [Terminé] Sam 2 Oct 2010 - 23:09 | | | Il était tombé d'on ne savait où. Elle hésita un instant entre les marches et les poutres, trop surprise pour sourire. Elle-même n'avait jamais "joué" à ce genre de jeux dans l'Académie. Jamais elle ne se serait autorisé. Elle avait deux jambes, celles-ci la portaient depuis presque vingt ans, et le sol, sous elles, rappelait sans cesse qu'à tout gouffre il y a un fond, que sur ce fond on atterrit, comme un chat ou... dans le cas de l'apparition, comme n'importe quelle chose inélégante et vautrée. Elle haussa un sourcils, presque simultanément qu'il prit la parole, manqua de sourire.
Il était là, à plat ventre, le nuage très léger de poussières que sa chute avait provoqué dansait autour de lui une farandole rêveuse de vaincqueur. Et comme si de rien n'était, il se permettait d'engager la conversation sur la voix d'elle-même. Certes, n'importe quelle personne normale, en voyant un homme à terre aurait pu se précipiter, ou, au moins, demander si tout allait bien à l'intéressé. Et ça aurait pu mener à une conversation tout ce qu'il y a de plus banal, "Oui, rien de grave, merci, désolé, ça m'arrive tout le temps! Oh, le Dragon vous préserve, ici vous apprendrez bien vite à contrôler vos membres fous! Hahahahaha" etc. Mais Nan, définitivement, nan.
Il se releva avec élégance, énormément. Elle ne s'en étonnait pas vraiment. Il suffisait qu'il suive, lui aussi, la voie des marchombres. Mais elle ne put s'empêcher de noter la grâce, la mouvance quasi théâtrale, et pourtant juste qui ombrait ses gestes. Et quelque chose comme de l'habitude, aussi. Jolies couleurs, pour contraster. De l'éclat. Chatoyant, mais sans heurt, sans criard. Juste de l'éclat. Il s'inclina, et elle se raidit presque simultanément. Car ce n'était pas une politesse qu'elle aurait assorti au personnage. Celle-ci avait quelque chose d'incroyablement convenu. Comme un pied de nez. Il se plia si bas qu'elle pu voir un instant le sommet de son crâne, ou un épis dessinait un sourire large et très blanc. Puis ses yeux, sombres et très doux, scintillants de malice, et d'espoir.
La plupart des gens qu'elle avait aimé avaient les yeux sombres. Tifen, un joli noisette, presqu'ambré, suivant les moments, et le temps. Son père, d'une couleur tellement ennuyeuse qu'elle s'oubliait vite, jamais illuminée, mis à part par la forge, et l'intérêt. L'ermite. Si on pouvait considérer leur étrange rapport comme une forme d'affection. Le maître aux yeux de bistres, aux éclats ferrugineux, et parfois sanguins. Et puis les autres. Et ceux yeux là, profonds comme la nuit. Ténèbres éthérées où se fondaient troubles, espérances, enfance ... mais aussi secrets. Malaise. Encore une fois, elle retint son sourire. C'était comme un don, cette capacité qu'elle avait à troubler. A créer du mal-être, l'envie de se barrer. Invitation au voyage, à en rire, plus tard.
Il s'entêtait à la questionner. Puis, comme se rendant compte pour la distancier, ou au contraire, se remettre en place, il énonça ce pourquoi il était là. Nouveau. Ceci expliquait peut-être les étoiles.
-Naeëlios. Et le tien?
Spontanément. Comme le tu. Parce que ça, c'était les bases d'une vraie conversation. Toi, et moi. Sans formule, sans blablabla, sans courbette. "Ambre" c'était à la fois trop personnel, et trop... convenu. Son nom de famille lui avait échappé, tant pis, tant mieux. Peut-être ne l'envisagerait-il pas. Elle sourit, un peu figée malgré tout.
-J'ai pas trop l'habitude d'être surprise. Ni qu'on me voie, mais.. , commença-t-elle, sans savoir exactement comment ni pourquoi poursuivre.
Ceci expliquerait peut-être cela. Elle se demanda s'il avait envie de danser d'un pied sur l'autre. Puis s'il était du genre à danser tout court.
-C'est quelqu'un de très particulier, l'Intendant. Il vaut la peine qu'on se penche sur son cas, enfin... Si je puis me permettre. , reprit-elle comme à regret, faute d'autre chose à dire, en replaçant une de ses plus longues mèches derrière son oreille. Tu attends beaucoup... d'ici?
Elle ne savait pas très bien d'où lui venait cette envie de le retenir un peu. D'un coin de son sourire timide, de sa tenue extravagante, tellement singulière. Tellement "extérieure" encore. Ou de l'étincelle scrutatrice qu'elle lisait dans son regard- elle qui désirait tellement que quelqu'un s'attarde un peu plus que nécessaire sur son cas. Son sourire un peu figé lui étirait toujours le visage. Elle n'osait plus chercher dans les yeux noirs son reflet, la possibilité d'être encore plus antipathique que d'ordinaire, alors qu'elle faisait des "efforts"
-Je veux dire. Ca ne me regarde pas. Tu veux être marchombre, je pense. Alors, pourquoi viens-tu ici? Il y a le monde entier pour avoir un maître. Tellement de choses hors des murs. C'est paradoxal, non?
Et peut-être, trouver quelqu'un qui comprendrait. L'horreur que c'était, de travestir des marchombres en sardines; tous rassemblés, tous en boite. Pendant des mois. Des années. Coincés. Ici, avec Ena Nel' Atan et sa tour pour bouffer le coucher de soleil, et estropier la lune - nous pousser à escalader les toits, pour toujours redescendre, et à attendre l'heure, l'aube, le tour des gardes, la bataille suivante. Peut-être qu'il comprendrait qu'ils devenaient fous. Que leurs vies étaient tellement insipides, tellement vagues, malgré l'univers autour d'eux, et la chance... que c'était comme si on pouvait la résumer en fragments. Comme si certains moments duraient des mois, des semaines, alors que d'autres, plus communs, étaient dépourvus d'existence. Comme s'ils dépendaient perpétuellement de regards pour ... qu'entre ces moments, où elle rencontrait des gens, faisait couler leurs sangs, ou découvrait des parcelles de leurs histoires, il n'y avait plus rien. Elle n'existait que pour ça. Ses propres actes étaient complètement démunis de sens. Elle ne serait jamais marchombre comme elle le voudrait. Et, elle commençait à le penser -parce que l'ermite était trop rare- que jamais elle ne serait autre chose qu'une marchombre et une dessinatrice ratée.
Allé, parle. Engage-moi sur n'importe quel sujet, je voudrais... tu sais? Danser un peu, au rythme de tes mots, voir la courbe de tes lèvres dessiner tes traits, et si tu t'inclines, le sourire de ténèbres de tes cheveux. Mais ne t'incline pas trop si tu veux être voleur de feu. Soit extravagant. Singulier. Chatoyant. Engage-moi à parler, j'aimerais exister encore un peu, m'enfermer plus, me libérer, occuper ma tête à quelque chose de malsain, trouver en toi un peu de ce qui me manque. Si tu conçois. Ce serait tellement bien. Un peu comme pour les petits enfants. Tu raconterais une histoire, elle existerait un peu aussi. J'accepte qu'elle soit invraissemblable, ça n'a aucune espèce d'importance. Je te garderais à l'esprit, te retournerais en tout sens, élégamment
[ Je te parl'rais de la vie, comme elle peut faire envie et décevoir souvent :lala: ]
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| | Messages : 101 Inscription le : 31/08/2010 Age IRL : 32
| Sujet: Re: Si tu veux tenter ta chance, alors entre dans la danse [Terminé] Mar 23 Nov 2010 - 20:02 | | |
-Naeëlios. Et le tien?
Naeëlios ? C’est un nom ça ? Oui, un nom banane, pas un prénom. Se rendant compte de sa propre connerie dans sa formulation, lui le petit noble attaché aux belles paroles, il leva les yeux au ciel. Comme quoi les années passées avec les saltimbanques avaient eu quelque peu raison de lui. Bon. Autant jouer le jeu.
*Je donne quel nom ? Gaerson ? Ril’Morienval ?*
S’il avait décidé de reprendre son nom biologique, cette double identité lui pesait toujours, sans cesse confronté à la tentation de se masquer de nouveau derrière le personnage de roturier.
-Ril’Morienval.
Elle ne finissait pas ses phrases. Elle ne savait pas quoi dire. Ses yeux sombres indiquaient clairement qu’elle avait l’habitude de se fermer aux autres. Serait-il possible qu’il soit une exception ? Quelle prétention de croire qu’il pouvait être celui qui percerait la froideur d’une fille. Et pourtant. L’espoir fait vivre, dit-on. Et s’il venait de faire une belle rencontre ? Rencontre qui n’égalerait jamais celle avec Anaïel, certes, mais rencontre tout de même. Ce qui impliquait le début de sa nouvelle vie, de nouveaux horizons, une nouvelle identité, un pas en plus sur le chemin du combat contre la vie, et puis de nouveaux mensonges aussi. Car s’il reprenait sa lignée de Ril’Morienval, il ne dévoilerait pas tout pour autant. Surtout à la première jolie fille croisée. Surtout que lui-même ne savait pas tout.
Tu attends beaucoup... d'ici?
Tu connais les questions qui dérangent, ou les mots qui te coupent la respiration, juste le temps de s’ancrer dans ton esprit et de te montrer à quels points les sons humains peuvent provoquer des effets impressionnants ? En voici l’exemple typique. Pour Ewall, du moins. Qu’attendait-il de ce lieu ? Qu’attendait-il d’Anaïel ? Qu’attendait-il de la vie ? Cette dernière question n’avait cessé de ressurgir, tachée du sang de sa famille, tout au long de son deuil. Sa dépression avait occupée plus d’une année sur les quatre passées dans la troupe Fillibulle. Et la question existentielle de la vie l’avait emmerdé tout ce temps-là. Qu’attends-tu de la vie, Ewall, maintenant qu’elle t’a déjà tout pris ? Alors il serrait son dessin, portrait rescapé de l’assassinat, contre son cœur, espérant entendre le souffle de ses sœurs, ou même de ses parents, qui lui chuchoterait une suite pour sa vie à lui. Sauve par hasard, par chance. Putain de hasard, et putain de chance. Le hasard n’existait pas. Ce n’était pas un accident, mais un meurtre. Aucun hasard là-dedans. Et s’il était encore en vie, ce n’était pas pour rien, pas par hasard. Il le savait. A présent plus que jamais. Il vivait car il devait accomplir certaines choses. Il devait devenir marchombre, ne plus rien attendre de la vie. Mais que la vie attende de lui. Et qui sait ? Retrouver le meurtrier, le commanditaire de ce massacre. Et lui faire payer. Justice. Sans être vengeur, il savait qu’un jour il serait prêt pour chercher cette identité garce qui lui avait ôtée une famille et lui rendre la pareille. Car il faudrait bien en finir. Il ou elle pensait tous les Ril’Morienval morts. A lui de lui montrer que rien n’était de tel. Mais pas encore. Il avait encore trop peur, était encore trop jeune, et trop ignorant. Plus tard. Quand il serait marchombre. Quand il aura donné à la vie ce qu’elle attend de lui. Car il faut bien qu’elle attende quelque chose de lui, pour l’avoir laissé vivant. Aucun hasard. Juste l’ordre des choses. Le destin, peut-être.
-Je veux dire. Ca ne me regarde pas. Tu veux être marchombre, je pense. Alors, pourquoi viens-tu ici? Il y a le monde entier pour avoir un maître. Tellement de choses hors des murs. C'est paradoxal, non?
*Comment sait-elle ?*
Comment avait-elle bien pu deviner qu’il venait pour être marchombre ? Etait-ce inscrit sur son visage ? Sur son corps ? Dans sa chute ? Il la fixa, de ses yeux émeraudes, prit le temps de réfléchir à ses paroles, tourna sept fois sa langue dans sa bouche, et lui répondit, souriant.
-Oui, je veux être marchombre. L’es-tu donc ? Je n’attends rien des autres. Ce sont à eux d’attendre de moi.
Nonchalamment il sortit les balles de jonglage offertes par Dofenn, histoire de se concentrer sur autre chose que sur les améthystes qui le dévisageaient, le déshabillaient. Il se cala contre la poutre et ses poignets entamèrent la danse tant attendue.
-J’ai déjà un maître, et elle m’a offert le monde entier. Mais elle travaille en ces murs, comme professeur, alors je la suis, fidèle à mon engagement.
Devinant la lueur d’ombre à l’idée simple d’être entre quatre murs, alors que marchombre, il précisa :
-Je ne resterais pas ici éternellement. Anaïel m’a dit que nous seront souvent en dehors de l’Académie. C’est juste…une sorte de cadre. Comme pour orné les tableaux, les dessins, tu vois ? Donner un aspect officiel à une chose plus brouillonne, encore inachevée et inconnue.
Il lança une balle en direction de la dénommée Naeëlios, qu’elle attrapa sans mal.
-Et toi ? Pourquoi n’es-tu pas…libre ?
Il avait hésité à employé ce mot. Libre. Mais elle puait l’enfermement. La prison. L’albatros pris au piège des hommes. Alors il ajouta, plus bas.
-Ce sont les hommes qui entravent l’albatros.
Il stoppa sa danse, rangeant les deux balles, laissant la dernière à cette inconnue qui l’intriguait. Puis il s’approcha d’elle, détaillant son visage froid, ses pupilles qui semblaient réclamer un éclat perdu, ses lèvres hésitantes, et puis ses mèches qui lui donnaient l’aspect si particulier de femme des rues, de femme perdue. Peu attirante et envoutante à la fois. Le brouillon sans cadre ? A présent il pouvait sentir le souffle de Naeëlios.
-Je m'appelle Ewall. Ewall Ril'Morienval. Tu voles ou tu danses ?
Moi je danse. Et plus tard je volerais.
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| | Messages : 359 Inscription le : 08/05/2007 Age IRL : 33
| Sujet: Re: Si tu veux tenter ta chance, alors entre dans la danse [Terminé] Mar 30 Nov 2010 - 22:42 | | | Tu sais quoi, l'univers? -Va te faire foutre.
Un rebond et puis dans la main. La roue tourne. Je jongle avec les choses, les voix, les idées. Et tes couleurs virevoltent naturellement dans l'air. Ou c'est toi qui jongle, et je te regarde faire, sans être vraiment assise par terre, mais on s'en fout. C'est un peu pareil. Si les rôles sont comme ça, et que tu fais un solo, et bien, laisse-moi dans l'ombre- je m'y plais.
Elle avait envie de sourire, un peu amère, un peu amusée, parce que dans ses mots, il y avait cet orgueil d'ignorant. De personne qui a lu les mots sans appréhender leur réalité, de personne qui les prononce encore.
Ambre se demandait s'il savait déjà que les mots, les marchombres les gravaient, leur ôtaient toute forme de barrière. Les mots s'inscrivaient du pied dans la poussière- le vent les bouffait, alors qu'ils étaient purs, vide de tons, vide de nuances. Les mots comme absolu, seul comptait le sens. Le sens qu'on leur donnait, le sens qu'on leur voyait. De gauche à droite, de haut en bas.
Quand venait la chute, les poésies marchombres étaient rarement inattendues. Souvent, elles allaient vers le terme le plus intense, la conclusion. La conclusion pour les marchombres était un point. La pointe d'un pied par terre, le poing dans une figure, le point sans suspension. La conclusion au sol. Les idéaux par terre. Dans la poussière, on pouvait vraiment leur cracher au nez, et éclater d'un grand rire, mais.
Lui, il était tombé, et c'était un bon début, sans doute, pour discuter avec quelqu'un comme elle. Peut-être que c'était ça qui le rendait sympathique – juste un minimum. Peut-être que c'était la poussière qui ombrait ses joues plus que la barbe, et cette même poussière qui faisait briller ses yeux changeants d'une manière commune mais différente. Ou qu'elle-même était d'humeur jouasse, qu'est-ce que j'en sais?
La jeune femme faillit soupirer de soulagement en entendant que ce n'était pas Ena Nel' Atan qui lui promettait la lune, en enfonçant dans son bras ses griffes de velours. Anaïel. Ce n'était pas le nom d'un marchombre qu'elle avait connu élève. Ses pensées se posèrent un instant sur la créature ailée rencontrée au hasard de la vie, et la repoussèrent instinctivement. Cependant son attention amicale manqua de s'anéantir quand il se crut obligé d'expliciter un terme pourtant on ne pouvait plus basique. Et davantage quand il compara le dessin et la Voie.
Et baf. Une balle rouge, qu'elle saisit par réflexe. Ah, ça serait moins reposant, forcément, s'il voulait l'amener sur la scène, s'il voulait. Elle regarda la balle par réflexe, puis refocalisa son attention, en ravalant le « clown » qui s'imposait à son esprit. Le clown heureux, et le clown triste. Il allait quoi, sortir la trompette, et elle le violon, genre, le duo le plus vieux du monde. Tous les deux sous maquillages. Et il faudrait, de nos bouches, signer de rouge le ballet perdu d'avance? Qui pourrait rire, si toi et moi on s'élance, et qui diable es-tu pour me traiter d'oiseau?
Il avançait jusqu'à bouffer la vue sur le paysage- la vieille tour crochue, et les poutres noircies. Il y avait une forêt d'épis, une peau couleur sable -quelque chose d'imaginaire, et qu'on supposait chaud. Il lui offrit son prénom, ça aurait dû suffire, mais non. Il avait fallu qu'il rajoute, l'air de rien, sa foutue noblesse, avec un petit air troublé qu'elle interpréta comme un « Oh, j'espère que tu ne m'en voudras pas de développer ce qu'entend mon propre nom de famille. Après tout, c'est toi qui a commencé ».
Dommage.
- Commence par arrêter de tomber. Là, peut-être, tu pourras espérer marcher, et trouver quelqu'un qui t'accompagne. Mais j'suis pas exactement le genre de fille qui attend. Elle avança à son tour, jusqu'à avoir son visage tout près du sien. Tâchant de conserver une absence parfaite d'expression, jusqu'au sourcil qui d'ordinaire frémissait, ou à l'oblique du sourire qu'on ne doit même plus décrire. Laissons juste l'ambiguïté tracer dans l'air d'autres courbes, nuages de souffle qui se menacent, de nez qui manquent de se frôler, et puis. Elle laissait tomber ses mots, lèvres entre-ouverte, comme si de rien, ingénument.- Il y a une quantité d'oiseaux incapables de voler. La majorité viennent tout droit de la basse-cours, murmura-t-elle la voix un peu rauque, en serrant au creux de sa paume la petite sphère cinabre. Qu'on parle de dindes ou de petits coqs. Sourire très doux, presque délicat. Et regard qui se baisse vers sa jolie bouche. Ambre retrouvait dans son cynisme le confort qui lui manquait, la sensation de maîtrise. - Et dans le ciel, les oies blanches et les pigeons. Mais si tu es doué, et que tu voles très haut, tu peux devenir l'aigle royal, le rapace ultime, qui regarde, qui contemple sereinement... avant de fondre sur sa proie. Avec le risque de t'y croire, et d'être en fait une putain de buse.
En traçant dans la poussière, l'air de rien quelque chose qui ne ressemblait à rien. Un dessin-arabesque en surplace, un tourbillon d'embrouille, de gêne et de consécration. Tu as trop de couleurs pour t'aplatir à regarder par terre, continue. Je suis sûre que mes yeux peuvent te renvoyer les rêves à la figure – si tu peux voir leurs ombres du coup, je suis désolée. Mais regarde droit devant toi, pousse-moi si tu veux, c'est toi qui voit.
Le pied dansait sa poésie mercenaire: Je ne ressemble à rien, mais attrape-moi si tu peux. Si tu veux te brûler les doigts. Si tu peux, passe à côté de moi. Ou comprends-moi. Marche sur mes pieds, peut-être: je compte bien courir, très vite. Appelle-moi et confronte-toi, ça me va, puisque tu n'attends rien de personne, et que je n'attends rien des gens comme toi. -Je ne danse ni ne vole: je suis un tourbillon.[Edition à volonté... ] |
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| Sujet: Re: Si tu veux tenter ta chance, alors entre dans la danse [Terminé] Mer 22 Déc 2010 - 10:00 | | | La première réplique de la jeune fille eut pour effet de refroidir Ewall de suite. Il se recula immédiatement, cessant son jonglage.Qu’est-ce qui lui prend ?Ce mépris non dissimulé entre ses lèvres fines lui infiltra de suite une certaine méfiance. Toute la grâce de cette fille particulière venait de s’envoler, ne laissant que l’aspect masculin et souillon. Un brouillon.Elle s’approcha à son tour, provocante et cynique.Basse cour. Pigeons.L’orgueil de l’apprenti marchombre en fut profondément blessé. Piqué au vif. Comment pouvait-elle se permettre ?La rage se dilua dans sa salive qu’il retint avec difficulté au creux de sa gorge. Mieux valait se taire, laisser couler et s’en aller, malgré la défaite de sa première rencontre à l’Académie. Cette fille n’inspirait que méfiance, recul, dégout, en fait. Normal qu’elle soit seule.Etait-ce se vouer à cela, être marchombre ?Non. Anaïel n’était pas comme elle.Anaïel était un albatros. Tandis que cette Naeëlios ne pouvait incarner que le vautour. Le genre de rapace avide de malheur, de mort. Qui se nourrit du désespoir des autres et se terre dans son coin. Et les vautours on les met hors de portée. Impuissants.Tu veux jouer ? Jouons.Mais tu ne gagneras pas par tes paroles empoisonnées.Tu veux jouer le rôle du vautour. Laisse-moi jouer celui de l’aigle. Royal, bien entendu.-Je ne danse ni ne vole: je suis un tourbillon.Elle le cherchait. L’appelait à elle. Comme dans un piège, avec une petite chanson qui scande : viens, viens mon petit, entre mes mains…Elle l’insultait, le repoussait, mais semblait lui hurler de rester.Tu es seule pauvre petit brouillon.Tu es seule et tu crèves de ta solitude.Mais ça, jamais tu ne voudras le reconnaitre. Tu préfère te cacher derrière ton cynisme haut placé. Tu te donnes des allures de princesse de haut rang, au langage perfide.Mais tu as tout faux, petit brouillon. Le noble, le prince, ici, c’est moi.Certes un prince déchu, orphelin et membre d’un cirque pour compléter le tableau. Un prince qui n’a pas tant envie que cela de revendiquer son appartenance à la noblesse.Mais un prince qui veut l’emporter sur toi. Qui veut te prouver sa valeur.Alors je suis prince.Et tu es brouillon.-Un tourbillon de poussière à ce que je vois. Sale, et qui rend aveugle.Il lui lança les deux autres balles. Tiens, joue, soit princesse, si tu le veux. Mais jamais tu n’auras la grâce attendue.Car une princesse n’est jamais seule.Et toi, tu empestes la solitude.-Tu dévastes tout sur ton passage, félicitation. Tempête entêtée. Tu aspires toute trace d’amitié, de sympathie dès qu’elle se dirige trop près de ta petite personne. C'est un noble but pour une marchombre. Chasser l'Harmonie. L’accusation dégoutée envahissait la gorge d’Ewall.Pauvre brouillon.Tu me fais pitié.-Même le plus idiot des dindons est heureux dans sa basse cour. Car lui, n’empeste pas la solitude et le rejet.Encaisse.Avale.Révolte-toi.Mais laisse-moi. A moins que tu ne veuilles me retenir.Il faudrait t’accrocher plus fort, si tu veux t’accrocher encore, à mon cou. -Qui retiens-tu ? Ou plutôt qu’est-ce qui te retient dans cette Académie ?Tu la déteste cette Académie. Tes yeux le clament, ton corps crispé le hurle, tes mains s’enfonçant dans mes balles de jonglages te trahissent.Mais retiens-moi si tu en es capable.Apprends-moi si tu as ne serait-ce qu’un poil de compassion dans ton cœur froid.Fais-moi valser, si ça t’amuses. Mais explique-toi, car je déteste m’attarder devant des phénomènes inexplicables.[C'est court, et pas terrible =/ Mais promis, la prochaine fois je ferais mieux =D] |
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| Sujet: Re: Si tu veux tenter ta chance, alors entre dans la danse [Terminé] Dim 26 Déc 2010 - 1:19 | | | Il existe mille manière de se faire mépriser d'Ambre. Etrangement, être un rustre imbécile handicape moins qu'être un imbécile qui se veut cérébré. C'était pourtant clair, la roture, la vraie, est sans prétention, sans complication, d'une franchise absolue et exaspérante. Elle avait l'odeur des sueurs, les rides des fronts, et les cals inesthétiques des mains féroces. On ne dominait aucun métal avec des manières de pédants. On domptait l'or et la pierre en martelant avec précision, en écrasant. Peut-être était-ce pour ça qu'au départ, Ambre avait cru à son bonheur ici. Elle se faisait écraser – et par elle, on peut entendre à notre guise, elle-même, ses idées, ses convenances, ses aprioris, etc. Mais c'était pour affiner ses tranchants, pour ressortir brillante, acérée, épurée. Frapper là où ses structures étaient encore vacillantes, abattre les véritables murs pour révéler, peut-être, ce qu'elle avait de beau à offrir. Son propre handicap venait du fait que, roturière par les faits et l'éducation, elle avait comme eux cette approche instinctive. Certes, généralement dépourvue de sympathie, et rugueuse, et inélégante. Mais néanmoins vraie, et toute entière. Elle ne possédait pas la naïveté nécessaire, cependant. Jamais elle ne l'avait eue. On va parler Oedipe, dire que tout était de la faute de sa mère, mais c'était faux, c'était intérieur, ça l'avait toujours été.
Elle venait de gagner, elle le savait. Elle l'avait su, compris et acquis dans les premières secondes. C'était tellement facile. Il était... proie facile. On pouvait le cerner à vol d'oiseau, mal, oui, bien sûr, de manière incomplète, mais... comme n'importe quel gamin. Comme n'importe quel noble. Il avait cet égo démesuré, ce besoin de lumière -tous les élèves de l'Académie y étaient entré pour cela. La sienne s'exhibait, rouge, verte et bleue. Ambre apprécia la lueur qui s'allumait dans les prunelles sombres; comme un hommage particulier à son art. Elle tendait à ses mots son visage lisse, son expression avenante. Elle était inaccessible.
C'était marchombre, ça. Jouer non plus contre le vent, mais avec lui. Accepter la tempête, au bord des pentes, et se laisser flotter, tenir au vertige par l'haleine du monde elle-même. Ou alors, c'était le chaos. Tailler dans le vide pour éviter les pleins, accompagner les flux pour mieux les retourner. Seule compte l'envie qu'on a; le but à atteindre, les contraintes sont où on veut les voir, anticipables au possible. Alors non. Vraiment, sans mentir, elle n'était atteinte par rien. Comme de plus en plus souvent, ses doutes viscéraux s'apaisaient, elle goûtait à l'absolue certitude de sa supériorité sur l'angoisse. Elle appelait l'angoisse Ewall, en ce moment, et se savait sans brèche. Elle comprenait sa colère, la ressentait comme un souvenir; Ambre vieillissait la sensation remémorée, l'enterrait sans remords, par sécurité seulement. Même si c'était pour quelques secondes seulement. Même si ses mains étaient crispées, prêtes au combat, à une pique improbable, que, les années passant, seules les personnes qu'elle parvenait à estimer lui plantaient.
A cet instant, elle se savait prête à devenir ce que la vie lui destinait. Être pour toujours paria, et distancée, et impalpable. Mi marchombre, mi mentaï. Mi soeur mi monstre. L'ombre qui veille, et l'ombre qui, un jour, transpercera. Ou alors, c'était le réflexe d'enfant de classe inférieur. Rien de ton dédain me touche, nos référents n'ont rien de commun. Ce qui t'atteint toi te sert d'arme- tu crois faire mouche, en réalité, tu mets dans mes mains les plus jolies cartes. D'ailleurs, tu vas poser des questions. Parce que j'ai gagné ton attention, l'arrivée à tes souvenirs. Ca me suffit. Maintenant, suivant les fluctuations de mon humeur, je me vengerai, ou pas. Actuellement, c'est surement le côté roturier qui parle, tu t'offres avec franchise, comme un enfant, alors que tu dois être tout près de mon âge.
-Tu as changé de cap, et c'est logique que tu redoutes la solitude, c'est très... commun.
Le ton de la voix était neutre, sans acidité. Elle imaginait que ce serait ça, le pire. Qu'elle reste parfaitement de marbre, à peine à osciller du pied sur le sol- oh, et qu'il s'y focalise, si ça lui convenait. C'était une manière qu'elle estimait immonde de faire croire à quelqu'un qu'on avait rien contre lui, et que c'était de lui que venait toute la mauvaise foi. Avec assez de suggestion pour assassiner, et une neutralité toute prétendue. Elle ne répondrait pas à sa question, et savait que ça l'agacerait, que si elle ne bougeait pas, il croirait y voir une faiblesse, et la reposerait. Aussi, cilla-t-elle, en haussant les épaules.
-C'est juste pas en te prenant pour un roitelet que tu parviendras à devenir ce que tu crois.
Elle ne voulait pas toucher sa peau, ni le dépouiller de ses balles. Les balles, c'était pour le jeu, elle, elle n'avait rien à miser. L'éclat de couleur, finalement, c'était juste une tâche de prétention, un regardez-moi qu'on crie, et qui, finalement, se noie.
En d'autres circonstances, peut-être, s'il avait été du même milieu qu'elle, ça aurait été autre chose. S'il pouvait être autre chose qu'un noble méprisable, elle lui laisserait une chance. S'il la battait à la joute verbale, s'il trouvait un mot qui vaille la peine; mais sinon, pourquoi perdre du temps ?
Elle posa d'un geste les outils de jonglage sur un des demi murs qui composait le portique, et se retourna, en direction de la tour marchombre. Un pas, deux pas, ...
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| Sujet: Re: Si tu veux tenter ta chance, alors entre dans la danse [Terminé] Dim 9 Jan 2011 - 18:58 | | |
Ewall ne pouvait supporter ces yeux améthyste qui se jouaient de lui. Jamais il n’aurait pensé faire aussi mauvaise rencontre en venant ici. Et il se soulagea les nerfs en pensant très fort que chaque apprenti marchombre avait son maître, et qu’il ne serait donc pas forcé de la voir souvent, ou pire encore de partager des cours avec elle. Naeëlios. Ce nom étranger lui écorchait les oreilles à présent, même s’il ne comportait pas d’assonances gutturales. Par contre le « s » à la fin s’éternisait à l’ouïe du garçon, comme une langue de serpent, perfide dans un susurrement. Comment cette fille pouvait-elle être marchombre ? Comment pouvait-elle arpenter la même voie qu’Anaïel ? Elle ne méritait pas cette voie. Être marchombre c’était être et avoir, donner et recevoir, apprendre et témoigner. Cette Naeëlios n’était rien de tout cela. Elle n’était qu’un brouillon, qu’une roturière sans avenir, à la silhouette au final peu féminine avec ses cheveux courts, comme une harpie. Elle n’avait rien. Rien d’autre que son cynisme et ses mots cassant. Rien qui ne serve la voie marchombre. Que donnait-elle ? Que donnerait-elle un jour si ce n’était de la haine ? Bien trop égoïste. Recevoir. Mais de qui recevrait-elle quelque chose ? Qui voudrait d’elle ? Apprendre. Ewall se demanda vivement qui pouvait bien être son maître. Ce n’était pas cela en tous cas l’enseignement marchombre. Il ne connaissait encore que très peu de choses, mais il avait beaucoup parlé avec Anaïel durant le voyage, et il savait que cet apprentissage ne se résumait pas qu’à la force physique. C’était aussi une manière de penser. En regardant Naeëlios il se persuada que certains marchombres pouvaient vraiment mal tourner. Témoigner. Elle ne témoignait aucun respect, mais juste du mépris, donnant la bile à tous ses partenaires de mots. Si elle avait le grade de marchombre, le jeune homme se refusait à l’appeler ainsi.
-Tu as changé de cap, et c'est logique que tu redoutes la solitude, c'est très... commun.
Il tiqua, surpris. Sa réplique ne voulait rien dire. La solitude ? Il ne redoutait en rien la solitude, elle se plantait royalement. Il s’était très vite retrouvé seul suite à l’assassinat, et s’y était habitué, malgré l’adoption de la Troupe Fillibulle. Et tout juste trouvait-il une famille, qu’il devait à nouveau la quitter. Alors, la solitude, non. Les griffes de Noukas sur son épaules se plantèrent dans sa chair, conscient qu’Ewall se mentait à lui-même en s’auto-persuadant que la solitude ne lui faisait pas peur. Tout deux savaient pertinemment que la solitude à long terme chez Ewall l’entrainait dans sa dépression suite au décès de sa famille. Dofenn avait fait un merveilleux travail sur cette dépression assez poussée. Mais voilà. Maintenant que Dofenn n’était plus là, il avait peur de replonger. Malgré les années. Mais cela, il ne pouvait l’admettre. D’une parce que sa dépression avait été particulièrement rude et difficile émotionnellement et qu’il savait pouvoir rechuter définitivement sans Dofenn et la troupe. De deux, parce que ce serait donner raison à cette harpie.
Il garda donc un regard complètement neutre, malgré son envie grandissante de lui décerner un regard noir. Tout comme son ton, sa voix d’une neutralité consternante. Elle n’avait donc aucun cœur ?
-C'est juste pas en te prenant pour un roitelet que tu parviendras à devenir ce que tu crois.
Elle posa, mine de rien, les balles de jonglages sur le muret et fit quelques pas, prête à partir. Ewall qui bouillonnait, partit soudain dans un grand rire narquois.
-Et c’est moi le prétentieux, le « roitelet » ? Toi, qui méprise la noblesse et l’humanité même. Toi qui prends le droit de te jouer des gens.
Naeëlios. C’était elle la sale petite prétentieuse. Elle se croyait au dessus de tous, marchombre de surcroit. Mais tu n’es pas marchombre. Tu es corruption.
-En fait je sais non pas qui tu es, mais ce que tu es.
Viens. Je sais que ta curiosité mal placée veut se gorger de mes réponses. Tu veux savoir ce que je pense de toi ? Tout ce que je peux te dire, c’est que j’espère du fond du cœur que cela te fera le plus de mal possible. Même si tu ne sais pas ce que veut dire le mot sentiment. Je te trouvais charmante. Spéciale. Un truc qui palliait à ton visage fermé et ton allure masculine. Tu n’aurais jamais du ouvrir la bouche. Tu sais bien chanter, certes, mais à présent tu es laide. Entièrement laide. Pourrie de l’intérieur.
-Ratée.
Il sentit son soudain intérêt. Parvenait-il à la retenir ?
-Tu es une marchombre ratée.
Il crut bien qu’elle allait lui sauter à la gorge.
-Je ne suis peut-être pas encore avancé sur la voie, mais il ne faut pas être greffé pour deviner que tu n’es qu’une ratée.
Le chuchoteur se crispait sur son épaule, attendant avec appréhension la réaction de la harpie. Elle pourrait les bouffer, qu’il ne s’en étonnerait même pas. Mais Ewall ne s’arrêta pas là. Il récupéra d’un air nonchalant ses balles de jonglages qu’il rangea dans ses poches, et émit un petit rire jaune.
-Et pourrie. Pourrie de l’intérieur. Comme un vieux trognon de pomme avariée, bouffée par les vers.
Prends-ça dans ta gueule :arrow :
Noukas ne tenait plus en place. Son porteur était fou ! Elle allait les tuer s’il continuait ainsi ! Elle était dangereuse cette femme ! A l’égal de la goule !
-Maintenant tu m’excuseras, mais je ne voudrais pas que tu me déteignes dessus. Non par ton statut de roturière, je n’en ai que faire. Mais par ta pourriture.
Sur ces derniers mots, il s’apprêta lui aussi à partir, pressé de retrouver Anaïel. Il aurait tant de questions à lui poser. Notamment pourquoi certains brouillons basculaient dans le Chaos, trahissant la voie marchombre. Pourquoi le mépris envahissait-il certains cœurs, jusqu’à les pourrir jusqu’à la moelle, les transformant en monstre des plaines ? Pourquoi détester la bourgeoisie ? Pourquoi s’égarer ainsi de la voie, alors qu’elle n’est que promesse de liberté et d’avenir ? Pourquoi Naeëlios ?
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| Sujet: Re: Si tu veux tenter ta chance, alors entre dans la danse [Terminé] Mar 11 Jan 2011 - 21:34 | | | Ambre s'éloignait, tissant dans son esprit un portrait d'Idrill, de la manière dont il avait réussi à l'attirer dans ses mains. Elle identifiait en lui cette technique de douceur lisse, de non-prétention. L'ermite jamais ne répondait à ses questions personnelles, ou à ses attaques. L'enigme de son sourire, improbable et dépourvu d'indulgence suffisait généralement à la faire s'acharner- pour rien. Rien que la sérénité des silences, qu'elle endurait comme un martyr, avant qu'il consente à lui asséner un coup de masse: un mot improbable, une nouvelle notion, un regard qui la perçait et lui disait "tu es dans ma toile, sois agile, et elle se fera soie. Sois médiocre, et elle t'étranglera". Elle souriait au vide, convaincue, cette fois, qu'il serait fière d'elle, qu'elle prouvait au vent hésitant ses capacités à devenir, elle aussi , maître.
Mais l'ermite devait encore dissimuler, derrière sa paroi parfaitement lisse, autre chose? Comment pouvait-il être à ce point dépourvu d'intérêt pour son interlocuteur? Se pouvait-il qu'elle soit inconsistante qu'à son contact,qu' il suffise de pincer les bonnes cordes, froidement, tirer ici ou là. Elle avait pourtant l'impression de surprendre des ombres de surprises dans les prunelles du pirate. Des vagues qu'elle soulevait de ses impertinences, ou ses réflexions sur tel thème. Ce dernier point l'amusait un peu- par sa féminité, son origine, qu'on se croie toujours obligé de simplifier pour qu'elle comprenne, ou surpris en constatant qu'en fait, sa pensée était parfaitement structurée. Parfois innovante, souvent irrévocable. Elle trouvait le mot digne d'intérêt.
Elle l'entendit répondre, plus qu'elle ne l'écouta. Le langage de la morgue était trop commun, trop convenu. Qu'il s'énerve donc, et bave sur la raie de ses vertèbres. que ses yeux poignardent allègrement, elle avait l'habitude. De toutes façons, il ignorait tout, et ne comprenait rien. Mais puisqu'il l'obligeait à partir, et que devant se dressait la tour des marchombres, puisqu'Ambre n'avait encore pu voir Tifen... Et que la destination finale serait pour elle le bureau d'Ena- les règlements de compte, enfin. Elle ralentissait. Peut-être que c'était ça, qui lui manquait pour s'accomplir d'un bout à l'autre, et face à n'importe qui: une destination.
Obligée de l'écouter pour ne pas avancer. Obliger d'entendre qu'il allait s'attaquer à autre chose qu'à elle même. L'orgueil se réveillait, comme un tigre furieux. Rappelait à sa mémoire les insultes récentes- la mentaï qu'elle avait conbattu pour la forme, et l'autre, la femme-chose qu'elle pensait apprécier. Dont elle s'était senti rapprochée par l'âme, et dissociée par les évènements. Qui avait tout gâché, jusqu'à preuve du contraire. Elle se retourna, étonnée de voir que la distance entre leurs corps n'était pas si accentuée que ça. Elle avait dû le piquer à vif. Un seul mot.
Dans sa bouche, comme un clé. Voilà apparaître le sourire narquois, le sourire du noble qui paye. De l'enfant qui broie. Un mot, et envolé, la douceur, les restes d'innocence de son visage- apparaissait les angles pernicieux de son égo viril. Le sien feula, comme un animal menaçant. Au moins, celui-ci avait-il de l'orgueil. La volonté de se battre. Un noble d'honneur, révélé par la cruauté des mots qui suivirent. Comment osait-il? Après quoi? Un mois sur la voie, oser prétendre qu'il détenait assez de sagesse pour..? Non, pire que cela. Tellement pire que cela.
Prétendre qu'il ne fallait même pas être sage, ni comprendre la complexité de la Voie pour voir. Lui renvoyer dans la figure tout ce pour quoi elle s'était levée, ce matin là. Il fallait trouver Ena, parler avec elle, verbaliser. Comprendre, pourquoi pas l'Anh-Ju, pourquoi pas, alors que tous les autres ou presque étaient morts, ou maîtres. Pourquoi? Elle faisait si honte que ça? Maintenant que le chaos était repoussé -croyaient-ils tous, les imbéciles! - quelle serait l'excuse pour la garder coincée? Et s'il n'en existait pas, alors, oserait-elle recroiser le regard de ses frères et soeur d'arme, de ceux qu'elle avait appris à estimer; et Tifen?
Foutu noble qui juge. Foutu marchombre qui te croit apte à jauger. Je pourrais te faire avaler un par un les doigts de ta main droite, ronger le moindre de tes os, t'écarteler sereinement et brûler ta belle ossature, tes jolis muscles-dessins; tout partirait en fumée, tu volerais; exactement comme le dindon rôti que tu es. Et comment ne pas voir que c'est ta fierté qui te dicte tout ce que tu dis, que tu cesseras de penser quand tombera ta colère?
Elle lui avait rendu son regard, à chaque fois que les yeux verts avaient croisé les yeux violacés- et toujours ceux-ci retombaient sur sa bouche, comme pour l'écraser, pour la punir: tiens, regarde, tu aurais dû la fermer. Tout le mal vient de la, de ta stupide bouche qui doit tout dégeuler, mais je te la clouerai. Que tu crois. Glaciale, méprisante, qualifier le comme vous voudrez, elle s'en voulait plus qu'à lui d'avoir montré assez de gorge pour qu'il puisse mordre. De l'avoir laissé redevenir humain, et fier, alors qu'il était noble, et cabochard.
-Et là, tu t'attends à ce que je me jette sur toi, comme le ferait une guerrière, ou bêtement, "quelqu'un comme moi" en cas d'offense, c'est ça?
Elle fixait dans son dos une centaine de poignards mentaux, en replaçant une mèche sombre que le vent balayait. Elle ne put retenir le "tsk" qui lui mangeait la bouche. Heureusement, il ne peut voir que je tremble.
-Ton maître ne semble pas m'estimer aussi pourrie que toi.
Oh, tiens. Il semble qu'un frisson ait agité le joli triangle de ses épaules. Que je donnerais cher pour observer l'éclat de ton regard, Ewall Ril' Morienval. Mort, Rien, Va, l'Ewall.
-Peut-être parce que sans moi, elle n'aurait jamais pu faire de toi son élève. Ou que, contrairement à toi, elle n'a pas l'a-priori des nobles sur tout ce qui les entoure. Ou qu'elle manque de discernement, que tu as raison, et que tu voles.
Il avait insensiblement ralenti, l'écoutant- sans doute malgré sa propre volonté. Elle-même s'était rapprochée; poussant son ombre jusqu'à la mi-hauteur de ses jambes. Sa voix au diapason de son corps tremblant s'apaisait. Doucement. Rappelait à ses membres qu'elle n'avait rien à justifier. Rien à développer. Qu'ils avaient le même âge, mais qu'un pas les séparait pour toujours. Le fait qu'elle soit vétéran de bataille, qu'elle ait tué et perdu par idéal. Beaucoup perdu. Jusqu'à l'idéal? Dommage, prétentieux arc-en-ciel, que tu renies la pluie pour prendre du soleil son seul éclat. Sans profondeur, sans ombre, tu n'es que le jouet inconsistant de ton éducation. Dommage que tu te prétendes du ciel, quand tes pieds dansent sur la boue, que tu aies un rire qui chante- et l'air aussi narquois. Dommage que tu sois si peu marchombre, et déjà si imbu. Dommage que j'aime l'honneur au point de manquer de me justifier, au point de trouver dans tes attaques, quelque chose de beau.
-Tu salueras Anaïel pour moi.
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| Sujet: Re: Si tu veux tenter ta chance, alors entre dans la danse [Terminé] Mar 25 Jan 2011 - 21:11 | | | -Et là, tu t'attends à ce que je me jette sur toi, comme le ferait une guerrière, ou bêtement, "quelqu'un comme moi" en cas d'offense, c'est ça?
Ewall stoppa son pas net, se rendant compte qu’il n’était pas si loin qu’il ne le pensait de Naeëlios. Il avait pensé à une possible attaque, oui. Noukas en était même persuadé, et donc terrifié. Mais ça, jamais il ne le reconnaitrait devant elle. Aussi lui répondit-il par un regard blasé et complétement désintéressé.
-Ton maître ne semble pas m'estimer aussi pourrie que toi.
L’apprenti marchombre ne put retenir un sursaut, et sa fausse non-attention disparut complétement. Connaissait-elle vraiment Anaïel ? Ou n’était-ce qu’une ruse ? Une nouvelle attaque ?
-Peut-être parce que sans moi, elle n'aurait jamais pu faire de toi son élève. Ou que, contrairement à toi, elle n'a pas l'a-priori des nobles sur tout ce qui les entoure. Ou qu'elle manque de discernement, que tu as raison, et que tu voles.
Alors maintenant il devrait remercier Madame Naeëlios pour être là ? Hors de question. Et c’était lui qui avait des a-priori ? Alors que cette garce n’avait que des préjugés puérils sur les nobles !
Et oui, je vole. Oui, j’ai volé avec Anaïel. Elle a des ailes, Elle. C’est une fée, une marchombre. Une vraie. Une entière. Pas comme toi, Naeëlios. Quoi que tu dises, quoi qu’en pensent les autres, qu’importe la dette envers toi, ou ce qui a pu arriver avec mon maître, tu resteras une ratée à mes yeux.
-Tu salueras Anaïel pour moi.
Elle la connaissait donc bien. Ewall failli penser « manque de chance », mais se ravisa de suite. Rien n’est du à la chance. La chance n’existe pas, pas plus que le hasard. Donc si cette fille connaissait bel et bien son maître…et qu’il rencontrait à présent cette même fille… Ah non ! Il refusait ce coup du destin ! Pourquoi elle ? Elle ne faisait que l’attaquer, moralement, l’humilier… Il ne pipa mot, la laissant faire demi-tour. Que dirait Anaïel lorsqu’elle saurait que son apprenti avait fait dès son premier jour une ennemie d’une connaissance à elle, marchombre de surcroit ? Rien de bien positif, il le savait. Et il détestait décevoir Anaïel. Pour elle il voulait tout faire en bien, en mieux même. Ne jamais se rater. Qu’elle soit fière de lui. Qu’il puisse de ce fait la mériter. Alors il la retint.
-Attends.
Et maintenant ? S’excuser ? ça jamais ! Lui poser des questions ? Elle n’y répondait jamais. Alors quoi ? Bordel, qu’elle était compliquée !
-Je suppose que si je te demande dans quelles conditions tu as rencontré Anaïel, tu ne me répondras pas, puisque tu sembles être douée pour les non réponses.
Les mains dans les poches, il la fixait, sans haine apparente, désabusé de ce combat perdu d’avance. A quoi bon essayer, lorsque la personne d’en face ne désire pas faire d’effort, mais alors vraiment aucun effort. Pourtant il devait essayer. Pas pour lui, pas pour une amitié possible, il n’y croyait pas un instant. Mais pour Anaïel.
-Je suis un noble à a-priori, d’après toi. Et toi, qui es-tu pour juger un noble, lui décernant tous les préjugés puérils possibles ? Une roturière à a-priori ? En somme, nous sommes donc semblables.
Il lui coutait de trouver un élément commun entre cette fille et lui, mais les mots sortaient, et il ne les contrôlait pas vraiment.Il voulait bien admettre l’avoir juger rapidement, et avoir été un peu dur dans ses paroles, bien qu’il eut penser chacune d’entre elle. Mais de là à…Non.. C’était vraiment trop stupide cette situation.
-ça ne te plait pas plus qu’à moi, hein ?
Qu’on soit d’accord, je ne t’offre aucune amitié, juste de la considération, car mine de rien, nous ne sommes pas si différent, et surtout parce que mon maître t’apprécie.
-Si Anaïel ne te juges pas pourrie, alors je serais heureux de la croire. Il se trouve qu’elle m’a choisi. Je ne dois donc pas être un dindon si horrible que cela, si ?
En fait, je ne sais pas quoi te dire. Car quoi que je dise, tu me méprises et tu ne réponds pas aux questions. Tu es un mystère. Une énigme. Et là, franchement, je ne sais plus quoi faire. Sauf que je déteste abandonner.
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| Sujet: Re: Si tu veux tenter ta chance, alors entre dans la danse [Terminé] Lun 7 Mar 2011 - 18:33 | | | Evidemment, il s'intéressait. Le « maître » fascine tellement ses élèves, et on en sait si peut, sur lui. Il a quelque chose de terriblement désincarné, ce maître, n'est-ce pas? Il n'existe que pour la relation qu'il entretient avec toi. C'en est abissal, non, quand on réalise qu'il tourne lui-même autour d'autre chose que notre pauvre petite personne...? Si Anaïel était Ena, je te sauverais. Je me débrouillerais pour te dégouter, te tuer, s'il le faut.
Je refuserais qu'il y en ait deux à mon image. Pas par orgeuil, par générosité. On s'en moque.
Mais les prunelles d'Ewall s'assombrissaient encore, reprochaient aux iris violacés leurs tortueux méandres. Ou quelque chose dans cette gamme là. Elle s'étonnait de sa voix grave, neutre; de la vitesse à laquelle il pouvait se contenir et se maîtriser- pour éclater ensuite; laissant voir au monde l'éclat scintillant de l'émail de ses dents. Ses dents qui croquaient l'univers à grande bouchée, à s'en attirer des nausées, sans doute. On ne peut pas avoir les yeux aussi verts, aussi fiers, sans excès, sans douleurs réelles. Mais de ça aussi, on fera semblant de s'en moquer, et de ne pas voir. Quel intérêt? La compassion est une idée absurde. Il détachait étrangement ses mots de lui même, le ton tranché et clair, glacial, distendu de son attitude. Encore une fois, une étrange sensation de compréhension saisit Ambre: combien de foi n'avait-elle pas commencé ses discussions de la sorte, ou interrogé Ena?
Ses épaules s'afaissèrent néanmoins quand il reprit la suite de sa pensée, lassée et agacée, sûre de sa victoire en cas de réponse. Tout ça, c'était convenu et surtout très c... hon. Semblables...? Elle n'irait pas jusque là. Elle, elle était des deux mondes, elle avait juste choisi le sien, comme sa mère avant elle et avait vécu du « mauvais » côté de la barrière depuis le départ, consciente de l'inégalité toute relative qui l'unissait à ces « nobles ». La même que celle qui la liaient à ses cousins, qui avaient droit aux armes. L'itinérante portait son absence de titre avec autant de fierté que n'importe quel nobliaux, certes, mais croyait à une différence réelle. Il suffisait qu'on lui assène une claque assez directe, qu'on lui prouve qu'elle avait tort. Et jusqu'à présent, personne n'était parvenu à être « le contre exemple »; juste à lui faire regretter d'avoir quitté « les siens ». La roture, c'est simple. Trop, sans doute, pour Ambre, qui ne pouvait plus forcément se satisfaire d'un contact sans histoire, sans faille, sans silence. Même la roture pouvait être extrêmement lassante. Quitter les siens... au final, c'était peut-être pour un mieux. Pour garder quelque part dans ses veines la soif d'idéal, les souvenirs qui ne l'étaient pas tant que ça, mais qui l'avaient forgée. Pour ne jamais en être dégoutée, jamais courir après « l'autre côté de la famille » celui qu'elle méconnaissait parfaitement- et en toute fierté.
C'est vague, « semblables ». Oui, organiquement parlant. Quoique, je suis e crois, plus nécrosée que toi. Il doit y avoir des traces de tout ça, du dessin en moi. Des traces de pneus sombres, là où m'a brûlé la voie. Et toi, entre ton berceaux et tes balles de jonglage, là où s'arrête ta chaine, peut-être? Son propre poignet caressé par le bracelet ouvragé par son père lui paraissait presque inconvenant.
Semblables? Les iris violents se jetèrent aux verts rivages, comme une vague sur un rocher.
Mais toi, ça fait trois années que tu ignores si oui ou non tes parents sont en vie? Est-ce que tu cherches désespérément au loin la silhouette d'une soeur, que tu n'es pas sûre de reconnaître, pas sûre de pouvoir encore aimer dignement? Et toi, est-ce que tu te sens traitre, et incroyablement plus sincère que tous les autres; est-ce que tu t'estimes vrai? Est-ce que tu penses tes petites mièvreries? Tu te sens seul, et en panique, dis-moi? Et depuis combien de temps? Est-ce que tu aurais pu être « autre » si les choses avaient été différentes, hein? Est-ce que tu sais le prix des choses, est-ce que tu t'acquittes de tes dettes?
Les yeux verts cillèrent. Retenus, et pas offert. Bien sûr, c'est par dette que tu me dis ça. C'est logique.
Qu'attendre d'autre, de quelqu'un qu'on a insulté, ou malmené d'une façon ou d'une autre? -La gratitude de celui qui se prend les baignes et en tire quelque chose n'existe pas. Il faut d'abord aimer celui qui frappe. Ou l'idéal qu'il défend.
-Non, certainement, non, murmura-t-elle, ou au moins, le crut-elle, en le pensant très fort.
Elle lui présentait pourtant un front butté, et l'air froid et dédaigneux d'il y a quelques minutes. Question de défense, de dire: «néanmoins: dégage ».
Ca ne me plait pas d'utiliser ton maître pour échapper quelques minutes de plus au mien. Ca ne me plait pas d'avoir conscience des murs- je suis quelqu'un destiné aux voyages. Ca ne me plait pas de n'avoir rien à partager ou faire avec personne. Mais j'crois plus trop à tout ça. A quoi bon?
-Je préfère laisser les appréciations esthétiques de ce style aux filles de fermes, répondit-elle, sans pouvoir s'en empêcher, et avec son sourire oblique, vacillant vers le doux. Jolies chaussures, btw. Disons qu'au moins, tu ne glousses pas pour un rien.
Et une démarche de proie-chasseur; un mix improbable des deux. Sans doute parce que tu sais peu de choses, mais que tu crois en toutes. Je te préfèrerais félin que volatile. Battement de cils.
L'envie de s'excuser l'effleura sans la saisir- pourtant, il faudrait peut-être. Mais plutôt crever.
-Rassure-toi. On ne peut pas dire qu'elle et moi nous adorions. Tu n'aurais pas le moindre problème avec elle en tournant les talons. On se respecte, et on sait ce qu'on se doit. C'est une des rares personnes qui sait effacer une ardoise ou donner avec dignité. Mais comme tout l'monde, elle peut se tromper, à n'importe quel sujet, j'imagine.
C'était une forme de, se disait-elle. Une forme de neutralité, aussi. Manière de dire qu'il n'avait pas besoin de se faire lyncher pour le plaisir, de répondre, peut-être, à certaines questions sur elle. L'air de rien.
Mais il ne semblait pas chercher à s'en éloigner. Elle choisit de se remettre à marcher, le long de la voie de pierre, dans la direction où il devait aller. Enfin, ils se mirent à marcher, sans que l'idée s'impose comme un besoin, ou quoique ce soit. Il était du genre à s'accrocher, ou alors, il allait lui retourner une réplique bien vicieuse, quand elle baisserait un peu la garde. Du coin de l'oeil, Ambre continuait de l'observer, sans jamais noter la présence du chucoteur- jusqu'ici, elle le prenait pour un col poilu qui parachevait l'excentricité de la tenue. Elle hésitait à lui demander quelle fierté les gens comme lui pouvaient bien trouver à naître, ou à vivre comme ils le font, mais renonça, fatiguée d'avance. D'un ton faussement neutre, elle reprit:
-Alors, qu'est-ce qui t'a convaincu? Les questions rhétoriques? Les mots tus? Le concept, ou elle-même?
Qu'elle décide, ce qu'il avait de semblable, de chat, ou de dindon. Ou qu'il la surprenne. Elle espérait encore.
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| Sujet: Re: Si tu veux tenter ta chance, alors entre dans la danse [Terminé] Mar 8 Mar 2011 - 16:36 | | | Tout se détruisait encore, alors qu ‘elle avait constitué consciencieusement le château de cartes de son avenir. Sa rencontre avec Varsgorn avait secoué et fait flanchés les derniers étages, mais surtout l’annonce de la mort de Maya avait ébranlé les fondations. Elle aurait tout donner, ou beaucoup pour identifier les auteurs de cette mise en scène macabre. Comment, en persiflage, petites vengeance discrètes, elle leur aurait insufler un peu de sa souffrance pour qu’ils comprennent. Il fallait tout partager, ici.
Elle sortait de la salle de dessin , petit repaire inchangé de cette nouvelle vie . Inchangé ? Il manquait le personnage principal de la scène que les lieux et les élèves semblaient avoir completement oublié. Avait-elle été la seule marquée par l’éclat de Maya Nil’Shaya ? Beaucoup d’élèves étaient arrivés trop récemment pour avoir connu l’Eclipstique et la bataille de la reprise avait fait plusieurs morts parmis les dessinateurs, effaçant doucement la mémoire de Maya. Ciléa avait un mal fou pour retrouver des témoins de sa mort, et recomposer la scène.
La dessinatrice avançait, pensive. Sûre d’elle-même cependant, avec cette dignité au front et au port qui passait au-delà l’uniforme terne et lui rendait son étiquette de noble. Les colonnes marquaient des zones d’ombres et de lumière qu’elle traversait, quasiment seule sous des arcanes peu passantes à ce moment là de la journée. Une voix gicla pourtant, claire, candide ,insouciante des conséquences qu’elle aurait sur la dessinatrice . Ciléa blémit, sa nuque frissonna sous le souvenir, ses yeux affolés cherchèrent à tuer les fantômes , le reste d’illusion. Mais implacable de tragique, la voix continua.
-Je suis un noble à a-priori, d’après toi. Et toi, qui es-tu pour juger un noble, lui décernant tous les préjugés puérils possibles ? Une roturière à a-priori ? En somme, nous sommes donc semblables.
Elle s’arreta net cette fois-ci, completement prise de court, débordée par les événements. Ah il t’en fallait peu pour briser ta maigre assurance, ta gloire projeté, ton espoir de triomphe. Tout les hasards s’acharnent à te faire tomber sous l‘évenement, ils connaissent ta faiblesse, ils connaissent ta peur du passé. Varsgorn en était le premier signe. Laisse ces voix envahir ton angoisse et tu es perdue Ciléa. Va t-en. Fais demi-tour et oublie ce que tu as vu. Oublie tout, continue. Ton équilibre est trop fragile à l’heure qu’il est pour ajouter dans la balance, un poid qui risque de le dérégler.
L’autre ne l’avait pas encore vu, absorbé qu’il était dans sa discussion. Pour éviter la confrontation trop brutale de regard à regard ou un témoin de son désaroi, Ciléa se tourna vers l’exterieur, appuya sa main sur une colonne qui soutenait l‘arcade, enfouit ses yeux dans la blancheur de la cour. Elle n’osait plus regarder en direction de l’habit bariolé se répétant pourtant l’absurdité de la présence de son frère sur son chemin. Le cadavre pourrissait dans une tombe d’Al-Jeit, ou avait été brulé avec le reste de sa famille. Pourquoi Ewall serait-il ici, dans cette académie même, à Al-Pol, affublé d’un costume ridicule de roturier? La coincidence prêtait à sourire et elle se convaint un instant d‘un jeu de son esprit, avant un deuxième coup d’œil vers les deux personnes en conversation.
Il n’était pas assez bien placé pour qu’elle distingue ses deux yeux verts mais la voix aurait suffit à ce qu’elle l’identifie. La chevelure la confortait dans analyse et la stature si elle avait changé, aurait bien pu être celle de son frère.
« Excusez-moi… » fit-elle d’une voix un peu rauque
Il n’était pas dans les habitudes de Ciléa Ril’Morienval de s’excuser mais à sa décharge, le choc avait contribué à démolir pour quelques secondes un caractère d’aristocrate dominatrice et orgueilleuse. Les deux mots restaient cependant assez proche de l’ordre, impérieux , autoritaires. La jeune fille n’aurait pas souffert que les deux interlocuteurs continuent la conversation comme si rien n’était .
Le premier plongeon dans les iris verte suffit pour que la pointe d'incertitude viennent s'enfoncer plus profondement dans sa gorge, l'étreignant d'une émotion qu'elle n'était pas sure de controler. Elle en sortit mouillée, frissonante et transie. Completement affaiblie.
« Et bien soit tu es la Dame, soit tu es mon frère…La première hypothèse me semblant de loin la plus crédible . »
Encore si peu sure, elle restait détachée, dressée derrière le rempart de froideur qu’elle arrivait tant bien que mal à battir. Elle sentait sa main droite trembler doucement le long de sa cuisse et sentit que ses yeux réveleraient bientôt plus qu’elle ne voulait en dire. Elle tourna légèrement la tête et dédia un examen à la fille à côté d’Ewall, s’efforçant de tuer l’espoir avant le verdict de l’étudiant. Dans ses chimères, elle y trouva d’abord une ressemblance avec une de ses sœur ainée. Ils formaient tout deux, un couple de fantômes, revenant la chercher. Mais vite, la certitude se brisa au contact de ce sarcasme bas et roturier appliqué au visage, et à la réalité de la couleur violette. Ciléa retira de ce premier regard, une profonde aversion pour l’être et haussa les sourcils avec dedain pour revenir à celui qui pouvait être Ewall.
Le costume de saltimbanque maintenant qu’il lui criait au visage semblait démentir l’appartenance noble de son frère. Pourtant il y avait dans ses pomettes, dans ses yeux stupéfaits et dans son jeu de sourcil trop de chose d’Ewall pour qu’elle puisse l’ignorer. Impatiente de savoir, explosant sous la pression et sous son silence , elle revint vers l’autre et l’interpella, désigant d’une main vague le fantôme aux yeux verts.
« Dis moi qu’il ne s’agit pas d’Ewall et je vous laisserai à vos conversations roturières-à -priori sur la qualités des volatiles en basse-cour. Avec mes excuses en prime pour m’être aveuglement trompé de personne. »
Soulagée que le calcul ne fut pas brusquée par une donnée immense. Je ne puis mentir cependant. Il y a des moments où l’on ne peut plus douter de sa mémoire.
[Edition à volonté, bien sur =)Désolée pour ton bleu Ewall, je ne trouve pas --"]
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| Sujet: Re: Si tu veux tenter ta chance, alors entre dans la danse [Terminé] Mer 9 Mar 2011 - 12:17 | | | La Naeëlios murmura quelque chose, sûrement une protestation ou une autre insulte, mais Ewall ne put entendre le véritable sens. Il était complètement démuni face à cette femme. On ne peut pas dire qu’elle faisait dans le simple, ah ça non. Disons qu'au moins, tu ne glousses pas pour un rien.Le jeune homme leva les yeux au ciel. Avec ces mots entremêlés de sens et de contresens il ne savait même plus s’il devait prendre cette phrase comme un compliment ou non. Disons qu’au moins, ce n’était pas une insulte, pour changer. Qu’essayait-elle de faire ? On aurait dit qu’elle voulait le fuir et à la fois rester, comme si ce qui l’attendait n’était pas mieux.
Ewall ne put cacher un soupire de soulagement en apprenant qu’Anaïel était loin d’être la meilleure amie de cette fille. Elles se respectaient. Dois-je pour autant te respecter ? Dois-je pour autant respecter tous les marchombres que je croiserais, même s’ils sont comme toi ? Il se promit d’en parler à son maitre, qui lui tardait de retrouver. Anaïel, se tromper ? Cela lui semblait inconcevable, mais en restant objectif, il savait que toute personne commettait des erreurs. Etait-ce une forme d’excuse dans la bouche de la Naeëlios ? -Alors, qu'est-ce qui t'a convaincu? Les questions rhétoriques? Les mots tus? Le concept, ou elle-même?Une question ? Une question entre ses dents à elle ? Et sensée en plus ? Sur lui ? Ewall ouvrit de grands yeux, et le chuchoteur se pencha en avant sur son épaule. Ah, elle pouvait être humaine et s’intéresser à autre chose qu’elle-même ? La tournure le désarçonna tant, qu’il mit quelques secondes à répondre.
-Nous-mêmes. La possibilité de voler en chœur, de ne faire qu’un, d’effacer le passé et de s’apprendre mutuellement. Le mythe d’androgyne, quoi.-Le premier mot, le premier nom, le vrai, la tombée des masques. Et surtout le premier vol, les premières promesses. Il la fixa de ses émeraudes, sincère. Tant pis si tu m’éclateras à terre par la suite de tes mots assassins, moi je mets des mots sur mon amour. -Mon destin, me prendre en main, faire une pied de nez au hasard qui n’est qu’une putain, et me forger mon propre avenir, bien loin du pas… « Excusez-moi… »La voix dans son dos le glaça sur place. Non. C’était impossible, la sienne était plus enfantine. A l’époque… Le cœur rempli de fantômes, Ewall pivota avec difficulté. Pour se retrouver en duel avec les yeux, ses yeux. Les mêmes, si verts, si « maman ». La chevelure blonde lui tombait bien plus longue qu’autrefois. Mais elle n’avait pas tant changé que cela. Mis à part qu’elle était vivante. Vivante ! Il déglutit. Les fantômes n’existaient pas, c’était impossible. Ciléa était morte. Morte, tu entends ?! « Et bien soit tu es la Dame, soit tu es mon frère…La première hypothèse me semblant de loin la plus crédible . »Le cœur du garçon menaçait de lâcher à tout moment, et Noukas avait viré aux poils blancs, s’assemblant parfaitement au teint de son maître. Le chuchoteur n’avait jamais vu la famille Ril’Morienval, mais il avait regardé longuement le dessin qu’Ewall portait constamment avec lui. Et il ne pouvait que ressentir l’incertitude et la peur de son porteur. L’apprenti marchombre trébucha en arrière, s’appuya contre une colonne, trop haletant et tremblant pour tenir véritablement debout. Elle était morte. Il l’avait vu ! Les corps… Son esprit buta sur un détail, s’il avait cru voir toute sa famille ensanglantée, il n’avait en aucun cas compté les corps, et qu’un lui échappe était tout à fait possible. Moryann était le seul visage qu’il avait pu voir. Ciléa aurait…survécu, elle aussi ? -Tu…tu es…
« Dis moi qu’il ne s’agit pas d’Ewall et je vous laisserais à vos conversations roturière-à -priori sur la qualités des volatiles en basse-cour. Avec mes excuses en prime pour m’être aveuglement trompé de personne. »Ewall manquait d’air devant ce passé ressurgissant soudainement. -Tu…tu es morte. La contestation du passé s’étrangla dans sa gorge nouée.-Ils…ils étaient tous MORTS ! Hurla-t-il avec force.Il ne pouvait s’y résoudre. Voilà quatre ans, quatre longues années qu’il se battait contre la dépression d’avoir perdu l’intégralité de sa famille, et Ciléa revenait, vivante, apparemment élève dans la même académie que lui ?! Cela dépassait son entendement. Ce n’était qu’une illusion, un sale rêve. Il se mit debout, en équilibre sur la corde de son histoire. Je suis un funambule, qui a peur de tomber. Il s’approcha, tout près de sa sœur, et frôla sa joue de sa main de jongleur. -Ciléa…
Comment avait-elle pu échapper à l’assassinat ? Pourquoi ne l’avait-elle pas recherché ? Le croyait-elle mort, alors, tout comme il la croyait sous terre ? L’émotion le gagna, il se recula, les yeux embués, n’arrivant pas à croire ce qui lui arrivait. -Tu…tu es…étais…morte. Le « morte » ne fut qu’un souffle. Il avait là, cette Naeëlios à ses côtés, si improbable par son caractère, et sa sœur…sa sœur morte depuis quatre ans. Il n’y avait qu’une solution à cette situation : un horrible cauchemar. Oui, un cauchemar, ce ne pouvait être que ça. Il se tourna, furieux vers la Naeëlios:
-C'est quoi? Un de tes tours de passe-passe, t'es quoi, dessinatrice aussi? Tu le savais? Comment? C'pas drôle, arrêtes-ça tout de suite!
Il ne pouvait plus contenir ses larmes, malgré la honte que cela engendrait devant la marchombre, mais son cœur allait exploser et il ne savait comment évacuer l’émotion, les émotions qui l’étouffaient : la peur, l’incompréhension, la surprise, le doute, l’amour, le deuil, l’espoir, la joie, le souvenir de vie et de mort. -…Morte.Il n’avait que ce mot à la bouche. Depuis l’assassinat il n’avait que ce mot amer collé au palet. |
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| Sujet: Re: Si tu veux tenter ta chance, alors entre dans la danse [Terminé] Dim 20 Mar 2011 - 20:29 | | | Nous.
C'était la première idée, la première correction. Celle qui donnait à Ambre la certitude qu'elle devait s'effacer pour de bon de cette discussion-là. Le laisser dire, puisqu'il ne parlait pas seulement d'Anaïel, mais de lui-même. Des mots d'amour pour parler de concept. De soumission. De lois.
Avait-elle jamais envisagé de partager et d'étudier Ena autrement que comme modèle criticable, et professeur, mais comme égale? Comme personne, avec ce qu'elle avait à offrir? Jamais, bien sûr. Elle refusait à Ena la possibilité d'être une personne, en même temps qu'elle lui avait interdit les erreurs. Elle ne se souvenait juste plus du moment où elle lui avait retiré son respect. Ca datait probablement des premiers mots, des premiers jours. Ou d'avant, mais cette pensée là était dangereuse. Elle revenait à enlever au maître une grande partie de la faute, à se mettre en danger. La tour devant eux représentait une menace suffisante pour le courage d'Ambre, hors de question de se laisser vaciller à donner une énième chance trop tardive. Effacer le passé? Beaucoup semblaient croire que le salut viendrait de là. Du point de vue de Ambre, chaque présent comportait sa dose de passé. Et tous les passés s'additionnaient toujours. Vouloir recommencer, c'était risquer d'additionner à son précédent lot de douleurs des innovantes, des sans-précédents. Et les années continueraient toujours de peser plus lourd. Du cran, que diable, redressez vous, épaules. A nos vingt ans!
Et celles-ci d'obéir, de redresser la charpente de son corps, en une pseudo assurance. Souple, face à l'adversaire. Puis vint le mot promesse, et elle crut sentir ses muscles se raidir. Vieille habitude, sans doute, ou énième contradiction de son être. Oui, bien sûr, il y avait les promesses. On ferait tout, pour des putains de promesses. Et ses yeux brillaient d'y croire, le protégeaient en y croyant. Elle pourrait être laide, et lancer sans cesse ses mots cailloux, tant qu'il aurait confiance en Anaïel, tant que ses mots trouveront sens, tout sera supportable. Il en redemendera. Il lui donnera sans cesse des raisons de le railler. Pour le sport, pour la contredire, pour renforcer encore la certitude que, si lui tenait, les promesses tiendraient aussi. Tout serait beau, dans ces yeux-là. Vert, j'espère, à ce qu'on dit. Elle aurait voulu sourire sans douleur, devant tout cela, devant ces émotions qui tourbillonnaient dans les nuances de ses prunelles, qui la prenaient en défaut.
Viendrait ensuite, l'indépendance, voilà, tu y es. Tu la rêves encore, puisqu'actuellement, tu dépens de ton maître, de ses grandes ailes, pour visualiser les tiennes. C'est pour ça que je dois passer maître, parce que ça fait des millénaires que je ne vois plus comme toi. Mais...
Quelqu'un les interrompit. Elle se tourna, fluidement,on n'attaque pas quelqu'un en s'excusant, en s'annonçant plutôt, les tons ne trompaient pas. Mais elle le ferait, pas maintenant, plus tard, quand elle se retrouverait à prendre ce qui lui reviendrait de droit.
Ambre était pourtant sûre de ne rien devoir à cette donzelle qui s'affichait devant elle. D'ailleurs, ce n'était pas sur elle que tombaient les yeux scrutateurs, plutôt sur son interlocuteur. Logique. Ce genre de personne venait à l'Académie pour y faire son marché de draps. Comme quoi les nobles se sentaient entre eux, enfin. La roturière haussa un sourcils, tout de suite, songeant que l'autre ne prenait aucun risque. Elle tourna son visage vers Ewall, avec l'idée affirmée de le traiter de Demoiselle, et de demander s'il préférait les morues aux dindes. Elle fut dissuadée au premier regard. Quelque chose ici lui échappait totalement, et ne la concernait pas; et visiblement, le remplissait d'effroi.
Quand l'autre se permit de l'interpeler, l'itinérante haussa plus sûrement son sourcil. Et d'où nous connaissons-nous, Trésor? Tu peux aussi aller mourir plus...
Ah, c'était déjà fait, si elle en croyait l'exclamation du jeune marchombre. Il se mit à hurler, et Ambre aurait voulu disparaître, ne pas assister à ça. Elle n'était pas son intime, juste une rencontre de couloir. Elle ne voulait pas connaître son histoire, ce qu'il pouvait avoir à faire avec cette blondasse qui se permettrait n'importe quoi, et face à n'importe qui. Surement une de ces putains dessinatrices. Et reculer lui semblait impossible. On ne recule pas, face à la noblesse, on ne s'éclipse pas comme des voleurs, lorsqu'on nait itinérant.
Il s'en approcha, caressant son visage comme une fleur, sur le champ où sont répandues les cendres d'un être cher. Elle devrait partir, vraiment. Par pudeur. Elle détournait la tête, convaincue que les évènements ne devaient pas lui appartenir, que c'était la meilleure chose, et qu'il serait toujours tant, si son orgueil se froissait, de retrouver l'autre intervenante, et de lui faire ravaler sa supériorité.
C'était sans compter Ewall, qui la surprenait toujours avec un temps de retard. Qui la surprenait toujours, néanmoins. Par ses larmes, maintenant, larmes des hommes qu'elle n'avait plus vu depuis 3ans, qui lui rappelaient frères, aînés, cousins, cadets, sa propre fierté, sa propre valeur d'enfant. La distance prise, avec tout ça, qui créait le malaise de sensation, le désir de faire cesser ça. Et les mots qui rebondirent sur sa carapace, jetés par un homme qui s'effritent, ils ne ressemblaient à rien.
-Comme si j'avais besoin de ça. Sa main vola directement sur sa joue, néanmoins. Parce que tu m'insultes, mais au delà de ça, tu dis n'importe quoi. Je ne peux pas me permettre qu'on se souvienne de ça. L'esprit d'Ambre était toujours rétracté le plus loin possible des spires, dont les sons suscitaient davantage la migraine et l'écoeurement que l'envie. Cependant, à ce type de remarque, il parvenait à s'en couper totalement, à faire taire totalement, et pour une durée indéterminée, les fils de l'Imagination.
-Reprends-toi, j'ai rien de plus à dire, et à personne. Vos sales draps ne regardent que vous.
Ses yeux refusaient de se poser sur la supposée Ciléa. Elle ne l'intéressait pas, même son mépris refusait de s'attacher aux coutures usée de sa toilette. Ce personnage serait personne, à jamais quelconque, et d'un sans-intérêt vulgaire. Ses yeux refusaient la situation, d'y impliquer une profondeur quelconque. Il aurait dû la laisser disparaître, pas l'obliger à regarder.
[Edition à volonté, je voulais juste ne pas bloquer d'avantage]
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| Sujet: Re: Si tu veux tenter ta chance, alors entre dans la danse [Terminé] Sam 9 Avr 2011 - 15:32 | | | Il n’y avait plus aucun doute. Elle aurait du faire demi tour avant d’avoir entendu la réponse, avant qu’il vienne candidement tout détruire.
Elle n’eut pas le temps de reculer quand il avança sa main vers son visage, abolissant la distance souhaitée. Le dernier geste de Maya s’imprimait dans les mains d’Ewall et les deux furent bientôt trop liés pour qu’elle n‘ens soit pas troublée. Un gout de superstition vint lui effleurer la pensée mais elle rejetta immédiatement cette vieille crainte des signes, trop roturière à son gout. Elle palit en retour, surprise par les souvenirs qu’elle trouvaient dans les réactions d’Ewall, et cette odeur de compassion qui lui montait dans les yeux. Pendant un instant ellle fut tenter, à son tour, de rompre la distance, d’enserrer son frère pour que l’image ne s’échappe plus. Mais il y avait ces vêtements bariolés entre eux, il y avait l’impudeur spontanée d’Ewall dans l‘expression de son étonnement, qu’elle ne pouvait plus comprendre, et il y avait surtout cette autre aux yeux violet, public improvisé de leurs retrouvailles. Qui était-elle?La noble aurait bien fait abstraction de son identité, et elle était partie sur cette base là avant que la main aille violamment à la rencontre de la joue de son frère. Elle osait insolament frapper son frère dans une sorte d’accolade, un geste tactile populaire. Palper, il avait besoin le peuple de ces contacts primaires, sauvages. Il avait besoin de toucher pour s’entrapercevoir qu’il existait. L’autre était roturière, elle l’avait décidé au moment ou le couassement désagréable de sa voix avait pris de haut le dernier des Ril’Morienval, que ces mots contractés, puant la bassesse, avaient sifflaient le « sale » tout en l’ignorant ostensiblement.
Elle n’y avait pas fait vraiment attention, à ce mépris marqué sur les lèvres jusqu’à maintenant. Les yeux détournés lui avaient paru marque de respect ou de soumission, au moins , mais l’autre ne tenait pas de la catégorie de ceux qui baissent les yeux. Ou si. La roturière baissait les yeux pour mieux cracher.
Contrairement à ce qu’Ambre avait dit, Ciléa ne trouvait pas de linge sale entre Ewall et elle-même. Qu’y avait il à laver vraiment? Peut-être les carreaux bariolés sur le corps de son frère et tout les changements qui en découlait . Elle essuierait elle-même sa peau maquillée, dans l’ombre, loin d’autre témoin de la métamorphose . Lui soufflerait dans l’oreille que tout était fini, qu’il n’avait plus besoin de vivre caché derrière son costume de roturier. Alors il endosserait de nouveaux sa peau de noble, laissant derrière lui son attirail de clown . La purification allait-être facile de ce coté là. N’est-ce pas? le sang vous reste à vie, et l’on ne peut s’en détourner, on ne peut tromper sa véritable nature, quelqueçoit les subterfuges. Il n’y avait rien à laver d’autre . Nous ne nous en sommes jamais voulu assez pour en tenir rancœur, pourquoi cette sale haine toute basse viendrait nous ternir maintenant?
« On ne dessine pas le vivant, Ewall. Même les très bons dessinateurs. » fit-elle en toisant l'autre. La phrase aurait pu sortir fraichement d’un cours de dessin, le ton y était aussi. Et puis qui est-elle cette autre, pour espérer savoir dessiner? Pour espérer, un seul instant avoir en commun avec moi, ce qui fonde ma vie.
« C’est bien moi. Ciléa Ril’ Morienval. »
Elle avait prononcé son nom lentement, appuyant avec gravité sur les trois lettres de noblesses. Cette famille vit Ewall, nous en sommes les derniers représentant, nous lui rendrons sa dignité. Enfin, commence par enlever ce déguisement et ces phrases qui sentent la roture.
Il y a trop de questions pour que je te les pose. Et à quoi bon en savoir plus, maintenant. Tu as trainé dans la boue et dans l’humiliation plus longtemps que moi. Pourquoi enfoncer le clou, encore et encore, en t’obligeant à raconter ta douleur ? Devant , qui plus est, un témoin dédaigneux.
« Nos draps sont blancs. Rien de sale entre nous. »
N’Est-ce pas?
Mais va-t-en, l’autre, tu as raison, il n’y a pas de place pour toi ici . Je t’interdis d’être quelque chose pour mon frère, ton petit air sournois et cette grande indifférence me sont trop désagréable.
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| Sujet: Re: Si tu veux tenter ta chance, alors entre dans la danse [Terminé] Mer 27 Avr 2011 - 13:48 | | | Il rêvait. Ce n’était qu’un cauchemar sans fin. Mais qui devait prendre fin. Il devait se pincer, se frapper, avoir un choc quelconque, et se réveiller. Vite. Très vite. Ciléa. Devant lui. La Naeëlios bizarre, il concevait. Mais sa sœur vivante…ça non. Il ne pouvait pas y croire. Pas après la bataille acharnée qu’il menait, l’aide d’Anaïel à rentrer de nouveau dans la demeure fantôme. Et son dessin. Il avait laissé son dessin là-bas, comme pour mettre le passé à sa place ! Elle n’avait pas le droit de ressurgir maintenant ! Pas le droit ! Donc, ce n’était pas réel !
La gifle de la marchombre lui amena une toute autre réalité. Il ne réagit même pas, au premier abord, écarquillant ses yeux verts, louchant autours de lui. Mais rien. Le choc souhaité n’avait rien changé. Sa sœur se tenait toujours devant lui, belle et bien vivante, et la Naeëlios venait de se donner le plaisir de le frapper. On ne dessine pas le vivant, disait-elle. On ne dessine pas le vivant. L’idée même que sa sœur soit vivante l’angoissait à présent. Combien avait survécus ? Etaient-ils les seuls ? Etait-elle vraiment réelle ? C’était impossible. Inacceptable. Il déglutit, ne sachant que dire, la fixant, l’air atterré, comme face à un fantôme. Comme ? Ce n’était pas seulement comme. Il faisait face à un fantôme.
Mais tais-toi, je t’en supplie. Ne dis rien. Tu n’as pas le droit d’être ma sœur. Tu n’as pas le droit d’être elle. D’être toi.
« C’est bien moi. Ciléa Ril’ Morienval. »
Ewall blêmit plus encore. Non. Je t’avais dit de te taire. Tu es morte. J’ai fait ton deuil. Tu n’as pas le droit de revenir maintenant, quatre ans après. C’est dégueulasse, et impossible. Tu n’avais pas le droit ! Il bouillonnait, ne sachant plus que faire. Son cœur oscillait entre joie, surprise et colère. Aucune place pour le soulagement. Il était bien trop tard. Alors, il la fixait, l’envie de la toucher l’ayant abandonné aussi rapidement qu’elle était apparue. Qui es-tu, pour te prétendre être ma sœur ? Qui es-tu pour apparaitre comme un fantôme ? Où étais-tu toutes ces années ? Tu n’as pas le droit de revenir. Pas maintenant. Pas alors que je commençais à refaire ma vie sans toi, sans eux. Pas alors que j’ai mené un combat des plus durs, et que j’étais sur le point de l’emporter. Je voudrais pouvoir te hurler de partir, mais je te courrai sans aucun doute après, regrettant de suite mes paroles.
Il jeta un coup d’œil à la Naeëlios qui voulait partir, et d’un geste rapide la retint par le poignet. S’il ne l’aimait pas trop, ce n’était pas un fantôme qui détenait le droit de la chasser, juste parce qu’il prétend être de la même famille.
« Nos draps sont blancs. Rien de sale entre nous. »
Ewall grogna. Ciléa avait changé. Elle n’était plus l’enfant défendant avec acharnement leur sœur Moryann contre leurs parents. Elle détenait à présent le même ton pompeux, la position noble du corps et leur regard hautain, méprisant. Et après avoir vécu avec les saltimbanques, il n’était plus sûr d’apprécier cela. Ciléa était devenue l’image des Ril’Morienval, celle des Trois Fiertés. Pas la gamine du petit clan des derniers.
-Si. Ils sont sales. Renchérit-il, tenant toujours le poignet de la Naeëlios dans sa main, avec force.
-Un drap taché de sang est toujours sale. Reprit-il, après une inspiration.
Notre famille est sale, sale des histoires, sale de sang.
-Et toi aussi, tu es sale. Car toi aussi tu étais là-dedans, dans cette histoire. Je ne sais comment, par quel miracle tu as échappé au massacre, mais ne mens pas en disant que tu en es sortie propre, et blanche.
Il lâcha la marchombre, s’étant bien fait comprendre. Elle n’avait pas à partir. Ce n’était pas elle qui surgissait du passé, pensant pouvoir reprendre sa place comme s’il ne s’était rien passé. Tu ne peux pas revenir comme ça. Tu n’en a pas le droit.
-Ton nom, notre nom, ne veut plus rien dire. Les Ril’Morienval sont morts, Ciléa. Tout comme tu es morte.
Jamais je ne pourrais t’enlever ce statut. Tu es morte, cher sœur. Morte. Et ton retour n’y change rien. Pour l’instant du moins.
-Tu parles d’une noblesse entachée, et assassinée. Où en est l’honneur, et la fierté d’en faire partie ?
Il désigna la marchombre de la main.
-Elle peut être insupportable, insensible et d’une répartie sans faille, et pire encore roturière, mais elle vaut bien mieux que les vestiges d’un passé doré.
Car tu n’es que vestiges, Ciléa. D’un passé plus ou moins doré, il est vrai. Passé que tu as oublié. Pas moi. Tu n’es que vestiges. Et les vestiges doivent restés à leur place, dans le manoir. Ils n’ont pas le droit de se balader pour hanter les survivants.
-Qu’es-tu venu chercher, ici ?
Moi je suis venu pour l’oubli, pour une nouvelle vie et une revanche sur ce putain de destin ou hasard, qu’importe le nom qu’on lui donne. Mais je vois dans tes manières, que tu n’as rien oublié. Au contraire, tu as retrouvé tout ce qui caractérisait nos parents. Pourquoi n’es-tu pas morte ?
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| Sujet: Re: Si tu veux tenter ta chance, alors entre dans la danse [Terminé] Jeu 5 Mai 2011 - 19:00 | | | Était-t-il sérieux quand il choisissait la roturière ? Pouvait-il ainsi l’humilier devant ce témoin sarcastique qui sauterait sur cette illusion de supériorité ?
Elle exécuta une grimace de dégout et garda le regard vrillé sur son frère, la douleur de sentir le sourire de satisfaction moqueuse se peindre sur les lèvres de la roturière était trop vive pour qu’elle se risque à jeter un regard sur elle . Elle ne lui donna pas le plaisir de célébrer sa victoire dans son propre regard et l’ignora ostensiblement, mettant les divagations de son frère sur le compte du choc des retrouvailles.
« Tu ne sais plus ce que tu dis, Ewall. » fit-elle, la gorge sèche.
Trop d’émotions contradictoires se chevauchaient pour qu’elle puisse dissimuler complétement son désarroi. Articuler ces quelques mots sans faiblir sur le ton lui semblait déjà un exploit. La tête froide et les pieds sur terre; soit quelqu’un de prosaïque, allez. Détache, détache tous ces misérables liens qui ne te servent à rien, recrachent les. L’indifférence devant ce roturier semblait la meilleur solution. Il l’avait prétendu lui-même, elle était morte, elle n‘était pas sa sœur , pourquoi le contredire en frémissant devant le vertige de la courbe de ses sourcils, devant le savoureux souvenir des ses expressions? pourquoi trébucher en tentant de le rattraper avant qu’il ne rampe dans la boue?
« Le sang n’entache pas. Ils étaient de simples victimes d’une folle, il étaient blancs, ils n’avaient rien à se reprocher . Tu en doutes ? Fit elle aussi froidement qu’elle le pouvait."
Mieux que ça, leur mort les avaient lavés de toutes les petites erreurs ou bévues faites auparavant. Le sacrifice avait quelque chose de purificateur; quelque chose de grand, le meurtre avait sanctifié sa famille en un modèle de noblesse et de droiture. Pourtant, le regard d’Ewall, qu’elle connaissait trop bien plantait ses arguments trop loin. Elle ne pouvait affronter plus longtemps cette détresse là , trop connue, trop destabilisante pour être vécue. Ses yeux lâches, se détachèrent du visage de son frère pour plonger vers un replis, quelque chose qu’elle puisse contempler à la place de ce visage pâle, triste, mouvant, acre. Ses yeux glissèrent sur la pauvre architecture de la colonnade, trop simple pour paraitre convainquante, puis, vaincus, ils durent s’en remettre au corps de la roturière et au lien douleureux de son poignet sous sa main.
« Ils n’avaient rien à se reprocher souffla-t-elle les yeux bas . Et moi non plus…»
Son regard dégouté de sa propre pusillanimité chercha de quoi s’apaiser sur le corps de la roturière, tentant de retrouver la certitude de sa supériorité sur cette silhouette sans nom, sur cette petite vie sans atout. Elle cueillit sur ce corps tout ce qu’elle pu trouver de déplorable ; le moindre grain de poussière trainant sur l‘uniforme ou sous ses ongles, l‘aspects calleux de ses mains de roturière, la semelle usée d‘une de ses bottes, le bord effiloché d'un bout de sa tunique . Puis gonflée de cette énergie incoercible, leva les ses yeux vers Ewall et planta insolemment ses iris dans les siennes.
« Je n’ai rien à me reprocher »
Le mensonge candide lui procura une entière satisfaction tant pas son absence d’émotivité que par la franchise qu’elle avait réussit à simuler .Elle réussit à ne pas laisser planer sur ses lèvres le petit sourire qui lui mangeait la gorge, pourtant. Cette victoire réussit à gommer pour un temps, au moins, le souvenir amère de sa fuite, la terreur accumulée au fond de cette cachette dans le mur et qu’elle gardait dans un coin de sa cage thoracique.
Ce que je suis venue chercher ici? Les armes et la puissance qui me manquait, pour venger. . Voilà ou elle était, ma fierté de faire partie de cette…noblesse entaché que tu m’accuses de renier . Pourras-tu en dire autant toi qui semble avoir oublié jusqu’à ton propre nom. ?
Demi-mensonge enjolivé correctement. Elle se souvenait douloureusement de ses premiers jours à l’academie, perdue comme un Fael à Al-Jeit. Sa principale motivation devait être la peur, l’envie de subsister, et cette vengeance en surface. La noblesse de ce but était resté mais s’était soudainement subordonner à sa réussite personnelle, à sa lente reconstruction Elle se sentait de nouveau un monument, plus puissant et plus immense qu’elle ne l’ai jamais été. Il restait quelques pierres dans les fondations qui branlaient cependant, il en faisait partit, cet Ewall, avec sa bouche qui parlait trop, et ses maladroite tentative d’attendrissement. Elle n’attendait pas de réponse à sa question, il avait trop changé pour lui donner la réplique .
« Et bien Ewall, si je ne suis qu’un vestige, tu restes mon frère, tu restes un Ril’Morienval. Elle non, elle ne fait pas parti de notre monde. Ce n’est qu’une petite roturière sans saveur qui tente désespérément de creuser sa galerie dans l’espoir de percer un jour au pieds des nobles. Elle n’est rien. Sinon ce qui fonde notre caste. »
L’aristocrate jeta un regard sur Ambre qui signifiait clairement « dégages maintenant, tu n’as plus rien à faire ici. »
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| Sujet: Re: Si tu veux tenter ta chance, alors entre dans la danse [Terminé] Sam 7 Mai 2011 - 0:05 | | | Cette fille n'existait pas. Mais sa gifle, sans colère, n'avait pas ramené une once de conscience dans les grands yeux verts de son vrai interlocuteur, yeux qui quémandaient la lumière en tous sens, sur la peau de sa soeur, dans ses propres yeux, le long des murs où s'agitaient l'ombre des feuilles, puis sur sa soeur, encore. Le fait qu'il n'en trouvât pas semblait présager que rien ne s'arrangerait. Sa pâleur devint extrême. Il est vrai, Ciléa, c'est un prénom bien laid, mais certes pas effrayant. C'est ce qu'aurait pensé son cher père, elle en était certaine. L'humour était un bon chasse-cauchemar. L'humour grotesque, et sans malignité. Mais ils n'étaient pas de son rang, encore moins de son sang; qu'ils règlent à leur manière les conflits. Loin, de préférence.
La main d'Ewall saisit son poignet- son propre malêtre s'accrut encore, de ce contact sans retenue, le premier d'un homme avec la main qu'elle avait offert à l'ermite, en serment. Le premier d'un homme, qui se permettait de la retenir comme sa chose, comme sa femme. Seul le ton de l'interlocutrice de l'apprenti la retint de retirer son poignet tout de suite. Du moins, voulut-elle se croire parfaitement insensible à la détresse qui irradiait de chaque pore du jeune homme. Il lui rappelait, sans qu'elle l'avoue, les blessés qui se savent condamnés, et exigent une main pour soutenir la leur, jusqu'au moment où la mort les abat. Les paumes du jeune homme étaient brûlantes, et poisseuses. il la serra à lui faire mal, bien qu'elle ne bronche plus.
Pas plus quand il parla de sang. Ses iris étaient braqué sur le haut de ses pommettes, presqu'au coin des yeux qu'il braquait, avec orgueil, sur l'autre Ril' Morienval. Comme si elle les avait elle-même trempé de sang, ces draps, en apparaissant. Ce fut horrifiant, proprement, de le voir la renier. Ambre était de ceux qui mettent la famille dans les rangs des choses sacrées, le loyalisme très haut. Excessivement, sans doute. Et son amour particulier pour le passé renforçait certainement cette sensation d'horreur, à le voir balayer tout ça. Son nom. Aucun de ceux qu'elle connaissait ne reniait son nom. Même Tifen, que sa famille avait traumatisé profondément était avant tout Tifen Layan. Ca la constituait. Il était virulent, sans concession. Elle fut désolée pour Ciléa, profondément. Être répudiée, repoussée à ce point, publiquement, par son propre sang aurait pu la tuer. La tuer au sens propre.
Elle se rendit compte qu'il l'avait lâchée, et parlait d'elle, à présent, et n'était pas sans ajouter à ce paquet d'émotions qui l'assaillaient. Elle ne regardait plus la pommette d'Ewall, elle projetait ses mots de retrouvailles sur ceux qui pourraient se produire, si elle retrouvait sa famille. S'il la considéraient aussi comme "morte"? Et ça comptait au delà des mots que ses chimères se mêlent aux réalités de cette noblesse ridicule, que ses propres fils reniaient. Ca les rapprochait, et la sidérait complètement. L'autre aussi, à l'entendre.
Sa voix était plus blanche que ses ongles, qu'Ambre imaginait pourtant peints avec le plus grands soin. Car Ambre refusait toujours de poser ses yeux sur elle; quels que soient ses crimes, et malgré l'empathie qui aurait pu naître de cette même situation, vécue en d'autres circonstances, elle n'existerait pas. Cependant, ses mots et sa voix existaient. Voix incolore, disions-nous. Et l'émotion pouvait justifier le ton. Néanmoins, l'esprit d'Ambre n'était pas assez ému pour ne pas relever... comment dire? Des incohérences?
Ca venait de la rhétorique elle-même. Cette fille était dépourvue de tout sens du discours. Peut-être même d'une bonne partie du vocabulaire auquel, normalement, son éducation lui donnait accès. Au delà, le sens. Le sens méprisable qui faisait hérisser le poil de la jeune femme: on pardonne tout aux morts. Ils n'ont aucun tort. Les vainqueurs ont toujours raisons, et les morts n'ont jamais été meilleurs que sous la terre. C'était la logique globale, notez bien, et cette donzelle serait surement aux premières loges pour le Bal, qui ne tarderait guère. Elle était redondante, mais pas le ton. Le ton se maîtrisait. Pourtant, ses propos étaient d'une indécence terrible. Cela, peut-être, finit par permettre à l'esprit de l'itinérante d'écarter toute trace de pathos de sa réflexion. Cette fille devait avoir énormément à se reprocher, pour affirmer le contraire avec cette... satisfaction? Serait-ce de la satisfaction? Ou une illusion d'auditeur, déjà convaincu de la puérilité de l'oratrice? Ses iris cherchèrent le sol. Les pieds d'Ewall semblaient toujours y être posés; et ses jambes ne tremblaient pas au point que ça se remarque. Elle s'emballait. S'embrouillait donc. Enfin... rien que dans les termes, encore, c'était bancal. Il n'oubliait pas son nom: il le reniait.
Pourtant, elle était témoin, quelques minutes plus tôt, il s'était présenté à elle de ce nom-là. Comme en signe de victoire, sur quelque chose d'inconnu, et qu'elle ne voulait pas connaître.
Ses yeux se relevèrent enfin, juste avant ceux de Ciléa. Ici, c'était la phrase de trop pour permettre à cette fille d'être juste une abrutie parmi tant et tant d'autres. Non non. Cette fois, ça devenait personnel, puisqu'elle aussi décidait de l'impliquer. Et de cette façon si prévisible qu'elle faisait grogner l'orgueil.
Elle battit des cils, et se mit à sourire, doucement. D'un sourire mielleux, en lui rendant son regard, sans la colère ou les sentiments qu'elle percevait. Sa propre voix n'était jamais blanche. Elle maîtrisait les mots, mieux en tous cas, que cette fille. Elle se savait plus brillante, plus acide, et certainement plus subtile. Mais elle était près de son frère, son frère à bout, qui menaçait de craquer. Et qui pourrait se retourner trop facilement, en cas d'insulte trop peu dissimulée. Après tout, elle avait tort: il revendiquait son nom. Alors, il y eut un long silence. J'ai vu des filles de bordel plus décentes que toi.
Le sourire exprimait tout le mépris et le ridicule qu'elle pensait: aucune trace de triomphe. Mais quand elle fut sûre qu'Ewall ne voudrait pas répondre... Oh, juste un battement de cil.
-Tu as raison d'ouvrir ton coeur, laisser s'exprimer tes griefs, déclara-t-elle, suintant la sollicitude, Ce sera sans aucun doute un moyen positif de faire évoluer la situation.
Le sourire s'était amenuisé, gardant toute sa douceur attrape-mouche. Elle crut qu'Ewall tournait son visage vers elle, mais refusa d'esquiver les iris de la noble, et de narguer leur supposée retenue, de son air affable. Elle était plus grande que la blonde, de peu. Et plus noueuse, plus anguleuse. L'autre ressemblait à une statue formelle. Même pas d'épaisseur, derrière le grain de peau clair.
Elle-même attrapa le bras d'Ewall, avec délicatesse, et un air plein de confiance. Elle compta sur son jeu d'acteur, une seconde, et se demanda s'il était en état. Son attitude se calquait sur celle, pudique, de sa mère pour son père, dans l'intimité.
-C'est important, pour une famille d'ouvrir le dialogue. Ne t'inquiète pas pour mon rang: Ewall et moi sommes fiancés, nous comptons nous marier au printemps prochain, cette rencontre aussi impromptue qu'incroyable nous permettra sans doute de faire connaissance, toi et moi. Et toi et lui, évidemment. Oui, nous comptons bien que je participe au fondement de votre caste.
Ils échangèrent un regard, Ewall et elle. Elle le vit troublé, extrêmement, mais se fit tendre. Ses yeux voulurent dire « sois sans crainte, je reste » « Joue le jeu. Pour toi. Parce que ça fait partie des choses que tu aimes, et elle pas.» "les marchombres sont au delà de la roture ou de la noblesse. Qu'elle s'y fasse"
[Edition à volonté, et si vous voulez que ça parte en fight/agir sur mon perso, faut pas vous gêner]
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| Sujet: Re: Si tu veux tenter ta chance, alors entre dans la danse [Terminé] Sam 28 Mai 2011 - 15:58 | | | Elle le traitait comme un gamin. Comme un petit garçon perdu, qui ne sait plus ce qu’il dit et ce qu’il est. Comme le gosse en deuil qu’il était lors de sa rencontre avec la troupe Fillibulle. Petit frère. Il était certes le petit frère, le dernier. Mais surtout celui qui n’avait rien oublié. Elle disait n’avoir rien à se reprocher, pas plus que leur famille. Et ce qu’elle disait lui arrachait presque un rire ironique tant cela était absurde. La mort l’avait-elle rendu à ce point aveugle ? Oubliant toute leur histoire pour ne se centrer que sur le meurtre? Et meurtre d’une folle. Que voulait-elle dire ? Connaissait-elle l’identité de l’assassin ? Une femme apparemment. Si elle savait, il espérait que la vengeance fut faite, ou Ciléa aurait vraiment perdu toute estime à ses yeux. Les Ril’Morienval n’avait rien de famille parfaite et noble qui plus est. Le foyer familial n’était que conflit et division. Ne se souvenait-elle pas des trois Fiertés ? De la jalousie de ces mômes adulés par leurs parents ? Et de Moryann ? Comment pouvait-elle oublier, effacer leur sœur favorite, maladive et cachée par honte par les patriarches. La voilà, la honte, la tâche de la famille, c’était la lâcheté des parents, et leur manque d’amour pour leur propre fille ! Ewall ne comprenait pas. Ciléa était la première à revendiquer le bien-être et l’amour de Moryann avec lui. Et elle lavait ainsi la famille de tout reproches, simplement parce qu’ils étaient morts ?
Oui, ils sont morts. Tout comme tu l’étais, il y a quelques minutes. Ils me manquent. Tout comme tu m’as manqué. Mais ce n’est pas pour autant que j’ai oublié. Tout comme je ne t’ai pas oublié.
Et celle qu’il n’avait pas oubliée, n’était pas la Ciléa qui se tenait devant lui. Cette nouvelle image royale et hautaine ne lui plaisait pas, et lui faisait mal au cœur. Comment avait-elle pu devenir tout ce qu’ils avaient critiqué chez leurs parents ?
Toi, on voit que tu n’as pas plongé dans la merde, pour t’en sortir. Etait-ce aussi facile que ça, que de sortir d’un assassinat et de refaire sa vie ? Comment es-tu vivante ? Où as-tu fui ? Chez des nobles, des « purs » ? Si tu avais vécu, ne serait-ce qu’une année, avec la Troupe Fillibulle, si tu avais une moindre reconnaissance et qu’ils t’avaient sauvé comme ils l’ont fait pour moi, tu serais autre. Mais tu n’es pas autre.
Il l’écouta déblatérer, et enjoindre la Naeëlios de partir. Chose qui le révolta encore plus. Ne l’écoutait-elle donc pas ? Tout ce qui l’importait était en réalité « l’élément gênant » ?
La roturière afficha un sourire si mielleux, que l’apprenti marchombre en eu des frissons. Ses répliques étaient encore bien plus aiguisées que celle de sa sœur, et il allait assister à une véritable joute verbale. Joute qui ne l’enchantait pas tant que ça. Il sentit alors le bras de la jeune femme entourer le sien, et en fut estomaqué. Que se passait-il ? La Naeëlios ? Noukas, observant la scène du haut du crâne acajou de son porteur, ouvrait de grands yeux globuleux. La rencontre prenait un air de pièce de théâtre qui de drame passait au burlesque.
-C'est important, pour une famille d'ouvrir le dialogue. Ne t'inquiète pas pour mon rang: Ewall et moi sommes fiancés, nous comptons nous marier au printemps prochain, cette rencontre aussi impromptue qu'incroyable nous permettra sans doute de faire connaissance, toi et moi. Et toi et lui, évidemment. Oui, nous comptons bien que je participe au fondement de votre caste.
Ewall ouvrit grand la bouche, à peine quelques secondes. Il la referma aussi vite, tentant d’afficher un air neutre, le temps de prendre une décision. Le retournement de situation était plus qu’inattendu, surtout de la part de la marchombre. Pourquoi jouer le jeu ? Pourquoi la défendre, elle, qui venait de le mettre plus bas que terre, qui venait même de le gifler ? Pourquoi cette inconnue, dont il ne savait pas même le prénom ? Alors qu’en face se dressait sa sœur. Sa propre sœur, qu’il croyait jusqu’à présent morte ! Justement. Sa sœur était morte. Celle qu’il retrouvait n’était pas Ciléa. Pas la sienne, pas sa grande sœur qu’il aimait tant. Elle était devenue tout ce qu’il méprisait.
Alors il fit glisser son bras autours de la taille de sa fausse promise, affichant un sourire. Le théâtre était ce qu’il réussissait de mieux avec les acrobaties. Le seul hic consistait dans l’ignorance du prénom de sa future femme.
-Et oui, Ciléa, je perpétue la famille. Et qui dit perpétuer, dit refonder.
Il voyait le dégout et la colère sur le visage de sa sœur, prête à hurler trahison.
-Et rappelle-moi de ne pas faire l’erreur de donner à notre enfant un nom similaire à celui d’une verrue de la famille, pour histoire d’égaler, parce qu’à apparemment, ça fonctionne !
Tu veux savoir, ce que tu es devenue, sœurette ? Vraiment ? A ta place, j’en aurais envie de vomir.
-Tu es une Ril’Morienval, une vraie. Et oui, Maman et Papa t’ont donné le bon nom. C-Iléa. T’es devenue aussi charismatique et peste que notre cousine. Félicitation. Cracha-t-il.
Il osait affronter son regard, pointant dans les yeux de sa mère toute sa déception.
-Mais t’es une Ril’Morienval du mauvais côté. Du côté qui cache Moryann par honte, par crainte de perdre l’estime et la grandeur de notre noblesse. Je n’ai pas oublié mon nom. Je l’ai renié, certes, après le meurtre, par sécurité et par envie d’en finir avec cette mascarade pleine de sang. Mais je l’ai repris. Et je l’ai repris pour donner un nouveau sang à cette famille, pour perpétuer notre famille dans une noblesse juste et compréhensive. Qui accepte l’aide et l’amour d’autrui, même si roturier.
Sa voix grondait, dégageant rancœur et incompréhension. Et en même temps il serrait avec force la taille de la Naeëlios, sachant combien sa sœur devait intérieurement fulminer.
-Je ne sais comment tu t’en es sorti, et tant mieux pour toi. Mais ne me fais pas croire que t’en sortir à été une simple formalité. J’en ai bavé, et ce sont des roturiers, des saltimbanques qui m’ont tendu la main plutôt que de me lyncher comme tu l’aurais fait à leur place. Si je suis ici, c’est grâce à eux, et tu devrais les en remercier.
Mais ça, tu ne le feras jamais.
-Tu n’es pas même un vestige. Tu l’étais. Tu crois être une Ril’Morienval. Mais tu n’es rien d’autre que la copie d’Iléa. Rien d’autre que ce qu’ont voulu nos parents. Une simple copie.
Il espérait la blesser. Iléa était crainte, et surtout détestée de la famille lorsque celle-ci était encore vivante. Il se remémorait les instants passés à l’insulter et à se moquer d’elle avec Ciléa. A présent, il avait l’impression de parler à sa cousine, plus qu’à sa sœur. Je te préférais morte, finalement.
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| | Messages : 426 Inscription le : 09/05/2008 Age IRL : 32
| Sujet: Re: Si tu veux tenter ta chance, alors entre dans la danse [Terminé] Ven 8 Juil 2011 - 12:20 | | | [Désolée pour le retard ]
Ciléa s’était sans doute attendue à ce que la roturière réplique, elle avait un air trop impudent au regard pour laisser passer l’insulte impunément. Seulement elle escomptait de la part de cette inconnue ; quelques mots lancés en retour, histoire de ne pas partir la tête basse, puis un replis rapide signant la défaite sous couvert d’un pacifisme consterné.
Elle cru à une raillerie de la roturière, d’abord, les mots ne l’atteignirent pas, elle était trop préparée au prompt départ de ce tiers gênant pour prêter véritablement attention à ce qu’elle disait. Ciléa se contenta de la fixer avec hauteur, percevant au passage son ton de voix mielleux comme extrêmement irritant. Elle crut que le désagrément était du à l’hypocrisie des paroles mais peut-être était-ce, plus précisément, à cause du contrôle que l’autre semblait exercer sur son timbre, source d’une envie détestable.
Le geste fut déclencheur de la prise de conscience, ancrant soudainement le bavardage vain dans une réalité plus que contrariante .Le premier réflexe de Ciléa fut d’aller vers Ewall chercher la négation, trouver ses yeux éclatants d’un rire chaud et moqueur qui rabroueraient la roturière en plaisantant sur son culot. Le vert fané ne lui destinait qu’une raillerie glaciale qui lui fit mesurer la distance de leur deux mondes. La réponse de la main , plus provocante encore, s’imprima douloureusement dans son regard, l‘enserra de rancœur. Les mots de la roturière, saisis tout lisses à travers le flou de l’indifférence, la première fois, lui revinrent en tête sous la forme de pique humiliantes, affront à chaque intonation de fausse indulgence. Le couple ainsi formé sembla décupler amertume d’Ewall,. Ciléa lui en voulu de profiter de la sécurité de leur duo contre sa propre situation de faiblesse apparente pour l’insulter de la sorte. Ils avaient tellement de chose à se dire, ils venaient à peine de se reconnaitre, à peine de se parler, à peine de prendre en compte cette modification dans leur univers …Et Ewall avec une lâcheté révoltante l’insultait, faisait remonter sans la moindre délicatesse tous ses souvenirs, plongeait sa main sans ambages dans ses plaies, la saignait à chaque mot. Elle s’était cru complétement guérie, loin des larmes petites et frustres du souvenirs mais elle avait porté tout cela trop longtemps, malgré elle, pour qu’elle en soit débarrassé. Elle croyait sentir sa mémoire donner des coups aigus dans son enveloppe physique, comme si ses souvenirs cherchaient à prendre le contrôle en un déboire d’émotion inconvenant. Son frère devinait ce qui pouvait la toucher, il connaissait exactement ses points faibles et se faisait une joie de les utiliser, elle en avait pleinement conscience. Le prénom de cette cousine fantôme lui remontait dans le sang; elle se sentit frémir, sa seule envie aurait été sur l’instant de cracher les éléments du puzzle qu’elle avait découvert et que lui s’était contenté d’ignorer. Le plus douloureux fut de s’apercevoir de l’évidence: l’animosité de son frère allait de paire avec la protection de ce tiers hostile. Sur une simple caresse de complicité, son frêre avait bondit, se jetait maintenant sur elle pour tenter de la dépecer à coups de souvenirs bruts. Et l’autre, minaudière et satisfaite ne pouvait que constater l'effet de son impulsion.
Ciléa sentait la tension envahir violemment sa mâchoire, elle aurait voulu exploser, secouer Ewall de piques violentes et acides pour tenter de le ramener à la réalité et enterrer sa haine brute et trop grégaire sous un mépris assumée. Mais elle sentait que l’attitude qu’elle avait envers le commun des mortels dont il se targuait d’appartenir ne pouvait être tenu devant lui. Ses lèvres refusaient de vomir la sécheresse qu’elle servait habituellement aux roturiers. Tenter de l’humilier devant cette fille aurait été le souhait de porter atteinte à la famille, et donc à elle-même .Ils avaient des choses à régler mais surement pas en présence de la roturière.
« Quelques mots à peine, et me voilà couverte de vices. As-tu d’autres pierres, plus tranchantes, ou le sac est-il vide ? Fit-elle amèrement . Allons, calme toi, range tes insultes au fond de ta gorge, nous n’allons pas nous empoigner pour... si peu. »
Instinctivement, elle tourna un regard de profond mépris vers la roturière, regard haut, mais trop tendu pour être adressé à quelque chose de réellement insignifiant. L’obstacle prenait de l'ampleur devant sa propre incapacité à le contrer.
Tu te fourvoies tellement Ewall. Ne sois pas fier de t’être mêler à la masse sans difficulté, c’était une solution tellement facile et tellement indigne de toi. Ton cadre de vie te convient-il ? Tu préfère trainer dans la boue, te cacher en singeant la masse, épouser des filles de la roture, partager leur labeur et sous le discours faible de l‘égalité des classes. Tu n’a rien fait . Qu’à tu fais pour Moryann ? Tu l’as renié tu l’a oublié, tu ne sembles même pas avoir chercher à comprendre ce qui s‘était passé, ce soir là . . As-tu honte . Cette fille et son monde semble t’avoir retirer ton courage et ta fierté. Tu t’en moque maintenant, tu prends le courage pour de la domination, la fierté pour de la hauteur, tu sembles avoir oublier ce qu’est la vrai noblesse.
« Tu as changé plus que moi, je le crains… »
On riait de la coquetterie de Maiwenna, de la démesure d’Esteban , de la galanterie surjouée de Yaevinn, on s’en moquait doucement. Nos contestations avaient l’allure de révolutions, englués dans un discours bien jeune et inexpérimentés. Mais à y repenser, nos causes étaient puérils et nous étions guidés par un esprit de contradiction développé, par la volonté de sortir du lot, de briller bien plus que par la conviction du bien-fondé de nos objectifs.
Ciléa répugnait à adresser directement à la roturière, sa seule envie aurait été de lui faire ravaler son mépris en l’affrontant verbalement ou par les spires, pourtant elle sentait qu’elle avait plus intérêt à maintenir l’écart entre leur deux monde sen l’excluant de la conversation. Ewall fragilisait cette distance appréciable en se plaçant du coté de la roturière, l’invitant à les considérer sur le même plan. L’aristocrate l’observait du haut de son piédestal. Sa déroutante insolence semblait prendre source dans cette tranquille et prétentieuse connaissance qu’elle s’assurait avoir du langage et de son hypocrisie. Il y avait dans cette fille un mélange désagréable de bassesse et de finesse, entre la prostituée et la femme de cour. Son corps avait cet accord pointu avec ses paroles, ses articulation et un menton descendait en triangle rugueux. Elle était un peu trop noueuse et sèche pour que Ciléa la considère comme belle pourtant la dessinatrice conçu secrètement qu’elle ai pu plaire à son frère. Elle avait un charme piquant et l’arrogance qui emmanait de son maintient, cette prestance rare pour une roturière avait du convaincre le saltimbanque de la prendre pour épouse . Le mariage ? Pourquoi le mariage? Avait-il pensé aux lourdes conséquences qu’une telle union impliquait ? Sur leur héritage ? Sur leur nom? Elle trouva plus acceptable la manière dont Yaevinn avait humilié la pauvre Senna en prenant des maitresses que le scandale d’un mariage avec une roturière. Mais Ewall était bien plus têtu que Yaevinn…peut être plus entier, aussi. Elle eut le vague regret d’avoir attaquer aussi violemment cette belle-sœur imposée, bien que l’insulte la satisfasse personnellement . Ewall s’était enticher de cette fille au point de prendre son parti contre elle-même, la meilleur solution, pour retrouver le jeune noble, ne consistait sans doute pas à rabaisser cette dernière. Suivre l’autre dans son ton mielleux la révulsait trop pour qu’elle s’abaisse à ce genre d’hypocrisie.
Profitant d’une mèche sortie de son impeccable coiffure elle passa la main devant ses yeux pour la replacer, cachant ainsi pendant un bref instant la teinte miel qu’avaient pris ses yeux à son frère.
L’instant fut assez long pour qu’elle réussisse à rentrer en contact avec la fille par le biais des Spires.
* Que désires tu pour renoncer à ce projet insensé ? Fit-elle, amer, Je peux te procurer bien des choses qui te sont inaccessibles à l’heure qu’il est. La vie que tu pourrais avoir si tu acceptais mon aide pourrait être tellement meilleure qu’une union avec Ewall. *
Il lui paraissait étrange que cette fille soit complétement désintéressée. Il aurait été étonnant cependant qu’elle accepte cette proposition abrupte sur le moment. Elle semblait trop fière pour se faire acheter d’une telle façon. Tant pis, il y avait d’autre moyen de se débarrasser d’une roturière gênante .
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| | Messages : 359 Inscription le : 08/05/2007 Age IRL : 33
| Sujet: Re: Si tu veux tenter ta chance, alors entre dans la danse [Terminé] Mar 19 Juil 2011 - 16:39 | | | Que reproduiraient-ils? Passant leurs pensées à la relecture, et leurs verbes oiseux? Se passerait-il quoique ce soit, si l'un d'eux avait le pouvoir de revenir sur les termes, le déroulement, l'orthographe de telles et telles actions: parce qu'ici, il y avait fausse note. Et là, métaphore, pas franchement désirée, c'est juste que leur langue policée fourchait sans cesse- crispés comme les points de leurs i invisibles. Sa pensée dernière, en prenant le bras d'Ewall laissait dans son esprit une trainée difforme, comme le feu d'artifice après explosion, nouvelle nuée, trouble et malodorante. Au-delà de la noblesse et de la roture, vraiment?
Elle cilla, incrédule malgré elle en sentant s'enrouler à sa taille le bras d'Ewall. Pas forcément du fait qu'il la suive dans son jeu ridicule, mais un peu surprise, puisqu'il le surenchérissait. Sa paume sur sa hanche pesait autant que la culpabilité naissante. Et sur les traits de cette Ciléa, la colère le disputait au dégout, avec une telle aisance! Ambre passait sans difficulté pour ce qu'elle méprisait le plus, donc? Un petit chaton à peine farouche, et qu'on blottissait au creux de son épaule, et qu'on présentait, pas moins clairement qu'une poulinière quelconque? Ou c'était la seule chose que cette bécasse blonde pouvait imaginer comme destin pour une femme.
Elle eut la conviction profonde que le jeune homme était d'une parfaite correction, et ne chercherait pas d'avantages à la situation. Leur discussion précédente avait sans doute réduit toute envie de séduire, ou effacé la trace de ses supposés charmes- tant mieux. Mais quelque part sous ses tempes, une petite voix susurrait qu'il ne serait jamais remplacé, ce bras. Leur contact mensonger serait le seul qu'elle connaîtrait, son honneur l'exigeait autant que sa vision de la Voie. Jamais il n'y aurait plus à son bras, plus tendre, plus fort. Ou plus distant, et plus gris. La soie de l'habit d'arlequin, et pas le manteau damné de... Elle en conçut un trouble indéfinissable, ni amertume, ni désir.
La discussion était plus franche encore, l'avoir comme alliée semblait affirmer Ewall sur sa position précédente. Crever les plaies, et vérifier, en forçant celles du supposé cadavre, s'il n'en sortait que du pus, ou, s'il le restait quelque chose en commun, ne serait-ce que le sang. D'autres noms entraient en scène, Iléa, Moryann, autant de fantôme de cette noblesse dont elle ignorait tout. Il serrait son flanc avec force, trop sans doute, pour paraître romantique. Mais la passion révoltée qui l'animait était réelle- un joli feu sans joie.
Dire qu'Ambre, à ses pensées, tentait d'entrevoir à quoi ressemblait l'enfance du peuple situé de l'autre côté de l'étal serait un mensonge éhonté. Elle refusait de faire des concessions à cette Noblesse qui laissait crever les orphelins dans les rues, ou les rassemblait en refuge- et les fourguait à ses semblables, pour la servilité, l'aide, et le ménage, « par charité »; quand parmi les extractions les plus pauvres, et les plus marginales, la roture acceptait parfois de recueillir un des Fils qui se perdait. Simplement, elle rapprochait sa propre mère, parjure à son sang, de cet acteur à son bras. Elle rapprochait son propre parcours, bâtard, à celui de l'autre, qui avait connu une quantité phénoménale de drame. Et conservait l'espoir tenance de... la destinée, sans doute.
Elle ne reçut pas le message de Ciléa. Son Imagination n'avait jamais fonctionné comme les autres, ce n'était pas une question de pouvoir, ou d'autre monde, simplement de (dé?)formation. L'itinérante avait d'abord tâché de faire disparaître son pouvoir, il n'en résultait qu'une sourdine perfectible. Elle savait qu'un pouvoir, en croisant le sien, ne verrait qu'un don extrêmement minimal, tout juste de quoi faire mieux qu'une flamme. Elle n'avait jamais pu l'éteindre complètement, seulement en clore la porte, par peur et volonté. Si son esprit vagabondait, le pouvoir pouvait échapper plus facilement à son contrôle- ou Ciléa avait été assez perspicace et puissante pour le trouver malgré tout.
Ensuite, Slynn Ar' Kriss avait tenté de l'instruire, par la force. La bataille de volonté qui s'en était suivie était restée gravée dans la mémoire d'Ambre, heureusement pour elle, celle-ci l'avait remportée rapidement, laissant son "Don" en friche. Il avait moisi gentiment, et son inconscient verrouillé ce qui restait d'ouverture aux intrusions mentales. Elle ne communiquerait jamais par la pensée, et ne recevrait rien. Même l'ermite n'avait rien pu y faire, et devait augmenter les risques en la convoquant par messages. C'était ainsi.
Cependant, elle perçut quelque chose, à l'intérieur des Spires, comme une tentative tactile d'un pouvoir à un autre, dû à la forte proximité, et la signature du fort pouvoir, détecté et délaissé au profit de la mer tonitruante, à la bataille. Révulsée jusqu'au fond de son crâne, elle tâchait de nouer solidement les fils de son pouvoir, et de l'écraser dans les limites de sa boîte crânienne. Sa main serra plus fort le bras d'Ewall, dans un accès de colère, et ses traits se durcirent. Dire? Ne pas dire? Les marchombres qui dessinent ont une réputation excécrable, à raison. Et c'était une tare qu'elle n'était pas sûre de pouvoir énoncer. Mais le prévenir, qu'elle pouvait tenter d'entrer dans sa tête, et lui faire dieu sait quoi, n'était-ce pas primordial? L'idée lui vint qu'il possédait peut-être aussi du Dessin, Morienval, qu'il était, et que la fratrie infernale pouvait peut-être se concerter là-haut. Mais à quoi bon.
Elle se tourna vers Ewall, tâchant d'adoucir les accents de son timbre, et la colère de ses iris Percevrait-il que quelque chose avait encore changé, et qu'à présent, il fallait impérativement que la marchombre s'éloigne. Elle plongea dans les siens ses iris violins, pour la seconde fois, sans savoir s'ils paraitrait comme une menace, ou un supplique.
-Peut-être ais-je parlé vite, en évoquant un dialogue. D'ici il ne sortira que de pierres, à dessein, semble-t-il, de blesser plus que de fonder. Tu n'as pas besoin de me prouver que tu sais nous défendre, ni de te justifier, l'essentiel est d'être en paix avec tes choix.
Ambre n'avait volontairement pas accentué le « dessein » mais espérait qu'Ewall entendrait la menace de son homophone. Elle n'était pas sûre, si la blonde se permettait encore un regard d'offense, la sachant aussi puissante, de ne pas lui sauter au cou pour lui montrer les vertus des mains roturière, face à ses perfidies mentales avilisantes.
La jeune femme ignorait si son retrait était perçu par l'autre, comment, ou ce qu'elle en déduisait. Si même elle pouvait concevoir une seule seconde l'horreur qu'inspirait à Ambre la pratique des spires. Elle refusait simplement de lui accorder un regard. Elle baissa la voix, comme regrettant profondément de devoir formuler de nouvelles pensées.
-Et elle en paix avec les siens, puisqu'ils sont visiblement tout ce qui lui restent. S'il te plait..
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| | Messages : 101 Inscription le : 31/08/2010 Age IRL : 32
| Sujet: Re: Si tu veux tenter ta chance, alors entre dans la danse [Terminé] Mar 26 Juil 2011 - 16:31 | | | Il se sentait horriblement mal. Pas à sa place. Et l’appel à la réconciliation de sa sœur ne fit que l’étourdir plus encore. En quittant la troupe si joyeuse, jamais il ne s’était attendu à renverser de sorte sa propre vie. Il savait partir pour tout autre chose avec Anaïel. Il savait renaitre en reprenant son nom. Mais jamais il n’aurait imaginé sur pareille personne que la Naeëlios, et encore moins retrouver sa défunte sœur ! Son crâne était en ébullition, ne sachant plus quelles réactions entreprendre face à la situation. Il n’était pas préparé. Pas préparé à voir ressurgir de son deuil sa sœur. Pas préparé à l’accueil froid d’une noblesse méprisant les roturiers. Fillibulle avait joué plus d’un rôle dans sa vie. Il leur devait une reconnaissance éternelle. C’était grâce à la troupe qu’il avait su mettre le premier pied devant pour avancer. Et même si sa sœur revenait, apparemment aussi vivante que lui, il ne pouvait renier les années passées en compagnie de Galoudryelle, Dofenn et les autres.
*Mais c’est ma sœur…*
Et elle non plus il ne pouvait la renier, malgré tous les vers qu’il venait de lui jeter au visage. La vérité est qu’il mourrait d’envie de la serrer tout contre lui, de rire avec elle comme au bon vieux temps, de retrouver SA sœur et savourer le miracle qu’elle soit encore en vie. Et puis par la suite l’écouter, apprendre, comprendre ce qui s’était réellement passé.
Mais voilà, Ciléa était morte. Et il ne parvenait pas à ôter cette saleté de pensée de son crâne en surchauffe. Plus particulièrement en entendant le dédain familier de ses parents dans sa voix à elle. Ciléa était morte. Et la jolie blonde qui se tenait devant lui n’était qu’un fantôme, prenant le caractère d’autres Ril’Morienval qu’il n’avait jamais apprécié.
Etait-ce pour cela qu’à présent il tenait une inconnue, promise à un mariage de toute invention, dans ses bras ? Etait-ce pour cela qu’il défendait contre son propre sang une inconnue qui venait de le traiter comme de la vermine ? Laquelle valait-elle mieux que l’autre, au final ?
Il voulait fuir, se retrouver seul avec Noukas, et se réveiller de cet affreux cauchemar. Le rêve forgé par Anaïel virait mauvais, très mauvais, et il aurait voulu ouvrir les yeux pour s’apercevoir qu’il n’avait jamais quitté sa couche chez les saltimbanques. La petite Galou lui sauterait dessus, le réveillant de son rire de clochette, et Dofenn viendrait vanter ses énièmes exploits de la nuit. Ils déjeuneraient en compagnie d’Alen et d’autres, subiraient les regards courroucés et jaloux de Sibélia et riraient aux éclats avec Jil des conneries quotidiennes de Dofenn.
« Tu as changé plus que moi, je le crains… »
Il plissa ses yeux d’émeraude, ne sachant que répondre. Etait-ce vrai ? Les quatre années passées dans la troupe Fillibulle l’avaient-elles changé au point qu’il ne reconnaissait pas même sa sœur ? Etait-ce lui le traitre à sa famille ? Avait-il vraiment été comme Ciléa, aussi dédaigneux et arrogant, avant de rencontrer Jil Fillibulle ? Il se refusait à y croire. Noble, certes. Mais pas ça. Aurait-il fini comme sa sœur si les Ril’Morienval n’avaient pas été assassinés ? La famille pompeuse aurait-elle eut raison de lui et de son esprit de rébellion ? L’idée même l’en fit frissonner.
Qui était-il vraiment ? Quel chemin avait-il réellement prit en suivant la marchombre ?
De fait, il garda le silence. Il avait déjà craché bien trop de venin, qu’il savait regretter par la suite. Noukas se frottait contre sa nuque, tentant dans ce geste désespéré d’aider au mieux son maître. Et pourtant son bras enlaçait toujours la taille de la marchombre. Un instant, juste l’espace d’un l’instant il aurait voulu être un puissant dessinateur pour pouvoir effectuer un pas sur le côté et s’enfuir sans qu’aucune des deux femmes ne puissent le retrouver. Au moins, les deux femmes pourraient ainsi s’accorder sur le fait qu’il n’était qu’un lâche.
Il y eut ainsi un long silence, durant lequel seuls les iris pouvaient parler et tuer, sans réels pouvoirs. Et pourtant, il dut y avoir un regard plus intense que l’autre, puisque la marchombre se tourna vers lui, serrant plus fort sa main, vrillant ses yeux violets dans les siens, et prenant un timbre bien plus doux que d’ordinaire. Qu’essayait-elle donc de lui dire ? Ciléa possédait-elle des dons qu’il ignorait, mais que la Naeëlios connaissait ? Des dons s’avérant dangereux ? Il pensait cela car il crut percevoir dans le « s’il te plait », tout à fait inattendu une demande particulière, une demande de se retirer.
Il plissa à nouveau les yeux, semblant soudainement comprendre. Ciléa avait bel et bien tout hérité de leur cousine. Y compris le don du dessin. Mais il y avait encore quelque chose qu’il n’avait pas saisi ? Sa sœur s’amusait-elle à menacer sa fausse compagne par les spires, excluant ainsi son frère de la conversation ? Se serait pire que lâche. Pire que partir d’un pas sur le côté. Mais ce n’étaient que suppositions et il ne pouvait prendre le risque d’attaquer à tâtons sa propre sœur. Serait-elle capable de l’attaquer en retour ? De lui faire véritablement mal avec ses pouvoirs plutôt qu’avec ses mots ? Iléa en aurait été capable.
Ce dernier point fut décisif. Il adressa un signe de tête tendre à la marchombre, lui faisant ainsi entendre qu’il l’avait comprise, puis se tourna vers Ciléa.
-Je crois qu’il vaut mieux que chacun retourne dans sa tombe, et la mémoire des morts s’en portera bien mieux.
Il commença à faire quelques pas avec la marchombre, l’entrainant au loin pour plus d’explications sur ce qu’il venait de se passer, puis se ravisa. D’un air entendu il lâche son étreinte de faux-semblant, et assura d’un regard qu’il n’avait qu’une dernière chose à faire avant de la rejoindre. S’approchant de sa sœur, il ne put que lever la main, frôlant le bras de la jeune blonde, si froide à présent.
-Tu m’excuseras sœurette, mais je t’ai enterré il y a quatre ans.
Les yeux humides, il sortit de sa poitrine le médaillon de la famille pour le tourner entre ses doigts.
-Et je ne crois pas aux fantômes.
Pourtant sa voix trahissait le contraire, prit par l’émotion et la situation cornélienne. Et, sans attendre de réponse, il rejoignit la marchombre, plongeant sa main dans la sienne pour quitter ce cimetière bien trop lugubre à son goût.
Pourquoi es-tu donc venu me hanter ?
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| | Messages : 426 Inscription le : 09/05/2008 Age IRL : 32
| Sujet: Re: Si tu veux tenter ta chance, alors entre dans la danse [Terminé] Ven 9 Sep 2011 - 23:43 | | | [Un peu court, désolée. Et en retard. Battez moi]
La façon dont son frère avait plissé les yeux au moment ou elle avait évoqué son changement lui était tellement familière qu’elle aurait pu rire d’avoir retrouver de tels repères. Dans un tout autre contexte, si il n’avait pas été aussi acide, et si leur situation familiale n’avait pas été menacé par cette sans-nom elle l’aurait peut-être fait . Mais elle avait choisi de continuer à maintenir cette distance glaciale qui menaçait de fondre à tout moment.
Elle ne perçut pas le rebond du dessin dans les Spires: Elle était resté trop peu de temps dans l’Imagination, juste assez pour trouver le don d’Ambre, relativement discret et terne dans les Spires -ce qui avait renforcé son dédain- et établir le lien, sans pouvoir vérifier que le message arrive à destination. Les signes de tensions, détectée par attente sur le corps de la roturière furent pour Ciléa la confirmation de sa bonne réception . Elle s’attendait trop à une reaction de la roturière pour ne pas remarquer sa brusquerie soudaine alors qu’elle pressait Ewall de quitter le lieu. Son message avait eut plus d’effet qu’elle ne l’aurait cru. La fille, était-elle si peu attachée à son frère, si peu sure de ses choix, pour qu’une telle proposition la bouleverse ? Si un petit message par les Spires était capable de la faire fléchir, alors tout restait possible en matière de corruption, il suffisait de promettre assez d’or, ou de protection pour qu’elle se rallie à elle .
Ou la roturière avait peur, peut-être.
Elle s’était surement rendu compte enfin , qu’en tentant de s’emparer la particule, c’était tout le corps noble qu’elle se mettrait à dos, voir toute la société Alavirienne. Tenter de braver les règles coutumières, profondément ancrées dans les consciences était tout sauf prudent et le don du dessin, l’arme noble, lui avait donnait à réfléchir sur les risques qu’elle prenait.
Ciléa choisit de se faire craindre, car il n’y avait rien de plus délicieux pour son orgueil .L’autre lui offrait la victoire du bout de ses cils détournés, elle s’en saisit et la savoura en silence. Les paroles basses et bien pales à la comparaison des sentences incisives qui avaient précédés furent mises sur le compte de la lâcheté devant son propre succès: C’était les derniers serpents âpres mais malaisés qu’elle envoyaient derrière elle, avant de se retirer, le pas tourmenté.Ciléa aurait sans doute exulté, si derrière, les yeux émeraudes ne l’avait pas fixé comme cela, trop intensément , d’une façon tellement connue qu’ils la brusquaient à l’empathie.
Elle voulu reculer quand il la frola, mais son geste était trop leste et inattendu pour qu’elle eu le temps de réagir. Elle sentit,en même temps que cette peau, toute la douceur de son geste .Les yeux embués finirent par la clouer dans une sorte de malaise, entre la rigidité que lui imposait la convenance, et la détresse dont suinter son frêre.
« Ce n’est pas mon avis. » répondit-elle simplement, "je ne choisis pas de vivre en me cloitrant dans l’oubli. »
Allusion à peine dissimuler à ce déguisement rude et vain, qui offensait tout ce qu’elle avait connu.
Il suivit l’autre et si elle ne s’en étonna pas cette fois, elle ne pu que ressentir la demi-victoire.
Il restait pourtant un espoir au fond de la main du roturier, un symbole fort qui contenait plus que essence familiale, quelque chose qui les rattachaient encore, la seule chose peut-être. Et c’est à cette chose que Ciléa, en voyant les talons claquer, choisit de se fier.
Avec un fond inexprimable qui lui tenailler le corps, elle rebroussa chemin pour regagner ses appartements le plus rapidement possible.
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